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Hippocrate de Thomas Lilti

Trois semaines sans cinéma, c’est assez rare pour moi… Je suis allée voir hier Hippocrate de Thomas Lilti [du même réalisateur, voir aussi mon avis sur Médecin de campagne].

L’histoire: de nos jours dans un grand hôpital parisien. Benjamin [Vincent Lacoste] commence son premier semestre d’internat dans le service de médecine interne de son père, le professeur Barois [Jacques Gamblin]. Il va faire équipe avec Abdel [Reda Kateb], médecin algérien qui fait fonction d’interne pour valider en France son diplôme. Une nuit de garde, un patient alcoolique et SdF pour lequel le jeune interne ne fait pas d’électro-cardiogramme (la machine est en panne), et au réveil, il est mort. La hiérarchie couvre, ça l’arrange. Mais voici qu’une vieille dame est admise, qui va poser de graves questions de conscience et d’éthique…

Mon avis: interne débordé (et qui fume trop), baisse des moyens des hôpitaux, salle de garde avec blagues de carabins, père grand patron absent, voilà un cocktail pour une comédie assez réussie. S’y ajoutent des sujets qui méritent un débat sérieux, les FFI (médecins étrangers faisant fonction d’interne, des médecins expérimentés qui repassent un internat pour valider leur diplôme étranger) et la question de la fin de vie. Côté acteurs, j’ai un faible pour Reda Kateb, découvert dans Gare du Nord de Claire Simon. Le cas de la vieille dame, d’abord opérée d’une fracture du col du fémur alors qu’à 88 ans, elle souffre d’un cancer généralisé. Elle arrive dans un service de médecine interne, avec la morphine elle peut avoir un meilleur confort de vie, mais l’intérêt du service est de la faire transférer ailleurs, quitte à la nourrir de force par sonde gastrique pour la faire sortir plus vite (elle émargerait sur un autre budget et le service récupèrerait un livre lit [oups, grosse fatigue pour moi! merci Grégory!]). On dépasse l’acharnement et la maltraitance quand elle est ranimée contre sa volonté. Et là, on rejoint la question des directives anticipées, et de leur caractère non contraignant pour les médecins, ce qui est à mon avis inadmissible. Une bonne comédie, n’hésitez pas à aller la voir!

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Gare du Nord de Claire Simon

Affiche de Gare du Nord de Claire SimonDimanche, je n’ai pas que photographié des voitures mal garées sur le trottoir, 7 avant la séance et 11 après… J’ai aussi vu Gare du Nord de Claire Simon à la séance de 11h 😉

Le film : de nos jours dans la gare du Nord à Paris, entre les quais du RER, des grandes lignes, de l’Eurostar, les couloirs, les boutiques. Des passagers pressés, des vigiles, des employés de la SNCF, des boutiques, des SDF, des dames pipi… Dans cette foule, quatre personnages, Ismaël (Reda Kateb), fils d’immigré, étudiant en sociologie (son sujet est la gare), qui remplit des questionnaires de la RATP pour vivre, Mathilde (Nicole Garcia), à qui il a fait remplir un de ces questionnaires, professeur d’histoire à Paris I, en traitement pour une grave maladie, Sacha (François Damiens), un comique belge qui cherche sa fille disparue dans la gare, Joan (Monia Chokri), une ancienne étudiante de Mathilde, qui habite à Lille mais est agent immobilier à Paris…

Mon avis : je suis assez déçue par ce film, peut-être qu’il manque de profondeur? Le mélange de la fiction entre les quatre personnages « fil rouge » et les vues de la gare grouillante de « vrais » usagers n’a peut-être pas bien pris, les entretiens de l’apprenti sociologue sont peut-être trop artificiels, la relation entre lui et la professeure d’histoire trop improbable? Je n’ai pas bien compris l’insertion de faits « fantastiques » ou oniriques, horloge qui remonte le temps, disparition de personnes ou du texte sur la page de garde de La promesse de l’aube de Romain Gary.

La gare du Nord, je l’ai beaucoup fréquentée lorsque je faisais mes études à Paris et rentrais le week-end dans le Nord, deux bonnes heures en train corail pour Douai, le TGV n’était pas encore en service, encore moins l’Eurostar, mais c’était déjà une gare très fréquentée, avec des tas de croisements, de couloirs pour aller du RER aux quais des grandes lignes. Désormais, je l’évite, le TGV direct Poitiers-Lille contourne Paris.