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Le puits de mon âme de CHOI In-Seok

Couverture de Le puits de mon âme de Choi In Seok pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi une sélection de livres en bout de rayons.

Le livre : Le puits de mon âme de CHOI In-Seok, traduit du coréen par Ko Kwang-dan et Éric Bidet, collection Regards croisés, éditions de l’Aube, 2007, 200 pages, ISBN 978-2-7526-0232-9.

L’histoire : trois nouvelles d’une soixantaine de pages. Le rivage du monde se passe à la campagne, vers 1990. Un couple, Chae-yeong et Yeong-su, se marie en grande pompe quand surviennent deux amis d’université de l’époux, Han Cheol-gyu et Li Gyeong-man. Ils ne se sont pas vus depuis huit ans et l’université. A l’issue de la soirée, au lieu de faire le voyage de noces prévu de longue date, Chae-yeong suit ses anciens amis, au grand désespoir de sa femme, surtout que cela tourne à la beuverie dans une chambre salle… Quel lien unit ces trois hommes?

Sous le pont du monde se passe dans une salle d’attente déserte où deux hommes attendent en buvant de l’alcool un bus qui n’arrive pas. D’un côté, un homme qui recherche l’homme qui l’a aidé après la mort de ses parents, grâce à qui il a pu aller à l’université, mais qui ensuite a fait 15 ans de prison pour espionnage. De l’autre, un soldat qui doute. Témoin de Jéhova, objecteur de conscience, il a été malmené physiquement et psychologiquement jusqu’à ce qu’il accepte de porter une arme et de devenir lui-même instructeur… Jusqu’au jour où s’est à son tour de soumettre un témoin de Jéhova par les mêmes méthodes…

Le puits de mon âme se passe dans une prison, huit hommes dans une cellule recréent une micro-société, travaux forcés à l’extérieur de la prison, trafics en tout genre et homosexualité (interdite et potentiellement sévèrement réprimée) à l’intérieur de la cellule.

Mon avis : j’ai moins aimé la troisième nouvelle, mais toutes les trois montrent une société coréenne (du Sud) marquée par la guerre avec le Nord, sans qu’elle soit vraiment mentionnée, la chasse aux dissidents (même pour quelques tracts) qui justifie la torture, la guerre qui justifie également la brutalité bestiale pour soumettre les objecteurs de conscience, quitte à ce qu’ils en meurent, une société qui se recrée en prison… jusqu’à pousser un des co-détenus au suicide. Une découverte surprenante pour moi, loin de l’image d’une Corée où la technologie triomphe, les enfants sont soumis à une forte pression pour réussir leurs études, tout en se défoulant aux jeux vidéos (cf. un reportage sur France 2 en ce début d’année 2011)… Certes, ces nouvelles se passent plutôt il y a une vingtaine d’années, mais quel décalage!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Corée-du-Nord.

Maus (tome 2) de Spiegelman

Couverture du tome 2 de maus, de Spiegelman pioche-en-bib.jpgDepuis le début, cette bande dessinée figure en tête du classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. J’ai donc emprunté les deux tomes à la médiathèque, je vous ai parlé du tome 1 : mon père saigne l’histoire, voici aujourd’hui le tome 2. L’année prochaine, fin janvier 2012, Art Spiegelman, grand prix 2011, présidera le festival d’Angoulême. Maus a d’ailleurs reçu le prix Alfred du meilleur album étranger pour le tome 1 au festival d’Angoulême de 1988 et en 1993 l’Alph-Art du meilleur album étranger pour le tome 2 (également prix Pulitzer spécial en 1992).

Le livre : Maus, un survivant raconte, tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé (De Mauschwitz aux Catskill et au-delà) de Art Spiegelman (scénario et dessin), traduit de l’anglais par Judith Ertel, éditions Flammarion,1992, 136 pages, ISBN 2-08-066618-5.

L’histoire : 1944. Vladek et Anja pensent avoir réussi à mettre à l’abri Richieu, leur petit garçon, avant d’être envoyés en déportation à Auschwitz (rebaptisé Mauschwitz). Hommes et femmes sont envoyés dans des camps différents, mais ils réussissent à s’entrevoir de temps à autre. Par ses connaissances et sa volonté de survie, Vladek réussit plus ou moins à se planquer dans des tâches moins dures. En parallèle, quelques planches s’insèrent et montrent la collecte du témoignage de son père part Art, dans les années 1970 et 80. Son père est malade, mais cela n’empêche pas Art d’exploser quand il apprend que son père a détruit le journal écrit pendant la guerre par sa mère, qui s’est suicidée en 1968.

Mon avis : un témoignage encore plus fort que le premier tome. D’autant plus par l’implication de Art Spiegelman, né après les camps, un peu le remplaçant de son frère mort, dépressif (à 18 ans, il sortait d’un hôpital psychiatrique lors du suicide de sa mère). Pour lui, écrire et dessiner Auschwitz (et dire ses difficultés de le faire dans les planches intercalées) est à la fois un devoir de mémoire et une manière de reconstruire son histoire familiale et de mieux vivre dans le présent. L’emploi des animaux (corps humain et tête animale) rend ce récit toujours plus fort. Sans long discours, on a vu dans le tome 1 des juifs (souris) participants aux rafles aux côtés des nazis. On en voit aussi dans l’encadrement des prisonniers à Auschwitz. De nouveaux animaux apparaissent ici, les grenouilles pour les Français, les chiens pour les Américains, des bombyx pour les Roms, des poissons pour les Anglais, etc. Ce code permet aussi de montrer du métissage, une souris au pelage de félin pour un enfant né d’une juive et d’un Allemand. À lire absolument, et pas seulement pour un devoir de mémoire…

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Une autre époque de Alain Claude Sulzer

Couverture de Une autre époque de Alain Claude Sulzer pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans la sélection des nouveautés.

Le livre : Une autre époque de Alain Claude Sulzer, traduit de l’allemand par Johannes Honigmann, éditions Jacqueline Chambon, 2011, 266 pages, ISBN 978-2-7427-9502-4(il est paru depuis en livre de poche).

L’histoire : quelque part en Suisse vers 2000, en Suisse et à Paris en 1970 et de 1948 à 1954. Le narrateur se rappelle des faits qui se sont passés il y a 30 ans. Alors qu’il avait 17 ans, il voit un détail qui lui avait échappé sur la photographie de son père qui est dans sa chambre, il porte une montre dont il réussit à déchiffrer le modèle. Or son père est un mystère, il a appris à 7 ans que l’homme qui l’a élevé n’est que le second époux de sa mère, qui s’est remariée quand il avait trois ans, son père Emil est mort quelques semaines après sa maison. Des années plus tard, il apprend qu’il s’agissait d’un suicide par médicament, mais il n’en sait guère plus sur lui. Un horloger lui donne des renseignements sur la montre, sa mère, Veronika, lui dit qu’elle ne l’a plus, qu’elle l’a donnée le jour de l’enterrement à André, parrain du narrateur, ami de son père, qui n’a jamais donné de nouvelles depuis ce jour là. Il fugue, prend de l’argent sur un compte qui contient des cadeaux faits par son grand-père paternel, direction Paris, à la recherche d’André et d’informations sur son père…

Mon avis : une autre époque, celle où les homosexuels pouvaient être internés à l’adolescence pour « corriger leurs penchants pervers », où ils pouvaient épouser une femme par convention sociale (ça existe toujours…)… Aujourd’hui encore, le taux de suicide des jeunes homosexuels est très supérieur à celui des jeunes (hommes ou femmes) hétérosexuels du même âge. Un très beau récit, qui peu à peu glisse de 1970 dans les années 1950. Vraiment, une écriture tout en finesse, très ciselée, un sujet pas facile très bien servi par ce beau texte.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Suisse (germanophone, pour faire le pendant de la Suisse francophone avec Brésil, des hommes sont venus… de Blaise Cendrars).

Blast t. 2, l’apocalypse selon saint Jacky, de Manu Larcenet

Couverture de Blast t. 2, l'apocalypse selon saint Jacky, de Manu Larcenet livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comÀ l’occasion de la dernière opération de masse critique spéciale bande dessinée proposée par Babelio, j’ai reçu le tome 2 de Blast de Manu Larcenet. J’ai donc d’abord sorti le tome 1 grasse carcasse de la médiathèque… mais vous en parlerai plus tard! Je vous parle donc aujourd’hui du tome 2 (voir aussi les tome 3 : la tête la première, et 4 : pourvu que les bouddhistes se trompent).

Le livre : Blast, tome 2, l’apocalypse selon saint Jacky de Manu Larcenet (scénario et dessin), éditions Dargaud, 2011, 204 pages, ISBN 9782205067590.

L’histoire : dans un commissariat il y a quelques années (les policiers fument dans le bureau…). Polza Mancini est toujours en garde à vue. Ancien écrivain (de livres de cuisine), clochard (par choix), obèse, il a été interné six fois ces dernières années. Les policiers veulent comprendre pourquoi et comment Carole Oudinot a été battue (à mort, mais ils ont pour consigne de ne pas lui apprendre le décès de la victime). Mais Polza a décidé de raconter à sa manière, lente, par des détours. De blast en blast, c’est-à-dire de flash en flash. Il en est donc à l’arrivée de l’automne, il va devoir quitter la forêt où il vit et se rapprocher de la ville pour ne pas avoir froid… Il passe ainsi de maison abandonnée à maison fermée qu’il fracture. Jusqu’à sa rencontre avec Saint Jacky, un vieux clochard qui commence par lui taper dessus, puis par le reconnaître à la couverture d’un de ses livres… Car Jacky est un clochard cultivé, qui lit beaucoup (pas que des livres de cuisine). Mais aussi un dealer, jusqu’où emmènera-t-il Polza? Jusqu’à l’Apocalypse promise dans le titre de l’album?

Mon avis : un album surtout en noir et blanc, avec quelques planches qui ont des explosions de couleur lors des « blasts ». Un dessin qui se libère de la contrainte des cases, beaucoup de dessins en pleine page. La série est annoncée en 5 tomes, plus de mille planches, cela laisse de la place pour étudier les personnages, les laisser se développer. Une histoire noire, très noire, nous en sommes à 24 heures de la garde à vue, un des flics s’énerve déjà et donne un coup de boule au suspect… au risque de le voir se refermer… Au-delà du polar est abordé le problème des maladies psychiatriques chez les clochards, le personnage principal est obèse, boit trop, a des flashs, mais aussi s’auto-mutile, a fait des séjours en hôpital psychiatrique sans jamais être soigné, même pas vraiment pris en charge. Une sorte de roman dessiné très fort, très différent des autres bandes dessinées, et même des autres albums que j’ai lus de Manu Larcenet…

Manu Larcenet

Le combat ordinaire

Blast

Manu Larcenet et Daniel Casanave

  • Crevaisons (Une aventure rocambolesque du Soldat inconnu, tome 5)

Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet

Le retour à la terre

 

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Le navigateur endormi de Abilio Estévez

Couverture de Le navigateur endormi de Abilio Estévez logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans la sélection des nouveautés.

Le livre : Le navigateur endormi de Abilio Estévez, traduit de l’espagnol (Cuba) par Alice Seelow, éditions Grasset, 2010, 488 pages, ISBN 978-2246749813.

L’histoire : sur une plage à l’ouest de La Havane (Cuba), en 1977, dans l’attente du cyclone Katherine. Dans un vieux bungalow (enfin, avec une salle de bain, où la vache est enfermée dans l’attente du cyclone), héritée d’un médecin américain, la famille Godínez se barricade en espérant que le cyclone ne sera pas trop violent. Trois générations vont vivre enfermés ensembles mais chacun de son côté cette nuit d’attente: les grands-parents (quatre-vingts-ans passés), les parents, la bonne de 90 ans, la fille de la bonne, les petits-enfants. Dans le calme avant la tempête, le jeune Jafet prend le large à bord du Mayflower, une méchante barque (barque et vaches étant détenus clandestinement et formellement interdits à Cuba), direction plein nord, la liberté aux États-Unis. Dans cette attente, chacun revit sa vie et celle des siens, y compris une partie de la famille partie aux États-Unis et une autre en France, l’esclavage, la guerre, la dictature de Batista, la révolution, etc. Tout de Cuba des années 1890 à 1977… et aussi de la vie intime des personnages (jusqu’aux diarrhées hémorragiques du grand-père, héritées de sa mère…)

Mon avis : « Le Proust des Caraïbes », dit Qué Leer sur la couverture… Je dirais roman fleuve et ch…t comme certains Proust! Si je ne l’avais pas sélectionné car entrant dans deux défis… je l’aurais sans doute abandonné vers la page 100. Je l’ai lu en entier, mais avoue avoir passé quelques pages ici et là… et renouvelé mon emprunt à la médiathèque pour arriver au bout. Je sais, il y a des fans de Proust… et de ce livre d’Estevez. Mais je ne suis pas entrée dans cette histoire immobile face à la mer en attendant l’arrivée d’un cyclone et en passant en revue l’histoire de Cuba et des habitants de ce bungalow (en vrai bois bien solide… c’est suffisamment répété…).

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Maus (tome 1) de Spiegelman

Couverture du tome 1 de maus, de Spiegelman pioche-en-bib.jpgDepuis le début, cette bande dessinée figure en tête du classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. J’ai donc emprunté les deux tomes à la médiathèque, je vous parle aujourd’hui du tome 1, et bientôt du tome 2. L’année prochaine, fin janvier 2012, Art Spiegelman, grand prix 2011, présidera le festival d’Angoulême. Maus a d’ailleurs reçu le prix Alfred du meilleur album étranger pour le tome 1 au festival d’Angoulême de 1988 et en 1993 l’Alph-Art du meilleur album étranger pour le tome 2 (également prix Pulitzer spécial en 1992). Ces deux tomes ont aujourd’hui rassemblés dans un seul gros album, mais je les ai lu dans la première édition, donc le tome 1 aujourd’hui, et le tome 2 dans quelques semaines.

Le livre : Maus, un survivant raconte, tome 1 : mon père saigne l’histoire de Art Spiegelman (scénario et dessin), traduit de l’anglais par Judith Ertel, éditions Flammarion,1987 (réimpression 1994), 159 pages, pas d’ISBN.

L’histoire : aux États-Unis dans les années 1970. Un fils va interviewer son père rescapé du génocide de la Seconde Guerre mondiale. Retour dans la Pologne des années 1930, Vladek vient d’épouser Anja, ils ont une vie plutôt aisée, un bébé, Richieu, naît. Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, leur vie devient de plus en plus difficile de 1939 à 1944, ils sont regroupés dans des quartiers juifs, transformés en ghetto, spoliés de leurs biens, puis du droit à travailler… avant de partir un à un vers les camps de concentration.

Mon avis : un témoignage fort, qu’Art Spiegelman semble avoir eu du mal à tirer de son père… L’utilisation du noir et blanc et des animaux (enfin, des hybrides, corps humains et tête d’animal) rend le récit encore plus pognant… Les Juifs sont des souris (Maus), les Polonais des porcs, les Allemands des chats, etc. Un témoignage à lire absolument pour ne pas oublier…

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Sincères condoléances de Erling Jepsen

Couverture de Sincères condoléances de Erling Jepsen pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans les nouvelles acquisitions…

Le livre : Sincères condoléances de Erling Jepsen, traduit du danois par Caroline Berg, éditions Sabine Wespieser, 328 pages, 2011, ISBN 978-2848050942.

L’histoire : dans le sud du Jutland au Danemark en 2003 (l’année n’est pas citée dans le livre, mais le Danemark vient de s’engager dans la guerre en Irak). Allan, la quarantaine, regarde la télé quand sa tante vient lui apprendre la mort de son père deux jours plus tôt. Son père (et sa mère) qu’il n’a pas revus depuis 9 ans, son père le lui ayant interdit suite à la parution de livres autobiographiques qui ont raconté les horreurs faites par ce père, le laitier et épicier du village, à son fils Allan et à sa fille Sanne, qui n’ont donc plus revu leurs parents depuis tout ce temps. Seul l’aîné, Asger, les fréquente encore. Aller à l’enterrement? Il n’en est pas question. Mais Allan demande à sa femme, Charlotte, de s’assurer auprès des pompes funèbres locales qu’il est bien mort, et il envoie finalement des fleurs avec ce simple mot, « Sincères condoléances ». Mot que sa mère Margrethe trouve au moment de faire les remerciements, et qui lui passe un coup de fil pour qu’il vienne la voir… Ce qu’il finit par faire, accompagné de sa sœur Sanne, qui reste traumatisée par ce qu’elle a vécu. Après cette première visite, Allan va y retourner avec sa femme et Frida, sa fille. Mais alors qu’elle sont reparties et lui resté, les angoisses de l’enfance remontent chez Allan, le passé est reconstruit par la mère, ainsi que les neuf dernières années et la dernière semaine du père…

Mon avis : un livre qui aborde avec humour un sujet difficile (et que l’auteur a semble-t-il déjà abordé dans son premier roman du point de vue du même Allan, alors âgé de onze ans, dans L’Art de pleurer en chœur). Ce n’est pas que le comportement du père qui est dénoncé, mais aussi celui de la mère qui, pour ne pas voir ce qui se passait sur le canapé du salon entre son mari et sa fille, s’enfermait dans sa chambre. Ou celui de celle-ci lorsqu’elle se venge sur son mari, vieillissant, en le maltraitant (on hésite quand même, dans la scène de la douche où elle le lave brutalement puis l’abandonne pour qu’il remonte seul l’escalier de la cave où est la douche, à compatir, le père ayant tout fait pour avoir besoin de ce sérieux lavage). Les conséquences des écrits à succès d’Allan, qui ont détourné les voisins du laitier… Et la position ambivalente d’Allan, il hait son père, mais est choqué quand il découvre à l’hôpital qu’il a été hospitalisé de multiples fois et sans doute victime de maltraitance. Merci aux bibliothécaires d’avoir acheté ce livre et de l’avoir mis en valeur, ce qui m’a permis de le découvrir à mon tour… et de partager cette lecture avec vous!

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The tree of life de Terrence Malick

Affiche de The tree of life de Terrence Malick Samedi soir, je suis allée au cinéma, j’ai hésité entre le gamin au vélo des frères Dardenne au TAP cinéma et the tre of life de Terrence Malick au CGR du centre-ville de Poitiers (en VO, la VF passe au complexe extérieur où je ne vais jamais, et je ne saurais pas allée voir la VF). J’ai opté sur ce dernier, même si les conditions au CGR ne sont pas bonnes… Ici, dans les moments calmes et presque silencieux, nous entendions très fort le film d’action de la salle d’à côté. Inadmissible, et le maire voudrait que le TAP loue ici des salles d’art et essai? Il y aura des travaux d’insonorisation? Et pourra-t-on voir le film, rien que le film (sans les 15 minutes de publicité avant) et tout le film (avec le générique jusqu’à la fin dans le noir, cette fois, ils ont fait un effort, on a pu lire jusqu’au début de la musique)? Bon, revenons au film, qui a reçu hier la palme d’or à Cannes.

Le scénario : à New-York aujourd’hui mais surtout dans une riche banlieue du Texas des années 1950 aux années 1970, environ. Dans son gratte-ciel de bureaux, Jack, un homme d’âge mûr, se souvient de la mort de son petit frère à l’âge de 19 ans (donc environ 40 ans plus tôt) et de leur enfance. Jusqu’à l’arrivée de ses deux petits frères, Jack était LE fils bien-aimé de ses parents et surtout de sa mère, Mrs O’Brien Jessica Chastain. Puis il doit partager cet amour avec ses deux petits frères. Leur père (Brad Pitt), qui aurait voulu être musicien (il joue du piano à la maison et de l’orgue à l’église), fait tout pour réussir dans la vie et pense aider ses fils à affronter la vie en les élevant à la dure (interdiction de parler à table, de claquer la porte, diverses corvées, etc.).

Mon avis : je n’ai pas aimé! Il m’arrive rarement d’avoir une opinion aussi tranchée, mais c’est comme ça… L’omniprésence de Dieu et de l’Église (même si elle est protestante) m’a gênée puis agacée. La citation du livre de Job en ouverture, la petite flamme entre chaque partie du film, les paroles de la mère ou du fils à Dieu, le bénédicité, la bougie, etc., trop, c’est trop… Je comprends que certains puissent apprécier le film. Car certes, il y a de très belles images, avec un passage un peu trop long sur les quatre éléments et de beaux tourbillons (pas de la vie): des nuées d’oiseaux, des volutes s’échappant d’un volcan, de la mer, de la lave, de la voie lactée, etc. Une belle rivière, de beaux arbres, un peu répétitifs. Je n’ai pas compris l’arrivée des dinosaures ni le champ de tournesol sur fond de Requiem… Et une histoire qui ne m’a pas vraiment marquée, si cela se passe bien au Texas, voir les noirs juste pour un barbecue de bienfaisance à la sortie de la messe dominicale ne permet pas de rendre compte de la ségrégation qui était si importante à ce moment là… Bon, la danse hongroise de Smetana me trotte encore dans la tête, je l’ai remise hier matin…

Lulu femme nue tome 2 de Davodeau

Couverture du tome 2 de Lulu femme nue de Davodeau pioche-en-bib.jpgEn faisant le récapitulatif des livres d’Étienne Davodeau lors de sa venue à Poitiers, j’avais vu que j’avais oublié de vous parler du tome 2 de Lulu femme nue (je vous avais parlé du tome 1). Emprunté, comme la plupart des BD, à la médiathèque. [Depuis, j’ai aussi vu l’adaptation au cinéma, Lulu femme nue, de Sólveig Anspach].

Le livre : Lulu femme nue tome 2 d’Étienne Davodeau (scénario, dessin et couleurs), éditions Futuropolis, 2010, 80 pages, 9782754801034.

L’histoire : de nos jours, quelque part en France, à deux heures de voiture de la côte atlantique… dans un petit village. Morgane, la fille aînée de Lulu, attablée en terrasse avec les amis de Lulu réunis pour une veillée funèbre, continue de raconter ce qui est arrivé à sa mère, dont on comprend très vite qu’elle est rentrée. Aux Sables-d’Olonne [maintenant que je viens d’y aller cet automne, j’ai reconnu la ville où Lulu erre!], Lulu a quitté Charles, son camping et ses frères, mais continue à errer sur la plage, elle ne veut toujours pas rentrée. À court d’argent, elle tente de voler une vieille dame, Marthe, au distributeur de billets… Prise de remords, elle lui rend son sac… et se fait inviter à manger chez Marthe. Le début d’une brève mais belle relation entre les deux femmes…

Mon avis : à part l’ambiance de la veillée funèbre (on comprend très vite que ce n’est pas Lulu qui est morte), j’ai beaucoup aimé ce second tome. Le père qui perd pied avec ses enfants, Morgane qui gère ses frère et sœur, montrent s’il en est besoin que certains hommes se reposent trop sur leur femme pour les tâches du quotidien, lui ne sachant rien faire d’autre que sortir une bière du frigo… Avoir vu les Sables-d’Olonne récemment m’a permis de mieux savourer l’errance de Lulu.

Pour découvrir l’auteur : voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche…En plus de ce site, vous pouvez aller voir le blog de la série Lulu femme nue, blog devenu inactif, la série étant terminée. Il semble aussi y avoir un film en vue, avec un tournage prévu à l’automne 2011, voir sur cet autre site

Pour rappel, je vous ai parlé de nombreux albums d’Étienne Davodeau

de Kris et Davodeau

et de Davodeau et Joub

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Poetry de Lee Chang-dong

Affiche de Poetry de Lee Chang-dong Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec Poetry de Lee Chang-dong, qui avait reçu le prix du scénario à Cannes en 2010.

Le film : Dans une petite ville de la province du Gyeonggi, pas très loin de Séoul, de nos jours. Une collégienne s’est suicidée en se jetant d’un pont dans le fleuve Han. Cette jeune fille était élève dans la même classe que le petit-fils de Mija, 65 ans, une mamie un peu excentrique, qui soigne son apparence (une belle collection de robes à fleurs et de chapeaux…), mais doit travailler comme aide-ménagère d’un vieux monsieur qui a eu une attaque cérébrale pour réussir à vivre… Sur le parking de la clinique où elle vient de consulter pour un mal à l’épaule et des trous de mémoire (qui s’avéreront être un début de maladie d’Alzheimer), elle croise l’ambulance qui a amené le corps de la collégienne et sa mère en pleine détresse… À l’arrêt de bus, elle a vu une petite annonce pour des cours de poésie à la maison de la culture, elle décide de s’y inscrire et reçoit comme exercice d’écrire, pour la première fois de sa vie, un poème. Elle assiste aussi à des lectures de poésie dans une sorte de café-poésie… Mais voilà, au milieu de cette harmonie, son petit-fils lui mène la vie rude, vautré devant la télé ou derrière son ordinateur, exigeant pour les repas, recevant très tard une bande de copains. Et voilà qu’elle reçoit la visite du père d’un de ces copains… Dans son journal intime, la collégienne dénonce les viols depuis des mois par six de ses camarades. Les cinq autres pères ont décidé d’acheter le silence de la mère en lui proposant 30 millions de wons (soit 21 000 euros, d’après ce que j’ai lu sur certains sites) pour la convaincre de ne pas porter plainte, avec la complicité du directeur du collège. Comment Mija trouvera-t-elle 5 millions de wons ? Et au fait, où est passée sa fille, mère du garçon coupable à laquelle elle n’annonce même pas le comportement de son fils ?

Mon avis : Je n’étais pas allée voir ce film lors de sa sortie, même s’il avait une bonne critique et reçu le prix du scénario lors du dernier festival de Cannes, j’avais peur que ce soit un film trop dur (les films de Corée du Sud le sont parfois…). Le vrai choc entre le sordide de la situation et Mija qui part en rêveries poétiques quand la réalité semble trop difficile à supporter. Cette grand-mère est vraiment bien sympathique avec ses « belles » tenues, la maladie d’Alzheimer débutante est abordée avec pudeur. Mais que dire de la place des enfants et la relation des parents face à leur enfant roi en Corée, prêts à acheter le silence du proviseur et de la mère de la victime et pourquoi pas la police plutôt qu’à faire comprendre à leurs fils la gravité des faits qu’ils ont commis, pour ne pas compromettre leur avenir… Un très beau film, plein de poésie dans la tragédie…

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :