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Le salon des berces de Gilles Clément

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pioche-en-bib.jpgAprès Thomas et le voyageur, voici le salon des Berces, également trouvé à la médiathèque.

Rappel : j’ai pu apprécier par le passé un certain nombre de réalisations de Gilles Clément (à retrouver sur son site officiel), le jardin des Sens à Poitiers, le jardin des orties à Melle, le parc André Citroën et le jardin du musée du quai Branly à Paris (un musée à revoir ici). Il a aussi réalisé une installation sur le toit de la base sous-marine de Saint-Nazaire. J’ai aussi participé au grand week-end (pluvieux) de replantation en 2002 d’une parcelle à côté du centre d’art de Vassivière en Limousin, dévastée par la tempête de 1999, plantation guidée par Gilles Clément… Je n’ai bien sûr pas raté son dernier passage en avril à la librairie La Belle Aventure à Poitiers, pour une entrevue guidée par la libraire et Dominique Truco (commissaire, entre autre, de la biennale de Melle), et ai eu envie de relire certains de ses livres, dont je n’avais pas parlé même pour ceux parus depuis la création du blog (et oui, je parle de deux livres par semaine, mais en lis le double à peu près…).

Le livre : Le salon des berces de Gilles Clément, NiL éditions, 2009, 206 pages, ISBN 978-2-84111-394-1.

L’histoire : à partir de 1977 en Creuse et ailleurs… Après plusieurs années de recherche à travers la France, Gilles Clément se rend à la conclusion qui s’impose à lui, le terrain idéal pour implanter sa maison est en Creuse, à quelques kilomètres de la maison paternelle où il ne veut (peut?) plus aller. Une fois le terrain acheté commence la difficile et ubuesque demande de permis de construire: sans électricité, impossible d’avoir le permis (en zone agricole, mais il compte y installer son activité de paysagiste), sans permis, impossible de se faire installer l’électricité… Il décide de commencer à construire quand même, seul ou avec des amis, il réunit pierre après pierre, éléments de récupérations, etc. Jusqu’à ce que, sur dénonciation d’un puissant voisin, débarquent les gendarmes… à la recherche de cannabis chez ces jeunes qui vivent à l’écart, ils trouvent… une maison construite sans permis! Mais après deux visites de la DDE, il peut brandir aux gendarmes un permis en bonne et due forme… avant de voir débarquer EdF qui lui propose de brancher le courant à un prix exorbitant. Ce qu’il refuse, il fonctionnera sans électricité (un groupe électrogène intermittent, des panneaux solaires en 2006). L’histoire de la construction de la maison, et de l’aménagement du jardin, les deux étant intimement liés…

Mon avis : un récit jubilatoire, avec de charmants portraits des voisins, ceux qui sont favorables comme ceux qui sont hostiles, ceux qui passent régulièrement voir l’avancée des travaux (et boire un coup). Quelques éléments qui ne peuvent que me réjouir, comme page 56 les cartes postales du collectif Plonk & Replonk (dont je vous ai parlé pour la première fois en septembre 2009), ou encore le château de Crozant… Je suis plus surprise par l’éloge des berces du Caucase, présentes sur le terrain et qu’il choisit de conserver, même si elles sont généralement considérées comme invasives et dangereuses (elles peuvent provoquer de graves brûlures, voir dans cet article sur les plantes invasives). Un récit à lire absolument pour un autre rapport au monde et à la nature, à la maison et au jardin!

La forêt des ombres de Franck Thilliez

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pioche-en-bib.jpgJe continue la lecture de Franck Thilliez avec ce livre à la médiathèque.

Le livre : La forêt des ombres de Franck Thilliez, collection Thriller, éditions Le Passage, 2006, 396 pages, ISBN 978-2847420916.

L’histoire : au début de l’année 2006, en plein hiver, en région parisienne puis dans la forêt noire. Un couple, David Miller, la trentaine, thanatopracteur (embaumeur) et auteur de polar occasionnel, et sa jeune femme, Cathy, sont harcelés par une certaine Miss Hyde, par courrier. Un matin, Cathy reçoit le coup de grâce, Miss Hyde est au courant de son test de grossesse positif, David ne peut être le père, il a un nombre insuffisants de spermatozoïde et une aide à la procréation avait été nécessaire pour la conception de leur fille Clara, qui doit avoir un peu plus de deux ans… Un jour, David Miller est abordé par un étrange personnage, Arthur Doffre, paralysé et à qui il manque le bras droit: il l’invite, contre une grosse somme, à écrire pour lui dans un chalet isolé de la forêt noire l’histoire d’un tueur en série, le Bourreau 125, mort il y a vingt-cinq ans… Départ dans quelques jours pour un séjour d’un mois… Malgré un avortement pas complètement terminé, Cathy accepte de le suivre. Dès l’arrivée, le chalet semble louche, on y mène des expériences sur les escouades d’insectes qui arrivent sur des cadavres de porc, la compagne de vieille date de Doffre semble être une prostituée, et une femme perdue dans la neige rejoint le chalet quand tout commence à déraper…

Mon avis : un thriller presque en huis-clos mené tambour battant, Franck Thilliez a le don de maintenir le lecteur en haleine, difficile de poser le livre avant d’arriver à la fin : vive le mois d’avril pluvieux, un après-midi en compagnie du livre sans avoir de regret de ne pas sortir faire un tour…Même si cette fois, j’ai deviné assez vite de quoi il ressortissait (mais chut… je vous laisse lire le livre), les personnages sont bien campés, avec leur psychologie noire et complexe.

Pour aller plus loin : le site officiel de Franck Thilliez

Les titres dans l’ordre de parution :

Le réflexe de survie d’Étienne Davodeau

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pioche-en-bib.jpgJe vous ai parlé de nombreux albums d’Étienne Davodeau, mais pas encore de celui-ci, qui est l’un des premiers titres qu’il a publié (je l’ai emprunté à la médiathèque)…

Le livre : Le réflexe de survie d’Étienne Davodeau (dessin et scénario), collection Sang froid, éditions Delcourt, 1998, 64 pages, ISBN 9782840552154.

L’histoire : à la fin des années 1990, à Trémentines dans le Maine-et-Loire (à 10 km de Cholet et 50 km d’Angers). La gare est menacée de fermeture. Pourtant, chaque jour, un groupe d’habitués prend le train pour aller travailler. Ils sont accueillis par Tolsky, sorte de SDF qui squatte un bâtiment annexe et tente de les retenir, de sécher le boulot, pour une fois, notamment monsieur Mésange, si proche de la retraite, employé de bureau à la préfecture… Arrive un personnage, Alex, qui en a assez de cette situation train/ boulot (dodo?) et a accepté de jouer au tueur à gage…

Mon avis : le contrat et le projet de meurtre sont très secondaires, l’histoire principale est celle de la gare de Trémentines qui doit fermer, même s’il y a des passagers chaque jour… Bon, il y a bien déjà le côté revendication sociale que l’on retrouve dans les albums suivants, mais j’ai trouvé celui-ci très en-dessous des autres… Pour information, je suis allée voir le site de la commune de Trémentines… La gare a été fermée, un service de taxi-TER mis en place par la Région Pays-de-la-Loire, il permet aux usagers habituels ou occasionnels de rejoindre gratuitement (enfin, gratuit pour l’usager) la gare la plus proche… à condition de réserver la veille du départ.

Mes préférés de Davodeau sont Rural! Chronique d’une collision politique et les ignorants.

Pour découvrir l’auteur :

Voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche… Voir aussi sa venue à Poitiers fin 2011.

Pour rappel, je vous ai parlé de nombreux albums d’Étienne Davodeau

de Kris et Davodeau

et de Davodeau et Joub

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Close-up de Michel Quint

Couverture de Close-up de Michel Quint pioche-en-bib.jpgVoici un livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. De Michel Quint (qui sera présent le week-end prochain au salon du livre de Montmorillon dans la Vienne, les 16 et 17 juin), je vous ai déjà parlé de Effroyables jardins et Aimer à peine, Avec des mains cruelles, La folie Verdier. Depuis, j’ai aussi lu L’espoir d’aimer en chemin, Et mon mal est délicieux, Fox-trot.

Le livre : Close-up de Michel Quint, collection vendredi 13, éditions La Branche, 2011, 207 pages, ISBN 978-2-35306-048-1.

L’histoire : de nos jours à Lille. Miranda, allias Octavie Dillies, réalise des tours d’illusionnisme et de voyance au Quolibet, un cabaret un peu miteux. Un soir, elle reconnaît dans le public un promoteur et entrepreneur du BTP local, Bruno Carteret, qui, il y a des années, a été à l’origine de l’accident de travail de son ami, Éric, qui en est resté handicapé et l’a quittée. Lui ne la reconnaît pas, il l’invite à venir animer sa fête d’anniversaire. Elle lui prédit sa mort avant le vendredi 13. Seulement voilà, il est attaqué au cutter avant cette date et, affolé et blessé, se réfugie au Quolibet… Qui veut sa mort ? Quel rapport avec sa belle-famille, les Vailland, dont l’un des membres a fait des affaires douteuses à Dubaï ?

Mon avis : je me suis copieusement ennuyée et ai même failli m’endormir dessus le premier soir, au bout du trentaine de pages (je l’ai terminé le lendemain matin). Rien d’original dans la construction du roman, un monde du BTP qui joue et spécule, des parties fines à animation cabaret dans la périphérie, là, la réalité a largement dépassé la fiction ces derniers mois… « Vendredi 13 », la série, réunit treize auteurs qui doivent tous broder autour du thème du vendredi 13, une contrainte qui ici n’a pas donné tout ce qu’elle promettait… Outre les ouvrages de l’Oulipo (voir des explications dans C’est un métier d’homme), la contrainte peut être très productive, parfois inégale, comme dans la série du Poulpe, où on trouve quelques pépites à côté de livres plus ordinaires… Ceci dit, la couverture est sympa, avec sa découpe triangulaire, et vous trouverez plein de très bons avis en ligne…

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Couverture de Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Bienvenue en arabe Un livre prêté avec quelques autres (je vous ai déjà parlé de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid et vous parlerai prochainement des autres, Les honneurs perdus de Calixthe Beyala et Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey, et vous montrerai le marque-page fleuri qui a accompagné leur retour) par une amie quand elle a vu que je participai au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya… Cette fois, il s’agit d’un recueil de nouvelles rassemblées par Leïla Sebbar, une auteure que j’ai déjà abordée sur ce blog avec Mon cher fils et L’arabe comme un chant secret.

Le livre : Une enfance algérienne textes recueillis par Leïla Sebbar, Folio n° 3171, éditions Gallimard, 1999, 243 pages, ISBN 978-2070407279.

L’histoire : Leïla Sebbar a réuni auprès de 15 écrivains (plus elle-même) 16 nouvelles inédites qui tournent toutes autour de l’enfance en Algérie. Mes enfances exotiques de Malek Alloula, dans une école de village, un gamin qui ne va pas en classe interrompt la dictée par ses pitreries, l’opposition entre les enfants scolarisés et les autres, finalement plus libres… Dans Tlemcen la haute, Jamel Eddine Bencheikh conte le passage de l’enfance à l’âge adulte, les relations entre les générations. L’enfant perdu (de Albert Bensoussan) juif se retrouve dans le quartier arabe, où il se lit d’amitié avec une fillette. En 1940 à Oran, dans Pieds nus de Hélène Cixous, le père médecin est devenu pédicure alors qu’à proximité se trouve le monde des marins… La pauvreté des femmes de ménage se trouve dans Viridiana mon amour de Annie Cohen (d’après le titre du film de Buñuel). De nouveau à Oran, l’enfant juif de Hammam (de Roger Dadoun) fait les courses puis la cuisine le vendredi avec sa mère, avant de finir la journée au hammam. Dans Arrêts sur images, c’est la guerre (d’Espagne, la seconde guerre mondiale) qui marque la fin de l’enfance de Jean Daniel. Celle de Mohammed Dib est marquée de Rencontres, avec un médecin grec qui lui sauve la jambe accidentée puis avec un instituteur. La mémoire des autres de Nabile Farès se passe à Qol (Collol) et dans le village de Berrouagha, où se trouve un pénitencier. Dans Baï de Fatima Gallaire, la mère est malade et alitée, les deux enfants élevés par le père, le grand-père et surtout les nounous. Dans À la claire indépendance de Mohamed Kacimi-el-Hassani, l’enfant se demande pourquoi il doit encore aller à l’école… Apocalypses de Jean-Pierre Millecam, aborde la question des grands-parents, de l’école et de la guerre à Mostaganem, Tijdit et dans la ville romaine de Cap Ivi. C’est un tremblement de terre qui surprend la famille attablée de Quand les oiseaux se taisent… de Jean Pélégri. Leïla Sebbar, dans On tue les instituteurs, à Port-Say près de Tlemcen, la guerre fait irruption par une attaque le 1er novembre 1954. C’est un tremblement de terre à Mostagnem, autour de la figure du père et du grand-père, qui marque Enfance de Habib Tengour, avant un retour à Paris. Le retour des sources de Alain Vircondelet est marqué par l’entrée dans le monde de la guerre d’un enfant à 15 ans à Bab-el-Oued.

Mon avis : ces nouvelles ne sont pas toutes égales dans leur force et leur écriture, mais ont toutes été écrites par des écrivains nés en Algérie et vivant en France. Il montrent surtout la grande diversité culturelle de l’Algérie, le melting-pot entre Européens, arabes et juifs. très peu abordent le sujet de la guerre d’indépendance, encore moins l’Algérie d’après l’indépendance.

Nos si brèves années de gloire de Charif Majdalani

Couverture de Nos si brèves années de gloire de Charif Majdalani

pioche-en-bib.jpgVoici un livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Nos si brèves années de gloire de Charif Majdalani, collection Cadre Rouge, éditions du Seuil, 2012, 188 pages, ISBN 978-2021055108.

L’histoire : à Beyrouth, du début des années 1960 au début de la guerre civile libanaise, en 1975. Ghaleb Cassab, le narrateur, est le fils de filateurs ruinés. Après ses études, il s’emploie chez plusieurs personnes avant de se fixer dans un magasin de tissus. Là, il en profite pour draguer certaines clientes, même si elles se présentent voilées. Après plusieurs aventures, il tombe amoureux d’une femme inaccessible: elle est promise à un homme beaucoup plus riche et plus âgé, qui a remboursé les hypothèques des parents de la belle pour obtenir le mariage. De dépit, Ghaleb va avec un ami acheter des chevaux, puis un jour, suite à une victoire aux échecs, il devient l’heureux propriétaire de tout un lot de machines à coudre… qu’il a du mal à écouler. Et voilà qu’un riche propriétaire lui propose de déménager à travers la montagne une usine mise sous séquestre en Syrie… je vous laisse découvrir la suite par vous même…

Mon avis : j’ai arrêté mon résumé beaucoup plus tôt que la quatrième de couverture: je ne comprends pas pourquoi l’éditeur dévoile tout le contenu du livre, jusqu’au dernier chapitre… D’après la présentation également, ce livre est le troisième d’un triptyque qui comprend Histoire de la Grande Maison (2005) et Caravansérail (2007), que je n’ai pas lus… et que je ne lirai probablement pas parce que je n’ai pas été particulièrement séduite par Nos si brèves années de gloire. Je ne sais pas, peut-être est-ce dû à la position de la femme dans ce livre, objet sexuel plutôt que sujet, ou au caractère aventureux, parfois à la limite de l’épopée orientale, du narrateur.

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Liban.

Thomas et le voyageur de Gilles Clément

Couverture de Thomas et le voyageur de Gilles Clément

pioche-en-bib.jpgJ’ai pu apprécier par le passé un certain nombre de réalisations de Gilles Clément (à retrouver sur son site officiel), le jardin des Sens à Poitiers, le jardin des orties à Melle (il y a d’ailleurs eu le week-end dernier la fête de l’ortie, au départ, il s’agissait de protester contre l’interdiction à la vente du purin d’orties), le parc André Citroën et le jardin du musée du quai Branly à Paris (un musée à revoir ici). Il a aussi réalisé une installation sur le toit de la base sous-marine de Saint-Nazaire. J’ai aussi participé au grand week-end (pluvieux) de replantation en 2002 d’une parcelle à côté du centre d’art de Vassivière en Limousin, dévastée par la tempête de 1999, plantation guidée par Gilles Clément… Je n’ai bien sûr pas raté son dernier passage en avril 2012 à la librairie La Belle Aventure à Poitiers, pour une entrevue guidée par la libraire et Dominique Truco (commissaire, entre autre, de la biennale de Melle), et ai eu envie de relire certains de ses livres, dont je n’avais pas parlé même pour ceux parus depuis la création du blog (et oui, je parle de deux livres par semaine, mais en lis le double à peu près…). Je commence par « son » roman, trouvé à la médiathèque, j’en avais parlé avec Mamazerty, qui était curieuse de lire mon avis sur ce livre… avant de poursuivre avec Le salon des berces.

Le livre : Thomas et le voyageur de Gilles Clément, éditions Albin Michel, 2011 (première édition 1999), 277 pages (avec les annexes), ISBN 978-2226218650.

L’histoire : à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai (commune associée de Bressuire, dans les Deux-Sèvres) et à travers le monde de nos jours. Dans les Deux-Sèvres, Thomas le peintre habite dans la maison de son oncle décécé, Auguste Piépol, qui était entomologiste et a tapissé les murs de boîtes de petites bêtes. Il a pour projet de peindre le jardin planétaire selon les observations à travers le monde de son ami le voyageur, chargé de lui parler des plantes, des animaux, mais aussi de l’horizon, de la ville, etc… Pendant que le voyageur … voyage et décrit son environnement, Thomas est en prise avec la maison, dévorée par les termites qu’avait élevés Auguste Piépol….

Mon avis : le roman alterne des parties de chapitres de Thomas et d’autres du voyageur, mais aucun risque de se perdre, en haut des pages impair est reporté soit ‘Thomas », soit « le voyageur ». A la fin également, la plupart des documents dont il est question dans le texte, dont la fameuse carte du voyageur, un planisphère australien, centré sur l’Australie et avec le sud au nord et vice-versa… le monde d’un autre point de vue. Très vite (page 37), il est question de plantes invasives, la berce du Caucase et la renouée du Japon, notamment (deux plantes dont je vous ai déjà parlé à propos de plantes invasives). Un livre dans lequel il faut entrer puis se laisser porter par le récit… Les insectes voyagent, les plantes voyagent, le monde est un immense espace, comme un jardin planétaire… le grand projet de Thomas!

Quant à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, pour moi, c’est un hameau gris que l’on traverse pour aller à Bressuire, et où effectivement j’ai vu une fois une belle gelée blanche en mai, mais il avait aussi gelé aux alentours… En s’éloignant de la « grande route » (Poitiers-Nantes), il y a quand même à voir une église très partiellement romane, et de belles promenades à faire dans le bocage.

Palestine de Hubert Haddad

Couverture de Palestine de Hubert Haddad pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Opium Poppy, j’ai eu envie de découvrir d’autres livres de Hubert Haddad. mon choix s’est porté sur Palestine, trouvé à la médiathèque. Il a reçu le prix des cinq continents de la francophonie en 2008 et le prix Renaudot poche en 2009.

Le livre : Palestine de Hubert Haddad, éditions Zulma, 2007, 156 pages, ISBN 978-2-84304-421-2.

L’histoire : vers 2005 en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la « ceinture de sécurité », au sud d’Hebron, entre un village arabe, un ancien cimetière et la colonie juive de Ber Schov. Cham, jeune soldat israélien, devrait être en permission, mais il l’un de ses supérieurs lui demande de faire une dernière ronde… quand un commando palestinien attaque. Son compagnon est tué, lui est kidnappé, la tête recouverte d’un keffieh. En se réveillant, il se souvient qu’il s’est fait volé ses papiers la veille sur l’esplanade des mosquées, mais il ne se rappelle de rien d’autre, pas même de son nom. Il est déplacé d’une cache à l’autre, et devient Nessim, le fils disparu d’une mère aveugle, Asmahane, et le frère de Falastìn, qui le soignent et le cachent, il se retrouve pris entre les tirs palestiniens et les tirs israëliens, entre le Hamas et le Fatah…

Mon avis : un texte fort sur le conflit israëlo-palestinien, mais que j’ai quand même trouvé un cran en-dessous de Opium Poppy que j’ai adoré. Une façon poétique et tragique d’aborder ce conflit, l’absurdité de la ligne de séparation, qui entraîne encore plus de révolte du côté palestinien… jusqu’au dénouement final que je ne vous révèlerai pas… Mais quand l’armée israélienne considère juste comme une erreur d’avoir rasé une maison avec une vieille dame aveugle à l’intérieur (ben oui, elle aurait dû lire l’avis placardé la veille!), comment ne pas comprendre la révolte, tout en sachant que la violence n’apporte que la violence et ne résout pas les conflits…

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya. L’auteur, Hubert Abraham Haddad, est né à Tunis en 1947, il a suivi l’exil de ses parents quelques années plus tard, à Belleville.

La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer

Couverture de La meilleure façon de s'aimer de Akli Tadjer

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer, éditions Jean-Claude Lattès, 2012, 284 pages, ISBN 978-2709635257.

L’histoire : de nos jours à Paris et en Algérie au moment de la guerre d’indépendance. Après les attentats du 11 septembre 2001, Saïd a perdu son travail, il vendait des assurances à des arabes… qui avaient un taux de sinistres plus importants et étaient non rentables, d’après son patron… Il change de nom et de prénom, le voici devenu Sergio, pas plus mal non plus pour draguer… A l’hôpital, il retrouve presque chaque jour sa mère, Fatima, qui a été victime d’un accident vasculaire cérébral il y a trois mois. Cette dernière est sortie du comas il y a un bon mois, mais elle est aphasique. Cependant, elle comprend parfaitement ce que disent les gens -dont son fils- qui viennent la voir, sa pensée revient à sa jeunesse en Algérie. Enfant, ses parents ont mis une bombe dans un café à Alger, ils sont morts, elle a été élevée dans un orphelinat catholique. Prise en affection par un couple de colons, ceux-ci fuient à l’indépendance, lui promettant de venir la chercher… Elle finira quand même par venir en France, un mari alcoolique, elle ne veut pas d’enfant, Saïd arrive quand même, mais leurs relations semblent avoir toujours été compliquées…

Mon avis : un beau texte qui alterne le point de vue du fils et de la mère. Un amour compliqué, des amours compliqués, chacun, au fil de leurs souvenirs, racontent leurs histoires d’amour respectives, mais l’amour mère-fils surgira-t-il enfin? Un texte aussi sur la prise en charge de personnes âgées (ou non) victimes d’AVC. Certes, Fatima ne peut pas parler, mais elle n’en est pas pour autant un « légume », quoiqu’en pense une ex de son fils… Elle subit les soins, les réflexions, les remarques qui la rabaissent sans pouvoir s’exprimer… Un texte qui est une belle découverte… Merci aux bibliothécaires de l’avoir acquis et mis en avant dans le rayonnage!

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya.

La mémoire mutilée de Mohamed Cherid

Couverture de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid Bienvenue en arabe Un livre prêté avec quelques autres (dont je vous parlerai prochainement, avec Une enfance algérienne sous la direction de Leïla Sebbar, Les honneurs perdus de Calixthe Beyala et Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey, et vous montrerai le marque-page fleuri qui a accompagné leur retour) par une amie quand elle a vu que je participai au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya… Elle se reconnaîtra… et je lui souhaite bon courage dans la réparation de sa fracture… Les béquilles ne seront bientôt qu’un lointain souvenir…

Le livre : La mémoire mutilée de Mohamed Cherid, éditions Edilivre, 2008, 156 pages, ISBN 9782812102882.

L’histoire : à Fodda (dans la wilaya de Chlef en Algérie) et dans ses environs, disons des années 1930 à après 1980, il y a assez peu de repères chronologiques, les tremblements de terre de 1954 et 1980, la période coloniale, la guerre de libération (mais pas la période noire des attentats des années 1990). Alors que son grand-père vient de mourir, le narrateur se souvient des événements qui ont marqué la vie de sa famille, mariages, enterrements, maladies, naissances, mais aussi les études, leur abandon. En tant qu’aîné, il fallait aider la famille à vivre, il est devenu instituteur après une brève formation pendant un été…

Mon avis : un beau texte, avec même un poème intercalé à la fin du chapitre 6. Le récit ne se fait pas dans l’ordre chronologique, mais dans celui de la mémoire du narrateur, qui les restitue dans le désordre… La guerre de libération (plaçons nous du côté du colonisé, pour une fois…) est surtout vue à travers des faits de petite et grande résistance au quotidien, comme cette femme qui fait passer des fonds en scotchant les billets dans les langes d’un bébé… L’indépendance, proclamée le 5 juillet 1962, est assez peu évoquée, il est même parfois difficile de savoir si l’on se place avant ou après cette date. De la période après l’indépendance ne se distingue vraiment que le tremblement de terre de 1980 et ses destructions.

Sinon, à nouveau, un livre avec beaucoup trop de coquilles qui rendent parfois la lecture incompréhensible ou qui la ralentissent, avec le sens de la phrase qui n’apparaît pas au premier abord… Ainsi, systématiquement, il y a « prés » pour « près », « dés » pour dès ». Quelques autres exemples au fil des pages:
– page 86 : « j’étais le premier enfant a été [pour: à être] scolarisé »;
– page 103 : « très préoccupé pas [pour: par] l’état de santé »;
– page 123 : « les brèches par lesquelles pénétraient [pour: pénétrait] l’eau ».