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Mon voyage à Nantes (1)

Le voyage à Nantes 2012, 01, le van Je rentre d’un long week-end (vendredi, samedi et dimanche) consacré au VAN… Voyage à Nantes… Accueil près du château par le fameux van de l’affiche… Et dimanche, j’ai fait la connaissance de Mamazerty. Une belle promenade, beaucoup de marche à pied… plus de 80.000 pas sur trois jours d’après le podomètre, soit environ 54 km à mon pas… Et pourtant, j’ai aussi pris le tram. J’ai réussi à tout voir, sauf les œuvres de nuit : vendredi soir, il pleuvait, samedi soir, j’étais KO, réchauffée par la douche, j’ai eu la flemme de ressortir avec la bise et encore des giboulées… [PS : je suis retournée à Nantes en octobre 2012 et ai pu voir les nuages et le soleil]

Le voyage à Nantes 2012, 02, le fil rose Impossible de se perdre, il suffit de suivre le fil rose au sol… (pour les Poitevins, il doit vous rappeler les fils de visite jaune, bleu et rouge, à moitié effacés et interrompus par les travaux, avec toujours des touristes qui tentent de les suivre…). Sur ce fil nantais, on croise des touristes, mais aussi des Nantais qui découvrent autrement leur ville, je vous ferai faire la promenade en quelques étapes…

Le voyage à Nantes 2012, 09, deux messages hostiles sur le fil Certains ne sont cependant pas convaincus, si l’on en juge par ces messages au sol sur le fil dans l’île de Nantes : « le voyage à Nantes c’est l’arnaque » et « Ne pas jeter de cacahuètes aux habitants »…

Le voyage à Nantes 2012, 10, un message humoristique au jardin des plantes … D’autres prennent certaines œuvres avec humour, comme ici au jardin des plantes (« Ceci n’est pas une œuvre d’estuaire »), où certaines œuvres en effet interrogent sur la notion d’art… j’y reviendrai aussi.

Le voyage à Nantes 2012, 03, les fanions Certaines rues ont été recouvertes de fanions : Drapopo et Fanion-nion par Quentin Faucompré et Olivier Texier (voir leur signification par ce lien direct chez Mamazerty)…

Le voyage à Nantes 2012, 05, coin pique-nique … des tables et du mobilier urbain, avec hamacs etc., réalisations des architectes trois architectes, Frédéric Péchereau, Thomas Cantin et Wilfrid Lelou, ont envahi plusieurs lieux de la ville, mais avec le mauvais temps, celles-ci (ici sur l’île de Nantes) n’avaient pas beaucoup de succès ce week-end… [voir d’autres vues chez Mamazerty par ce lien direct].

Le voyage à Nantes 2012, 06, point légumes près du lieu unique … ainsi que des coins potagers et vergers, ici près de l’ancienne usine Lu transformée depuis un moment en scène nationale, le Lieu Unique…Voir d’autres photos de ces potagers lors de leur mise en place chez Mamazerty par ce lien direct].

Le voyage à Nantes 2012, 04, l'éléphant Sur l’île de Nantes, vous êtes toujours accueillis par l’éléphant des machines de l’île, en attendant leur nouveau carrousel qui sera inauguré le 14 juillet… mais il y a plein d’autres choses à voir… côté art mais aussi architecture contemporaine…

Le voyage à Nantes 2012, 07, la centrale de Cordemais depuis le bateau Samedi (7 juillet 2012), j’avais réservé la croisière Nantes-Saint-Nazaire (que j’avais déjà faite en 2007, je n’avais pas participé à Estuaire 2009)… Si la première moitié du trajet s’est faite presque à sec, nous avons essuyé à mi chemin un gros grain, et arrivés à Cordemais, la centrale thermique et l’œuvre à côté étaient à peine visibles…

Le voyage à Nantes 2012, 08, l'arrivée à Saint-Nazaire Arrivée à Saint-Nazaire presque avec une éclaircie , un peu de roulis à l’entrée… et en route pour visiter les œuvres exposées dans la ville, avant un retour en train à Nantes…

En tout cas, si vous habitez à Nantes ou passez à proximité avant le 15 août, n’hésitez pas à faire le détour… et certaines œuvres sont pérennes : il y en a encore de 2007, il faut que j’exhume mes anciennes photos pour les comparer à celles prises ce week-end.

Mon voyage à Nantes en 2012:

– un premier aperçu,

– croisière de Nantes à Saint-Nazaire : le début et la fin du trajet

– à Saint-Nazaire

– ça grimpe : trois plates-formes et le mont Gerbier de Jonc

– au jardin des plantes : avec des plantes et des œuvres contemporaines

– sur l’île de Nantes : à l’ouest et au centre

– en ville : le début et la suite du parcours, de l’art dans la rue

– le mémorial de l’esclavage

Et le site officiel du Voyage à Nantes fait un récapitulatif des blogs qui en parlent, voir cette page.

Jeanne d’Arc par Real del Sarte à Poitiers

Poitiers, Jeanne d'Arc de real del Sarte, plaque avant et après sablage

Je vous ai montré en janvier 2011 (voir à la suite de cet article) le monument réalisé en 1929 par Maxime Real del Sarte pour les 500 ans du passage de Jeanne-d’Arc à Poitiers. Le monument se compose d’une Jeanne-d’Arc dressée sur un haut socle sur lequel est apposée une plaque en bronze du même auteur, et qui avait sur les côtés deux autres plaques de dédicaces disparues depuis 1994, voir dans les commentaires de cet article et le relevé du texte dans la base Monumen. Fin 2011, elle a subi un nettoyage violent… qui se repatinait déjà en février 2012… Et pour mémoire, cette plaque de bronze avant (en 2010) et après traitement (photo du 22 février 2012)… Voir plus de détails dans l’article sur le décapage du monument aux morts de 1870. La société Tollis qui est intervenue pour restaurer le monument de 1870 est également intervenue sur cette plaque…

Poitiers, restauration de la plaque de Jeanne-d'Arc, 1, en cours … qui a bien failli disparaître! Alors qu’elle était en cours de restauration (ici une des phases du traitement), elle avait pris une couleur cuivrée… et des voleurs de métaux ont dû croire qu’elle était en cuivre et non en bronze! Une patrouille de police l’a retrouvée au sol et déposée dans la nuit à la mairie… Frayeur des restaurateurs qui l’ont crue volée le lendemain matin, dépôt de plainte au commissariat… avant qu’un autre service de la mairie ne la « retrouve » à la mairie… La plainte pour tentative de vol est toujours en cours d’instruction…

Poitiers, restauration de la plaque de Jeanne-d'Arc, 2, la plaque restaurée La restauration de la plaque a pu être achevée, et la plaque remise en place.

Poitiers, restauration de la plaque de Jeanne-d'Arc, 3, le monument complet Le choix d’un vert foncé peut se justifier pour le monument aux morts, et peut-être aussi ici d’un certain point de vue, plus proche de la couleur d’origine que le vert d’oxydation qu’elle avait pris, mais comme la statue en pied de Jeanne-d’Arc n’a pas été restaurée, il y a un gros décalage entre les deux éléments du monument…

Article publié le 9 janvier 2011 (légèrement complété après recherche sommaire dans des bases de données)

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 01, de loin

Née le 6 janvier 1412 à Domrémy, Jeanne d’Arc arrive à Chinon le 6 mars 1429 où elle a une entrevue avec Charles VII de France. Elle est envoyée à Poitiers pour passer devant une commission de théologiens de Paris (réfugiés à Paris dans cette période difficile de la guerre de Cent Ans) qui l’interrogent à plusieurs reprises et chargent des matrones de s’assurer de sa virginité ; elle prend ensuite la tête de l’armée et marche à partir de 15 avril sur Orléans, qu’elle atteint le 29 avril, et réussit à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 02, le pas de Jeanne À Poitiers, la légende veut que l’examen ait eu lieu dans ce square des Cordeliers, à l’arrière du palais des ducs d’Aquitaine, comtes de Poitou (la Tour Maubergeon, depuis palais de justice), square dont je vous ai déjà parlé pour le rempart romain. Ce caillou en serait le témoin…

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 03, de plus près Bon, si vous voulez trouver l’histoire de Jeanne d’Arc, vous n’aurez guerre de difficulté. Je vous rappelle juste qu’elle a été béatifiée en 1909 et canonisée en 1920, et que la semaine du 29 avril au 7 mai donnait lieu à de grandes fêtes johanniques dans toute la France et particulièrement à Poitiers (je vous montrerai un jour des cartes postales des années 1920). Lors de la fête du 2 juin 1929, ce ne fut pas la statue mais une simple « maquette de la future statue en bronze » qui a été dévoilée (voir références dans la presse locale en fin d’article), en présence de François Poncet, sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts. Elle fut accompagnée d’un concours de décoration des rues…Il s’agit sans doute de la maquette en bronze de 115 cm de haut réalisée en 1929 (aujourd’hui au musée Sainte-Croix à Poitiers) plutôt que du modèle en plâtre, réalisé en 1928 et qui ne mesure que 50 cm de haut…(conservé dans le même musée). La maquette en plâtre de la plaque se trouve aussi dans ce musée.

Je n’ai pas eu le temps de chercher la date réelle de la mise en place du bronze dans sa taille actuelle, en tout cas, pas dans les mois qui ont suivi… Il semble y avoir eu un problème de financement (une troisième souscription est lancée en juin 1929…). La maquette de 115 cm ayant été donnée au musée en 1931 par le comité d’érection, il faut peut-être pousser la recherche jusqu’à cette année là… à raison de 60 à 70 vues numérisées par mois pour l’avenir de la Vienne, ça en fait des pages à feuilleter… je compléterai si je tombe dessus un jour (ou si quelqu’un le trouve avant moi et me le signale).

Poitiers, Jeanne-d'Arc de Real del Sarte, 04, signature sur le reliefJe vous montre aujourd’hui l’œuvre commandée en 1929 au sculpteur ultra-catholique et royaliste Maxime Real del Sarte, dont je vous ai déjà parlé pour les monuments aux morts de Sommières-du-Clain et de Briey (Meurthe-et-Moselle), qui portent aussi une représentation de Jeanne d’Arc. Le monument est composé d’un haut socle avec un bas-relief en bronze surmonté d’une statue en bronze de Jeanne-d’Arc représentée debout. La signature est portée à la fois sur le bas-relief (sous les pieds de Jeanne-d’Arc)…

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 05, signature sur la statue … et sur la base de la statue. Les maquettes en plâtre de la statue et du bas-reliefs sont conservées au musée Sainte-Croix à Poitiers.

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 06, le bas-relief en bronze Allez, on s’approche… Il y a toujours des dingues catholiques ou des étudiants avinés qui viennent la fleurir (en ce moment, il y a un collier rouge autour du cou de la statue). Dans un décor qui évoque une église (mais pourquoi pas non plus une partie de la tour Maubergeon), sous un arc brisé reposant sur des chapiteaux, huit personnages assis (les théologiens) écoutent Jeanne-d’Arc qui, debout face à eux, s’explique à grands gestes, bras droit levé, légèrement sur la pointe des pieds (ou en tout cas, talons décollés du sol).

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 07, détail des théologiens et de Jeanne-d'Arc (relief) Voici encore plus près… Parmi les théologiens, vous repérez au moins un franciscain (reconnaissable à la cordelette) et au moins un moine encapuchonné. Les noms de ces théologiens est donné dans diverses chroniques, Real del Sarte donne juste l’idée qu’ils représentent diverses branches de l’église.

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 08, la statue en pied La statue est beaucoup plus conventionnelle. Sa maquette a été présentée au salon des artistes français de 1930 sous le nom titre L’ange de la paix.

Poitiers, Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, 09, détail de la statue de Jeanne-d'Arc Jeanne-d’Arc, debout, en armure sous sa robe, porte l’épée au côté gauche, un drapeau dans la main gauche et brandit un rameau de la main droite… Cette statue et le bas-relief sont un condensé de réinterprétation, de mystification, de préjugés sur les vêtements et sur la position de Jeanne-d’Arc. Une autre représentation classique de Jeanne-d’Arc est un groupe sculpté à cheval… C’est ce qui a été choisi pour la statue équestre de Jeanne d’Arc par Antonin Mercié à Toulouse par exemple, mais il y a beaucoup d’autres exemples (j’en ai quelques-uns en stock, si le sujet vous intéresse…, dont le médaillon en bronze (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale à Poitiers).

Poitiers, carte postale ancienne, square des Cordeliers, Jeanne d'Arc et tour MaubergeonAh, si, encore une chose, la statue a été déplacée, en 1929, elle se tenait au milieu du square, ainsi qu’on peut le voir sur cette carte postale ancienne.

Dans L’Avenir de la Vienne:

juin 1929 : 4 juin (vue 8), les 500 ans du séjour de Jeanne d’Arc à Poitiers ; 27 juin (vue 60), liste de souscripteurs

juillet 1929 : 28 juillet (vue 58), résultat du concours de façades à l’occasion de la fête du 2 juin

Poitiers, des « erreurs d’appréciation » réparées…

Poitiers, square de la République après restauration, 1, le soldat restauré

Vous, fidèles lecteurs, vous souvenez certainement des événements de ces derniers mois sur le monument aux morts de 1870 et le square de la République à Poitiers… Je ne vous rappellerai pas son histoire ni les épisodes complet, je vous invite à relire les articles précédents pour vous remettre tout en mémoire… Avec la présentation du monument aux morts de 1870-1871, qui a ensuite perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle) et le début de la restauration.

Après donc le nettoyage trop brutal par une entreprise de BTP, qui avait massacré sa patine (une « erreur d’appréciation » selon la mairie), une entreprise spécialisée sur la restauration de ce type de monuments (la société Tollis) est intervenue ces dernières semaines… Le soldat et les autres éléments en bronze ont repris une couleur verte, plus foncée que celle qui avait évolué avec le temps, après accord avec la ville et la direction des affaires culturelles… l’obélisque en marbre a aussi été consolidé, et les lettres redorées, je reprendrai des photographies après la réouverture du square (devenu place pavée…) le 14 juillet…

Poitiers, square de la République après restauration, 2, le square devenu place Car si le soldat en bronze de Jules Félix Coutan et le monument par lui-même, dessiné par l’architecte Jean-Camille Formigé, ont retrouvé meilleure allure, il ne reste désormais plus rien de l’aménagement paysager ni des grilles dessinés par Édouard André…

Poitiers, square de la République après restauration, 3, les grilles Pour les grilles, les « barreaux de prison » ont été mis en place…sur un muret reconstitué qui n’a rien à voir avec l’ancien muret…

Il paraît que ces grilles n’étaient plus aux normes et ne pouvaient pas être remises en place… mais elles seront en partie installées au chevet de l’église Sainte-Radegonde : pas aux normes ici, mais aux normes 1 km plus loin? Bon, sans doute parce qu’il n’y a pas de dénivelé? j’avais cru comprendre que le problème était l’espacement des barres verticales… Mystère…

Poitiers, square de la République,6, coupe des grilles le 29 novembre 2011 Pour mémoire, voici les anciennes grilles en cours de découpe…

Poitiers, square de la République, 5, sans les grilles … et l’ancien muret…

Poitiers, monument aux morts de 1870, 2, le soldat

Et le soldat avant décapage….

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

… en cours et après décapage…

A suivre la semaine prochaine avec la restauration de la plaque en bronze (1929) et la statue de Jeanne-d’Arc de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers… Elle aussi avait été décapée trop brutalement… quelques mois plus tôt.

Le square et les aménagements d’Édouard André sont en revanche définitivement détruits, remplacés par des pavés et du béton.

Voici en complément une carte postale envoyée par Grégory montrant l’aménagement d’Édouard André, publiée dans l’actualité Poitou-Charentes, il y a maintenant à la place une rue bétonnée…

Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l'emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : "Edouard André. Jardins pour Poitiers", L'Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.

 

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

 

La peste à Niort en 1603

Niort, maison de la peste, 1, les façades

A l’angle de la rue du Soleil et de la rue de la Juiverie à Niort se trouve une maison avec de la sculpture qui mérite un petit détour (et une petite montée à pied…).

Niort, maison de la peste, 2, la porte Elle se concentre sur la porte, encadrée de deux atlantes qui supportent un balcon et un relief sculpté.

Niort, maison de la peste, 3, la lucarne avec la date 1876 La date de 1876 est portée sur la lucarne, compatible avec l’architecture et la sculpture de la travée d’angle de l’immeuble. Il reste à l’intérieur (non visitable) plusieurs éléments de l’hôtel de voyageur dit l’hôtel d’Hercule mentionné dès le 16e siècle à cet endroit, notamment des cheminées des 16e, 17e et 18e siècles et des baies à coussièges (les parties anciennes sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques).

Niort, maison de la peste, 4, les atlantes Deux atlantes soutiennent le balcon au-dessus de la porte. Ils doivent vous rappeler ceux que je vous ai montrés à Poitiers et à Tours pour cette époque. Certains les qualifient d’Hercule, par référence au nom de l’ancien hôtel de voyageur, mais ils ne se distinguent nullement des atlantes habituels soutiens de balcons.

Niort, maison de la peste, 5, le relief sur la peste Mais la partie la plus intéressante est le relief sculpté, attribué au sculpteur Albert Ernest Carrier de Belleuse dit Carrier-Belleuse (Anizy-le-Château, 1824 – Sèvres, 1887). La légende encore partiellement lisible dit « Premier cas de ». En fait, cette maison est réputée être l’ancienne auberge dite Le Logis de l’Hercule, où un cas de peste s’est déclaré le 6 mai 1603. Elle avait déjà sévi dans la ville une génération plus tôt, de juillet 1584 à janvier 1585, avec 30 à 40 morts par jour, véhiculée et amplifiée par les guerres de religion. Cette fois, elle a été apportée dans une auberge, apportée par un voyageur.

Niort, maison de la peste, 6, le relief sur la peste, détail de la partie gauche Le relief est assez bien conservé dans sa partie gauche où l’on voit un noble, deux personnages debout et un personnage alité.

Niort, maison de la peste, 7, le relief sur la peste, détail de la partie droite La partie droite du relief est très dégradée.

Les photographies datent de juillet 2011.

PS: sur la mise au point du vaccin contre la peste, voir Peste et choléra de de Patrick Deville.

Plein de visages sur une façade rue Victor Hugo à Poitiers

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 1, façade rue Victor Hugo

Cela fait une éternité que je n’ai pas publié d’articles dans les deux communautés d’Amaryllis, gargouilles, cariatides etc. et têtes et visages sculptés… J’avais pourtant pris ces photographies mi juin 2011 en pensant à cette communauté… Bon, heureusement, les barrières ne sont plus là… mais la façade n’a toujours pas été restaurée, je ne sais pas si elle le sera et si elle est incluse dans le projet des façades du cœur d’agglomération de Poitiers. Elle aurait grand besoin d’un nettoyage et d’une reprise des parties sculptées (en espérant qu’ils choisissent un sculpteur meilleur que pour la banque qui a pris la place de l’ancien cercle littéraire). Nous sommes au 3 de la rue Victor-Hugo, l’ancienne rue impériale percée dans les années 1860 dans le cadre de la construction de la préfecture puis de l’hôtel de ville à la fin de la décennie. Cette maison a été construite, d’après la plaque apposée dessus (je n’ai pas vérifié…) à partir de 1869.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 2, angle de la rue Théophraste Renaudot Elle se trouve à l’angle de la rue Théophraste Renaudot, qui a enfin retrouvé son vrai nom sur google, et a une forme curieuse pour respecter l’hôtel d’Yversay dont le portail (bien endommagé, à voir ici) se trouve juste après dans la rue Renaudot et l’hôtel en fond de parcelle.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 3, partie supérieure de la travée centrale La maison à deux étages comporte cinq travées (pour ce mot et les suivants, voir des schémas ici), avec une mise en valeur de la travée centrale, où la répartition des étages et niveaux ne suit pas celle des travées latérales. Le dernier niveau comporte en effet deux fenêtres, celle du haut étant partiellement incluse dans une lucarne. Au-dessus de cette dernière fenêtre, un ange, qui émerge d’une guirlande de feuilles et de fruits.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 4, partie médiane et porte de la travée centrale La porte a un linteau linteau orné d’un masque dans le même style que ses voisins du rez-de-chaussée. Elle est surmontée par une grande fenêtre dont l’appui est un peu plus bas que le bandeau qui sépare le rez-de-chaussée du premier étage sur les travées latérales. La clef du linteau de cette fenêtre porte le chiffre (oui, je sais, ce sont des lettres… mais chiffre en termes héraldiques) PB, je n’ai pas eu le temps d’aller chercher de quelle famille il s’agit.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 6, détail des linteaux des deux travées gauches

Les linteaux portent des têtes humaines avec des styles différents adoptés au rez-de-chaussée (photos du bas), au premier étage (photographies du milieu) et au deuxième étage (photographies du haut). Ces styles se retrouvent aussi sur les deux travées à droite.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 7, travées droites de la façade Passons maintenant aux travées à droite, avec ici une vue du deuxième étage.

Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 8, détail des linteaux des travées droites

Et voici le détail des linteaux des fenêtres des deux travées de droite, dans le même ordre qu’on peut les voir sur la façade.

La Rochelle, le monument aux soldats et marins morts en 1870

En mars 2017, le square Valin de La Rochelle était en plein travaux…

Article du 21 juin 2012 Dans le square Valin de La Rochelle, entre les deux bassins du vieux port, se trouve le monument aux soldats et marins de la Charente-Inférieure morts pendant la guerre de 1870.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 1, de loin dans le squareComme pour celui de Tours (à revoir ici), il n’a été inauguré qu’à la veille de la première guerre mondiale, avec de grandes fêtes du 15 au 17 août 1913, en présence de Jean Morel, alors ministre des Colonies. L’érection de ce monument a traîné… Pourtant, la souscription avait été lancée dès 1885, puis une loterie avait été lancée pour son financement en août 1901 par le Souvenir Français (association qui gère toujours l’entretien de la plupart des monuments aux morts en France). Il se compose d’un haut socle sur lequel sont apposées plusieurs inscriptions (voir ci-dessous), d’un obélisque au sommet duquel se trouve un coq, et d’un groupe sculpté en pierre composé de trois soldats / marins.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 2, la signature de Pierre Laurent Il porte la signature du sculpteur Pierre Laurent, et une date presque illisible, « 191? ». Ce sculpteur a aussi réalisé Héro et Léandre dans la cour du muséum de La Rochelle.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 3, dédicaces et textes Sur la face principale (en haut à gauche), en majuscules, se trouve la dédicace, encadrée de branches de laurier,  » Aux / soldats et marins / de la / Charente-Inférieure / morts pour la patrie ».

Au dos (en haut à droite), l’inscription « mémorial édifié en 1913 / par le souvenir français / avec le concours / de la ville de La Rochelle ».

Sur un côté se lit cet hommage aux soldats (en bas à gauche):

« Combien dorment encore dans leur funèbre couche
En ces pays lointains où le soleil se couche
Sur des sables déserts
Et là-vas dans la brousse il en est beaucoup d’autres
Par les fièvres vaincus soldats autant qu’apôtres
Que l’herbe a recouverts ».

Sur l’autre côté (en bas à droite), on peut lire:

« Depuis l’heure où César a soufflé la tourmente
Partout vous trouverez des fils de la Charente
Pour venger leur pays
Et si jamais leurs noms échappent à l’Histoire
Du moins ce monument gardera la mémoire ».

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 4, le soldat central

Le soldat central, vêtu de son uniforme, semble être un porte drapeau.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 5, le soldat mourant et son casque Sur la droite, un soldat mourant est allongé sur le sol. Son casque a glissé derrière lui.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 10, détail du marin mourant Ah, on voit mieux sous cet angle… Il est en appui sur son avant-bras gauche et lève le bras droit.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 6, le troisième soldat

Le troisième soldat, sur la gauche, est un marin.Il est censé être armé d’un fusil qui a une forme curieuse…

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 9, détail du béret du troisième marin On tourne un peu, pas de doute, couvre-chef (un bachie?) à pompon tenu par une jugulaire, c’est bien un marin.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 7, ancre et coq Au dos du monument, à la base de l’obélisque, est posée une couronne funéraire avec une ancre et une palme.

Tout en haut du monument se trouve un coq, symbole de force et de la France.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 8, de dos Une dernière petite vue de dos…

Toutes ces photographies datent de juin 2011.

Bisbille électorale à Poitiers… juin 1912

Le journal de la Vienne, 19 juin 1912

17 juin 2012… 19 juin 1912… Ne voyez aucune répétition de l’histoire, n’oubliez pas l’aller voter quand même! En feuilletant (virtuellement) sur le site des archives départementales de la Vienne l’Avenir de la Vienne, je n’ai pas résisté face à cet article du 19 juin 1912 (voir juin 1912, vue 36), soit il y a presque 100 ans jour pour jour.

Il s’agit d’élire le successeur de M. Blanchard, décédé, au conseil général… (voir dans les vues précédentes, l’information a été relayée au fil des jours, décès, enterrement, discours…). Il s’agit de lui trouver un successeur, dans le canton de Saint-Savin, arrondissement de Montmorillon.

 » Poitiers, autour d’une élection. Le journal de l’ouest ne se fait aucune illusion sur le sort qui attend le candidat de l’opposition dans l’arrondissement de Montmorillon. Il connaît suffisamment les forces respectives des partis politiques pour savoir qu’un réactionnaire n’aurait quelques chances de recueillir la succession du regretté M. Blanchard que si les républicains commettaient la lourde faute de se diviser. Son but est donc de « brouiller les cartes » avant même l’ouverture de la campagne électorale. C’est ainsi que le journal de l’ouest est amené à publier un compte rendu absolument fantaisiste d’un déjeuner offert samedi dernier par M. le Préfet. Nous savions que notre confrère avait de l’imagination, et même beaucoup d’imagination, mais véritablement il dépasse aujourd’hui la mesure. Certains républicains ont appris par lui ce matin qu’ils avaient déjeuné samedi à la préfecture, et quant au docteur Dupont, il sera plus surpris encore d’apprendre les propos qui lui sont prêtés par le journal bonapartiste. Nous n’insisterons pas sur ce point; nous constaterons seulement que l’acoustique de la salle à manger de la préfecture est décidément aussi défectueuse que l’acoustique de la salle du conseil général dont nous nous sommes plaint si souvent. Gageons que l’honorable docteur Dupont sera de notre avis ».

Je ne peux pas vous donner l’article du journal de l’ouest… Il n’est pas numérisé… Mais cet article me semble d’une certaine actualité, côté divisions et noms d’oiseaux… Et les journalistes de l’époque n’hésitaient pas à donner leur avis personnel (euh, aujourd’hui, cela semble peu en accord avec la neutralité journalistique dans un journal a-politique…).

Pour connaître la suite de cette élection…

L’Avenir de la Vienne, juin 1912, vue 40 : profession de foi de Léon Caillon, notaire, maire de Saint-Savin (candidat de concentration républicaine, voir aussi publicité vues 42, 44, 48 etc.), une déclaration de sa part vue 46 (où il est question de voix réactionnaires et de voix républicaines… toute ressemblance avec des faits actuels… est pure coïncidence!). Sur la vue 54, les règles de l’élection parues au journal officiel sont précisées. Sur la vue 56, 30 juin, jour de l’élection, les électeurs sont appelés à voter… pour le seul candidat, M. Caillon! (« Pas d’abstention! Tous aux urnes! Votez M. Caillon! »). Suspense au maximum… Il faut changer de registre numérisé, afficher juillet 1912, vue 2 (lundi 1er et mardi 2 juillet 1912)… M. Caillon est élu, avec un taux d’abstention record! 2965 inscrits, 1990 votants (67 %, 33% d’abstention), 1642 voix (82,5% des votants, 55% des inscrits, euh, comme il était seul candidat, ça veut dire qu’il y a au pas mal de blancs et nuls…). Pour les curieux, les résultats commune par commune du canton (Saint-Savin, Saint-Germain, Béthines, Nalliers, La Bussière, Antigny, Villemort, Saint-Pierre-de-Maillé et Angles-sur-l’Anglin, soit la même composition du canton qu’aujourd’hui…) sont aussi donnés.

Gageons que ce soir, il y aura plus de suspense dans certaines circonscriptions…

L’Herakles archer d’Antoine Bourdelle à Toulouse

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 01, dans son square

Au bout des allées de Barcelone, près du canal de Brienne à Toulouse, à proximité de l’ancien stade des Ponts Jumeaux, se trouve L’Héraklès archer d’Antoine Bourdelle, monument dédié aux sportifs morts pour la France en 1914-1918. Le comité des Pyrénées de la Fédération française de rugby voulait, lors de la commande en 1922, avant tout rendre hommage à Alfred Mayssonnié, mort dès les premiers jours de combat, le 6 septembre 1914 et qui est aussi associé au monument par une stèle (voir plus bas).

Dès 1922, Antoine Bourdelle (Montauban, 1861 – Le Vésinet, 1929) accepte de céder juste pour le prix du bronze l’un des tirages de son Héraklès archer et dessine pour l’abriter un temple constitué de huit colonnes sans base ni chapiteau. Le monument est inauguré le 19 avril 1925. Cet Héraklès archer ou Héraklès tue les oiseaux du lac Stymphale est l’une des œuvres les plus connues d’Antoine Bourdelle, peut-être parce qu’elle a orné pendant des années les cahiers de la marque Héraklès… Le plâtre original, réalisé en 1909, de grandes dimensions (250X240X100 cm), est aujourd’hui conservé au musée Ingres à Montauban, sa ville natale, don de sa veuve Cléopâtre Bourdelle en 1953 (le plâtre était resté jusqu’alors dans l’atelier de l’artiste). Plusieurs tirages en bronze sont conservés dans des collections publiques en France (au jardin-musée Bourdelle d’Égreville en Seine-et-Marne, au musée Bourdelle – tirage et plusieurs plâtres préparatoires – et au musée d’Orsay à Paris, au musée des beaux-arts de Lyon) et à l’étranger (au Metropolitan Museum of Art à New York, au National Museum of Western Art à Tokyo, dans un parc de Buenos Aires en Argentine).

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 02, vues de face et de dos Cette sculpture représente le sixième des douze travaux d’Hercule, celui où il doit abattre de ses flèches les oiseaux du lac Stymphale. On ne voit qu’Hercule / Herakles bandant son arc, en appui contre un rocher.

 

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 03, signature de Bourdelle sur l'Hercule Antoine Bourdelle, qui a apposé sa marque et la signature « ANTOINE / BOURDELLE / SCULP / 1909 / PARIS ».

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 04, signature de Rudier sur l'Herkule Le fondeur, Alexis Rudier, a également apposé sa marque (que je vous ai déjà montrée sur la statue du maréchal Joffre à Paris et les monuments aux morts de La Rochelle et Angers).

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 05, de dos Malgré les tags qui salissent l’œuvre, on peut admirer la position de l’archer…

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 05, deux vues de profil

Sur ces deux vues, on voit toute la puissance de l’archer… et de son modèle, le commandant André Doyen-Parigot, ami d’Auguste Rodin chez qui Antoine Bourdelle travaillait… Il a dû poser nu pendant des séances qui se sont étalées sur plusieurs mois, avec pour exigence qu’il ne puisse pas être reconnu… Nous voyons donc son corps, mais pas son visage… remplacé par un visage un peu figé, à l’Antique.

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 06, relief de l'hydre et Herakles gravé Au-dessus de la signature se trouve un petit relief qui porte la scène complète de la lutte d’Hercule contre l’hydre de Lerne (le deuxième des douze travaux d’Hercule), identifiée par les inscriptions « HYDRE » et en grec « YΔPA ». Sur le côté sont inscrits les mots « HERAKLES » et en grec « HPAKΛHΣ ».

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 07, relief avec le lion de Némée Un autre petit relief est inséré dans la sculpture, un homme luttant contre un lion, donc Hercule luttant contre le lion de Némée (le premier des travaux d’Hercule). Ces deux reliefs ont été ajoutés par Antoine Bourdelle seulement sur la version de 1923 de Herakles archer, même si la date apposée avec la marque du sculpteur est 1909…

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 08, le relief de Messonier par Bourdelle Le monument est complété par une stèle à l’effigie d’Alfred Mayssonnié, positionnée sur l’un des petits côtés du « temple ».

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 09, le relief de Messonier par Bourdelle, détail Voici un détail de ce portrait de Mayssonié…

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 10, signature du relief de Messonier par Bourdelle Le bronze a également été réalisé par Antoine Bourdelle, qui a apposé sa marque et la signature « ANTOINE / BOURDELLE / A / MAYSSONIE / 1925 ».

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 11, le relief de Voivenes par Andrau De l’autre côté par rapport à la stèle à Mayssonnié se trouve une autre stèle, dédiée « a[u] [d]octeur / Paul Voivenel / inspirateur / de ce / monument », (1881-1975), psychiatre, amateur de rugby, qui avait négocié avec Antoine Bourdelle la réalisation de ce monument.

Herakles archer de Bourdelle à Toulouse, 12, signature du relief de Voivenes par Andrau Elle porte la signature « Andrau », probablement le sculpteur toulousain Joseph Andrau (1907-1987). Je n’ai trouvé aucune information sur cette seconde stèle…

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux mortsdes quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Théophraste Renaudot à Loudun

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 1, vu de loin C’était fin mars 2012… j’avais inauguré mon tube de crème solaire qui n’a quasiment pas resservi depuis (sauf pour ma semaine à Toulouse)… Je commence par l’une des figures emblématiques de la ville, Théophraste Renaudot, dont je vous ai déjà parlé pour la rue Renaudot à Poitiers… Au passage, google a enfin corrigé et éliminé rue des Hautes-Treilles, de son nom d’il y a plus d’un siècle [dernière vérification 11 juin 2012, la ville avait réclamé ce changement après que je leur ai signalé l’erreur en octobre 2011].

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, carte postale ancienne, devant l'hôtel de ville Ce monument se trouve aujourd’hui devant l’hôtel de ville de Loudun, probablement non loin de son emplacement d’origine, puisque sur des cartes postales anciennes, on le voit tantôt avec en fond l’hôtel de ville…

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, carte postale ancienne … tantôt avec la caisse d’épargne qui lui fait face (à droite sur cette vue, à gauche, on aperçoit l’angle de l’hôtel de ville).

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 2, la signature Charron et la date 1893 Il est signé et daté « ALFD CHARRON SCULP 1893 », pour Alfred [Joseph] Charron (Poitiers, 1863 – Ville-d’Avray, 1955). Cet artiste, qui a exposé au salon des artistes français de 1883, avait été l’élève de [Pierre] Jules Cavelier, Louis Barrias (voir la science et l’agriculture sur le fronton de l’hôtel de ville de Poitiers) et de Jules Coutan (voir également à Poitiers le monument aux morts de 1870-1871).

D’après sa fiche dans la base Monumen, il s’agit d’une copie à l’identique (l’original ayant été fondu comme nombre de bronzes en 1942), le modèle en plâtre patiné bronze avait été donné par l’artiste en 1895 ou 1896 au musée de Poitiers et des Antiquaires de l’ouest (ce modèle est déposé à l’hôtel de ville de Loudun depuis 1950 environ, voir sa fiche dans la base Joconde).

Le bronze original, fondu par Durenne, avait été inauguré le 12 mai 1894, inauguration relatée, d’après Monumen, le 20 mai 1894 dans le Journal de Loudun, non numérisé à ce jour [dernière vérification 11 juin 2012] par les archives départementales de la Vienne, mais, entre un jugement pour infanticide à Saint-Hilaire de Poitiers, un meurtre à Vouillé (les faits divers ne sont donc pas le monopole de la presse actuelle?) et une crise ministérielle (encore une, c’est récurrent à cette époque, avant l’affaire Dreyfus qui éclate à la fin de 1894 et qui noircit bien des pages à partir de l’année suivante), j’ai trouvé dans L’avenir de la Vienne de mai 1894 (si le lien ne fonctionne pas, faites l’interrogation à partir de la page d’accueil) toute une série d’articles intéressants:

– vues numérisées 27 (à droite) et 28 (à gauche et à droite), du jeudi 17 mai 1894, un long compte rendu de la visite d’Eugène Spuller, alors ministre de l’Instruction publique, des beaux-arts et des cultes (du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894) dans le gouvernement Jean Casimir-Perier, aux fêtes de Loudun et à la conférence socialiste à Poitiers. Les fêtes de Loudun ont eu lieu le samedi précédent, soit le 12 mai, avec un départ en train depuis Poitiers… et de nombreuses escales en cours de route (Migné, Avanton, Neuville, Mirebeau, Moncontour, soit presque un arrêt tous les 10 km!). Sur la vue 28 sont représentées deux vues de la statue. L’artiste était présent et son œuvre est rappelée (ainsi que, auparavant, la composition des 5 voitures qui vont de la gare au centre-ville et … la sieste – enfin le repos – du ministre à 16h à la sous-préfecture), la soirée s’est terminé par un banquet… dont la presse donne, comme à son habitude à cette époque, le menu détaillé ; sans oublier le coup de griffe « M. Bazile ne récolte que cette épithète de « fumiste » qui lui convient si bien » (qui a parlé de dégradation de l’ambiance politique?);

– vue numérisée n° 31, du samedi 19 mai 1894, le point de vue d’un journaliste sur la visite de M. Spuller à Poitiers ;

– vue numérisée n° 37, du mercredi 23 mai 1894, discours de M. Spuller à Poitiers

vue numérisée n° 41, du samedi 26 mai 1894, transcription du texte du long discours prononcé à
Loudun par Eugène Spuller.

J’ai pu raté des notes intermédiaires, la consultation des scans de grand format nécessite de jongler entre différents grossissements…

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 3, vue de trois quarts et détail du visage

Revenons au sujet du jour… Théophraste Renaudot est représenté debout, un peu plus grand que nature, sur un haut piédestal. Il est déjà âgé, le front dégarni, les sourcils broussailleux, la moustache et la barbe soigneusement taillées. Il porte une sorte de cape par dessus son habit. A sa droite se trouve une pile d’ouvrages (posés sur une sorte de lutrin à plat autour duquel s’enroule un serpent buvant dans une coupe), avec à son sommet un livre ouvert (probablement un registre) sur lequel il s’apprête à écrire de la main droite et tient de l’autre main un exemplaire de sa gazette (voir des vues de détail plus bas).

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 4, les faces avant et droite du piédestal Sur le piédestal, à l’avant (photographie de gauche), le sujet est identifié par cette dédicace écrite en majuscules : « Théophraste Renaudot / conseiller / médecin ordinaire / et historiographe / de Louis XIII / ministre / de la charité publique / né à Loudun / en 1586″. En-dessous se trouve un médaillon en bronze sur lequel je reviendrai plus bas. Sur le côté droit du piédestal (photographie de droite) se trouve ce texte écrit en majuscules :  » J’en viens aux pauvres / l’objet de mes labeurs / et la plus agréable fin / que je me sois / jamais proposée / … me recognoissant / né au bien public / j’y ai sacrifié / le plus beau / de mon aage [SIC] / sans autre récompense / que celle dont la vertu / se paye par ses mains ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 5, les faces gauche et arrière Sur le piédestal, à gauche (photographie de gauche), se lit en majuscules un hommage aux réalisations de Théophraste Renaudot,  » La France lui doit / le journal / l’office de publicité / et de renseignements / le bureau de placement / le mont de piété / l’hôtel des ventes / et sous le nom de consultations / charitables pour les malades / ce que nous appelons aujourd’hui / un dispensaire / auquel il consacra / tout son temps et toute sa fortune ».

Oups, ma photographie de dos est floue et celle de trois-quarts ne permet pas de relever la très longue inscription sur la face arrière… Il faudra que je retourne à Loudun… ou sollicite une amie qui y travaille !

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 6, détail de la gazette et de la reconnaissance royale D’après les dictionnaires de référence, journaliste n’est pas attesté avant 1718… et c’est bien un exemplaire de sa « Gazette » et non un journal qu’il tient dans sa main gauche (détail sur la photographie de gauche).

Sur la pile de livres (photographie de droite), on peut lire, gravé dans le bronze, toujours en majuscules, « traité des pauvres » et sur une feuille déroulée, « Aujourd’hui / le 14e jour / d’octobre le / Roy désirant / favorablement / traiter Théoph. / Renaudot / le nomme / conseiller g[énéra]l / des pauvres du / royaume ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 7, la pile de livres Sur les autres livres, on peut lire sur la couverture du premier « textes et nouvelles » et sur la tranche du troisième « …ais charitables ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 8, le médaillon à Eugène Hatin Sur le piédestal a été apposé un médaillon dédié à « Eug[ène] Hatin historien de la presse et de Renaudot ». Eugène [Louis] Hatin (Auxerre, 1809 – Paris, septembre 1893) est notamment l’auteur de Théophraste Renaudot et ses « innocentes inventions », Oudin imprimeur, Poitiers, 1883 (à lire sur Gallica), réédité sous le titre La Maison du Grand Coq et le bureau d’adresses, le berceau de notre premier journal, du Mont-de-piété, du dispensaire et autres innocentes innovations de Théophraste Renaudot, Champion éditeur, Paris, en 1885.

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 9, initiales et date 1893 sur le médaillon Il a été réalisé également par Alfred [Joseph] Charron, ainsi qu’en témoignent les initiales et la date  » 1893 A. CH. ».

Le musée Théophraste Renaudot à Loudun et sa plaque commémorative L’association des amis de Théophraste Renaudot gère dans sa maison natale (signalé par une plaque commémorative) le musée Renaudot… Si ce musée a besoin d’un « petit coup de jeune », vous pouvez aussi vous y arrêter si vous passez par là (tout au nord du département de la Vienne).

Le musée Théophraste Renaudot à Loudun, 2, le buste dans la cour Dans la cour (la photographie) et dans le musée se trouvent d’autres représentations (sculpture, gravure, reconstitution en cire) de Théophraste Renaudot.

Mes articles sur Loudun:

Le quartier de la gare de Poitiers… avant et après le 12 juin 1944

Poitiers, les hôtels de la gare, carte postale ancienne, 1, le boulevard du Grand Cerf La gare de Poitiers a été bombardée par les alliés et notamment par des bombardiers britanniques dans la nuit du 12 au 13 juin 1944, je vous en ai parlé l’année dernière. La gare, les hôtels en face mais aussi une rangée de maisons près du palais de justice (reconstruites exactement comme l’hôtel devant la gare) et le temple protestant sont détruits. Le bilan civil est de 173 morts et 198 blessés, je n’ai pas trouvé de chiffrage des victimes allemandes. La destruction des voies a néanmoins retardé la remontée de la division Das Reich vers la Normandie.

La photographe poitevine Hélène Plessis a photographié le quartier juste après ce bombardement, vous pouvez en voir une photographie ici.

L’année dernière, je vous ai montré la gare, aujourd’hui, le boulevard juste en face, avec ses hôtels. D’abord avant le bombardement, l’hôtel à l’angle du boulevard, vu de côté…

Poitiers, les hôtels de la gare, carte postale ancienne, 2, l'hôtel à l'angle du boulevard qui monte … et de face…

Poitiers, les hôtels de la gare, carte postale ancienne, 3, vus depuis la cour de la gare … ou encore ici depuis la cour de la gare, qui était alors fermée par une grille en fer (à peu près en bordure du passage actuel des taxis).

Poitiers, les hôtels de la gare, carte postale ancienne, 4, après reconstruction vers 1950 Et voici une carte postale après reconstruction… en moellons apparents. La reconstruction a été partagée par le MRU (ministère de la reconstruction et de l’urbanisme) entre les architectes Paul Maître, André Ursault et Paul Bonnin.

Poitiers, les hôtels de la gare en 2010, 1, bd du Grand Cerf Voici ce que cela donne aujourd’hui (enfin, ce sont des photos d’octobre 2010), d’abord l’alignement complet…

Poitiers, les hôtels de la gare en 2010, 2, bd du Grand Cerf …les hôtels au bord du boulevard (ils n’ont pas très bonne réputation, et les clients du bar tabac bouchent régulièrement la circulation en allant faire leurs achats en restant sur la route).

Poitiers, les hôtels de la gare en 2010, 3, face à la gare Enfin, une dernière vue avec un cadrage un peu comme sur la troisième carte postale.

Poitiers, immeubles de la reconstruction rue Gaston Hulin D’autres immeubles avaient été touchés par ce bombardement aux abords du palais de justice, les immeubles ont été reconstruits dans le même style qu’à la gare, en voici rue Gaston Hulin.

Poitiers, immeuble de la reconstruction après 1945, à l'angle des rues Boncenne et des Carmélites Si vous vous promenez dans Poitiers, vous en trouverez d’autres, par exemple celui-ci à l’angle de la rue Boncenne et de la rue des Carmélites. Si vous habitez dans d’autres villes bombardées en France, vous reconnaîtrez sans doute le style, ministère de la reconstruction, subventions et efficacité obligent, ils ont globalement tous un air de famille. Lors des mêmes événements, le monument aux coloniaux fut aussi détruit, je vous le montrerai… l’année prochaine, LOL!