Archives par étiquette : théâtre

Pièce détachée de Pieter Aspe

Couverture de Pièce détachée de Pieter Aspe

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : Pièce détachée de Pieter Aspe, traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuelle Sandron, éditions Albin Michel, 2011, 300 pages, ISBN 978-2226238290.

L’histoire : à Bruges en 2002 (année de Bruges capitale européenne de la culture). Le commissaire Van In épluche les faits divers de la nuit, un exhibitionniste et un cambriolage chez le « pape du théâtre flamand ». Justement, Hannelore, la juge et Van In hébergent Muriel, la cousine d’Hannelore, et son ami, Max, le metteur en scène de Purgatoire, la pièce de théâtre d’avant-garde qui doit lancer le nouveau théâtre. Quelques jours plus tard, un auriculaire tranché est retrouvé dans le parking du nouveau théâtre. Alors qu’il se rend dans un centre hippique voisin pour les besoins de l’enquête (il recherche leur employé), Van In se retrouve pris dans un incendie, vraisemblablement criminel, un corps est retrouvé dans les décombres… auquel il manque un doigt, justement… Fait troublant, la plupart des protagonistes viennent ou ont séjourné au Chili, sous la dictature de Pinochet. Et justement, un de ces criminels de la dictature est recherché en Belgique. A coup de demis (de bière) et de cigarettes (malgré une tentative d’arrêt), le commissaire et la juge vont tenter de débrouiller ces faits entremêlés… jusqu’à ce qu’un nouveau cadavre fasse irruption, mais je ne vous en dis pas plus.

Mon avis : pas facile de s’y retrouver au début du livre, beaucoup de personnages arrivent, se mettent en place, tantôt appelés par leur prénom, tantôt par leur nom… La lecture demande une grande concentration pour ne pas s’y perdre…(la confusion de la traduction par moment n’aide pas, il m’a fallu un instant pour comprendre que l’injonction de la page 168 était une injection…). Et puis on entre dans Bruges et dans le monde du théâtre contemporain d’avant-garde gentiment moqué. Un bon moment de lecture.

Romain Duris dans La nuit juste avant les forêts

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle

Avant l’inondation de la salle de théâtre du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP dans le cadre de mon abonnement pour la saison 2011-2012, j’ai vu La nuit juste avant les forêts de Bernard Marie Koltès, mis en scène par Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang avec Romain Duris comme unique acteur.

Le spectacle : au centre de la scène (le rideau est levé quand les spectateurs entrent), un tapis blanc, dessus, un lit d’hôpital avec deux sacs genre sacs de SDF à ses pieds. Sur le lit, un homme (Romain Duris), un bandage au bras droit, le front en sang… Il raconte sa vie, il a travaillé, il est devenu chômeur, à la rue, il raconte sa vie jusqu’à ce soir où il a été attaqué par des loubards dans le métro…

Mon avis : pas de doute, c’est une vraie performance qu’accomplit Romain Duris, seul en scène et la plupart de temps allongé ou accroupi… Mais franchement, je n’ai pas trop accroché au texte, ni à la mise en scène… Pendant la première demi-heure, il ne quitte pas le lit, pendant la demi-heure suivant, l’espace scénique s’élargit… au pied du lit, il est tombé par terre… Les 40 dernières minutes bénéficient d’un tout petit peu plus d’espace. Le texte est répétitif, tourne en rond, revient sur la tortuosité de la vie du narrateur, la voix de Duris est assez monocorde, sauf peut-être à la fin, avec le récit de l’agression. Je pense que je vais lire le texte de Koltès, je sais qu’il est assez particulier, une seule longue phrase sur 60 pages…

Les précédents spectacles mis en scène par Patrice Chéreau dont je vous ai parlé :

La douleur de Marguerite Duras, mise en scène de Patrice Chéreau, avec Dominique Blanc

– Rêve d’automne du suédois Jon Fosse, mis en scène par Patrice Chéreau

Poitiers, les reliefs de Jonchère dans la cour du musée

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 01, la cour Je vous ai déjà montré la cour du musée Sainte-Croix à Poitiers à l’occasion de l’expédition Glen Baxter en juin 2010. Comme je vous l’ai déjà dit, l’ancien musée dans l’hôtel de ville était devenu trop petit. L’ancien couvent Sainte-Croix, qui venait d’être libéré par les sœurs (installées depuis lors à la Cossonière à Saint-Benoît), est choisi pour accueillir le nouveau musée, qui a ouvert en 1974. L’architecte Jean Monge (1916-1991) a détruit les bâtiments du 19e siècle mais maintenu une grande cour rappelant l’ancien cloître. Bon, béton brut, parfois avec des effets de cannelures, labyrinthe à l’intérieur, sauvegarde de justesse des vestiges archéologiques gallo-romains (le comble pour un musée avec des collections archéologiques aurait été de les détruire), je ne le trouve pas terrible au niveau de l’architecture. Mais vous pouvez profiter en ce moment (et jusqu’au 5 février 2012) des salles rénovées sur le Moyen-Âge et d’une exposition sur le thème de l’âge roman en Poitou-Charentes, qui est accompagnée d’un très beau catalogue.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 02, entrée du musée Dans l’entrée du musée, voici…

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 03, les reliefs en bronze d'Evariste Jonchère un relief qui y a été mis en place en 1986. Il s’agit du dépôt par l’État d’une œuvre retrouvée lors du rangement du palais de Chaillot pour l’aménagement de la cinémathèque dans les années 1980. C’est l’une des versions de l’art du théâtre, de Évariste Jonchère (Coulonges, 1892 – Paris, 1956), premier grand prix de Rome de sculpture en 1925 pour La vendange. Il existe en fait au moins quatre versions de cette œuvre, trois si j’en crois le catalogue de l’exposition de 1987 (voir la référence complète en fin d’article). La première est un plâtre préparatoire réalisé en 1936 et donné par Mme Jonchère en 1976 au département de Haute-Savoie, qui l’a déposé au conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy (d’autres œuvres données au conseil général de Haute-Savoie sont à voir ici, le couple ayant habité près d’Annecy). Sur la base de ce plâtre, Évariste Jonchère a été chargé de réaliser un bronze pour le fronton de scène du théâtre du palais de Chaillot réalisé pour l’exposition internationale de 1937. Mais il a pris du retard pour confier son œuvre au fondeur Alexis Rudier (je vous ai montré sa marque de fondeur pour sur la statue du maréchal Joffre à Paris, je ne l’ai pas trouvée ici). Aussi, c’est une version en plâtre patiné qui a été réalisée et qui se trouve aujourd’hui au musée de Mont-de-Marsan (voir dans le dossier sans photographie dans la base Joconde). L’artiste a néanmoins terminé son œuvre qui a été fondue en 1938. C’est celle-ci qui se trouve à Poitiers. Elle diffère légèrement du plâtre patiné. Certains historiens de l’art ont donné comme titre à cette œuvre Apollon musagète, titre réfuté par Mme Jonchère. Le musée des années 1930 de Boulogne-Billancourt présente un autre plâtre préparatoire de cette œuvre, j’en ai trouvé par hasard la mention page 42 du livret pédagogique du musée. Comme je ne suis pas allée la voir, je ne peux pas préciser de quelle variante il s’agit.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 04, la signature Jonchère Entrons dans la visite de cette œuvre qui porte la signature « E. JONCHERE ».

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 07, le centre des reliefs Le personnage central est encadré des deux femmes des groupes de droite et de gauche.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 08, le relief central Le voici de plus près. Il s’agit d’Apollon, dieu de la beauté, tenant une lyre, représenté de face, en position comme assise (mais sans siège) avec sa jambe gauche écartée. Il est nu, mais un drap couvre pudiquement son sexe.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 05, détail des musiciens et musiciennes De chaque côté se trouvent les arts liés à la musique, à la poésie et au théâtre. A gauche se trouvent autre femmes debout et un personnage allongé. La première femme à gauche est torse nu avec une robe drapée autour des reins. La seconde a un voile qui lui couvre partiellement la poitrine. La troisième, à l’arrière-plan, regarde les deux premières. La dernière à droite porte des ailes.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 06, détail du sonneur de trompe Un sonneur de trompe est allongé au sol. C’est le seul personnage qui semble être un homme (à part Apollon au centre).

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 09, la partie droite du relief Enfin, le groupe de droite. La première femme à gauche, à côté d’Apollon, torse nu et avec une grande jupe qui lui arrive sous les fesses, tient une sorte de palme. Il s’agit de l’inspiration poétique. Une grande aile semble partir de son épaule, mais il s’agit peut-être juste d’un fond à la scène.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 10, détail des visages Derrière elle se tiennent deux femmes debout. Celle de gauche est torse nu, les seins bien visibles, les jambes drapées dans une robe. Ses cheveux sont coiffés en longues tresses. La seconde porte également un vêtement en haut et tient un masque dans la main gauche : il s’agit de la comédie.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 11, le personnage à droite Et enfin le dernier personnage assis tout à droite. C’est une femme, la tête effondrée sur ses genoux, en partie cachée par son bras. Elle tient de la main gauche une épée et un masque triste constitue son siège: il s’agit de la tragédie.

PS: à deux pas de là, sur le mur de la cour de la MJC Le Local (rue Saint-Pierre-le-Puellier à Poitiers), vous pouvez voir un peu sur le même thème la frise sculptée de Jean Claro…

Pour en savoir plus : Evariste Jonchère, 1892-1956 : premier Grand Prix de Rome de Sculpture en 1925, catalogue de l’exposition au musée Sainte-Croix à Poitiers, 24 mars – 18 mai 1987, sous la direction de Blandine Chavanne et Bruno Gaudichon.

Poitiers, le TAP, problèmes d’organisation et deux spectacles…

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai vu deux spectacles au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP la semaine dernière. Avant de vous en parler, je voudrais soulever quelques problèmes d’organisation. Pour cette saison 2011-2012, il y a très peu de spectacles à place numérotées, en tout cas, aucun pour les 11 spectacles que j’ai choisis. Jeudi dernier (23 novembre 2011), j’arrive à 20h pour un spectacle à 20h30. Avec des amis, nous avions prévu de prendre un pot au bar avant… mais il y avait déjà du monde qui attendait, nous avons donc préféré nous mettre dans la queue en train de se constituer, histoire d’être à une « bonne place » (au milieu d’un rang, entre E et G si possible…). Vendredi (25 novembre 2011), pour le spectacle à 19h30 (nul, voir plus bas), je suis arrivée volontairement avec ½ heure d’avance, et là aussi, il y avait déjà du monde qui attendait. Il est extrêmement désagréable de devoir arriver si tôt pour pouvoir espérer avoir une bonne place, puis attendre 15 à 20 minutes debout (pas pratique pour lire…) que les portes s’ouvrent enfin… J’espère que les places numérotées reviendront la saison prochaine…

Deuxième désagrément pour la soirée de mercredi. À 20h30, heure prévue du début du spectacle à l’auditorium, une dame vient nous annoncer que le spectacle ne commencera qu’à 20h45, car le parking du théâtre est complet (il y avait en même temps un spectacle dans la salle du théâtre, la raclette, voir plus bas, je l’ai vue le vendredi et aurais mieux fait de m’abstenir). Les rues situées un peu plus haut sont fermées pour les travaux en ville (toujours Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…), il s’agit donc de permettre à ceux qui cherchent à se garer de pouvoir rejoindre la salle. Dans la presse le lendemain, les spectateurs sont à moitié « accusés » de n’avoir pas suivi les consignes envoyées par messagerie électronique : il fallait éviter de se garer au théâtre. Le TAP a bien mon adresse de messagerie, j’ai d’ailleurs reçu un message m’annonçant une rencontre au bar du TAP le jeudi avec les acteurs de La raclette, mais je n’ai jamais reçu de message concernant le parking (même si je ne suis pas concernée, j’habite à quelques centaines de mètres et viens à pied…).

Troisième désagrément pour la soirée de mercredi. Au rang devant moi, trois places avaient été réservées, dont une pour le directeur du TAP. Pas de souci en soi, c’est assez normal qu’il assiste aux spectacles (mais bon, nous, on n’a pas le droit aux places réservées cette saison), il est arrivé accompagné d’une seule personne. Soit. Mais cette personne a été d’une impolitesse et d’un manque de savoir-être au théâtre absolument remarquable (il s’agit pourtant sans doute d’une personne de l’équipe du TAP). Il a passé son temps à parler, certes à voix basse, à l’oreille du directeur (qui n’a jamais répondu), ses incessants mouvements pour se pencher et parler et son manque d’attention sont assez inadmissibles et très dérangeants pour les personnes situées derrière lui. Si le spectacle l’ennuyait tant, il aurait au moins pu sortir à l’entracte…

Poitiers, le TAP sans lumière, photographie du 25 novembre 2011 à 19h Passons maintenant à la soirée de vendredi. Quand je suis arrivée, il y avait une panne d’électricité sur le boulevard de Verdun et sur le parvis. Cela ne m’a pas trop gênée car j’ai toujours une lampe frontale dans mon sac. Mais le parcours et notamment les escaliers sur le cheminement depuis le parking de la gare (oui, celui si peu accessible que je vous ai déjà montré…) étaient très dangereux sans lumière. En arrivant, je l’ai signalé à l’accueil, et me suis fait à moitié rabrouée : la lumière sur le parvis dépend de la ville, pas du TAP, m’a répondu d’un ton peu aimable le monsieur. Sur la photo, ma lampe frontale et le flash éclairent un peu, mais on voit quand même la nuit bien noire au-delà… À cette heure là, il ne pouvait rien faire… En sortant, la lumière fonctionnait… Combien de chutes à déplorer ? ? ? De jour, de toute façon, ce parvis pose des problèmes sur le parcours de la gare au centre-ville (voir Poitiers ville inaccessible). Et le soir, après trois ans de réclamations à la ville et au TAP (et pas seulement de ma part), la première marche de l’escalier en descendant n’est toujours pas éclairée, rendant cet escalier dangereux, je l’ai déjà rappelé dans l’article du lien précédent, à la fin de cet autre article et dans les messages électroniques que j’ai soigneusement archivés…

Venons-en aux spectacles…

Mercredi soir : l’ensemble soufi de Zanzibar Mtendeni Maulid

Le spectacle : sept chanteurs agenouillés, quatre debout derrière eux, dont deux plus âgés, portant une écharpe en plus de la tenue traditionnelle, comme le meneur de chant agenouillé sur la gauche de la scène… et deux joueurs de tambour sur la droite, dont un qui passe l’essentiel du spectacle plié en deux. Un spectacle en deux longues parties séparées par un entracte, et suivi par un long bis.

Mon avis : un spectacle d’une grande beauté, les artistes vivent leur musique et leurs mouvements… Certains gestes des mains de ces hommes m’ont rappelé ceux de danseuses indiennes dans leur grâce. Il faut néanmoins apprécier ce genre de musique, avec des passages assez répétitifs, chaque partie durant environ trois quarts d’heure. La salle était loin d’être pleine (peut-être aux deux tiers) et un certain nombre de spectateurs ne sont pas revenus après l’entracte.

Pour aller plus loin : voir un extrait sur Daily Motion.

Vendredi soir : Une raclette, par les Chiens de Navarre

Le spectacle : un couple vient d’emménager, puis pend la crémaillère avec ses voisins, avant un 31 décembre très chaud… Huit personnes autour de la table (plus ou moins selon les scènes), pour l’apéro puis la raclette. Discussion autour du monde, du travail des uns et des autres… qui finit par dégénérer.

Création collective des Chiens de Navarre dirigée par Jean-Christophe Meurisse avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent, Antoine Blesson et / ou Claire Nollez.

Mon avis : la pièce commence pas trop mal, même si les textes sont sans grand intérêt, avec un appel des spectateurs présents et beaucoup d’alcool picolé sur scène (au moins la bière, l’apéro était peut-être sans alcool, mais j’en doute). Cela se poursuit en revanche très mal : récit d’une promenade avec scène de viol d’une enfant suivi de meurtre, présenté comme un exploit d’un groupe de randonneurs, puis deux acteurs qui simulent un acte sexuel sur la table du repas… avant de terminer par une scène de partouze à poil (les acteurs sont juste protégés par un masque de personne âgée)… Une dernière scène plus soft, qui fait un peu baisser la pression dans la salle. Alors certes, comme dit alors une actrice, ils sont professionnels, c’est pour cela qu’il n’y a pas de mise en garde dans le programme… Mais quand même… Ça va trop loin, beaucoup trop loin, pour une pièce qui n’avait déjà pas grand intérêt. Quelques personnes ont réussi à sortir, et d’après les commentaires entendus, beaucoup, s’ils n’avaient pas été coincés (les rangs sont larges, pas d’allée centrale dans la salle, les sièges courent d’un bord à l’autre) en auraient fait autant, d’autres riaient très jaune, peu de vrais rires… Prévenus, certains lycées ont annulé leur réservation, des parents avec des adolescents ont semble-t-il été avertis juste avant de rentrer dans la salle (pourquoi pas dès la réservation?). Il faut du théâtre expérimental, le cadre du théâtre subventionné est là pour leur donner une chance, mais impossible ici de prendre au second degré l’apologie du viol et du meurtre d’un enfant, et si la scène de la partouze est censée avoir lieu entre adultes consentants, une des femmes hurle pourtant clairement qu’elle n’est pas d’accord… Quelle image de la femme (et de l’homme violeur tout puissant) est donnée par ce spectacle? Qu’en ont pensé les victimes de viols présentes dans la salle, sans avertissement. Sur une salle de 800 places et même si ce n’était pas complet, cela fait quand même plusieurs dizaines de victimes qui ont dû très mal vivre ces scènes, d’autant plus que 75 à 80¨% des viols en France sont commis par des personnes connues de la victime (parents, voisins, « amis »), dans des circonstances que certaines ont dû très mal revivre lors du spectacle.

En plus, cette pièce n’avait vraiment rien à voir avec la présentation de saison, où cela semblait une pièce drôle et un peu décalée. Désolée, mais le geste obscène de la carotte qui aurait dû alerter sur le programme (dixit le directeur dans le journal l’autre jour), je ne l’avais absolument pas repéré!

Pour aller plus loin : le site de la compagnie des Chiens de Navarre et un extrait du spectacle. Je n’ai pas pris le spectacle de cette compagnie dans la saison 2012-2013.

 

Une visite du TAP /théâtre et auditorium de Poitiers

Poitiers, le théâtre et auditorium, 1, avec son architecte sur le parvis Il y a quelques semaines, je vous ai parlé d’une visite de Poitiers avec plusieurs architectes et vous ai déjà emmenés voir la médiathèque et la crèche du marronnier. Je vous emmène aujourd’hui au TAP /théâtre et auditorium de Poitiers, dont je vous ai parlé lors de son inauguration en septembre 2008 et pour les spectacles que j’y ai suivis en 2008-2009 (une partie, non regroupés sur un seul article), en 2009-2010 et en 2010-2011 [et aussi les saisons 2011-20122012-2013, 2013-2014, 2014-2015, …], je suis en train d’affiner ma future saison… à découvrir sur le site officiel du TAP. La visite était menée de main de maître (et avec beaucoup d’enthousiasme) par son architecte portugais João Luis Carrilho da Graça, qui, l’après-midi, nous a aussi présenté certains de ses projets très intéressants au Portugal. Un grand merci pour cette visite et pour ces échanges!

Poitiers, le théâtre et auditorium,2, au fond vu depuis la rue Grimaud Avant d’entrer avec lui, revenons un peu en arrière, c’est-à-dire à l’arrivée dans le bâtiment par la rue Édouard Grimaud, alors en pleins travaux. Je vous ai déjà montré maison du Dr Letang et son décor daté de 1902 que l’on aperçoit au premier plan à gauche).

Poitiers, le théâtre et auditorium,3, la vigne vierge depuis la vitre du foyer Il voulait que son double bâtiment jaune (un cube pour l’auditorium, un pour le théâtre) se voit depuis cette rue, mais aussi que la vigne vierge pousse sur les murs pour faire écho à la vigne-vierge de la dernière maison à gauche de la rue Grimaud. De cette fenêtre, on voit la vigne qui grimpe peu à peu dehors…

Poitiers, le théâtre et auditorium,4, le grand escalier Allez, on descend le grand escalier, conçu aussi comme un lieu de spectacle, de même que l’espace en bas, foyer des spectateurs mais aussi parfois avec des installations artistiques…

Poitiers, le théâtre et auditorium, 5, le théâtre vu depuis la scène Une petite vue sur la salle de théâtre comme les spectateurs ne la voit pas, c’est-à-dire depuis la scène… 700 places… Le public de la visite (dont Jérôme Lecardeur, le « nouveau » -depuis un an quand même- directeur du TAP, très concentré 😉 , le seul dont j’ai laissé le visage sur la photo) suit attentivement les explications de l’architecte.

Poitiers, le théâtre et auditorium, 6, le foyer des artistes, partie extérieure Un autre espace que l’on ne voit jamais, le foyer des acteurs en commençant par l’espace extérieur…

Poitiers, le théâtre et auditorium, le foyer vu depuis le parvis En fait, pour les personnes qui passent sur le parvis du TAP et osent se pencher, il est visible du haut par chacun… [ainsi que, depuis, les fissures, les infiltrations d’eau et l’écaillage de la peinture jaune]

Poitiers, le théâtre et auditorium,7, le foyer des artistes, partie intérieure … et la partie intérieure. Vous voyez tous les jeux de mots sur le mur, ils sont dus à l’artiste Nuno Gusmão (avec son blog… en Portugais), c’est la première fois que j’entendais son nom, c’est dommage qu’il ne figure nulle part sur place (ou bien très très discrètement?) ni sur le site du TAP, merci à João Luis Carrilho da Graça d’avoir souligné son travail et de nous avoir appris que c’était à lui que l’on devait l’acronyme TAP… ou plutôt tap en minuscule, tip, tap, tap…

Poitiers, le théâtre et auditorium,8, une envolée de papillons dans un escalier Dans un escalier qui n’est pas non plus dans la partie publique, un envol de papillons…

Poitiers, le théâtre et auditorium, 9, la salle de l'auditorium vue depuis la scène On arrive dans l’auditorium… vu lui aussi depuis la scène. João Luis Carrilho da Graça nous rappelle son choix d’une salle à plat (1100 places), sans allée centrale, des calculs d’acoustique etc., qui ont déjà été présentés lors de l’inauguration et de visites du bâtiment. Une acoustique exceptionnelle… sauf que depuis quelques mois, les sièges grincent!!! [ils ont été huilés après]

Poitiers, le théâtre et auditorium, 10, sur la scène de l'auditorium Une présentation pleine d’entrain de sa belle réalisation… même M. Baudouin (à gauche), l’architecte de la médiathèque, écoute avec attention…

Poitiers, le théâtre et auditorium, 11, l'auditorium vu du balcon Une dernière vue de l’auditorium depuis le balcon, seuls les architectes, la presse, les élus sont encore en bas.

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle Ah, si, comme un clin d’œil à João Luis Carrilho da Graça qui a dit aimer la découverte de son chantier depuis le boulevard, la vue depuis la grande passerelle, à laquelle on peut maintenant (mais plus pour longtemps) accéder depuis le parking construit en même temps que le TAP [remplacée depuis par le viaduc Léon Blum ouvert en février 2014] … Une dernière remarque à l’intention de nos édiles municipales… Le parvis est aussi conçu comme un passage entre la gare et le centre-ville et vice-versa. Mais en hiver, quand on sort du TAP pour rejoindre la grande passerelle, tout le monde se cramponne à la rampe: il manque une lampe, la première marche est complètement dans l’ombre. Depuis trois ans, nous sommes plusieurs à l’avoir signalé en vain au TAP, qui nous renvoie vers la ville, responsable de cette partie, sans aucun effet… Pouvons-nous espérer ne plus craindre de tomber dans ces escaliers pour la prochaine saison (2011-2012)? Cela sera encore plus indispensable si le restaurant ouvre enfin… [en 2015, ce problème d’éclairage n’est toujours pas résolu, depuis cet article, le restaurant a ouvert, a fait faillite, été repris…]…

Rêve d’automne de Jon Fosse

Le parvis du théâtre auditorium de PoitiersAlors que ma saison 2010-2011 au Théâtre et auditorium de Poitiers (TAP) s’achève ce soir avec un concert d’Alexandre Tharaud, je viens vous parler aujourd’hui de Rêve d’automne de Jon Fosse, mis en scène par Patrice Chéreau.

Le spectacle : dans un cimetière se retrouvent un homme, son ex-amie, son père, sa mère, son ex-femme, son fils adolescent, le fantôme de sa grand-mère (la mère de son père) dont c’est l’enterrement aujourd’hui. La mère possessive, qui tente d’empêcher son fils de renouer avec son ex-amie, l’ex-femme, inquiète pour son fils gravement blessé, le père, qui tente de temporiser, les morts du cimetière, qui sont évoqués, l’amour/haine au sein même du cimetière entre l’homme et son ex-amie, qui devient son amante dans le cimetière même…

Attention, ceci est ma vision de la pièce, si vous êtes étudiant, vous pouvez le lire, mais ne tenez pas compte de ces lignes, le propos principal de la pièce n’est peut-être pas celui-ci… je me refuse à copier les présentations des livres et des pièces faites ici ou là, mais du coup, je reçois beaucoup de messages d’étudiants, inutile, je ne suis pas critique, pas prof de français ni de littérature ni de théâtre et ne vous aiderai pas pour vos mémoires!

Mon avis : le spectacle a reçu trois récompenses lors de la dernière cérémonie des Molière,, il y a un mois (17 avril 2011) mais mon avis est mitigé. Les acteurs sont excellents, notamment Pascal Greggory, qui passe de l’homme d’âge mûr au vieil homme avec plein d’allant (et pourtant, il venait de jouer chaque soir de la semaine ici à Poitiers). Bulle Ogier (meilleur second rôle féminin), qui joue la mère, est excellente aussi. Mais je n’ai pas trop adhéré au texte de Jon Fosse. L’année dernière, j’avais adoré La douleur de Marguerite Duras, mise en scène également par Patrice Chéreau, avec Dominique Blanc dans le rôle principal. Cette année, j’ai plus de mal avec ses choix. J’ai bien compris qu’il a fait réaliser le superbe décor (qui mord d’ailleurs sur l’avant des sièges du public, heureusement que la salle est modulable) après avoir joué la pièce au Louvre. Trois salles reconstituées, avec des tableaux géants et un beau parquet en marqueterie, ainsi que les inévitables bancs recouverts de cuir… Mais quel rapport entre un musée et un cimetière, un cartel pris pour une épitaphe? Le musée serait-il un cimetière de tableaux? Il y a pourtant de bonnes idées, comme d’enlever les chaussures à ceux qui sont morts (la grand-mère, puis le père et le fils). La lumière de Dominique Bruguière mérite bien son Molière…

Lever de rideau : avant ce rêve d’automne, j’ai assisté à une pièce en lever de rideau, une autre pièce de Jon Fosse, Hiver, sur le plateau B (petite salle au sous-sol du théâtre), mis en scène par Étienne Pommeret et joué par douze acteurs (9 jeunes femmes et trois jeunes hommes) du conservatoire de Poitiers. Il s’agissait d’une lecture/représentation (suivant les scènes) partielle de la pièce, où les deux rôles sont démultipliés entre les acteurs. Un homme, une femme. En fait, un homme d’affaire marié, interpellé par une jeune femme dans un jardin public, qui se retrouvent ensuite dans sa chambre d’hôtel à lui, un vocabulaire cru, des dialogues directs… cette pièce avait été montée au théâtre de l’atelier dans une mise en scène sans doute très différente de Jérémie Lippmann, avec Nathalie Baye et Pascal Bongard, en 2009. J’en avais entendu parler dans une émission de critique de théâtre. Sans doute différent ici, mais cela donne envie de voir cette pièce en entier.

Journée de la femme : Sacrifices de Nouara Naghouche

Le parvis du théâtre auditorium de PoitiersIl y a déjà plus d’une quinzaine de jours, j’ai vu au théâtre et auditorium de Poitiers(TAP) un spectacle que j’ai réservé spécialement pour la journée de la femme, en ce 8 mars…
Le spectacle : Sacrifices de Nouara Naghouche

L’histoire : dans une banlieue pauvre de Colmar… plusieurs femmes dans des appartements, toutes avec des histoires compliquées, notamment celle que le mari jaloux enferme toute la journée, qui ne sort que pour les courses au supermarché… et s’évade en faisant le ménage et en écoutant des chansons rétros, avant d’être abusée sexuellement et moralement (quand ce n’est pas physiquement) par son mari.

Mon avis : un spectacle humoristique, mais terrible sur le machisme des hommes et l’appel à la révolte des femmes, qui ne doivent plus accepter d’être le puching-ball de leur mari, leur objet sexuel, enfermées dans les appartements… Elles doivent avoir le courage d’aller porter plainte. Quelles que soient leurs origines, leur accent (alsacien ou des banlieues) tous les personnages du spectacle souffrent. Assez de sacrifices des femmes, comme dirait Stéphane Hessel (et Nouara Naghouche donc), Indignez-vous!, révoltez-vous, contre les violences faites aux femmes et contre le racisme ordinaire, courrez le voir près de chez vous! Un spectacle à ne pas manquer, même si vous rirez parfois jaune, Nouara Naghouche fait actuellement une grande tournée en France, pleine de pêche pendant cette grosse heure seule en scène! Elle avait été nommé révélation de l’année pour les Molière en 2009, elle aurait vraiment mérité d’avoir le trophée!

Pour aller plus loin : découvrez absolument le site officiel de Sacrifices, avec des extraits du spectacle! Et toutes les dates du spectacle en cliquant sur l’onglet calendrier…

Adaptation de Moravia au TAP…

Le parvis du théâtre auditorium de Poitiers Il y a déjà plus de deux semaines, j’ai commencé ma saison au TAP (le théâtre et auditorium de Poitiers) par un spectacle assez intime puisque sur le plateau B (où il y a parfois des performances) et non dans l’une des deux grandes salles. Il s’agissait d’une adaptation de scène de l’amour conjugal de Alberto Moravia.

Le spectacle : dans la petite salle, chaque spectateur est équipé d’un casque, test sur le son, et c’est parti!

L’histoire : Silvio rêve depuis longtemps de devenir écrivain. Sa femme, Léda, est sa source d’inspiration… Mais il la soupçonne de le tromper avec le coiffeur, devient follement jaloux…

Mon avis : les deux acteurs sont placés à chaque petit bout d’une longue table… Le dispositif audio est assez intéressant, permettant d’amplifier les sons, les voix des acteurs (Johanna Silberstein et Philippe Canales), le bruit des verres sur la table, etc… Mais je ne suis vraiment pas entrée dans cette adaptation avec une Leda mièvre et qui, en plus, fumant dans un lieu fermé et assez petit, m’a sérieusement gênée (et aussi d’autres spectateurs, il est vrai que la salle puait littéralement le tabac quand nous sommes entrés). La mise en scène de Matthieu Roy, de la Compagnie du Veilleur, ne m’a pas du tout convaincue.

Pour aller plus loin : Matthieu Roy réside actuellement à la maison du comédien Maria Casarès à Alloue… Je vous invite à la visiter, si vous n’y allez pas sur place, dans le dossier pdf établi suite à l’inventaire du patrimoine du Confolentais par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes. Vous pouvez aussi découvrir plus de photographies dans le dossier documentaire. Et l’Image du patrimoine sur le Confolentais est par ailleurs toujours disponible en librairie… sans doute sur commande…

Les femmes savantes de Molière

Couverture des femmes savantes et autres pièces de Molière
Logo du défi J'aime les classiques Un voyage dans les classiques sans Molière, c’était inconcevable… Restait à choisir un titre à relire… Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie (clic sur le logo pour voir mon récapitulatif).

Le livre : Les femmes savantes de Molière [première édition en 1672, une des dernières pièces de Molière, lue dans une édition bon marché, les classiques français, édité par Maxilivres quand ils existaient encore, 1993, page 11 à 115 de ce volume qui comprend aussi les précieuses ridicules et le malade imaginaire].

L’histoire : dans le troisième quart du 17e siècle, dans une famille bien comme il faut, proche de la cour. Trissotin, un faux savant, tente de séduire et manipuler trois femmes d’une même famille, la mère, Philaminte, sa belle-sœur, Bélise, une de ses deux filles, Armande. Avec force poèmes et une façade d’érudition, il vise surtout le porte-monnaie de ces dames. Le reste de la famille, le père, Chrysale, son frère, Ariste, et la fille cadette, Henriette, essaye de leur faire prendre conscience de la manipulation… Clitandre, enfin, a longtemps courtisé Armande, mais, concurrencé par son goût de la philosophie, il s’est finalement rabattu sur la sœur, Henriette. Mais Philaminte , la mère, préfèrerait que Henriette épouse le docte Trissotin…

Mon avis : comme toujours, un bon moment avec une courte comédie de Molière. Cette pièce, qui a connu un grand succès de son temps, mériterait d’être relue régulièrement par chacun et encore plus par nos édiles… Tiens, je prescrirai bien en intermède à l’Assemblée et au Sénat quelques lectures obligatoires, comme au réfectoire des monastère, avec Molière, La Fontaine, Voltaire… et bien sûr, Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette !

Mystère bouffe de Dario Fo

Couverture de Mystère bouffe de Dario Fo pioche-en-bib.jpgJ’ai emprunté ce livre à la médiathèque à la fois pour poursuivre ma lecture des prix Nobel de littérature (1997 pour Dario Fo) et pour avoir un livre plus sérieux que La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano pour représenter l’Italie dans le tour du monde des livres, organisé par Livresque.

Le livre : Mystère bouffe, jonglerie populaire de Dario Fo, éditions Dramaturgie, 1984, 223 pages, ISBN 9782902165087 (l’éditeur ne parle pas, en tête de livre, de traduction mais d’une adaptation française des commentaires (presque la moitié du livre) de Dario Fo par Ginette Herry, et des mystères par Agnès Gauthier, Ginette Herry et Claude Perrus). Première publication en 1969 (l’ouvrage comprend une longue postface de J. Guinot et F. Ribes, qui éclaire le contexte de l’œuvre).

L’histoire : l’auteur revisite les farces médiévales, ces pièces qui pouvaient être jouées près des églises pour expliquer la Bible et surtout ses dogmes e interprétations. Mais cette fois, il s’agit de contrer le discours de l’église… Le massacre des innocents ou les soldats qui viennent de crucifier le Christ sont de petites prouesses de réinterprétation. Les petites pièces genre pantomime mettent en scène un jongler, un fou, des joueurs. Quand le paralytique croise un aveugle, ils s’entraident… et tentent d’éviter le Christ qui passe par là, de peur d’être guéris par un miracle.

Mon avis : j’ai bien aimé que l’auteur intercale des commentaires entre ses pièces courtes, en commentant quelques photographies d’œuvres médiévales qu’il a sélectionnées. L’idée de revisiter la commedia del arte et la farce médiévale est très intéressante. En revanche, les pièces sont prévues pour être jouées par un homme seul, avec des dispositifs scéniques traditionnels, et là, je ne vois pas trop comment ça peut marcher… Cette pièce a été montée cette année à la comédie française, elle tournera peut-être, j’aimerais bien la voir au moins une fois. L’Église catholique, à l’époque, tenta de faire interdire les représentations, fit arracher les affiches, elle manque vraiment d’humour, , le portrait de Boniface VIII, le pape mis en Enfer par Dante, est à se tordre de rire!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de l’Italie.