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Exposition Georges Rouault au musée Gustave Moreau à Paris

Façade du musée Gustave Moreau à ParisJe rentre d’une seconde virée à Paris en un mois (revoir ma précédente promenade parisienne en mars 2016), pour un ultime test positif de conduite  en condition réelle au centre d’évaluation des capacités de conduite automobile à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, il ne me reste plus qu’à voir le médecin agréé de la préfecture et le médecin du travail tourner une page dans l’histoire de mes méningiomes (la rééducation paye aussi avec des résultats très positifs sur la mémoire de travail).

Affiche de l'exposition Gustave Moreau souvenirs d'atelier Georges Rouault au musée Gustave Moreau à ParisCette fois, j’ai profité de mon séjour pour aller voir l’exposition Gustave Moreau souvenirs d’atelier Georges Rouault au musée national Gustave Moreau.

Professeur à l’école des beaux-arts de Paris de 1892 à 1897, Gustave Moreau (1826-1898) eut notamment pour élève Georges Rouault (1871-1958) et Henri Matisse. En 1895, il décide de léguer à l’État sa maison-atelier de la rue de La Rochefoucauld pour en faire un musée dont il commence l’aménagement. A sa mort, son ami et locataire du rez-de-chaussée (restauré en 2014), Henri Rupp, poursuit la mise en place des œuvres. L’État accepte le legs en 1902 et nomme en août Georges Rouault comme conservateur du musée qui ouvre quelques mois plus tard, en janvier 1903. Il occupa ce poste jusqu’en 1932, logeant sur place avec sa famille. Si vous ne connaissez pas le lieu, allez-y, n’hésitez pas à ouvrir les volets et meubles où sont présentés des dessins, selon une savante rotation pour permettre leur conservation dans de bonnes conditions.

L’exposition est de faible ampleur, sur la moitié des deuxième et troisième étages (« l’atelier »), mais compare de manière assez intéressante les influences professeur/élève (et vice-versa), mais aussi les œuvres de chacun d’entre eux.

En revanche, je n’ai pas compris une phrase qui couvre un grand espace sur le mur gauche du deuxième étage, en tête d’un paragraphe en gros caractères donc en principe à lire en priorité :

« Moreau, à la différence de Corot qu’à l’instar de Rouault il admirait, ou de son ami Louis Français, n’a jamais cultivé le paysage comme un genre en soi ».

??? Pourquoi Gustave Moreau n’a-t-il pas plus de prénom que Jean-Baptiste Corot et Georges Rouault, alors que celui de Français (Louis) est précisé? Sans doute pour gagner quelques caractères d’imprimerie… Quelques avec un s, qui ne devrait pas être à l’étage supérieur dans la phrase suivante où il a un emploi adverbial (=environ) : « il eut soin également de quelqueS 425 feuilles qui lui servaient à tester les tons de ses aquarelles« .

Petite remarque pour une guide: pendant ma visite de l’exposition, une guide commentait à un groupe composé de familles et de grands-parents avec leurs petits-enfants le célèbre polyptyque (ensemble de plusieurs panneaux peints) La vie de l’Humanité. Son débit avait tout de la rafale de mitraillette, et elle ne tenait absolument pas compte du fait que les enfants (pas plus que de nombreux adultes) ne savent pas qui sont Adam, Eve, Caïn, Abel, etc. Elle a balayé d’une réponse très sèche la question d’un enfant qui, têtu et n’ayant pas reçu de réponse, n’a pas eu peur d’y revenir quelques minutes plus tard. Ne serait-il pas plus efficace d’en dire moins et d’expliquer les scènes? Je conseille tout  particulièrement à cette guide d’aller voir le dernier spectacle de Yannick Jaulin, Comme vider la mer avec une cuiller.

Bref, allez au musée Gustave Moreau pour le lieu, pour l’exposition, pas pour la « médiation », terme qui remplace de plus en plus « visite guidée » (je sais, ne hurlez pas, ce n’est pas strictement la même chose, le « médiateur » transmet les connaissances du « savant » -conservateur- vers « l’ignorant » -visiteur- et ne limite pas son action aux visites)…

Pour aller plus loin : à l’école des beauxarts, en 1897, Gustave Moreau et Georges Rouaut croisèrent en cours magistral ou en cours d’atelier, côté sculpteurs, des artistes dont je vous ai déjà parlé : Antonin Mercié, Laurent Marqueste,  , Jules Coutan, Gabriel-Jules Thomas, et .

Sur mon blog, j’ai aussi écrit quelques lignes sur l’exposition Georges Rouault, il y a quelques années au centre Georges-Pompidou à Paris.

Pour mes fidèles lecteurs poitevins : vous pouvez aller voir La sirène et le poète (1895), une toile de très grand format (2m34 de large sur 3m38 de haut) de Gustave Moreau au musée Sainte-Croix à Poitiers et des émaux, d’après des œuvres de Georges Rouault à l’abbaye de Ligugé.

Pour en savoir plus sur l’émaillerie de Ligugé :

Grégory Vouhé, Rouault, Braque et Ligugé, L’actualité Poitou-Charentes, n° 92, avril 2011, p. 44 ; Jean-Claude Bessette, Le long chemin de l’émailleur, ibid., p. 45.

 

 

L’émaillerie de l’abbaye de Ligugé

Abbaye de Ligugé, quatre vues dans l'atelier d'émaillerie L’abbaye de Ligugé possède depuis une dizaine d’année une pâtisserie qui fabrique le scofa, mais son émaillerie est beaucoup plus ancienne, créée en 1945. Cette partie n’est pas accessible au public, mais Père Vincent, doyen de l’atelier, nous en a fait une visite très approfondie, avec démonstrations, lors de notre visite avec Philippe de Tout Poitiers (vous pouvez découvrir ici sa vision de la visite), Grégory Vouhé et Coccinelle à Poitiers. Un grand merci à lui pour sa patience et le partage de sa passion (et métier).

Comme vous pouvez le voir dans ces vues de l’atelier, les moines travaillent à l’ancienne, un travail physique pour le découpage et la mise en forme des plaques de cuivre, mais aussi et surtout pour le broyage des émaux.

Les étapes suivantes sont plus faciles, fabrication de colle de pépins de coings (il faudra que j’essaye, après les colles de farine et de riz)…

Abbaye de Ligugé, quatre vues dans l'atelier d'émaillerie … cuisson du contre-émail au dos (qui évitera les déformations de la plaque à la cuisson de l’émail), choix des couleurs avec des nuanciers selon les fabricants, mise en place des poudres soigneusement lavées sur la plaque, avant la cuisson. Au fait, si vous connaissez un fond d’atelier d’émailleur qui ne sert plus, je suis sûre que les moines de Ligugé lui trouveraient une seconde vie. La palette des émaux se rétrécit d’année en année par les fabricants, ils sont preneurs de « galettes » d’émail non broyé (ou même broyé), si vous en connaissez qui n’ont plus d’usage…

Abbaye de Ligugé, musée, la vitrine de Georges Braque

Revenons dans la partie ouverte au public. En face de la boutique se trouve le musée qui présente des œuvres d’art réalisées par l’atelier d’émaillerie. Car si les moines réalisaient au quotidien des croix et autres sujets religieux, ils ont aussi collaboré avec les plus grands artistes contemporains, Georges Rouault, Georges Braque (la vitrine de la photographie ci-dessus), Alfred Manessier, Marc Chagall etc. De toutes petites séries (quelques exemplaires) numérotées et signées par les artistes. J’aime beaucoup aussi les créations de Frère Pascal, qui a utilisé des inclusions assez improbables (pour la tenue physique) au cœur des parties émaillées. Ces dernières années, des collaborations se sont créées avec des auteurs de bandes dessinées, profitant du festival de bande dessinée de Ligugé.

Un grand merci aux moines de Ligugé pour leur accueil et l’autorisation spéciale que m’a accordée le père Abbé pour entrer dans des espaces réservés aux moines. N’hésitez pas à aller à la boutique de l’abbaye, vous y trouverez de beaux émaux, de nombreux enregistrements (le père abbé est un grand musicologue), des livres (c’est une librairie affiliée au réseau des libraires indépendants de Poitou-Charentes/LIRE) ou même venez y passer quelques nuits… l’abbaye accueille chaque année 12000 personnes dans son hôtellerie, plus d’informations sur le site de l’abbaye de Ligugé. Un grand merci aussi à frère Patrick, pour son accueil avec le scofa et à la librairie.

Vous pouvez aussi relire d’anciens articles que j’ai consacrés à Ligugé: la chapelle du catéchumène, l’église et l’abbaye (en jouant pour un défi hongrois, vous comprendrez en lisant l’article), la gare et des toits, le monument aux morts, le scofa.

Pour en savoir plus sur l’émaillerie de Ligugé :

Grégory Vouhé, Rouault, Braque et Ligugé, L’actualité Poitou-Charentes, n° 92, avril 2011, p. 44 ; Jean-Claude Bessette, Le long chemin de l’émailleur, ibid., p. 45.

Sabine de Lavergne, Les émaux de Ligugé, d’après Georges Rouault, Charles Ranc, Georges Braque, Alfred Manessier, André Marchand, Edouard Goerg, Jacques Villon, Antoni Clavé, Marc Chagall, Frère Pascal, éditions Siloë, 1998 (en vente à la librairie de l’abbaye).

Expositions en cours au Centre Georges-Pompidou à Paris

La façade du centre Pompidou le 17 août 2008 Notre marathon d’exposition parisienne nous a menées – moi et une amie – au Centre Georges-Pompidou. Il n’y a aucune grande exposition en cours, celle sur les traces du sacré que j’ai vue en mai s’est achevée le 11 août. La prochaine aura lieu du 17 septembre 2008 au 5 janvier 2009 et sera consacré à Jacques Villeglé, la comédie urbaine.

Mais il y a de nombreuses expositions plus modestes en cours.

Dans l’espace 315, Tatiana Trouvé, 4 Between 3 and 2 / Prix Marcel Duchamp 2007 (jusqu’au 29 septembre 2008). Je n’ai pas trop apprécié. Deux œuvres monumentales, à l’entrée et au fond de la salle, avec des jeux de couloirs blancs, de miroirs et de sortie de sable gris qui coule du mur vers l’extérieur.

Dans la galerie sud (là où j’ai vu il y a quelques mois l’exposition Richard Rogers + architectes) se tient une nouvelle exposition monographique sur un autre architecte célèbre, Dominique Perrault (jusqu’au 22 septembre). Chacun le connaît pour la grande bibliothèque nationale de Paris, mais il a réalisé beaucoup d’autres bâtiments. Le premier tiers de la salle est scandé par de grands rideaux métalliques, des écrans qui présentent les projets et les réalisations et des sortes d’immenses poufs où se vautrent les visiteurs. le reste de l’espace est occupé par des grands plots carrés où ont présentées des photographies, des dessins, des maquettes, etc.

Sur la mezzanine, et donc dans un espace en accès libre et gratuit, Les univers de Jean Gourmelin, dessins (jusqu’au 29 septembre). Des eaux-fortes, des dessins à l’encre de Chine, des illustrations de presse… et des couvertures de livres, en particulier pour la collection Folio (1984 d’Orwell, La nausée de Sartre, La métamorphose de Kafka, etc.). Ce fut une vraie découverte qui m’ bien plu.

Dans les salles du musée national d’art moderne, plusieurs expositions sont en cours. Au cinquième étage, un Hommage à Georges Rouault (1871-1958), l’effervescence des débuts, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste (jusqu’au 13 octobre 2008). Cette exposition est co-organisée avec le musée d’art moderne de Lille-Métropole à Villeneuve-d’Ascq, actuellement fermé pour travaux et qui a prêté une partie des 20 tableaux qui constituent la présentation. J’aime beaucoup cet artiste, je vous invite à aller voir le site de la fondation qui lui est consacrée et qui a également prêté quelques toiles (enfin, pour être plus précise, des œuvres sur papier parfois mais pas toujours marouflé sur toile).

Au quatrième étage, deux expositions. Dans la galerie d’art graphique (où il y avait la suite de l’exposition Louise Bourgeois il y a quelques mois), Miroslav Tichý, photographe tchèque (jusqu’au 22 septembre 2008). Je n’ai pas trop accroché aux photographies… (beaucoup de femmes, souvent des détails ou de dos, prises à leur insu souvent) mais j’ai ADORÉ leur mise en scène, genre de précurseur du scrapbooking. La plupart de ces photographies ont en effet été collées par l’artiste sur ou sous des cadres en carton agrémentés de collages, dessins en forme de cadres classiques ou non, fenêtre à la manière d’une marie-louise ou d’un passe-partout, rehaut de gouache, etc. Ne ratez surtout pas le film qui montre l’artiste dans son environnement (quasi marginal) et ses réalisations, dont la fabrication de ses appareils photographiques bricolés en carton et lentilles polies en plexiglass. Vous en trouverez une image sur le blog culturel ! Et sur le même log, une vidéo sur la vie de cet artiste.

Complément : mon père vient de me signaler ce lien vers une vidéo d’une dizaine de minutes sur Tichý. Allez voir, elle vaut vraiment le coup !

Au même étage, dans l’espace qui fait face à cette galerie, Abstractions gestuelles après 1945, grands formats de la collection du Musée national d’art moderne (jusqu’au 22 septembre 2008). Très grands formats… qui m’ont laissé de glace mise à part une grande toile de Georges Mathieu intitulée Les Capétiens, partout (1954).

Si vous n’êtes pas épuisés, faites un tour dans les collections permanentes…