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Le monument aux morts de Sommières-du-Clain (Vienne)

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte Je vous ai montré lundi la Jeanne d’Arc d’Antonin Mercié à Toulouse et vous signalais alors que Jeanne d’Arc était figurée sur quelques monuments aux morts, par exemple en Poitou-Charentes. Charlotte Pon en a parlé dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, comme d’un cas particulier. En ce 8 mai, jour de commémoration de la seconde guerre mondiale, je vous montre un monument aux morts érigé pour la première guerre mondiale, et qui sert de lieu de recueillement et de mémoire pour toutes les guerres.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face avec la liste des victimes En allant rendre visite l’autre jour à Jardin zen, j’ai donc fait une halte au retour à Sommières-du-Clain. Là, le monument aux morts a été commandé par une riche famille de la commune, les Vareilles-Sommières (propriétaires du château qui domine l’église), à Maxime Real del Sarte, un sculpteur ultra catholique engagé, qui a réalisé d’autres monuments en hommage à Jeanne-d’Arc, mais juste pour la commémorer (vous pouvez apercevoir celle du square des cordeliers ou square Jeanne-d’Arc à Poitiers à gauche de la photo en bas de cet article, je lui en consacrerai un à part entière prochainement, et une liste plus longue des œuvres de ce sculpteur dans le dossier documentaire du service de l’inventaire de Poitou-Charentes). Entre la commande et la pose du monument devant la mairie, la municipalité avait changé et il semble que c’est la raison pour laquelle, quand vous allez à la mairie de Sommières-du-Clain, vous découvrez la face avec la liste des morts des guerres et non la face sculptée.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, le relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte Revenons à celle-ci. Le soldat mourant, enveloppé dans le drapeau national, est soutenu par Jeanne-d’Arc, avec son auréole de sainte, son armure et son épée au côté. L’oeuvre avait été commandée fin 1919, au moment de la sculpture, elle venait juste d’être canonisée en 1920 par Benoit XV.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, détail de Jeanne et du soldat La voici de plus près, vous pouvez remarquer qu’elle porte aussi dans sa main droite une couronne de feuilles de chêne, probablement plus symbole de la force plus que couronne civique ici.

Elle lève sa main gauche vers le ciel…

Le … en direction d’un élément d’architecture qui pourrait être une cathédrale, mais symbolise probablement plutôt l’Église en tant qu’institution et donc le salut de l’âme du soldat si l’on tient compte de l’engagement militant, virant même au prosélytisme, de Maxime Réal del Sarte. Étonnant, ce monument aux morts, non ?

Si vous voulez voir d’autres Jeanne-d’Arc sur des monuments aux morts en Poitou-Charentes, vous pouvez acheter le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République (de Charlotte Pon, paru chez Geste éditions en novembre 2008) ou aller voir dans le nord des Deux-Sèvres, à Bressuire (une grande commune, il y en a deux, l’une à Saint-Porchaire, l’autre à Chambroutet), ou encore au Tallud, dans le même département, près de Parthenay (les liens renvoient aux dossiers documentaires). Dans ces trois derniers cas, il faut se rappeler que nous sommes assez près du secteur des guerres de Vendée, sous la Révolution, où le catholicisme est (était?) fortement implanté et où vous pouvez aussi voir de gigantesques calvaires du 19e et du début du 20e siècles assez impressionnants.

Post-scriptum : une lectrice du blog m’a signalé un monument identique à Briey, en Meurthe-et-Moselle, je suis allée voir (en ligne) et ai trouvé cette photographie : il s’agit d’un tirage en bronze. J’essayerai de savoir pourquoi et comment il est arrivé là… Lequel des deux est l’oeuvre originale? En tout cas, j’ai pu comparer les deux monuments grâce à Zazimuth.Et je pense pour Briey comme original, mais c’est intuitif…

La Jeanne d’Arc d’Antonin Mercié à Toulouse

La Jeanne d'Arc d'Antonin Mercié à Toulouse, vue de profil droit Aujourd’hui, je vous propose un petit tour à Toulouse, place Jeanne-d’Arc (qui s’appelait place Matabiau jusqu’en 1942). Une statue équestre de Jeanne d’Arc y a été mise en place en 1922, l’année où Jeanne est devenue patronne secondaire de la France (par le pape Pie XI, la patronne principale étant Notre-Dame de l’Assomption), elle avait été béatifiée en 1909 avant d’être canonisée (et donc de devenir une sainte au sens de l’Église catholique) en 1920 par Benoit XV.

Il s’agit d’un bronze d’un artiste né à Toulouse, Marius Jean Antonin dit Antonin Mercié (1845-1916), grand prix de Rome en 1868 avec Thésée vainqueur du Minotaure. Je vous ai déjà parlé de ce sculpteur pour Gloria Victis (Gloire aux Vaincus), œuvre exposée en 1874 au Salon des artistes français pour glorifier le patriotisme et l’héroïsme lors du désastre de 1870, et dont l’un des magnifiques tirages se trouve à Niort (vous trouverez d’autres informations sur cette œuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes). Un autre tirage se trouve au musée des Augustins à Toulouse, un autre encore au musée de Grenoble, etc. Une autre statue célèbre d’Antonin Mercié, représentant David, se trouve à Toulouse, je vous la montrerai dans un prochain article.

La Jeanne d'Arc d'Antonin Mercié à Toulouse, profil gauche Revenons à la Jeanne d’Arc de Toulouse, presque aussi patriotique que la statue du sculpteur catholique et royaliste Maxime Real del Sarte à Poitiers…

La Jeanne d'Arc d'Antonin Mercié à Toulouse, vue de trois quarts arrière Encore une autre vue, une sculpture, il faut en faire le tour, j’aurais dû y revenir à différentes heures pour avoir un meilleur éclairage… De quand date l’original, je ne sais pas exactement, vers 1900 sans doute. Dans le catalogue des œuvres d’Antonin Mercié, j’ai trouvé Jeanne d’Arc relevant l’épée de la France, plâtre réalisé en 1902, mais je ne sais pas si c’est exactement ce modèle qui a été fondu à Toulouse en 1922.

La Jeanne-d'Arc de Mercié à Toulouse, carte postale écrite en 1924 Je vous ai trouvé cette carte postale écrite en 1924, peu de temps après sa mise en place.

Sous le bandeau en fer se trouve la signature A. Mercié, photographiée par un collègue du service de l’inventaire de Midi-Pyrénées en 1999 (je vous mets le lien vers la base Mémoire du ministère de la culture, car je n’ai pas réussi à la trouver sur le site de la région Midi-Pyrénées), mais il ne semble pas y avoir de date.

La Jeanne d'Arc d'Antonin Mercié à Toulouse, détail de la tête du cheval et du buste de Jeanne Encore un petit détail de Jeanne et de la tête du cheval…

La Jeanne d'Arc d'Antonin Mercié à Toulouse, vue de l'épée et des étriers … et de l’autre côté, regardez l’étrier et l’épée… Le bronze, coulé à partir d’un modèle en plâtre ou en argile moulé dans de la cire, permet une grande finesse de sculpture.

Retour sur la fontaine Belle-Paule à Toulouse

Toulouse, fontaine Belle Paule, deux crapauds en bronzeVous avez été nombreux à réagir à mon article sur la fontaine Belle-Paule à Toulouse. Amaryllis, Dianou / Claudiane et Virjaja ont notamment parlé des petits animaux, grenouilles et autres au pied du socle… En cherchant de la documentation sur une autre fontaine avec Clémence Isaure, aujourd’hui disparue (Les Gloires de Toulouse), et son sculpteur, Paul Ducuing, dont je vous parlerai dans quelques mois (patience !), je suis tombée sur cet article du journal des débats politiques et littéraires n° 176 du 25 juin 1912 (que vous pouvez lire en entier sur le site de la Bibliothèque nationale de France. Je vous livre donc ce texte, paru peu après l’inauguration de la fontaine dont le chroniqueur n’aime pas la modernité, et notamment pas ces petits animaux… J’ai mis en avant quelques passages en caractères gras.

 » […] M. Laporte Blairzy, autre enfant du pays, a été désigné pour  » ériger sur une place publique de Toulouse une fontaine monumentale à la mémoire de Clémence Isaure  » et on ne saurait lui reprocher d’avoir démesurément grandi un bibelot pour en faire un monument. Je lui reprocherais peut-être bien aussi, ayant coiffé Clémence Isaure du hennin d’Isabeau de Bavière, l’avoir juchée sur un socle modern style qui, n’étant pas très beau en soi, produit, par la juxtaposition brusque et le contraste, un effet de surprise assez déplaisant. Aux pieds de Clémence Isaure, au lieu des gloires de Toulouse, c’est ici un chœur de grenouilles qui apparaît. Et les exégètes de l’avenir découvriront peut-être dans la présence de ces batraciens un symbolisme très profond  » (extrait du journal des débats politiques et littéraires n° 176 du 25 juin 1912). Les goûts et les couleurs, la position face à l’art contemporain… mieux accepté presque cent ans après. Toutes les photos sont dans cet article.

Toulouse, musée Saint-Raymond (1) : des gargouilles (et des gaulois)

Toulouse, musée Saint-Raymond, façade principale, gargouille 1 Avant même de connaître l’existence de la communauté des gargouilles, cariatides etc. créée par d’Amaryllis, je vous en avais pris en photo sur les deux façades du musée Saint-Raymond à Toulouse, juste à côté de l’entrée de la magnifique église romane de Saint-Sernin. Je vous parlerai une autre fois du musée et de son histoire.

Mais je voudrais quand même vous signaler l’exposition sur les bronzes guerriers de Tintignac-Naves, découverts il y a quelques années en Corrèze et restaurés à Toulouse, qui est prolongée jusqu’au 28 mars 2010. Cette exposition présente des panneaux explicatifs, et seulement deux objets originaux, mais quels objets, d’une extrême rareté à l’époque gauloise, à savoir un casque en forme de cygne et un carnyx, une trompette droite, de la taille d’un homme, qui se jouait dressée au-dessus de la tête du guerrier. Sur l’exemplaire présenté (d’autres fragments ont été trouvés en 2004 dans le dépôt de 500 objets métalliques de Tintignac), le pavillon a la forme d’une tête de sanglier. Si vous ne pouvez pas y aller, je vous conseille de consulter le dossier de presse et les images pour la presse

Toulouse, musée Saint-Raymond, façade principale, gargouille 2 Revenons à nos gargouilles… J’ai un gros doute sur leur datation. En effet, si le bâtiment date du 16e siècle, il a connu une restauration radicale par Viollet-le-Duc en 1868-1871, il ne serait donc pas très surprenant qu’il ait inventé certaines d’entre elles à partir de fragments… n tout cas, elles ne sont pas à leur place fonctionnelle et ne peuvent ici en aucun cas évacuer l’eau du toit, elles sont juste là pour faire b

Toulouse, musée Saint-Raymond, façade principale, gargouille 3 Je vous présente aujourd’hui les quatre gargouilles (il faudrait dire gargouilles saillantes, pour donner le juste nom du vocabulaire de l’architecture) de la façade principale. Il y en a autant sur la façade postérieure. Sur les photographies, vous apercevez un petit fil sur leur dos et leur tête, il s’agit d’un dispositif contre les pigeons, que l’on trouve sur de plus en plus de bâtiments monuments historiques (les déjections acides sont très nocives), un courant électrique dissuade les pigeons de se poser.

Toulouse, musée Saint-Raymond, façade principale, gargouille 4 Je vous les ai placées telles qu’elles se présentent de gauche à droite sur la façade.

Tous les articles sur le musée Saint-Raymond : les gargouilles de la façade antérieure, le musée ; les gargouilles de la façade postérieure ; les culots sculptés de la façade antérieure et ceux de la façade postérieure ; des vues anciennes.

Exposition Niel brut de fouilles.

L’ancien cercle industriel de Poitiers

Poitiers, l'ancien cercle industriel, la façade

Cet article est le premier dans la communauté des gargouilles, cariatides etc. créée par d’Amaryllis et que m’avait signalée par Zazimuth. Comme je me suis aperçue que j’avais mis trop de mots difficiles dans cet article, je l’ai repris avec des schémas ici.

Au 22 rue Victor-Hugo à Poitiers se trouvait le cercle industriel de Poitiers, qui avait confié le programme sculpté à Pierre-Amédée Brouillet (pour les préhistoriens, le fils de celui de la grotte du Chaffaud à Savigné, plus de liens ici, pour les fidèles lecteurs de ce blog, aussi celui qui a repeint l’intérieur de l’église de Civray). D’après les dossiers de la base Joconde, les plâtres des modèles de sculpture datent des années 1875 et sont conservés au musée de Chièvre. Il a dans les mêmes années réalisé des sculptures pour l’hôtel de ville de Poitiers ou encore l’ancien cercle de commerce, que je vous montrerai une prochaine fois (surtout, j’irai refaire des photographies, car il est en cours de rénovation sous des échafaudages). Revenons donc au cercle industriel…

Poitiers, l'ancien cercle industriel, les cariatides La travée centrale est encadrée de statues qui reposent sur des consoles. Certains auteurs ont parlé de cariatides, mais elles ne portent pas le balcon sur leur tête, ce ne sont donc pas des cariatides.

Poitiers, l'ancien cercle industriel, l'allégorie de l'industrie par Brouillet L’allégorie de l’industrie, à gauche, se reconnaît à son marteau et à son enclume, elle est accoudée à un vase.

Poitiers, l'ancien cercle industriel, l'allégorie des beaux arts par Brouillet À droite, il s’agit d’une allégorie des beaux-arts, armée des instruments du sculpteur, le coude en appui sur une ébauche.

Poitiers, l'ancien cercle industriel, les clefs ornées de masques sous le balcon Les clefs des arcs délardés voûtes (ou arrières-voussures?) qui soutiennent le balcon sont ornés de masques,

Poitiers, l'ancien cercle industriel, les clefs et les modillons du dernier niveau, ornés de masques …comme les clefs des arcs des fenêtres de l’étage supérieur et les modillons qui supportent la corniche.

Poitiers, l'ancien cercle industriel, le fronton de la fenêtre centrale Le fronton de la fenêtre centrale porte quant à lui des outils de maçon (équerre et compas).

Poitiers, ancien cercle industriel, les symboles maçonniques Pas forcément un symbole de franc-maçonnerie, mais de près, ça y ressemble quand même.

Christian Boltanski (Monumenta 2010)

Le Grand-Palais vu du bout de l'esplanade des invalides La création de Christian Boltanski (Monumenta 2010), se termine bientôt, le 21 février 2010 au grand Palais, ici vu depuis l’autre rive de la Seine, au bout de l’esplanade des Invalides, la semaine dernière.

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : le mur d'entrée Le visiteur est d’abord accueilli vers un mur, qui le plonge dans un autre monde… tout aussi glacial que l’extérieur, l’artiste ne voulait semble-t-il pas que l’espace soit chauffé (difficile vus les volumes, mais hors gel, ça aurait été sympathique pour nous…). J’ai pris la photographie du revers de ce mur.

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : les vêtements au sol dans un sens Nous nous dirigeons à une extrémité…

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : les vêtements au sol dans l'autre sens … puis à l’autre. L’ambiance est oppressante, avec le bruit des battements de cœur en arrière fond… Ces bruits font partie d’un futur projet de l’artiste à Tokyo, vous pouvez faire don du vôtre en l’enregistrant dans une cabine à l’écart, et si vous êtes nostalgique du doppler réalisé par votre cardiologue, vous pouvez aussi repartir, pour la modique somme de 5 euros, avec votre enregistrement sur CD…

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : la galerie haute Montons maintenant sur la galerie.

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : la pyramide de vêtements, pince en bas De là haut, nous voyons très bien la pyramide de vêtements avec sa grosse pince rouge.

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : la pyramide de vêtements, pince en haut avec des vêtements Perpétuellement, cette pince qui grince vient prendre des vêtements en haut du tas, se relève…

Christian Boltanski (Monumenta 2010) : la pyramide de vêtements, pince en haut lâchant les vêtements… et les relâche (pas très visible sur la photo, désolée).

Peut-être pouvez-vous prévoir une visite libre d’abord, puis avec l’un des médiateurs culturels (inclus dans le prix d’entrée) qui essayeront de se faire l’intermédiaire entre l’artiste (et ses intentions) et le visiteur. Quant au discours de l’artiste sur son œuvre, son symbolisme, vous pouvez le trouver dans de nombreuses revues, critiques, etc.

Avec mon amie, nous n’avions qu’une envie, fuir cette ambiance oppressante et filer sur le trottoir au soleil (moins froid que celui à l’ombre, même si la bise était toujours là), sur les Champs-Élysées voisins.

Jusqu’au 28 mars 2010, vous pouvez également poursuivre la visite avec l’exposition au MAC/VAL à Vitry-sur-Seine, navettes gratuites depuis le Grand-Palais jusqu’à la fin de Monumenta.

Tours (7), la place Plumereau

Tours, novembre 2009, place Plumereau Dernière étape à Tours (liens en bas de l’article) pour cette fois-ci, mon excursion d’une journée mi novembre 2009. La semaine prochaine, je vous emmène en Dordogne, j’ai pris des photos que je ne vous ai pas montrées en septembre.

Ce samedi là, il y avait un vent à décorner les bœufs à Tours. Je n’ai donc guère traîné dans les rues pour prendre des photographies du vieux Tours, je vous donne juste un tout petit aperçu de la place Plumereau et promis, la prochaine fois que j’irai voir une exposition, j’essayerai de vous prendre d’autres photographies complémentaires.

Tours, novembre 2009, place Plumereau, maison à pan de bois Et je prendrai aussi des détails de ces maisons à pan de bois, qui datent pour certaines du 15e siècle et portent un riche décor sculpté, ce qui me change un peu des maisons à pan de bois de Confolens que j’ai étudiées il y a quelques années.

Tours

En 2009 : abbaye Saint-Julien, les expositions Max Ernst, Yves Elléouët et sur la fondation des Treilles, le muséum d’histoire naturelle, la cathédrale Saint-Gatien, la basilique Saint-Martin, la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier et la place Plumereau.

Le monument aux morts de 1870-1871 à Poitiers

Poitiers, monument aux morts de 1870, 1, l'ensemble Alors que l’armistice du 28 janvier 1871 approche (voir plus bas), je vous présente le monument aux morts de la guerre de 1870-1871. Cet article a été rédigé en janvier 2009, complété avec de nouvelles photographies en janvier 2010, puis en novembre 2011 avec les informations trouvées dans la presse numérisée. Depuis la rédaction de cet article, le square a perdu massacre des grilles en novembre 2011 et a subi un nettoyage intempestif qui en a détruit la patine en février 2012. Sa restauration a commencé en juin 2012. Il est désormais restauré.

Poitiers, monument aux morts de 1870, 2, le soldat Le monument représente un soldat effondré au pied d’un obélisque. Il a été inauguré le 22 décembre 1895, si vous voulez lire les détails des discours ou lire le menu du banquet, vous pouvez en voir ce que dit l’Avenir de la Vienne, 124e année, n° 301, lundi 23 et mardi 24 décembre 1895, vues numérisées 33 et 34 notamment. En revanche, je n’ai pas trouvé le détail des travaux annoncé « pour les jours prochains » (je suis allée jusque mi janvier 1896).

On y apprend que le monument a été réalisé par l’architecte Formigé. Les bronzes, dessinés par Jules [Félix] Coutan (voir plus bas) ont été fondus par Thiébaut frères (voir aussi plus bas) sur des maquettes réalisées par l’atelier Saint-Hilaire. L’obélisque est un remploi mais, contrairement à ce que beaucoup ont affirmé, il ne s’agit pas de la pyramide de Saint-Hilaire offerte par la famille de Vareilles-Sommières (dont je vous ai déjà parlé pour le monument aux mort de Sommières-du-Clain) (voir en PS et en commentaire dans cet article). Toujours selon cet article de presse, les plaques de marbre ont été réalisées par M. Rat (j’ai programmé un article sur son immeuble…) et l’entrepreneur fut M. Poissonneau.

Pour une étude complète du square, voir une vue du projet en commentaire et dans l’article de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, 2012, p. 45. Donc le dessin du square et des grilles (vous pouvez voir leur dessin original  en commentaire de cet article sur le massacre des grilles) est de Édouard André, celui du monument, des palmes, etc., est de Jean-Camille Formigé, et le soldat en bronze, sujet initial de cet article, de Jules [Félix] Coutan.

Poitiers, monument aux morts de 1870, signature de Jules Coutan Le bronze représentant le soldat effondré est signé de Jules [Félix] Coutan, prix de Rome en 1872, et daté de 1895 [du même artiste, voir la tombe de la famille Herbette]. Il fut inauguré le dimanche 22 décembre 1895 de cette année là dans le square Magenta (de son nom donné par les Poitevins, mais square de la République de son nom officiel) où il se trouve toujours. Si vous êtes à Paris, vous pouvez voir Les chasseurs d’aigles sur la façade rue Buffon du Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Sinon, Insecula consacre une page à cet artiste.

Poitiers, monument aux morts de 1870, 4, la signature des frères Thiébaut, fondeurs Il porte aussi la signature des fondeurs, les frères Thiébaut (qui ont aussi fondu le Gloria Victis d’Antonin Mercié à Niort). La lecture du compte-rendu dans la presse locale, par exemple dans l’Avenir de la Vienne (124e année, n° 301, lundi 23 et mardi 24 décembre 1895, vues 41 et 42 pour le détail des discours, le menu du banquet, etc.) donne quelques précisions, même si je n’ai pas trouvé le récapitulatif des travaux annoncé pour les jours suivants (j’ai regardé en vain jusque mi janvier 1896). Les plaques en marbre ont été réalisées par les ateliers de M. Rat (dont je vous montrerai la maison un de ces jours). Les moulures et les profils ont été dessinés par M. Formigé (architecte des monuments historiques qui à Poitiers a travaillé sur les églises chevet, Notre-Dame-la-Grande et Sainte-Radegonde) et les travaux surveillés par M. Boudoin, inspecteur des monuments historiques et des édifices diocésains de la Vienne. L’obélisque, en remploi, est dit en granite dans cet article, mais il est en réalité en marbre [voir en PS et en commentaire, il ne s’agit pas de la Pyramide de Saint-Hilaire offerte par la famille de Vareilles-Sommières (dont je vous ai déjà parlé pour le monument aux morts de Sommières-du-Clain).

Poitiers, monument aux morts de 1870, 6, le haut Revenons au monument. Au sommet de l’obélisque, la dédicace aux enfants de la Vienne morts pour la France et des symboles républicains, la palme, les couronnes de laurier, les feuilles de chêne.

Poitiers, monument aux morts de 1870, 6, détail des jambes Voici le détail des genoux du soldat…

Poitiers, monument aux morts de 1870, 7, détail de la vareuse …et son expression de souffrance, effondré sur le canon et son épée, le long fusil au côté…

Petit rappel historique : la guerre de 1870 s’est déroulée du 19 juillet 1870 au 28 (29) janvier 1871. Elle fut officiellement déclenchée à la suite à la dépêche d’Ems, publiée par Bismarck, chancelier du roi Guillaume Ier de Prusse, le 13 juillet 1870 au nom du roi de Prusse et orientée en un sens insultant pour l’ambassadeur de France Benedetti. Mais c’est la lutte pour la succession du trône d’Espagne, que Bismarck veut offrir au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi de Prusse, qui en est une des causes réelles. Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870, ne voulant pas se faire encercler entre la Prusse et l’Espagne. Le 2 septembre 1870, l’empereur Napoléon III s’était rendu avec 100 000 soldats à Sedan. Le 29 octobre à Metz, le maréchal Bazaine se rend à son tour avec 180 000 soldats. L’armistice est signé le 28 janvier 1871 à Versailles, le traité de paix préliminaire le 26 février toujours à Versailles, confirmé le 10 mai 1871 par le traité de Francfort : l’Alsace et une partie de la Lorraine sont cédés à l’Allemagne. Paris refuse le traité de Versailles, la garde nationale et des ouvriers se soulèvent et prennent le contrôle de la ville en mettant en place un gouvernement révolutionnaire (18 mars 1871) : c’est la Commune de Paris, écrasée depuis Versailles par le gouvernement d’Adolphe Thiers du 21 au 28 mai 1871.

Côté victimes, il y a eu 44 000 morts allemands et 139 000 français, dont une moitié par maladie. Puisque les vaccins sont d’actualité, les Allemands avaient fait un rappel antivariolique à leurs soldats, ils ont compté un peu plus de 8500 malades et 450 morts, alors que les Français, qui n’ont pas fait ce rappel, ont eu 125 000 malades et 23 500 morts.

Les monuments commémoratifs des morts (monuments aux morts, pour faire court) ont été construits dans les préfectures, sous-préfectures, certains chefs-lieux de canton, plus rarement dans les autres communes. Malgré la défaite, certains représentent une victoire, comme ceux de Niort ou du cimetière des Bardines à Angoulême, à découvrir dans le Parcours du patrimoine de Charlotte Pon sur les allégories de la République. Les symboles républicains y sont présentés. Vous pouvez aussi revoir le monument aux morts de la Vienne ou celui aux morts allemands pour 1914-1918.

PS : sur la pyramide de Saint-Hilaire: elle est signalée dans l’arrêté de protection du musée de Chièvres (dont je vous ai parlé pour le portail des Augustins, il faut d’ailleurs que je mette cet article à jour avec des photographies après restauration) : « Petit monument commémoratif dit Pyramide de Saint-Hilaire sis 21 rue Bourbeau démonté (au musée de Chièvres) en attente de réédification soit au musée même, soit dans la ville : inscription par arrêté du 21 juin 1952« . Il ne s’agit pas de l’obélisque du monument aux morts de 1870/1871 mais de celui qui l’a précédé sur un monument aujourd’hui détruit et qui se trouvait près de l’hôtel de ville. PPS : voir le point fait sur le sujet depuis par Grégory Vouhé, Pyramides de Saint-Hilaire, L’actualité Poitou-Charentes, n° 98, octobre-décembre 2012, p. 34-35.

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour PoitiersL’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Pour les plus « téméraires » : Archives départementales de la Vienne, 16 J 3/106 (correspondance sur la pyramide Saint-Hilaire et livret de l’abbé Rosière, L’historique de la Pyramide du monument inauguré, place du Lycée, le 22 décembre 1895,
Poitiers, imprimerie 1896) et 16 J 3/107 (croquis du monument par Jean-Camille Formigé de septembre 1892, photographié par Alfred Perlat), suivez les liens, ces documents sont disponibles en ligne!

Délibérations et rapports du conseil général de la Vienne, sur Gallica, avril 1892 (subvention 100 francs, validé à la session ordinaire du mois d’août 1892), avril 1893 (subvention 500 francs car sur 15000 francs, seulement 9500 collectés par le comité), puis en avril 1895 (subvention 400 francs car le coût a augmenté, le conseil général dit 15000 F initiaux plus surcoût de 6500 francs, l’Avenir de la Vienne, dans son article sur  l’inauguration parle de 20000 francs au total). Le monument a également reçu 12000 francs de dons et souscriptions privés, des subventions de la ville de Poitiers, du ministère de l’Education et des Beaux-Arts (1700 francs), du ministère de l’intérieur, … Le musée Sainte-Croix à Poitiers conserve le plâtre du Soldat de Jules Coutan, signé « A GEORGES HEUSE SON PAPA J. COUTAN » (CAT. 1983 n° 33, à voir sur la base Alienor).

Voici en complément une carte postale envoyée par Grégory montrant l’aménagement d’Édouard André, publiée dans cet article, il y a maintenant à la place une rue bétonnée…

Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l'emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : "Edouard André. Jardins pour Poitiers", L'Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l’emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : « Edouard André. Jardins pour Poitiers », L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.

La statue du comte de Blossac par Sudre à Poitiers

Le monument du compte de Blossac à Poitiers, vue d'ensemble Cela fait longtemps que je ne vous ai pas emmenés au parc de Blossac à Poitiers (voir la liste des articles en bas de celui-ci). Aujourd’hui, je vous présente son fondateur, Paul Esprit Marie de la Bourdonnaye, marquis de la Bourdonnaye et comte de Blossac, né le 29 août 1716 à Rennes et décédé en 1800 à Goven (voir ici la transcription de l’acte de décès du comte de Blossac), conseiller au Parlement de Paris en 1737, intendant du Poitou de 1751 à 1784 (ou 1786, date inscrite sur le piédestal ?), puis intendant de Soissons jusqu’à la Révolution en 1789, émigré à Bruxelles en 1790, de retour à Paris puis Rouen en 1792. Les Rennais connaissent bien ce nom, porté par l’hôtel particulier qui accueille la direction régionale des affaires culturelles. Mais il s’agit là de son père, Louis de La Bourdonnaye de Blossac, président au Parlement de Bretagne, qui rénova cet hôtel à partir de 1728. Les photographies avec le monument sale et noyé dans dans les bambous datent de juin 2008, les autres de 2011.

Le 29 janvier 2011 à Poitiers, 5, dans le jardin anglais du parc de BlossacPar exemple ici, une vue générale prise au cours de l’hiver 2010/2011.

Le monument du comte de Blossac à Poitiers, le piédestal Revenons donc à Paul Esprit Marie… Pour combattre le chômage, il entreprit la relance de l’emploi par la commande publique. C’est ainsi qu’il créa ce parc, dont les travaux furent terminés en 1770. La grille d’entrée est toujours la grille de la fin du XVIIIe siècle, aux armes de Blossac. La dédicace rend ainsi hommage à son œuvre : « A DE / La BOURDONNAYE / Cte DE BLOSSAC / INTENDANT DU POITOU / DE 1781 A 1786 / LES POITEVINS RECONNAISSANTS / 1924 « .

Poitiers, le monument au comte de Blossac par Sudre, carte postale ancienne C’est la ville de Poitiers qui aurait commandé ce groupe sculpté à Raymond Sudre en 1911 [il figure dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain, et serait plutôt un dépôt de l’État], qui venait de réaliser pour le même parc en 1910 le buste de Léon Pérrault. Puis il y eut la guerre 1914-1918. Un projet en plâtre ne fut exposé au salon des artistes français qu’en 1922 (même si « l’offrande fleurie » présentée au salon de 1914 préfigure la Vienne) et le monument au comte de Blossac inauguré le 22 juin 1924. Cette carte postale a dû être réalisée peu après.

Poitiers, le monument au comte de Blossac par Sudre, 13, vu de trois quarts Le groupe sculpté se compose d’un buste du comte de Blossac sur un piédestal, qui tourne la tête vers une figure allégorique féminine, debout à ses pieds. Il s’agirait de la Vienne, d’après la notice de la base Joconde.

Poitiers, le monument au comte de Blossac par Sudre, 12, la dame avec son bouquet et sa coiffe Elle porte une coiffe et un gros bouquet de fleurs…

Poitiers, le monument au comte de Blossac par Sudre, 11, vue rapporchée du buste …alors que l’intendant de Blossac porte une perruque impeccable!

Poitiers, le monument au comte de Blossac par Sudre, 10, la signature Sur le rebord de la terrasse se trouve la signature : « RAYMOND SUDRE SCLPT » (pour sculpteur).

Les autres articles sur le parc de Blosssac

Bonne Saint-Nicolas à tous

Saint Nicolas dans une niche sur une façade rue Carnot à Poitiers Je voulais vous souhaiter à tous une bonne saint Nicolas… à tous, mais particulièrement à nos amis belges ou du nord et de l’est de la France. Je n’ai vu ni saint Nicolas, ni son âne (je lui avais pourtant laissé un bol d’eau et des carottes), ni le père Fouettard… sauf en statue ici rue Carnot à Poitiers… Que fait-il là ? En plus, il n’est pas gâté avec ce tuyau et ces lampes bleues, le pauvre…

Façade de la maison à l'angle de la rue Carnot et de la rue Saint-Nicolas à Poitiers …tout près du restaurant le Saint-Nicolas (je n’y ai pas mis les pieds depuis des années, nous avions été malades avec des collègues)…

Plaque dénominative de la rue Saint-Nicolas à Poitiers Presque à l’angle aussi de la rue Saint-Nicolas… juste en limite de l’amphithéâtre romain.

C’est en fait un des derniers souvenirs de l’église Saint-Nicolas, qui avait été fondée par la comtesse Agnès, peu après 1050, desservie par un collège de chanoines, juste après sa répudiation par son mari, le comte de Poitou Geoffroy Martel. Une trentaine d’années plus tard, entre 1083 et 1086, l’église Saint-Nicolas est rattachée l’abbaye . De cette église détruite au 19e siècle, il resterait quelques vestiges dans les propriétés privées, et quelques chapiteaux au musée Sainte-Croix de Poitiers, dont deux chapiteaux avec des lions que vous pouvez découvrir dans ce dossier du musée sur le bestiaire roman.

Et pour les curieux, sans rapport avec Poitiers, je vous invite à aller découvrir un drame liturgique (une sorte de pièce de théâtre pour apprendre l’histoire des saints) de la fin du 12e siècle, le jeu de saint Nicolas par Hilaire. C’est la publication d’un manuscrit de la bibliothèque nationale de France, avec transcription latine et traduction en français… Et si vous voulez en voir un plus vieux, du 12e siècle, c’est ici à Champagne-Mouton en Charente.