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La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Affiche de La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre DardenneSortie cinéma hier en fin d’après-midi, pour aller voir La fille inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Vous pouvez aussi (re)voir mes avis sur leurs films précédents Le gamin au vélo, Le silence de Lorna, Deux jours une nuit.

L’histoire : de nos jours à Seraing, dans la banlieue de Liège, sur les bords de la Meuse. Jenny Davin [Adèle Haenel], jeune médecin, devrait avoir terminé ses consultations du jour depuis une heure avec Julien, son stagiaire [Olivier Bonnaud], avec qui elle vient de se disputer. Épuisée, elle décide de ne pas ouvrir à un ultime appel. Le lendemain, la police vient sonner chez elle pour récupérer la vidéo-surveillance qui film l’entrée du cabinet. Une jeune fille noire a été retrouvée morte sur le quai non loin de là. Alors qu’elle avait trouvé un poste bien rémunéré dans un centre de santé privé le lundi suivant, Jenny décide de reprendre le cabinet du vieux généraliste malade, de s’y installer et de mener l’enquête pour identifier la jeune inconnue.

Mon avis : La médecin fume trop, le cabinet n’est pas vraiment adapté à la patientèle avec son perron et surtout la volée de marches pour aller de la salle d’attente au cabinet. Le film se disperse, entre les doutes du jeune stagiaire, l’enquête et le portrait des patients et de leur prise en charge : la jeune médecin aide la vieille dame à se lever, va voir tard un ado cancéreux, appelle les services sociaux pour un patient diabétique qui ne peut pas aller recharger son compteur de gaz, etc… Très vite, par un jeune patient, elle découvre que l’inconnue se prostituait, mais cela n’a guère d’importance, je me suis plutôt ennuyée dans ce défilé de patients (pauvres, banlieue sidérurgique sinistrée de Liège oblige) avec leurs maux ordinaires, la compassion (ou au moins l’empathie) de la médecin, sa recherche qui finit par virer à l’obsession.

Médecin de campagne de Thomas Lilti

Affiche de Médecin de campagne de Thomas LiltiDimanche dernier, je suis allée voir Médecin de campagne de Thomas Lilti [revoir mon avis sur Hippocrate].

Le film : de nos jours, dans une campagne reculée à la limite du Val-d’Oise et de la Normandie. Tous les jours, à domicile ou à son cabinet, Jean-Pierre Werner [François Cluzet] soigne avec engagement ses patients. Un jour, il doit consulter son ami Norès [Christophe Odent], le verdict tombe, tumeur au cerveau, il lui faut se soigner, se reposer, lever le pied. S’il accepte le traitement (chimio dans un premier temps), il ne ralentit pas son travail. Norès lui envoie Nathalie Delezia [Marianne Denicourt], une jeune consœur, une ancienne infirmière qui vient de terminer son internat et originaire d’un village voisin. Ils vont devoir petit à petit s’apprivoiser, Nathalie va aussi devoir se faire accepter par les patients…

Mon avis : un film touchant qui montre les différentes facettes du médecin de campagne, à la fois médecin, psychologue, assistante sociale, petit chirurgien, radiologue… Le film aborde également la question des déserts médicaux (débat sur la création d’une maison de santé, éloignement des hôpitaux et maternités), la question du maintien à domicile de certains patients. A travers le portrait du médecin, c’est toute la vie du village qui est tracée, sans pathos, avec des scènes assez drôles. J’ai beaucoup aimé ce film. Juste une petite remarque, l’héminégligence (le fait de ne pas « voir » la moitié de l’environnement, en fait l’œil voit bien mais le cerveau n’interprète pas l’image), conséquence de la tumeur au cerveau, s’exprime curieusement, juste sur l’assiette et lors d’un test neurologique (le genre de ceux que je réussis, ouf!, mais j’en réussis de plus en plus), pas dans le reste de la vie courante (se raser, se laver, etc.). Dans l’absolu, ce n’est pas très grave qu’un film simplifie l’héminégligence, sauf pour le message délivré à ceux qui en souffrent et à leurs proches: le médecin continue à conduire, alors que l’héminégligence est une contre-indication stricte à la conduite automobile (c’est d’ailleurs pour ça que j’ai été testée sur ce plan aussi, et de mon côté, je continue à passer d’autres tests pour vérifier mes capacités à conduire). C’est assez irresponsable de laisser croire que ce médecin est apte à la conduite!

Hippocrate de Thomas Lilti

Trois semaines sans cinéma, c’est assez rare pour moi… Je suis allée voir hier Hippocrate de Thomas Lilti [du même réalisateur, voir aussi mon avis sur Médecin de campagne].

L’histoire: de nos jours dans un grand hôpital parisien. Benjamin [Vincent Lacoste] commence son premier semestre d’internat dans le service de médecine interne de son père, le professeur Barois [Jacques Gamblin]. Il va faire équipe avec Abdel [Reda Kateb], médecin algérien qui fait fonction d’interne pour valider en France son diplôme. Une nuit de garde, un patient alcoolique et SdF pour lequel le jeune interne ne fait pas d’électro-cardiogramme (la machine est en panne), et au réveil, il est mort. La hiérarchie couvre, ça l’arrange. Mais voici qu’une vieille dame est admise, qui va poser de graves questions de conscience et d’éthique…

Mon avis: interne débordé (et qui fume trop), baisse des moyens des hôpitaux, salle de garde avec blagues de carabins, père grand patron absent, voilà un cocktail pour une comédie assez réussie. S’y ajoutent des sujets qui méritent un débat sérieux, les FFI (médecins étrangers faisant fonction d’interne, des médecins expérimentés qui repassent un internat pour valider leur diplôme étranger) et la question de la fin de vie. Côté acteurs, j’ai un faible pour Reda Kateb, découvert dans Gare du Nord de Claire Simon. Le cas de la vieille dame, d’abord opérée d’une fracture du col du fémur alors qu’à 88 ans, elle souffre d’un cancer généralisé. Elle arrive dans un service de médecine interne, avec la morphine elle peut avoir un meilleur confort de vie, mais l’intérêt du service est de la faire transférer ailleurs, quitte à la nourrir de force par sonde gastrique pour la faire sortir plus vite (elle émargerait sur un autre budget et le service récupèrerait un livre lit [oups, grosse fatigue pour moi! merci Grégory!]). On dépasse l’acharnement et la maltraitance quand elle est ranimée contre sa volonté. Et là, on rejoint la question des directives anticipées, et de leur caractère non contraignant pour les médecins, ce qui est à mon avis inadmissible. Une bonne comédie, n’hésitez pas à aller la voir!

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Le monument au docteur Tarnier à Paris

Le monument au docteur Tarnier à Paris, vue d'ensemble lointaine et rapprochée
Il y a une quinzaine de jours, je suis allée à Paris et Eragny notamment pour la rencontre annuelle de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques. Au passage, je suis allée refaire des photographies, avenue de l’Observatoire, du monument au maréchal Ney (par Rude) et de la fontaine Carpeaux, pour lesquels je dois faire quelques vérifications avant de vous en parler. Juste à côté, à l’angle de la rue d’Assas, se trouve l’ancienne clinique du docteur Stéphane Tarnier, construite par l’architecte Louis Henri Georges Scellier de Gisors (Meudon, 1844 – Paris, 1905), devenue une annexe de l’hôpital Cochin voisin. Au fond, le bâtiment en briques rouges est l’institut d’art et d’archélogie (universités de Paris I et Paris IV).

Le monument au docteur Tarnier à Paris, le relief en marbreSous un décor d’architecture est inséré un relief en marbre dû à Denys Puech (Bozouls, 1854 – Rodez, 1942), avec lequel l’architecte avait déjà travaillé en 1896 pour le monument à Leconte de Lisle dans le jardin du Luxembourg voisin. Le marbre a été présenté au salon des artistes français de 1904, sous le n° 3234. Le monument, qui porte sur le cartouche sous le fronton « Tarnier / 1828-1897 », a été inauguré en 1905. Stéphane Tarnier (Aiserey, 1828 – Paris, 1897), a notamment permis de réduire l’hécatombe des fièvres puerpérales en mettant en place des mesures d’asepsie, recommandées avant lui sans grand succès par Ignace Philippe Semmelweis et Lister..

Le monument au docteur Tarnier à Paris, la dédicace

La dédicace porte cette inscription: « Au maître qui consacra sa vie / aux mères et aux enfants / ses
collègues, ses élèves, ses amis / ses admirateurs ».
Le monument au docteur Tarnier à Paris, le docteur

Le docteur Tarnier est représenté debout au lit d’une jeune mère, en tenue d’hôpital avec blouse et tablier…

Le monument au docteur Tarnier à Paris, l'accouchée et son enfant

L’accouchée est assise sur son lit et tient dans ses bras le bébé, qu’elle embrasse tendrement. Le nourrisson a malheureusement perdu ses bras.

Le monument au docteur Tarnier à Paris, détail de la couveuse

Au pied du lit se trouve une couveuse avec un bébé bien emmailloté. La chaleur semble venir d’une sorte de brique réfractaire posée dans un compartiment sous le plancher de la couveuse. Il est l’inventeur en 1880 des couveuses qui, si elles se sont modernisées, fonctionnent toujours avec un système de chauffage et une vitre (du plexiglass) pour éviter les pertes de chaleur. Son premier modèle était une caisse en bois avec une vitre et un système de chauffage par un réservoir d’eau chaude dont la température était maintenue par une lampe à alcool placée au-dessous.

Pour aller plus loin, voir l’article de E. Bonnaire, Inauguration du monument Tarnier, Presse médicale, 1905, pages 353-354.

Photographies de juin 2014