Archives de l’auteur : Véronique Dujardin

Planétarium de Rebecca Zlotowski

Affiche de Planétarium de Rebecca ZlotowskiEntre deux giboulées et coups de vent, je suis allée voir hier au cinéma Planétarium de Rebecca Zlotowski [voir mon avis sur son film précédent, Grand central].

L’histoire : à Paris, dans les années 1930. Laura [Natalie Portman] et Kate [Lily-Rose Depp], deux jeunes mediums américaines, donnent leur numéro dans un cabaret quand elles sont abordées par André Korben [Emmanuel Salinger], un riche producteur de cinéma juif d’origine polonaise, naturalisé français. Il demande une séance privée, les invite à emménager dans sa villa, pour les engager dans l’aventure d’un film qui mettrait leur don en avant en filmant un revenant. Fêtes et tournage se poursuivent alors que s’annonce le nazisme…

Mon avis : les costumes, les maquillages et les reconstitutions de décor sont soignés. La villa qui a été trouvée pour le tournage est parfaite pour ce film. Côté scénario, c’est un peu fouillis. La fête, le spiritisme et le milieu du cinéma sont privilégiés sur la montée du nazisme, qui apparaît d’abord sous forme d’allusions ou d’un slogan écrit au rouge à lèvres sur un miroir avant d’exploser à la fin du film. La cinéaste semble parfois prendre position sur le spiritisme /  » piège à gogos « , les deux sœurs ne semblent guère y croire, l’une y voit un moyen de gagner sa vie grâce à la crédulité des  » clients « , l’autre, en apparence fragile et naïve, finit par dire que son  » don  » est la conséquence d’une maladie qui l’emportera. Illusion que le spiritisme, illusion aussi, dans le film, que le cinéma et son mode de financement… et l’on voudrait donc croire que la montée du nazisme est aussi une illusion, même à la fin la réalité des camps de concentration : « il ne faut pas croire à tout ce que l’on dit qu’il se passe à l’est » (ou quelque chose comme ça). Même s’il y a de très jolis cadrages, des scènes touchantes, je reste un peu réservée pour ce film.

Un gilet sans manches double boutonnage de Maryse

Cela fait un moment que je n’ai pas laissé la parole à Maryse, mais elle continue à tricoter avec assiduité (pas forcément dans « mes » couleurs », les fidèles lectrices / lecteurs comprendront). Vous lirez donc plusieurs articles de sa part dans les prochaines semaines. Je lui laisse la parole!

Un gilet sans manches double boutonnage…

… pour les soirées fraîches

Le gilet jaune de MaryseJ’avais envie de me tricoter un gilet sans manches depuis longtemps et j’ai trouvé ce modèle dans un livre des éditions de Saxe que j’ai acheté il y a quelque temps lors d’une commande que passait Véronique : Le tricot Irlandais, pulls, capes & accessoires par Maiko Oota. Les points irlandais sont  » revisités  » par des japonais et c’est un vrai bonheur, car les modèles sont originaux et très bien expliqués (presque trop bien ; heureusement, il est accompagné d’un livret explicatif :  » Cahier des bases du tricot et du crochet « ).

Le gilet jaune de Maryse, de face et de dosAucune marque n’est proposée, mais pour chaque modèle il est conseillé une grosseur de laine, avec le nombre de mailles et de rangs nécessaires pour réaliser un carré de 10x10cm. Donc on peut faire son échantillon et convertir facilement en fonction de sa laine.

J’ai choisi la laine Phil looping chez Phildar, coloris colza, 80 % acrylique et 20 % laine, tricotée avec des aiguilles 6. C’est une laine douce et facile à travailler. J’ai préféré ce jaune moutarde au gris foncé proposé dans le livre très joli et très élégant, mais ça ne me va pas du tout au teint.

Le gilet jaune de Maryse, détail des pointsLe charme de ce gilet est le choix des points, l’encolure et le double boutonnage. La double torsade notamment : chaque torsade est faite moitié en jersey endroit, moitié en jersey envers ; les damiers 2 sur 2 sur les côtés et le point de godron sur 2 rangs qui se prolonge par le col châle. Une fois le tricot monté, on reprend les mailles pour faire les bouts de manches.

L’ensemble A nocte temporis de Reinoud van Mechelen

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Je vais vite faire un article sur ma saison 2016-2017 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, et finir de vous parler de ma saison 2015-2016 (certains spectacles tournent encore…), mais je vous parle d’abord du concert que j’ai vu la semaine dernière l’ensemble A nocte temporis dirigé Reinoud van Mechelen, un ténor à la limite du haute-contre.

Sur scène, trois hommes à la barbe de trois jours (on n’aurait jamais vu des musiciens ainsi barbus il y a quelques années, mais ça leur va bien!), le chanteur donc, Benjamin Allard au clavecin et  Ronan Kernoa au violoncelle. La quatrième de la bande est Anna Besson, qui jouait une flûte traversière en ébène au son très doux. Le programme tournait autour de cantates de Jean-Sébastien Bach, le programme Bach / Erbarme Dich que Reinoud van Mechelen a enregistré récemment chez Alpha Classics sur l’orgue de l’église Sainte-Aurélie à .

J’ai passé une excellente soirée, la salle n’était malheureusement pas pleine, mais c’était le 11 novembre, curieux d’avoir choisi un jour férié pour un concert…

Voir un extrait / reportage autour du CD.

Le client d’Asghar Farhadi

Affiche de Le client d'Asghar FarhadiJe suis allée voir Le client d’Asghar Farhadi, prix du scénario et prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes (revoir mes avis sur ses films précédents, Une séparation ; Les enfants de Belle Ville ; Le passé).

L’histoire : de nos jours à Téhéran. Un couple de jeunes acteurs, Emad [Shahab Hosseini] et Rana [Taraneh Allidousti], sont contraints d’abandonner dans l’urgence leur appartement, l’immeuble qu’ils habitent est en train de s’effondrer à cause de travaux mitoyens. Babak [Babak Karimi], un acteur de leur troupe qui répète Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, leur propose un appartement libéré depuis quelques semaines par son ancienne locataire, enfin, presque libéré, elle y a laissé des affaires dans une pièce. Mais alors qu’elle attend son mari en prenant une douche, Rana ouvre la porte à la sonnerie de l’interphone, retourne sous la douche… Elle est retrouvée inanimée par les voisins qui mettent en fuite son agresseur. Dévastée, Rana refuse de porter plainte mais ne veut plus rester dans cet appartement, alors qu’Emad part en quête de cet agresseur qui a abandonné dans sa fuite les clefs de sa camionnette…

Mon avis : au centre du film, Téhéran, en pleine mutation, avec une urbanisation mal maîtrisée, des immeubles neufs mal construits, la vie avec les voisins, qui épient mais s’entraident, que ce soit pour l’évacuation de l’immeuble menaçant de s’effondrer ou pour  porter secours à Rana, rapportent à demi-mots ce qu’ils savent de l’ancienne locataire, aux mœurs légères sans jamais prononcer le mot de prostitution. Le parallèle avec la pièce de théâtre d’Arthur Miller est savamment mis en scène, les scènes au théâtre (les répétitions, la première) alternent avec les scènes en ville ou dans l’appartement. Certaines scènes se passent hors champ, comme l’agression ou la visite de la censure avant la première. D’autres non, comme les élèves qui filment avec leur téléphone leur professeur (acteur impose d’avoir un « vrai métier » à côté), épuisé, qui s’est endormi pendant la projection d’un film. Au centre du film reste la vie d’un couple, plein de contradiction, entre refus de porter plainte de la femme, qui ne veut pas étaler sa honte en public, et désir de vengeance du mari, prêt à faire justice lui-même et à utiliser lui-même la honte de l’agresseur pour le punir. Un film qui m’a bien plu.

Un nouveau monument commémoratif à Poitiers

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, vue actuelle (2012)Dans les villes chefs-lieux de préfectures, la liste des morts du conflit de 1914-1918 (souvent complétées de celles des conflits ultérieurs) occupe souvent une série de stèles, soit sur le monument aux morts principal comme ici à  Nantes (voir aussi à Lons-le-Saunier, La Rochelle, Cahors, Niort, Skikda (Philippeville) déplacé à Toulouse, etc.), soit sur un monument érigé par l’association du souvenir français dans un cimetière (voir dans le cimetière de Salonique à Toulouse).

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à PoitiersCe n’est pas le cas à Poitiers où la liste des morts a été incluse dans une cartouche insérée dans le socle du monument aux morts de 1914-1918 (œuvre du sculpteur Aimé Octobre) et n’est donc pas visible par celui qui veut se recueillir.

 

Nouveau monument commémoratif à Poitiers, près de l'ancien théâtreIl y a déjà de longs mois (je dirais que ça fait plus de deux ans qu’on en parle), la ville de Poitiers a décidé de confier à deux artistes, Antonin Fourneau et Jean-Loup Bouvier, de réaliser un monument commémoratif (qu’il ne faut pas appeler monument aux morts, qu’ils disent….). Construit en « béton connecté », il est installé juste à côté de l’ancien théâtre (dont le grand miroir/verre églomisé de Pansart a été démonté), dans un secteur où les camions de livraison ont l’habitude de manœuvrer, ce ne sont sans doute pas les quatre potelets qui vont le protéger, il risque un accident de circulation!

Nouveau monument commémoratif à Poitiers, problème technique avant l'inaugurationIl doit faire défiler, grâce à 25000 leds, les « noms de 2107 poitevins morts pour la France », dit le communiqué officiel. En fait tous n’ont pas le statut de « morts pour la France », très réglementé, car la base de données inclut les victimes des bombardements de Poitiers, mais c’est pas mal de mettre les victimes de toutes les guerres, y compris les victimes récentes des régiments localisés à Poitiers. Ce qui est dommage, c’est que cette liste n’est pas accessible sur le site internet couplé à l’œuvre, on peut juste y chercher un nom.  Hier, quelques minutes avant l’inauguration, il avait les « tripes » (électroniques) à l’air et ne semblait pas fonctionner…

Nouveau monument commémoratif à Poitiers, noms qui défilent, peu lisibles

Luminous memento… tel est le titre de ce monument créé par . Luminous laisse rêveur… Là où il est placé, il est en pleine lumière quasi toute la journée, ce vendredi 11 novembre après-midi, la luminosité des leds était très insuffisante pour réussir à lire les noms qui défilent si si, là, sur cette photo, vous devez lire un nom!). En principe, à la date anniversaire du décès,  les noms des victimes décédées le jour concerné se figent le soir…

Nouveau monument commémoratif à Poitiers, en panne dès le 12 novembreLa technique n’a pas l’air très au point. Ce samedi matin vers 9h30, aucun nom ne s’affichait, j’ai attendu un peu, il y a un petit délai entre chaque nom, mais non, le monument était bien éteint ou « en rade »! Beaucoup de publicité de la ville pour « une première nationale », le « seul monument connecté de France », mais il va falloir que ça fonctionne pour les 100.000€ ponctionnés sur nos impôts. Et ça serait pas mal que la liste complète des victimes soit accessible quelque part pour tout le monde, sans devoir rester des milliers d’heures planté devant un totem noir.

 

En route pour Moncoutant 2016

Mon éléphant pour le concours 2016 de MoncoutantLe salon Moncoutant/création autour des fils est organisé tous les deux ans dans cette commune du nord des Deux-Sèvres, il aura lieu le week-end prochain (12 et 13 novembre 2016). Le thème de cette année était une invitation au voyage autour de l’Inde, les 100 participant(e)s ont reçu un kit  comprenant le tissu bleu, le tissu gris, le fil doré et un patron dont l’échelle pouvait être modifiée mais pas le tracé. Toutes les techniques de broderies sont autorisées, mais il ne doit y avoir aucun élément en papier ou en carton. Les dimensions finales sont aussi imposées. J’ai été beaucoup moins inspirée que les années précédentes. Voici ce que j’ai envoyé (n° B58), avec le grand éléphant à l’échelle proposée et les autres en diminution.

Détail du grand éléphant pour Moncoutant 2016Désolée, les paillettes, ça brille pour les photographies! J’ai aussi ajouté des perles, brodé les défenses et ajouté une clochette à chacun.

PS: revoir mes précédentes participations :

Mon kimono pour Moncoutant, terminéPour Moncoutant 2014 : la réception du matériel, la broderie : la japonaise du protège-cahier proposé par Nadège Richier dans son livre Motifs du Japon (qu’elle m’a offert il y a fort longtemps) : le début, la suite, la fin ; la frivolité: le début avec les explications, la frivolité rouge terminée ; la couture: préparation du matériel, la Japonaise appliquée, le kimono terminé, mes achats,  le retour du kimono.

Concours de Moncoutant 2012, 8, la boîte fermée, les quatre faces et le toit Pour Moncoutant 2012 : le matériel, les contours, la première, la deuxième, la troisième et la quatrième faces, le toit, l’intérieur, la finition en boîte, mes achats

Le tablier pour Moncoutant, de retour avec les cadeaux Pour Moncoutant 2010 : vous pouvez maintenant voir les préparatifs le tablier lors du concours, le tablier à son retour et la pendouille à ciseaux… ainsi que mes achats.

Ma participation au concours de MoncoutantPour Moncoutant 2008 : la broderie pour le concours et mes achats.

Abécédaire chat, neuvième étape

Avancée d'octobre 2016 pour mon abécédaire chatJe n’avais pas brodé une seule croix dans le courant du mois d’octobre, mais je me suis rattrapée pour le dernier week-end (ouf, juste le 31!) et j’ai terminé le dernier chat, y compris les points arrière! Ce chat participe toujours au SAL (projet de broderie en commun) « Chat va vider mon placard » (étendu aux broderies d’autres animaux), coordonné par Minouche

Abécédaire chat, vu d'ensemble fin octobre 2016Ce projet avance bien au fil des mois… j’espère terminer à la fin du mois de novembre! Il ne me reste que quelques lettres et encore des points arrière. C’est un modèle d’abécédaire pris dans le livre Brodez-moi chat d’Isabelle Haccourt-Vautier et Adeline Cras.

Revoir: la première étape, la deuxième, la troisième,  la quatrième, la cinquième, la sixième, la septième, la huitième étapes, à suivre…

Moi, Daniel Blake, de Ken Loach

Affiche de Moi, Daniel Blake, de Ken LoachHier, je suis allée au cinéma voir Moi, Daniel Blake, de Ken Loach, qui a reçu la palme d’or au dernier festival de Cannes (voir ou revoir mon avis sur Jimmy’s Hall).

L’histoire : de nos jours à Newcastle. Daniel Blake [Dave Johns], menuisier de 59 ans, veuf depuis peu, se remet doucement d’une crise cardiaque. Son médecin le juge encore inapte à reprendre le travail, mais une évaluation téléphonique par une société prestataire de pôle emploi estime qu’il n’a plus le droit aux indemnités d’invalidité et doit à nouveau chercher du travail. Le voici à pôle emploi, qui le renvoie à une inscription sur internet. Alors qu’il tente de reprendre ses esprits dans cette situation ubuesque, il tente de venir en aide à Katie [Hayley Squires], mère célibataire de deux enfants, qui est mise à la porte pour être en retard ; elle vient d’être relogée à 450 km au nord de Londres et s’est perdue dans la ville. Se sortiront-ils de cette situation?

Mon avis : un très beau film sur l’absurdité de l’administration de l’aide sociale en Angleterre, mais ce n’est sans doute pas très différent chez nous (voir ci-dessous). Quoi de mieux qu’une administration bornée (ou ses sous-traitants, plateforme d’appel ou gestionnaire de site internet) pour faire baisser les indemnisations pour inaptitude au travail ou les allocations chômage? Venir en aide aux plus précaires devrait être leur mission, la direction ne l’entend pas ainsi et remet à sa place l’employée qui tente de faire preuve d’humanité, comme les bénévoles de la banque alimentaire ou les usagers de la bibliothèque qui vont tenter de guider Daniel sur sa découverte d’internet – ou plutôt du formulaire en ligne de pôle emploi. Ken Loach filme avec justesse ce fossé entre la mission de pôle emploi et la capacité d’adaptation et de survie de ses deux personnages principaux, cabossés par des accidents de la vie. Quand on est une jeune femme et que l’on s’enfonce au fond du trou, devinez l’ultime solution proposée par un vigile de supérette un peu mac sur les bords? Les deux enfants donnent le contrepoint au film, le garçonnet agité après des mois passés dans une chambre en foyer à Londres, la fillette qui souffre du regard des autres à l’école, évoluent grâce à toute la gentillesse de Daniel Blake.

Il ne faut pas rire de l’absurdité du questionnaire qui ouvre le film, en disant ah ces Anglais, chez nous aussi, les formulaires d’évaluation des maisons départementales du handicap commencent par l’autonomie de la marche (50 m, 100 m etc.), de la réalisation des mouvements ou de « l’évacuation » [des sphincters], comme ils disent. C’est le même formulaire pour tout le monde, adapté sans doute aux personnes à mobilité réduite, pas du tout au handicap lié aux maladies. Le score obtenu (comme le 12 de Daniel Blake alors qu’il lui fallait 15) vous classera handicapé ou pas bien davantage que les certificats médicaux, dans certains départements -sans doute débordés, plusieurs mois d’attente d’instruction-, ceux-ci ne semblent lus que lors de l’appel des décisions lors des recours!

 

La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Affiche de La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre DardenneSortie cinéma hier en fin d’après-midi, pour aller voir La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Vous pouvez aussi (re)voir mes avis sur leurs films précédents Le gamin au vélo, Le silence de Lorna, Deux jours une nuit.

L’histoire : de nos jours à Seraing, dans la banlieue de Liège, sur les bords de la Meuse. Jenny Davin [Adèle Haenel], jeune médecin, devrait avoir terminé ses consultations du jour depuis une heure avec Julien, son stagiaire [Olivier Bonnaud], avec qui elle vient de se disputer. Épuisée, elle décide de ne pas ouvrir à un ultime appel. Le lendemain, la police vient sonner chez elle pour récupérer la vidéo-surveillance qui film l’entrée du cabinet. Une jeune fille noire a été retrouvée morte sur le quai non loin de là. Alors qu’elle avait trouvé un poste bien rémunéré dans un centre de santé privé le lundi suivant, Jenny décide de reprendre le cabinet du vieux généraliste malade, de s’y installer et de mener l’enquête pour identifier la jeune inconnue.

Mon avis : La médecin fume trop, le cabinet n’est pas vraiment adapté à la patientèle avec son perron et surtout la volée de marches pour aller de la salle d’attente au cabinet. Le film se disperse, entre les doutes du jeune stagiaire, l’enquête et le portrait des patients et de leur prise en charge : la jeune médecin aide la vieille dame à se lever, va voir tard un ado cancéreux, appelle les services sociaux pour un patient diabétique qui ne peut pas aller recharger son compteur de gaz, etc… Très vite, par un jeune patient, elle découvre que l’inconnue se prostituait, mais cela n’a guère d’importance, je me suis plutôt ennuyée dans ce défilé de patients (pauvres, banlieue sidérurgique sinistrée de Liège oblige) avec leurs maux ordinaires, la compassion (ou au moins l’empathie) de la médecin, sa recherche qui finit par virer à l’obsession.

Juste la fin du monde, de Xavier Dolan

Affiche de Juste la fin du monde, de Xavier DolanUn mois sans cinéma pour cause de déplacements, j’ai failli ne pas voir Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, grand prix du jury au dernier festival de Cannes, programmé en dernière semaine ici. Il s’agit d’une adaptation d’une pièce de Jean-Luc Lagarce (mort à 38 ans du sida, en 1995). Du même réalisateur, revoir mon avis sur Mommy.

L’histoire : de nos jours dans un coin paumé au Canada, à une heure de l’aéroport. Louis [Gaspard Ulliel], auteur de pièces de théâtre, 34 ans, revient dans sa famille après douze ans d’absence, avec un objectif, annoncer sa mort prochaine. Il retrouve sa mère [Nathalie Baye], Antoine son frère aîné [Vincent Cassel] et sa femme Catherine [],dont il fait la connaissance, et  Suzanne [], sa petite sœur. Le repas dominical s’annonce tendu, entre la mère « qui en fait trop », Suzanne, jeune adulte qui suit la vie de son frère par des coupures de presse et ses brèves cartes postales, Antoine, désagréable, la violence à fleur de peau, et Catherine, qui essaye maladroitement de détendre la situation… Louis réussira-t-il à faire son annonce?

Mon avis : un film avec juste cinq personnages, un lieu, une maison et son jardin, et surtout de très gros plans de visages, la petite cicatrice qui fait fossette sur la joue de Gaspard Ulliel quand il sourit n’a plus de secret à la fin du film… mais les secrets de famille, omniprésents, alourdissant l’ambiance, n’arrivent pas à émerger dans cette famille incapable de communiquer: pourquoi Louis est-il parti? Qui est le père, absent? Pourquoi Antoine envoie-t-il en permanence des références douteuses à l’homosexualité de son frère? S’est-il passé un fait grave, comme le suggère Suzanne, qui a peu de souvenirs de cette période? Louis non plus n’est pas doué pour communiquer, sa mère moque ses phrases de trois mots, tous ses cartes postales, si courtes et vides de mots ouverts à tous avec leur absence d’enveloppes… Pour rompre le huis-clos, il ne faut pas compter sur le bref voyage en voiture des deux frères, où la tension monte encore, la respiration vient de quelques flash-backs, le retour des courses de la mère et de Suzanne, le pique-nique dominical du dimanche (avec le père, tiens, tiens, mais avant la naissance de Suzanne), l’attente au buffet du petit aéroport, une nuit de l’adolescent avec son amant…

PS : comme Danielle et Nini 79, deux fidèles lectrices du blog, l’ont souligné en commentaire, je n’ai pas donné mon avis sur le film… Acte manqué… le film a fait écho à beaucoup de vécu personnel. J’ai bien aimé cette façon de filmer les visages, les clairs-obscurs et surtout les silences, les non-dits, le secret!