Archives par étiquette : Joe Sacco

Šoba de Joe Sacco

pioche-en-bib.jpgCouverture de Šoba de Joe SaccoJuste 20 ans hier que le massacre de Srebrenica (8 372 hommes et adolescents bosniaques assassinés dans l’indifférence des casques bleus présents), je vous invite à (re)lire cet album de Joe Sacco, ainsi que Goražde… De la BD-reportage de grande qualité!

Réédition de l’article du 30 avril 2014

Après Gaza 1956 et Goražde de , j’ai emprunté un autre titre du même auteur à la médiathèque. [depuis, je vous ai aussi parlé de  Palestine, une nation occupée et Le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916].

Le livre : Šoba, une histoire de la Bosnie de Joe Sacco (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Sidonie Van den Dries et Alain David, éditions Rakham,  41 planches, 2000, ISBN 9782878270396.

L’histoire: 1995 à Sarajevo en Bosnie. La guerre civile fait rage dans ce qui est encore la Yougoslavie. Joe Sacco, en plein reportage dans la ville assiégée, fait la connaissance de Šoba, 27 ans, un artiste (peintre et rock-star) qui a décidé de rester sur place plutôt que d’aller préparer une exposition de ses oeuvres en Italie. Quand il ne combat pas (comme démineur), il se détend dans des soirées bien arrosées, bloqué par le couvre-feu.

Mon avis: comme dans les deux précédents albums que j’ai lus de cet auteur, le dessin à la plume est dense, plein de détails, une BD-reportage qui, à travers le portrait et le quotidien d’un homme, permet d’aborder la guerre civile et le siège de Sarajevo (avec le bombardement du marché). Le contraste entre les fêtes nocturnes et la réalité de la guerre (certains amis ne reviendront pas, ou alors estropiés) est marquant. L’année suivante, Joe Sacco est allé poursuivre son reportage, ce qui donnera son album Goražde. La version anglaise de l’album est parue peu après la guerre, en 1998. L’auteur précise que la réalisation de ces planches rès détaillées lui prend un temps très important. Il me donne envie de lire son nouvel album, historique cette fois, La grande guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916 (éditions Futuropolis), publié sous une forme atypique (une grande bande de 7m de long, sans texte).

 

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Palestine, une nation occupée, de Joe Sacco

pioche-en-bib.jpgCouverture de Palestine, une nation occupée, de Joe SaccoJ’avais programmé cet article pour dans quelques semaines, j’ai changé l’ordre de publication et le publie dès aujourd’hui, au vu de l’actualité.

Après Gaza 1956, Goražde et Šoba (et dans un autre style Le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916) de , j’ai emprunté un autre titre du même auteur à la médiathèquePalestine, une nation occupée a reçu le prix France Info et le prix Tournesol au festival international de la BD d’Angoulême en 1999.

Le livre : Palestine, t. 1, une nation occupée de Joe Sacco (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par des inconnus (aucune information dans l’ours, seulement des remerciements de l’éditeur), éditions Vertige Graphic,  141 planches et deux pages d’introduction, 1996 (plusieurs rééditions), ISBN 9782908981230.

L’histoire: en 1991-1992, en Palestine (Cisjordanie et bande de Gazah) et en Israël, en pleine intifada. En journaliste, Joe Sacco rend compte de son enquête sur les événements, il cherche des témoins directs, rapporte leurs témoignages, se rend dans les hôpitaux. Le taxi, le passage des check-points, l’implantation des colonies, les interrogatoires et la torture, la répression (destruction d’oliviers, seule ressource d’une famille, maisons rasées), la vie dans les camps mais aussi dans les prisons, la place de la femme dans cette société.

Exemple d'une double page de de Palestine, une nation occupée, de Joe SaccoMon avis: le volume rassemble des épisodes parus dans des revues, sous la forme de BD-reportages. Les bandes dessinées de Joe Sacco, à l’encre et pleines de détail, sont denses… Certaines pages aussi, à la limite de la lisibilité pour moi (même avec le visio-agrandisseur, texte trop dense)! Surtout que le lettrage alterne les minuscules et les majuscules, encore moins lisibles. C’est dommage car ce texte est très intéressant. Le passage qui m’a peut-être le plus frappé est celui sur la prison de Ansar III, une petite ville qui ressemble presque à un camp nazi (au moins à un camp d’internement, genre Frontstalag ou « ghetto moderne » comme Térézine): entassement dans des pièces ou des tentes, manque d’hygiène, de points d’eau et de toilettes, utilisation de gaz lacrymogènes, politique de gardiennage (pour éviter la compassion des gardiens), organisation du camp avec une « université populaire » ou au moins le partage de l’instruction.

Je vais chercher à la médiathèque la suite, Palestine, dans la bande de Gaza.

Pour rebondir sur des sujets voisins, suivre le mot-clef Palestine et voir en particulier:

Palestine de Hubert Haddad

Gaza 1956 de ,

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden

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1er juillet 1916, de Joe Sacco

Couverture de La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe SaccoUn livre acheté à la librairie BD Bulles d’encre à Poitiers. Je vous ai déjà parlé des reportages de guerre de : Gaza 1956Palestine, une nation occupée, Goražde et Šoba.

Le livre: La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe Sacco (dessins et explications) et Adam Hochschild (contextualisation), éditions Futuropolis, 1 coffret, 2014, ISBN 9782754810296.

L’objet et l’histoire: le coffret rigide se compose d’une bande dessinée (au sens propre, dessin sans texte) de 7m de long pliée en accordéon et protégée par deux pages cartonnées rigides et d’un livret souple bilingue français/allemand comprenant:

– une introduction de Joe Sacco, qui explique pourquoi il s’est inspiré de la Tapisserie de Bayeux, et aussi de Manhattan Unfurled de Matteo Pericoli et pourquoi il a choisi de présenter cette journée du point de vue des Anglais

– une analyse de la journée du 1er juillet 1916 par l’historien Adam Hochschild, journée qui a fait 21000 morts (plus de 19000 morts sur le champ de bataille, les autres de leurs blessures) et 37000 blessés anglais

– une explication scène par scène, les légendes commençant alternativement par le texte français ou le texte allemand.

La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe Sacco, déplié dans mon appartementMon avis: extra!!! L’objet en lui-même est un petit bijou (à prix très raisonnable: 25€), à parcourir soit d’une seule vision (déplié en entier, cela fait les deux tiers de la largeur de mon appartement, illustration ci contre dans les deux sens!), soit en dépliant l’accordéon au fur et à mesure, ou par plusieurs morceaux. Le dessin à la plume foisonne de détails, et sans les textes intéressants mais qui « encombrent » parfois les albums de (revoir Gaza 1956, Goražde et Šoba). Je l’ai acheté il y a une quinzaine de jours et le regarde tous les jours, découvrant toujours de nouveaux détails! Le choix de changer d’échelle en fonction des besoins, comme sur la Tapisserie de Bayeux, est très efficace pour la narration (en images seules, je le rappelle). Les scènes se déplacent, de la chapelle de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) aux environs d’Albert (dans la Somme), au cœur de la bataille puis à l’évacuation des blessés. Du 1er au 18 novembre 1916, la bataille de la Somme a fait, toutes armées confondues, plus d’un million de victimes dont 442.000 morts ou disparus.

Pour aller plus loin,

– le projet sera présenté aux rencontres de la BD d’Amiens le 7 et 8 juin 2014 (j’espère qu’il le sera aussi à Angoulême en janvier 2015!)

-voir une conférence de Joe Sacco sur son projet de La grande guerre(en anglais/USA bien sûr)

– voir l’historial de la Grande Guerre à Péronne, au cœur des champs de bataille de la Somme

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Goražde, de Joe Sacco

pioche-en-bib.jpgCouverture de Gorazde, tome 1, de Joe SaccoCouverture de Gorazde, tome 2, de Joe SaccoUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. De Joe Sacco, je vous ai déjà parlé de Gaza 1956, Šoba, Palestine, une nation occupée et Le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916.

Le livre : Goražde, la guerre en Bosnie orientale, 1993-1995 de Joe Sacco (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphanie Capitolin et Sidonie Van den Dries, éditions Rakham, 2 tomes, 227 planches au total, 2001, ISBN t. 1, 9782878270433, t. 2, 9782878270549 [republié en 1 seul volume en 2011].

L’histoire : à Goražde, l’une des trois enclaves bosniaques attaquées par l’armée serbe au début des années 1990. En 1995 et 1996, au cours de quatre voyages, Joe Sacco tente de recueillir des témoignages sur la guerre civile qui vient de détruire la ville et notamment l’attaque de l’armée serbe du 30 mars au 23 avril 1994. Rejoindre la ville est déjà compliqué, en empruntant « Route Bleue » établie par l’ONU entre Goražde et Sarajevo. Une fois sur place, Joe Sacco reconstitue grâce aux témoignages les événements qui ont précédé le massacre, puis ces terribles journées de nettoyage ethnique, l’inaction des forces internationales et notamment de l’ONU.

Mon avis : deux albums en noir et blanc très denses (sur le contenu et sur l’apparence des planches). Je trouve dommage, côté édition, que tous les signes diacritiques (comme le ž) n’aient pas été mis, ils modifient la prononciation des lettres. Le texte s’étend aussi trop près de la reliure, comme celle-ci a été renforcée par une couture par la médiathèque, le début de nombreux mots est illisible, dommage! Comme dans Gaza 1956, mais en réalisant ses entretiens juste après les événements et non avec des dizaines d’années d’écart, Joe Sacco mène un travail de journaliste et d’enquêteur et restitue le point de vue des survivants. Au fil des pages, il réussit à dresser le contexte de ce massacre dans un passé plus long de la zone balkanique. Un album à découvrir pour revenir sur l’histoire contemporaine d’une guerre qui s’est déroulée à nos portes dans une grande impuissance de la communauté internationale incapable d’intervenir efficacement pour protéger les civils.

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Gaza 1956, de Joe Sacco

Couverture de Gaza 1956, de Joe Saccopioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque. [depuis, j’ai aussi lu du même auteur Goražde, ŠobaPalestine, une nation occupée et 1er juillet 1916].

Le livre : Gaza 1956, en marge de l’Histoire de Joe Sacco (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Sidonie Van den Dries, éditions Futuropolis, 2010, 424 pages (386 planches + texte annexe), ISBN9782754802529.

L’histoire : dans la bande de Gaza, en particulier à Khan Younis, en 2001 puis en 2002 et en 2003. Alors que l’intifada fait rage, puis que les Américains sont sur le pont d’envahir l’Irak, Joe Sacco décide de se rendre, en tant que journaliste (refusé la première fois), dans la bande de Gaza pour enquêter sur un massacre perpétré par les Israéliens en 1956 lors de la crise de Suez. Une note dans un rapport des Nations-Unies faisait état de 275 morts, il décide de partir enquêter. Il se heurte à la difficulté de trouver des survivants, à la mémoire de ceux-ci, qui ont vécu l’exil lors de la constitution de l’État d’Israël et d’autres massacres par la suite, notamment en 1967, les événements se télescopent avec le présent… il réussit néanmoins à reconstituer une rafle de tous les hommes du village, accompagnée de nombreuses exactions et meurtres…

Mon avis : grâce à une enquête patiente, en recoupant les témoignages, l’auteur réussit à reconstituer l’histoire d’un massacre. Il faut absolument également lire la préface et les documents à la fin du livre, qui retranscrivent les témoignages recueillis par Joe Sacco. Ce gros roman graphique, en noir et blanc avec beaucoup de texte en marge des cases, aide à comprendre la « question palestinienne », et pourquoi la violence se perpétue de génération en génération. Comment des juifs, dont certains, en 1956, ne pouvaient que se rappeler des rafles nazies, ont-ils pu se mener à un tel massacre, à une telle rafle de tous les hommes de 15 à 60 ans (les marges varient selon les témoins), avec autant d’humiliations et de meurtres purs et simples, à la recherche de soldats égyptiens? Comment ce massacre n’a-t-il pas été condamné par les Nations-Unies? Comment perdure-t-il aujourd’hui par la répétition des actes? A lire absolument!

Pour rebondir sur des sujets voisins, voir:

Palestine de Hubert Haddad

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden

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