Archives de catégorie : Visites, musées et expositions

Mes visites, expositions et patrimoine, à l’exception de ce qui concerne Poitiers, classé à part…

Le monument aux morts de 1914-1918 de Metz

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, au milieu des travaux en 2012J’ai choisi aujourd’hui de vous présenter le monument aux morts de 1914-1918, du souvenir français et de la ville de Metz car il a connu une histoire liée aussi à la seconde guerre mondiale (pour cette dernière, revoir le monument en hommage aux Hommes de fer). Il se trouve square Gallieni, près de la Porte serpenoise… et était, au moment de mes photographies en août 2012, noyé au milieu de travaux.

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, carte postale des années 1930A l’origine, ce monument, inauguré en 1935, célébrait la réunification de l’Alsace et de la Lorraine (en fait de la Moselle) à la France en 1918. Il est l’œuvre du sculpteur Paul [François] Niclausse (Metz, 1879 – Paris en 1958) et non Paul Miclaux comme indiqué en légende de la carte postale. Du même Paul Niclausse, je dois avoir quelque part les photographies de l’Orpheline, présentée dans le parc Tassart à Cahors et le buste d’Albert Ier roi des Belges à Metz. Outre les personnages centraux, le monument comportait à l’origine un relief central dominant le groupe sculpté, avec une représentation allégorique de la famille laissée par le soldat envoyé au front: une mère portant son nourrisson dans les bras, encadrée par les grands-parents. Sur les côtés prenaient place deux reliefs représentant chacun un Poilu.

Le sculpteur Niclausse a donc ajouté trois hauts-reliefs : deux montrent les libérateurs de la ville, en uniforme de poilus, et l’autre une scène de famille, représentant les femmes, les vieillards, un bébé, toutes les victimes civiles de la guerre. Si l’énorme pietà est figée, le relief de la famille – les parents, l’épouse et l’enfant qui ont perdu un être cher – est criant de détresse. – See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=643#sthash.f8I3w36j.dpuf
Le sculpteur Niclausse a donc ajouté trois hauts-reliefs : deux montrent les libérateurs de la ville, en uniforme de poilus, et l’autre une scène de famille, représentant les femmes, les vieillards, un bébé, toutes les victimes civiles de la guerre. Si l’énorme pietà est figée, le relief de la famille – les parents, l’épouse et l’enfant qui ont perdu un être cher – est criant de détresse. – See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=643#sthash.f8I3w36j.dpuf

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, carte postale pendant la Deuxième guerre mondialePendant la Deuxième Guerre mondiale, dès 1940, les Allemands suppriment les reliefs sculptés pour ne conserver que l’allégorie féminine et le soldat mort. Cette carte postale porte pour légende « Metz, das Deutsche Denkmal » (le monument allemand) et sur la stèle martelée, on peut lire l’inscription en lettres gothiques qui a remplacé les bas reliefs: « Sie starben für das Reich » (ils sont morts pour l’Empire).

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, en 2012, de face et de trois quartsL’inscription allemande a été enlevée dès la fin de la guerre. Le monument ne conserve que le groupe sculpté central composé d’une mère et d’un soldat mort. Une figuration très allégorique du deuil, avec la mère représentée assise, pieds nus et habillée d’une longue robe drapée à l’Antique. Elle porte sur ses genoux le soldat figuré nu, tête et pieds en appui sur les massifs qui l’encadrent. Sans uniforme, impossible de savoir que ce soldat a combattu dans les rangs allemands, puisque la Moselle était allemande depuis 1871.

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, inscriptionL’inscription qui a été ajoutée à la base du socle est désormais « Aux morts de la guerre », sans préciser laquelle… En bas à droite, il reste toujours l’inscription d’origine « érigé par le Souvenir français ».

Metz, le monument aux morts de 1914-1918, détail des têtes de l'allégorie féminine et du soldatVoici un détail des têtes de la mère, avec les cheveux tressés ramenés sur le front, et du soldat mort.

Voir aussi l’histoire compliquée du monument au Poilu libérateur de la Moselle, également à Metz

Photographies d’août 2012.

Monument de la Résistance dit le Veilleur de pierre, place Bellecour à Lyon

Lyon, place Bellecour, Monument de la Résistance dit le Veilleur de pierre, par Georges SalendrePlace Bellecour à Lyon, il n’y a pas que la statue équestre de Louis XIV. A l’angle de la rue Gasparin, a été érigé en 1948 un monument dédié à cinq jeunes résistants (voir plus bas) fusillés par la Gestapo le 27 juillet 1944 à cet endroit où se trouvait le Moulin-à-vent, café-restaurant où un attentat avait été commis la veille sans faire de victime.

Lyon, place Bellecour, Monument de la Résistance dit le Veilleur de pierre, parsignatures de Georges Salendre et Thomas architecteIl porte la signature du sculpteur lyonnais Georges Salendre (Hautecourt-Romanèche, 1890 – Lyon, 1985) et de l’architecte Louis Thomas (Lyon, 1882 – Lyon, 1989): « G. Salendre sculpt. / L. Thomas arch. ». Je vous reparlerai de ce sculpteur notamment pour les sculptures de la poste, à l’opposé de la place.

Lyon, place Bellecour, Monument de la Résistance dit le Veilleur de pierre, par Georges Salendre, détail de la sculptureLe monument, surnommé « le Veilleur de pierre », se compose au premier plan d’un grand personnage masculin représenté debout, nu et s’appuyant sur un grand bouclier triangulaire frappé de la croix de Lorraine et du bonnet phrygien.

Lyon, place Bellecour, Monument de la Résistance dit le Veilleur de pierre, la niche mémorielleA l’arrière de la sculpture, dans le pan coupé du mur, sous une frise composée de croix de Lorraine et de bonnets phrygiens, une plaque donne le nom des jeunes abattus (« Albert Chambonnet / Pierre Chirat / Gilbert Dru / Léon Pfeiffer / René Bernard / 27 juillet 1944 »), une exhortation aux passants (« passant va dire au monde / qu’ils sont morts / pour la liberté ») et une longue liste de lieux d’arrestation dans le Rhône, de camps d’internement en France et de camps de concentration partout en Europe. Les cinq fusillés avaient été arrêtés et détenus avant l’attentat et n’en sont donc pas les auteurs.

Sur le site de l’INA, voir un extrait d’un reportage sur Georges Salendre (clic sur le lien pour la version complète, payante dans la boutique)

Passant, souviens-toi… monuments commémoratifs à Bressuire et Poitiers

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue lointaineComme pour la première semaine du mois de mai 2013, je vous propose une nouvelle semaine avec des articles quotidiens consacrés à des monuments aux morts ou lieux de mémoire à la résistance, aux déportés ou à des personnages marquants de ce conflit, avec une exception pour vendredi, la bande dessinée concerne la Première Guerre Mondiale. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le site de l’AJPN / Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France.

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue rapprochéeJe commence par une série de stèles commémoratives situées en Poitou-Charentes. La première se trouve à Bressuire, presque en face de la gare (photographies d’octobre 2012). Elle est dédiée  » A la mémoire de la communauté juive de Bressuire / disparue dans le camp de concentration nazi d’Auschwitz, 1942-1944″ ainsi que le nom des 17 victimes classées par ordre d’âge décroissant:

Spira Georges 58 ans, Cerf Raymond 50 ans, Goldblat Rinem 48 ans

Goldblat Liba 47 ans, Rotztejn Minka 45 ans, Cerf Mathilde 45 ans, Rotztejn Isaac 40 ans

Narcys Mordka 41 ans, Goldstein Hermann 40 ans, Narcys Nora 40 ans

Grunsu Ac Rosa, 22 ans, Cerf Rebé 20 ans, Spira Jacqueline 19 ans, Spira Nelly 12 ans

Rotztejn Félix 11 ans, Zangier Jeanine 10 ans, Rotztejn Sammy, 9 ans

A Bressuire, vous pouvez aussi revoir le monument aux morts de 1870.

A Poitiers, trois plaques sont apposées dans un couloir du lycée Victor Hugo (d’où l’on peut voir la Tête de jeune fille de Couvègnes). Je vous en ai parlé récemment lors de la venue à Poitiers de Marthe Cohn, née Hoffnung. La plus ancienne est dédiée aux professeurs:

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaque commémorative de deux professeurs victimes de la deuxième guerre mondiale

Collège moderne et technique / de jeunes filles de Poitiers / Professeurs victime de la guerre 1939-1945 / Alice Bonneau Lieutenant F.F.C. [médailles militaires] déportée résistante décédée à Ravensbruck en mars 1945 / Madeleine Vergeau victime du bombardement du [2 effacé] 13 juin 194[0 effacé]4.

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaques commémoratives pour les élèves victimes de la deuxième guerre mondialeLes plus récentes sont dédiées aux élèves:

A la mémoire / des élèves juives de ce lycée / déportées et assassinées à Auschwitz / 1942-1944 / plaque commémorative apposée le 27 mai 1993

La liste des victimes classées par ordre alphabétique a été ajoutée récemment

Yvette Achache, seize ans / Myriam Bloch, six ans / Myriam Holz, neuf ans / Paulette Iachimowitc, neuf ans / Odette Kahn, seize ans / Suzy-Eva Schaechter, quatorze ans / Plaque commémorative apposée le 26 avril 2005 / dans le cadre du centenaire du lycée Victor Hugo / et du soixantième anniversaire de la libération des camps

Monument commémoratif du stade poitevin à PoitiersAu stade poitevin se trouve également un monument commémoratif du décès du rugbyman Joffre Laurentin le 12 mai 1935 (un talonneur étudiant alors âgé de 20 ans, victime d’une fracture des vertèbres cervicales suite à un choc), sous lequel se trouve une stèle avec le nom des victimes sportifs de la première et de la deuxième guerre mondiale. Le grand bâtiment rouge à l’arrière est la patinoire juste rénovée. Voici le relevé des textes:

« Le stade poitevin à la mémoire de / Joffre Laurentin / tombé au cours du championnat de / France de rugby le XII mai MCMXXXV »
« A la mémoire / des membres du stade poitevin / morts pour la France
1914-1918 Aubier Maxime / Bernard Marcel / Boyer Pierre / Chevalier Hubert / Fouquet Camille / Lagorce Edouard / Lavaud Maurice
Lavergne Pierre / Martin Léopold / Marzan Camille / Raissac Henri / Rodrigo Henri / Royer René / Thuet Célestin / Wicker Marcel
1939-1945 Berger André / Clercy Raoul / Darres Henri / Fleury Raoul / Gendrault Pierre / Lavigne Marcel / Pavaillon Pierre
1935 – 1985. Anniversaire cinquantenaire, les anciens du stade poitevin (26 avril 1986) ».

Il y a d’autres monuments commémoratifs à Poitiers (université, gare, églises, cimetière de Chilvert, parc de la roseraie, monument de la déportation à Blossac, à la prison), je les réserve pour d’autres articles, j’ai aussi déjà parlé de ceux-ci:

Photographies d’octobre 2012 (Bressuire), septembre 2011 (lycée de Poitiers) et avril 2014 (stade poitevin).

Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation

Pas d’article sur Poitiers aujourd’hui, avec les vacances, la fréquentation du blog est très très calme. Je profite de la Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation pour vous proposer de relire quelques articles sur le sujet… en commençant par le film Parce que j’étais peintre, l’art rescapé des camps de Christophe Cognet. Grâce à mes fidèles lecteurs, j’ai pu le compléter avec de nombreux liens!

Monument de la résistance de La Rochelle, la stèle avec le nom des camps de concentrationLe monument de la résistance de La Rochelle, réalisé par Henri Gayot (1904-1981), résistant, déporté, revenu des camps avec de puissants carnets de dessins des camps de Natzweiler-Struthof dans le Bas-Rhin (voir aussi ses dessins dans l’exposition sur ce camp) puis de Dachau en Allemagne. A son retour, il a repris ses dessins et les a fait graver.


Couverture de Convoi vers l'est de Claude PauquetConvoi vers l’est de Claude Pauquet, avec un témoignage de sa mère, Geneviève Pakula


Couverture de Aucun de nous ne reviendra de Charlotte DelboAutour de Charlotte Delbo à Poitiers et des lectures sur Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra (et bientôt d’autres livres)


Couverture de Terezin Plage de Morten BraskL’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne). Voir aussi sur le roman Terezin Plage de Morten Brask.


Couverture du tome 1 de maus, de Spiegelman Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents


Poitiers, stèle du camp d'internement de la route de LimogesLe camp de la route de Limoges, le Fronstalag 230 et sur le camp de la Chauvinerie à Poitiers, voir aussi le témoignage de Paulette.


Couverture de Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist MirrorTsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay de Kkrist Mirror. Une bande dessinée qui m’a vraiment fait comprendre la réalité du camp d’internement de Montreuil-Bellay


Couverture de Sauve-toi, la vie t'appelle de Boris CyrulnikSauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik sur sa propre arrestation et celle de ses parents


Couverture du wagon d'Arnaud Rykner Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire romancée d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau


Couverture de Itsik de Pascale RozeItsik de Pascale Roze, sur une famille de juifs polonais réfugiés à Paris


Couverture de La vie en sourdine de David Lodge La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde dans un chapitre un voyage à Auschwitz-Birkenau


Couverture de Liberté de Tony Gatlif et Eric KannayLiberté de Tony Gatlif et Eric Kannay, sur un groupe de tsiganes assignés à résidence puis déportés


Sur les conséquences de la guerre ou de l’exil:

Affiche de Ida de Paweł PawlikowskiIda de Paweł Pawlikowski, film sur une jeune fille élevée dans un couvent et qui découvre avant de prononcer ses vœux qu’elle est juive et que sa famille a été massacrée.


Couverture du livre Derrière les lignes ennemies, une espionne juive dans l'Allemagne Nazie de Marthe CohnMarthe Cohn, réfugiée à Poitiers puis résistante. Son témoignage à Poitiers était très fort, je vais essayer de lire son livre.

L'entrée du domaine de la Mérigote à PoitiersAutour de Jean-Richard Bloch (et de sa fille, France Bloch et son gendre Fredo Sérazin), voir La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch


Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Éducation européenne de Romain Gary


Vous trouverez d’autres articles par les liens vers les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale

Le Rhône et la Saône par André Vermare à Lyon (et à Poitiers!)

L’escalier d’accès à la bourse / palais du commerce de Lyon est gardé par un grand relief…

… représentant Le Rhône et la Saône.

Le groupe sculpté est l’œuvre de André (César) Vermare (Lyon, 1869 – Bréhat, 1949), grand prix de Rome de sculpture en 1899, ainsi qu’en atteste la signature « A. Vermare 1905 ». Des maquettes avaient été présentées aux Salons des artistes français de 1902 sous le n° 2917 (sur la même page que le monument à Villebois-Mareuil de Raoul Verlet à Nantes!) et de 1905 sous le n° 3699.

La réalisation finale a été mise en place en juillet 1907 (ci-contre sur une carte postale ancienne). Deux modèles se trouvent au musée de Poitiers: la tête du Rhône (moulage grandeur nature) et le groupe sculpté réduit (maquette originale au tiers pour le projet d’édition de luxe du Rhône). [PS: je ne pense pas avoir déjà vu le premier, le plâtre du second était en salles quand je suis arrivée à Poitiers il y a vingt ans, il a été depuis relégué aux « oubliettes », pardon, en réserves, dommage qu’il n’ait pas été ressorti en écho à Flux et exposition de Rainer Gross, du 25 mai au 5 octobre 2014 à Poitiers].

Le Rhône, représenté sous les traits d’un homme musclé et nu, nage dans des flots tourmentés. La Saône, « faible femme » (enfin, plus petite et gracile que lui), semble se noyer et lui touche la poitrine de sa main droite.

Le Rhône présente une grande force, traits du visage sévère, cheveux en pétard, bars gauche tendu vers l’avant et écartant les algues (remarquez au passage le grand soin accordé aux détails de la musculature, des ongles, etc.). Son bras droit est allongé vers l’arrière, comme un nageur qui nagerait un crawl puissant!

A ses côtés, la Saône, également nue, semble à moitié noyée, abandonnée les yeux fermés, les doigts de la main gauche qui s’enfoncent dans l’eau et ses cheveux qui flottent, le dos cambré vers l’arrière.

Le contraste entre les deux personnages est peut-être plus saisissant au niveau des jambes, musclées et en mouvement pour le Rhône, abandonnées aux ondes pour la Saône.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par CoustouDans un style très différent, voir ou revoir Le Rhône et la Saône par Guillaume (le Rhône) et  Nicolas (la Saône) Coustou, à la base de la statue équestre de Louis XIV place Bellecour, toujours à Lyon…

La République de Peynot à Lyon, carte postale ancienne… ou encore, je n’ai pas retrouvé l’original démantelé en 1975 du monument d’origine, le Rhône et la Saône aux pieds de La ville de Lyon, elle même sous La République d’Émile Peynot.

Photographies d’avril 2012.

Le fronton de la caisse d’épargne d’Angoulême par Emile Peyronnet

La caisse d'épargne d'AngoulêmeCela fait longtemps que je ne vous ai pas montré de sculpture d’Émile Peyronnet. Cette fois-ci, je vous montre la sculpture qui trône au bout de la rue Marengo à Angoulême, sur le fronton de la caisse d’épargne. A droite, vous apercevez le buste d’Hergé par Tchang Tchong-jen.

Le voici de plus près sur une carte postale ancienne. Bon, ou bien j’ai perdu la main, ou bien il n’y a pas d’informations sur cet élément. J’en ai trouvé des photographies, mais guère plus. La base de données sur l’architecture d’Angoulême donne comme datation… 19e siècle! Plus que vague et probablement faux, Émile Peyronnet est né en 1872 à Rougnac (et décédé à Angoulême en 1956), il a réalisé la plus grande partie de son œuvre, si ce n’est l’ensemble, au 20e siècle. Pour les monuments dont je vous ai déjà parlé: 1909 pour la fillette du monument à André Lemoyne et 1912 pour le monument à Joseph Lair, à Saint-Jean-d’Angély, salon des artistes français de 1924 pour le monument aux morts de 1914-1918 d’Angoulême et 1928 pour le buste de Raoul Verlet à Angoulême toujours. Pour ceux que je ne vous ai pas montrés mais pour lesquels j’ai de la documentation ou des photographies (oui, il y a encore des articles possibles!), salon de  1907 pour le monument à Louis Audiat à Saintes, 1910 pour le monument aux mobiles de Jarnac (modèle en plâtre à Angoulême), salon de 1911 pour celui de Castelnaudary (très proche de celui de Jarnac), dans les années 1920 pour les monuments aux morts de 1914-1918 (1921 pour Ségonzac, 1922 pour Ruelle-sur-Touvre, à vérifier pour Villebois-Lavalette, Jarnac les deux monuments de 1914-1918, dans le bourg et dans le cimetière, le monument aux instituteurs de la Charente morts pour la France à Angoulême, etc.), 1930 pour le monument à Édouard Martell à Jarnac, il faut que je vérifie la date du monument à Jean Fougerat et à la viticulture charentaise (sculptures par R. Lamour de Dieu et Émile Peyronnet) à Graves-Saint-Amant (après 1932, date de la mort de Jean Fougerat) en Charente, etc. Avant 1900, je n’ai trouvé que des œuvres présentées aux salons des artistes français : portrait de Mlle X (n° 3275) en 1893, portrait de M. D (n° 3415) en 1894, portrait de Mme JM (n° 3753) et Repentir (n° 3754) en 1896, portrait de Mme Del-Badianelli (n° 3290) et deux masques (n° 3291) en 1897, étude de paysan en 1898 sous le n° 3754 (modèle au musée d’Angoulême), trois médaillons (n° 3823) et étude de fillette (n° 3824) en 1899. Il n’est pas présent au salon de 1900. Si quelqu’un connaît la date ou d’autres précisions sur ce bâtiment ou sur la sculpture (pas forcément présentée au Salon), j’ajouterai volontiers des précisions.

La sculpture représente une allégorie féminine, vêtue à l’Antique et pieds nus et tenant un registre ou un paquet de feuilles en appui sur sa cuisse droite et un rameau dans sa main gauche. A ses pieds sont figurés des symboles d’abondance, gerbe de blé et corbeille de fruits.

Photographies de novembre 2010.

Crucifixion de Paul Bony à Saint-Jacques de Châtellerault

Châtellerault, église Saint-Jacques, vitrail de la crucifixion par Paul Bony, vue généralePour les catholiques, la crucifixion du Christ, c’est demain! J’ai choisi aujourd’hui de vous montrer un vitrail contemporain qui se trouve dans l’église Saint-Jacques à Châtellerault. J’aime beaucoup ce vitrail très coloré.

Châtellerault, église Saint-Jacques, vitrail de la crucifixion par Paul Bony, signatureIl porte la signature « M. Bony 1957-1958 ». Il s’agit de Paul Bony (1911-1982), gendre de  Jean Hébert-Stevens (1888-1943, fondateur en 1924 d’un atelier de vitrail à Paris). Paul Bony a exécuté des vitraux pour de grands artistes contemporains, Henri Matisse (notamment les vitraux de la chapelle Notre Dame du Rozaire des dominicaines de Vence), Georges Rouault (ensemble pour l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce à Passy, sur le du Plateau d’Assy, en Haute-Savoie) ou Marc Chagall (pour le baptistère de la même église de Passy, en 1957, Chagall travaille ensuite avec l’atelier de Simon Marq). Près de Poitiers, Paul Bony a réalisé en 1962 la verrière géométrique de l’église de Buxerolles.

Pour aller plus loin : voir l’article de Christian Hottin, L’art du vitrail en France au temps de la reconstruction et de la croissance. Note sur les fonds Hébert-Stevens – Bony conservés aux Archives nationales du monde du travail (Fonds n° 2002 001), revue In Situ,12 | 2009 : Le patrimoine religieux des XIXe et XXe siècles – 2e partie

André Marie Ampère par Charles Textor à Lyon

Lyon, le monument à Ampère, vue généraleEn ce samedi, nous restons à Lyon, comme ces dernières semaines, avec le monument dédié  » à / André Marie / Ampère » (Lyon, 1775 – Marseille, 1836), sur la place Ampère dans le deuxième arrondissement. Vous le connaissez au moins pour l’Ampère, mesure de l’intensité électrique.

Lyon, le monument à Ampère, carte postale ancienne

Le monument a été dessiné par l’architecte Joseph Dubuisson (1840 – ?) et a échappé aux fontes des monuments en bronze en 1941 (le bronze a été déposé en 1944 et remis en place après la guerre).

Lyon, le monument à Ampère, détail d'un sphynge

Il se présente sous la forme d’une fontaine avec deux sphynges (animal fantastique à buste de femme et corps de lion ailé), oeuvres de  C. Breton (1880), qui crachent de l’eau…

Lyon, le monument à Ampère, signature de Charles Textor…et, sur un haut socle quadrangulaire, une statue en bronze qui porte la signature de Charles [Marie] Textor (« Ch. Textor / Lyon 1888 »), un artiste lyonnais (Lyon, 1835 – Lyon, 1905). Le monument a été inauguré le 8 octobre 1888 par le président Sadi Carnot.

Lyon, le monument à Ampère, marque des fondeurs Thiébaut frèresCe bronze a été fondu par les frères Thiébaut, des fondeurs dont je vous ai déjà abondamment parlé.

Lyon, le monument à Ampère, inscriptions avec biographie d'Ampère

L’arrière du socle donne des éléments de la biographie d’Ampère : « Né à Lyon / le XX janvier MDCCLXXV /
Professeur / de physique et de chimie, d’analyse et de mécanique / A l’Ecole centrale de l’Ain / Au Lycée de Lyon / A l’Ecole Polytechnique / Au Collège de France /
Inspecteur général de l’Université / Membre de l’Académie des Sciences / Mort à Marseille  /en tournée d’inspecteur général / de l’instruction publique / le X juin MDCCCXXXVI ». Le cartouche porte à nouveau la date « MDCCCLXXXVI ».

Lyon, le monument à Ampère, inscription avec bibliographie d'AmpèreL’une des faces latérales porte des éléments de sa biographie et de ses travaux scientifiques : « Considérations sur la théorie mathématique du jeu – Lyon,1802 ; Découverte de l’électromagnétisme, 1820 ; Recueil d’observations électro-dynamiques, Paris, 1822 ; Exposé méthodique des phénomènes et des lois de ces phénomènes, Paris, 1823 ; Théorie des phénomènes électro-dynamiques uniquement déduite de l’expérience, Paris, 1826 ; Essai sur la philosophie des sciences ou exposition analytique d’une exposition naturelle de toutes les connaissances humaines, Paris ». Au centre est inscrite une citation d’Ampère: « Par le fluide messager la pensée transportée unit les cités et les mondes », allusion au télégraphe électrique dont il est l’inventeur.

Lyon, le monument à Ampère, vue de la statue de face et de profil droit, Ampère assis et écrivant, livre sous le fauteuilAndré Marie Ampère est représenté assis dans un fauteuil, écrivant un traité à la plume. Sous le fauteuil, un autre livre est posé sur la tranche.

Lyon, le monument à Ampère, vue de dos et de profil avec rameaux sous le siègeDerrière son fauteuil, au sol, sont posées des rameaux. Son vêtement passe par-dessus le dossier.

Lyon, le monument à Ampère, détail du buste et du livre avec l'inscription électrodynamiqueVoici un détail d’André Marie Ampère. Le traité qu’il est en train d’écrire porte l’inscription « électrodynamique ».

Photographies d’avril 2012.

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 9. D’autres ruses

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur Mouchin, dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien, voici les dernières pages consacrées à d’autres ruses… et qui ressemblent à des légendes urbaines (euh, rurales plutôt) avant l’heure. A moins que certains fils de douaniers (école de garçons) aient rapporté des témoignages de leur père (pas de douanière en 1935…).

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 14 et 15

D’autres ruses
Dernièrement, les douaniers ont découvert dans une péniche qui franchissait la frontière sur l’Escaut, une grande quantité de tabac. La péniche était à double fond et doubles parois.
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Un motocycliste transportait sur le siège arrière une personne. Le motocycliste est arrêté sur la route par les douaniers. a personne assise sur le siège arrière n’était autre qu’un mannequin bourré de tabac.
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Une auto arrive à la frontière. Vous n’avez rien à déclarer? – Non. – Voyons, ces pneus, essayons de les dégonfler. Rien à faire. Les roues étaient rembourrées de tabac.

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 15, la barrière de la douane et les douaniers

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Dernièrement encore, c’est un cycliste qui avait mis des cigarettes dans le cadre de son vélo.
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La frontière franco-belge au bas-préau à Mouchin, photographie de Lucien Dujardin

La flèche indique la ligne d’arbres qui borde l’Elnon, le ruisseau qui marque la frontière tout au long du village de Mouchin depuis le traité d’Utrecht de 1713. Cliché Lucien Dujardin

Une autre fois, c’est la rivière qui sert à transporter des ballots de tabac. On les enveloppe de toile imperméable et on les jette dans le courant; un barrage établi en aval les arrête et le tour est joué, à moins qu’on ne se fasse prendre, bien entendu.
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A Halluin, il n’y a pas très longtemps, les douaniers ont découvert une installation extraordinaire: par les égouts, les fraudeurs descendaient sous terre; ils avaient creusé des souterrains franchissant la frontière et y avaient installé des wagonnets!
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revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 16 et dernière de couverture

 Ce brave paysan rentre de ses champs. Il pousse une brouette remplie de pommes de terre.
– Videz-moi cette brouette.
Sous les pommes de terre, il y avait quelques paquets de tabac. Pas de chance! l’homme au sac, l’arrête et découvre dans le sac… de l’herbe pour les lapins!
Et, profitant de l’absence du douanier, d’autres fraudeurs, avec chacun leur charge de tabac, franchissent la frontière à toute allure.
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revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 16, une mobylette, deux fraudeurs et un douanier

 Celui-ci est bien connu. C’est un gros, bedonnant, qui aime à rire et à plaisanter. Les douaniers le connaissent bien et le considèrent comme un honnête homme.
Un jour, à Lille, un douanier le rencontre dans un café et le trouve très amaigri.
Son attention est éveillée. Le lendemain, de faction, notre bonhomme arrive ayant retrouvé son embonpoint. Il passe la frontière, se dirige en Belgique, et revient une heure après.
– Rien à déclarer?
– Non.
– Vous êtes bien gros, pourtant. Voyons ce ventre.
Le douanier découvre sous le gilet un beau matelas de tabac. Pour franchir la frontière, notre fraudeur se rembourrait de paille et de chiffons. Arrivé en Belgique, il se débarrassait de ce rembourrage et le remplaçait par du tabac.

La ville de Lyon par Peynot

La République de Peynot à Lyon, carte postale ancienneComme je vous le disais la semaine dernière, le groupe sculpté de La République de Peynot à Lyon se composait jusqu’en 1975 (construction du métro qui a entraîné un réaménagement de la place) d’un haut socle avec une République en bronze au sommet et  ses pieds, l’allégorie de la Ville de Lyon et tout autour, des groupes sculptés avec les allégories de la Liberté, de l’Égalité de de la Fraternité, déplacées dans le parc Bazin (je n’avais pas eu le temps d’y aller lors de ce séjour à Lyon). La sculpture a été réalisée par « E. Peynot sculp. 1889″, pour Émile (Edmond) Peynot (Villeneuve-sur-Yonne, 1850 – 1932), grand prix de Rome en 1880. L’ensemble du monument a été dessiné par l’architecte Victor Auguste Blavette (Brains-sur-Gée, 1850 – Paris, 1933) deuxième second (sic!) grand prix de Rome de sculpture en 1878 puis premier grand prix de Rome de sculpture en 1879. Aux pieds de la ville de Lyon, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne, se trouvaient deux autres sculptures, allégories du Rhône et de la Saône. D’après la fiche de la base Monumen, ce sont les allégories que l’on trouve au pied de la statue de Louis XIV place Bellecourt… mais cela ne colle pas en comparant les sculptures (retournez voir mes photographies) et la carte postale.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, vue générale sur la place Carnot à LyonAprès La République, voici donc la ville de Lyon, désormais située un peu plus loin sur la place Carnot.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, vues de face et de dosLa Ville de Lyon est représentée assise sur un bloc non sculpté à l’arrière, puisqu’elle était au contact du socle de la République. Elle est habillée à l’Antique, porte des sandales et une couronne.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, deux détailsElle tient de sa main gauche un glaive posé à plat sur ses cuisses tandis qu’elle appuie sa main gauche sur les armoiries de la ville de Lyon encadrées d’un décor de feuilles de vigne et de grappes de raisin.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, enfant à sa droiteA sa droite se trouve un enfant tissant de la soie.

Photographies du 9 avril 2012.