Archives de catégorie : Poitiers, chroniques

Poitiers, la ville où je vis depuis 1992, son patrimoine et au quotidien…

Les anciens théâtres de Poitiers

Poitiers, la façade du TAP cinéma (ancien théâtre) Depuis l’ouverture du théâtre auditorium de Poitiers (TAP) en 2008, le sort de l’ancien théâtre est en suspens. La ville voudrait bien le vendre à un promoteur immobilier, quitte à sacrifier le cinéma d’art et essai en le reléguant dans des salles partagées et louées dans le cinéma commercial voisin. Poitiers est l’une des salles d’art et essai à une seule salle qui accueille le plus de spectateurs en France, et ces spectateurs dont je suis sont fermement décidés à défendre cette spécificité. un multi-salle d’art et essais, oui, mélangé avec un gestionnaire de salles commerciales, sans les débats, sans le respect des œuvres et du générique, non. Par ailleurs, le grand décor en verre églomisé (une sorte de grand miroir sur lequel sont posées, au dos, des feuilles d’or et d’argent) créé par Robert Pansart en 1954 est remarquable et mériterait une protection au titre des monuments historiques, ainsi que tente de le faire reconnaître notamment Daniel Clauzier, guide-conférencier de la ville. Un groupe facebook a aussi été créé pour la défense de l’ancien théâtre de Poitiers. Mais je vous reparlerai de ces verres églomisés quand j’aurai réussi à faire des photographies correctes de cette œuvre, pas facile, entre les reflets et autres obstacles (suivre le dernier lien…)…

Poitiers, le premier théâtre, la façade, carte postale de Robuchon En attendant, je vous propose une visite des façades du théâtre précédent, élevé sur la place d’Armes (pardon, son nom officiel est la place Leclerc, mais personne à Poitiers ne l’appelle ainsi…), à partir d’une série de cartes postales anciennes. Le premier théâtre fut construit en 1819, sur un projet de Vétault fils et de Zacharie Galland. Ici, la façade sur la place, sur une vue de Jules Robuchon, donc entre 1898 et 1922.

Le premier théâtre de Poitiers, 02, carte postale ancienne, façade sur la rue de la Marne À peu près à la même époque, la façade sur la rue de la Marne, où se trouvait l’entrée…

Le premier théâtre de Poitiers, 03, carte postale ancienne, façade sur la rue de la Marne Une autre vue, surtout pour la tenue des passants et le marché aux fleurs qui se tenait ce jour là…

Le premier théâtre de Poitiers, 04, carte postale ancienne colorisée, façade sur la place Retournons sur la place, avec une vue colorisée… Les Poitevins reconnaîtront les bistrots, mais bien sûr pas le tramway (devenu après guerre un trolley bus).

Poitiers, place d'armes, au fond, les anciennes galeries et l'ancien théâtre Encore une vue qui montre aussi les galeries qui ont été incendiées en 1961 et remplacées en 1963 par la hideuse façade du magasin le Printemps, mais c’est aussi une autre histoire dont je vous reparlerai.

Le premier théâtre de Poitiers, 06, carte postale ancienne, vue aérienne avec le théâtre et les galeries Le théâtre est reconstruit en 1954 par l’architecte Édouard Lardillier (architecte de nombreuses salles de spectacles et cinéma, voir cet article sur un blog spécialisé dans le cinéma), avec une forme en arrondi qui reprend les dimensions du bâtiment précédent. Cette vue aérienne, où l’on voit le nouveau théâtre et les anciennes galeries, a donc été prise entre 1954 et 1961.

Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la place Cette vue de la façade doit dater de peu de temps après la construction du théâtre, puisque l’on y voit encore les caténaires du tramway / trolley-bus… Trolley ici…

Place d'Armes à Poitiers, tramway devant l'ancien théâtre et les anciennes galeries… mais plus tôt (c’est encore le théâtre précédent) bien un tramway, avec les rails.

Pour en savoir plus :
Grégory Vouhé, Théâtre de Poitiers, pour Pansart et LardillierL’Actualité Poitou-Charentes, n° 97, juillet 2012, p. 25.

Daniel Clauzier et Laurent Prysmicki, Poitiers. Le théâtre municipal, une salle de spectacle du milieu du XXe siècleBulletin monumental, tome 172-1, 2014, p. 65-68.

Sur les différents cinémas de Poitiers au fil du temps: voir l’article de Laurent Comar.

PS : voir le blog du Comité de défense de l’ancien théâtre de Poitiers, avec de très belles photographies de Laurent Prysmicki.

La tour Aymar de Beaupuy à Poitiers, quartier de Pont Achard

Poitiers, le quartier de Pont Achard, la tour Aymar de Beaupuy sur une carte postale ancienneL’ancien bourg de Saint-Hilaire et la porte du Pont Achard, au-dessus de la Boivre au sud de Poitiers, étaient défendus par divers ouvrages fortifiés. L’une des tours, au nord du pont, dite tour Aymar de Beaupuy, est toujours conservée. Je vous la montre ici sur une carte postale ancienne…

Poitiers, le quartier de Pont Achard, la tour Aymar de Beaupuy de l'autre côté du chemin de fer … car elle est aujourd’hui située dans une propriété privée, et la seule façon de la voir est de franchir le pont (qui passe désormais sur la Boivre et les voies de chemin de fer) et de la voir de loin… Si vous prenez le train de Paris vers Bordeaux (ou La Rochelle) cet été, vous pouvez l’apercevoir fugacement sur votre gauche quand le train repart de la gare…

Poitiers, le quartier de Pont Achard, la porte de Pont Acahrd tracée sur la chaussée actuelle Quant à la porte de Pont Achard, elle a été détruite au 19e siècle et est juste suggérée au sol par de petits pavés, attention, danger pour prendre la photographie ou ralentir dans le flot de voitures pour l’apercevoir… J’y suis passée un soir tard, quand il y avait moins de risque, mais à la limite de faire nuit, la photographie manque donc de luminosité. Je vous montrerai le rempart voisin plus tard. Le pont est quant à lui mentionné pour la première fois en 1017.

Vous pouvez en voir une représentation sur le « Grand Nautré », au musée Sainte-Croix à Poitiers (voir leur dossier en ligne avec un agrandissement du pont Achard), tableau peint en 1619 par François Nautré et représentant le siège de Poitiers par Coligny en 1569.

Pour en savoir plus, le service de l’inventaire du patrimoine de la région Poitou-Charentes vous propose deux dossiers en pdf, l’un sur De la porte de Pont-Achard à l’Institut Régional du Travail Social (IRTS), l’autre sur l’ancienne enceinte fortifiée de Poitiers : entre la porte de la Tranchée et la porte de Pont-Achard. Vous y trouverez des plans, des vues anciennes et une bibliographie réalisée par Yannis Suire. De mon côté, je vous ai déjà montré une portion du rempart. Promis, je vous montrerai d’autres images très bientôt, il faut juste que je mette de l’ordre dans les images…

Le quartier Pont Achard à Poitiers, position des tours Je vous ajoute une petite vue prise depuis la terrasse du presbytère de Saint-Hilaire, en bleu, la porte de Pont-Achard tracée au sol, en rouge, la tour Aymar de Beaupré.

Bienvenue à la ferme… en ville

Poitiers, Bienvenue à la ferme 2010 dans le parc de Blossac, les stands Je suis absente pour trois jours, mais j’ai programmé des articles en mon absence… Un peu de broderie, un peu de lecture, un peu de visites… Je ne suis en revanche pas sûre de pouvoir venir visiter vos blogs…

Le parc de Blossac à Poitiers est décidément le siège de nombreuses manifestations. Dimanche, c’était, pour la deuxième année, la journée des agriculteurs affiliés au label Bienvenue à la ferme. Des dégustations, des achats…

Poitiers, Bienvenue à la ferme 2010 dans le parc de Blossac, le stand de grillade … un stand pour les frites et les barbecues pour y faire griller la viande tout juste achetée…

Poitiers, Bienvenue à la ferme 2010 dans le parc de Blossac, les tables de pique-nique … et plus loin,de grandes tables préparées par la Ville pour pique-niquer royalement des produits frais tout juste achetés à la ferme installée pour la journée en ville. Aussi des jeux pour enfants, des promenades en calèche et à poney, des concours, des démonstrations de chien de berger (avec un troupeau d’oies), etc.

Poitiers, exposition Gilles Porte sur les grilles de la terrasse de Blossac en juin 2010 Sur les grilles en bordure de la terrasse, il y a toujours l’exposition de photographies (portraits et autoportraits de Gilles Porte) que je n’ai pas trop aimé… et pas pris de photographies (finalement, j’en ai trouvé une sur mon APN…), mais vous pouvez en voir sur le blog de Coccinelle. L’exposition était prévue jusqu’à fin juin, elle a dû être prolongée…

Récolte de framboises, 4 juillet 2010 De là, je suis descendue au jardin, pour y faire une belle cueillette de framboises.

D’autres articles sur le parc de Blosssac

Deux dragons de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, position de deux dragons Aujourd’hui, nous retournons admirer la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. J’ai rédigé cet article pour la communauté des gargouilles, cariatides etc. créée par Amaryllis, en pensant particulièrement à Zazimuth, à Cathdragon et à Faby / Fil de dragon. J’ai donc choisi deux dragons. Et oui, comme la semaine dernière, mais bien plus vieux, nous sommes maintenant au 11e siècle. Pour les oiseaux à la coupe dont je vous parlais la semaine dernière, il faut que j’aille faire des photographies…

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, le dragon à gauche de la scène de la Visitation Le premier, indiqué en rouge sur la première image, repose sur l’archivolte de la voussure du portail central (clic sur le lien suivant sur le site de la région Poitou-Charentes si vous voulez voir un schéma avec ces mots). Si vous faites attention, vous avez plus apercevoir sa tête à gauche de l’église de la scène de la Visitation.

Dans l’art roman (entre autre), le dragon se caractérise par une tête et un corps animal et une queue de serpent, qui peut se terminer à son tour par une tête de serpent. Les ailes sont facultatives. C’est un symbole des forces de l’Enfer, il est fréquemment combattu par des saints (je vous ai ainsi déjà montré sainte Marguerite d’Antioche et saint Georges associés à des dragons dans l’église de Civray.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, un dragon du deuxième niveau Si l’on remonte d’un niveau sur la façade, au niveau des arcatures de la frise d’apôtres, dans un angle se cache un autre dragon. Il a un très curieux corps, avant une grande gueule armée de dents pointues, et fait le dos rond sur une feuille. Sa queue se termine par une tête de serpent.

Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

Des dragons et autres ferronneries

Poitiers, garde-corps en ferronerie avec deux dragons et entrelacs

En ce dimanche, j’ai choisi de faire plaisir à Zazimuth, Cathdragon, Fil de dragon et autres passionné(e)s de dragons. Sur une maison du centre-ville de Poitiers (je ne vous donne pas l’adresse, les ferronneries sont souvent menacées de vol) il y a au rez-de chaussée de jolis garde-corps ornés chacun de deux dragons et de motifs végétaux.

Poitiers, garde-corps en ferronerie avec deux dragons, détail du dragon de gauche Voici de plus près l’un de ces dragons qui dévore une grappe de fruits.

Poitiers, imposte de porte en ferronerie avec deux oiseaux mangeant dans une coupe de fruits L’imposte de la porte est également richement décorée, avec au centre une coupe de fruits qui est picorée par deux oiseaux (cela rappelle un peu les motifs fréquents dans l’art roman des oiseaux à la coupe, mais dans ce motif, point de fruits, la coupe étant plutôt assimilée à un calice). Tout autour, un motif de rinceaux et d’entrelacs végétaux.

Poitiers, garde-corps en ferronerie avec motifs végétaux et géométriques Les ferronneries des garde-corps des niveaux supérieurs (sur le montage, de haut en bas, le comble à surcroît, le deuxième et le premier étage) sont plus simples et plus habituelles.

Librairies poitevines…

La librairie du Feu rouge à PoitiersGrâce à Flo, une amie de plusieurs fidèles lectrices de ce blog, j’ai fait la connaissance cette semaine du blog ma petite fabrique, avec un article sur des façades ou rayonnages de librairies… j’ai décidé de rebondir en vous reparlant de deux librairies que j’aime fréquenter…

Je commence par la librairie du Feu rouge, dont je vous ai déjà montré la façade (spécialisée en ouvrages parus chez de petits éditeurs). La vitrine change régulièrement, toujours très soignée. Elle est minuscule, mais à deux pas du bureau… J’y vais donc assez souvent… au moins pour un petit bonjour, en été, enfin, quand il fait vraiment beau, un bonjour sur le trottoir. [PS: elle a fermé en 2011].

La grande salle de la librairie de la Belle aventure Il y a quelques semaines, je vous avais annoncé l’ouverture d’une nouvelle librairie à Poitiers, au 12 rue des Grandes-Écoles. La Belle Aventure, librairie spécialisée pour les enfants, vient d’y ouvrir une belle librairie pour tous, avec au fond, dans un petit salon que vous avez pu apercevoir, avec la façade, dans mon reportage sur l’expédition Baxter. Dans cette librairie, il y avait une dédicace aussi mercredi en fin d’après-midi, je vous en parlerai une autre fois, mais vous pouvez en voir des images chez Coccinelle Poitiers.

Bibliothèqe, livres à tranche blancheEt je ne résiste pas à vous (re)montrer un tout petit bout de l’une de mes bibliothèques.

Nabuchodonosor sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Position de Nabuchodonosor sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers Nabuchodonosor II, roi de Babylone de 605 à 562 avant Jésus-Christ, apparaît notamment dans les livres de Jérémie et de Daniel dans l’Ancien Testament, mais aussi dans d’autres livres (voir plus bas). Il a détruit Jérusalem en 587 ou 586 (les exégètes ne sont pas tous d’accord entre eux). Sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, il est sculpté à droite de la scène de la Tentation d’Adam et Ève. Après lui, quand on lit la façade de gauche à droite, se trouvent les quatre prophètes (Daniel, Isaïe, Jérémie et Moïse). Nabuchodonosor II est aussi connu par son palais situé aux portes de l’actuelle Bagdad.

Nabuchodonosor sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers Il est représenté comme un roi, couronné et assis frontalement sur un trône, les pieds chaussés reposant sur un repose-pieds. Impossible de se tromper sur son identité, le commanditaire a dû demander au sculpteur d’inscrire sur nom en haut de la figure, mais il s’est un peu emmêlé le burin quand il a été gêné par la tête ou s’est aperçu qu’il allait manquer de place, et il a inséré le deuxième O à l’intérieur du D : NABVCODoNOSOR / REX.

Il faudra que je vous montre aussi un jour la version de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers (à voir désormais dans cet article], où il se trouve sur le même chapiteau que Daniel dans la fosse aux lions et la Tentation d’Adam et Ève. Deux versions romanes assez proches, finalement.

Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Nabuchodonosor dans la Bible

Voici les principales mentions de Nabuchodonosor dans l’Ancien Testament.

  • 2 Rois 24, 18-20 : Sédécias se révolte contre Nabuchodonosor
  • 2 Rois 25, 1-7 : Nabuchodonosor fait tuer les fils de Sédécias devant leur père
  • 2 Rois 25, 8-21 : Nabuchodonosor détruit la ville de Jérusalem et le Temple et déporte le peuple de Jérusalem à Babylone
  • 2 Chroniques 36, 6-21 : Nabuchodonosor déporte Joaquin de Jérusalem à Babylone
  • Jérémie 25, 8-12 : Dieu menace Jérusalem de ruine par Nabuchodonosor et d’exil pour les péchés de son peuple
  • Jérémie 39, 1-10 : Nabuchodonosor assiège et détruit la ville de Jérusalem
  • Jérémie 52 : siège et prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, déportation à Babylone
  • Ezéchiel 26, 7-9 : Nabuchodonosor détruit la ville de Tyr
  • Daniel 2 : Nabuchodonosor rêve d’une statue géante faite de quatre métaux
  • Daniel 3 : le roi Nabuchodonosor se fait ériger une statue d’or ; les trois compagnons de Daniel refusent de participer au culte de cette statue
  • Daniel 4 : Nabuchodonosor rêve d’un arbre atteignant le ciel et visible sur toute la terre

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Le labyrinthe de la cathédrale de Poitiers

le labyrinthe gravé sur le mur nord de la cathédrale de Poitiers

Cet article a été enrichi de liens par rapport à sa première parution le dimanche 6 juin 2010 à midi. Vous pouvez ainsi découvrir plus facilement les autres labyrinthes des cathédrales françaises.

Cela faisait longtemps que je ne vous avais rien montré de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers… Aujourd’hui, direction le mur nord, à l’intérieur, un peu avant la porte latérale. Gravé sur ce mur (rehaussé d’un malheureux trait noir), un labyrinthe. Probablement le modèle de celui qui se trouvait au sol, comme dans de nombreuses cathédrales en France, vers 1200, et qui a dû être détruit lors d’une des réfections du sol. Le plus connu de ces labyrinthes encore conservé est celui de la cathédrale de Chartres. Il y en a également un toujours visible, sauf mention contraire, dans la cathédrale, à Amiens (reconstruit), Saint-Omer, Bayeux (dans la salle capitulaire), Guingamp (basilique, labyrinthe créé en 1854…), Mirepoix (ancienne cathédrale), Saint-Quentin (ancienne collégiale), etc. Ils sont le plus souvent construits en mosaïque. Celui de Reims, détruit en 1778/1779 par les chanoines qui géraient la cathédrale, portait le nom des constructeurs de l’édifice. Il est, depuis quelques mois, projeté par vidéo-projecteur au sol, je ne sais pas si c’est permanent.

Panneau avec le bon logo des monuments historiquesC’est le labyrinthe de Reims qui sert de logo pour signaler tous les monuments historiques de France. Ceux d’Arras, Sens, Auxerre, etc., ont aussi été détruits. Ces labyrinthes ont donné lieu à de nombreuses interprétations, référence au labyrinthe du palais de Dédale à Cnossos (en Crête), à une représentation symbolique de la marche difficile du chrétien sur terre et jusqu’au royaume de Dieu… Dans certains cas, des illuminés (euh, pardon, de fervents croyants… qui n’ont sans doute pas beaucoup lus les textes sacrés et frôlent l’idolâtrie) les parcourent à genoux, en signe de pénitence.

Sur celui de Poitiers, deux trajets, l’un qui part du haut, l’autre du bas, sont imbriqués par un seul trait continu.

En ce jour des jardins organisé par le ministère de la culture (???oui, de la culture, pas de l’agri…culture), vous pourrez peut-être visiter des labyrinthes végétaux dans des parcs de châteaux, ou d’autres, au cours de l’été, découpés dans un champ de maïs…

D’autres articles sur mon blog sur la cathédrale de Poitiers :

Cathédrale Saint-Pierre

Le chevet

La façade occidentale

Les modillons de la nef

Les écoinçons des dorsaux des stalles nord, rangée supérieure de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, numérotés à partir de l’ouest (à gauche quand on les regarde)

Les écoinçons des dorsaux des stalles sud, rangée supérieure de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, numérotés à partir de l’est (à gauche quand on les regarde)

  • écoinçon 1 et tous les écoinçons impairs, des anges, le premier à gauche porte une seule couronne, le dernier à droite a été coupé lors du rétrécissement des stalles, les autres portent deux couronnes, comme sur la rangée nord
  • écoinçon 2 : un lion mange un dragon
  • écoinçon 4 : deux avants-corps de chien
  • écoinçon 6 : deux lutteurs
  • écoinçon 8 : un charcutier avec ses outils et une tête de cochon
  • écoinçon 10 : un architecte
  • écoinçon 12 : l’avarice
  • écoinçon 14 : l’orgueil
  • écoinçon 16 : un homme âgé et barbu
  • écoinçon 18 : un basilic ou un cocatrix
  • écoinçon 20 : un homme assis et un animal fantastique

D’autres éléments dans la nef

La Visitation de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, positionnement sur la façade Aujourd’hui, nous sommes le jour de la Visitation, et comme hier, je ne vous ai pas parlé de Poitiers, je vous montre la représentation de cette scène sur la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Pour mémoire, et pour les chrétiens, la Visitation est la visite que rend Marie, future mère du Christ, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean Baptiste. Cette visite est rapportée dans l’évangile de Luc (Lu 1, 39-45). À droite de cette scène se trouve la Nativité et le Bain de Jésus que je vous ai déjà montrés.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, la scène centrale, Elisabeth et Marie encadrées de deux servantes Vous pouvez remarquer que Marie et Élisabeth sont représentées en grand. Le personnage de droite, un peu plus grand, est interprété comme Marie, hiérarchiquement plus importante que sa cousine dans l’histoire sainte. Elles sont suivies chacune d’un personnage plus petit, interprété comme une servante, plutôt une dame de compagnie vue la richesse de leurs vêtements (voir sur cet autre article des détails, notamment de la fileuse).

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, vue générale de la scène D’un peu plus loin, vous pouvez voir qu’elles sortent l’une d’une église, à gauche, l’autre, d’une ville entourée de remparts et dans laquelle se trouve une église. Vous pouvez remarquez les portes ouvertes. Ces éléments d’architecture sont typiques de l’époque romane. Vous pouvez remarquer la largeur des manches de la robe des servantes ou le riche décor de la bordure des manteaux de Marie et Élisabeth.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, détail de l'église à gauche Voici de plus près l’église à gauche, où sont représentées deux travées percées chacune d’une fenêtre en plein cintre. Sous le toit en tuiles, vous pouvez même distinguer les modillons… (clic sur le lien suivant sur le site de la région Poitou-Charentes si vous voulez voir un schéma avec ces mots).

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, la Visitation, détail de la ville à droite La ville est interprétée comme la ville de Nazareth, car elle se trouve entre Marie de la scène de la Visitation et Marie de la scène de la Nativité. Vous pouvez remarquer la croix sur le pignon de l’église, qui, avec trois travées, est symboliquement plus grande que la précédente. A comparer par exemple avec l’église couverte d’une file de coupole représentée sur le chapiteau de la fuite en Égypte dans l’église Saint-Hilaire à Poitiers.

Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

Poitiers, retour sur deux articles…

l'enseigne du noyer inversé à PoitiersPour les fidèles lecteurs, vous devez vous souvenir de cette enseigne avec un homme barbu, nu, assis, tenant un noyer à l’envers, les pieds dépassant de la frondaison, sinon, petit rappel par là… J’avais alors eu pas mal de commentaires (pour un article sur Poitiers…), dont celui-ci de Michel Vallière, un ethnologue que vous pouvez retrouver aussi sur Belvert. L’ethnoblogue  » cultures et territoires « . Voici son commentaire :  » Nu et barbu, j’y vois le thème de l’homme sauvage (wild man). Plus particulièrement quelque héros du type Tord-chêne du conte de Jean-de-l’Ours… Un homme très fort qui d’un revers de main arrache un arbre pour faire un lien à son fagot. Peut-être aussi l’illustration d’un conte de mensonge où un Homme fort (Strong man), arrache seul un arbre pour en cueillir les fruits : ici les noix. Si quelqu’un est intéressé, je peux communiquer les N° d’index des contes correspondants dans la Classification internationale des contes… Pures hypothèses fondées sur les traditions orales régionales « . Contrairement à ma promesse, je n’ai pas eu le temps d’approfondir la question, mais partage avec vous cette réflexion et vous ai trouvé deux versions de Tord-Chêne, la première tirée des contes en pays narbonnais (vers le milieu de la page), qui reprend la transcription de Jacqueline MIRANDE sans Contes et légendes de Provence (Nathan, 1984), la seconde dans la transcription de Gérard de Nerval (publié dans Chansons et Légendes du Valois en 1854, en appendice à Sylvie).

Façade de l'hôtel du prieuré d'Aquitaine à Poitiers, vue générale Maintenant, voici une nouvelle photo de l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine. Par rapport à la précédente (prise en août 2008), vous voyez la nouvelle vitrine, hideuse, et pouvez donc voir que tous les Architectes des bâtiments de France (qui a nécessairement donné son avis, nous sommes sur un bâtiment protégé au titre des monuments historiques et en plus en secteur sauvegardé) ne sont pas des empêcheurs de peindre ses volets comme on veut… Ici, je trouve quand même qu’il aurait dû réagir, même si, d’accord, ce décor hideux est collé sur les vitres et réversible (il peut être enlevé facilement, pourquoi ne pas l’exiger dès maintenant?).

Façade de l'hôtel du prieuré d'Aquitaine à Poitiers, détail du hautJe vous avais promis des éclaircissements de vocabulaire, mais je vous montre d’abord le haut de la façade, en entier cette fois, vous pouvez ainsi voir les Tau (T majuscules) et les fleurettes… (ne fuyez pas, la photo avec les légendes est juste en-dessous) sur les métopes qui alternent avec les triglyphes… de l’entablement, ouf!

Façade de l'hôtel du prieuré d'Aquitaine à Poitiers, détial de la partie haute avec légende triglyphe, métope, entablement, corniche

Le triglyphe est le petit carré de pierre en relief avec trois baguettes verticales. La métope (que vous retrouvez aussi entre certains modillons modernes comme ici ou romans ailleurs) est le panneau de remplissage entre deux triglyphes ou deux modillons donc, et peut être décorée. L’entablement est la partie située entre la fenêtre et sous la corniche. ici, entre les deux, il y a une petite frise de grecque, ce motif que vous voyez sur la photo et qui forme des méandres. Mais les brodeuses connaissent, ce motif est souvent utilisé pour des bordures.

Façade de l'hôtel du prieuré d'Aquitaine à Poitiers, détail du bossageEnfin, je vous avais parlé de bossage, cette mise en relief des pierres qui forment le mur. Voici de plus près, vous voyez bien la surface de la pierre et le creusement au niveau des joints pour donner cet effet de relief.