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Exhibitions au musée du quai Branly à Paris

La façade sur Seine et le jardin du musée du quai Branly Le musée du quai Branly à Paris (ici une photographie de 2009…) organise jusqu’au 3 juin 2012 sur la mezzanine ouest (entrée dans le musée, billet collections permanentes) intitulée L’invention du sauvage, exhibitions.

Sur la présentation officielle, on peut lire :

« EXHIBITIONS met en lumière l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants, venus d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique, exhibés en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales. Un processus qui commence au 16e siècle dans les cours royales et va croître jusqu’au milieu du 20e siècle en Europe, en Amérique et au Japon. »

 L'hôtel de ville de Niort, 4, le blason Mon avis : l’exposition mélange plusieurs choses… Au début de la période, il s’agit d’exhiber des « sauvages » comme on exhibe aussi des personnes difformes dans les foires, etc. Voyeurisme, pas de doute, mais à ce moment-là, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un comportement raciste et de bourrage de crâne du visiteur de ces exhibitions comme cela semble être le discours tout au long de l’exposition. Pour l’image du « sauvage », au passage, je vous invite à revoir ceux qui portent les armoiries de Niort… Je vous remets l’image, si avez avec la flemme d’aller revoir l’article. Ils ne sont pas inintéressants, car ils sont présentés comme un souvenir des fêtes costumées données par le duc de Berry à la fin du 14e siècle… donc exactement dans le même mouvement que ce qui est présenté dans l’exposition. Et dans le même cliché, dénudés et armés de gourdins.

La deuxième partie montre un phénomène tout à fait différent, qui se développe du début du 19e siècle aux années 1950. A ce moment-là, il y a réellement une exploitation voire une industrie du « spectacle exotique ». Des figurants voire de véritables artistes, en troupes, font le tour de l’Europe et de l’Amérique du Nord, dans de véritables « zoos humains », que ce soient dans des parcs comme le jardin d’acclimatation à Paris ou lors des expositions coloniales. Au début, il y a vraiment une sorte d’esclavage de ces personnes exhibées, qui payent un lourd tribut en maladies et accidents. Mais peu à peu, ils deviennent de vraies troupes, avec mise en scène, costumes, répétitions, etc. Alors certes, il y a la barrière avilissante, mais ils reçoivent la plupart du temps à ce moment là un cachet. Est-ce bien différent des spectacles que donnent aujourd’hui les tribus Massaï ou les esquimaux du Canada aux visiteurs (j’aurai pu prendre beaucoup d’autres exemples)? On me rétorquera sans doute que dans ces spectacles « ethniques » sur place, il y a des retombées économiques positives pour ceux qui accueillent les « visiteurs ». Mais n’était-ce pas aussi le cas avec les troupes des années 1930?

Je pense que l’exposition aurait dû vraiment mieux séparer les choses. La présentation aurait aussi gagné à être différente… Le visiteur de 2012 qui regarde les cires à caractère racial et raciste n’est guère dans une situation différente du spectateur de ces cires dans des cabanes de foire un siècle plus tôt. Restez un peu au bout de la salle, et vous verrez, il y a ceux qui passent vite, comme gênés, et ceux qui semblent fascinés, en situation de voyeurisme, qui les scrutent les unes après les autres… Je vous passe même un commentaire entendu et qui devait être le commun des commentaires à l’époque, visiblement, le discours anti-raciste qui est censé accompagner l’exposition n’était pas passé pour ce papa qui expliquait à son fils qu’il avait devant lui la preuve de la supériorité des blancs (pas au deuxième degré, comme j’ai pu le constater dans la salle suivante où il tenait impunément des propos très racistes). Je ne sais pas comment il aurait fallu présenter ces cires, mais certainement pas comme elles le sont, les commissaires de l’exposition auraient dû mieux faire entendre leur point de vue auprès des muséographes. C’est également le cas pour la dernière salle, qui n’a absolument rien à voir et mélange tout.

Alors oui, ces exhibitions ont participé à forger l’imaginaire du sauvage, à ancrer des thèses racistes dans la tête des gens, mais il y avait aussi les dessins, caricatures, articles de la presse (relire avec prudence les revues des ligues dans les années 1930), etc. Le phénomène est beaucoup plus complexe.

Pour les visiteurs, il y a trois catégories:

– ceux qui connaissent le sujet et/ou sont au moins sympathisants de mouvements proches des droits de l’homme, ceux-ci vont glaner quelques pépites, approfondiront leurs connaissances…

– ceux qui viennent avec des a priori racistes et se trouvent littéralement confortés par cette exposition (cf. le discours du père à son fils devant les cires raciales)

– ceux qui n’ont pas vraiment d’avis, et qui ressortent en n’en sachant pas vraiment plus, parce qu’ils ont avalé un « gloubiboulga » (oups, les moins de 40 ans ne vont pas comprendre), une sorte de mixture qui mélange des choses qui ont pas toujours quelque chose à voir entre elles, un discours dense, mais qu’ils n’auront pas lu en entier (un visiteur fatigue dès qu’il y a plus de 600 à 800 signes sur un panneau).

Et puis, le musée du quai Branly aurait peut-être eu aussi à réfléchir sur la place du musée de l’Homme dont il est l’héritier, sur la salle d’anatomie comparée du musée des antiquités nationales (devenu d’archéologie nationale) dont une partie est également entrée dans les collections de Branly, et même sur son attitude dans des expositions récentes, je pense en particulier à Polynésie, qui présentait des objets rituels liés au cannibalisme… sans parler de cette pratique, excès inverse par rapport à Exhibitions, le « Bon sauvage » ne saurait plus être cannibale…

Pour le musée du Quai Branly, je vous ai déjà parlé de :

Sur le site de l’INA, voir ce petit film sur l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes

 

L’hôtel de ville de Niort par Georges Lasseron

L'hôtel de ville de Niort, 1, la façade

La construction d’un nouvel hôtel de ville à Niort est évoquée à partir de 1892 par le maire, Martin Bastard. C’est l’architecte Georges Lasseron, qui venait de construire le lycée de jeunes filles Jean Macé qui est choisi avec un bâtiment de style renaissance. La première pierre est posée en 1897 par le président de la République Félix Faure et le bâtiment inauguré en 1901… Entre temps, l’équipe municipale avait changé : le monument commémorant cet événement, au premier palier du grand escalier à l’intérieur, comporte les noms des membres des deux équipes municipales… Beaucoup l’ont comparé à l’hôtel de ville de Paris (reconstruit de 1874 à 1882, le précédent avait été détruit par la commune de Paris), mais il répond surtout à une forme d’hôtels de ville très à la mode vingt à trente ans avant Niort, pas la peine d’aller à Paris, il suffit de voir ceux de Poitiers, construit entre 1869 et 1875 par Antoine Gaëtan Guérinot ou de Saint-Jean-d’Angély, construit entre 1882 et 1884 par Charles François Bunel.

Niort, l'hôtel de ville sur une carte postale ancienne La façade n’a guère changé depuis la prise de vue pour cette carte postale ancienne.

L'hôtel de ville de Niort, 2, vu depuis le bout de la rue Thiers Après de longs débats sur son implantation, il a été construit dans l’axe de la rue Thiers (légèrement montante…) et son campanile central devait cacher le clocher de l’église Notre-Dame… pas tout à fait réussi si on se place dans l’axe de la rue en partant des halles.

L'hôtel de ville de Niort, 3, le campanile Un peu mieux si on se décale un peu… Au passage, vous pouvez voir un campanile en plomb qui ressemble beaucoup à celui de Poitiers, mais sans les tigres chimères.

L'hôtel de ville de Niort, 4, le blason Georges Lasseron a dessiné tout le décor sculpté. Sur le fronton central se trouve le blason compliqué de la ville. En termes héraldiques et savants, il se lit ainsi : « D’azur semé de fleurs de lis d’or, à la tour d’argent sommée d’une autre tour du même, brochant sur le tout, crénelée, maçonnée et ajourée de sable, posée sur une rivière aussi d’argent, mouvant de la pointe ». En gros, un fond de fleurs de lys, une tour rappelant le donjon au milieu, et des vaguelettes en-dessous pour montrer la Sèvre qui coule au pied du donjon. Le blason est surmonté d’un heaume (casque de chevalier), le maire et les échevins avaient droit à la noblesse héréditaire. Enfin, il est encadré de deux sauvages, souvenir dit-on des fêtes costumées données par le duc de Berry à la fin du 14e siècle.

L'hôtel de ville de Niort, 5, les deux sauvages Voici un détail de ces deux sauvages.

Entre les fenêtres, des panneaux sculptés. J’ai fait un petit montage, d’abord à gauche de la porte centrale. Mes photographies datent du 13 juillet, les drapeaux pour la fête nationale étaient déjà de sortie…

Niort, les allégories de l'hôtel de ville, 1, industrie, commerce et beaux-arts

L’industrie est représentée par des cloches, de la céramique (assiette et pichet), une scie, un fronton de bâtiment, des engrenages, des poutres métalliques et une enclume. Le commerce, suspendu à une tête de bouc, est représentée avec un bateau à voile (avec un singe sur la cargaison), un caducée. Curieusement, pas de train, alors qu’ils sont arrivés depuis longtemps à Niort en entraînant la fermeture du port et son ravitaillement par des gabarres. Les beaux-arts sont représentés par la musique (partition, violon, lyre), la sculpture (chapiteau, médaillon, vase) et la peinture (palettes et pinceaux).

Niort, les allégories de l'hôtel de ville, 2, sciences, agriculture, instruction

Les sciences sont dominées par le ballon au centre, un livre d’astronomie ouvert, une longue vue, des foudres (symboles de l’électricité), des choses genre deux ventouses ou deux électrodes, un moule à objets allongés (balles?), un genre de boussole avec la série de lettres XYZABCDEFG, un sextant, un thermomètre. L’agriculture est symbolisée par les récoltes (blé, fruits variés dont du raisin), des instruments (fourche, pelle, panier à vanner, panier à récolte, sécateur, fléau). Pour l’instruction, on trouve des livres, un cahier avec des figures de géométrie, une tablette avec le début de l’alphabet, un profil de Marianne, une couronne végétale, une mappe-monde, une règle, un parchemin avec un dessin.

L'hôtel de ville de Niort, 6, quelques détails Voici quelques autres vues de l’hôtel de ville…

A côté se trouvent les services de la ville dans des bâtiments neufs réalisés par les architectes Jean-François Milou (auteur aussi du musée des tumulus de Bougon et de nombreuses réhabilitation à Niort) et Hervé Beaudouin (qui avait participé avec son frère à la médiathèque de Poitiers).

Niort, l'ancien musée Arthur Thaire Juste à côté, en 1936, est construit un ensemble avec le musée Arthur Thaire, la bibliothèque et une école (aujourd’hui école Michelet).

Pour en savoir plus :

– Hôtels de ville de Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen et Geneviève Renaud-Romieux, Collection Itinéraires du patrimoine, n° 208, édition et diffusion C.P.P.P.C. (Connaissance et Promotion du Patrimoine en Poitou-Charentes), 1999, ISBN : 2-905764-19-8.

Georges Lasseron 1844-1932, Un architecte au service de la Ville, par Daniel Courant, éditions du musée de Niort 1998, 109 pages, ISBN 2-911017-09-9.

Les bâtiments de Georges Lasseron à Niort (j’en parlerai ici prochainement). La plupart portent en façade sa signature et la date de construction…

  • 1891 : l’école de dessin, dit pavillon Grapelli, aujourd’hui pôle régional des métiers d’art
  • 1891 : les escaliers monumentaux de la place de la Brèche,
  • 1892 : l’immeuble de la caisse d’épargne
  • v. 1895 : un hôtel particulier dans la rue Yvers
  • 1896-1897: le lycée de jeunes filles Jean Macé (aujourd’hui musée d’Agesci)
  • 1897-1901 : l’hôtel de ville
  • 1906 : le magasin A la ménagère
  • 1908 : le Grand café
  • 1913 : bains-douches dans la rue basse
  • 1884 à 1905 : les bâtiments de l’octroi
  • 1882 à 1910 : les écoles maternelles et primaires
  • et à la Mothe-Saint-Héray, la maison des Rosières

Le rêve de pierres, tome 1, Pétra, de D. Collignon et I. Dethan

Couverture de Le rêve de pierres, tome 1, Pétra, de D. Collignon et I. Dethan

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgEn prenant le tome 1, j’avais aussi pris le tome 2 à la médiathèque… je l’ai lu, même si je n’avais pas été convaincue par le premier tome…

Le livre : Le rêve de pierres, tome 1, Pétra de Daphné Collignon (dessin) et Isabelle Dethan (scénario), collection équinoxe, éditions Vents d’ouest, 2004, 56 pages (46 planches et annexes) , ISBN 9782749300634.

L’histoire : vers 1850, sur le site archéologique de Pétra (aujourd’hui en Jordanie). Un groupe de six érudits et riches européens (dont les jumeaux Pauline et Eugène) sont venus explorer ce site rupestre hellénistico-romaine. Les accompagnateurs / guides autochtones refusent d’installer le campement car le lieu est réputé hanté. Un moyen pour eux d’obtenir plus d’argent? Mais dès la première nuit, Félix disparaît, il est retrouvé mort dans une des salles du temple… Mort naturelle? Crime? Malédiction du fantôme?

Mon avis : le scénario est tiré par les cheveux et joue sur un thème classique (la malédiction qui frapperait des archéologues / profanateurs de lieux sacrés), je n’ai pas trop aimé le graphisme. Je trouve que la forme des visages ressemble trop à celle des dessins animés japonais il y a trente ans (je n’en ai pas regardé depuis!), la tonalité trop sombre de l’ensemble (je ne vois pas où sont les couleurs chatoyantes promises sur la présentation de l’ouvrage par l’éditeur), et des vues très lointaines de Pétra… J’avoue que c’est le titre et ce site archéologique superbe qui m’ont fait emprunter cet album, mais je suis très déçue…

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les trésors de la mer rouge de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et AjarJe poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary / Émile Ajar (liste ci-dessous). Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (clic sur le logo en fin d’article pour accéder à la liste).

Le livre : Les trésors de la mer rouge de Romain Gary. Première édition en 1971 (en 1970 en articles dans France-Soir). Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 729-796), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : de Djibouti au Yemen à la fin des années 1970. Romain Gary, en narrateur et témoin, décrit Djibouti comme une terre délaissée, avec une armée française vouée à des actions humanitaires, des bataillons d’Afrique qui ressemblent à des bataillons humanitaires, un ambassadeur, Dominique Ponchardier, hanté par l’assassinat de son fils par l’OAS, des prostituées étrangères (les femmes du pays étant toutes infibulées), un fou, etc. Jusqu’au Yémen où, attendant au bord d’une route, il sera pris pour un autochtone et photographié comme tel par un Américain…

Mon avis : une série de portraits très touchants, comme celui de l’ambassadeur ou celui de l’instituteur, la description de la lutte des Afars et des Issas. Mais aussi au passage la dénonciation de pratiques comme l’infibulation, mutilation sexuelle qui touche à l’époque toutes les petites filles et qui est, à son grand désespoir, défendu par les femmes elles-mêmes (malheureusement, cette pratique recule mais existe toujours…). Des descriptions croquignolesques encore avec des tornades de sable, des invasion de crabes ou des serpents mortels qui s’insinuent partout…

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

Le monument aux pionniers de la Côte-d’Ivoire à La Rochelle

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 01, le monument vu de loin

Le monument aux pionniers de la Côte-d’Ivoire à La Rochelle se situe rue de la Noue, près des anciennes fortifications de La Rochelle.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 02, le monument vu de près Il se compose d’une stèle centrale en calcaire sur laquelle sont apposés trois médaillons en bronze, encadré de deux stèles un peu plus basses portant chacune la sculpture d’un éléphant, tête tournée vers la stèle centrale.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 03, la signature de l'architecte et des artistes Sur le côté droit du monument sont inscrits le nom des auteurs,  » Pierre Grizet / Architecte DPLG / G. Prud’homme / médaillons / L. et G. Chaumot / sculpteurs « . Pierre Grizet était l’architecte de la ville de La Rochelle, je reviendrai sur les autres plus bas, avec leurs signatures.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 04, l'éléphant de gauche Voici de plus près l’éléphant de gauche…

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 05, l'inscription de gauche … qui surmonte l’inscription  » à la mémoire de trois conquérants pacifiques / de la Côte-d’Ivoire partis de La Rochelle / Arthur Verdier, capitaine de navire, marchand / armateur, colon, résident de France à / Grand Bassam et Assinie et à ses collaborateurs « .

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 06, l'éléphant de droite Voici l’éléphant de droite…

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 07, la signature L. G. Chaumot qui porte la signature des sculpteurs, L et G. Chaumot. Il s’agit de Louis Chaumot et de son fils Georges. Georges Chaumot a aussi réalisé à La Rochelle la sculpture de Pierre Doriole dans le parc animalier.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 08, l'incription à droite En-dessous, la suite de l’inscription :  » qui moururent à la tâche / Amédée Brétignère et Marcel Treich-Laplène / ce monument a été élevé 50 ans / après les traités qui donnèrent à la France / cette belle et riche colonie « . Un monument colonial donc, inauguré en septembre 1937, qui mériterait sur place une petite explication… et au moins la mention de l’indépendance de la Côte-d’Ivoire en 1960.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 09, la carte de Côte d'Ivoire Sur la stèle centrale se trouve une carte de l’Afrique avec de petits carrés à l’emplacement de la Côté-d’Ivoire.

les pionniers de Côte d'Ivoire, 10, les trophées coloniaux Au pied de cette carte, deux masques traditionnels avec des sceptres, à la manière de trophées ou de prises de guerre avec les dates  » 1887-1937 « . Sur le projet, ils étaient prévus en bronze, ils ont finalement été réalisés en calcaire.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 11, les trois médaillons en haut de la stèle centrale Le haut de cette stèle identifie clairement le monument :  » Aux pionniers / de la Côte-d’Ivoire « , puis trois médaillons en bronze reliés entre eux et enfin… quatre noms et non trois! Soit :  » Treich Laplène / 1860-1890 / Brétignière 1856-1890 / Verdier / 1835-1898 / commandant Charles-Emmanuel Valteau / 1855*1907.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 12, date MCMXXXVII (1937) Les médaillons portent la date de leur réalisation,  » MCMXXXVII  » (1937)…

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 13, signature G. Prud'homme … et la signature du médailliste, Georges Henri Prud’homme (Capbreton, 1873 – Paris, 1947), assez connu, dont je vous ai parlé pour un médaillon de Jeanne-d’Arc à Poitiers et dont je vous reparlerai pour un monument à Vieljeux aussi à La Rochelle.

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 14, médaillon avec Treich Laplène Trois médaillons avec des portraits, donc, si on se fie aux inscriptions sur la stèle, Marcel Treich-Laplène à gauche,

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 15, médaillon avec Verdier Arthur Verdier au centre

La Rochelle, les pionniers de Côte d'Ivoire, 16, médaillon avec Brétignière et Amédée Brétignère à droite. Vous remarquerez la mode de la moustache dans les années 1880, que tous trois portent, associée à une barbe taillée en pointe pour Marcel Treich-Laplène et Amédée Brétignère.

Toutes ces photographies datent du 25 juin 2011.

Un si parfait jardin de Sofiane Hadjadj et Michel Denancé

Couverture de Un si parfait jardin de Sofiane Hadjadj et Michel Denancé pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans une sélection de livres sur les jardins …

Le livre : Un si parfait jardin de Sofiane Hadjadj (texte) et Michel Denancé (photographies), collection Collatéral, éditions Le bec en l’air, 96 pages, 40 photographies en couleur, 2007, ISBN 978-2-916073-32-3.

L’histoire : à Alger, le 21 juin 2003. un mois après un gros tremblement de terre, Naghem L., ancien élève de l’école de paysagiste de Versailles et agent de mesure et de classement des espaces verts de la ville de Paris, rentre à Alger après dix ans d’absence. Membre de Jardins sans frontière, il souhaite évaluer les dégâts du Jardin d’essais, fermé au public depuis 1997. Le directeur du jardin, Omar Belbachir, ne semble pas enchanté. Un pizzaïolo, le Dr Fahci, ancien vétérinaire du jardin, souhaite lui laver son honneur et sauver les archives et le jardin… montré dans toute sa splendeur passée qui se devine dans son abandon grâce aux photographies de Michel Denancé.

Mon avis : un petit livre qui raconte une face cachée de la colonisation, par l’implantation de ce jardin dès les années 1830, prise de possession du sol, et ses enjeux passés (pépinière et ferme modèle) et actuels. D’après le petit dossier à la fin, il a été remis en état avec l’aide de la ville de Paris et a rouvert en 2007. Mais d’après un blog apparemment non officiel, il n’a rouvert qu’en 2009. D’après ce même blog, j’ai vu que depuis sa réouverture, et à la date de février 2010, il a reçu plus de 400.000 visiteurs. Un tout petit livre à lire absolument (au jardin ou au parc?) si vous réussissez à le trouver, qui vous donnera des envies de voyage…

Le chat du rabbin de Joann Sfar

Affiche du dessin animé du chat du rabbin, de Sfar Hier soir, je suis allée au cinéma, voir le Chat du rabbin de Joann Sfar, en version 2D, la seule qui passe au TAP-Cinéma, mais de toute façon, je préfère, les lunettes 3D du cinéma, contrairement à celles du fururoscope, sont inconfortables quand on porte déjà des lunettes (au fait, mon œil a complètement dégonflé dans la journée d’hier). J’avais adoré la BD (liens en fin d’article vers mes avis).

Le dessin animé : à Alger à la fin des années 1920… Le rabbin, veuf, vit avec sa fille Zlabya et son chat près du port. Un jour, le chat croque le perroquet et acquiert la parole… Le rabbin refuse qu’il voit sa fille, le chat veut absolument faire sa bar mitsva. Les autorités française exige que le rabbin passe une dictée pour le confirmer dans sa fonction de rabbin. Un jour, le malka des lions vient lui rendre visite… et un juif russe victime des pogroms est livré au rabbin en même temps qu’une caisse de livres sacrés qu’il doit mettre à l’abri. Ce peintre russe a un objectif, retrouver un de ses compatriotes qui possède une auto-chenille Citroën rescapée de la croisière noire de 1924/1925 pour rejoindre la Jérusalem d’Afrique, en Éthiopie, où il pense trouver une grande tolérance religieuse…

Mon avis : le film est fidèle à la bande dessinée, à l’exception de l’épisode de Paris (le tome 3). J’ai adoré cette adaptation menée de main de maître par l’auteur avec une équipe de 60 dessinateurs pour la mise en mouvement de son célèbre chat. La mise en son est bien servie par la musique et la voix des acteurs, notamment François Morel pour le chat, Maurice Bénichou pour le rabbin et Hafsia Herzi pour Zlabya. Plus peut-être que dans la bande dessinée ressort la nécessité de tolérance entre les religions. J’ai beaucoup aimé!

PS : sur la croisière noire, voir le monument à Audouin-Dubreuil et l’autochenille conservée au
musée de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime!

Le chat du Rabbin, mes avis sur la bande dessinée:

  • tome 1 : la Bar-Mitsva (2002) ;
  • tome 2 : le Malka des lions (2002) ;
  • tome 3 : l’exode (2003) ;
  • tome 4 : le paradis terrestre (2005) ;
  • tome 5 : Jérusalem d’Afrique (2006).

Pour aller plus loin : le site officiel de Joann Sfar

Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire d’Edem Kodjo

Couverture de la lettre ouverte à l'Afrique cinquantenaire, de Kodjo pioche-en-bib.jpg

J’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions…

Le livre : Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire de Edem Kodjo, collection Continents noirs, éditions Gallimard, 2010, 77 pages, ISBN 978-2-07-013150-1.

L’histoire : à l’occasion des multiples fêtes du cinquantenaire des indépendances des pays africains, l’auteur s’adresse à l’Afrique et à ses dirigeants réunis pour de multiples festivités pour faire le constat d’un grand retard de ce continent par rapport aux autres pays devenus « émergents » (dont le fameux trio Brésil, Inde, Chine), dénonce l’exploitation de ses richesses par quelques dirigeants à leur profit ou à celui de quelques multinationales, et propose quelques solutions comme le développement de l’agriculture, la réorganisation du système bancaire au profit du crédit aux particuliers et aux entreprises (et non à celui des banquiers), une vraie démocratie ou la création d’une monnaie unique à l’échelle du continent.

logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010Mon avis : bien que faisant partie des livres de la rentrée littéraire 2010 (catégorie essais, donc en dehors du défi du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya), ce livre de Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo et secrétaire général de l’OUA (devenue l’Union Africaine) est presque complètement dépassé par les événements de ces derniers mois en Afrique-du-Nord ou en Côte-d’Ivoire. Certes, les coups d’État signalés pour l’année 2009 peuvent être vus comme les prémices de ce grand mouvement, et les solutions proposées pour permettre le développement économique de l’Afrique sont sans doute encore d’actualité, mais quand même, l’histoire s’est accélérée à un tel point sur ce continent qu’il faudrait une nouvelle version de ce livre… Je ne suis pas sûre d’être entièrement d’accord avec l’auteur sur le développement de l’agriculture en Afrique qui passerait par le productivisme, la mécanisation (là, d’accord), le déversement de produits chimiques (engrais et pesticides) et les OGM (ils permettent surtout aux semenciers et aux vendeurs de pesticides de s’en mettre plein les poches avec des graines impossibles à resemer d’une année sur l’autre et des produits résistants aux pesticides qui permettent d’en verser encore plus dans les champs).

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Togo.

White Material de Claire Denis

Affiche de White material de Claire Denis Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec White Material (« les choses appartenant aux Blancs ») de Claire Denis, sur un scénario co-écrit avec Marie NDiaye, avec Isabelle Huppert, Isaach de Bankolé, Christophe Lambert, etc. (pour la distribution complète, voir le site officiel du film). Depuis, j’ai aussi vu Les salauds, de la même réalisatrice.

Le film : De nos jours dans une région d’Afrique noire indéterminée, au bord du chaos. Une femme blanche, Maria (Isabelle Huppert), arrête un taxi brousse au bord d’une piste, et revient au long du trajet sur les événements des derniers jours. Dans la plantation de café Vial, des Français sont installés depuis deux générations, Maria tient bon, elle veut arriver au bout de la récolte de l’année, il ne lui reste que quelques jours… Mais le pays sombre dans le chaos, l’armée régulière veut remettre de l’ordre dans le pays en éliminant l’officier rebelle surnommé le Boxeur (Isaach de Bankolé) et nettoyer les campagnes où rodent des bandes d’enfants soldats. Les autres expatriés de la région sont rentrés chez eux, les ouvriers de la plantation fuient, elle s’entête à vouloir rester et sauver la récolte de café. Elle part au village voisin essayer de trouver de la nouvelle main-d’œuvre alors qu’elle tient à bout de bras la plantation, au four et au moulin, dirait-on, alors que les hommes de la maison (son beau-père, le vrai propriétaire, malade, son ex-mari -Christophe Lambert- et leur fils adolescent mou -Nicolas Duvauchelle) ne l’aident pas, au contraire… S’en sortira-t-elle ?

Mon avis : Un film terrible, qui aborde des questions de fond sur l’Afrique, comme les séquelles de la colonisation, sa poursuite par le contrôle des plantations (et, ce n’est pas dans le film, le pillage des ressources en matière première comme l’uranium ou d’autres métaux), l’inégalité de la répartition des richesses, la corruption, la guerre civile, les enfants soldats. Même l’albinisme est montré avec un enfant albinos aperçu furtivement dans une classe de collège : sur ce dernier sujet, voir le remarquable travail de sensibilisation et de prévention réalisé ces dernières années par Salif Keita et sa fondation au Mali, en permettant aux albinos d’être socialement acceptés et de se protéger du soleil en leur fournissant des lunettes de soleil adaptées et des crèmes solaires à fort indice. Seulement voilà, je n’ai pas vraiment aimé ce film, ses choix, notamment dans la photographie et le scénario… Finalement, je pense que je n’adhère pas aux choix de films d’Isabelle Huppert ces dernières années, et j’ai été très dérangée par son extrême maigreur, serait-elle anorexique, malade d’autre chose ou est-ce pour les besoins du film ?

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

Blaise Cendrars : Brésil, des hommes sont venus…

Couverture de Brésil, des hommes sont venus, de Blaise Cendrars, édition de Fata Morgana pioche-en-bib.jpgPour le classique du mois, j’ai choisi Blaise Cendrars, dont c’était le cinquantième anniversaire de la mort le 21 janvier… Il figure d’ailleurs à ce titre dans le recueil des célébrations nationales de 2011, sa fiche est ici, contrairement à celle de Céline, dont la fiche a été enlevée la semaine dernière (mais qui est toujours dans l’index récapitulatif, en tout cas, qui l’était encore lundi soir).

logo tour du monde en lecture Revenons à Blaise Cendrars, je vais l’inclure dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Suisse – en attendant un autre auteur suisse. De toute façon, il est bien né en 1887 en Suisse, à La Chaux-de-Fonds, avec cette nationalité, et c’est en Suisse que ce trouve le centre d’étude Blaise Cendrars. Certes, il est devenu français après la Première Guerre mondiale : engagé volontaire dans la Légion étrangère, il a perdu le bras droit au combat en Champagne, le 28 septembre 1915 (il en a d’ailleurs parlé dans plusieurs livres, en particulier du passage de droitier à gaucher…).

J’aurais pu relire Rhum, La main coupée, Bourlinguer ou L’or, mais j’ai choisi ce titre moins connu que je n’avais pas lu…

Le livre : Brésil, des hommes sont venus… de Blaise Cendrars. Première édition en 1952 à Monaco dans Documents d’art, coll. « Escales du monde », n° 6, réédité en 2010 par Gallimard, mais j’ai sorti de la médiathèque la version de Fata Morgana de 2003, qui avait réalisé une première édition en 1987, ici accompagnée d’illustrations de Tarsila do Amaral et de la majorité des commentaires qui accompagnaient les 105 photographies de Jean Manzon de la première édition de 1952, ainsi que de deux poèmes, dont le premier dédié à Saint-Paul (son ami São Paulo, qui l’avait invité au Brésil en janvier 1924, ou la ville du même nom?). L’édition de 2010 de Gallimard/Folio reprend quant à elle 40 de ces photographies.

L’histoire : le narrateur arrive au Brésil dans les années 1950 en paquebot, il aurait pu venir en avion, mais a préféré revivre l’impression des premiers arrivants… Le Brésil est-il un paradis sur terre? La lente colonisation par les Portugais (quelques milliers d’arrivants les 100 premières années), les comptoirs commerciaux, les fondations des jésuites, l’explosion des villes depuis, la forêt amazonienne sur la moitié du territoire, un portrait contrasté de ce pays…

Mon avis : j’ai bien aimé ce livre court, pour lequel les trois séjours de Blaise Cendrars à la fin des années 1920 (presque un an au total) ont dû bien l’aider. Les commentaires des photographies sont aussi intéressants que le texte principal, avec notamment une sorte de fascination devant les gratte-ciels -qu’il trouve trop petits par rapport à l’immensité du pays).

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie (clic sur le logo pour voir mon récapitulatif).