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Le martyre de saint Jean Baptiste, basilique Saint-Martin-d’Ainay à Lyon

Lyon, basilique Saint-Martin d'AinayA Lyon, l’église Saint-Martin-d’Ainay présente une architecture et une histoire complexes, avec d’importants remaniements au 19e siècle. Elle garde néanmoins un bel ensemble de chapiteaux (pré-)romans dans la chapelle Sainte-Blandine, quand elle est ouverte, et un très intéressant tympan roman, qui n’est plus à sa place d’origine mais mérite que l’on s’y attarde un peu.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan sculpté de la décollation de Jean BaptisteIl développe l’histoire de la décollation (décapitation) de saint Jean Baptiste, mais si, souvenez-vous, c’est Salomé qui a obtenu sa tête du roi Hérode.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, le banquet d'Hérode et la danse de SaloméEn haut les convives festoient, le roi Hérode, couronné, et sa femme Hérodiade se distinguent sous un dais, ils regardent tous Salomé qui exécute sa danse devant la table couverte de vaisselle et de mets.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, décapitation de Jean BaptisteElle finit par obtenir gain de cause. Jean Baptiste, retenu prisonnier dans un petit édifice, est décapité par un serviteur.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, deux serviteurs emportent la tête de Jean BaptisteDeux serviteurs emportent la tête de Jean Baptiste dans une grande corbeille…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, les serviteurs arrivent au banquet avec la tête de Jean Baptiste… et on les retrouve (enfin, l’un a aussi perdu sa tête… par érosion et fracture) en haut, prêts à entrer dans la salle où se tient le banquet.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, mise au tombeau de Jean BaptisteSon corps, et surtout sa tête, représentée de manière démesurée, sont déposés par deux personnages dans le tombeau. Au passage, vous repérez partout les chapiteaux et autres motifs romans sur les éléments du décor (dais, colonnes torses, etc.).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, un ange accueille l'âme de Jean BaptisteSon âme (représentée par un petit personnage nu, comme c’est habituel au Moyen-Âge, voir la mort d’Hilaire ou les âmes qui s’échappent des cercueils du  à Poitiers) est accueillie par un ange et Dieu, figuré sous la forme de la main (voir Daniel dans la fosse aux lions à Saint-Porchaire de Poitiers).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, diableA l’opposé, le diable a perdu la partie!

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, arbreUn arbre occupe le dernier espace. L’arbre de la Vie qui triomphe du Mal? Bien et Mal sont omniprésents dans l’art roman…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, ordre de lectureEt voilà comment il faut lire ce tympan…

Photographies d’avril 2012.

L’Ascension du Christ à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, choeur, inscriptions Rotbertus (bleu) et ascension du Christ (rouge)En ce jour de l’Ascension, j’ai choisi de rééditer un article publié l’année dernière…

Article du 31 mars 2013

Pour Pâques, j’ai choisi un sujet d’actualité… l’Ascension du Christ! Certes, le Christ ne montera au ciel que dans 40 jours (le jeudi de l’Ascension n’est pas qu’un jour férié, l’occasion d’un week-end en viaduc pour certains, quoique, dans un état laïque, on se demande pourquoi ce n-ième jour férié chrétien). Pâques, c’est le « top départ » pour cette histoire, donc je l’ai choisi pour aujourd’hui. On le trouve dans le déambulatoire de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, sur le chapiteau à droite de l’absidiole d’axe, au bout de la flèche rouge au second plan sur la photo ci-contre… Il s’agit d’un chapiteau roman repeint au 19e siècle…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, vue de faceDésolée pour les photographies pas très claires, mais l’intérieur de cette église est très sombre… Sur la face principale, le Christ, avec son nimbe cruciforme, se tient debout dans une mandorle, il bénit de la main droite et tient le Livre (la Bible) dans sa main gauche.

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, les deux petites facesLa mandorle est portée par des anges, d’autres anges se tenant sur les petits côtés…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, inscription ME FEA droite du dé se lit, difficilement, sous la peinture, ME FE. Il s’agit très probablement de ME FECIT (m’a fait ou m’a fait faire) que l’on trouve dans un certain nombre d’églises précédé d’un prénom, comme dans « Gofridus me fecit » (Geoffroy m’a fait ou m’a fait faire, à voir sur cet article consacré au chapiteau de l’Enfance de Jésus dans l’église Saint-Pierre à Chauvigny). Ici, si prénom il y a, il est complètement masqué par les couches de peinture…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, chapiteau du choeur, inscription RotbertusIl existe dans Notre-Dame-la-Grande, en revanche, un prénom inscrit sur le dé du chapiteau nord-est du rond-point du chœur (au bout de la flèche bleue sur la première photographie de cet article): ROTBERTUS, impossible de savoir s’il s’agit d’un commanditaire ou d’un sculpteur. C’est un prénom assez courant, que l’on trouve aussi dans l’église de Thézac en Charente-Maritime. Ces prénoms vous rappellent peut-être aussi inscriptions Hugo le trésorier et Aleacis sur le chevet de l’église Saint-Hilaire-le-Grand également à Poitiers.

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Poitiers, église Sainte-Thérèse, anges, saint Hilaire et vitraux secondaires

Poitiers, église Saainte-Thérèse, tribune et mur ouestAprès la visite générale de l’église Sainte-Thérèse à Poitiers, son chemin de croix, les peintures des murs nord et sud du transept et les autels secondaires, je continue à vous faire découvrir les peintures de Marie Baranger (1902-2003) dans cette église, cette fois avec les peintures ajoutées sur le mur ouest fin 1944, lorsqu’elle a repris également la peinture de Jeanne d’Arc et sainte Thérèse sous la tribune (à revoir dans la présentation de l’église Sainte-Thérèse). De part et d’autre, deux grands anges encadrent les allégories de la Sagesse (à gauche du portail) et de la Force (à droite).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, mur ouest, peintures de Marie Baranger, un ange et la sagesse

Poitiers, église Sainte-Thérèse, mur ouest, peintures de Marie Baranger, la force et un ange

Poitiers, église Sainte-Thérèse, mur ouest, peintures de Marie Baranger, détail de la sagesse et de la force

La Sagesse est tournée de dos alors que la Force porte une épée et un ostensoir.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, saint Hilaire, mosaïque de Moreau et peinture de Marie Baranger Sur le mur nord sous la tribune, saint Hilaire veille sur les fonts baptismaux.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, saint Hilaire, mosaïque, signature de MorceauLa mosaïque est signée « A. Morceau, carreleur ».

Poitiers, église Sainte-Thérèse, détail de saint Hilaire, en mosaïque, avec le visage et les mains peintsLe visage et les mains de saint Hilaire sont peints par Marie Baranger. « De trinitate » est le nom du traité de saint Hilaire qui a tranché la délicate question de la Trinité (le Père, le Fils et le saint Esprit).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, rosace ouestA l’ouest, la rosace…

Poitiers, église Sainte-Thérèse, vitraux du côté nordLes vitraux de la nef sont de simples dalles de verre coloré dans un réseau en ciment, ici au nord.

Il me reste à vous montrer les vitraux du chœur réalisés par Auguste Labouret, Paris.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

Poitiers, les peintures de Marie Baranger dans l’église Sainte-Thérèse, les autels secondaires

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept sud, mur est, peinture de Marie Baranger, consacrée à sainte Thérèse et Vierge à l'EnfantAprès la visite générale de l’église Sainte-Thérèse à Poitiers, son chemin de croix, et les peintures des murs nord et sud du transept, je continue à vous faire découvrir les peintures de Marie Baranger (1902-2003) dans cette église avec les peintures qui surmontent les autels secondaires dans les transepts, également réalisés en 1934-1935. Les autels quant à eux viennent sans doute de la chapelle d’origine (construite en 1867, en centre-ville), les ateliers de Saint-Hilaire ont réalisé de très nombreux autels dans le diocèse de Poitiers (actuels départements de la Vienne et des Deux-Sèvres) dans la deuxième moitié du 19e siècle. L’autel majeur a quant à lui été « victime de Vatican II ». Démonté pour être remplacé par un autel « face aux fidèles », il a semble-t-il été en grande partie détruit, quelques statues auraient été conservées.

Le mur est du transept sud porte une peinture de Marie Baranger autour de sainte Thérèse, comme le mur sud du transept (à revoir dans l’article sur les peintures des murs nord et sud du transept).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept sud, mur est, peinture de Marie Baranger, sainte Thérèse bénite par la ViergeUne grande Vierge à l’Enfant bénit sainte Thérèse, qui se tient debout devant elle. D’après la documentation laissée par Marie Baranger, elle s’est inspirée de la Vierge d’Ognissanti de Giotto di Bondone (dit Giotto), peinte entre 1300 et 1303 pour la chapelle des Ognissanti à Florence, aujourd’hui présentée dans la galerie des offices. Bon, une inspiration… et une réinterprétation assez différente!

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept sud, mur est, peinture de Marie Baranger, détail du texte

Le texte, encadré par deux anges, rapporte des paroles de sainte Thérèse:

Je suis venue donner aux âmes ma petite voie de confiance / et d’abandon, je n’ai jamais rien refusé au Bon Dieu / il n’y a pas de petites actions / la sainteté, disposition du cœur / je veux bien encore souffrir / Demain, ce sera encore pure eh bien tant [pis] / Je ferai tomber une pluie de roses / je marche pour les missionnaires / ma vocation, c’est l’amour. / Afin de vivre dans un acte de parfait amour / je m’offre en victime d’Holocauste / à votre amour miséricordieux / il faudra que le Bon Dieu fasse toutes / mes volontés au ciel parce que je n’ai / jamais fait ma volonté sur la terre.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel sud des ateliers de Saint-Hilaire, vue généraleL’autel sud est consacré à des scènes de la vie de sainte Anne, sculptées sur le devant.

 

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel sud des ateliers de Saint-Hilaire, signatureIl porte, comme l’autel nord, la signature des ateliers de Saint-Hilaire (qui étaient situés près de la cathédrale de Poitiers) : « Ateliers St Hilaire / Charron & Beausoleil / Poitiers ».

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel sud des ateliers de Saint-Hilaire, panneau centralAu centre, le panneau un peu plus large porte une scène de la vie de sainte Anne. Heureusement qu’il y a un texte explicatif sur le rebord : « S[an]c[t]a Anna Virginis Mariae parens ora pro nobis » (sainte Anne, mère de la Vierge Marie, prie pour nous). Sainte Anne, assise sur un trône installé devant une cathédrale, enseigne au bon peuple (et à la Vierge qui tient Jésus dans ses bras, à sa droite, à gauche du panneau).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel sud des ateliers de Saint-Hilaire, Vierge à l'Enfant et saint JosephCe panneau central est encadré par sainte Anne (« S[an]c[t]a Anna ») à gauche et saint Joachim (« S[anct]us Joachim ») à droite, les parents de la Vierge (sans la légende, on aurait pu les confondre avec une Vierge à l’Enfant et saint Joseph).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept nord, mur est, peinture de Marie Baranger, consacrée à Jeanne d'Arc Le mur est du transept nord porte une scène avec le couronnement de Jeanne d’Arc, le mur nord du transept était également consacré à cette sainte (à revoir dans l’article sur les peintures des murs nord et sud du transept).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept nord, mur est, peinture de Marie Baranger, couronnement de Jeanne d'ArcJeanne d’Arc, l’épée posée au sol derrière elle, est agenouillée devant le Christ qui lui remet la couronne.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, transept nord, mur est, peinture de Marie Baranger, texte rapporté à Jeanne d'ArcLe texte sous la peinture, encadré de deux anges, se veut dans la bouche de Jeanne d’Arc:

Je vis saint Michel et ses anges / et l’ange me racontait la grande / piété qui était au royaume de Fr[ance] / eusse-de cent pères et mères, Dieu le / commandant je serai[s à moitié effacé] partie / j’ai été envoyée pour la consolat[ion] / des pauvres et des indigents / les gens d’armes batailleront et / Dieu donnera la victoire / c’est le péché qui fait perdre les / batailles. Dieu, premier servi / conduit mon oeuvre j’aimerais mie[ux] / garder les brebis. / Je ne crains pas les traîtres / je m’en rapporte tout à Dieu.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel nord des ateliers de Saint-Hilaire, vue généraleL’autel secondaire nord porte trois scènes sculptées de mêmes dimensions. En l’absence de légende et de temps pour chercher le sujet représenté, je ne me risquerai pas à une interprétation, le répertoire des ateliers de Saint-Hilaire était varié, et parfois loin des représentations « classiques » (voir la vie de sainte Anne ci-dessus) et volontiers autour de saints « locaux ».

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel nord des ateliers de Saint-Hilaire, signatureIl porte la signature des ateliers de Saint-Hilaire, moins lisible que sur l’autel sud (voir plus haut).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel nord des ateliers de Saint-Hilaire, panneau gaucheA gauche, une sainte femme (auréolée) joue de la musique, visitée par un ange et un soldat romain.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel nord des ateliers de Saint-Hilaire, panneau centralAu centre, la sainte femme est agenouillée dans une sorte d’oratoire, une lyre et une partition posées au sol devant elle. Un ange semble la conseiller, tandis que le soldat romain brandit son arme pour l’occire.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, autel nord des ateliers de Saint-Hilaire, panneau droitA droite, un saint homme (pas Jésus, il n’y a pas de croix sur le nimbe) donne la charité à une famille.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

Marc Chagall à Metz (3) : les rois et les prophètes, baie droite

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, localisationAprès le paradis terrestre et la baie gauche des prophètes et des rois, voici la suite des vitraux de dans la cathédrale de Metz, toujours au nord du déambulatoire, sur la deuxième baie à réseau…

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, vue générale

…un peu plus étroite que la précédente avec seulement trois lancettes. Vous pouvez toujours revoir mon article sur l’exposition Marc Chagall à La Piscine à Roubaix, qui devait être bien plus grande que l’actuelle exposition sur le même artiste au musée du Luxembourg jusqu’au 21 juillet 2013 à Paris, que je n’ai pas vue.

 

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, signature de ChagallChaque grande lancette porte la signature de Marc Chagall. L’ensemble a été réalisé, comme presque tous les vitraux de Marc Chagall, par l’atelier Simon Marq à Reims (maîtres-verriers de père en fils depuis 1640), ici entre 1959 et 1961.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, les trois lancettes

Les scènes principales sont représentées dans les grandes lancettes, avec, de gauche à droite, Moïse reçoit les Tables de la Loi, David et Bethsabée, Jérémie et l’exode du peuple juif. Comme pour les autres œuvres de Chagall, et encore plus pour les vitraux, vous remarquez tout de suite l’opposition entre les couleurs froides (bleu, vert, mauves) et chaudes (rouge surtout, un peu de jaune).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, Moïse reçoit les tables de la LoiCette fois, Marc Chagall a choisi une représentation assez classique de la scène de « Moïse reçoit les tables de la Loi »: Dieu est représenté par des mains, les tables par deux tablettes identiques (Exode 34). Vous vous souvenez des dix commandements qui sont inscrits dessus? Pas de meurtre, pas d’adultère, pas de vol, et ensuite… ou plutôt avant??? Vous n’avez plus qu’à trouver une Bible et chercher Exode 20: 1-17.  Sur la gauche, dans les tons rouges, le peuple juif en exil (voir un détail plus bas), dont une partie attend le retour de Moïse, tandis qu’une autre adore le veau d’or (Exode 32: 1-20 ; Matthieu 7:15 à 8:1 ), je pense que vous l’apercevez, en jaune orangé au niveau des fesses de Moïse…

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, détail de AaronDans la version sur toile du musée national Marc Chagall, à Nice, la scène est plus « dilatée » et plus facile à lire, mais si on cherche bien sur le vitrail, on aperçoit aussi en bas à droite Aaron en tenue de prêtre avec le grand pectoral d’or (la Bible dit avec 12 pierres précieuses -les tâches colorées- qui symbolisent les 12 fils de Jacob et donc les 12 tribus du peuple juif), portant la la Menorah (chandelier à 7 branches), dont il est fait pour la première mention également dans l’Exode (chapitres 31 à 40).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, détail de David

La deuxième lancette parle de l’histoire de David et Bethsabée… Une histoire d’amour éternelle… Le roi David aperçoit Bethsabée dans son bain, en tombe amoureux, mais elle est déjà mariée, à la mort du mari (qu’il a envoyé au combat…), il peut enfin l’épouser (2-Samuel 11-12). Le roi David est représenté très classiquement assis et jouant de la harpe (on le trouve ainsi fréquemment dès l’art roman, voir par exemple à Poitiers sur la façade de Notre-Dame-la-Grande, même si la scène est dégradée).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, BethsabéeBethsabée est représentée en rouge, filiforme, en bordure droite du vitrail.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, détails du Peuple juif

En dessous (image de gauche), on trouve à nouveau une foule (comme sur la lancette de gauche, photographie à droite), symbolisant le peuple juif.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, détails de Jérémie et l'exode

Le peuple juif et son exode est encore au cœur de la dernière lancette, qui développe le thème de Jérémie et l’exode du peuple juif (voir tout le livre de Jérémie). Jérémie est l’un des grands prophètes de la Bible  (à voir dans l’art roman à Poitiers, sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande): le peuple juif est exilé  à Babylone, mais il reviendra bientôt à Jérusalem. C’est entre autre dans ce livre que l’on trouve l’histoire de (Jérémie 39, mais voir aussi 2 Rois 25 et 2 Chroniques 36). Sur le détail de gauche, vous retrouvez le peuple juif errant et les tables où sont écrites les prophéties. Jérémie est « tassé » en bas à droite (cliché de droite).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie droite, réseau supérieur

Mes photographies du réseau supérieur laissent à désirer, problème de hauteur, de lumière dans les vitraux… La figure du Christ était trop floue… mais l’un des anges musicien (avec une corne / ange de l’Apocalypse) est bien net, près à vous accueillir au Paradis… ou à admirer ces vitraux « en vrai » à Metz!

Photographies de juillet 2012.

Pour aller plus loin, voir :

– mes articles autour de , dont l’exposition Marc Chagall à La Piscine à Roubaix

– le musée national Marc Chagall, musée du message biblique à Nice

– les vitraux de la cathédrale de Reims (et bientôt sur mon blog ceux de la cathédrale de Metz)

– le plafond de l’opéra de Paris

Marc Chagall à Metz (2) : les rois et les prophètes, baie gauche

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, localisationAprès le paradis terrestre, j’ai interrompu ma présentation des vitraux de dans la cathédrale de Metz… Vous pouvez toujours revoir mon article sur l’exposition Marc Chagall à La Piscine à Roubaix, qui devait être bien plus grande que l’actuelle exposition sur le même artiste au musée du Luxembourg jusqu’au 21 juillet 2013 à Paris, que je n’ai pas vue. L’ensemble sur les Rois et les Prophètes est réalisé sur deux grandes fenêtres à réseau au nord du déambulatoire, je commence aujourd’hui par la baie gauche, je vous montrerai samedi prochain la baie droite (l’article est programmé… tout mettre aujourd’hui aurait donné un article trop long).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, deux signaturesChaque grande lancette porte la signature de Marc Chagall, sur la deuxième, Reims a été écrit Riems… L’ensemble a été réalisé, comme presque tous les vitraux de Marc Chagall, par l’atelier Simon Marq à Reims (maîtres-verriers de père en fils depuis 1640), ici entre 1959 et 1961.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, les quatre grandes lancettes

Le thème principal est développé dans les quatre grandes lancettes où l’on peut voir, de gauche à droite, le sacrifice d’Abraham, la lutte de Jacob et de l’Ange, le songe de Jacob et Moïse devant le buisson ardent.

Le sacrifice d'Abraham, par Marc Chagall dans la cathédrale de Metz

Dieu ordonne à Abraham de sacrifier son fils Isaac, au dernier moment, il retient sa main et remplace l’enfant par un agneau, un mouton ou un bélier (selon les options de traduction…, Genèse 22: 1-19). Sur le vitrail de Metz, Marc Chagall a représenté la scène dans des dominantes froides, bleues. Isaac se distingue par sa blancheur, Abraham tient dans la main droite un grand couteau, alors que l’ange apparaît tout en haut de la lancette, dans un rouge flamboyant. Pour les juifs, il s’agit d’akéda, texte lu le deuxième jour de Roch Hachana, le nouvel an. Les Musulmans célèbrent chaque année ce sacrifice et la soumission d’Abraham/Ibrahim à Dieu lors de l’Aïd-el-Kebir, dernier jour du pèlerinage à La Mecque (le 10 Dhou Al Hiija, dernier mois de l’année, en 2013 elle devrait tomber le 15 octobre en France).

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, lutte de Jacob et de l'AngeLa lutte de Jacob et de l’Ange (Genèse 32: 24-32) est un épisode de la Bible assez rarement représenté avant le 19e siècle, même si on le trouve sur un chapiteau roman de Vézelay et si Rembrandt l’a illustré avec force vers 1659 sur ce tableau conservé au Staatliche Museen à Berlin. Pour mémoire, Jacob est  le fils d’Isaac, donc le petit-fils d’Abraham. C’est un thème que Marc Chagall a exploré à plusieurs reprises. Comme sur le tableau de Rembrandt, Jacob (en bleu) étreint carrément l’ange représenté en rouge, avec juste la tête bleue. des couleurs vives, comme des flammes, s’échappent au-dessus de l’ange, dans une position assez différente de cette version sur toile du musée national Marc Chagall, à Nice.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, détails du songe de JacobLe songe de Jacob (épisode de la Bible aussi appelé l’échelle de Jacob, Genèse 28:11-19) est également un thème souvent exploré par Marc Chagall, voir par exemple cette version à dominantes bleues du musée national Marc Chagall, à Nice, où l’échelle est présente. A Metz, Jacob est représenté tout en bas de la lancette, dans des tons froids, tenant un livre entre ses mains. Au-dessus, les couleurs chaudes dominent, avec des anges représentés en blanc, l’échelle est limitée à deux barreaux.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, Moïse et le buisson ardent

Il faut maintenant passer quelques pages de la Bible et aller au chapitre 3 de l’Exode pour retrouver Moïse devant le buisson ardent. La version de Nice montre une scène plus développée, avec Dieu, le buisson et Moïse. Sur le vitrail de Metz, Dieu apparaît tout en haut de la lancette, en rouge vif, l’essentiel de la scène est constituée par le buisson et Moïse, dans des tons froids, bleus, noirs et verts.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, lancette droite, ange souflant dans une trompeTout en haut de la lancette, un ange souffle dans une trompe(tte) (de l’Apocalypse?) au milieu d’une explosion de couleurs et de rayons divins.

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, motifs supérieurs

Dans le réseau supérieur de la baie, Marc Chagall a placé plusieurs scènes tirées notamment de l’histoire de Noé (Genèse, chapitres 7 à 9). L’on reconnaît (détail de gauche) Noé offrant en sacrifice un agneau à la sortie de l’arche (« il offrit des holocaustes sur l’autel », Genèse 8:20), répondant à Abraham devant l’Agneau qui a remplacé Isaac lors du sacrifice. A droite, Noé nu entre ses fils… à comparer à l’ivresse de Noé sur la voûte romane de Saint-Savin (Genèse 9:20-24)…

Cathédrale de Metz, vitraux de Marc Chagall, déambulatoire, baie gauche, détail du réseau supérieur

En voici d’autres détails. A gauche, les animaux qui ont été entassés dans l’arche. A droite, vous devez réussir à distinguer au centre la colombe que Noé envoie en reconnaissance pour estimer le retrait des eaux (Genèse 8:8-12).

Photographies de juillet 2012.

Pour aller plus loin, voir :

– mes articles autour de , dont l’exposition Marc Chagall à La Piscine à Roubaix

– le musée national Marc Chagall, musée du message biblique à Nice

– les vitraux de la cathédrale de Reims (et bientôt sur mon blog ceux de la cathédrale de Metz)

– le plafond de l’opéra de Paris

La Nativité et la fuite en Egypte sur un chapiteau de Saint-Hilaire à Poitiers

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 1, Marie alitée et bain du Christ A l’approche de noël, et pour changer de la Nativité et du Bain de Jésus sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, j’ai choisi de vous montrer cette année une scène assez similaire et peu vue des visiteurs de l’église Saint-Hilaire-le-Grand , toujours à Poitiers (revoir pour cette église la liste des articles ci-dessous).

Il faut dire que ce chapiteau est situé très haut sur la colonne orientale engagée dans la pile sud-ouest de la croisée du transept, et que l’on voit plus facilement la face principale. Ici, contrairement à la représentation de l’église Notre-Dame-la-Grande ou à celle de Saint-Laurent à Montmorillon, Jésus n’est pas représenté dans sa crèche encadré du bœuf et de l’âne. marie est représentée de manière très simplifiée, allongée dans un lit dont les draps plissent. Comme à Notre-Dame-la-Grande en revanche, le Christ est baigné par deux sages-femmes, scène qui ne se trouve pas dans les Évangiles officiels mais dans les évangiles apocryphes -non reconnus par l’Église (attention, à ne pas confondre avec le baptême, reçu à l’âge adulte par Jésus). Marie alitée et le bain de Jésus sont représentés dans un décor d’architecture, avec des chapiteaux sculptés, bien loin de l’étable… Trois anges, représentés en buste, déploient leurs ailes sur le registre inférieur du chapiteau.

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 2, fuite en Egypte

Sur la face principale, la fuite en Égypte a pris place.Le sculpteur a singulièrement raccourci l’histoire, en sautant Joseph contemplant Jésus, l’Annonce aux bergers, les rois mages devant Hérode et suivant l’étoile du berger, l’adoration des mages, la présentation au Temple, le massacre des Innocents… (j’ai pris des exemples dans différents articles déjà parus sur ce blog, je vous laisse découvrir les édifices en suivant les liens…). Vous pouvez comparer cette scène de Saint-Hilaire à la fuite en Égypte du portail au nord de la cathédrale de Poitiers.

Au centre, Marie, tenant Jésus sur ses genoux, est assise sur un cheval mené par Joseph. Deux anges les accompagnent en partie haute.

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la fuite en Egypte, 3, église

Sur la petite face droite du chapiteau, deux personnages, dont l’un faisant le signe de bénédiction, les accueille à la porte d’une église couverte de trois coupoles, avec une croix sur la coupole centrale. Là aussi, les colonnes portent des chapiteaux sculptés. A comparer par exemple à l’église assez différente figurée dans la scène de la Visitation de la façade de Notre-Dame-la-Grande.

Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers

Défi photo de Bidouillette, endroit/envers

Poitiers, le 21 juin 2011, 14, le funambule sur la tête Pour cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous a proposé de photographier le bon roi Dagobert… endroit/envers… J’ai cherché en vain un panneau de chantier à l’envers, pourtant, Monsieur Echo, de Centre Presse, nous en a montré un joli il y a peu… J’aurais aussi pu sortir des photographies anciennes, comme celle-ci tirée du superbe spectacle de funambule par la compagnie DAVASI et toute la série dans le diaporama ici… photographies prises lors de la ré-ouverture de la place d’Armes à Poitiers le 21 juin 2011…

Mais foin de triche, le principe, c’est de prendre son appareil photographie (avec les batteries chargées, de la place sur la carte mémoire etc.) et de sortir! Direction donc les églises du plateau de Poitiers, pour de nouvelles photographies bien cadrées sur le thème…Vous trouverez aussi dans cet autre article l’interprétation du même défi tout en reflets par mon ami Jac

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 1, saint Pierre sur le grand vitrail de la cathédrale Je file d’abord à la cathédrale avec une idée bien précise en tête, prendre la crucifixion de saint Pierre sur la maîtresse vitre (le grand vitrail central derrière le chœur) datée des environs de 1162… (juste à la transition art roman / art gothique, une commande d’Alienor d’Aquitaine et de Henri II, roi d’Angleterre) Et oui, saint Pierre a été crucifié tête en bas, je vous ai déjà montré une scène similaire, à peine plus anciennes, sur la façade romane de l’église Saint-Pierre à Aulnay en Charente-Maritime… Bon, il faudra vraiment que je fasse un article complet sur cette grande verrière, ce n’est ici qu’une petite partie de ce chef-d’œuvre… pas facile à prendre en photographie avec un petit appareil photo (enfin, un appareil compact assez puissant, mais pas assez pour cela).

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 2, métopes de Saint-Hilaire Juste derrière chez moi, sur les métopes du chevet de l’église Saint-Hilaire, des lions se demandent où est l’endroit et l’envers… La queue est passée entre les pattes, reviens sur le corps et est avalée par la tête complètement retournée vers l’arrière… (pour un petit schéma expliquant le vocabulaire, voir Corniche, modillons, métopes, chapiteaux sur un chevet roman).

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 3, arcatures nord de la façade de Notre-Dame-la-Grande Mais l’art roman comme l’art gothique sont des arts de la contorsion, aiment jouer avec l’endroit et l’envers… Petit passage par la façade de Notre-Dame-la-Grande. Je vous promets, c’est une nouvelle photographie, même si je passe plusieurs fois par jour devant… J’ai choisi deux oiseaux complètement emmêlés, sur l’arcature aveugle sud de la façade occidentale (à droite, copie d’après l’original)…

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 4, animaux sur des modillons du baptistère Les animaux du baptistère Saint-Jean, eux aussi romans, se contorsionnent quant à eux sur les modillons (ces pierres qui portent la corniche et dont l’extrémité visible est souvent sculptée). Celui du haut est dans une position très classique à cette époque, le corps dans un sens et la tête retournée dans l’autre… Celui du bas est beaucoup plus rare, il a les pattes collées au plafond… Endroit? Envers?

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 5, des modillons avec acrobates dans deux églises gothiques On saute environ un siècle, et nous voici en haut dans la nef de la cathédrale et en bas, dans celle de l’église Sainte-Radegonde. Désolée pour les photos, ces modillons sont placés trop haut pour mon flash… Le sculpteur (« gothique ») a repris un thème déjà abondamment utilisé à l’époque « romane » précédente, celui des acrobates et des contorsionnsites…

Défi photo, endroit/envers, Poitiers,6, les singes du portail de Sainte-Radegonde A Sainte-Radegonde, il y a aussi les petits singes monstrueux plus récents (du 15e siècle) qui dansent dans tous les sens sur le portail… Je n’ai pas résisté à reprendre une autre photographie, pour celles plus détaillées, suivez le lien précédent…

Il y a encore, tant pour l’art roman que pour l’art gothique, les anges qui ne savent souvent pas où sont l’endroit et l’envers… Pour l’illustrer, j’ai plongé dans mes archives et non en ville…

Poitiers, église Saint-Hilaire, chapiteau de la mort d'Hilaire, 1, vu de face

D’abord avec cette photographie que je vous ai déjà montrée sur le chapiteau dit de la mort d’Hilaire dans l’église qui porte son nom… En haut à droite et à gauche, les anges portent son âme (le petit homme nu) libérée de son corps mortel allongé sur le lit…

Défi photo endroit enveres, ange de la Couldre à Parthenay Et sur la façade occidentale de Notre-Dame de la Couldre à Parthenay (une série de photographies prises il y a une dizaine de jours, que je n’ai pas encore triée), l’archange tête en bas vient annoncer à Marie qu’elle porte en elle l’Enfant Jésus… Une représentation de l’Annonciation assez différente de celle que je vous ai montrée sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande ou sur la partie droite du portail Saint-Michel à Poitiers.

Une plaque de la rue Montgautier à Poitiers avant et après correction Et pour terminer, hors sujet, mais comme je suis passée juste à côté… La plaque de la rue Montgau(l)tier, qui avait été reposée avec un L en trop à un bout (mais était correcte à l’autre bout, voir par le lien précédent) a été reposée avec la correction faite… En haut avant, en novembre dernier, en bas fin février 2012… Ils auraient pu mettre une plaque aux mêmes dimensions ou reboucher les trous des chevilles de la plaque précédente (à côté des angles entourés en rouge), cela ne fait pas un travail très propre, mais au moins, la rue a le même nom avec la même orthographe que l’on arrive par la grand’rue (où la plaque est en majuscules) ou par la rue de la cathédrale (la nouvelle plaque)…

Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers

Poitiers, la clef portant la date de 1167 dans la cathédrale Il existe dans la cathédrale de Poitiers des clefs de voûte très intéressantes, hélas pas facile à photographier avec un appareil ordinaire et sans éclairage. Si vous voulez les voir vraiment, il faut que vous alliez les voir sur place avec des jumelles ou dans le livre que je vous ai signalé en fin d’article (page 48 pour la première, pages 133-135 pour les autres). La première se trouve dans la dernière travée centrale du chœur (juste devant le grand vitrail). Elle porte l’inscription « IN QUO A(nno) MCLXVII », en cette année 1167. Mais elle est écrite de manière curieuse. Vous avez la nervure centrale et les petits bourrelets autour. Dans les angles en bas de ce dernier, vous avez I d’un côté, N de l’autre. Sur la nervure en haut, A à gauche, VO à droite. Le A. pour Anno se trouve entre le Q et le VO. Ensuite, il faut lire en tournant. Sur la barre horizontale de la nervure, vous pouvez lire à gauche le M, en bas le C écrit tourné vers le haut, à droite le LX et au centre VII.

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 1, dates sur la clef

Voici ci-dessous ce que ça donne sur un schéma. A quoi correspond cette année? A la fin de la construction de la voûte au moins de la partie orientale de la cathédrale, c’est l’année de la naissance de Jean (sans Terre), fils d’Aliénor d’Aquitaine, en Angleterre, que l’on ne voit pas non plus sur le grand vitrail (en bas à droite de celui-ci, il y a le plan de la cathédrale porté par les commanditaires des premiers travaux, Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, encadrés de 4 enfants, soit Henri, Mathilde, Richard -le futur Richard Cœur de Lion et Geoffroy, Guillaume étant déjà décédé et Aliénor, Jeanne et Jean pas encore nés, donc le vitrail a sans doute été réalisé avant 1161, année de naissance de Mathilde. D’après les estimations (pour plus d’arguments, voir le livre cité en fin d’article), le chantier de la cathédrale a dû commencer entre 1154 et 1162.

Poitiers, les clefs historiées de la cathédrale

Vraiment désolée, on n’y voit pas grand chose…Nous sommes ici un peu plus tard que pour la clef de voûte portant la date, il y a eu un changement d’option de voûtement dans le chantier, et ces clefs sont sans doute réalisées entre 1180 et 1220/1230. J’ai organisé ici ce que l’on voit autour de la croisée du transept (au centre) où il y a un oculus pour laisser passer la corde des cloches, et les 7 clefs de voûte qui l’entourent, en haut nous sommes vers le chœur (dans la première des trois travées du chœur), en bas dans la troisième et dernière travée de la nef et les collatéraux, sur la ligne centrale dans l’axe du transept. Voici un schéma pour mieux vous repérer (attention, c’est juste un schéma, non conforme à l’échelle et à la forme exacte de la cathédrale).

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 2, plan de la cathédrale

A part l’agneau, toutes les figures sont représentées à mi corps. Sur l’oculus central se trouvent 13 anges, 5 groupes de deux et trois seuls. Ils portent des livres, une croix, une couronne, un linge, une couronne d’épines. Pour les autres clefs, voici leurs thèmes en commençant en bas à gauche et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre autour de l’oculus :

– un ange portant une petite croix avec un tau gravé,

– saint Paul déroulant un phylactère, une Vierge à l’Enfant (tous deux couronnés),

– saint Pierre bénissant de la main droite et portant une grosse clef dans la main gauche,

– un ange portant une croix dans sa main droite et une couronne dans la gauche,

– l’Agneau de Dieu avec une croix et un oriflamme sur le dos, son nimbe a un curieux décor,

– et le Christ représenté en buste sur un fond de feuillage et tenant une hostie dans la main gauche sa main droite est cassée, mais la position du coude laisse supposer qu’il bénissait).

Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers ont été exclues par Y. Blomme de son étude sur les clefs de voûte du domaine Plantagenêt (parce qu’ici, il y a une influence d’artistes venus du nord), mais je trouve qu’elles sont quand même très proches de celles qu’il mentionne (voir référence ci-dessous), en particulier celles de l’église d’Airvault dans les deux-Sèvres.

Pour aller plus loin :

  • un livre : Collectif (Claude Andrault-Schmitt, Christian Barbier, Yves Blomme, Jean-Pierre Blin, Bernard Brochard, Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, François Jeanneau, Françoise Perrot, Yves-Jean Riou, Albert Rouet, Jean-Pierre Roussel), La cathédrale de Poitiers, éditions Le Temps qu’il fait, 2007, 176 pages (ISBN : 978-2-86853-415-6).
  • un article : Blomme, Yves. L’image de l’apocalypse dans la sculpture gothique Plantagenêt (XIIe et XIIIe siècles). Dans Apocalypse, imaginaire et création artistique, sous la direction de Marie-Claude Rousseau, Cahiers du CIRHiLL, Hors série 2004, Angers, Édition de l’UCO, p. 19-45.

Les reliefs de l’église Saint-Michel à Confolens

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 1, l'ange Il y avait une troisième église romane à Confolens, l’église Saint-Michel, en plus de de l’église Saint-Barthélemy (revoir ici les reliefs de sa façade) et de l’église Saint-Maxime. C’est d’ailleurs dans cette dernière que les reliefs sont visibles aujourd’hui, sur le mobilier liturgique. Vous pouvez approfondir l’histoire de l’église Saint-Michel dans son dossier documentaire et dans celui des reliefs. Il s’agissait d’une église romane, probablement du 12e siècle, les reliefs étant très proches de ceux de l’église Saint-Maxime à Confolens ou de l’église Saint-Étienne à Esse. L’église Saint-Michel fut détruite au début du 19e siècle, il en restait le clocher, à son tour démoli une cinquantaine d’années plus tard, les matériaux étant alors récupérés pour la reconstruction du clocher de Saint-Maxime en 1859. Revenons à nos reliefs… Ils ont été trouvés vers 1980 dans les décombres d’une maison proche de l’ancienne église Saint-Michel et ont été inclus en 2000 dans le mobilier moderne du chœur de l’église Saint-Maxime. Le premier, qui était à gauche, est aujourd’hui inséré dans le lutrin.

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 2, détail de l'ange Il s’agit d’un ange (facile, avec les ailes…), probablement d’un archange à cause de l’auréole. Il porte, enroulé sur son bras droit, un phylactère, bandelette de cuir où est écrit le texte sacré.

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 3, l'Agneau pascal Sur l’autel, le relief qui se trouvait au centre porte l’Agneau pascal, reconnaissable à son nimbe cruciforme (symbole du Christ rédempteur) et à la croix au-dessus de son dos.

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 4, détail de l'Agneau et du Livre De sa patte avant gauche, il soutient le Livre (la Bible).

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 5, un saint Sur la tablette (le support du tabernacle), un personnage auréolé, donc un saint, à moitié à genoux, les jambes repliées pour entrer dans le cadre circulaire.

Les reliefs de l'ancienne église Saint-Michel à Confolens, 6, détail du saint Ce cadre est d’ailleurs interrompu pour laisser passer la tête et son auréole. Au passage, vous remarquerez, malgré l’érosion (il ne faut pas oublier que ce relief était sur le portail ouest de l’église Saint-Michel, exposé aux intempéries) que la reliure du Livre était ornée de riches pierreries. Il pourrait s’agir de saint Jean, auteur de l’un des Évangiles.

Quelques précisions : en mars 2010, j’ai profité d’une belle journée printanière à Confolens (pour un colloque) pour faire une série de photographies et partager avec vous quelques-une d’entres elles. Pour plus d’informations sur Confolens et la communauté de communes du Confolentais, deux livres sont toujours en librairie, Parcours du patrimoine n° 325 consacré à Confolens, ou encore l’image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin.