Il y a juste cent ans, à quelques heures près (21h40 le 31 juillet 1914), Jean Jaurès, dirigeant socialiste pacifiste, était assassiné par Raoul Villain au café du Croissant, rue de Montmartre à Paris, près du siège de L’Humanité. Plusieurs monuments en France lui rendent hommage, il faudra que je vous montre celui de Toulouse… Son assassinat marque un coup dur pour les pacifistes qui essayaient d’éviter la guerre qui se profilait depuis un bon mois (28 juin 1914, assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse la duchesse de Hohenberg, par le nationaliste serbe de Bosnie Gavrilo Princip)…
A Dole, le monument à Jean Jaurès a été érigé devant le « Pavillon de l’Arquebuse » dit aussi « des Arquebusiers » (18e siècle), devenu plus tard la bourse du travail, comme on peut encore le lire sur cette carte postale ancienne. des rassemblements pacifistes y sont organisés chaque année.
Le monument est constitué d’une grande stèle et a été inauguré en janvier 1924. Sur cette face se trouve une sculpture de Félix [Alexandre] Desruelles (Valenciennes, 1865 – La Flèche, 1943), qui a également réalisé le monument commémoratif à Jean Jaurès de l’hôtel de ville de Lille, réalisé en 1932 (qui était en 2002 déposé dans un local technique) et qui comprend un tirage en bronze (réduit) du semeur et du médaillon de Dole. On y voit donc un semeur qui semble marcher et tient de sa main gauche sa sacoche de grains et fait de sa main droite le geste du semeur, poing serré sur la semence, dans un geste qui rappelle beaucoup celui de la Semeuse (Mariane) dessinée en 1887 par Oscar Roty. En-dessous est gravée une célèbre phrase de Jean Jaurès : « J’ose dire avec / des millions / d’hommes que / la grande paix / humaine est / possible / Jean Jaurès ».

Sur la face opposée est gravée la dédicace (« A / Jean Jaurès / mort pour le peuple / le 31 juillet 1914 » et « Hommage de la démocratie Jurassienne »), encadrée de deux flambeaux.

Un médaillon en bronze montre le profil droit de Jean Jaurès en relief assez marqué, comme on peut le voir sur la vue de trois-quarts.

Sur les deux petits côtés sont gravés des textes de Jaurès:
« La vraie classe intellec_ / tuelle c’est la classe / ouvrière car elle n’a / jamais besoin du men- / songe. /
La vie et la liberté, ces / grandes éducatrices / auront le dernier mot./ L’humanité est mau-/ dite si pour faire preu- / ve de courage, elle / est condamnée à tuer / éternellement. /
Le courage c’est / de chercher la vérité / et de la dire, c’est de / ne pas subir la loi du / mensonge triom- / phant qui passe / et de ne pas faire / écho de notre âme, / de notre bouche et / de nos mais aux / applaudissements / imbéciles et aux / huées fanatiques. /
Le capitalisme, c’est la haine, la convoitise / sans frein, le capita- / lisme, c’est la guerre. / Jean Jaurès »
Et sur le petit côté opposé:
« La guerre détestable / et grande tant qu’elle / était nécessaire est / atroce et scélérate / quand elle commen- / ce à paraître inutile. / Arracher les patries / aux maquignons / de la patrie aux cas- / tes de militarisme et / aux bandes de la / finance pour permettre à / toutes les nations / le développement / infini de la démocra- /tie et de la paix c’est / servir la patrie elle- /même / c’est dans l’interna- / tionale que l’indé- / pendance des nations / a sa plus haute garan-/ tie, c’est dans les / nations indépendan-/ tes que l’internationa- / le a ses organes les / plus puissants et les / plus nobles / Jean Jaurès « .
Mais pourquoi ont-ils tué Jaurès, chantait Jacques Brel? Surtout pourquoi ont-ils acquitté Raoul Villain, son assassin? Jugé en mars 1919, il a été acquitté, par 11 voix contre 1, et pas pour folie, ce qui aurait été compréhensible (les asiles à l’époque étaient peut-être pire que les prisons, voir Chez les fous d’Albert Londres). Au civil, Mme Jaurès est condamnée à payer les dépens du procès (frais de l’Etat et de Raoul Villain). Après une vie rocambolesque (trafic d’argent, troubles psychiatriques, tentatives de suicide, construction d’une curieuse villa), il sera finalement assassiné par des anarchistes le 17 septembre 1936 à Ibiza, lors de la guerre civile espagnole.
Photographies prises en août 2012.
Le samedi, quand je peux, après le marché, j’assiste au concert qui est donné à
Le monument a été inauguré pendant la grande exposition industrielle, le 28 mai 1895. Caché en 1941, le buste a été ré-installé dans le parc seulement en 1953.
Le texte inscrit à la base du socle en grès est illisible. Une lyre repose sur une branche de laurier.
Mèche au vent, belle barbe, joli nœud papillon, Victor Nesler le porte beau sur ce buste!
De plus près, le nez un peu froncé, les sourcils proéminents, lui donne un air plus concentré que de loin, les poches sous les yeux et les pattes d’oie le vieillissent, il est pourtant mort à moins de 50 ans (d’une hépatite).
C’était hier (4 juillet) le jour de la fête nationale des États-Unis, j’ai choisi de vous présenter le monument à George Washington (héros de l’indépendance et premier président des États-Unis), place d’Iéna, …
… devant le musée Guimet à Paris (ici sur une carte postale ancienne). Il regarde vers l’avenue Wilson (vers le
La statue en bronze porte la signature « Daniel C. French – Edward C. Potter – Sculptors ». Daniel Chester French (Exeter, New-Hampshire, 1850 – Concord, Massachusettes, 1931) est surtout connu pour le monument à Abraham Lincoln au Lincoln Memorial de Washington. Edward Clark Potter (1857 – 1923) a notamment réalisé les allégories de la Bibliothèque publique de New-York.

Cela fait un moment que je ne vous ai pas emmené(e)(s) en promenade à
… ou sur le monument lui-même: « Armées du Rhin, du Nord, / de Mayence, du Danube, / de la Moselle, du Bas-Rhin, / de Sambre-et-Meuse. / Batailles de Hondschoote, / de Fleurus, de Kehl, / de Zurich, Moeskirch, / Belfort »
Le monument fut inauguré à Lons-le-Saunier, place de la Liberté, en 1857. La statue en pied a été donné par Napoléon III. Mais il s’est promené sur la place et a changé de côté… on peut le voir sur cette carte postale ancienne devant le théâtre
… et aussi ici.
Depuis, il a perdu son socle à emmarchement et les lions ont été déplacés devant le théâtre où ils entourent la « fontaine » (voir d’autres précisions en fin d’article).
Le général Lecourbe est représenté debout, dans son uniforme…
… son couvre-chef posé sur un piédestal derrière lui.
La statue porte la signature « Etex 1853 », pour
Elle porte aussi la mention (plus qu’une marque, elle s’étale sur tout un rebord, pas question de la rater!) du fondeur: « F(s) Charnod. Fondeur. 1855 / à Montrouge, près Paris ». La statue avait été commandée par l’État en 1852, Étex a rendu son modèle très vite (la date de 1853 sur sa statue), la fonte a pris du temps (1855) et en 1856, le sculpteur réclame un supplément de prix, il est relancé début 1857, d’après le
Sur le piédestal ont été ajoutés deux reliefs commandés par la ville de
Chacune porte la signature du sculpteur.
La bataille du pont de Seefeld (1799) est quasiment tombée dans l’oubli. D’après ce relief, elle a été acharnée et menée à la baillonnette!
La défense de Belfort de 1815 a été éclipsée par celle de 1870 (celle du «
Les trophées apposés à la base du socle…
… portent la date 1828 et une inscription que je ne peux pas lire entre la couronne. Le
Sur l’autre face se trouvent les armoiries de la ville.
Cela fait un moment que je ne vous ai pas emmenés dans le
Trois artistes sont intervenus sur cette tombe:
Elle porte aussi beaucoup de textes avec des déclarations d’amour, sur le socle (photo surexposée, zut, on doit pouvoir trouver la citation avec Vita et Amor), sur le rebord de la sculpture de la femme (j’aime…).
… et aussi sur le fond architecturé: « A ma bien-aimée femme / en unissant / dans la même pensée / pour toujours / nos deux enfants et sa mère / Louis Herbette.
Juste à côté de cette inscription a été scellé un médaillon de [Louis]
De l’autre côté de la sculpture féminine est inclus un médaillon en marbre représentant un profil de jeune femme, peut-être l’un des enfants du couple?
Jeanne Barreswil, la femme de Louis Herbette, est le sujet principal de la tombe. Elle y est sculptée de manière monumentale, en marbre, assise sur un beau siège.
La femme est représentée abandonnée, la tête recouverte d’un voile (de deuil?).
Ses pieds nus reposent sur un réseau de racines qui se termine par un rameau de chêne…
… et son dos est appuyé sur un tronc d’arbre mort.
Je vous quitte avec ce beau visage idéalisé, avec peu d’expression…
Sous un décor d’architecture est inséré un relief en marbre dû à Denys Puech (Bozouls, 1854 – Rodez, 1942), avec lequel l’architecte avait déjà travaillé en 1896 pour le monument à Leconte de Lisle dans le jardin du Luxembourg voisin. Le marbre a été présenté au 



En ce samedi, je vous emmène à nouveau à
Le socle a été modifié par rapport à son socle d’origine, qui portait la dédicace « A Paul Verlaine / 1844-1896 », comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. Désormais, c’est « Paul Verlaine / né à Metz 1844-1896 ».
Lors de ma visite en 2012, la rue était en travaux devant la maison natale de Paul Verlaine (gérée par l’
Sur la base du bronze se trouve aussi la mention « Pauvre Lélian », anagramme de Paul Verlaine.
Les coulures de la patine donnent un air bien sévère à Paul Verlaine, avec sa moustache bien taillée…
Après le
Comme le
Albert Ier est habillé en simple soldat, casque vissé (enfin, retenu par une jugulaire) sur la tête.
Ce buste est un peu abandonné au milieu de l’allée centrale fleurie de ce boulevard… Une petite explication en accompagnement serait la bienvenue… Pourquoi ce monument à Metz (« juste » parce qu’il a tenu tête aux Allemands et ainsi permis indirectement le retour de Metz à la France en 1918?), dans quel contexte (plus que certainement pendant la deuxième guerre mondiale) a-t-il perdu ses reliefs allégoriques?


Sur le quai, ces 2000 petits morceaux de verre, éclairés la nuit, indiquent le nom des navires et les dates de départ des 1710 expéditions qui sont parties de Nantes. Les 290 autres plaques portent le nom des comptoirs négriers, ports de vente et d’escales fréquentés par les navires négriers nantais.
Le mot Liberté, écrit dans des dizaines de langues, et d’autres textes fondateurs de l’abolition de l’esclavage ponctuent le parcours sur ces grandes dalles inclinées à 45°. Un espace enfin rappelle la chronologie et donne des clefs pour comprendre la traite négrière.
J’ai choisi aujourd’hui de vous présenter le monument aux morts de 1914-1918, du souvenir français et de la ville de Metz car il a connu une histoire liée aussi à la seconde guerre mondiale (pour cette dernière, revoir le monument en
A l’origine, ce monument,
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, dès 1940, les Allemands suppriment les reliefs sculptés pour ne conserver que l’allégorie féminine et le soldat mort. Cette carte postale porte pour légende « Metz, das Deutsche Denkmal » (le monument allemand) et sur la stèle martelée, on peut lire l’inscription en lettres gothiques qui a remplacé les bas reliefs: « Sie starben für das Reich » (ils sont morts pour l’Empire).
L’inscription allemande a été enlevée dès la fin de la guerre. Le monument ne conserve que le groupe sculpté central composé d’une mère et d’un soldat mort. Une figuration très allégorique du deuil, avec la mère représentée assise, pieds nus et habillée d’une longue robe drapée à l’Antique. Elle porte sur ses genoux le soldat figuré nu, tête et pieds en appui sur les massifs qui l’encadrent. Sans uniforme, impossible de savoir que ce soldat a combattu dans les rangs allemands, puisque la Moselle était allemande depuis 1871.
L’inscription qui a été ajoutée à la base du socle est désormais « Aux morts de la guerre », sans préciser laquelle… En bas à droite, il reste toujours l’inscription d’origine « érigé par le Souvenir français ».
Voici un détail des têtes de la mère, avec les cheveux tressés ramenés sur le front, et du soldat mort.