Archives par étiquette : enfance

Camping de Abdelkader Djemaï

pioche-en-bib.jpgCouverture de Camping de Abdelkader DjemaïUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livre : Camping de Abdelkader Djemaï, éditions du Seuil, 2001, 124 pages, ISBN 9782020495738 (lu en large vision aux éditions Feryane).

La présentation de l’éditeur (4e de couverture chez Feryane) :

Sur la côte algérienne, un jeune garçon, presque onze ans et quelques cicatrices, passe ses premières vacances en famille au camping  » zéro-étoile  » de Salamane. Dans cet univers, il côtoie tout un petit monde où se mêlent générations et personnalités attachantes : Butagaz, le gardien, Keskess, le propriétaire de  » L’épicerie du Bonheur « , et bien d’autres. Il y découvre aussi les premiers émois amoureux, sous les traits de Yasmina, venue de banlieue parisienne avec sa mère et son jeune frère. C’était en juillet, un peu avant que la tension ne monte comme le lait sur le feu et que les problèmes ne commencent à tomber sur le pays.

Mon avis : le lecteur partage les vacances d’un gamin de onze ans (récit à la première personne), dans un camping en Algérie, sur la côte près de Mostaganem. L’occasion pour l’auteur, au travers d’une histoire d’amour d’enfance naissante, d’évoquer les enfants d’émigrés en France qui viennent passer leurs vacances « au pays », la débrouille et le système D, la corruption aussi (les dirigeants qui vivent dans une riche villa à côté et paradent dans de grosses voitures), l’alcool (au moins la bière) qui ne semble pas manquer en ce début des années 1990. L’été suivant, plus rien n’est pareil… (évoqué en quelques pages à la fiin et dans un autre roman du même auteur, pas encore lu, Un été de cendres). Un roman court et agréable à lire!

Prisoners de Denis Villeneuve (festival Télérama 2014)

Affiche du festival Télérama 2014J’ai affiné ma programmation pour le festival Télérama 2014, commencé hier… Voici donc:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai prévus de voir

– les films que je verrai peut-être

  • La Vie d’Adèle, Abdellatif Kechiche (j’avais adoré Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, j’hésite encore un peu, trop long je pense pour ma vue et les polémiques sur le respect du droit du travail par le réalisateur me font hésiter),
  • Le Géant égoïste, Clio Barnard

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis, Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie, François Dupeyron

les films qui me tentent peu…

  • Django Unchained de Quentin Tarantino
  • Snowpiercer, Le Transperceneige, Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad, Alejandro Jodorowsky

Affiche de Prisoners de Denis Villeneuve… et celui que j’ai vu hier, Prisoners de Denis Villeneuve

Le film : à Boston de nos jours. Les Dover, Keller [Hugh Jackman], Grace [Maria Bello] et leurs deux enfants vont fêter Thanksgiving chez leurs voisins, les Birch, Franklin [Terrence Howard], Nancy [Viola Davis] et leurs deux filles. Les deux aînés, adolescents, accompagnent une première fois les deux filles, Anna et Joy, 6 ans, pour un tour du lotissement, mais plus tard, elles ressortent seules et disparaissent. L’inspecteur Loki [Jake Gyllenhaal] est chargé de l’enquête. Un jeune homme benêt, Alex Jones [Paul Dano], qui stationnait un peu plus tôt dans le lotissement est arrêté puis relâché. Furieux, Keller décide de l’enlever et de le faire parler… alors que l’enquête se poursuit dans les milieux pédophiles.

Mon avis: bon, le film dure 2h33… heureusement qu’il est en anglais et que j’ai pu me passer des sous-titres, devenus vraiment trop flous pendant la dernière heure à cause de ma vue (enfin, pas tout à fait à cause de la vue, mais du cerveau qui n’aime pas trier les informations contradictoires en provenance des deux nerfs optiques). Le film aussi n’était plus très net… ce qui permet encore plus d’imaginer la fin laissée en suspens par l’auteur 😉 Il y a de superbes images, par exemple dans la forêt, les troncs d’arbre devant la maison juste après la découverte de l’enlèvement des fillettes, la sortie des serpents des malles, les scènes sous la pluie, etc. L’ambiance générale est angoissante à souhait pour un thriller, mais la violence est souvent plus suggérée que montrée. Le scénario est sombre, laissant un doute sur la légitimité de la torture pour un père aveuglé par la disparition de sa fille, mais aussi sur l’influence qu’il peut avoir sur son voisin, qui l’accompagne à reculons mais quand même… Il est aussi tortueux que les labyrinthes du dernier tiers (revoir mon article sur les labyrinthes médiévaux, les mêmes motifs vous parleront…). J’ai beaucoup aimé!

L’enfance d’Alan d’Emmanuel Guibert

pioche-en-bib.jpgL'enfance d'Alan d'Emmanuel GuibertPour la mise en ligne automatique de mes articles programmés sous word-press, le problème est réglé, Philippe / Tout Poitiers a trouvé un pluggin qui permet de forcer la mise en ligne de ces articles quand le serveur de l’hébergeur déconnecte trop vite: WP Missed Schedule. Ça semble bien fonctionner. Un grand merci à lui!

Une bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Il a reçu le Grand Prix de la Critique de l’ACBD (l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) en 2013. De cet auteur, j’avais adoré le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3). J’ai aussi lu La guerre d’Alan, tome 1tome 2 et tome 3 et et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : L’enfance d’Alan, d’après les souvenirs d’Alan Ingram Cope de Emmanuel Guibert (scénario et dessin), collection Ciboulette, éditions de L’Association, 2012, 159 pages, ISBN 9782844144553.

L’histoire : en Californie à la fin des années 1920 et dans les années 1930. Dans son enfance, Alan Ingram Cope a déménagé 14 fois entre Los Angeles, Alhambra, Santa Barbara, Pasadena… Il a quatre ans en 1929 lorsque survient la grande dépression. Ses parents tirent un peu le diable par la queue, même si son père est professeur, et doivent aussi régulièrement accueillir les grands parents, chassés de chez eux par l’un des oncles d’Alan. L’enfant vit une vie heureuse, découvre son environnement (gare aux plantes venimeuse), sa famille au cours de visites, qui s’achève par une tragédie à la fin de l’album, alors qu’Alan a onze ans…

Mon avis : Emmanuel Guibert a rencontré par hasard Alan Ingram Cope sur l’île de Ré en 1994, ils sont devenus amis, Alan est mort en 1999. De leurs rencontres, Emmanuel Guibert a tiré une série sur la deuxième guerre mondiale (La guerre d’Alan, en trois tomes, que je n’ai pas encore lus). Il aborde désormais la vie d’Alan avant la guerre, en commençant par le début, l’enfance (l’adolescence est annoncée dans un second tome). L’album est en noir et blanc, avec une grande place au texte, qui parfois occupe la majeure partie de la page, et, comme dans Le Photographe, quelques photographies redessinées. Une dizaine de planches, en introduction, sont en couleur et soulignent la différence entre la Californie d’aujourd’hui et la Californie des années 1930, passée d’une banlieue assez rurale « sans smog » à une mégalopole. J’ai bien aimé ce récit d’une vie toute simple, ordinaire, oserai-je dire normale?

Logo du top BD des blogueurs 2013   Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

L’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'enfance heureuse d'un petit paysan de Léon PineauIl y a quelques semaines, l’un de mes fidèles et discrets lecteurs me conseillait en privé de parler un jour des contes du Poitou, du recteur Pineau… Je vous en parlerai bientôt, je les ai lu il y a des années et vient de les relire, mais j’ai aussi emprunté à la médiathèque le livre voisin, L’enfance heureuse d’un petit paysan. Quand je suis arrivée à Poitiers, il y a vingt ans, le recteur Pineau était pour moi une avenue du campus universitaire… jusqu’à ce que Pourquoi pas Poitiers sorte un article sur le décès à 104 ans de ce personnage qui avait fait la une de la presse locale. Léon Pineau donc est né à Moussac-sur-Vienne le 7 juillet 1861 et mort à Montmorillon le 26 septembre 1965, recteur de l’académie de Poitiers de 1914 à 1933.

Le livreL’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau, éditions Brissaud à Poitiers, 1989, 179 pages, ISBN 2902170629 [première édition Delagrave, 1932].

L’histoire : dans les années 1860 dans un petit village de la Vienne (Moussac-sur-Vienne, non cité). Le petit Léon vit une enfance heureuse, chez ses parents qui tiennent une tuilerie tout en pratiquant une agriculture vivrière. L’écho du bruit des bottes de la guerre de 1870, et en particulier les combats sur la Loire, arrivent jusqu’au village, mais globalement, la vie y est paisible, à garder les bêtes dans la journée, se promener aux environs, participer à la veillée le soir, son père est un bon conteur. Quand un pensionnat ouvre au chef-lieu de canton voisin (Lussac-les-Châteaux), le petit Léon y est envoyé, en tant qu’externe, pas trop de frais pour sa famille. Quelques années plus tard, bon élève, il est repéré mais refuse la proposition d’entrer au séminaire.

Mon avis : j’ai beaucoup aimé la simplicité de ce récit, Léon Pineau avait déjà 60 ans lorsqu’il revient sur les années heureuses de son enfance, une époque où le gamin d’un petit artisan-paysan pouvait à la fois se promener dans la campagne, la forêt, surveiller les bêtes et étudier, découvrir la littérature dans un petit pensionnat rural, avant de faire des études brillantes au lycée de Poitiers puis de devenir professeur d’Allemand, mais c’est hors du champ du livre, même si dans les dernières pages, l’arrivée au pensionnat d’un surveillant suisse (Badois) détermine sa découverte de Goethe et Schiller et de la lange allemande.

Retrouvez sur mon blog quelques lieux présents dans le livre:

  • Lussac-les-Châteaux : la Sabline (musée de préhistoire et autre), les sites préhistoriques (il parle de la Font-Serin, de l’Ermitage, de l’étang de l’ancien château)
  • Civaux :
  • couverture du mémoire sur le Bois-Ragot, par Chollet et DujardinGouëx, La grotte du Bois-Ragot à Gouex (Vienne), Magdalénien et Azilien, essais sur les hommes et leur environnement, sous la direction d’André Chollet et de moi-même, Mémoire de la Société préhistorique française, 38, 428 p.
  • Il faudra que je vous montre un jour le cénotaphe de Chandoz, à Mazerolles et le dolmen de Loubressac…
  • un héros de la guerre de 1870 sur la Loire (à Blois): Villebois-Mareuil

 

 

 

Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres, de Claire Clément

Couverture de Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres, de Claire Clémentlivres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre des éditions Bayard Jeunesse, dans le cadre d’une masse critique spéciale jeunesse organisée par Babelio. Un grand merci à eux.

Le livre : Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres de Claire Clément, collection Estampille, éditions Bayard Jeunesse, 2013, 258 pages, ISBN 9782747045032.

L’histoire : de nos jours dans la cité Joliot Curie, dans une banlieue de Paris. Sami vit avec sa grande sœur, Jeanne, et sa mère, qui déprime depuis le départ de son père avec une autre femme dans le sud de la France… Le refuge de Sami, c’est Goliath, le lapin nain que lui a offert son père avant son départ. Mais un jour, alors, qu’il l’a sorti pour prendre l’air à côté d’un arbre, il part en urgence à l’hôpital avec Oscar, son copain victime d’une crise d’appendicite, et oublie son lapin. A son retour, il a disparu… Triste, il est soutenu par Ousmane, un vieux sénégalais un peu triste aussi. Mais voilà que les policiers viennent arrêter Oscar en pleine classe: sa mère, Ayana, n’a pas de papiers… La solidarité du quartier réussira-t-elle à empêcher leur expulsion? Le lapin fera-t-il sa réapparition?

Mon avis : l’éditeur recommande ce livre à partir de dix ans, je pense qu’il peut se lire un peu plus tôt, en CM1/CM2, l’âge des principaux protagonistes, d’autant plus que la mise en page est adaptée à cet âge, avec des interlignes doubles et un espacement sffisant entre les lettres, ce qui facilite la lecture chez les jeunes lecteurs… L’histoire aborde des sujets qui ne peuvent que passionner de jeunes lecteurs: la camaraderie, la séparation de certains parents, l’émigration et toutes ses composantes: l’école qui devrait être un lieu de paix interdit à la police, la solidarité du quartier, des plus jeunes (y compris le rappeur et le jeune caïd) aux plus âgés (le vieil Ousmane), le mariage forcé, la question des papiers (le lapin en a, mais pas Oscar?). Les « sujets qui fâchent » sont à peine abordés: le frère de Sothy a fait des bêtises (la faute au chômage?), les caïds qui cherchent à faire la loi, etc. Bien que ce soir un livre pour la jeunesse, l’auteure n’hésite pas à proposer des phrases bien construites et enrichies d’adjectifs, d’appositions, de propositions relatives, ce que l’on ne retrouve pas toujours dans les livres jeunesse… En même temps, je n’ai pas beaucoup d’expérience de cette littérature, j’ai lu très tôt (en sixième ou cinquième?) tout Jules Verne dans la voiture entre la maison et le collège, bientôt suivi de Balzac (les Chouans en 5e), Zola, Proust…

En savoir plus : voir le site officiel de Claire Clément. Voir aussi le blog des éditions Bayard, avec les raps proposés dans le livre mis en clips…

Avenue de la Gare, de Michel Métreau

Couverture de Avenue de la Gare, de Michel Métreau

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi une sélection de livres régionaux à la médiathèque.

Le livre : Avenue de la Gare de Michel Métreau, collection Imaginaires, éditions du Croît Vif, 2005, 132 pages, ISBN 978-2-907967-98-3.

L’histoire : à Chalais, au sud du département de la Charente, pendant la seconde guerre mondiale. Les fils du boulanger vivent cette période, des accords de Munich à l’épisode des femmes tondues, à leur rythme, surtout à celui des bêtises de leur âge (à la fin de la guerre, l’aîné a l’âge de l’apprentissage, le cadet termine son certificat d’étude)… au grand désespoir de leurs parents (ils sautent sur les genoux d’un nazi, provoquent une explosion, etc.). Les punitions physiques du père ne parviennent pas à les faire rentrer dans le droit chemin, les clients plaignent les parents…

Mon avis : le narrateur est le fils cadet des boulangers… Une autre époque, où les enfants avaient plus de liberté… mais étaient aussi sévèrement punis, visiblement sans grande réussite, puisque cela ne les empêchera pas de commettre une nouvelle bêtise… La guerre semble lointaine, sauf quand les Allemands s’établissent en ville, qu’une bombe s’égare en ville, que les avions passent en rase-motte pour aller bombarder Royan ou que les femmes sont tondues en place publique à la fin de la guerre. La lecture est rapide, agréable, mais ce livre ne fait pas partie de ceux qui resteront longtemps en mémoire… Dommage qu’il ne soit presque pas fait allusion au château (qui a appartenu aux Talleyrand du 13e siècle à la Révolution, puis à la maison de retraite et a été vendu récemment à un humoriste qui y a engagé des restaurations) ni à la belle église (pour partie romane, avec un cloître et des sculptures qui valent le détour si vous passez dans le secteur).

Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Couverture de Une enfance algérienne, autour de Leïla Sebbar

Bienvenue en arabe Un livre prêté avec quelques autres (je vous ai déjà parlé de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid et vous parlerai prochainement des autres, Les honneurs perdus de Calixthe Beyala et Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey, et vous montrerai le marque-page fleuri qui a accompagné leur retour) par une amie quand elle a vu que je participai au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya… Cette fois, il s’agit d’un recueil de nouvelles rassemblées par Leïla Sebbar, une auteure que j’ai déjà abordée sur ce blog avec Mon cher fils et L’arabe comme un chant secret.

Le livre : Une enfance algérienne textes recueillis par Leïla Sebbar, Folio n° 3171, éditions Gallimard, 1999, 243 pages, ISBN 978-2070407279.

L’histoire : Leïla Sebbar a réuni auprès de 15 écrivains (plus elle-même) 16 nouvelles inédites qui tournent toutes autour de l’enfance en Algérie. Mes enfances exotiques de Malek Alloula, dans une école de village, un gamin qui ne va pas en classe interrompt la dictée par ses pitreries, l’opposition entre les enfants scolarisés et les autres, finalement plus libres… Dans Tlemcen la haute, Jamel Eddine Bencheikh conte le passage de l’enfance à l’âge adulte, les relations entre les générations. L’enfant perdu (de Albert Bensoussan) juif se retrouve dans le quartier arabe, où il se lit d’amitié avec une fillette. En 1940 à Oran, dans Pieds nus de Hélène Cixous, le père médecin est devenu pédicure alors qu’à proximité se trouve le monde des marins… La pauvreté des femmes de ménage se trouve dans Viridiana mon amour de Annie Cohen (d’après le titre du film de Buñuel). De nouveau à Oran, l’enfant juif de Hammam (de Roger Dadoun) fait les courses puis la cuisine le vendredi avec sa mère, avant de finir la journée au hammam. Dans Arrêts sur images, c’est la guerre (d’Espagne, la seconde guerre mondiale) qui marque la fin de l’enfance de Jean Daniel. Celle de Mohammed Dib est marquée de Rencontres, avec un médecin grec qui lui sauve la jambe accidentée puis avec un instituteur. La mémoire des autres de Nabile Farès se passe à Qol (Collol) et dans le village de Berrouagha, où se trouve un pénitencier. Dans Baï de Fatima Gallaire, la mère est malade et alitée, les deux enfants élevés par le père, le grand-père et surtout les nounous. Dans À la claire indépendance de Mohamed Kacimi-el-Hassani, l’enfant se demande pourquoi il doit encore aller à l’école… Apocalypses de Jean-Pierre Millecam, aborde la question des grands-parents, de l’école et de la guerre à Mostaganem, Tijdit et dans la ville romaine de Cap Ivi. C’est un tremblement de terre qui surprend la famille attablée de Quand les oiseaux se taisent… de Jean Pélégri. Leïla Sebbar, dans On tue les instituteurs, à Port-Say près de Tlemcen, la guerre fait irruption par une attaque le 1er novembre 1954. C’est un tremblement de terre à Mostagnem, autour de la figure du père et du grand-père, qui marque Enfance de Habib Tengour, avant un retour à Paris. Le retour des sources de Alain Vircondelet est marqué par l’entrée dans le monde de la guerre d’un enfant à 15 ans à Bab-el-Oued.

Mon avis : ces nouvelles ne sont pas toutes égales dans leur force et leur écriture, mais ont toutes été écrites par des écrivains nés en Algérie et vivant en France. Il montrent surtout la grande diversité culturelle de l’Algérie, le melting-pot entre Européens, arabes et juifs. très peu abordent le sujet de la guerre d’indépendance, encore moins l’Algérie d’après l’indépendance.

Opium Poppy de Hubert Haddad

Couverture de Opium Poppy de Hubert Haddad

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions. Il a reçu le prix du Cercle Interallié 2012. Depuis, j’ai aussi lu Palestine du même auteur.

Le livre : Opium Poppy de Hubert Haddad, éditions Zulma, 2011, 171 pages, ISBN 978-2-84304-566-0.

L’histoire : de nos jours à Paris. Dans un centre de rétention, ou plutôt dans un centre pour mineurs isolés. Un petit garçon d’une douzaine d’années est interrogé par le médecin, il refuse de dire son nom, de raconter son histoire, mais ses cicatrices disent les balles qu’il a reçues. Il a juste montré sur une carte son pays d’origine, l’Afghanistan. Alors, on lui donne le prénom d’Alam, lui, ça lui va, c’était le prénom de son frère aîné… Dans ce centre où se côtoient des mineurs de toutes origines, un Kosovar fait la loi, les enfants sont censés apprendre le français à partir de cours de grammaire… Alam s’en échappera assez vite. Pour revenir sur son histoire, celle d’un fils de paysan originaire de la région montagneuse du Kandahar. Il avait été retrouvé gravement blessé lors d’un accrochage entre paysans et rebelles, récupéré par des militaires. Là-bas, auparavant, il était l’Évanoui, à la honte de son père, il s’était évanoui lors de la cérémonie de circoncision. Son père qui produisait du pavot pour survivre… Une prise de livraison s’était mal passée, les seigneurs de la guerre avaient été attaqués, le père avait fait une attaque cérébrale, devenu légume, sa femme l’avait transporté dans la ville minière voisine, ses deux fils livrés à la débrouille… Alam finit enrôlé par les talibans.

Mon avis : un récit haletant, dévoré d’une traite, qui alterne la vie passée et tragique de cet enfant en Afghanistan, et sa vie tout aussi tragique en France, du centre de rétention au squat où il finit par arriver… Comment peut-on imposer ainsi à des enfants l’apprentissage du français par la grammaire et la conjugaison du verbe être? Il existe de meilleures manières d’aborder le français langue étrangère (FLE)… Comment peut-on livrer un enfant à un interrogatoire sur sa vie passée, le mettre aux mains d’un psychologue, sans s’assurer qu’il comprend bien, lui proposer un interprète, tenter de comprendre ce qui lui est arrivé autrement qu’en jargon psy (traumatisme de guerre…)? Comment peut-on laisser ces enfants isolés ainsi entre eux, la loi du plus fort de leur vie antérieure, souvent très difficile, ne peut que conduire à des drames… Comment cet enfant peut-il n’avoir pas été identifié lorsqu’il a été blessé (personne ne l’a réclamé, mais personne ne semble s’être soucié de retrouver as famille)? Comment peut-il ensuite rester à vivre dans la rue, sous la protection d’un chef de squat, jusqu’à la fin inévitable… Sans oublier que les mineurs isolés devraient être pris en charge par la France, la société, plus prosaïquement les conseils généraux, chargés de l’aide sociale à l’enfance, mais chaque jour, en région parisienne, des dizaines de ces enfants sont rejetés des centres d’hébergement, livrés à la loi de la rue…

Sur le sujet des mineurs isolés en France, voir par exemple le dossier de France terre d’Asile et le rapport parlementaire de Isabelle Debré (mai 2010) sur le site de la documentation française, la situation a encore empiré depuis ce rapport.

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya. L’auteur, Hubert Abraham Haddad, est né à Tunis en 1947, il a suivi l’exil de ses parents quelques années plus tard, à Belleville.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Tunisie.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

A l’enfant que je n’aurai pas, de Linda Lê

Couverture de A l'enfant que je n'aurai pas, de Linda Lê

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, une auteure dont j’avais lu l’année dernière Cronos. Depuis, j’ai aussi lu Lame de fond et Œuvres vives.

Le livre : A l’enfant que je n’aurai pas de Linda Lê, collection les affranchis, Nil éditions, 2011, 65 pages, ISBN 2-84111-563-1.

L’histoire : Linda Lê a décidé de ne pas avoir d’enfant, s’en explique à cet enfant qu’elle n’aura pas et à S., son dernier compagnon, qui aurait voulu des enfants… Elle revient sur son enfance étouffée par sa mère, Big Mother. Elle explique pourquoi elle ne pourrait pas s’attacher à un enfant, renoncer à ce qu’elle est maintenant pour un enfant…

Mon avis : un très court texte autobiographique, peut-être une forme de thérapie aussi, après une tentative de suicide et une psychanalyse. Un choix de non-maternité assumé, au moins en apparence… En revanche, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu l’impression d’être mise en situation de voyeurisme dans cet lettre adressée à cet enfant qui n’arrivera jamais parce que non désiré, je n’ai pas du tout adhéré au texte (mais il est si court que je suis allée jusqu’au bout…).

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson.

L’accordeur de silences de Mia Couto

Couverture de L'accordeur de silences de Mia Couto pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, un auteur dont j’avais lu l’année dernière, Le fil des Missangas [depuis, j’ai aussi lu La pluie ébahie].

Le livre : L’accordeur de silences de Mia Couto, traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues, éditions Métailié, 2011, 238 pages, ISBN 978-2-86424-839-2.

L’histoire : à « Jérusalem », une ancienne concession de chasse isolée au Mozambique ravagé par les guerres. Silvestre Vitalício, veuf, accusé d’avoir tué sa femme Aminha Dordalma, y a entraîné ses deux enfants, Mwanito, 11 ans, le narrateur, et Ntunzi, son frère aîné. Mwanito est voué au silence. Avec eux, Zacaria Kalash, domestique et ancien militaire, et Jezibela, l’ânesse. Ce trou perdu est baptisé Jésusalem par Silvestre. Il les a coupé du monde, interdit la prière, les femmes, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture à Mwanito, qui le fait en secret (en lisant des caisses de munitions et en écrivant sur un jeu de cartes à jouer). En marge, l’oncle des enfants, Aproximado, qui les ravitaille. Jusqu’au jour où une femme brave l’interdit, Martha tente d’oublier Marcello en se livrant à la photographie animalière…

Mon avis : un livre étrange, une écriture poétique, à la limite du rêve et du réel. Un livre sur la mémoire reconstruite, aussi, l’interrogation d’un enfant sur la mort de sa mère, qui reste longtemps un mystère. Avant un retour à la ville avec son père qui est à son tour devenu muet, à la limite de la folie. Mia Couto a été annoncé plusieurs fois comme pouvant recevoir le prix Nobel de littérature, son écriture n’est pas facile à aborder dans ce roman, moins en tout cas que dans le recueil de nouvelles que j’avais lu, Le fil des Missangas.

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