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L’Alcazar à Angers

L'Alcazar à Angers, 1, les deux façades Chose promise, chose due, après le monument aux morts de 1914-1918 aux Sables-d’Olonne, voici l’Alcazar à Angers (en attendant le Palace, également à Angers), dont la sculpture est également l’œuvre de Maurice Legendre, situé à l’angle de la rue Saint-Laud et de la rue Claveau. Il s’agit d’un ancien café-concert ouvert en 1902, construit avec une façade sur chaque rue et une entrée dans l’angle en pan coupé.

L'Alcazar à Angers, 2, signatures de l'architecte, du statuaire, de l'entrepreneur, du sculpteur

Il porte les signatures suivantes : « O. David ent. / L. André sculp. / 1901 / G. Réchin arch. / M. Legendre stat. / 1902 ». Nous avons donc un bâtiment conçu par l’architecte Gaston Réchin et construit par l’entrepreneur Olivier David, un décor dessiné par le statuaire Maurice Legendre et exécuté par le sculpteur Louis André.

L'Alcazar à Angers, 3, bacon et sculpture au-dessus de la porte

L’entrée principale est surmontée d’un balconnet en pierre. Deux têtes monumentales souriantes encadrent la porte, au milieu d’un décor végétal foisonnant de feuilles et de fleurs.

Carte postale ancienne montrant l'alcazar à Angers avec encore son bow-window rue Claveau Sur les façades latérales lui répondaient des bow-windows détruits dans les années 1930, que l’on peut voir sur cette carte postale ancienne.

L'Alcazar à Angers, 4, verrière à gauche

Les baies « art nouveau » du rez-de-chaussée ont été préservées sur les deux façades.

L'Alcazar à Angers, 5, sculptures de la façade gauche

Sous la corniche du dernier niveau, dans les angles, des femmes en buste, aux seins nus, attendent le client, alors que de grandes marguerites ont pris place entre les fenêtres du troisième étage. Voici trois détails sur la rue Claveau…

L'Alcazar à Angers, 6, sculptures de la façade droite … et les deux dames de la rue Saint-Laud. Les quatre femmes ramènent l’une de leur main sous le menton ou contre l’une de leur joue.

Pour aller plus loin:

Voir le dossier documentaire établi par le service régional de l’inventaire des Pays-de-la-Loire, vous y trouverez notamment les plans de l’architecte qui a modifié les façades en 1932/1933 et d’autres vues anciennes.

Niort, les ponts et le monument Main

Niort, les ponts Main vus de plus près Thomas Hippolyte Main (1797-1860), industriel enrichi dans le commerce des peaux avec le Canada et la chamoiserie, légua sa fortune à l’hôpital-hospice et à la ville de Niort à la condition qu’elle construise un pont sur la Sèvre, à la place d’un passage par passeur, pour éviter de faire le tour par les Vieux Ponts. Ce pont ou plutôt ces ponts, qui franchissent la Sèvre niortaise et sa dérivation, devaient avoir un trottoir. Le quartier du port était ainsi relié directement au centre-ville. Le projet définitif de construction des ponts est arrêté en juillet 1865, après un premier projet abandonné dans le prolongement de la rue de l’abreuvoir.

Niort, le monument aux morts de 1914-1918 par Poisson, 1, vue ancienne avec les ponts On les voit bien depuis le donjon, par exemple sur cette carte postale ancienne avec le monument aux morts de 1914-1918 à son ancien emplacement.

Niort, les ponts Main depuis le donjon A peu près du même endroit, cela donne maintenant ceci…

Niort, le socle du monument Main Sur le terre-plein entre les deux ponts se trouvaient un buste en bronze de Thomas Hippolyte Main. Il a été fondu (ou au moins a disparu) en 1942 et il en reste aujourd’hui le socle. Les photographies datent du 13 juillet 2011, suite à la sécheresse du printemps, la ville avait décidé de ne pas fleurir les parterres.

Niort, le socle du monument Main, détail de l'inscription Le socle porte les inscriptions « Main / 1777 – / 1860 », ce qui peut être ambigu avec l’oncle du donateur, Thomas Jean Main, qui alla espionner les anglais pour en rapporter le secret des peaux chamoisées.

Niort, le monument Main sur une carte postale ancienne Il reste des cartes postales anciennes qui le montrent en place. Il s’agissait d’un buste réalisé par Pierre-Marie Poisson (dont je vous ai parlé à Niort pour le monument à Liniers, le monument aux morts de 1914-1918 et la collection au musée Bernard-d’Agesci, dans l’ancien lycée de jeunes filles). Il avait été inauguré en 1903.

Si javais un marteau… à Nantes

Nantes, exposition chantiers au hangar à bananes Un titre audacieux pour cette exposition (jusqu’au 6 janvier 2013) au hangar à bananes à Nantes: Si j’avais un marteau… une invitation à venir se servir en outils pour la prochaine manifestation de samedi (17 novembre 2012) contre le déménagement de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, le futur Ayraultport? Pour en savoir plus sur ce projet qui va prendre des milliers d’hectares de terres agricoles pour construire un nouvel aéroport pas vraiment utile mais libérer des terrains à haute valeur spéculative… ceux de l’actuel aéroport, vous pouvez écouter les deux émissions que lui a consacré Daniel Marmet la semaine dernière, dans là-bas si j’y suis sur France Inter, Les vaches n’aiment pas l’avion, et la suite. Bon, les Bretons ont réussi à empêcher en 1981 la construction de la centrale nucléaire de Plogoff après plusieurs années de lutte et à ne plus avoir de centrale nucléaire sur leur territoire après l’abandon de Brennilis (dont le démantèlement piétine depuis 1985), avec un peu de soutien extérieur, ils réussiront peut-être à éviter ce « très cher » (au sens propre) aéroport au milieu des vaches…

Je suis allée voir l’exposition Si j’avais un marteau en octobre avec Mamazerty [je ne l’associe pas au paragraphe qui précède…], un lieu déjà visité ensemble en début juillet avec l’exposition consacrée à Roman Signer.

Cette fois, il s’agit donc de diverses présentations de la vision du chantier dans l’art contemporain, avec des œuvres assez accessibles… afin de faire patienter le visiteur pour la réouverture du musée des Beaux-Arts qui organise cette exposition. Ma préférée est une œuvre de Jean-Michel Sanejouand, qui reprend sur de très grand panneau la forme des études d’impact et des documents d’urbanisme, avec l’organisation des espaces de la vallée de la Seine entre Paris et Le Havre… Vous pouvez la découvrir ici dans une précédente exposition.

Nantes, la façade du musée des Beaux Arts (octobre 2012) Et dans le couloir à l’arrière, vous pourrez découvrir les maquettes du projet de rénovation du musée des Beaux-Arts, fermé depuis un moment et où, de l’extérieur, le chantier ne semble pas commencé, les sculptures sont toujours emballées depuis des mois (des années) sous leurs filets de protection. Dans l’exposition, vous pourrez voir les plans du premier musée ainsi que les plâtres des six statues de la façade (sans les deux des côtés), un bon moyen de comprendre ce qu’est une maquette et la mise à l’échelle par la mise en place de repères pour trianguler avec un compas sur la sculpture qui est à plus grande échelle.

Le monument aux morts de 1914-1918 aux Sables-d’Olonne

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue générale Le monument aux morts des Sables-d’Olonne se trouve aujourd’hui dans le jardin de la Liberté, à l’est du centre-ville. Je l’ai photographié il y a juste deux ans, j’y étais allée après le salon de Moncoutant 2010… Pas sûre qu’aujourd’hui, un seul des visiteurs venus assister au départ du Vendée globe ne lui jette même un regard… alors, je vous ai préparé une petite visite pour qu’il ne se sente pas complètement abandonné.

Il se compose d’un haut socle en granite, portant l’inscription « La Ville des Sables d’Olonne / à ses enfants morts pour la France », sur lequel se dresse une Victoire ailée, avec à ses pieds des têtes de soldat.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 2, signature de Maurice Legendre Le monument porte la signature de Maurice Legendre (1875-1964), un sculpteur dont je vous reparlerai pour plusieurs immeubles à Angers (voir l’Alcazar et le Palace).

Le projet initial présentait une mise en scène un peu différente, ainsi qu’en témoigne ce croquis de Maurice Legendre daté du 30 juillet 1920 et conservé aux archives départementales de Vendée (voir le document T 380-15, si le lien direct ne fonctionne pas, y accéder par cette page, à peu près au milieu). Le monument a été inauguré le 11 novembre 1925.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 3, Victoire de face et de dos

La Victoire, ailée comme il se doit, est représentée debout, main gauche levée et brandissant un rameau d’olivier.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 4, têtes de soldat au pied du monument Voici un détail des bustes, têtes et casques de Poilus qui émergent du socle… asses lugubre, impression renforcée par le granite sombre et le ciel gris lors de ma visite aux Sables-d’Olonne…

Les Sables-d'Olonne, médaillon à un mort de 1914-1918, 1, immeuble et monument Dans un angle de la place, un immeuble porte une stèle avec un médaillon commémoratif également de 1914-1918.

Les Sables-d'Olonne, médaillon à un mort de 1914-1918, 2, médaillon et inscription

Impossible de trouver la moindre information sur ce monument. Le médaillon sculpté en bronze doit être l’un des nombreux médaillons qui figurent dans les catalogues des fonderies dans les années 1920, une recherche rapide ne m’a pas permis de trouver lequel (voir par exemple sur le sujet les catalogues de 1921 des fonderies Durenne ou de Val-d’Osne)…

L’inscription à la base est tellement encrassée des couches successives de peinture qu’elle est presque illisible, mais après divers traitement de l’image (passage en noir et blanc, augmentation du contraste), il est possible de lire « Œuvre du statuaire Bertrand Boulle Boutée », que je n’ai trouvé dans aucune base de données.

PS: merci à Grégory Vouhé qui a identifié le modèle, voir en commentaires ci-dessous..

Les monuments aux morts de 1914-1918 de Lons-le-Saunier et Toulouse/Salonique

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, quatre vues de face Je vais vous présenter aujourd’hui deux monuments aux morts de 1914-1918 formés d’une colonnade en hémicycle,  sans statue au centre.

Je commence par celui de Lons-le-Saunier, situé au bout de la place de la Chevalerie, du côté des thermes, à l’opposé du monument à Rouget-de-Lisle. Il se compose d’une grande colonnade dessinée par l’architecte Augustin Bidot. Sur le bord de la corniche, on peut lire, dans l’ordre de gauche à droite : « 1914 / La Marne / L’Yser / La Somme / L’Aisne / Aux héros / L’Alsace / Verdun / Champagne / L’Orient / 1919 « .

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, deux vues de l'arrière En revanche, il vaut mieux ne pas faire le tour du monument, l’arrière sert de latrines et de dépotoir, manque de respect et/ou manque d’entretien… Pas reluisant en tout cas. Si on contourne complètement le monument, à quelques dizaines de mètres se trouvent le monument à la gloire de la résistance jurassienne, beaucoup plus intéressant, et un autre dédié aux morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962… mais je vous en parlerai une autre fois.

Toulouse, monument aux morts de 1914-1918 au cimetière de Salonique Partons maintenant à Toulouse… Je vous ai déjà montré le monument aux morts de Haute-Garonne inauguré en 1928 avec une vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely et des articles sur les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin et ceux de Camille Raynaud sur les allées Jules Guesde. Je vous ai aussi présenté le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle) et le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique (au-dessus du cimetière de Terre-Cabane).

Nous allons aujourd’hui vers le centre du même cimetière. D’après le dossier documentaire, le concours a été lancé en 1920, le projet retenu est celui de l’architecte Raymond Isidore, et monument a été inauguré le 11 novembre 1926. Il se compose d’une colonnade alternant deux colonnes doriques de calcaire blanc et un pilier de briques rouges. La colonnade est surmontée d’une frise de briques jaunes, alors que le mur du fond est tapissé de grandes dalles de marbre portant les noms de plus de 4000 soldats, dalles surmontées d’une frise de faïence figurant des couronnes de laurier. Le mur arrière est en briques rouges.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 1, deux vues Derrière le monument se trouve le monument « à la mémoire / des / soldats et travailleurs / indochinois / morts au service de la France / 1914-1918 ». Il rappelle la présence d’une importante communauté indochinoise à Toulouse, d’un hôpital à Blagnac qui soignait notamment des combattants de  l’ex-Empire colonial français, et plus particulièrement des « soldats annamites » (indochinois). Rappelons que 70.000 soldats des troupes coloniales sont morts pour la France en 1914-1918. J’ai vu une carte postale qui montrait ce monument au sein d’un cimetière militaire, je ne sais pas quand il a été déménagé au cimetière de Salonique.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 2, signature Breton Il porte la signature du sculpteur Charles Breton (Tours, 1878 – 1968) [« Charles Breton / Paris »], auteur de nombreux monuments aux morts en France, dont plusieurs figuraient au catalogue de Val d’Osne.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 3, deux détails Mais ici, nous ne sommes pas face à une œuvre en série, mais bien d’une œuvre originale. Le soldat, aux traits asiatiques, s’appuie de la main gauche sur son fusil, brandit de la main droite une couronne végétale constituée de branches de chêne et de laurier, fermée par une cocarde aux chiffres de la République (RF). Il porte ses décorations et un casque colonial.

 

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’oeuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceu
x de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Photographies de mai 2012 pour Toulouse et juillet 2012 pour Lons-le-Saunier.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Angoulême

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin et de la République Place Beaulieu à Angoulême, au bout du plateau dominant la Charente, non loin du lycée Guez-de-Balzac, se dresse l’imposant monument aux morts de 1914-1918. Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1870, dit monument aux mobiles de la Charente, situé près de l’hôtel de ville.

En 1923, la ville d’Angoulême avait lancé un concours et retenu la maquette du sculpteur René Pajot, sculpteur dont je vous ai montré le buste d’Émile Roux à Confolens. Le deuxième prix avait été attribué au sculpteur Charles André Valère Juin et le troisième à Émile Peyronnet.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 2, signatures Baleix et Peyronnet C’est finalement le projet arrivé en quatrième et dernière position, proposé par l’architecte Breil, qui est mis en œuvre non pas par lui, mais par l’architecte Roger Baleix et le sculpteur Émile Peyronnet, avec une nouvelle maquette présentée en 1924 au salon de la société des artistes français sous le numéro 3813. Le monument a été inauguré le 11 novembre 1926, en dépit de la polémique sur le coût du monument et le dépassement des devis initiaux. Leurs signatures (« R. Baleix architecte / E. Peyronnet sculpteur ») se trouvent au dos du monument. D’Émile Peyronnet, je vous ai aussi montré à Angoulême le buste de Raoul Verlet, et à Saint-Jean-d’Angély le monument à Joseph Lair et la fillette du monument à André Lemoyne.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 3, les femmes de chaque côté de la porte

Ce dernier se compose d’une sorte de chambre funéraire installée sur un podium de quelques marches, surmontée d’une sorte de pyramide tronquée très massive sur laquelle est sculptée en bas-relief une république aux bras levés brandissant deux couronnes végétales (voir la vue rapprochée à droite de la première photographie). De part et d’autre de la chambre funéraire se tiennent la mère du soldat défunt (à gauche), sa femme et sa fille (à droite). Le modèle des femmes voilées est à rapprocher du modèle qu’il avait présenté au salon de 1911 pour le monument aux soldats morts pour la patrie de Castelnaudary.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 4, la mère âgée, de loin et de près

La mère du soldat est représentée sous les traits d’une femme âgée, debout, vêtue d’une longue cape avec une capuche qui lui couvre la tête. De sa main gauche toute ridée, aux veines apparentes, elle maintient sa cape fermée alors que sa main droite apparaît juste un peu, tenant vers le bas un bouquet de fleurs.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 5, la femme et la fillette, de loin et de près

De l’autre côté se tient la femme du soldat, triste, la tête couverte d’un long voile de deuil, soutenant leur fillette en lui posant une main sur la tête et en lui tenant la main droite. La fillette est vêtue, comme celle du monument de Parthenay, d’une robe à manches courtes et elle tient de la main gauche un bouquet de fleurs qu’elle laisse pendre vers le bas, comme sa grand’mère.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 6, vues de côté et de dos

De dos et de côté, on voit bien l’aspect massif du monument…

Pour aller plus loin, voir le catalogue réalisé par Béatrice Rolin, Fantômes de pierre : La sculpture à Angoulême 1860-1930, éditions du Germa à Angoulême (1995)., voir notamment pages 11-12, 66, 80, 84.

Vous trouverez d’autres informations sur cette œuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes).

Voir aussi le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes. Parcours du Patrimoine, n° 342. Geste éditions, 2008, page 48.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, vue actuelle (2012)

Le monument aux morts de Nantes a aujourd’hui un curieux aspect, celui d’un grand mur nu avec la liste des soldats morts à la guerre (5832 d’après le site de la ville de Nantes), situé au bout des cours Saint-Pierre et Saint-André, aujourd’hui square du Maquis-de-Saffré, à l’opposé du monument de la guerre de 1870. Il a été inauguré le 17 juillet 1927.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, carte postale prise en 1927 ou 1928 La mise en scène était différente à l’origine, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. En mai 1927, la ville de Nantes avait acheté un tirage de la Délivrance de Émile [Oscar] Guillaume (1867-1942), réalisée après la première bataille de la Marne et éditée par la fonderie Barbedienne. Plusieurs villes (Amiens, Bruxelles, Colmar, Liège, Lille, Metz, Reims, Mézières, Saint-Quentin, Strasbourg et Verdun) l’avaient commandée dès 1919, d’après le catalogue du fondeur.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, carte postale ancienne Son histoire à Nantes est compliquée et rapportée en partie sur le site des archives municipales… Jugée impudique, elle est victime d’un attentat dans la nuit du 10 au 11 novembre 1927, 17 membres de la ligue des Jeunesses patriotes sont arrêtés et condamnés, la statue récupérée et remise en place, mais déplacée finalement en 1931. En 1937, le maire de l’époque, Léopold Cassegrain, la fait remettre à sa place d’origine. Elle est retirée en 1942 pour échapper aux fontes allemandes (c’est curieux, parce que l’envoi à la fonte épargnait les monuments aux morts). Elle est alors stockée, perd ses bras dans des conditions mal éclaircies.

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 1, de loin Elle est finalement restaurée en 1980, les bras sont restitués par le sculpteur Douillard et les fondeurs Douet, Heuz, Bertrand et Flasquin. En 1987, elle est installée sur l’extrémité est de l’Île de Nantes, à l’angle sud-est de l’hôtel de Région. Vous pouvez la voir également sur cet article de Mamazerty.

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 2, quatre vues Elle est sur un socle beaucoup plus haut qu’à l’origine, mais j’ai quand même pu en prendre quelques vues… Elle est certes nue, mais je ne vois pas en quoi elle a pu déchaîner un tel rejet dans les années 1920…

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 3, inscriptions Sur le socle est portée une inscription impossible à lire vue la position actuelle du socle…

Il manque sur place un petit panneau ou une plaque pour expliquer aux gens l’origine de cette statue…

En 2008, la ville de Nantes en a acheté une autre copie qui avait appartenu à Aristide Briand et se trouve désormais au château de Nantes.

Pour mémoire : revoir la victoire plantureuse en haut-relief de Camille Raynaud sur le monument aux morts de 1914-1918 à Toulouse, qui avait aussi fait scandale…

Photographies de juin 2012 pour le monument aux morts et octobre 2012 pour la statue déplacée.

Le monument aux morts de Parthenay (Deux-Sèvres)

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin Je vous ai déjà montré le monument aux instituteurs morts pour la France, au Marchioux à Parthenay. Ce monument ne concernait que les instituteurs élèves de l’école normale. Je vous emmène cette fois dans le jardin public avenue du Général-de-Gaulle (entre la gare et le centre-ville).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 3, vu de face et de dos Dédié « Aux morts pour la Patrie », il se compose d’un socle en pierre surmonté d’un obélisque massif sur lequel est apposée une plaque en bronze avec un soldat dans un médaillon, auquel une fillette vient apporter un bouquet de fleurs. Il a été inauguré le 26 novembre 1922.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 2, la signature du sculpteur Elie Ottavy

Il porte la signature du sculpteur [Antoine] Élie Ottavy (Lyon, 1887 – Paris, 1951), auteur de monuments aux morts dans toute la France (voir dans l’Aude, de l’un des monuments de Cambrai, etc.), qui avait proposé en 1923 de compléter le monument avec des plaques en bronze, mais ce projet, trop cher, a été rejeté par la commune. L’architecte du monument est E. Bidet (voir un dessin du projet en figure 1 et une description du projet rejeté p. 97 de l’article de Michel Bernier, en référence en bas de cette page).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 4, la fillette de face et de dos

La fillette est représentée debout, à peu près grandeur nature, un pied légèrement en avant, elle vient se recueillir sur le médaillon représentant son père mort à la guerre. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes dont les deux jupons ne descendent pas plus bas que les genoux, serrée à la taille par une cordelette nouée dans le dos. Elle est coiffée d’une longue tresse retenue par un nœud.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 5, bouquet de fleurs et souliers de la fillette

Elle tient un bouquet de marguerites et de roses au creux de son bras gauche et porte des souliers plats.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 6, détail du médaillon avec le soldat

De sa main droite elle dépose une fleur sur le médaillon où est figuré le portrait de profil de son défunt père, coiffé du casque de Poilu. Le médaillon est encadré de palmes et de branches de chêne, surmontées de rameaux de chêne (symboles de la force) et de laurier (symboles de la victoire) entre lesquels prennent place de matériel du soldat (grenade, ceinturon, gourde, pochette-cartouchière en cuir, fourragères, couteau).

Ces photographies datent de février 2012.

Pour aller plus loin : voir l’article de Michel Bernier, Les monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale en Gâtine, Bulletin de la société historique de Parthenay et du Pays de Gâtine, n° 3, 2007, p. 91-106.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Cahors

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de face

Pour cette semaine qui se terminera le 11 novembre, j’ai choisi de vous présenter chaque jour un monument aux morts de 1914-1918 dont j’ai fait les photographies ces trois dernières années… Ne vous étonnez donc pas de voir cette semaine trois articles par jour, pour les lectures (cet après-midi et mercredi), je suis restée dans le thème des deux dernières guerres mondiales…

Le monument aux morts de Cahors a été inauguré tardivement, le 10 novembre 1935. Il a été conçu par l’architecte Maurice Barthet (1887-1958) à partir d’un groupe sculpté de François Sicard (1862-1934), sculpteur dont je vous ai parlé pour les atlantes de l’hôtel de ville de Tours et pour le buste du poète Racan.

Ce groupe se compose de deux statues debout, représentant le soldat de retour de la guerre et sa femme qui l’a attendu. À l’origine, il s’agit d’une commande de l’État de plâtres à différents artistes pour le défilé de la victoire en 1918 à Paris sur les Champs-Élysées. Le soldat fut ensuite présenté au salon des artistes français de 1927, sous le numéro 3562. Acheté par l’État, ce Retour du soldat n’a pas été affecté à une commune et ne l’est finalement qu’en décembre 1934, juste après la mort de l’artiste, à la ville de Cahors. Le modèle en plâtre du groupe complet est conservé au musée des beaux-arts de Tours. Les deux statues du groupe sculpté encadrent une large stèle portant la liste des soldats morts, surmontée de l’inscription « Aux enfants de Cahors / morts pour la France / 1914 / 1918 ». Les noms des morts des autres conflits ont été ajoutés postérieurement, ceux de 1939-1945 sont peu lisibles, masqués par les statues.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 2, dédicace Au dos se trouve la dédicace :  » Ce monument a été érigé / par souscription publique / monsieur Jacquier / étant préfet / monsieur A. de Monzie / député du Lot / président du conseil général / étant maire de Cahors / MCMXXXV « .

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 3, signatures

La signature mentionne : « F. Sicard statuaire / membre de l’institut / M. Barthet architecte SADG / E. Mompart sculpteur / G. Soupiré entrepreneur « . La sculpture ornementale du monument a été réalisée par Émile Mompart, qui signa plusieurs monuments aux morts dans le Lot.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 4, le soldat, la mère et le bébé

La stèle sépare les deux éléments du groupe sculptés, comme deux étrangers qui se ré-apprivoisent peu à peu, à gauche le soldat, en face, sa femme portant leur bébé.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 7, vue de côté On voit peut-être mieux ainsi la distance qui les séparent.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 5, deux vues du soldat Le soldat porte sa tenue réglementaire, avec le casque de Poilu, mis en service en 1915.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 6, deux vues de la mère et du bébé

Voici un détail de la mère, aux traits raides, vêtue d’une longue robe recouverte d’une cape, tenant au creux de son bras gauche leur enfant endormi.

Cahors, monument aux morts de 1914-1918, 8, vue de dos Le dos est massif, dominé par l’inscription patriotique « Pro Patria » (à la patrie).

Retour à Nantes après le voyage à Nantes…

Nantes, nuages et soleils sur le bâtiment Harmonie J’ai passé le week-end dernier à Nantes. Cela a été l’occasion pour moi de compléter mon Voyage à Nantes… réalisé lors un week-end pluvieux de début juillet, et aussi de revoir Mamazerty dimanche pour une promenade bien plus agréable, et même une pause au soleil dans un transat. J’avais vraiment eu la flemme de ressortir à 23h à l’époque sous la pluie battante pour voir l’installation lumineuse de François Morellet sur le bâtiment de la mutuelle Harmonie atlantique au centre de l’île de Nantes. Le bâtiment, construit dans les années 1960, vient d’être rénové par CANAL Atelier d’architecture (Daniel et Patrick RUBIN). Cette œuvre a aussi beaucoup fait parler dans la presse locale et spécialisée en art contemporain… elle indique la météo et le temps qu’il est censé faire dans 4 heures (seulement la nuit…) en allumant soit des nuages (arcs blancs), le soleil (cercle rouge) ou la pluie (tirets bleus)… Le week-end dernier, j’ai pu voir les nuages et le soleil… pas la pluie! Enfin, en vrai, si, un tout petit peu le samedi matin, mais pas sur l’immeuble .

Nantes, cerf et biche du jardin des plantes, quatre vues après démontage de l'oeuvre contemporaine

J’ai aussi pu repasser au jardin des plantes jardin des plantes et voir le Cerf (sans sa biche et son faon) de Georges Gardet sans l’œuvre d’art contemporain, Incident dans la prairie, de Johnny Gaitée (j’ai complété aussi dans l’article d’origine).

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