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La gare de Tours (1), la façade

Tours, la gare, 1, la façade La gare de Tours a été remarquablement restaurée en 2006, avec notamment la mise en place de dorures à la feuille prévues dans le projet initial de Victor Laloux et jamais réalisées. Je vous prépare plusieurs articles et commence comme il se doit par la façade, je vous parlerai prochainement de l’intérieur et notamment des remarquables céramiques peintes. Pour rédiger ce texte, je tire l’essentiel des données (auteurs, dates) du dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre). Je vous invite vivement à suivre le lien si vous voulez voir des photographies des plans et du projet en cours de construction. Si vous avez déjà pris le train de Paris à Bordeaux, la ligne ne passe pas par Tours mais par Saint-Pierre-des-Corps, la ville de Tours n’ayant pas voulu de gare dans les années 1840. Une gare/embarcadère avait finalement été construite à Tours en 1846 par Phidias Vestier. Elle était (et est toujours) en cul-de-sac. Une autre gare, sur un autre réseau, desservait Les Sables-d’Olonne. Toutes deux furent détruites en 1895 pour laisser la place à ce bâtiment monumental.

Tours, la gare, 2, la façade sur une carte postale ancienne Comme nous ne voyons pas grand chose aujourd’hui, à cause des arbres, des fils et autres signalétiques urbaines, voici une carte postale ancienne où la façade est mieux mise en valeur. La gare de Tours a été construite entre 1896 et 1898 sous la direction de l’architecte tourangeau Victor Laloux, l’architecte de la gare d’Orsay à Paris ou, comme je vous en ai déjà parlé, de l’hôtel de ville et de la nouvelle basilique Saint-Martin à Tours. Il avait réalisé son projet auparavant (il a été approuvé par décision ministérielle du 23 avril 1894).

Tours, la gare, 3, le mascaron en façade Finalement, de ce projet, seule la façade et ses ornements ont été réalisés suivant le projet de l’architecte, pour le reste, ce sont les ingénieurs de la compagnie des chemins de fer Paris-Orléans qui sont intervenus. Ainsi, si la façade annonce la présence de deux nefs, Victor Laloux avait proposé à la Compagnie du Paris-Orléans, concessionnaire de la gare, une grande halle unique de 62 mètres de portée. Les ingénieurs ont trouvé qu’il y avait beaucoup moins de contraintes techniques à réaliser des halles juxtaposées de 31 mètres de portée chacune, qui n’en sont pas moins des prouesses d’architecture à charpente métallique (réalisées par l’entreprise Moisant Laurent et Savey). En façade, chaque nef se présente avec un grand pignon triangulaire et une vaste ouverture en plein cintre. Dans l’espace compris entre l’arc et la pointe du pignon a pris place, sur chaque nef, une tête ceinte d’un diadème orné de rayons, qui ne sont pas sans rappeler celui de la Liberté guidant le peuple de Bartholdi. Tout le décor de la façade est dû au sculpteur Henri Varenne, à l’exception des statues monumentales, allégories des villes desservies par la Compagnie Paris-Orléans, qu’il a néanmoins réalisé en fait d’après les maquettes des deux sculpteurs retenus, Jean Hugues et Jean-Antoine Injalbert, avec qui il travaillera également quelques années plus tard sur le chantier de l’hôtel de ville, dont il réalisera aussi le décor d’ensemble. Toujours à Tours, Henri Varenne réalisa en 1928 la charité de Martin devant la basilique Saint-Martin.

Tous les articles sur la gare de Tours : l’ancien embarcadère, la façade par le sculpteur Henri Varenne et le projet de l’architecte Victor Laloux, les allégories de Limoges et Nantes par Jean Hugues, allégories de Bordeaux et Toulouse par Jean-Antoine Injalbert, les céramiques peintes du côté nord (Carcassonne, Langeais, Chinon, Arcachon, Cahors, Luchon et, pas photographiés, Vicq-sur-Cère et Amboise), du côté sud (Azay-le-Rideau, les gorges du Tarn, Loches, Biarritz, Belle-Isle -en-Mer, Josslin, Erdeven, Saint-Jean-de-Luz et Fontarabie) et leurs signatures (Utzschneider et Compagnie, Alexandre de Geiger, Digoin, Paris, Sarreguemines, Simas, Alain Mothes).

Les peintures de la chambre de commerce de Poitiers

Poitiers, les peintures de l'ancienne chambre de commerce de Poitiers, 1, la signature de Lejeune Vous vous souvenez de l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Emile Couvègnes (1935) ? Je n’avais pas osé photographier la rotonde d’entrée, qui n’est pas visible de la voie publique, mais comme la porte est toujours grande ouverte, j’ai finalement décidé de vous en faire profiter… Elles sont signées de Henri-Pierre Lejeune (H. Lejeune dans l’angle inférieur gauche du panneau face à l’entrée), un peintre que je n’ai pas retrouvé ailleurs, sauf comme enseignant de l’école des beaux arts de Poitiers… Peut-être que l’un des lecteurs de ce blog pourra m’en dire plus… [PS : voir d’autres œuvres en fin d’article et en commentaires].

Poitiers, les peintures de l'ancienne chambre de commerce de Poitiers, 2, le panneau gauche L’ensemble est composé de trois panneaux peints dans un style art déco à tendance communiste (euh, peut-être pas dans les tendances d’une chambre de commerce, mais éloge du progrès…) et coloniale au mauvais sens du terme (enfin, ça, c’est mon avis personnel). Plaçons nous face à l’entrée… Sur le panneau gauche, l’apologie des transports (importants pour le commerce), un train et un autocar attendant derrière le passage à niveau, des pylônes pour la fée électricité, et deux personnages qui regardent le tout derrière la haie.

Poitiers, les peintures de l'ancienne chambre de commerce de Poitiers, 3, le panneau central Le panneau central, c’est là que ça coince un peu pour moi… Sur la gauche, une usine avec ses sheeds (toits à pente douce d’un côté et plus forte de l’autre, qui permet un meilleur éclairage des ateliers) et une grosse grue. Au centre, une femme (allégorie, à cause de son vêtement à l’Antique, de son sein dénudé, de sa position bras à l’horizontale) semble protéger de ses mains un ouvrier blanc qui donne la main à un bûcheron noir, placé près de grumes et d’une forêt tropicale luxuriante.

Poitiers, les peintures de l'ancienne chambre de commerce de Poitiers, 4, le panneau droit Sur le panneau droit, le transport maritime. Un gros cargo et son annexe cohabitent avec de petits bateaux à voile.

PS: le numérisation de la presse locale de la Vienne m’a permis de rassembler quelques informations complémentaires…

– en juin 1933 : exposition de 8 peintures à l’huile (paysages de la Vienne et de Poitiers) au magasin Ségeron-Fayoux. Voir l’article paru le mercredi 14 juin 1933 (60e année illisible, n° 163) dans L’avenir de la Vienne (vue numérisée n° 33).

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (2) : André Abbal

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, le biplan Après la vue présentation générale, poursuivons la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des sculptures de André Abbal, je reviendrai vous parler de celles de Henri Raphaël Moncassin et Camille Raynaud.

André Abbal (1876-1953) a été chargé de la frise de la face principale et du côté droit (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse). Il a par ailleurs réalisé entre autre des sculptures pour le parc Clément Ader à Muret (aménagé, comme le monument aux combattants de Haute-Garonne par Léon Jaussely) et le monument aux morts de Moissac ou celui de Lafrançaise (tous deux dans le Tarn-et-Garonne). Il a aussi exécuté le guetteur du monument aux morts de Canchy, dans la Somme (photo ici). Un musée lui est consacré à Carbonne (Haute-Garonne), dans son ancien atelier.

Revenons à Toulouse. Le relief central de la face postérieure s’organise autour d’un biplan. L’avion semble avoir été abattu et est encadré de deux groupes de soldats sonnent le clairon. Vers l’extérieur et en symétrie se tiennent d’autres soldats avec leur armement.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la Flandre Sur la face postérieure, à gauche, la bataille de Flandre. Un cycliste ouvre la marche sur la gauche, suivi de soldats qui courbent le dos sous le poids de leur équipement.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la Somme Toujours sur la face postérieure mais à droite, la bataille de la Somme dans une grande confusion de chevaux et d’hommes qui semblent à la peine.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la MarneLa frise du côté gauche est consacrée à la bataille de la Marne. Un canon est tiré par quatre chevaux alors que des cavaliers ouvrent la voie.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, un aviateur Sur le cartouche au-dessus de l’inscription du côté gauche, un aviateur, casque et lunettes sur la tête, contraste avec les chevaux situé juste au-dessus.

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au
dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux mortsdes quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Le lion amoureux de Maindron (2)

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 1, vu de face En faisant les liens pour ma page sur les artistes, je me suis aperçue que je vous avais montré trop succinctement ce lion amoureux réalisé par Maindron Étienne Hippolyte (1801-1884) toujours dans le parc de Blossac à Poitiers.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 2, le dos du lion Faisons le tour… Voici la femme et le lion presque de dos.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 3, le dos de la femme Maintenant, le dos de la femme…

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 4, le socle, la signature, les pieds Le titre de l’œuvre, et surtout les pieds de madame, la queue et les pattes du lion…

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 5 : les forces Remontons un peu le regard… Curieux, la dame tient une sorte de forces dans la main droite et semble couper les ongles du lion… Edit de 16h : Zazimuth a sans doute trouvé la solution, la fable de La Fontaine du lion amoureux (livre IV, fable 1), que vous pouvez par exemple lire sur ce site consacré aux fables de La Fontaine.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron dans le parc de Blossac, 6, la signture de Maindron et 1883 Sur le socle sont portées la signature (Hte Maindron) et la date (1883). Le plâtre de cette œuvre avait été présenté au salon des artistes de 1869. Pour Poitiers, il s’agit d’une réalisation en marbre (presque 2 m de haut) déposée ici par l’État en 1890 (il figure dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain). Vous pouvez retrouver beaucoup d’œuvres de Maindron au musée d’Angers.

Poitiers, le lion amoureux de Maindron nettoyé dans le parc de Blossac PS: depuis cet article, il a été nettoyé! Voici la nouvelle photographie.

Vous pouvez aussi revoir les autres articles que j’ai consacrés à ce parc, les œuvres de Durenne – fontaine aux amours et aux nymphes, un Amour sur un griffon, un Amour sur un dauphin, le Faune soufflant dans une corne, le Faune au coquillage -, le monument au comte de Blossac, par Raymond Sudre, le boulevard sous Blossac, la grille et le feu d’artifice du 14 juillet 2009, Bienvenue à la ferme 2010 à Blossac.

Laurette Atrux-Tallau aux Clefs

Art et vie en Aravis, acte 3, 2010, Les Clefs, pont romain, en arrivant du villageJe vous ai déjà parlé du monument aux morts du village des Clefs, en Haute-Savoie, et de l’exposition Exposition art et vie en Aravis, acte 3, article dans lequel j’avais promis de vous reparler de l’installation de Laurette Atrux-Tallau au bout du pont « dit Romain » au pied du village des Clefs (dur dur à trouver depuis le village…), qui est sans conteste ma grande préférée. et je vous ferai un article spécial avec plusieurs photographies. Ici, juste une vue comme si l’on venait du village, en découvrant cet amoncellement de grosses boules à picots. C’était cet été, en visite avec mon père.

Art et vie en Aravis, acte 3, 2010, Les Clefs, pont romain, 2, de loin Si l’on arrive pas la route, l’on peut découvrir ainsi le pont au loin d’un petit chemin…

Art et vie en Aravis, acte 3, 2010, Les Clefs, pont romain, 3, de face On s’approche, voici de face quand on franchit le pont…

Art et vie en Aravis, acte 3, 2010, Les Clefs, pont romain, 4, au bout du pont Encore plus près, les boules passent par dessus le parapet…

Art et vie en Aravis, acte 3, 2010, Les Clefs, pont romain, 5, vu de côté Voici ce que ça donne en contrebas.

Le Grand-Rond à Toulouse (6) : le David de Mercié

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, carte postale ancienne À Toulouse, en plus de Jeanne d’Arc et de Gloria Victis (en plus de ce dont je vous ai parlé, il y a aussi ce tirage à Châlons-en-Champagne) , vous pouvez découvrir cette très célèbre œuvre de Marius Jean Antonin dit Antonin Mercié (Toulouse 1845- Paris 1916), grand prix de Rome en 1868 avec Thésée vainqueur du Minotaure, vous pouvez découvrir David vainqueur de Goliath, créé en 1870 à Rome et présenté au salon des artistes français de 1872 sous le n° 1786 (page 277 du catalogue, attention il est précédé d’une présentation des artistes en pagination romaine, Mercié se trouvant page LXXIII). Il reçut pour ce David une médaille de première classe et présenta aussi un buste de Dalila en bronze sous le n° 1787. Le modèle original en plâtre est actuellement conservé au musée des Augustins à Toulouse, où l’État l’a déposé en 1874 (vous pouvez aussi découvrir une photographie du plâtre présenté au salon de 1874). À côté de lui, vous découvrirez un tirage en bronze de presque 2 m de haut. Si vous habitez ou passez à Paris, vous pouvez en découvrir un autre tirage au musée d’Orsay. Il y en a également beaucoup d’autres tirages dans toute la France, cette œuvre ayant été présentée comme la promesse de la future victoire de la France (David) sur l’ennemi prussien (Goliath), notamment lors de l’exposition universelle du Luxembourg en 1878. Mais si vous voulez (re)découvrir l’histoire de David et de Goliath, il y a un petit résumé sur dans le dossier pédagogique de l’œuvre au musée des Augustins (ah quelle époque sanglante… Qui plaignez vous le plus, Goliath ou saint Jean-Baptiste, dont la tête fut tranchée sur ordre d’Hérode après la danse de Salomé ?). Ce groupe sculpté de David vainqueur de Goliath a été vendu sur catalogue en six formats différents par le fondeur Barbedienne.

David est représenté comme un jeune homme nu, debout, posant le pied droit sur la tête de Goliath qu’il a vaincu. Il tient une épée dans la main droite, qu’il remet dans son fourreau tenu de la main gauche. Il est gracile, élégant, tête nue, avec un léger déhanchement.

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, vue générale Sur l’exemplaire présenté actuellement au Grand-Rond (une copie), cette épée est fracturée et le bras gauche cassé.

Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, tête de GoliathVoici de plus près la tête disproportionnée de Goliath…
Le David vainqueur de Goliath de Mercié, au Grand-Rond de Toulouse, copie, le socle … et un détail du socle.

Pour information, suite à de nombreux actes de vandalisme, la ville de Toulouse a remplacé la plupart de ses statues dans les lieux publics par des copies, et mis à l’abri les originaux…

Les autres articles sur le Grand-Rond : le jardin et le kiosque (avec cartes postales anciennes) ; la chienne et la louve de Rouillard, le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse (détruit).

Cinq monuments aux morts identiques de Maxime Réal del Sarte

Monument aux morts du Tréport par Réal del Sarte, carte postale ancienne Selon Annette Becker (Les Monuments aux Morts – Mémoire de la Grande Guerre, collection Art et Patrimoine, éditions Errance, 1991, notamment pages 24-29), Maxime Réal del Sarte a dressé 38 monuments aux morts et 16 monuments commémorant des faits d’arme, ainsi qu’une quarantaine de Jeanne-d’Arc. Je vous ai déjà montré les monuments de Sommières-du-Clain (Vienne) et de Briey (Meurthe-et-Moselle), sur lesquels je reviendrai prochainement. Je vous présente aujourd’hui ceux qui portent le groupe sculpté Je t’ai cherché est une œuvre qui fut exposée au Salon des Artistes Français en 1920 sous le n° 3396. Le sculpteur, Maxime Réal del Sarte, lui-même amputé de l’avant-bras gauche suite à une blessure près de Verdun le 29 janvier 1916, aurait pris comme modèle pour le soldat gisant Charles Eudes, un de ses camarades mort au front. J’en ai trouvé cinq pour le moment.

Il représente un soldat mort, allongé, en train d’être enveloppé dans un linceul par une femme penchée sur lui. Cette femme, qui porte une couronne végétale au-dessus d’un voile de veuve, représente la République en deuil. Elle tient dans la main droite une couronne végétale et maintient de la main gauche le linceul.

Celui de Ressons-sur-Matz a sans doute été commandé par l’intermédiaire de l’écrivain Jean Binet-Valmer (Jean-Auguste-Gustave Binet de son vrai nom, auteur de romans dit de mœurs, dont un intitulé Lucien, sur l’homosexualité, publié en 1910 ; Georges Simenon fut son secrétaire en 1922…), ami de l’artiste, qui participa à la reprise du village pendant la guerre 1914-1918 et y fut inhumé en 1940. J’aurais bien essayé de lire un roman de cet écrivain, mais il n’y en a aucun ouvrage à la médiathèque de Poitiers… Encore que le personnage de Binet-Valmer ne soit guère plus sympathique que Maxime Réal del Sarte, tous deux militants dans les ligues d’extrême-droite royaliste entre les deux guerres. Voici un récapitulatif des cinq monuments du même modèle que j’ai pu trouvés, il y en a peut-être d’autres (pour ceux d’autres modèles ou uniques, je vous les présenterai peut-être un jour…). Il me manque quelques données, en particulier sur les dates d’inauguration, mais voici un premier point.

Commune Date d’inauguration Lien externe Carte postale ancienne
Cérisy-la-Salle (Manche) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb. Désolée, je n’ai pas trouvé de carte postale ancienne…
Ressons-sur-Matz (Oise) 6 avril 1924 Relevé avec photographie sur Genweb, sur un site consacré aux monuments aux mortset dans un dossier établi par l’office du tourisme de l’Oise (voir page 34). Monument aux morts de Ressons-sur-Matz par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Saint-Chély-d’Apcher (Lozère) 24 septembre 1922 Dossier sur un site consacré aux monuments aux morts et relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts de Saint-Chély par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Sare (Pyrénées-Atlantiques) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts de Sare par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Le Tréport (Seine-Maritime) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts du Tréport par Réal del Sarte, carte postale ancienne

Chaumont-sur-Loire, festival 2010 (16), bof…

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 2, vue 1, la pergola Depuis quelques semaines, chaque jeudi après-midi (quand je ne me trompe pas de date de publication…), je vous emmène à Chaumont-sur-Loire. Je vous rappelle que j’y suis allée avec Jardin zen le vendredi 11 juin 2010. Aujourd’hui, je vous emmène des jardins que j’ai moins aimés… mais c’est un avis très personnel, à la date de la visite (les jardins évoluent dans le temps), et pour le premier que je vous montre, il semble aussi y avoir, d’après les photographies que j’ai vues, des jeux de lumière sympathiques la nuit.

Je commence donc par Hommage à Lady Day, le jardin n° 2 conçu par Anne Zaragoza, Jasper Springeling, Berno Strootman et Matthijs Willemsen. Il fait référence au festival de jazz « Body and Soul », en écho à la chanteuse Billie Holiday. À l’entrée du jardin, une pergola avec des canapés Chesterfield…

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 2, vue 2, les plantes Au fond, un piano noir surmonté d’un micro et entre les deux, des plantes un peu fouillis… une prairie fleurie (enfin, elle n’avait pas trop aimé l’orage de la veille au soir)… Et la présence des pavots « en allusion à l’addiction de l’artiste », dixit la présentation officielle du jardin, me semble un peu douteuse… même si certains étaient très jolis. Vous pouvez retrouver les concepteurs sur le site de leur cabinet d’architecture ou encore ici (pour le premier, j’ai mis le lien vers les pages en anglais, le second est apparemment seulement en néerlandais).

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 1, vue 1, vue générale Je poursuis avec le premier jardin du festival 2010, Métempsycose [sic], conçu par Timothée Blancpain et Philippe Caillaud. Il est sensé « évoque[r] l’âme des disparus et travaille[r] l’idée de la réincarnation »…

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 1, vue 2, les photos suspendues Un écho aux oiseaux qui fréquentent le jardin et qui seraient l’âme des morts, dont les images sont collées sur ces sortes de petits nichoirs. Je préfère de beaucoup le jardin qui chante (le n° 18, que je vous montrerai un autre jour) sur ce thème…

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 24, vue 1, l'entrée Après les premiers jardins, je vous emmène dans le dernier, le n° 24, Le creux de la main, conçu par Juliette Berny, Fanny Cassat et Renaud Le Creff, à retrouver ici.

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 24, vue 2, le mur de bambou L’entrée avec son mur de bambous façon refuge à insectes m’avait bien plu… c’est un sujet dont je vous ai déjà parlé. Ils permettent aussi de découvrir le jardin par les trous…

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 24, vue 3, le plan incliné Mais je dois être obtuse, je n’ai rien rien compris à ce plan incliné,

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 24, vue 4, vers l'entrée … avec ses grosses boules de bois

Chaumont-sur-Loire, festival 2010, le jardin 24, vue 5, vers l'entrée … progressivement colonisées en bas par la végétation.

Si vous souhaitez déjà faire un tour, je vous conseille d’aller sur le site du domaine de Chaumont-sur-Loire, vous y trouverez toutes les informations pratiques et une description de chaque jardin du concours 2010, sur le thème Jardins corps et âmes.

Pour retrouver les articles de 2010 / Jardins corps et âmes :

  • un premier aperçu
  • le premier jardin, Métempsycose , conçu par Timothée Blancpain et Philippe Caillaud
  • le deuxième jardin, Hommage à Lady Day, Anne Zaragoza, Jasper Springeling, Berno Strootman et Matthijs Willemsen
  • le troisième jardin, Ma terre, mater, conçu par Olivier Hostiou, ingénieur paysagiste, Marie Forêt et Laurent Weiss
  • le jardin 4, Signes de vie, conçu par Flavio Pollano et Maurice Kanah
  • le jardin 4 bis, Le Labyrinthe de la Mémoire, de Anne et Patrick Poirier
  • le jardin n° 5, Jardi-nez, conçu par Guylaine Piketty et Sylvie Polo, pas chroniqué
  • le jardin n° 6, le carré des simples, une alchimie du corps à l’âme ?, conçu par Jean-Claude Charlet, Anne Ribes, Elaine Jarvis et Cécile Halley des Fontaines.
  • le jardin 7, jardin de la terre gaste, conçu par Jean-Pierre et Tangi Le Dantec Le Dantec, avec l’aide de Julien Fleischl
  • le jardin 8, Rêverie dans la nature, conçu par Francesca Fornasari et Elisabetta Fermani
  • le jardin 9, rêve de Pantagruel, conçu par Carlotta Montefoschi, Niccolo Cau, Elsa Pandozi, Maria Cecilia Villanis Ziani, Nelda Tripicchio et Ricardo Walker Campos
  • le jardin 10, Un divan au jardin, conçu par Emeline Escats, Raphaël Beuchot, Fanny Perrot, Camille Picot et Leila Si Moussa
  • le jardin 11, Philocephalus Hortus, conçu par François Laborie, Jérôme Fortin, Sibila Jaksic, Alain Cousseran, Philippe Borderieux, Patrick Latour et Alain Weiss
  • le jardin 12, Hortithérapie sensorielle, conçu par Stefano Marinaz, Francesca Vacirca et Daniela Tonegatti
  • le jardin 13, L’arbre à prières, conçu par le collectif First republik
  • le jardin14, Contactez-moi, conçu par Loic Nys, Sébastien Roussel, Cécile Larcher et Sébastien Migné
  • le jardin15, Cupidon s’en fout, conçu par Didier Courant, Phillip Robert, Gilles Pujol, Ronan Séné et Yann Bruneau
  • le jardin 16, Bon thé bon genre, conçu par PiP Partnership – George Richardson et Jules Arthur
  • le jardin 17, Dix pieds sous terre, conçu par Tony Balmé, Ingrid Saumur, David Fabien, Franck Boulanger et Fabrice Ramalinghom,
  • le jardin 18, Le jardin qui chante, conçu par Rosalie Zeile et Amalia Besada
  • le jardin 19, jardin de la terre gaste, conçu par Christophe Marchalot et Félicia Fortuna
  • le jardin 19bis, Main dans la main, conçu par aroline Bourgeois, Virginie Brana, Marie Carayon, Annabelle Guehria, Nicolas Houdin, Christophe Lemoing, Cécile Mercat, Marcos Sampaio et Marie-France Taudière
  • le jardin 20, Le vilain petit jardin de Jean-Michel Vilain, conçu par Arno Denis, Pauline Robiliard et Xavier Coquelet
  • le jardin 21, calligrâme, conçu par Hélène Le Merdy, Michaël Ripoche, Jean-Michel Letellier et Miki Nakamura
  • le jardin 22, Des racines du corps à la bulle de l’âme, conçu Géraldine Gerin-Bougrain, Caroline Foulonneau et Julie Colin
  • le jardin 23, Igloolik ultima, conçu par Julien Lachal, Julie Bernard et Agathe Faure
  • le jardin n° 24, Le creux de la main, conçu par Juliette Berny, Fanny Cassat et Renaud
    Le Creff
  • le vallon des brumes
  • les oeuvres de Anne et Patrick Poirier
  • les oeuvres de Marc Deneyer, Patrick Blanc, Benoît Mangin et Marion Laval-Jeantet
  • les oeuvres de François Méchain, Rainer Gross, Erik Borja et Simon Crouzet
  • les oeuvres de Bob Verschueren, Karine Bonneval, Marie-Jésus Diaz
  • les oeuvres de Marie Denis
  • Colorès, de Michel Racine et Béatrice Saurel, qui a été complété depuis l’année dernière.
  • et les liens vers les articles des années précédentes

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (1) : Léon Jaussely

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, face principale Comme à Poitiers (monument aux morts de la Vienne en 1914-1918, monument aux morts de 1870-1871, monument aux morts allemands de la Pierre Levée ou encore celui du cimetière de Chilvert) et dans toutes les villes, Toulouse conserve plusieurs monuments aux morts : monument aux morts de la guerre de 1870 (allées Jules-Guesde), Héraklès archer, monument aux sportifs morts à la guerre de 1914-1918 par Antoine Bourdelle (boulevard Lascrosse), monument aux morts de la guerre de 1914-1918 des quartiers Bayard, Matabiau, Concorde, Chalets (place Roquelaine), monument aux morts de la guerre de 1914-1918 des quartiers Saint-Michel, Busca, Port-Garaud (33 allée Jules-Guesde), plusieurs dans les cimetières voisins de Terre-Cabade et de Salonique (dont le monument aux morts de Skikda (Philippeville) déplacé à Toulouse), ou encore le monument aux combattants de la Haute-Garonne en 1914-1918, allées François-Verdier. C’est de lui dont je vais vous parler aujourd’hui, vous pouvez aussi le découvrir par le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse (quelques petits clics sur les numéros pour des vues de détail dans les photos de la fenêtre gauche de ce site). Comme c’est un monument complexe, je vous le tronçonne en plusieurs articles. Je commence par une vue de la face principale (antérieure).

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, face postérieure Aujourd’hui, quelques vues générales, prochainement, des vues de détail, par sculpteur. Voici la face arrière (postérieure).

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, signatures En effet, si la conception globale du monument a été confié en 1919 à l’architecte Léon Jaussely (1875-1932, grand prix de Rome en 1903) par le Conseil général de la Haute-Garonne. Il a présenté un projet en forme d’arc de triomphe. Le concours qui a suivi a retenu trois sculpteurs (clic sur les liens suivants pour voir les différents reliefs), André Abbal pour la frise de la face principale et du côté droit, Henri-Raphaël Moncassin pour la frise de la face postérieure et du côté gauche (tous deux réalisent des sculptures sur le thème des principales batailles) et Camille Raynaud pour les deux reliefs monumentaux à l’intérieur. L’équipe est complétée par Jean Fourès, ornementaliste (qui poursuit les travaux commencés par son père Jean-Marie, décédé en 1926 ; ils ont réalisé les décors de fleurs, etc.) et les entrepreneurs Belard et Tixeire, comme vous pouvez le lire sur ces signatures. Ce sont donc les Fourès père et fils qui ont sculpté tous les symboles républicains, la Légion d’Honneur, la Médaille militaire, la Croix de Guerre, les feuilles de laurier (vertus militaires), les feuilles de chêne (force et vertus civiques), les chiffres RF (République Française) et HG (Haute-Garonne), entremêlées avec la lettre capitale de la préfecture et de chaque sous-préfecture du département : T pour Toulouse , M pour Muret , SG pour Saint-Gaudens et V pour Villefranche-de-Lauragais.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, dédicaces Le monument fut inauguré en 1928, ainsi que le montre cette dédicace à la longue liste, mais les sculptures de Camille Raynaud furent contestées pendant des années… Si ce dernier a consacré ses reliefs à la victoire, André Abbal et Henri Raphaël Moncassin soulignent le sous-équipement des soldats, le recours au chevaux et aux boeufs, même s’ils représentent aussi l’aviation et les chars.

tToulouse, le monument morts de Haute-Garonne, côté droit Pour les longs textes gravés sur les faces internes et externes, je vous invite à lire leur transcription dans le le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse (lien direct). Voici le côté droit…

tToulouse, le monument morts de Haute-Garonne, côté gauche … et le côté gauche.

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’oeuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

L’hôtel de ville de Tours (4), l’aile droite

Tours, l'hôtel de ville, l'aile droite, 1: vue générale L’hôtel de ville de Tours a un si riche décor que je vous ai préparé plusieurs articles sur le sujet. Après les Atlantes du rez-de-chaussée et le fronton du corps central, je vous emmène voir l’aile est, à droite quand on regarde la façade. Je tire l’essentiel des données (auteurs, dates) du dossier documentaire de l’hôtel de ville et des autres dossiers établis par le service régional de l’inventaire de la région Centre.

Tours, l'hôtel de ville, l'aile droite, 2, l'étage Les deux ailes en fait sont strictement symétriques et composées de la même manière. Je vous invite donc à relire l’article précédent pour la description générale de l’étage noble (le premier étage)…

Tours, l'hôtel de ville, l'aile droite, 3, le froton …et du fronton. En revanche, les allégories qui surmontent les rampants du fronton sont différentes (l’éducation et la vigilance) et dues à un autre sculpteur, Alphonse Amédée Cordonnier (il a porté la date, 1900, et sa signature, AM Cordonnier, sur la statue de la vigilance), mais impossible de la trouver depuis le bas…

Tours, l'hôtel de ville, l'aile droite, 4, la vigilance sur le rampant gauche À gauche, la vigilance est représentée sous les traits d’une femme a un aspect guerrier. Elle entoure de sa main et de son avant-bras gauche un casque et soutient de sa main droite une épée dont la pointe est derrière son cou.

Tours, l'hôtel de ville, l'aile droite, 5, l'éducation sur le rampant droit À droite, l’éducation, une femme elle aussi, tient un livre ouvert sur ses jambes légèrement pliées.

Je ne vous ai pas parlé de plusieurs autres œuvres, que je vous invite à visiter sur place ou par les dossiers documentaires établis par le service régional de l’inventaire de la région Centre :

  • les médaillons sculptés sur le mur nord, dans lesquels sont peints les portraits de différents auteurs liés à la Touraine par leur naissance ou leur vie, dus à Henri Frédéric Varenne.
  • une baigneuse de François Léon Sicard dans le couloir du premier étage ;
  • une naïade de Jules Renaudot dans le même couloir du premier étage ;
  • quatre statues représentent le maréchal de Boucicaut, Paul Louis Courier, Jean Fouquet et Jean Briçonnet, réalisées par Louis Étienne Marie Albert-Lefeuvre et Georges Marie Valentin Bareau, dans le vestibule du rez-de-chaussée ;