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La salle des ventes de Niort

Niort, l'hôtel des ventes, 1, la façade La salle des ventes de Niort se trouve dans la rue de la gare, presque en face de deux autres immeubles dont je vous parlerai bientôt. En fait, une maison (le logement) sur la gauche et un passage couvert sur la droite, qui permettait l’accès à la cour, le tout construit au début du 20e siècle.

Niort, l'hôtel des ventes, 3, détail de la partie droite de la façade Elle est installée dans un ancien magasin de « matériaux de construction » (c’est écrit au-dessus de la porte). Aussi la façade est une sorte de catalogue à ciel ouvert, avec des céramiques peintes et la liste de ce qui est vendu, « tuiles, briques », « carreaux, mosaïques », « tuyaux et ciment », « plâtre et chau » (sic).

Niort, l'hôtel des ventes, 2, détail de la façade Sur la partie habitation, il y a surout des carreaux peints.

Niort, l'hôtel des ventes, 4, détail du décor de la façade

Zazimuth, si tu ne connais pas cette façade, il faudra passer la voir la prochaine fois, elle a deux jolis dragons, mais aussi d’autres carreaux peints et un très bel et très haut épi de faîtage (à gauche sur ce montage) en terre cuite.

Les photographies datent de mi juillet 2011.

Le Palace à Angers

Le Palace à Angers, 1, vue générale Retour à Angers aujourd’hui avec le Palace, qui se situe à l’angle des rues Louis-de-Romain et Franklin-Roosevelt, juste derrière la grande poste (revoir sa façade principale rue Franklin-Roosevelt et sa façade rue Saint-Julien), dont on aperçoit un angle à gauche de cette image. Vous trouverez plus d’informations dans ce dossier documentaire. Ce bâtiment a d’abord été un cinéma (Le Familia, ouvert en 1922) avant de rester un cinéma du groupe Pathé sous le nom de « Le Palace ». Il s’agit aujourd’hui une galerie commerciale.

Le Palace à Angers, 2, signature de l'architecte R. Brot et du restaurateur Le bâtiment avait été commandé par la société des chocolats Poulain à l’architecte René Brot, ainsi qu’en atteste cette signature « R. Brot / architecte / dipl. p. l. gouv. », qui surmonte celle de l’architecte qui a procédé au réaménagement (« A. Bellanger / 1983 »).

Le Palace à Angers, 3, signatures de l'entrepreneur Bomin, du sculpteur Legendre et du restaurateur Mais si je vous montre ce bâtiment, c’est parce que Maurice Legendre, dont je vous ai montré ces dernières semaines le monument aux morts de 1914-1918 des Sables-d’Olonne et l’Alcazar à Angers, en a dessiné la sculpture. L’inscription à droite de la porte le confirme, en mentionnant l’entrepreneur, le sculpteur et le restaurateur des parties sculptées : « L. Le Bomin / Entr / M. Legendre / sculpr/ A.J. Blandin / 1983 ». Il y a encore la signature des mosaïstes, Gentil et Bourdet, mais ma photographie était floue, et à l’intérieur, celles du peintre, Henri Tranchant, et du serrurier qui a également exécuté la rampe de l’escalier et les autres ferronneries (D. L. Bonneau).

Le Palace à Angers, 5, exemple de colonnes La sculpture extérieure se limite au décor des colonnes doriques et des guirlandes de fleurs entre celles-ci, ainsi que quelques mascarons (clefs d’arcs sculptées de têtes humaines).

Le Palace à Angers, 4, l'enseigne et le couvrement de la porte Le fronton monumental mêle sculpture et mosaïque…

Le Palace à Angers, 6, exemple de mosaïques Au-dessus des colonnes monumentales (photographie du haut), le décor joue avec la mosaïque (cuir notamment) et la sculpture (médaillons entourés de guirlandes) tandis que l’entablement joue davantage sur les panneaux de mosaïque.

Pour aller plus loin:

Voir le dossier documentaire établi par le service régional de l’inventaire des Pays-de-la-Loire, vous y trouverez notamment des plans de 1920 et des vues intérieures.

L’Alcazar à Angers

L'Alcazar à Angers, 1, les deux façades Chose promise, chose due, après le monument aux morts de 1914-1918 aux Sables-d’Olonne, voici l’Alcazar à Angers (en attendant le Palace, également à Angers), dont la sculpture est également l’œuvre de Maurice Legendre, situé à l’angle de la rue Saint-Laud et de la rue Claveau. Il s’agit d’un ancien café-concert ouvert en 1902, construit avec une façade sur chaque rue et une entrée dans l’angle en pan coupé.

L'Alcazar à Angers, 2, signatures de l'architecte, du statuaire, de l'entrepreneur, du sculpteur

Il porte les signatures suivantes : « O. David ent. / L. André sculp. / 1901 / G. Réchin arch. / M. Legendre stat. / 1902 ». Nous avons donc un bâtiment conçu par l’architecte Gaston Réchin et construit par l’entrepreneur Olivier David, un décor dessiné par le statuaire Maurice Legendre et exécuté par le sculpteur Louis André.

L'Alcazar à Angers, 3, bacon et sculpture au-dessus de la porte

L’entrée principale est surmontée d’un balconnet en pierre. Deux têtes monumentales souriantes encadrent la porte, au milieu d’un décor végétal foisonnant de feuilles et de fleurs.

Carte postale ancienne montrant l'alcazar à Angers avec encore son bow-window rue Claveau Sur les façades latérales lui répondaient des bow-windows détruits dans les années 1930, que l’on peut voir sur cette carte postale ancienne.

L'Alcazar à Angers, 4, verrière à gauche

Les baies « art nouveau » du rez-de-chaussée ont été préservées sur les deux façades.

L'Alcazar à Angers, 5, sculptures de la façade gauche

Sous la corniche du dernier niveau, dans les angles, des femmes en buste, aux seins nus, attendent le client, alors que de grandes marguerites ont pris place entre les fenêtres du troisième étage. Voici trois détails sur la rue Claveau…

L'Alcazar à Angers, 6, sculptures de la façade droite … et les deux dames de la rue Saint-Laud. Les quatre femmes ramènent l’une de leur main sous le menton ou contre l’une de leur joue.

Pour aller plus loin:

Voir le dossier documentaire établi par le service régional de l’inventaire des Pays-de-la-Loire, vous y trouverez notamment les plans de l’architecte qui a modifié les façades en 1932/1933 et d’autres vues anciennes.

Quelques commerces et magasins autour de 1900 à Niort

Niort, magasin de 1898 près du pilori, 1, la façade Après les deux commerces de Georges Lasseron, A la ménagère (1906) et le grand café (1908) (revoir ici ces deux commerces), je vais vous montrer d’autres magasins créés dans les mêmes années dans le même secteur. Une architecture de transition, qui tire tantôt vers la tradition du 19e siècle, tantôt vers l’art déco. Nous commençons rue Berthomé avec ce magasin qui porte la date de 1898 sur le fronton tout en haut.

Niort, magasin de 1898 près du pilori, 2, détail de la façade Un entresol, deux étages réunis par une même très large baie couverte en anse de panier partagée en trois par deux colonnes. Cet immeuble qui utilise encore largement la pierre de taille reste dans une tradition du 19e siècle.

Niort, les galeries parisiennes, 1, vue de trois quarts En face ou à peu près, les Galeries parisiennes sont construites à partir de 1906, dans un îlot qui permet trois façades, la principale rue Victor Hugo, une dans la montée de la rue Berthomé et la façade postérieure rue du Faisan. Une architecture qui fait encore la part belle à la pierre de taille, la structure métallique est limitée à la façade principale. Les formes courbes chères à l’art nouveau (et que l’on trouve la même année au Grand Café) ne sont pas retenues (sauf pour l’angle à peine arrondi), donnant un aspect de grande rigidité…

Niort, les galeries parisiennes, 2, montage de trois vues La marquise (l’auvent vitré au-dessus de l’entrée) de la façade postérieure a été conservée. En revanche, il est très dommage que le lanterneau (partie surélevée du toit permettant le passage de la lumière), qui devait fournir un bel éclairage soit masqué à l’intérieur par un horrible faux plafond. L’intérieur du bâtiment est d’ailleurs complètement déprimant, sans fenêtre et avec une lumière artificielle blafarde.

Niort, un magasin de 1906 près des halles, 1, la façade La même année, en 1906, est construit cet immeuble d’habitation avec magasin en rez-de-chaussée tout au bout de la rue Victor Hugo, sur la place devant les halles.

Niort, un magasin de 1906 près des halles, 2, montage de photographies du décor

Ici, nous sommes complètement dans une tradition d’au moins 30 ans auparavant, avec le monogramme MN sur le fronton, des têtes de lion portant un cartouche avec la date, un décor résolument issu de la deuxième moitié du 19e siècle pour les linteaux des fenêtres.

Niort, Au gagne petit, 1, la façade Rue Victor-Hugo, à côté ou presque de la Ménagère, se trouve le magasin « Au Gagne-Petit »…

Niort, Au gagne petit, 2, la signature de l'architecte Mongeaud et la date 1910 …signé et date « P. Mongeaud / Archte 1910 ». Pierre Mongeaud est l’architecte des ailes de la préfecture des Deux-Sèvres.

Niort, Au gagne petit, 3, montage de quatre photographies avec le décor Ici, nous avons un curieux mélange de vocabulaire architectural. S’il n’y avait pas le premier étage, les panneaux sculptés avec le caducée du commerce, les baies et les lucarnes tendraient à attribuer ce bâtiment au dernier quart du 19e siècle. Mais le propriétaire, F. Foucher, qui a fait mettre son nom dans la travée d’angle, a fait quelques concessions à la modernité au premier étage avec l’utilisation d’huisseries métalliques et une baie en anse de panier sur la travée d’angle.

Niort, le passage du commerce vu des deux côtés Enfin, voici le passage du commerce, percé en biais entre la rue Ricard et la place du Temple. Ici, il s’agissait d’accueillir des boutiques de luxe, le passage était d’ailleurs à l’origine fermé par des grilles, sur le modèle des passages couverts des grandes villes (Paris, Nantes, etc.).

Niort, le passage du commerce sur une carte postale ancienne Sur une carte postale ancienne, ce n’est pas plus mal…

La banque de France à Poitiers

Poitiers, la banque de France, 1, façade rue Jean Jaurès

Je réédite cet article paru pour la première fois le 3 octobre 2010, car j’ai reçu un cliché de G.V. d’un modèle en plâtre des consoles, conservé dans une collection particulière. je pensais avoir quelque part une photo de détail des consoles telles qu’on peut les voir en place, mais impossible de remettre la main dessus ce matin… et je ne peux pas sortir la faire, je surveille en même temps ma poule au pot sur le coin du feu!

À Poitiers, la banque de France occupe deux immeubles. Le premier, en bordure du plateau, à la sortie de la grande passerelle, était le Grand Séminaire de Poitiers et encore avant le couvent des Carmélites, je vous en reparlerai (bon, mes articles sur Poitiers ne sont pas terminés). L’autre se situe dans l’îlot formé par la rue de l’Ancienne-Comédie, le haut de la rue Jean-Jaurès, la rue Henri Oudin et la rue de l’Éperon. Côté façade (oups, à droite de la photographie, le centre commercial des Cordeliers qui a massacré le magasin Vannier), la façade d’une maison à deux étages et six travées irrégulières…

Poitiers, la banque de France, 2, rue Oudin Mais quand on tourne rue Oudin, surprise, cela ressemble à autre chose… Un immeuble de rapport ?

Voici l’enfilade, au premier plan, les graminées qui ont poussé après l’abattage des arbres de la place d’Armes (les branches broyées servent de paillage), et au fond, une enfilade de voitures en stationnement interdit et sans PV, c’est devenu un sport local. Sauf que pour passer par là vendredi soir en voiture (pour garer le véhicule de service), il fallait se faufiler littéralement entre ces voitures envahissantes.

Poitiers, la banque de France, 3, signature Bon, revenons à cet immeuble du début du 20e siècle, qui décidément m’intrigue depuis longtemps. Il porte une signature qui m’est bien connue, H[ilaire] Guinet, architecte DPLG. Je vous ai déjà montré un de ses immeubles, la grande poste de Poitiers (avec des sculptures de Aymé Octobre).

Modèle en plâtre d'une console de l'immeuble de la banque de France Voici donc le modèle de console en plâtre, qui a servi aux tailleurs de pierre pour le décor.

Poitiers, la banque de France, 4, angle des rues Oudin et de l'Eperon Voici l’angle étroit du bâtiment entre les rues Henri Oudin et de l’Éperon. J’étais très intriguée par ce style un peu trop monumental pour un immeuble de rapport de cette époque sur Poitiers…

Poitiers, la banque de France, 5, angle des rues Oudin et de l'Eperon, partie haute Regardez en haut le soin apporté au bâtiment, pas de grand décor, mais une mise en oeuvre et des ferronneries soignées.

Pour ce même angle entre la rue Henri Oudin et la rue de l’Éperon, voici une carte postale ancienne que je viens de trouver récemment avec la mention Chambre de commerce, décidément, elle a beaucoup bougé dans le quartier…

Poitiers, ancienne chambre de commerce, carte postale ancienne Sur une autre carte postale est portée une mention publicitaire,  » Grande maison de blanc, P. Régeard fils, toiles trousseaux, layettes, corsets, bonneterie, le plus important rayon de lainages noirs de la région « . Il semble que le magasin se trouvait au rez-de-chaussée et peut-être à l’entresol. Devant l’entrée monumentale, il n’y a pas encore l’horrible immeuble qui était la librairie laïque quand je suis arrivée à Poitiers en 1992 (on l’aperçois sur la première photographie, au second plan). Il existe d’autres vues, dont une avec un tramway au niveau de la foule que l’on voit ici massée (regardez bien vers la gauche, le tramway vient de partir sur cette vue), de ce même immeuble, j’en ai repéré dans des boutiques en ligne.

Poitiers, ancienne chambre de commerce, avec magasin, carte postale ancienne Il me reste une question, quand la banque de France a-t-elle investi cet immeuble et la maison de ville devant ? Impossible de trouver la réponse, les recherches sur banque de France aboutissent immanquablement à des sites sur le surendettement… Alors, si quelqu’un a la réponse… merci de m’en faire part. Dès le déménagement de la chambre de commerce en 1935 ?

 

Pour en savoir plus, un article de Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 94 (automne 2011) : Le chef-d’oeuvre d’Hilaire Guinet, p. 20-23.

Niort, deux commerces des années 1900 par Georges Lasseron

Niort, le grand café, 1, vue de trois quarts Vous commencez à bien connaître l’architecte niortais Georges Lasseron. Après les monuments publics (voir la liste ci-dessous), je vous emmène visiter deux commerces qu’il a construit en plein centre de Niort (vous pouvez aussi découvrir ici trois autres autour de 1900 par d’autres architectes à Niort).

Le premier se situe à l’angle de la rue Ricard et de la place de la Brèche. Il s’agissait du Grand Café, qui a maintenant déménagé dans l’immeuble voisin, l’ancien grand café étant occupé par une banque. Sur sa façade, une plaque rappelle que de jeunes niortais, dont Maurice Schumann, y ont entendu l’appel du 18 juin, dont le texte est inclus en lettres de bronze.

Niort, le grand café, 2, la signature de Lasseron et la date Comme il le fait souvent, l’architecte Georges Lasseron a signé et daté son œuvre : « Lasseron / Archte 1908 ».

Niort, le grand café, 3, montage de trois vues

L’angle est tout en courbe, y compris le balcon.

Niort, le grand café sur une carte postale ancienne Avec une activité de café sur une carte postale ancienne, c’est mieux qu’avec la façade aseptisée de la banque…

Niort, magasin à la Ménagère, 1, la façade Un peu plus loin, dans la rue Victor-Hugo, se trouve le magasin A la ménagère. Deux ans avant, il avait opté pour une architecture qui tirait plus sur l’art nouveau. Toujours des références plus anciennes, de grandes baies couvertes en anse de panier, un toit avec une crête de toit. Mais les huisseries métalliques ont fait leur apparition, et il utilise un décor à base de céramique vernissée (comme sur les bains-douches et l’école d’art).

Niort, magasin à la Ménagère, 2, la signature de l'architecte Lasseron et la date Ici encore, il a laissé sa signature : « G. Lasseron / architecte / 1906 ».

Niort, magasin à la Ménagère, 3, le décor de l'étage de la façade antérieure Voici les trois grandes baies du premier étage, qui couvrent à la fois un entresol et un étage, séparés par un ensemble de poutres métalliques.

Niort, le magasin A la ménagère sur une carte postale ancienne Sur cette carte postale ancienne, on voit la quincaillerie telle qu’elle était à l’origine…

Niort, magasin à la Ménagère, 4, le décor de la façade antérieure, montage de photographies

Ce montage permet de mieux voir le décor de cette façade…

Niort, magasin à la Ménagère, 5, la façade postérieure, montage de photographies

Sur la façade postérieure, rue du Rabot, le décor est plus sobre. Il n’y a pas ici de placage en pierre sur les fenêtres métalliques. Le décor en céramique vernissée est plus modeste.

Bon, j’ai en stock d’autres magasins construits dans le même quartier à la même époque, mais il faudra patienter un peu…

Pour en savoir plus : voir Georges Lasseron 1844-1932, Un architecte au service de la Ville, par Daniel Courant, éditions du musée de Niort 1998, 109 pages, ISBN 2-911017-09-9.

Les bâtiments de Georges Lasseron à Niort (j’en parlerai ici prochainement). La plupart portent en façade sa signature et la date de construction…

  • 1891 : l’école de dessin, dit pavillon Grapelli, aujourd’hui pôle régional des métiers d’art
  • 1891 : les escaliers monumentaux de la place de la Brèche,
  • 1892 : l’immeuble de la caisse d’épargne
  • v. 1895 : un hôtel particulier dans la rue Yvers
  • 1896-1897: l’ancien lycée de jeunes filles Jean Macé (aujourd’hui musée d’Agesci)
  • 1897-1901 : l’hôtel de ville
  • 1906 : le magasin A la ménagère
  • 1908 : le Grand café
  • 1913 : bains-douches dans la rue basse
  • 1884 à 1905 : les bâtiments de l’octroi
  • 1882 à 1910 : les écoles maternelles et primaires
  • et à la Mothe-Saint-Héray, la maison des Rosières

Trois immeubles des frères Martineau à Poitiers

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 1, rue des écossais, façade

Je vous ai déjà parlé des architectes Maurice (1887-1982) et Lucien (1890-1972) Martineau à propos de l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, à Poitiers, ainsi que de leur père Léon Martineau (1853-1921), qui a réalisé notamment la maison Vannier. Les archives abondantes de ces trois architectes font l’objet d’un répertoire bien pratique mis en ligne par les archives départementales de la Vienne. Je vous montre aujourd’hui trois autres immeubles qu’ils ont construits dans les années 1930.

Je commence par le n° 13 rue des Écossais, juste à côté du temple protestant (qu’ils vont reconstruire une quinzaine d’années plus tard), se trouve cet immeuble de rapport de cinq étages construit en 1931. Ses plans ont été présentés en 1988 dans l’exposition « 37 » et l’architecture des années 1930 à Poitiers (c’était avant mon arrivée, mais le Picton en a publié un long compte rendu et il existe un petit journal de cette exposition, les deux autres immeubles de l’article du jour y figuraient aussi). L’immeuble a été construit par M. Fraillon, négociant en matériaux de construction.

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 2, rue des écossais, façade Les architectes ont décidé de jouer sur une architecture avec des poteaux en béton bien visibles en façade. Le rez-de-chaussée, qui devait renfermer des bureaux, se présente comme un gros bloc en saillie. Le porche est traversant et donne accès à la cour en arrière. Pour les étages, éclairés par de larges fenêtres, ils ont joué sur les formes droites pour les avant-corps et arrondies au centre (formant une sorte de V en retrait par rapport à l’alignement de la rue). Au dernier étage, une fausse balustrade forme un garde-corps devant les grandes fenêtres. Le toit est débordant avec un décor de cercles sous le chéneau.

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 3, rue d'Alsace-Lorraine, vue générale Pour l’immeuble construit pour le dentiste Rat aux 21 et 23 rue d’Alsace-Lorraine, ils ont choisi encore des formes rondes, mais en saillie cette fois, formant comme une ré-interprétation du bow-window. Comme dans l’immeuble précédent, le rez-de-chaussée est prévu pour des bureaux et le porche est traversant.

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 4, rue d'Alsace-Lorraine, vue générale Ici aussi, la structure porteuse en béton est visible de l’extérieur, avec des colonnes rondes sur la partie en saillie.

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 5, rue d'Alsace-Lorraine, la rête sculptée Seule concession au décor, cette tête de femme sculptée au-dessus de la fenêtre du rez-de-chaussée, aux cheveux enroulés en volute qui ne parviennent pas à animer sa face rigide.

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 6, rue du marché, façade Le troisième immeuble que je souhaite vous présenter aujourd’hui se trouve rue du Marché. Il a été construit pour la Banque nationale de crédit (c’est aujourd’hui une boutique). Il a été réalisé en lien avec les frères Auguste (1874-1954) et Gustave (1876-1952) Perret, oui, ceux de la reconstruction du Havre, ils étaient alors les architectes de la Banque nationale de crédit à Paris. La rue manque sérieusement de recul pour prendre la photographie. Mais vu ainsi, on voit mieux que les fenêtres du haut sont plus enfoncées dans la façade que les fenêtres du premier et du deuxième étage. Nous sommes un peu avant la construction des deux immeubles précédents, en 1928-1929. Point de formes rondes ici, des lignes droites et rigides…

Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 7, rue du marché, décor de la façade Un petit décor quand même sous la corniche, seule concession aux formes rondes… Je vous ai fait un assemblage sur la ligne du haut la partie gauche et sur la ligne du bas la partie droite. J’aurais peut-être dû corriger les déformations de mes photos, mais ça vous donne une idée…

Au bonheur des Dames de Zola

Logo du défi J'aime les classiques Couverture de Au bonheur des Dames de Zola Le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, s’est achevé fin 2010 mais j’ai décidé de le poursuivre avec une lecture chaque fin de mois. J’ai failli zapper février… Dans le cadre de ce défi, il me semblait indispensable de relire un livre d’Émile Zola… lequel choisir, L’assommoir? Germinal? Un moins connu, comme le docteur Pascal? Finalement, j’ai choisi un titre qui ne eut qu’intéresser les lectrices de ce blog et en particulier celles qui courent les grands magasins!

Le livre : Au bonheur des Dames (tome 11 des Rougon Macquart), d’Émile Zola, première édition en 1883 (lu en livre de poche n° 228, 1979, 504 pages 😉 Si vous avez la flemme de le relire, vous pouvez le télécharger sur ce site de littérature audio (c’est un site gratuit d’une association qui veut faire partager la littérature): il y en a pour un peu plus de 17h en tout, mais vous pouvez l’écouter chapitre par chapitre sur votre MP3!

L’histoire : de 1864 à 1869, sous le Second Empire, dans un Paris en pleine restructuration (avec notamment le percement des grands boulevards). Après la mort de sa mère puis de son père, Denise Baudu quitte sa Normandie pour s’installer à Paris, où l’a invité son oncle, qui possède une petite boutique de « nouveautés ». Elle prend donc le train avec ses deux frères, Jean et Pépé. Mais très vite, il lui faut survenir à leurs besoins, la boutique de son oncle connaît des difficultés, concurrencée par l’émergence des grands magasins. Fascinée par l’un de ceux-ci, Au bonheur des Dames, sur les grands boulevards, elle réussit à s’y faire embaucher. Mais le travail des vendeuses est pénible, le patron, un vrai tyran… Denise, qui vient de sa Normandie, a du mal à s’intégrer. Elle est cependant remarquée par le directeur, Octave Mouret. Très vite (il fait tout vite, agrandir sa boutique jusqu’à en faire un grand magasin, tuer le petit commerce du quartier), il souhaite l’épouser et lui donner la seconde place dans la direction du magasin. Venant du même milieu que les employés, sera-t-elle plus humaine avec eux?

Mon avis : Le débarquement à la gare Saint-Lazare et la description des Grands Magasins du boulevard Hausmann (même si les modèles de Zola sont le Bon Marché et les Grands Magasins du Louvre, devenus la Samaritaine avant qu’elle ne ferme il y a quelques années), ne dépayseront pas certaines d’entre vous, même s’ils ont vieilli depuis… la société de consommation naissante vaut de relire ce grand Zola! Tout y est déjà, l’achat m’as-tu-vu (pas pour une rollex, mais c’est pareil…), l’exploitation des vendeuses… et la lutte du petit commerce de proximité face aux gros nouveaux requins (les grands magasins, transposez aujourd’hui comme vous voulez). À lire ou relire absolument!

Pour aller plus loin : je vous conseille d’aller voir la très belle exposition virtuelle réalisée par la bibliothèque nationale de France.