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Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Couverture de Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Bienvenue en arabe Un livre prêté avec quelques autres (je vous ai déjà parlé de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid et vous parlerai prochainement des autres, Les honneurs perdus de Calixthe Beyala et Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey, et vous montrerai le marque-page fleuri qui a accompagné leur retour) par une amie quand elle a vu que je participai au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya… Cette fois, il s’agit d’un recueil de nouvelles rassemblées par Leïla Sebbar, une auteure que j’ai déjà abordée sur ce blog avec Mon cher fils et L’arabe comme un chant secret.

Le livre : Une enfance algérienne textes recueillis par Leïla Sebbar, Folio n° 3171, éditions Gallimard, 1999, 243 pages, ISBN 978-2070407279.

L’histoire : Leïla Sebbar a réuni auprès de 15 écrivains (plus elle-même) 16 nouvelles inédites qui tournent toutes autour de l’enfance en Algérie. Mes enfances exotiques de Malek Alloula, dans une école de village, un gamin qui ne va pas en classe interrompt la dictée par ses pitreries, l’opposition entre les enfants scolarisés et les autres, finalement plus libres… Dans Tlemcen la haute, Jamel Eddine Bencheikh conte le passage de l’enfance à l’âge adulte, les relations entre les générations. L’enfant perdu (de Albert Bensoussan) juif se retrouve dans le quartier arabe, où il se lit d’amitié avec une fillette. En 1940 à Oran, dans Pieds nus de Hélène Cixous, le père médecin est devenu pédicure alors qu’à proximité se trouve le monde des marins… La pauvreté des femmes de ménage se trouve dans Viridiana mon amour de Annie Cohen (d’après le titre du film de Buñuel). De nouveau à Oran, l’enfant juif de Hammam (de Roger Dadoun) fait les courses puis la cuisine le vendredi avec sa mère, avant de finir la journée au hammam. Dans Arrêts sur images, c’est la guerre (d’Espagne, la seconde guerre mondiale) qui marque la fin de l’enfance de Jean Daniel. Celle de Mohammed Dib est marquée de Rencontres, avec un médecin grec qui lui sauve la jambe accidentée puis avec un instituteur. La mémoire des autres de Nabile Farès se passe à Qol (Collol) et dans le village de Berrouagha, où se trouve un pénitencier. Dans Baï de Fatima Gallaire, la mère est malade et alitée, les deux enfants élevés par le père, le grand-père et surtout les nounous. Dans À la claire indépendance de Mohamed Kacimi-el-Hassani, l’enfant se demande pourquoi il doit encore aller à l’école… Apocalypses de Jean-Pierre Millecam, aborde la question des grands-parents, de l’école et de la guerre à Mostaganem, Tijdit et dans la ville romaine de Cap Ivi. C’est un tremblement de terre qui surprend la famille attablée de Quand les oiseaux se taisent… de Jean Pélégri. Leïla Sebbar, dans On tue les instituteurs, à Port-Say près de Tlemcen, la guerre fait irruption par une attaque le 1er novembre 1954. C’est un tremblement de terre à Mostagnem, autour de la figure du père et du grand-père, qui marque Enfance de Habib Tengour, avant un retour à Paris. Le retour des sources de Alain Vircondelet est marqué par l’entrée dans le monde de la guerre d’un enfant à 15 ans à Bab-el-Oued.

Mon avis : ces nouvelles ne sont pas toutes égales dans leur force et leur écriture, mais ont toutes été écrites par des écrivains nés en Algérie et vivant en France. Il montrent surtout la grande diversité culturelle de l’Algérie, le melting-pot entre Européens, arabes et juifs. très peu abordent le sujet de la guerre d’indépendance, encore moins l’Algérie d’après l’indépendance.

L’arabe comme un chant secret de Leïla Sebbar

Couverture de l'arabe comme un chant secret de Leila Sebbar pioche-en-bib.jpgJ’ai pris ce livre sur une sélection de livres proposée par la médiathèque… tentée par cette auteure que j’aime bien (je vous ai parlé de Mon cher fils et d’un recueil de nouvelles qu’elle a dirigé, Une enfance algérienne). Il fait partie de la sélection des passeurs de monde(s) 2010 sur le thème Péninsules & Méditerranée(s). (avec de nombreuses lectures dans toute la région la semaine du 13 au 22 octobre).

Le livre : L’arabe comme un chant secret, récit, deuxième édition augmentée de Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour, 2010, 111 pages, ISBN 978-2-35848-015-4 (première édition en 2007).

L’histoire : ce livre regroupe plusieurs textes de l’auteure sur un même thème. Née en 1941 d’un père algérien et d’une mère française (de Dordogne, dans la vallée de la Dronne), tous deux instituteurs, elle a été élevée dans la langue française, coupée de la langue de son père, qu’elle ne parle et ne comprend pas, mais en reconnaît la musicalité. Pourquoi son père a refusé qu’elle apprenne sa langue, celle des autres enfants dans la cour, dehors? Elle aborde aussi le rapport à la laïcité, l’impossibilité de parler de cette question avec son père, même après le retour en France et une fois devenue écrivain…

Mon avis : de beaux textes sur le rôle de la langue, de la double culture interdite, du colonialisme, de « l’intégration » ou plutôt de la désintégration de la culture d’origine, du non-dit avec le père, de la colère de la mère face à ce reproche de l’avoir coupée de ses racines, de la famille de son père…

Mon cher fils de Leïla Sebbar

Couverture de Mon cher fils de Leïla Sebbar, par Yves Jeanmougin C’est mon père qui m’avait passé ce livre, lu il y a un moment déjà…

Le livre : Mon cher fils, de Leïla Sebbar, aux éditions Elyzad, 153 pages, 2009, ISBN 978.9973.58.015.3. Et une superbe couverture due à Yves Jeanmougin.

L’histoire : après avoir travaillé 30 ans chez Renault à Boulogne-Billancourt, un vieil homme rentre à Alger. Il a eu sept filles et un fils, mais guère réussi à leur parler quand il était en France, pris par le travail et les amis ouvriers. Alors, à Alger, il se rend à la Grand poste où la jeune Alma, écrivain public, va transmettre son message, l’histoire de sa vie à son fils. La rafle de Papon le 17 octobre 1961 à Paris est à peine esquissée… la vie à l’usine, par petites touches, toute une vie apparaît. Mais l’écrivain public voit aussi une autre cliente, qui sait écrire mais qui souhaite une belle écriture, à la plume, pour envoyer des lettres à sa sœur jumelle…

Mon avis : un livre sur le choc de l’immigration, la rupture entre les générations, mais aussi sur la place de l’écrivain public, écrivain, mais aussi oreille attentive, un peu psy, avec ses clients… Un petit livre (150 pages) à dévorer…

Post-scriptum : depuis, j’ai lu, aussi de Leile Sebbar, L’arabe comme un chant secret et d’un recueil de nouvelles qu’elle a dirigé, Une enfance algérienne.