Archives par étiquette : ville

Le monument aux morts d’Amboise

Amboise, le monument aux morts dans son environnement A Amboise, le monument aux morts de 1914-1918 s’est un peu promené… il est aujourd’hui situé sur le Mail (place du Général de Gaulle), côté Loire, à peu près en face de l’office de Tourisme et pas très bien mis en valeur!

Amboise, le monument aux mortsC’est un peu mieux si on traverse…

Amboise, le monument aux morts, carte postale ancienneIl ne se trouve là que depuis mai 1982. Il se trouvait avant sur une place arborée, devenue aujourd’hui square des Anciens d’Afrique du Nord, pas très loin, en fait presque de l’autre côté du boulevard, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. il a été financé par souscription publique, subvention (au prorata du nombre de morts de la commune, rappelons-le) et des bénéfices sur la vente de poissons de Loire. Il y a été inauguré le 13 juillet 1924.

Amboise, le monument aux morts, carte postale ancienneCette autre carte porte comme mention « Angibault sculpt[eur], Garaud stat[uaire]. En fait, Gustave Angibault était marbrier à Amboise et n’a réalisé que les ornements annexes.

Amboise, le monument aux morts, signatures Angibault et Camille GarandOn retrouve les signatures sur le socle: « G. Angibault et Garand ». Ce dernier est Camille Garand (Nouans-les-Fontaines, 1879 – 1979), sculpteur tourangeau qui est l’auteur de plusieurs monuments aux morts dans le secteur.

Amboise, le monument aux morts, vue de profilLe monument se compose d’un haut socle en granite qui porte des listes de morts sur trois faces (deux pour 1914-1918, une pour les autres conflits) et au sommet, un groupe sculpté en calcaire.

Amboise, le monument aux morts, vue rapprochée du groupe sculptéCe groupe comprend deux soldats qui se recueillent devant la tombe d’un soldat mort (« pro patria »), avec une croix de guerre et recouverte du casque du défunt d’où semble s’échapper une pluie de roses. Une allégorie féminine couronnée (la ville d’Amboise dont elle porte les armoiries), qui tient une couronne, les abrite sous son bras tendu.

Amboise, le monument aux morts, les têtesVoici de plus près, je trouve que la couronne, faite de laurier (victoire) et de chêne (force) est plus une couronne de la Victoire qu’une couronne mortuaire comme j’ai pu le lire ici ou là [même si Grégory défend cette interprétation dans les commentaires ci-dessous].

Amboise, le monument aux morts, les soldatsLe soldat le plus âgé, moustachu et barbu, les yeux fermés, semblent plus affecté et tient, lui, une couronne mortuaire. Le jeune soldat semble lever les yeux vers l’avenir et tient son fusil au repos à sa droite.

Amboise, le monument aux morts, de dosVoici de dos. L’allégorie est vêtue à l’Antique alors que les soldats portent leurs diverses sacoches.

Amboise, stèle aux déportésIl est complété par des stèles aux conflits ultérieurs (Afrique du Nord notamment, voir la première vue) et une stèle aux déportés de la ville.

Amboise, deuxième monument aux morts par Paul DeryckeUn second monument, datant de 1971, se trouve sur l’île de la Loire, après l’auberge de jeunesse.

Amboise, deuxième monument aux morts par Paul Derycke, quatre vuesDe forme triangulaire, installé sur une butte, il se compose de grandes dalles de béton ajouré, avec sur le côté intérieur des listes de morts. La dédicace, « Mère voici tes fils qui se sont tant battus », n’est pas très explicite. Il s’agit d’une œuvre de [Henri] Paul Derycke (Ronq, 1928 – 1998, grand prix de Rome en 1952) est un dépôt de l’État.

D’autres monuments commémoratifs des guerres se trouvent à Amboise: un monument du Souvenir Français (aux morts de 1870-1871, érigé en 1913), les carrés militaires au cimetière, des stèles dans les églises, un monument au maréchal Leclerc par , une stèle au général de Gaulle.

Photographies août 2014

Les reliefs de la façade du musée d’Aquitaine à Bordeaux

Bordeaux, façade du musée d'AquitaineLa plupart des élus de Poitou-Charentes ne veulent pas du Plouc (PoitouLimOUsinCentre) ou de la Police (POitou LImousin CEntre). L’assemblée nationale propose maintenant des réunions Aquitaine-Limousin et Centre-Poitou-Charentes, mais les élus de Charente et Charente-Maritime de tous bords politiques exigent l’Aquitaine, c’est plus partagé pour les élus de la Vienne et des Deux-Sèvres. Un peu normal, le sud de la région est en tuile creuse et en zone occitane, le nord en langue d’oil, une bonne partie en tuiles plates, et le Poitou (bas et haut, donc Vienne, Deux-Sèvres et … Vendée) est plus tourné vers le nord. La région sera-t-elle partagée? Bon, après quelques articles sur Limoges, et toute la série sur Tours et Poitiers, ne sachant pas où nous irons dans quelques mois/années, je vous propose un article sur… Bordeaux! Avec des photographies prises en janvier 2013, quand j’étais allée voir les expositions sur Les désastres de la guerre de Francisco de Goya et Au temps des Gaulois. Direction le musée d’Aquitaine où se tenait cette dernière. Non, on n’entre pas voir les collections d’archéologie (quand même, un petit coup d’œil à la Vénus de Laussel!) ou sur l’histoire de Bordeaux (notamment une salle sur la traite des esclaves ouverte en 2009), on regarde la façade sur le cours Pasteur (en attendant le tram, par exemple…). Désolée pour la qualité de certaines photos, je les avais faites juste pour moi, pas en vue d’un article… Le bâtiment fut d’abord la faculté de lettres, de sciences et de théologie, d’où les thèmes retenus sur ces reliefs. Il fut inauguré en janvier 1886, après cinq ans de travaux sur les plans de l’architecte municipal de Bordeaux, Charles Durand. Je n’ai pas pu chercher de la documentation citée dans l’article de Marion Lagrange et Florent Miane, Le Musée archéologique de la faculté des lettres de Bordeaux (1886) (référence complète en fin d’article), mais vous y trouverez plein de renseignements, plans, etc. Cette partie centrale abritait le musée d’archéologie de la faculté.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de gaucheLe relief de gauche, une ribambelle (procession, si vous préférez) d’hommes se dirige vers le relief central. Il s’agit des « progrès de la science »!

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de gauche, signature de Edmond PrévotIl est signé « E. Prévot », pour Edmond Prévot (Bordeaux, 1838 – Bordeaux, 1892), le musée des Beau-Arts conserve quelques-unes de ses œuvres, il a également réalisé deux allégories du palais Rohan, toujours à Bordeaux.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de gauche, détail de la partie gaucheSur la partie gauche, l’homme à gauche est vêtu d’un costume, les autres de toges. On devrait y reconnaître Lavoisier, Ptolémée et Galilée.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de gauche, détail de la partie droiteDans la partie droite, d’autres hommes célèbres… il me faudrait approfondir la question pour les identifier un par un, les coiffures et les attributs devraient aider avec un peu de patience.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief centralLe relief central est dominé par l’allégorie centrale dont la tête déborde du cadre.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief central, signature de Pierre GranetIl porte la signature « P. Granet », pour Pierre Granet (Villeneuve-d’Ornon, 1843 – Neuilly-sur-Seine, 1910)

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief central, allégorieLa femme centrale centrale est assise et vêtue à l’Antique, portant une palme et coiffée d’une couronne. Certains disent qu’il s’agit d’Athéna, déesse notamment de l’intelligence. Mais elle ne porte pas les symboles d’Athéna (l’égide, par exemple). Avec sa petite couronne et les armoiries de la ville de Bordeaux qu’elle soutient de la main gauche, j’y verrai bien une allégorie de la ville de Bordeaux. Pierre Paris, cheville ouvrière du musée, ayant été directeur de l’école française d’Athènes, le sculpteur a peut-être joué sur l’ambiguïté avec une Athéna qui possède les attributs d’une allégorie de ville!

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief central, personnages à gaucheLes personnages à gauche se pressent vers elle, de l’enfant (nu) à l’adulte (barbu) en passant par des jeunes gens (glabres), autour d’une colonne cannelée.

A droite, je verrai plutôt Athéna ici, dans cette femme accroupie qui porte un casque et tient une tablette, autour de laquelle se pressent trois jeunes gens glabres et un homme barbu peut-être un peu plus âgé.

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de droiteJe n’avais pas pris bien en face le relief de droite, désolée pour la déformation du relief… On y voit à nouveau une procession masculine qui se dirige vers le relief central. Il s’agit des progrès des lettres (y compris la philosophie et la théologie).

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de droite, signature de CoëffardIl porte la signature « Coëffard », pour Louis (André) de Coëffard de Mazerolles (Arveyres, 1818 – Bordeaux (?), 1887).

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de droite, partie gauche avec lyre et phinxSur la partie gauche se trouve un sphinx (archéologie), un personnage qui tient une grande lyre et un petit masque (la tragédie antique), Moïse, juste devant le sphinx, tient les tables de la loi avec un texte en hébreu

Bordeaux, façade du musée d'Aquitaine, le relief de droite, partie droite de la processionDans la partie droite se trouve, à l’extrémité droite, la seule femme de ce relief, vêtue d’un long manteau et la tête couverte d’un voile. Avec un peu d’effort, il devrait être possible de retrouver dans cette procession des lettres Homère, Horace, Eschyle et Dante…

Pour aller plus loin: voir l’article de Marion Lagrange et Florent Miane, Le Musée archéologique de la faculté des lettres de Bordeaux (1886). L’institutionnalisation des collections pédagogiques et scientifiques, In Situ, n°17, décembre 2011.

Photographies de janvier 2013.

La ville de Lyon par Peynot

La République de Peynot à Lyon, carte postale ancienneComme je vous le disais la semaine dernière, le groupe sculpté de La République de Peynot à Lyon se composait jusqu’en 1975 (construction du métro qui a entraîné un réaménagement de la place) d’un haut socle avec une République en bronze au sommet et  ses pieds, l’allégorie de la Ville de Lyon et tout autour, des groupes sculptés avec les allégories de la Liberté, de l’Égalité de de la Fraternité, déplacées dans le parc Bazin (je n’avais pas eu le temps d’y aller lors de ce séjour à Lyon). La sculpture a été réalisée par « E. Peynot sculp. 1889″, pour Émile (Edmond) Peynot (Villeneuve-sur-Yonne, 1850 – 1932), grand prix de Rome en 1880. L’ensemble du monument a été dessiné par l’architecte Victor Auguste Blavette (Brains-sur-Gée, 1850 – Paris, 1933) deuxième second (sic!) grand prix de Rome de sculpture en 1878 puis premier grand prix de Rome de sculpture en 1879. Aux pieds de la ville de Lyon, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne, se trouvaient deux autres sculptures, allégories du Rhône et de la Saône. D’après la fiche de la base Monumen, ce sont les allégories que l’on trouve au pied de la statue de Louis XIV place Bellecourt… mais cela ne colle pas en comparant les sculptures (retournez voir mes photographies) et la carte postale.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, vue générale sur la place Carnot à LyonAprès La République, voici donc la ville de Lyon, désormais située un peu plus loin sur la place Carnot.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, vues de face et de dosLa Ville de Lyon est représentée assise sur un bloc non sculpté à l’arrière, puisqu’elle était au contact du socle de la République. Elle est habillée à l’Antique, porte des sandales et une couronne.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, deux détailsElle tient de sa main gauche un glaive posé à plat sur ses cuisses tandis qu’elle appuie sa main gauche sur les armoiries de la ville de Lyon encadrées d’un décor de feuilles de vigne et de grappes de raisin.

Allégorie de la ville de Lyon par Peynot, enfant à sa droiteA sa droite se trouve un enfant tissant de la soie.

Photographies du 9 avril 2012.