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Boyhood de Richard Linklater

Affiche de Boyhood de Richard LinklaterIl faisait lourd hier après-midi, et il y a la clim’ au cinéma, curieusement au cinéma commercial (ouf, quand même en VO), encore une bizarrerie de l’accord de programmation entre CGR et les salles d’art et essais, le TAP cinéma  et le Dietrich… Moins de 10 spectateurs dans la salle, il y aurait sans doute eu un public plus nombreux dans une salle adaptée à ce type de film, curieux choix du distributeur et de CGR, vraiment. Je suis allée voir à 17h30 Boyhood de Richard Linklater, ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin 2014, et à la sortie, il faisait limité frais, avec de grosses flaques au sol, orage ou simple averse?

Le film: de 2002 à 2013 à Houston au Texas. Mason Jr (Ellar Coltrane) a 6 ans, vit avec sa mère Olivia (Patricia Arquette), sa sœur ainée Samantha (Lorelei Linklater). Son père, Mason Senior (Ethan Hawke), musicien et immature, est absent. Très vite ils se séparent, la mère reprend des études, tombe amoureuse d’un prof’, ils se marient, découvrent une grande maison, les deux enfants du beau-père, qui boit trop, finit par battre sa femme, nouveau déménagement, nouveaux amis, le père de plus en plus présent… et ainsi de suite jusqu’à l’entrée à la fac!

Mon avis: c’est vraiment une bonne idée d’avoir filmé les acteurs chaque année pendant 12 ans (3 jours de tournage à chaque fois), beaucoup plus original que d’avoir pris différents acteurs qui auraient marqué chaque âge de la vie de cette famille ou les habituels grimages et autres des adultes. Du coup, on a une impression fluide du temps qui passe! Ce n’est pas un documentaire, mais bien un film de fiction, qui aborde aussi la famille recomposée, le rôle du « père d’un week-end », de l’autorité parentale du beau-père (avait-il le droit de couper ras les cheveux longs de son beau-fils sans l’accord de la mère), de la femme battue, de l’apaisement des relations du père et de la mère avec le temps. Quelques scènes sont assez drôles, quand les beaux-grands-parents (euh, ça se dit comme ça?) côté paternel offre à Mason pour ses 15 ans une bible (« avec les paroles de Jésus en rouge pour mieux les repérer) et un fusil de famille, alors que Mason s’intéresse à la photographie. En dehors du scénario, c’est un tour de force d’avoir pu garder pendant 12 ans les quatre acteurs principaux (d’autres apparaissent, disparaissent au fil des ans), surtout les deux enfants, j’imagine qu’une fois devenus presque adultes, ça ne devait peut-être plus être leur priorité dans la vie! Presque trois heures de film, mais avec une relance à chaque nouvelle année, un enfant puis un adolescent qui s’adapte tant bien que mal à ses nouveaux environnements, amis et conjoints de la mère et du père, des personnalités et des situations qui se renouvellent chaque année. J’ai beaucoup aimé!

The tree of life de Terrence Malick

Affiche de The tree of life de Terrence Malick Samedi soir, je suis allée au cinéma, j’ai hésité entre le gamin au vélo des frères Dardenne au TAP cinéma et the tre of life de Terrence Malick au CGR du centre-ville de Poitiers (en VO, la VF passe au complexe extérieur où je ne vais jamais, et je ne saurais pas allée voir la VF). J’ai opté sur ce dernier, même si les conditions au CGR ne sont pas bonnes… Ici, dans les moments calmes et presque silencieux, nous entendions très fort le film d’action de la salle d’à côté. Inadmissible, et le maire voudrait que le TAP loue ici des salles d’art et essai? Il y aura des travaux d’insonorisation? Et pourra-t-on voir le film, rien que le film (sans les 15 minutes de publicité avant) et tout le film (avec le générique jusqu’à la fin dans le noir, cette fois, ils ont fait un effort, on a pu lire jusqu’au début de la musique)? Bon, revenons au film, qui a reçu hier la palme d’or à Cannes.

Le scénario : à New-York aujourd’hui mais surtout dans une riche banlieue du Texas des années 1950 aux années 1970, environ. Dans son gratte-ciel de bureaux, Jack, un homme d’âge mûr, se souvient de la mort de son petit frère à l’âge de 19 ans (donc environ 40 ans plus tôt) et de leur enfance. Jusqu’à l’arrivée de ses deux petits frères, Jack était LE fils bien-aimé de ses parents et surtout de sa mère, Mrs O’Brien Jessica Chastain. Puis il doit partager cet amour avec ses deux petits frères. Leur père (Brad Pitt), qui aurait voulu être musicien (il joue du piano à la maison et de l’orgue à l’église), fait tout pour réussir dans la vie et pense aider ses fils à affronter la vie en les élevant à la dure (interdiction de parler à table, de claquer la porte, diverses corvées, etc.).

Mon avis : je n’ai pas aimé! Il m’arrive rarement d’avoir une opinion aussi tranchée, mais c’est comme ça… L’omniprésence de Dieu et de l’Église (même si elle est protestante) m’a gênée puis agacée. La citation du livre de Job en ouverture, la petite flamme entre chaque partie du film, les paroles de la mère ou du fils à Dieu, le bénédicité, la bougie, etc., trop, c’est trop… Je comprends que certains puissent apprécier le film. Car certes, il y a de très belles images, avec un passage un peu trop long sur les quatre éléments et de beaux tourbillons (pas de la vie): des nuées d’oiseaux, des volutes s’échappant d’un volcan, de la mer, de la lave, de la voie lactée, etc. Une belle rivière, de beaux arbres, un peu répétitifs. Je n’ai pas compris l’arrivée des dinosaures ni le champ de tournesol sur fond de Requiem… Et une histoire qui ne m’a pas vraiment marquée, si cela se passe bien au Texas, voir les noirs juste pour un barbecue de bienfaisance à la sortie de la messe dominicale ne permet pas de rendre compte de la ségrégation qui était si importante à ce moment là… Bon, la danse hongroise de Smetana me trotte encore dans la tête, je l’ai remise hier matin…