Archives par étiquette : Notre-Dame-la-Grande

L’Ascension du Christ à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, choeur, inscriptions Rotbertus (bleu) et ascension du Christ (rouge)En ce jour de l’Ascension, j’ai choisi de rééditer un article publié l’année dernière…

Article du 31 mars 2013

Pour Pâques, j’ai choisi un sujet d’actualité… l’Ascension du Christ! Certes, le Christ ne montera au ciel que dans 40 jours (le jeudi de l’Ascension n’est pas qu’un jour férié, l’occasion d’un week-end en viaduc pour certains, quoique, dans un état laïque, on se demande pourquoi ce n-ième jour férié chrétien). Pâques, c’est le « top départ » pour cette histoire, donc je l’ai choisi pour aujourd’hui. On le trouve dans le déambulatoire de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, sur le chapiteau à droite de l’absidiole d’axe, au bout de la flèche rouge au second plan sur la photo ci-contre… Il s’agit d’un chapiteau roman repeint au 19e siècle…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, vue de faceDésolée pour les photographies pas très claires, mais l’intérieur de cette église est très sombre… Sur la face principale, le Christ, avec son nimbe cruciforme, se tient debout dans une mandorle, il bénit de la main droite et tient le Livre (la Bible) dans sa main gauche.

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, les deux petites facesLa mandorle est portée par des anges, d’autres anges se tenant sur les petits côtés…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, inscription ME FEA droite du dé se lit, difficilement, sous la peinture, ME FE. Il s’agit très probablement de ME FECIT (m’a fait ou m’a fait faire) que l’on trouve dans un certain nombre d’églises précédé d’un prénom, comme dans « Gofridus me fecit » (Geoffroy m’a fait ou m’a fait faire, à voir sur cet article consacré au chapiteau de l’Enfance de Jésus dans l’église Saint-Pierre à Chauvigny). Ici, si prénom il y a, il est complètement masqué par les couches de peinture…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, chapiteau du choeur, inscription RotbertusIl existe dans Notre-Dame-la-Grande, en revanche, un prénom inscrit sur le dé du chapiteau nord-est du rond-point du chœur (au bout de la flèche bleue sur la première photographie de cet article): ROTBERTUS, impossible de savoir s’il s’agit d’un commanditaire ou d’un sculpteur. C’est un prénom assez courant, que l’on trouve aussi dans l’église de Thézac en Charente-Maritime. Ces prénoms vous rappellent peut-être aussi inscriptions Hugo le trésorier et Aleacis sur le chevet de l’église Saint-Hilaire-le-Grand également à Poitiers.

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Poitiers, des étudiants stupides attaquent Notre-Dame-la-Grande à l’éosine

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande le 12 septembre 2013, éclaboussée à l'éosine lancée par des étudiants en médecineLes soirées étudiantes, à Poitiers comme ailleurs, sont parfois arrosées et peuvent se terminer par des actions stupides (revoir les étudiants de l’école de commerce qui s’en étaient pris à des voitures en stationnement au printemps 2012). Depuis, un groupe de prévention avec des maraudes d’associations mises en place par la mairie le jeudi soir est censé avoir réglé le problème, mais les trottoirs souillés témoignent toujours le vendredi matin de soirées trop arrosées.

Cette fois, c’est mercredi soir (11 septembre 2013) qu’un groupe d’étudiants en médecine, qui fêtaient apparemment leur passage de deuxième en troisième année, n’a rien trouvé de mieux que de se livrer une bataille avec des pistolets à eau chargés d’éosine sur le parvis de Notre-Dame-la-Grande. Parmi les dégâts collatéraux, le dallage, que les services de la mairie ont nettoyé toute la matinée d’hier jeudi, les façades des commerces sur la place, de l’office de tourisme du département et surtout de Notre-Dame-la-Grande. Ils ont finalement été stoppés dans leur action par la police appelée par les riverains (voir le reportage sur France 3, l’enquête est en cours pour trouver les responsables). Cette fois, la ville de Poitiers a enfin compris qu’il ne fallait pas passer un monument au kärcher (revoir le malheureux monument aux morts de 1870-1871 qui a perdu sa patine avec la presse qui en parle, le début de la restauration, restauré), elle a porté plainte et l’architecte des bâtiments de France est saisi pour trouver la meilleure méthode de nettoyage… qui risque de représenter une jolie petite somme (entreprise spécialisée en monuments historiques pour la façade et peut-être une maison à pans de bois voisine, plus le salaire des employés municipaux qui ont nettoyé la place et les pavés une bonne partie de la journée de jeudi). Les visiteurs des journées européennes du patrimoine, ce week-end, pourront donc « admirer » cette déco rose dont on se serait bien passé!

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande taguée au marqueur, photographie du 17 mars 2013Il y a quelques mois déjà, la même façade (et beaucoup d’autres en ville, une nuit du samedi au dimanche, 16-17 mars 2013), avait été taguée au marqueur avec des slogans « politiques ».

Revoir mes précédents articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers…

La façade occidentale

  À l’intérieur

et aussi…

 

Défi photo: et si l’homme s’arrêtait…

Metz, Cyrille André, 3, au jardin des plantes, grand homme noir deboutJ’ai « séché » le  de la semaine dernière de Monique / Bidouillette / Tibilisfil, du coup, après on va faire des vagues, je passe directement à « et si l’homme s’arrêtait »… Dans le même style qu’elle nous propose en introduction au thème, il y a les hommes bien campés de Cyrille André à Metz l’année dernière, revoir la série complète ici

Poitiers, façade occidentale de Notre-Dame-la-Grande, lutte de l'ancienne et de la nouvelle loiOn traverse la France d’est en ouest… pour revenir à Poitiers, direction Notre-Dame-la-Grande avec cet élément sculpté de la façade que je ne vous ai pas encore montré… Deux hommes luttent et se neutralisent (s’arrêtent mutuellement), la lutte de l’ancienne et de la nouvelle loi ou une accolade amicale? Ils se trouvent juste en dessous de Joseph contemplant Jésus enfant (en bas à droite de la Nativité et Jésus au bain).

Miroir de l'ancien théâtre de Poitiers, 09, la critiqueEt voici le critique qui,, immobile (arrêté!), observe le spectacle qui se déroule sur le grand miroir de Pansart dans l’ancien théâtre, mais il n’est plus visible, non seulement l’ancien théâtre est fermé (voir une parodie de concertation), mais en plus, la mairie a fait poser de l’occultant sur les vitres, histoire que plus personne ne regarde à l’intérieur!

Euh, après, je n’ai pas trop d’idées, sur ce thème…

La fileuse de la façade de Notre-Dame-la-Grande

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, vue générale de la scène Il y a quelques mois que je vous ai montré la scène de la Visitation sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, mais je n’avais pas attiré votre attention sur les gestes des femmes…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 1, la suivante d'Elisabeth A gauche, il faut regarder la suivante d’Élisabeth de plus près…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 1, la suivante d'Elisabeth, détail de la quenouille Et oui, vous ne rêvez pas, comme Ève sur la voûte de l’église de Saint-Savin dans la Vienne (à voir ici, sur le panneau 6, en attendant que je vous la montre peut-être un jour…), la suivante tient une quenouille à la main et file, même si la main fracturée ne permet pas de voir le geste de la main.

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 3, la suivante de Marie La suivante de Marie, quant à elle, tout à droite de la scène,…

Poitiers, la Visitation de Notre-Dame-la Grande, 4, la suivante de Marie, geste de la main … fait un curieux geste de sa main gauche, joignant le pouce et le majeur. Au passage, j’attire à nouveau votre attention sur les manches démesurément large de ces dames… pas très pratique pour un travail manuel…

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Une mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la-Grande (Poitiers)

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 1, vue générale Amis fidèles lecteurs, cela fait longtemps que je ne vous ai pas emmenés à Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (voir en fin d’article les articles que j’ai publiés sur le sujet). Aujourd’hui, nous entrons à l’intérieur, dans la chapelle Sainte-Anne ou chapelle du Fou, la dernière sur la droite quand on regarde vers le chœur. Cette chapelle a été construite en 1475 pour la famille du sénéchal du Poitou Yvon du Fou. Sous l’enfeu se trouve depuis 1802 une très belle mise au tombeau en bois polychrome, qui porte au dos de l’un des personnages la date de 1555. L’artiste n’est pas connu, mais l’œuvre avait été commandée par Renée d’Amboise pour être offerte à l’abbaye poitevine de la Trinité, aujourd’hui détruite. Elle se trouvait à l’emplacement de l’actuelle maison diocésaine (pas très loin de l’abbaye Sainte-Croix, devenue le musée du même nom). Le groupe sculpté comptait à l’origine deux autres personnages.

Le Christ est déposé dans le tombeau dans son linceul tenu par Joseph d’Arimathie (à la tête) et Nicodème (aux pieds), derrière le tombeau se tiennent, de gauche à droite, une sainte femme, saint Jean qui soutient la Vierge et une autre sainte femme (cet épisode est rapporté dans les Évangiles: Jean 19, 38-42 ; Luc 23, 50-56 ; Marc 15, 42-47 ; Matthieu 27, 57-61). Cette représentation est très semblable aux autres connues pour la même époque (dans les cathédrales de Reims et de d’Auch, dans l’église abbatiale de Moissac, dans l’église Saint-Denis à Amboise par exemple). Sur le socle est inscrite la devise « IN TE DOMINE SPERAVI NON COFUNDAR IN ETERNOM ».

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 2, le Christ

Le Christ est tout juste descendu de la croix, mais regardez ses mains, surtout la droite, il a l’air déjà très décharné…

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 3, l'homme à gauche A la tête du Christ, Joseph d’Arimathie est vêtu d’un riche manteau, avec une bourse à la ceinture. Barbu, il a les traits tirés…

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 4, sainte femme, st Jean et Vierge

Juste derrière le Christ se trouvent dans l’ordre une sainte femme, saint Jean (avec des traits très féminins, je trouve, et un geste tendre) et la Vierge. Les deux femmes portent une guimpe (qui entoure la tête de manière assez serrée) et un voile par-dessus.

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 5, sainte femme et Nicodème à droite Voici enfin un détail de la seconde sainte femme et de Nicodème.

Notre-Dame-la-Grande

La façade occidentale

Un peu de lecture :
– pas cher et pratique à emporter pour une visite sur place, paru à l’occasion de la fin des travaux de restauration de la façade, un Itinéraire du patrimoine, n° 85, dirigé par Yves-Jean Riou, La collégiale Notre-Dame-la-Grande, éditions Connaissance et promotion du patrimoine de Poitou-Charentes (CPPPC), 1995.
– beaucoup plus cher, très illustré, sous la direction de Claude Andrault-Schmitt et Marie-Thérèse Camus, Notre-Dame-la-Grande, l’œuvre romane, éditions Picard, CESCM, 2002.

Défi photo de Bidouillette, endroit/envers

Poitiers, le 21 juin 2011, 14, le funambule sur la tête Pour cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous a proposé de photographier le bon roi Dagobert… endroit/envers… J’ai cherché en vain un panneau de chantier à l’envers, pourtant, Monsieur Echo, de Centre Presse, nous en a montré un joli il y a peu… J’aurais aussi pu sortir des photographies anciennes, comme celle-ci tirée du superbe spectacle de funambule par la compagnie DAVASI et toute la série dans le diaporama ici… photographies prises lors de la ré-ouverture de la place d’Armes à Poitiers le 21 juin 2011…

Mais foin de triche, le principe, c’est de prendre son appareil photographie (avec les batteries chargées, de la place sur la carte mémoire etc.) et de sortir! Direction donc les églises du plateau de Poitiers, pour de nouvelles photographies bien cadrées sur le thème…Vous trouverez aussi dans cet autre article l’interprétation du même défi tout en reflets par mon ami Jac

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 1, saint Pierre sur le grand vitrail de la cathédrale Je file d’abord à la cathédrale avec une idée bien précise en tête, prendre la crucifixion de saint Pierre sur la maîtresse vitre (le grand vitrail central derrière le chœur) datée des environs de 1162… (juste à la transition art roman / art gothique, une commande d’Alienor d’Aquitaine et de Henri II, roi d’Angleterre) Et oui, saint Pierre a été crucifié tête en bas, je vous ai déjà montré une scène similaire, à peine plus anciennes, sur la façade romane de l’église Saint-Pierre à Aulnay en Charente-Maritime… Bon, il faudra vraiment que je fasse un article complet sur cette grande verrière, ce n’est ici qu’une petite partie de ce chef-d’œuvre… pas facile à prendre en photographie avec un petit appareil photo (enfin, un appareil compact assez puissant, mais pas assez pour cela).

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 2, métopes de Saint-Hilaire Juste derrière chez moi, sur les métopes du chevet de l’église Saint-Hilaire, des lions se demandent où est l’endroit et l’envers… La queue est passée entre les pattes, reviens sur le corps et est avalée par la tête complètement retournée vers l’arrière… (pour un petit schéma expliquant le vocabulaire, voir Corniche, modillons, métopes, chapiteaux sur un chevet roman).

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 3, arcatures nord de la façade de Notre-Dame-la-Grande Mais l’art roman comme l’art gothique sont des arts de la contorsion, aiment jouer avec l’endroit et l’envers… Petit passage par la façade de Notre-Dame-la-Grande. Je vous promets, c’est une nouvelle photographie, même si je passe plusieurs fois par jour devant… J’ai choisi deux oiseaux complètement emmêlés, sur l’arcature aveugle sud de la façade occidentale (à droite, copie d’après l’original)…

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 4, animaux sur des modillons du baptistère Les animaux du baptistère Saint-Jean, eux aussi romans, se contorsionnent quant à eux sur les modillons (ces pierres qui portent la corniche et dont l’extrémité visible est souvent sculptée). Celui du haut est dans une position très classique à cette époque, le corps dans un sens et la tête retournée dans l’autre… Celui du bas est beaucoup plus rare, il a les pattes collées au plafond… Endroit? Envers?

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 5, des modillons avec acrobates dans deux églises gothiques On saute environ un siècle, et nous voici en haut dans la nef de la cathédrale et en bas, dans celle de l’église Sainte-Radegonde. Désolée pour les photos, ces modillons sont placés trop haut pour mon flash… Le sculpteur (« gothique ») a repris un thème déjà abondamment utilisé à l’époque « romane » précédente, celui des acrobates et des contorsionnsites…

Défi photo, endroit/envers, Poitiers,6, les singes du portail de Sainte-Radegonde A Sainte-Radegonde, il y a aussi les petits singes monstrueux plus récents (du 15e siècle) qui dansent dans tous les sens sur le portail… Je n’ai pas résisté à reprendre une autre photographie, pour celles plus détaillées, suivez le lien précédent…

Il y a encore, tant pour l’art roman que pour l’art gothique, les anges qui ne savent souvent pas où sont l’endroit et l’envers… Pour l’illustrer, j’ai plongé dans mes archives et non en ville…

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la mort d'Hilaire, 1, vu de face

D’abord avec cette photographie que je vous ai déjà montrée sur le chapiteau dit de la mort d’Hilaire dans l’église qui porte son nom… En haut à droite et à gauche, les anges portent son âme (le petit homme nu) libérée de son corps mortel allongé sur le lit…

Défi photo endroit enveres, ange de la Couldre à Parthenay Et sur la façade occidentale de Notre-Dame de la Couldre à Parthenay (une série de photographies prises il y a une dizaine de jours, que je n’ai pas encore triée), l’archange tête en bas vient annoncer à Marie qu’elle porte en elle l’Enfant Jésus… Une représentation de l’Annonciation assez différente de celle que je vous ai montrée sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande ou sur la partie droite du portail Saint-Michel à Poitiers.

Une plaque de la rue Montgautier à Poitiers avant et après correction Et pour terminer, hors sujet, mais comme je suis passée juste à côté… La plaque de la rue Montgau(l)tier, qui avait été reposée avec un L en trop à un bout (mais était correcte à l’autre bout, voir par le lien précédent) a été reposée avec la correction faite… En haut avant, en novembre dernier, en bas fin février 2012… Ils auraient pu mettre une plaque aux mêmes dimensions ou reboucher les trous des chevilles de la plaque précédente (à côté des angles entourés en rouge), cela ne fait pas un travail très propre, mais au moins, la rue a le même nom avec la même orthographe que l’on arrive par la grand’rue (où la plaque est en majuscules) ou par la rue de la cathédrale (la nouvelle plaque)…

La Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, la Nativité et le bain du Christ

J’avais publié cet article pour la première fois pour noël 2008, avec des photographies prises avec mon ancien appareil photographique. Je le reprends aujourd’hui avec de meilleures photographies et des vues de détail.

Cette scène de Nativité se trouve sur la façade de  à Poitiers, elle est encadrée à gauche par la Visitation et à droite par Joseph contemplant Jésus enfant (j’ai aussi actualisé les photographies de ces deux articles). En Poitou-Charentes, il existe une seule autre scène sur ce thème, sur la chapelle Saint-Laurent à Montmorillon. Sur un chapiteau de l’église Saint-Hilaire de Poitiers, on trouve également Marie alitée et le bain de Jésus, mais sans la crèche. Ici, nous avons deux scènes, la Nativité à proprement dit et le bain de l’enfant.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, vue d'ensemble Je commence par la scène de la Nativité. Marie, tout juste accouchée, est allongée sur un riche lit et présente (la main gauche ouverte vers lui) le petit Jésus qui vient de naître.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, Marie alitée

Voici de plus près Marie. Elle est couchée dans un lit en bois avec des pieds en bois tournés, dont on voit bien le décor. Le linge de lit est très riche, on distingue très bien les plis du drap de dessous et de celui de dessus. L’oreiller semble bien douillet aussi, remarquez au passage le bras droit ramené sous la tête, doigts légèrement fléchis. Marie est vêtue d’une chemise à manches serrées, sans doute une chainse (chemise de dessous), à comparer aux larges manches de la scène de l’Annonciation. Ses cheveux sont recouverts d’un voile, mais une mèche dépasse légèrement au-dessus de son œil droit.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, Jésus dans son berceau

L’enfant Jésus (reconnaissable à son nimbe cruciforme, l’auréole autour de sa tête avec une croix) est emmailloté très serré, les langes maintenus par une sangle qui semble tressée. Il repose non pas dans une mangeoire (crèche) mais dans un berceau en vannerie. Au-dessus de lui, on peut voir le bœuf (dont la patte avant gauche pend dans le berceau) et l’âne. Un mobilier bien riche donc par rapport à la pauvreté présumée (et clamée dans la Bible et répétée par l’Église ces jours-ci) de la Sainte-Famille… Mais bon, nous sommes à l’époque romane, et l’artiste est libre…

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, le bain de l'Enfant À droite de la Nativité, le bain de l’Enfant, qui est une scène apocryphe, c’est-à-dire pas dans les quatre Évangiles officiels, enfin, reconnus par l’Église pour être plus exacte, racontée par exemple dans le proto-évangile de Jacques, qui narre l’enfance de Jésus, ou, dans une version un peu différente, dans l’évangile du Pseudo-Mathieu. Jésus est baigné dans un baquet dont la forme rappelle celle du calice, dont la partie haute semble être décorée de pierreries. Attention, il ne faut pas confondre cette scène avec le baptême du Christ, qui lui est administré à l’âge adulte. Ici, nous sommes juste après la naissance, donc après l’annonce aux bergers mais sans doute avant l’adoration des mages. Deux femmes, interprétées souvent comme des sages-femmes, aux genoux fléchis, encadrent le baquet en maintenant Jésus. Cette scène se trouve sur de nombreuses icônes de l’église orthodoxe. Je vous propose d’aller voir une de ces icônes sur un site consacré aux icônes grecques. Elle vient du monastère de l’Annonciation de l’île de Patmos.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, détail du bain de l'Enfant

Voyons de plus près la sage-femme de gauche. Elle a une robe à larges manches relevées jusqu’au-dessus du coude (elle veut sans doute éviter de se mouiller), maintenue à la taille par une ceinture plate, d’un modèle très différent donc de la cordelette qui retient la robe de Marie dans la scène de l’Annonciation. Elle tourne la tête non pas vers le bébé, mais vers la mère alitée dans la scène voisine. [PS: la pauvre a été utilisée pour une publicité poitevine dans le métro parisien…].

Façade de Notre-Dame-la Grande à Poitiers, la Nativité et le bain de l'Enfant

Je vous mets une photo avec une petite flèche pour retrouver la scène si vous passez par là… Juste à côté du bain de l’enfant, à droite, retrouvez Joseph n’en revient pas.

Un peu d’histoire, même si je reparlerai de cette église : mentionnée au Xe siècle, l’église Notre-Dame-la-Grande est construite en partie sur des fondations romaines et conserve sur son élévation nord un mur qui pourrait dater entre l’Antiquité tardive et l’époque carolingienne… Elle a été reconstruite et consacrée en 1086 par Eudes de Châtillon, le futur pape . Il s’agissait alors d’une collégiale (avec un chapître de chanoines). Il faudra que je vous montre le reste de la façade et l’intérieur…

Un peu de lecture :
– pas cher et pratique à emporter pour une visite sur place, paru

L’Annonciation, façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'Annonciation, vue générale de la scène

J’ai déjà édité cet article le 29 mars 2009 (juste après la date de l’Annonciation, le 25 mars), mais je n’avais mis qu’une mauvaise photographie faite avec mon ancien appareil photo. J’ai donc repris une vue générale et des photographies de détail, que je vous montre aujourd’hui avant de poursuivre avec le texte de mon précédent article.

Cette Annonciation à Marie par l’archange Gabriel de sa grossesse se trouve sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande (voir la dernière image de cet article pour sa localisation). Sur la gauche de cette scène quand on regarde la façade se trouvent quatre prophètes et sur la droite, l’arbre de Jessé. Sous les pieds de Marie se trouve une sirène (un triton plutôt), pour lequel j’ai aussi mis une nouvelle photographie (ainsi que pour les deux éléphants affrontés).

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'Annonciation, détail de l'archange gabriel L’ange est un peu plus petit que Marie (question de hiérarchie)… du coup, le sculpteur a eu la place de mettre des petites plantes sous ses pieds. Alors que Marie est représentée de face, l’archange est lui sculpté de trois quarts, vêtu d’une longue robe (sa manche gauche tire-bouchonne), les deux bras tendus vers Marie.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, inscription MARIA sur l'AnnonciationEntre les têtes de l’ange et de Marie est gravée et peinte l’inscription « MARIA ».

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, la Vierge de l'AnnonciationCette dernière est vêtue d’un riche vêtement et c’est une des figures de cette façade qui a conservé le plus de vestiges de polychromie.Vous remarquerez le plissé du bas de sa robe, on aperçoit aussi son long vêtement de dessous, non plissé, qui dépasse légèrement en bas et ses chaussures pointues en appui sur la petite moulure…

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, la Vierge de l'Annonciation, détail du vêtement Voici de plus près le détail de son vêtement. Sa robe de dessus a de larges manches suivant la mode romane (à voir aussi dans l’exposition, en ligne sur cette page, ou sur l’un des lieux où elle circule, plus d’information sur le site la Région Poitou-Charentes / service de l’inventaire général du patrimoine culturel), avec un col en V richement orné. De ce col dépasse celui de sa chemise de dessous (la chainse). La robe est maintenue par une ceinture composée d’une cordelette fermée par un nœud plat. Notez au passage ses deux longues tresses qui lui reviennent sur l’épaule droite. Pour avoir une idée de la reconstitution des couleurs, depuis 1995 et la restauration de la façade sont projetées chaque soir d’été et des vacances de noël sur la façade des images colorisées par Skerzo.

Retrouvez le thème de l’Annonciation (Luc 1, 26-38) : à Chauvigny sur un chapiteau du choeur de l’église Saint-Pierre ; à Poitiers, sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande.

[suite de l’article du 29 mars 2009]

L’Annonciation… Et oui, noël est dans neuf mois, elle a eu de la chance, Marie, l’archange Gabriel lui aurait ainsi annoncé la naissance à venir de Jésus dès le jour de sa conception… Euh, non, je n’ai pas du bien comprendre, pas de préservatif (oups ! En plus, ils n’étaient que fiancés, Joseph et Marie, alors… ), mais pas de conception… au sens charnel ! Pas d’Immaculée Conception non plus en dehors des catholiques (pour les orthodoxes et les protestants, cette notion n’existe pas…). Quant au pêché du monde (le pêché originel, c’est à l’extrême gauche de la façade) qui aurait ainsi été lavé… parce qu’elle est vierge et enceinte, c’est une question de théologie, contactez donc un prêtre ou lisez un catéchisme pour vous faire expliquer la question. Si nous ne voulons pas que ceux-ci se mêlent de notre vie privée ou de science (oui, l’évolution des espèces est un fait scientifiquement prouvé, et non, Mgr André Fort, évêque d’Orléans, les préservatifs ne sont pas poreux au virus du SIDA), alors ne nous mêlons pas de théologie. Je vous propose quand même de (re)lire la bible (dans quelle traduction ? À vous de choisir), par exemple Luc, 1, 26-38 pour l’Annonciation.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, flèche à l'emplacement de l'Annonciation Un peu d’histoire, même si je reparlerai de cette église : mentionnée au 10e siècle, l’église Notre-Dame-la-Grande est construite en partie sur des fondations romaines et conserve sur son élévation nord un mur qui pourrait dater entre l’Antiquité tardive et l’époque carolingienne… Elle a été reconstruite et consacrée en 1086 par Eudes de Châtillon, le futur pape . Il s’agissait alors d’une collégiale (avec un chapitre de chanoines). Il faudra que je vous montre le reste de la façade et l’intérieur…

Un peu de lecture :
– pas cher et pratique à emporter pour une visite sur place, paru à l’occasion de la fin des travaux de restauration de la façade, un Itinéraire du patrimoine, n° 85, dirigé par Yves-Jean Riou, La collégiale Notre-Dame-la-Grande, éditions Connaissance et promotion du patrimoine de Poitou-Charentes (CPPPC), 1995.
– beaucoup plus cher, très illustré, sous la direction de Claude Andrault-Schmitt et Marie-Thérèse Camus, Notre-Dame-la-Grande, l’œuvre romane, éditions Picard, CESCM, 2002.

Et retournez lire mes articles consacrés à cette église – collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, petit joyau de l’art roman :

Tétramorphe de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, la mandorle avec le Chirst et le tétramorphe. Cet article est une réédition augmentée de mon article d’avril 2009, publié à l’occasion de la saint Marc, mais avec des photographies de détail, j’ai joué les touristes à Poitiers en juillet 2011… et repris un peu le texte.

Dans la mandorle (le décor en forme d’amande qui entoure un personnage saint, le Christ, parfois la Vierge) tout en haut du pignon de la façade occidentale de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Tout en haut se trouvent soleil et la lune, dont j’ai aussi mis à jour l’article avec de nouvelles photographies (je ne le réédite pas, suivez le lien)…

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 1, le Christ au centre Au centre mais légèrement décalé vers la gauche par rapport à l’axe de la mandorle se trouve le Christ. Il a perdu sa tête mais est reconnaissable à son nimbe cruciforme (le disque avec une croix qui entoure sa tête). Il est représenté debout, les pieds nus pointes vers l’extérieur. Il porte le Livre (la Bible) dans sa main gauche. Quand le Christ est ainsi représenté dans une mandorle, on parle aussi de Christ en gloire ou en majesté (qu’il soit debout comme ici ou assis sur son trône). Il est ici encadré par le symbole des évangélistes.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 3, le lion de Marc en bas à gauche Marc est souvent symbolisé par un animal, vous ne voyez pas ? Pensez à Venise… Ça y est, en bas à gauche, le lion… Le lion est ici représenté avec des ailes, comme un griffon. Pourquoi le lion ? Pourquoi quatre êtres ailés associés, qui forment le tétramorphe, soit le lion, le taureau/bœuf, l’aigle et l’homme ? Ils apparaissent une première fois dans l’Ancien Testament, dans les visions du prophète Ézéchiel. Puis dans l’Apocalypse de Jean (IV, 6-8) :  » Devant le trône, on dirait une mer, aussi transparente que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui, se tiennent quatre Vivants, constellés d’yeux par-devant et par-derrière. Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme. Le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d’yeux tout autour et en dedans « .

Le tétramorphe donc symbolise les quatre évangélistes : un lion pour Marc. Ils ont tous la tête entourée d’une auréole, symbole de leur sainteté, et ont tous ici un livre, l’Évangile dont ils sont chacun l’auteur… Il est ici entre les pattes du lion.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 2, l'ange de Matthieu en haut à gauche … Un homme ou un ange pour Matthieu, ici en haut à gauche. il est ici représenté en buste, les mains serrées sur le ventre et maintenant le Livre ouvert. Il émerge des flots.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 4, l'aigle de Jean, en haut à droite …Un aigle pour Jean. Sous ses pattes se trouve un livre.  Il se trouve en haut à droite.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 5, le boeuf de Luc, en bas à droite … un taureau ou un bœuf pour Luc,lui aussi ailé, et avec le livre sous sa patte avant gauche. Il est représenté en bas à droite de la mandorle.

Façade de la collégiale Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, position du Christ en gloire Cette figuration est fréquente sur les tympans des églises romanes. Problème en Poitou, il y a très peu de tympans romans… La sculpture est portée sur les voussures (arcs des portails composés de claveaux), sur les modillons (pierres souvent sculptées qui supportent la corniche), sur les chapiteaux, parfois envahit la façade comme ici à Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Le tétramorphe a donc été mis au sommet du pignon… où il est difficile à distinguer, et très abîmé. La flèche vise le lion de saint Marc.

Et retournez lire mes articles consacrés à cette église, petit joyau de l’art roman :

Notre-Dame-la-Grande

La façade occidentale

Les apôtres, un pape et un évêque (Poitiers, Notre-Dame-la-Grande)

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 1, position sur la façade Aujourd’hui, nous retournons voir l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Je vous ai déjà assez abondamment illustré le rez-de-chaussée de la façade (voir les liens en fin d’article) et le Christ encadré du Tétramorphe avec le soleil et la lune dans la mandorle tout en haut. Aujourd’hui, je vous montre le deuxième niveau, partagé en deux registres. Je vous ai déjà montré une partie de la sculpture des chapiteaux ( ici et ), je vous détaille aujourd’hui quelques statues qui sont dans les arcatures. Elles représentent les douze apôtres, un évêque et un pape, répartis sur deux rangées. Tous ont la tête encadrée d’une auréole qui marque leur sainteté (je vous rassure, pas de neige à Poitiers aujourd’hui, c’est une vieille photo que j’ai utilisée…)

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 2, en haut à gauche, pape, apôtre, Pierre Les six  personnages du haut sont représentés debout, de face, les pieds légèrement écartés. Voici d’abord les trois du côté nord (à gauche)…

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 3, en haut à droite, apôtres et évêque … et les trois du côté sud.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 4, quatre apôtres en bas à gauche Les huit du bas assis. On commence par le côté nord…

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 5, quatre apôtres en bas à droite …et le côté sud.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 6, saint Pierre Le pape et l’évêque sont chaussés, les apôtres, pieds nus. L’identification des douze apôtres (ce que l’on appelle le collège apostolique) n’est pas facile, d’autant plus qu’une partie des têtes et des attributs qu’ils tenaient dans les mains a disparu. Saint Pierre se reconnaît quand même facilement aux deux clefs (du Royaume des Cieux, voir Matthieu, 16, 18-19)

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 7, détail des clefs de saint Pierre …qu’il porte dans la main gauche alors qu’il bénit les passants de la main droite. Il est situé à la droite du Christ de la mandorle, pour le spectateur, le troisième en partant de la gauche dans la rangée du haut.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 8, un pape Le pape est situé en haut à gauche.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 9, détail de la tête et de la crosse du pape Il se reconnaît à sa crosse et à la tiare (coiffe sur la tête). Il est situé vers la droite du Christ et de saint Pierre, donc dans une position hiérarchiquement plus élevée que l’évêque.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 10, un évêque À l’opposé, en haut à droite, se tient un évêque.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 11, détail des vêtements de l'évêque Il est vêtu de ses vêtements liturgiques : une chemise assez serrée, que l’on aperçoit derrière le col carré de son aube, une chasuble recouverte du pallium (pièce de tissu en T, brodé et orné d’une croix à la rencontre des bords du T, portée pendant la célébration de la messe par le pape, les primats, les archevêques et quelques évêques auxquels le pape donne ce privilège) et une étole (attribut du prêtre par excellence, pas celle que vous portez pour faire joli!) portée sous la chasuble et dont les bords sont richement décorés.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 12, chasuble, pallium et étole Voici un rapide schéma pour vous aider à distinguer ces éléments sur la photographie précédente. Sa position est proche de celle du pape : il tient une crosse de la main gauche et semble bénir de sa main droite aujourd’hui fracturée.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, les apôtres, 13, sandales et étole de l'évêque Aux pieds, il porte des sandales liturgiques à lanière. On les distingue à peu près sur ce détail, admirez au passage le décor de l’étole…

Le message est donc le suivant : Dieu et le Christ transmettent leur pouvoir à saint Pierre et aux autres apôtres, qui à leur tour le transmettent au pape, successeur de saint Pierre, de qui les évêques tiennent leur légitimité. Ni le pape, ni l’évêque ne sont clairement identifiés, le message se veut universel. Mais les donateurs ont peut-être pensé à , le pape qui prêcha la première croisade (lors de sa tournée de propagande en 1096, il inaugura, oups, consacra les autels majeurs de nombreuses églises en France, dont l’autel majeur de l’ à Poitiers ou celui de ), et à son ami alors évêque de Poitiers de 1087 à 1115, Pierre II. Avant d’être le pape Urbain II, Eudes de Châtillon, prieur de Cluny, avait inauguré en 1086 l’autel majeur de Notre-Dame-la-Grande. La façade actuelle fut construite lors d’un agrandissement de la nef de deux travées vers l’ouest, 30 à 40 ans plus tard. Dès sa mort en 1099, le pape Urbain II avait été considéré comme un saint. Quant à Pierre II, sa sainteté est elle aussi souvent soulignée dans les textes. Il eut à plusieurs reprises maille à partir avec Guillaume le Troubadour (1071-1126), comte de Poitiers sous le nom de Guillaume VII et duc d’Aquitaine sous celui de Guillaume IX (c’est le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine, plusieurs fois excommunié par Urbain II pour sa vie dissolue que l’on peut percevoir à travers certains de ses poèmes qui nous sont parvenus). D’autres hypothèses ont été émises pour l’évêque, saint Hilaire (premier évêque de Poitiers), saint Martin (fondateur de l’abbaye de Ligugé à la demande du précédent, et enterré à Tours), saint martial, Guillaume Gilbert ou encore Gilbert de la Porée (mais là, côté dates, c’est un peu tiré par les cheveux, il fut évêque de Poitiers en 1142, après la construction de la façade…).

Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, Collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Beaucoup plus cher, très illustré, sous la direction de Claude Andrault-Schmitt et Marie-Thérèse Camus, Notre-Dame-la-Grande, l’œuvre romane, éditions Picard, CESCM, 2002.

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La façade occidentale