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Pour en finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis

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C’est un livre de la rentrée de janvier, mon père l’avait lu et proposé fin janvier mais je ne pouvais alors pas le lire, je viens juste de le terminer (merci à ma caméra). Je l’ai emprunté à la médiathèque.

Le livre : Pour en finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis, éditions du Seuil, 220 pages, 2014, ISBN 9782021117707.

L’histoire: dans les années 1990, dans un petit village de Picardie, vers Abbeville. Un grand-père alcoolique mort depuis longtemps, un père alcoolique, un grand frère alcoolique et encore plus violent, une mère soumise (elle « torche les vieux », pas question de gagner plus que l’époux). Un enfant différent des autres raconte les brimades, les coups, les viols, dont il a été victime au collège notamment.

Mon avis: le récit autobiographique de son enfance par Édouard Louis, tout juste 21 ans, a beaucoup fait parler en début d’année, récit terrible porté dans les médias par son auteur. Rejeté par sa famille, victime de harcèlement à l’école, jusqu’à accepter les coups pour que ce ne soit pas pire encore, violé par un cousin à l’âge de 10 ans dans la grange voisine, jour après jour, jusqu’à ce que sa mère le surprenne… C’est lui qui est montré comme l’homosexuel, pas le violeur, et personne ne parlera jamais des deux autres garçons se livrant aux mêmes « jeux » à côté. Une homophobie subie, dans les chairs, mais une homophobie analysée aussi, au fil des pages, le milieu, pauvre (en argent mais aussi en expression des sentiments, des ressentis, etc.), qui a aggravé son expression. Un milieu qui surinvestit le « mâle » (pourtant alcoolique et chômeur suite à un accident de travail), qui « s’autorise » à taper sur les femmes, en toute impunité. Et les adultes du collège? Ils ne faisaient pas partie du même milieu, ils auraient pu s’apercevoir de quelque chose, l’enfant devenu jeune adulte semble les dédouaner, il cachait sa souffrance, se laissa tabasser pendant deux ans dans un couloir discret. C’est quand même d’une prof, qui lui a ouvert la porte du théâtre, que lui viendra le salut. A force de travail et surtout grâce au culot de son audition, il réussit à se faire accepter dans un lycée plus loin, à Amiens, à être interne. Un livre comme thérapie sans doute, quelle est la part du roman et celle de l’autobiographie? Un récit fort et très bien écrit sur l’homophobie vécue dès le plus jeune âge.

Pour aller plus loin:

– écouter une entrevue sur France Culture, la première que j’ai entendue, je pense.

– découvrir le blog d’Édouard Louis

1er juillet 1916, de Joe Sacco

Couverture de La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe SaccoUn livre acheté à la librairie BD Bulles d’encre à Poitiers. Je vous ai déjà parlé des reportages de guerre de : Gaza 1956Palestine, une nation occupée, Goražde et Šoba.

Le livre: La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe Sacco (dessins et explications) et Adam Hochschild (contextualisation), éditions Futuropolis, 1 coffret, 2014, ISBN 9782754810296.

L’objet et l’histoire: le coffret rigide se compose d’une bande dessinée (au sens propre, dessin sans texte) de 7m de long pliée en accordéon et protégée par deux pages cartonnées rigides et d’un livret souple bilingue français/allemand comprenant:

– une introduction de Joe Sacco, qui explique pourquoi il s’est inspiré de la Tapisserie de Bayeux, et aussi de Manhattan Unfurled de Matteo Pericoli et pourquoi il a choisi de présenter cette journée du point de vue des Anglais

– une analyse de la journée du 1er juillet 1916 par l’historien Adam Hochschild, journée qui a fait 21000 morts (plus de 19000 morts sur le champ de bataille, les autres de leurs blessures) et 37000 blessés anglais

– une explication scène par scène, les légendes commençant alternativement par le texte français ou le texte allemand.

La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme, 1er juillet 1916, de Joe Sacco, déplié dans mon appartementMon avis: extra!!! L’objet en lui-même est un petit bijou (à prix très raisonnable: 25€), à parcourir soit d’une seule vision (déplié en entier, cela fait les deux tiers de la largeur de mon appartement, illustration ci contre dans les deux sens!), soit en dépliant l’accordéon au fur et à mesure, ou par plusieurs morceaux. Le dessin à la plume foisonne de détails, et sans les textes intéressants mais qui « encombrent » parfois les albums de (revoir Gaza 1956, Goražde et Šoba). Je l’ai acheté il y a une quinzaine de jours et le regarde tous les jours, découvrant toujours de nouveaux détails! Le choix de changer d’échelle en fonction des besoins, comme sur la Tapisserie de Bayeux, est très efficace pour la narration (en images seules, je le rappelle). Les scènes se déplacent, de la chapelle de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) aux environs d’Albert (dans la Somme), au cœur de la bataille puis à l’évacuation des blessés. Du 1er au 18 novembre 1916, la bataille de la Somme a fait, toutes armées confondues, plus d’un million de victimes dont 442.000 morts ou disparus.

Pour aller plus loin,

– le projet sera présenté aux rencontres de la BD d’Amiens le 7 et 8 juin 2014 (j’espère qu’il le sera aussi à Angoulême en janvier 2015!)

-voir une conférence de Joe Sacco sur son projet de La grande guerre(en anglais/USA bien sûr)

– voir l’historial de la Grande Guerre à Péronne, au cœur des champs de bataille de la Somme

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