Archives par étiquette : roman graphique

Goražde, de Joe Sacco

pioche-en-bib.jpgCouverture de Gorazde, tome 1, de Joe SaccoCouverture de Gorazde, tome 2, de Joe SaccoUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. De Joe Sacco, je vous ai déjà parlé de Gaza 1956, Šoba, Palestine, une nation occupée et Le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916.

Le livre : Goražde, la guerre en Bosnie orientale, 1993-1995 de Joe Sacco (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphanie Capitolin et Sidonie Van den Dries, éditions Rakham, 2 tomes, 227 planches au total, 2001, ISBN t. 1, 9782878270433, t. 2, 9782878270549 [republié en 1 seul volume en 2011].

L’histoire : à Goražde, l’une des trois enclaves bosniaques attaquées par l’armée serbe au début des années 1990. En 1995 et 1996, au cours de quatre voyages, Joe Sacco tente de recueillir des témoignages sur la guerre civile qui vient de détruire la ville et notamment l’attaque de l’armée serbe du 30 mars au 23 avril 1994. Rejoindre la ville est déjà compliqué, en empruntant « Route Bleue » établie par l’ONU entre Goražde et Sarajevo. Une fois sur place, Joe Sacco reconstitue grâce aux témoignages les événements qui ont précédé le massacre, puis ces terribles journées de nettoyage ethnique, l’inaction des forces internationales et notamment de l’ONU.

Mon avis : deux albums en noir et blanc très denses (sur le contenu et sur l’apparence des planches). Je trouve dommage, côté édition, que tous les signes diacritiques (comme le ž) n’aient pas été mis, ils modifient la prononciation des lettres. Le texte s’étend aussi trop près de la reliure, comme celle-ci a été renforcée par une couture par la médiathèque, le début de nombreux mots est illisible, dommage! Comme dans Gaza 1956, mais en réalisant ses entretiens juste après les événements et non avec des dizaines d’années d’écart, Joe Sacco mène un travail de journaliste et d’enquêteur et restitue le point de vue des survivants. Au fil des pages, il réussit à dresser le contexte de ce massacre dans un passé plus long de la zone balkanique. Un album à découvrir pour revenir sur l’histoire contemporaine d’une guerre qui s’est déroulée à nos portes dans une grande impuissance de la communauté internationale incapable d’intervenir efficacement pour protéger les civils.

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Exit wounds de Rutu Modan

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Exit wounds de Rutu ModanUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Exit wounds de Rutu Modan (scénario et dessins), traduit de traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, éditions Actes sud BD, 2007, 176 pages, ISBN 978-2-7427-7107-3.

L’histoire : Tel-Aviv, janvier 2002. Koby, chauffeur de taxi, est abordé par Numi, une jeune femme qui effectue son service militaire: elle pense que le père de Koby, dont elle est l’amante, est la victime non identifiée d’un attentat kamikaze. Koby n’a plus de relation avec son père, sa sœur n’en a que de loin en loin. Une visite dans l’appartement montre qu’il n’y est pas venu depuis un moment. D’abord réticent, Koby finit par accepter de mener l’enquête avec elle.

Mon avis : un album en couleur avec des dessins aux traits assez simplifiés pour les personnages et très détaillés pour le paysage urbain. Le scénario est le prétexte pour explorer la vie d’une famille israélienne qui a explosé: la sœur est partie du pays depuis longtemps et vit à New-York, le père et le fils ne se voient plus depuis des années. Le volet attentat et terrorisme est finalement peu développé, comme si ceux-ci s’étaient banalisés, une victime non identifiée enterrée après un mois dans l’indifférence générale et hors cimetière juif (des fois qu’elle ne soit pas juive) – elle finira quand même par être identifiée, ce n’est pas le père recherché par la jeune amante. Je trouve que l’album manque de profondeur en n’abordant pas à fond un sujet (terrorisme) ou l’autre (qui est vraiment ce père mystérieux).

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Frères d’ombre de Sébastien Vassant et Jérôme Piot

pioche-en-bib.jpgCouverture de Frères d'ombre de Sébastien Vassant et Jérôme PiotUne bande dessinée trouvée parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Frères d’ombre de Sébastien Vassant (dessin et couleur) et Jérôme Piot (scénario), éditions Futuropolis, 2013, 142 pages, ISBN 9782754806879.

L’histoire : mars 2003. Kamel, informaticien, fuit le service militaire en Algérie et vient de se voir refusé un visa pour la France. Grâce à un oncle, il réussit à s’embarquer dans un conteneur avec d’autres clandestins, destination Marseille. La plupart sont arrêtés à l’arrivée, par une police brutale. Kamel réussit à passer entre les mailles, aidé par un contrôleur, Alain, divorcé et qui vit avec sa mère à Pantin. De fil en aiguille, il finit par l’héberger chez lui, alors que les derniers clandestins sont repris, présentés comme terroristes, la tête de Kamel livrée à la vindicte publique, aux prises avec son frère, qui a gardé quelques séquelles de la guerre d’Algérie au cours de laquelle il a pratiqué la torture…  Kamel réussira-t-il à s’en sortir?

Mon avis : un album qui traite de nombreux sujets autour de l’émigration, des clandestins, du rôle de la police, du racisme ordinaire mais aussi d’un beau geste, impulsif au départ, de la part d’un cheminot. Et aussi l’exploitation de ces travailleurs clandestins sur des exploitations de pommes vers Manosque. Côté style, le carcan des cases s’efface, même si le récit s’organise presque comme si elles existaient, sans être dessinées. Cela donne une plus grande fluidité à l’ensemble.

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Ouvrier (volume 1), de Bruno Loth

pioche-en-bib.jpgCouverture de Ouvrier (volume 1), de Bruno LothUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, la suite de Apprenti, mémoires d’avant-guerre.

Le livre : Ouvrier, mémoires sous l’occupation, volume 1, de Bruno Loth (dessin, scénario et couleurs), collection Hors Champ, éditions La boîte à bulles, 2012, 112 pages, ISBN 9782849531518.

L’histoire : 1938, sur un chantier naval à Bordeaux. Jacques a terminé son apprentissage et travaille maintenant sur le chantier naval de Bacalan. le week-end et pour les vacances, il se retrouve, avec son frère Marceau et ses copains, dans le mouvement des auberges de jeunesse, notamment sur le bassin d’Arcachon (mais aussi chez l’oncle qui a racheté un bar à Cazaux et dans les Pyrénées), le vélo est leur moyen de locomotion préféré. Il est réformé de l’armée, trop maigre… Juin 1940, c’est la débâcle puis l’occupation de Bordeaux, la mère est très malade. Jacques refuse de continuer à travailler pour les Allemands, il finit sur un chantier… italien! Marceau est arrêté…

Mon avis : Apprenti, mémoires d’avant-guerre était un album construit sur la vie du père de l’auteur dans une perspective sociologique, avec la description de la vie de chantier. On retrouve cette ambiance au début de l’album, avec les loisirs, l’ambiance des auberges de jeunesse, les vacances. Puis le contexte historique prend le dessus, d’abord avec les réfugiés espagnols qui passent le col des Pyrénées à quelques kilomètres de nos vacanciers… puis très vite avec la débâcle et l’occupation de Bordeaux. mais les jeunes adultes continuent leur vie, en allant au cinéma, en sortant malgré le couvre-feu.Du côté graphique, j’ai fini par m’habituer au style de Bruno Loth, qui m’avait un peu gênée dans le premier tome, avec un gros travail sur le noir et blanc et la mise en place d’aplats de gris/gris bleutés avec parfois quelques touches de couleurs vives.

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L’empoisonneuse de Peer Meter et Barbara Yelin

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de L'empoisonneuse de Peer Meter et Barbara YelinUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Du même scénariste, mais avec une autre dessinatrice, voir aussi Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz.

Le livreL’empoisonneuse de Peer Meter (scénario) et Barbara Yelin (dessins), traduit de l’allemand par Paul Derouet, éditions Actes sud – l’An 2, 2010, 199 pages (dont 3 pages à la fin sur les faits historiques), ISBN 978-2-7427-8961-0.

L’histoire : vers 1880, dans un train à destination de Hambourg. Une femme d’un certain âge, écrivaine, blêmit quand elle apprend que son train va être détourné par Brême. Elle raconte pourquoi à son amie et assistante, Lou. En 1831, alors qu’elle était jeune fille, venant de Londres, et avait déjà publié un recueil de poésie, son éditeur lui avait commandé un récit de voyage à Brême. Mais à peine débarquée dans le port, elle trouve une ville en effervescence, un échafaud en cours de construction à côté de la cathédrale… Gesche Margarethe Gottfried doit être exécutée pour avoir assassiné au « beurre de souris » (un mélange raticide à base de saindoux et d’arsenic) une quinzaine de personnes (ses deux maris, ses trois enfants, ses parents, des voisins) et rendu malade au moins autant. Elle va se heurter à la misogynie des protagonistes du drame et à la négation du caractère psychiatrique des meurtres…

Mon avis : un album en noir et blanc, dessiné avec de puissants traits au crayon. Cela donne un ensemble assez sombre au premier abord, mais riche en détails, que j’ai beaucoup aimé. Derrière cette histoire d’empoisonneuse (aussi célèbre en Allemagne que Landru chez nous), la jeune écrivain se trouve confrontée à des hommes misogynes, alors qu’elle venait au départ faire un reportage sur la ville et son caractère progressiste dans la ligue hanséatique (les villes marchandes du nord de l’Allemagne). Une interrogation aussi sur la peine de mort et encore plus la peine de mort publique (ce sera la dernière à Brême) d’une femme qui relève plus de la psychiatrie.

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Celle que je voudrais être de Vanyda

Couverture de Celle que je voudrais être de Vanydapioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenLa suite de Celle que je ne suis pas, trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Celle que je voudrais être de Vanyda (scénario et dessin), éditions Dargaud, 2009, 192 pages, ISBN 978-2505005759.

L’histoire : à Lille de nos jours. Valentine entre en seconde, elle est séparée de ses copines: Julie redouble sa troisième, Yamina a pris option japonais pour vivre sa passion des mangas. Elle retrouve quand même ses amies à la cantine. Par flash, son enfance et son père apparaissent au cœur de l’histoire. Elle s’intègre tant bien que mal dans sa classe, fait de nouvelles connaissances, ses relations avec sa mère semblent moins tendues…

Mon avis : cet album garde le style manga du premier volume de la série, avec de longs passages sans bulles mais très expressifs (par exemple la scène de la braderie avec le flash-back de l’égarement sur une plage). Cette adolescente qui se cherche se détache un peu de certaines amies (plus dans la même classe, les liens se distendent), se rapproche un peu plus d’autres (au club manga avec Yasmina, sa mère les accompagnera d’ailleurs à une convention à Paris), fait de nouvelles connaissances, y compris chez les garçons… Bref, une vie d’adolescente « normale », moins suiveuse et plus autonome dans ses choix. Le père, qui visiblement lui manque, revient par flash-back de son enfance, il était présent juste par une lettre dans le premier tome.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Vanyda.

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Celle que je ne suis pas de Vanyda

Couverture ed Celle que je ne suis pas de Vanydapioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Celle que je ne suis pas de Vanyda (scénario et dessin), éditions Dargaud, 2008, 192 pages, ISBN 978-2505003441.

L’histoire : de nos jours à Lille [ce n’est pas dit clairement, mais il y a une lettre porte une adresse lilloise, le métro, un extrait de plan]. Valentine est en classe de troisième et vit seule avec sa mère. Elle forme une sorte de bande avec ses copines, Émilie, Julie et Yamina. Comme Cette dernière, elle adore les mangas. Elle cherche son identité, si elle semble à l’aise avec ses copines, fait les expériences de son âge (les cigarettes, l’alcool à un anniversaire, les garçons), elle est mal dans sa peau et se confie encore à son nounours anda dans l’intimité de sa chambre…

Mon avis : une bande dessinée en noir et blanc au style très manga, que ce soit par le format ou la forme des visages. Je trouve que les difficultés de cette adolescente sont bien montrées, les relations pas toujours faciles avec la mère, l’absence du père, les relations au collège avec les copines et parfois les garçons. Ceci étant, c’est un portrait réaliste mais sans grande surprise de cette bande de copines, sans beaucoup plus d’action que dans la vie des collégiens, les cours, la récré, la cantine, les messages SMS sitôt séparés et rentrés chez eux. Ceci étant, rien de révolutionnaire… les délégués de classe sont de bons élèves, la meneuse de la bande, Julie, un peu paumée et en échec scolaire, les garçons boutonneux…

Voir la suite :  Celle que je voudrais être. De la même auteure, voir aussi L’immeuble d’en face

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Vanyda.

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La parenthèse d’Elodie Durand

Couverture de La Parenthèse d'Elodie Durand Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgJe réédite cet article paru il y a deux ans… Élodie Durand sera présente à Niort (hôpital) le vendredi 15 mars 2013 à 19h30 et à Poitiers (CHU) le samedi 16 mars à 17h30, pour un débat autour de l’épilepsie. Toutes les informations sur le site de l’association 9e art. L’album a reçu le prix de la révélation au festival d’Angoulême 2011 et le prix Libération.

Article du 25 mars 2011

J’ai lu une critique qui m’a tentée (oups, je n’ai pas noté, impossible de retrouver chez qui), je l’ai réservé à la médiathèque et l’ai lu juste avant qu’il ne reçoive le prix de la révélation au Festival d’Angoulême 2011.

Le livre : La parenthèse de Élodie Durand (scénario et dessin), collection Encrages, éditions Delcourt, 2010, 221 pages, ISBN 978-2-7560-1703-7.

L’histoire : Paris, au milieu des années 2000. Avec l’aide de ses proches, Judith tente de reconstituer son histoire. 1995. Judith a 20 ans, est étudiante en maîtrise. Cet été là, alors qu’elle est monitrice de colonie de vacances, elle ressent les premiers malaises, ou plutôt, ses camarades repèrent des malaises (absences, perte de l’équilibre…) dont elle ne se souvient pas. Elle finit par consulter un neurologue, elle souffre de crises d’épilepsie. Des crises de plus en plus fréquentes, résistantes aux multiples traitements, dont la cause finit par être être connue, elle a une minuscule tumeur (maligne ? bénigne ?) au cerveau. Le problème, en plus des crises d’épilepsie, c’est qu’elle est inaccessible à la chirurgie. Après la biopsie, une méthode expérimentale est tentée à Marseille… Le traitement, délicat, sera-t-il efficace ?

Mon avis : un témoignage puissant sur une tumeur mal placée au cerveau, mais surtout sur l’épilepsie non maîtrisée par les médicaments. Si ceux-ci ne parviennent pas à limiter les crises, ils shootent en revanche complètement Judith. La perte de mémoire, de plus en plus importante, jusqu’à perdre tous ses souvenirs, la lecture, l’écriture, est liée aux crises bien sûr, mais aussi aux traitements… Trois ans de longs traitements… Les dessins réalisés pendant sa maladie et réintégrés dans le récit sont d’une force terrifiante. Le dessin en noir et blanc est fort, tout au long du récit, avec par moment des cases pleines à craquer… Mais pourquoi avoir appelé le personnage Judith, alors qu’il s’agit apparemment d’un récit autobiographique d’Élodie Durand? Parce qu’en se reconstruisant, elle ne se reconnaît pas dans les souvenirs absents et reconstruits avec l’aide de ses proches et notamment de ses parents?

Pour aller plus loin : voir le site de Élodie Durand.

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Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Couverture de Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn livre reçu dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio. Un grand merci à eux et aux éditions Steinkis.

Le livre : Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanny Soubiran, éditions Steinkis, 2011, 208 pages, ISBN 979-1090090002.

L’histoire : de nos jours en Israël. Un groupe de jeunes juifs américains assiste à un séjour d’une dizaine de jours qui leur est offert par le programme Taglit, financé par des juifs du monde entier. Sarah a préparé son voyage et souhaite le prolonger un peu dans les territoires occupés, elle craint l’endoctrinement par ce programme. Elle a néanmoins convaincu une de ses amies de les accompagner. Elle tient au jour le jour un carnet des lieux visités, de ses impressions, de ses états d’âme parfois contradictoires.

Mon avis : j’ai bien aimé la forme entre roman graphique et carnet de voyage, avec des visages aux traits assez simplifiés. Les cartes aquarellées au début de chaque chapitre permettent de bien se situer dans un territoire complexe, imbriqué, parcouru du nord au sud. A Jérusalem, les Chrétiens sont quasi absents du récit, juste un groupe croisé, quatre stations du chemin de croix trouvées après avoir quitté le groupe. Je ne connaissais pas du tout cette organisation, Taglit. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sous couvert d’ouverture d’esprit, le programme est bien rodé et sert aux jeunes un seul discours formaté, mais après tout, c’est leur rôle, ils sont financés par des organisations juives à destination de jeunes juifs. Ce qui est un peu regrettable, c’est que, finalement, l’auteure n’arrive pas à se rendre dans les territoires occupés, les mouvements pour la paix sont à peine évoqués et l’on n’a pas le point de vue opposé que l’on trouve dans les Chroniques de Jérusalem de Delisle… Un livre à lire cependant, on donne assez peu en France la parole aux juifs sur Israël, et même si leur occupation des territoires est illégale, de même que la poursuite de la colonisation de ces derniers, en les morcelant un peu plus chaque jour, il n’est pas inintéressant d’avoir un autre point de vue, fût-il basé sur la peur et le tout sécuritaire (justification du mur de séparation, de la guerre des Six jours, de l’occupation du plateau du Golan).

Pour aller plus loin :

Voir le site officiel de Sarah Glidden.

En BD

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Je viens aussi de sortir de la médiathèque Gaza 1956, en marge de l’histoire, de Joe Sacco, je vous en reparlerai…

En littérature

Palestine de Hubert Haddad

Une histoire d’amour et de ténèbres de Amos Oz

Les polars de Batya Gour : Meurtre au kibboutz, Le meurtre du samedi matin, Meurtre à l’université, Meurtre au philharmonique

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Les mauvaises gens d’Etienne Davodeau

Couverture de Les mauvaises gens d'Etienne Davodeau

Étienne Davodeau était venu début 2011 avec Richard Leroy, le vigneron, à Poitiers lors du festival Filmer le travail, pour un spécial  » dessiner le travail « , avec une exposition et une interview par un sociologue. Son album les ignorants est désormais sorti, mais je me suis aperçu que j’avais oublié de vous parler de Les mauvaises gens, qu’il m’avait alors dédicacé. Cet album avait reçu le prix du meilleur scénario et le prix public du meilleur album au festival d’Angoulême en 2006.

Le livre : Les mauvaises gens de Étienne Davodeau (scénario et dessin), collection Encrages, éditions Delcourt, 2005, 183 pages, ISBN 978-2-84789-449-3.

L’histoire : en Anjou dans les Mauges, en Maine-et-Loire, de nos jours et des années 1950 à 1981. Étienne Davodeau a décidé de raconter l’histoire de ses parents et de centaines de jeunes gens comme eux, en menant un questionnaire sociologique. Ces jeunes gens se retrouvent à travailler dans des usines à la campagne (ici de confection de chaussures) dans des conditions difficiles et sous le joug de patrons paternalistes. Dans cette région catholique, les loisirs sont organisés par la JOC, jeunesse ouvrière catholique. Et voici que parmi cette jeunesse docile apparaissent des revendications pour améliorer les conditions de travail notamment : ce sont les réunions dans des maisons privées, la naissance d’un mouvement syndicaliste (CFTC, confédération des travailleurs catholiques, puis CFDT), la nomination de délégués, les rencontres avec la direction, l’arrivée de la première grève. L’élection de François Mitterrand en 1981 va-t-elle changer la donne?

Mon avis : un album de bande dessinée certes, mais rapporté comme une enquête de sociologie, avec Étienne Davodeau dans le rôle de l’enquêteur, et ses parents dans ceux d’enquêtés. J’adore ce style. Pas de nostalgie, la vie de l’usine était dure, mais elle avait aussi ses bons côtés. La bande dessinée est juste au service du récit, entre BD sociale et roman graphique. On n’y trouve pas encore la maîtrise graphique de Rural! Chronique d’une collision politique ou de les ignorants, mais le traitement à la façon d’un enquête sociologique rappelle les grands travaux des sociologues des années 2000 et les essais de transcriptions en bande dessinée, à la suite de ce volume pionnier d’Étienne Davodeau, avec par exemple La communauté de Hervé Tanquerelle (dessin et scénario) et Yann Benoît (scénario) (revoir mes avis sur la première et la deuxième parties, parues respectivement en 2008 et 2010) ou encore Apprenti, mémoires d’avant-guerre de Bruno Loth, paru également en 2010.

d’Étienne Davodeau

Davodeau et Joub

Kris et Davodeau

Pour découvrir l’auteur : voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche… et la venue à Poitiers de l’auteur.

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