La semaine dernière, le 4 février 2016, le quotidien régional Centre Presse, édition de la Vienne, proposait un article sur une visite de 26 élèves de CM2 de l’école Jacques-Brel à l’IUT de Génie Thermique et Énergie de Poitiers. Sur le fond, il s’agit de promouvoir les études scientifiques dès le plus jeune âge, par l’intermédiaire de l’association des Petits débrouillards, qui organise des stages gratuits dans de nombreuses villes autour des sciences abordées par l’expérimentation. Ils sont très bons dans ce domaine, en revanche, pour la mixité et l’égalité filles / garçons dans les activités, ils repasseront! La photographie qui illustre l’article m’a interpellée (je l’ai partagée avec des ami(e)s féministes et sur les réseaux sociaux et envoyée au magazine Causette) : pour la réunion finale dans l’amphithéâtre, il y a deux rangs de garçons devant et un rang et demi de filles derrière. Je veux bien qu’en CM2, les garçons et les filles se mélangent peu dans la cour de récréation (en classe, le (la) « professeur(e) des écoles devraient veiller à la mixité), mais une telle séparation spatiale, avec les filles DERRIÈRE, ça n’aidera pas les filles à prendre confiance en elles en général, et pour les métiers scientifiques en général!!! Comment voulez-vous ensuite qu’il y ait une égalité hommes / femmes dans le monde du travail, le partage des tâches ménagères, etc.? N’est-ce pas le rôle des accompagnants, nombreux (un pour 5 enfants), de veiller au mélange des genres? Il y a sur la photographie quatre jeunes avec un sweat-shirt des Petits débrouillards de l’IUT et un adulte (instituteur? professeur de l’IUT?), que des hommes, la féminisation des métiers scientifiques est sur de bien mauvais rails! Tiens, il faudrait que je demande à l’association Femmes et sciences ce qu’elle en pense…
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La belle saison de Catherine Corsini
Après deux semaines sans cinéma, je me suis rattrapée cette semaine avec La belle saison de Catherine Corsini.
L’histoire : 1971, en Corrèze. Delphine [Izïa Higelin], fille d’agriculteurs, apprend que l’amie avec qui elle a eu une relation va se marier, sur la pression familiale et sociale. Ses parents (et surtout sa mère, Monique [Noémie Lvovsky]) la verraient d’ailleurs bien épouser Antoine [Kévin Azaïs]. Pour échapper à cette ambiance, elle « monte à Paris », se fait embaucher chez Félix Potin. Elle croise un jour un groupe de militantes féministes en pleine action, les rejoint dans un amphithéâtre de la Sorbonne, où se jouent les prémices du MLF, rédaction de tracts et chant du MLF en chœur général. Elle y fait la connaissance de Carole [Cécile de France], professeure d’espagnol qui vit en couple avec Manuel [Benjamin Bellecour]. Les deux femmes tombent amoureuses, mais voici que le père de Delphine est terrassé par un infarctus, Delphine retourne à la ferme pour faire tourner l’exploitation avec sa mère, Carole décide de la rejoindre…
Mon avis : ce film se situe lors de la structuration du MLF (mouvement de libération des femmes), juste avant la grande manifestation du 20 novembre 1971, qui eut lieu à Paris et dans plusieurs pays, pour l’avortement libre et gratuit, la contraception, l’égalité des droits, etc. Il montre l’écart entre la liberté parisienne et l’importance du qu’en dira-t-on à la campagne. A Paris, le militantisme est possible, avec des manifestations comme on n’ose plus en faire aujourd’hui… Et si nous faisions comme ces pionnières, une course de femmes mettant la main aux fesses des mecs sur les trottoirs ou dans les transports parisiens, pour changer? Dans la Corrèze profonde, la mère de Delphine n’a pas de sécurité sociale, pas de salaire, pas de compte en banque. Delphine est tolérée aux réunions de la CUMA (les urbains n’ont peut-être pas compris, seul le sigle est donné dans le film, il s’agit des coopératives d’utilisation -et donc d’achat- de matériel agricole) tant que son père est hospitalisé puis invalide à la maison, mais qu’elle ait pu prendre seule un rendez-vous à la banque pour obtenir le prêt nécessaire lui est fermement reproché. Pas question d’homosexualité dans ce milieu, la discrétion s’impose, je pense que sur ce point, 45 ans plus tard, il n’y a pas eu d’évolution dans les villages les plus reculés! Côté film, les relations sexuelles entre femmes sont beaucoup plus discrètes que dans La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (inspiré de la très belle bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh), palme d’or à Cannes en 2013. Le militantisme et ses contradictions sont privilégiés, alors, pour ceux ont besoin d’une piqûre de rappel, je vous ai trouvé une belle version du chant du MLF! Celle que vous verrez dans La belle saison de Catherine Corsini est poignante, quelques spectatrices semblaient d’ailleurs reprendre au minimum le refrain sur leur siège! Allez, n’hésitez pas à aller voir ce film qui vient de sortir!
Pour aller plus loin, à réviser avant la prochaine manifestation du 8 mars (journée internationale des femmes, pour l’égalité des droits)
L’hymne des femmes [hymne du MLF] sur l’air du Chant des marais
Nous qui sommes sans passé, les femmes,
Nous qui n’avons pas d’histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes,
Nous sommes le continent noir.Refrain :
Levons-nous femmes esclaves [Variante: Debout femmes esclaves]
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !Asservies, humiliées, les femmes,
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes,
Hors du monde reléguées.Refrain
Seules dans notre malheur, les femmes,
L’une de l’autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes,
Et de nos sœurs séparées.Refrain
Le temps de la colère, les femmes,
Notre temps est arrivé
Connaissons notre force, les femmes,
Découvrons-nous des milliers !Refrain
Reconnaissons-nous, les femmes,
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble on nous opprime, les femmes,
Ensemble révoltons-nous !Refrain de fin (deux fois) :
Levons-nous [ou: Debout] femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout, debout, debout !
Les deux derniers couplets sont parfois inversés et le dernier refrain pudiquement remplacé par le refrain général ou par une alternative soft « Nous ne sommes plus esclaves / nous n’avons plus d’entraves / debout, debout, debout ».
A écouter par exemple sur le compte youtube de ce site allemand de chants de lutte (la version sur le site de l’INA incluse dans un reportage du 8 mars 1982 est tronquée):
Pour une version pleine de pep’s (un peu rapide), voir la version de La contrebande à Simone…
Et pour les apprenti(e)s choristes, en bas de cette page pour chanteurs, vous trouverez la partition en pdf et un mp3 avec chaque pupitre, même une voix de basse (oups, un peu « casserole »), les premières militantes du MLF qui interdisaient leur réunion aux hommes seront surprises.
Modèles, de Pauline Bureau
Je poursuis ma saison 2014-2015 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, avec Modèles, de Pauline Bureau et la Compagnie La Part des Anges. Un spectacle créé en 2011 à Montreuil.
Le spectacle: cinq jeunes femmes (Sabrina Baldassarra, Laure Calamy, Sonia Floire, Gaëlle Hausermann, Marie Nicolle ) et un musicien (Vincent Hulot) sur scène, encadrées par Pauline Bureau, sur un texte collectif (les mêmes plus Benoîte Bureau, Sophie Neveux, Emmanuelle Roy, Alice Touvet) et avec des vidéos des mêmes actrices recréant des interviews de Pierre Bourdieu, Marie Darrieussecq, Virginie Despentes, Marguerite Duras, Catherine Millet, Virginia Woolf. Plus quelques mannequins de cire sur les côtés. Elles racontent leur enfance dans les années quatre-vingts, les premières règles, la « première fois », l’avortement, la vie de femme entre boulot et tâches ménagères, etc.
Mon avis: l’ouverture du spectacle par la reconstitution d’une interview de Bourdieu m’a fait un peu peur, entrée en matière par un grand classique… Puis le rythme s’accélère, avec une alternance de saynètes, interviews et passages en musique.
Chacune peut se retrouver dans ces textes, visiblement beaucoup moins le monsieur qui était assis à ma gauche. Est-ce qu’il oublierait de laver son bol le matin, de faire les courses et de préparer le repas en s’occupant du bébé pour laisser le temps à sa femme de traiter les derniers dossiers urgents au bureau? Certains passages peuvent être crus (reconstitution d’une entrevue de Virginie Despentes sur un viol subi, les premières règles, etc.), mais avec un rythme soutenu, elles abordent tous les aspects de la vie d’une femme, y compris d’un point de vue idéologique (l’héritage des féministes, de mai 1968) ou intime (la brutalité du gynécologue et l’avortement incomplet). Pas de leçon de morale, juste des constats, chaque actrice retraçant la vie d’une femme à la personnalité très différente. Certains passages musicaux sont trop forts pour moi (oui, j’ai encore du mal à gérer le bruit), mais sinon, j’ai passé une excellente soirée! S’il passe près de chez vous, n’hésitez pas à y aller, avec Monsieur et les enfants (enfin, pas trop petits, les enfants)!
Pour rebondir, voir ou revoir Apocalypse bébé de Virginie Despentes et La douleur de Marguerite Duras, mise en scène de Patrice Chéreau, avec Dominique Blanc.
L’empoisonneuse de Peer Meter et Barbara Yelin
Une bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Du même scénariste, mais avec une autre dessinatrice, voir aussi Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz.
Le livre : L’empoisonneuse de Peer Meter (scénario) et Barbara Yelin (dessins), traduit de l’allemand par Paul Derouet, éditions Actes sud – l’An 2, 2010, 199 pages (dont 3 pages à la fin sur les faits historiques), ISBN 978-2-7427-8961-0.
L’histoire : vers 1880, dans un train à destination de Hambourg. Une femme d’un certain âge, écrivaine, blêmit quand elle apprend que son train va être détourné par Brême. Elle raconte pourquoi à son amie et assistante, Lou. En 1831, alors qu’elle était jeune fille, venant de Londres, et avait déjà publié un recueil de poésie, son éditeur lui avait commandé un récit de voyage à Brême. Mais à peine débarquée dans le port, elle trouve une ville en effervescence, un échafaud en cours de construction à côté de la cathédrale… Gesche Margarethe Gottfried doit être exécutée pour avoir assassiné au « beurre de souris » (un mélange raticide à base de saindoux et d’arsenic) une quinzaine de personnes (ses deux maris, ses trois enfants, ses parents, des voisins) et rendu malade au moins autant. Elle va se heurter à la misogynie des protagonistes du drame et à la négation du caractère psychiatrique des meurtres…
Mon avis : un album en noir et blanc, dessiné avec de puissants traits au crayon. Cela donne un ensemble assez sombre au premier abord, mais riche en détails, que j’ai beaucoup aimé. Derrière cette histoire d’empoisonneuse (aussi célèbre en Allemagne que Landru chez nous), la jeune écrivain se trouve confrontée à des hommes misogynes, alors qu’elle venait au départ faire un reportage sur la ville et son caractère progressiste dans la ligue hanséatique (les villes marchandes du nord de l’Allemagne). Une interrogation aussi sur la peine de mort et encore plus la peine de mort publique (ce sera la dernière à Brême) d’une femme qui relève plus de la psychiatrie.
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.
Le rêve le plus doux de Doris Lessing
Un livre acheté lors de sa réédition pour le prix Nobel de littérature reçu par Doris Lessing (2007) et jamais lu… [PS: depuis, Guillaume Galienne a consacré le 12 octobre 2013 une de ses émissions à Doris Lessing, et surtout à ce livre, à écouter en balado-diffusion sur France Inter].
Le livre : Le rêve le plus doux de Doris Lessing, traduit de l’anglais par Isabelle D. Philippe, Pocket Thriller n° 10477, éditions J’ai Lu (n° 8607), 2008, 636 pages, ISBN 978-2290008805.
L’histoire : à Londres principalement dans les années 1960 et 1970 puis aussi en Afrique. A la veille de la seconde guerre mondiale, une Allemande, Julia, avait épousé un bel Anglais… C’est la mère de Johny, militant communiste international, mais surtout l’histoire de Frances, sa femme, de leurs deux fils, puis de Sylvia, fille d’une autre femme de Johny, et de tout un tas de gens paumés, surtout des enfants et des adolescents en rupture familiale, accueillis dans la grande maison de Londres.
Mon avis : un très gros pavé que j’ai beaucoup aimé. L’histoire d’une famille originale, c’est la troisième partie que j’ai préférée, l’action de la frêle Sylvia, anorexique devenue médecin, dans un hôpital de campagne qu’elle porte à bout de bras en Zimlie (un pays immaginaire qui ressemble fortement au Zimbabwe), une réflexion sur le Sida qui commence à faire des ravages, la corruptions qui bloque la construction d’un nuvel hôpital malgré l’afflux de fonds étrangers, un ancien compagnon de la grande maison de Londres qui, devenu ministre, a bien changé… J’ai bien aimé aussi le fil rouge en arrière plan, Johny et son idéal communiste, son refus de voir les exactions commises au nom du communisme dans les années 1950 et 1960. Une belle découverte que ce livre que je n’aurai pas dû laisser dormir aussi logtemps dans ma haute pile à lire!
Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 3, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2014 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO
Wadjda, de Haifaa Al Mansour
Week-end frisquet à Poitiers aussi, une petite sortie cinéma, à la place de la promenade… Direction non pas le cinéma d’art et d’essai, mais le commercial CGR du centre-ville, ils sont depuis quelques semaines dans le même espace, il devait y avoir un accord de programmation entre les deux… mais le CGR en ville ne passe plus que des films en VO et la plupart en art et essai. Même Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay, tourné dans la région, n’y est passé qu’en dernière semaine à des horaires très limités, CGR préférant le mettre dans ses deux « mégas » en périphérie, un seul est accessible en bus du centre-ville, à condition de rentrer avant 19h30 et de patienter jusqu’à 20 minutes en semaine, une heure le samedi, quasi impossible le dimanche. Du coup, je n’ai pas vu Alceste à bicyclette [finalement vu lors du printemps des cinémas, trois séances à 13h30].
Le film : de nos jours en périphérie de Riyad en Arabie-Saoudite. Wadjda (Waad Mohammed) est une jeune écolière rebelle… Elle vit avec sa mère (Reem Abdullah), son père, en passe de conclure un deuxième mariage, passe rarement leur rendre visite. A l’école, elle brave les interdits, porte des baskets colorées et un jean sous la tenue noire imposée aux filles, fabrique des bracelets « brésiliens » aux couleurs des équipes de football qu’elle revend dans la cour de récré, n’hésite pas à avoir de la répartie avec les hommes (les ouvriers d’un chantier, le chauffeur du taxi collectif qui emmène sa mère enseignante travailler). Elle aime taquiner son voisin, Abdallah (Abdullrahman Al Gohani) le battre à la course. Mais voilà, les garçons, tout de blanc vêtus, vont à l’école à vélo, et le vélo est interdit aux filles. Elle veut absolument en faire et s’en acheter un. Sa vente de bracelets et les menus services qu’elle peut rendre ne lui rapporte pas assez pour réunir la somme nécessaire. Et un jour, la directrice (Ahd) annonce un concours de Coran, questions et psalmodie, doté de la somme dont elle a besoin. Elle se jette à corps perdu dans la bataille, il lui faut cet argent… pour acheter le vélo interdit!
Mon avis : c’est le troisième film jamais produit en Arabie-Saoudite, un pays où le cinéma est interdit, où les femmes n’ont pas le droit de conduire (ni vélo, ni voiture). Et voilà que la réalisatrice, qui a étudié en Égypte, décide de montrer la condition des femmes et des filles de son pays. Je suis allée voir ce film comme un film militant… et je suis tombée sur un film tendre, sensible, plein d’humour! Les enfants sont excellents dans leur rôle. Le personnage de la mère, soumise au système et qui ne comprend pas l’obstination de sa fille, celui de la directrice de l’école de filles, sévère, de la camarade de classe mariée à 10-12 ans, donnent une idée du chemin à parcourir par les femmes dans ce pays, mais sans faire de morale, le film fait juste un constat, réaliste. L’avenir et l’évolution viendront-ils des enfants? Un film à voir absolument!
Une demi-douzaine d’elles, Marine Sex, de Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive
Après avoir lu Et avec qui je veux, de Jeanne Puchol et Anne Baraou, j’ai voulu essayé un autre album signé de Anne Baraou, avec un titre trouvé dans les bacs de la médiathèque.
Le livre : Une demi-douzaine d’elles, tome 2, Marine Sex de Anne Baraou (scénario) et Fanny Dalle-Rive (dessin), collection Mimolette, éditions L’Association, 2003, non paginé, ISBN 9782844141309.
L’histoire : à une date et dans un lieu indéterminé. Marine organise une grande soirée chez elle, mais se retrouve seule après la fête… Un ami qui n’était pas venu à la soirée vient l’aider à ranger le lendemain… et lui propose de se retrouver au lit avec elle…est une jeune femme qui aime les hommes et pense à eux à toutes les occasions, ses collègues n’hésitent pas à la clamer sur les murs des toilettes…
Mon avis : la série Une demi-douzaine d’elles comprend six titres parus entre 2001 et 2008 à L’Association, soit dans l’ordre Armelle Naïve, Marine Sex, Michèle Roman, Véra Haine, Ugoline Saine et Isab Abus. Le hasard a voulu que ce soit le deuxième tome qui était disponible quand je suis allée voir dans le bac si ces titres étaient disponibles. Un dessin en noir et banc, assez léger, au trait et à la plume, qui sert bien le propos pas si léger que ça, car Marine souffre (voir la déprime à la fin de la soirée qu’elle a organisée). J’essayerai de trouver les autres titres de la série.
Pour aller plus loin : voir le site officiel de la série.
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.
Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann
J’ai acheté ce gros livre à la librairie la Belle Aventure à Poitiers… Il faut faire vivre un peu les librairies indépendantes, mises à mal surtout ces derniers mois (concurrence d’internet, hausse de la TVA, etc.), et c’est un livre que j’ai pris un peu au hasard il y a un moment, mis en avant sur une table…
Le livre : Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann, éditions Flammarion, 2011, 536 pages, ISBN 9782081227545 .
L’histoire : à Bandar Abbas en Iran en 1990-1991 (avec une escapade de cinq jours à Istanbul, d’une nuit à Dubaï, d’une nuit terrible à Ispahan, quelques mois à Téhéran), quelques années plus tard à Paris. Donya alterne le récit d’une année universitaire à Bandar Abbas et des séances de psychanalyses à Paris, parfois un court chapitre sur sa vie parisienne… originaire de Téhéran, après un dur concours d’entrée à l’université, Donya est étudiante à Bandar Abbas, sur le golfe persique, à 20 minutes de bateau de Dubaï, sur l’autre rive. Elle étouffe sous le contrôle des délateurs et des Mollahs, mais réussit quand même à voir en secret Armand, à avoir des relations sexuelles avec lui, au risque d’une arrestation, d’une bastonnade et d’un mariage forcé. Un jour, lors d’un mariage, une amie de la famille lui propose d’aller rencontrer (et de se marier) à son fils, exilé à Londres depuis ses douze ans… La rencontre aura lieu à Istanbul, la mère de Donya l’accompagne… Quelques jours de liberté, Donya y voit l’occasion de s’évader de l’Iran, mais elle n’est pas amoureuse… et avoue son stratagème avant le mariage à son promis… C’est la rupture, le retour en Iran, la prise de risques de plus en plus importants, la dégringolade… L’analyse, pendant ce temps, est longue et douloureuse, beaucoup de silences au début, des mois avant que la parole ne se libère…
Mon avis : les chapitres s’entremêlent, une ou plusieurs séances chez l’analyste, la vie en Iran. Un livre terrible sur la condition de la femme en Iran, la torture à douze ans pour avoir distribué des tracts, le viol collectif à vingt ans pour avoir enlevé ses chaussettes après une longue journée de marche, pour soulager des ampoules, la prostitution comme seul moyen de se payer un avortement suite à la grossesse qui résulte du viol… Et peu à peu, chez le psy, émerge la violence familiale, la folie du père, la pédophilie d’un oncle. Mais que ces crimes ne vous rebutent pas dans la lecture, il y a de longues pages plus légères, beaucoup d’humour, ou de souffrance (comme lors de ces longues séances de blocage pendant l’analyse)… Une belle découverte grâce au libraire!
PS [juillet 2012]: et sur l’Iran toujours, si vous le pouvez, n’hésitez pas à aller voir en salle les enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi.
Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson
Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de l’Iran.
Les femmes du bus 678
Dimanche, milieu d’après-midi, un vent frisquet se lève, les nuages reviennent à vitesse grand V, je fuis le jardin. Cinéma en fin d’après-midi, avec Les femmes du bus 678,de Mohamed Diab. Il est inspiré d’une histoire vraie.
Le film : Le Caire, en 2008 et 2009. Fayza (Bushra Rozza), jeune femme voilée, mère de deux enfants, arrive régulièrement en retard à son travail, elle devrait prendre le bus mais ne supporte plus les mains baladeuses d’hommes qui ne prennent le bus que pour profiter de la promiscuité pour agresser impunément des femmes. Tout juste déposée par son ami devant chez sa mère, en traversant la rue, Nelly (Nahed El Sebaï) se fait accrocher par un automobiliste qui l’agresse en pleine rue. Emmenée par son mari médecin à un match de foot, Seba (Nelly Karim) est victime à la sortie du match d’une tentative de viol. Chacune finit par se révolter, leurs destins se croiser, l’une en donnant des cours gratuits d’auto-défense, la deuxième en portant plainte (la première en Égypte à vouloir aller jusqu’au bout, malgré le qu’en-dira-t-on et les pressions sociales et familiales), la troisième en passant à l’acte et en réagissant à la violence par la violence… L’inspecteur Essam va tenter de les aider à sa manière…
Mon avis : ce film s’inspire de l’histoire de Noha Rochdi, première victime d’agression à avoir été reconnue par la justice égyptienne, en 2008. Le film est sorti en 2010, avant le Printemps arabe donc. Mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, les viols en marge des manifestations au Caire ont été nombreux… et souvent impunis. Ce film aborde la place de la femme, ou plutôt des femmes et de leur diversité, dans la société égyptienne. Quel que soit leur milieu social, toutes semblent victimes du comportement d’hommes frustrés et qui se croient tout permis… Quelques notes d’espoir quand même, malgré la pression familiale, le fiancé de Nelly finit par la soutenir dans sa lutte. L’inspecteur de police tente d’aider ces femmes: des hommes ont reçu des coups d’épingles à cheveux et de canif dans leurs parties intimes? Il les avertit qu’il n’est pas dupe et qu’ils n’étaient pas victimes de folles, mais d’un « juste » retour des choses… Aucun ne porte plainte, les femmes ne seront pas inquiétées… Ceci étant, l’évolution de la société risque de prendre du temps, les femmes continuent à être importunées dans les transports en commun, violées dans les rassemblements, en marge de manifestations ou de matchs, les poursuites restent rares, le poids de la société qui protège ces comportements reste trop lourd… Espérons que ce film aidera au moins à la prise de conscience du problème, sinon à sa résolution… A voir si vous le pouvez (distribution essentiellement en salles d’art et essai).
En chemin elle rencontre… BD contre la violence faite aux femmes
Dans la bulle des indépendants, lors du dernier festival de la bande dessinée d’Angoulême (janvier 2011), j’avais acheté ce volume, dédicacé par Marie Moinard, éditrice du volume et dont la terrible histoire est mise en scénario et en dessins (respectivement par Eric Corbeyran et Damien Vanders) dans le dernier récit.
Le livre : En chemin elle rencontre… les artistes se mobilisent contre la violence faite aux femmes (collectif), voir en fin d’article), édité par Des ronds dans l’O et Amnesty International, 2009, 96 pages, ISBN : 978-2-917237-06-9 (un second volume est paru en février 2011, après le festival d’Angoulême).
L’histoire : des histoires tragiques de femmes, mariages forcés, viols conjugaux, viols comme arme de guerre, excisions, prostitution forcée, violence conjugale, etc.
Mon avis : des récits très forts, entrecoupés d’extraits de textes légaux, de numéros d’urgence… pour que les victimes osent enfin porter plainte, que les témoins arrêtent de fermer les yeux. Un volume que chacun devrait lire…
Retrouvez tous les auteurs du volume (les liens sont ceux proposés par l’éditeur Des ronds dans l’O …) : Adeline Blondieau / Isabelle Bauthian / Philippe Caza / Daphné Collignon / Eric Corbeyran / Carine De Brab / Lucien De Gieter / Didjé / Renaud Dillies / Christian Durieux / René Follet / André Geerts / Fred Jannin / Kness / Kris / Kroll / Denis Lapière / Emmanuel Lepage / Magda / Malik / Charles Masson / Alain Maury / Marie Moinard / Rebecca Morse / Nicoby / Jeanne Puchol / Guy Raives / Sergio Salma / Aude Samama / Séraphine / Bernard Swysen / Turk / Damien Vanders / Philippe Xavier
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.