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Courir après les ombres de Sigolène Vinson

Couverture de Courir après les ombres de Sigolène Vinsonpioche-en-bib.jpgCela fait un moment que j’avais envie de lire un livre de cette collaboratrice régulière de Charlie hebdo et Causette. Le 7 janvier 2015, elle devait discuter des aspects économiques de son roman avec Bernard Maris qui avait lu le manuscrit, elle lui dédie le livre avec ce sobre  » à Bernard Maris, à son étoile « .

J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Courir après les ombres, de Sigolène Vinson, éditions Plon, 2015, 200 pages, ISBN 978-2-259-22957-9.

L’histoire : à Djibouti, de nos jours. Désabusé, Paul , fils d’un économiste devenu fou, est trader de matières premières au service de la Chine, ou plutôt de la multinationale qui l’emploie et qui cherche notamment à installer un comptoir (une base navale) permanent(e) dans la Corne de l’Afrique. Pour lui, tout s’achète, si possible à bas prix, comme ce lac qu’il lorgne en fait pour ses terres rares… Entre deux embarquements, il fouille avec Harg, un nomade éthiopien l’épave du Pingouin, où il espère retrouver un manuscrit inédit qu’Arthur Rimbaud, lui-même devenu marchand d’armes, aurait pu écrire avant d’être rapatrié en France. A l’étape suivante (à Mascate), il retrouve Mariam, une jeune pêcheuse de Djibouti, avant de rencontrer Louise, une française qui rentre au pays en cargo… Quand sa compagnie tente de faire transporter illégalement des déchets radioactifs sur son bateau, pour lui, une ligne rouge est franchie…

Mon avis : de 1981 à 1988, Sigolène Vinson a vécu une bonne partie de son enfance à Djibouti, et cela se ressent dans sa manière de décrire le désert, les gens, avec parfois des accents qui font penser à Marguerite Duras. Tous les personnages vivent l’Afrique et l’Asie, sur fond de mondialisation, il y a les spoliés, les acheteurs, et en bout de chaîne, nous, qui achetons les objets sans nous préoccuper de ce qu’ils impliquent, et en renvoyant nos poubelles nucléaires. Dans ce « monde de brutes », il reste l’espoir de la poésie, ou plutôt la folle utopie de vouloir retrouver la trace d’Arthur Rimbaud. En 200 pages, il y a quelques morts violentes (sans que l’on puisse qualifier ce roman de polar, il n’est nullement question d’enquête pour retrouver les coupables), on croise des migrants qui bravent l’hostilité de la mer avec ses requins (animaux ou passeurs), des pirates, des voyous, alors que tout semble partir à vau-l’eau, il reste les rêves, retrouver les derniers poèmes de Rimbaud ou la moto de Romain Garry, des trésors qui n’ont peut-être jamais existé mais qui donnent au trader sa force de continuer à vivre. Je vous laisse découvrir ce roman assez inclassable et qui m’a bien plu, sans doute parce qu’il sort du « formatage » actuel de bons nombres de romans.

Logo rentrée littéraire 2015Ce livre entre dans la catégorie roman pour le défi de la rentrée littéraire organisé par Hérisson.

Les trésors de la mer rouge de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et AjarJe poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary / Émile Ajar (liste ci-dessous). Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (clic sur le logo en fin d’article pour accéder à la liste).

Le livre : Les trésors de la mer rouge de Romain Gary. Première édition en 1971 (en 1970 en articles dans France-Soir). Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 729-796), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : de Djibouti au Yemen à la fin des années 1970. Romain Gary, en narrateur et témoin, décrit Djibouti comme une terre délaissée, avec une armée française vouée à des actions humanitaires, des bataillons d’Afrique qui ressemblent à des bataillons humanitaires, un ambassadeur, Dominique Ponchardier, hanté par l’assassinat de son fils par l’OAS, des prostituées étrangères (les femmes du pays étant toutes infibulées), un fou, etc. Jusqu’au Yémen où, attendant au bord d’une route, il sera pris pour un autochtone et photographié comme tel par un Américain…

Mon avis : une série de portraits très touchants, comme celui de l’ambassadeur ou celui de l’instituteur, la description de la lutte des Afars et des Issas. Mais aussi au passage la dénonciation de pratiques comme l’infibulation, mutilation sexuelle qui touche à l’époque toutes les petites filles et qui est, à son grand désespoir, défendu par les femmes elles-mêmes (malheureusement, cette pratique recule mais existe toujours…). Des descriptions croquignolesques encore avec des tornades de sable, des invasion de crabes ou des serpents mortels qui s’insinuent partout…

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.