Archives par étiquette : SIDA

Le rêve le plus doux de Doris Lessing

Couverture de Le rêve le plus doux de Doris LessingUn livre acheté lors de sa réédition pour le prix Nobel de littérature reçu par Doris Lessing (2007) et jamais lu… [PS: depuis, Guillaume Galienne a consacré le 12 octobre 2013 une de ses émissions à Doris Lessing,  et surtout à ce livre, à écouter en balado-diffusion sur France Inter].

Le livre : Le rêve le plus doux de Doris Lessing, traduit de l’anglais par Isabelle D. Philippe, Pocket Thriller n° 10477, éditions J’ai Lu (n° 8607), 2008, 636 pages, ISBN 978-2290008805.

L’histoire : à Londres principalement dans les années 1960 et 1970 puis aussi en Afrique. A la veille de la seconde guerre mondiale, une Allemande, Julia, avait épousé un bel Anglais… C’est la mère de Johny, militant communiste international, mais surtout l’histoire de Frances, sa femme, de leurs deux fils, puis de Sylvia, fille d’une autre femme de Johny, et de tout un tas de gens paumés, surtout des enfants et des adolescents en rupture familiale, accueillis dans la grande maison de Londres.

Mon avis : un très gros pavé que j’ai beaucoup aimé. L’histoire d’une famille originale, c’est la troisième partie que j’ai préférée, l’action de la frêle Sylvia, anorexique devenue médecin, dans un hôpital de campagne qu’elle porte à bout de bras en Zimlie (un pays immaginaire qui ressemble fortement au Zimbabwe), une réflexion sur le Sida qui commence à faire des ravages, la corruptions qui bloque la construction d’un nuvel hôpital malgré l’afflux de fonds étrangers, un ancien compagnon de la grande maison de Londres qui, devenu ministre, a bien changé… J’ai bien aimé aussi le fil rouge en arrière plan, Johny et son idéal communiste, son refus de voir les exactions commises au nom du communisme dans les années 1950 et 1960. Une belle découverte que ce livre que je n’aurai pas dû laisser dormir aussi logtemps dans ma haute pile à lire!

Logo God save the livreCe livre entre dans le défi God save the livre, saison 3, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2014 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO

Paris sur sang de Chantal Montellier

Couverture de Paris sur sang, mystère au Père Lachaise, de Chantal Montellier

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgAprès avoir lu deux enquêtes basées sur des faits réels (Tchernobyl mon amour et Les damnés de Nanterre), j’ai eu envie de poursuivre ma découverte de cette auteure avec cet autre album, de pure fiction cette fois, trouvé dans les bacs BD de la médiathèque.

Le livre : Paris sur sang, mystère au Père Lachaise de Chantal Montellier (scénario et dessin), éditions Dargaud, 1998, 87 pages, ISBN 9782205043549.

L’histoire : à Paris à la fin des années 1990. Arthur, un jeune homme de 16 ans est réveillé sur la tombe de Jim Morrison au Père Lachaise. Il ne sait pas ce qu’il fait là, ne connaît pas Morrison… Quelques mois plus tard, sa mère débarque chez Phil Devil, détective privé, et lui demande de découvrir ce qui est arrivé à son fils, revenu à une quarantaine de kilomètres de Lyon, séropositif alors qu’il ne s’est jamais drogué, n’a jamais été transfusé et n’a jamais eu de rapport sexuel… Difficile à croire pour Phil Devil. Tancé par son beau-père, Arthur avait fui la maison familiale pour Paris, là, il a peu de souvenirs, abordé sur un banc par un homme qui ressemblerait au Dr Crimetta, impliqué dans le scandale du sang contaminé, une grande maison… Maigre pour commencer une enquête…

Mon avis : un album en noir et blanc où se mêlent réel et fantastique, sur les traces d’une secte satanique qui joue avec le virus du sida. Autant dans les deux précédents albums que j’ai lus (Tchernobyl mon amour et Les damnés de Nanterre), j’ai pu faire abstraction du style de dessin, que je n’apprécie pas spécialement, emportée par le scénario, autant ici, j’ai eu du mal à entrer dans le récit, le fantastique et la science fiction ne sont décidément pas mes genres préférés. Un polar graphique plus ou moins inspiré sur fond de scandale du sang contaminé, mais je n’ai pas mordu à cet album.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chantal Montellier.

Le cerveau de Kennedy de Henning Mankell

Couverture du cerveau de Kennedy de Mankell J’avais acheté ce livre en poche dans une librairie de la rue Mouffetard à Paris (retrouvez l’arbre à lettres sur leur blog), lors de mon séjour en février, pour le train… mais ne l’ai lu qu’un peu plus tard. Henning Mankell est un écrivain engagé, il a été arrêté le 31 mai 2010 dans les eaux internationales lors de la scandaleuse bavure d’Israël contre la flottille de la paix qui voulait ravitailler Gaza.

Le livre : Le cerveau de Kennedy, de Henning Mankell, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, collection Points (n° 2301), éditions du Seuil, 426 pages, 2009, ISBN 9782757816356 (première édition en suédois : 2005, en français : 2009).

L’histoire : à l’automne 2004, en Europe (Grèce, Suède, Espagne), en Australie, en Afrique (Afrique-du-Sud et Mozambique). L’archéologue Louise Cantor part de son chantier du Péloponnèse pour rentrer en Suède, où elle doit présenter une communication sur la céramique à un colloque. En sortant de la salle de conférence, elle se réjouit de revoir son fils Henrik. Mais celui-ci ne répond pas au téléphone, et pour cause, elle le retrouve quelques heures plus tard mort dans son lit. Suicide aux somnifères, dit la police. Elle croit plutôt à un meurtre, parce qu’il était en pyjama et n’en portait jamais… Elle part d’abord à la recherche de son ex-mari, Aron, crack d’informatique, qu’elle retrouve en Australie. Ils découvrent que Henrik avait un appartement inconnu d’eux, à Barcelone. Ils commencent une enquête à deux, mais très vite, Aron disparaît. Morte de peur, Louise poursuit son enquête au Mozambique, découvre que son fils était riche, et séropositif, en quête de réponse sur des mensonges d’État: qui a subtilisé le cerveau de Kennedy après sa mort, qui a tué Henrik, qu’avait-il découvert?

Mon avis : j’ai moins aimé que la série des Wallander, père et fille ensuite. Mais il s’agit d’une enquête dans un pays que Henning Mankell connaît bien, puisqu’il vit une partie de l’année au Mozambique. Il y décrit un pays littéralement décimé par le SIDA, abandonné par l’Occident, sauf quand des laboratoires sans scrupules décident de se servir de cobayes humains pour leurs recherches totalement illégales…

PS : depuis, je vous ai parlé, aussi de Mankell, des chaussures italiennes et de L’homme inquiet.

Sidaction : donnez, sortez couverts… et condamnez les propos du pape

Le sidaction commence demain, l’occasion d’une grande campagne de prévention et de recueil de dons. L’occasion aussi de rappeler que l’on ne guérit pas du SIDA. Les multi-thérapies ne font que rendre le virus moins voire inactif, mais si le traitement est arrêté, le virus VIH se multiplie à nouveau. Par ailleurs, ces traitements, même s’ils ont fait de nombreux progrès, ils ont de multiples effets secondaires, parfois graves. Alors, si vous êtes séro-négatif, faites tout pour éviter de vous contaminer (UNE SEULE SOLUTION EFFICACE : LE PRÉSERVATIF), si vous êtes séro-positif, redoublez de précautions et suivez votre traitement (il y a beaucoup de mauvaise observance des traitements), si vous ne connaissez pas votre statut sérologique et avez un doute, allez faire un dépistage gratuit… qui ne donnera qu’une réponse au moment du test.

Benoît XVI les accumule vraiment en ce moment, en déclarant que (texte emprunté au site du Monde)  » l’on ne peut pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs  » mais qu’au contraire,  » au contraire [leur] utilisation aggrave le problème « . Ce n’est pas seulement une ineptie, mais aussi une MONSTRUOSITÉ, de la NON-ASSISTANCE À PERSONNES EN DANGER… Mais là, il a de l’expérience ! Cette pauvre petite brésilienne de 9 ans, enceinte de jumeaux, violée par son beau-père, aurait eu de graves problèmes (vitaux) si elle n’avait pas avorté. Si sa mère a été réintégrée dans l’Église, l’excommunication des médecins est maintenue, HONTE À L’ÉGLISE CATHOLIQUE (avec une majuscule, l’institution) ! Quant au violeur, personne n’en parle. Espérons qu’il soit quand même en prison et excommunié. D’autant plus qu’il aurait aussi violé la sœur aînée, handicapée, de la fillette.

Quant à Catherine Boutin (voir aussi le texte sur le site du Monde), elle a dit que ce n’est  » pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l’amour  » et ajouté quand même  » chacun fait comme il peut et comme il veut « . Parce qu’elle connaît le mode d’emploi ? Elle, l’hyper-catholique, utiliserait quelque chose qui sert aussi de contraception ? Oui, bien sûr, puisque comme 99,99 % des catholiques pratiquants, elle n’a pas eu 10 ou 12 enfants et a donc utilisé (oui, au passé, vu son âge… elle est née en 1944, information piochée sur le site du premier ministre) indiscutablement un moyen de contraception… ou l’abstinence absolue (si vous ne vous souvenez plus, les liens vers les encycliques contre la contraception, dont Humanae vitae, dues aux prédécesseurs du Benedicto XVI sont dans cet article) ! Quand on sait qu’elle est membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, on croit rêver ! La moindre des choses aurait quand même été de condamner clairement les propos du pape.

Heureusement, à part certains évêques (mais pas tous), Mme Boutin et quelques autres catholiques, intégristes ou non, cette condamnation des propos pontificaux est assez unanime, j’ai particulièrement apprécié ceux d’Alain Juppé, prononcés sans délai et très justes (pour une fois que je partage un de ses textes…).

Mon père m’a signalé ce lien vers un site catholique, avec une page sur le préservatif, site qui rappelle qu’aucun pape n’a jamais parlé du préservatif, et bien cette fois, il aurait aussi mieux fait de s’abstenir, le Benoît… Et il a bien mal choisi son nom de pape (Benoît / Benedicto), le cardinal Ratzinger… Si ce site justifie la position de l’église sur la sexualité, ouf, il dit aussi :  » Que les éducateurs et personnels chrétiens de santé tiennent compte de l’épidémie du SIDA dans leur manière de participer à l’éducation sexuelle et recommandent l’utilisation du préservatif plutôt que de transmettre un virus mortel, c’est en effet normal « . Quelle aurait été la réaction de sœur Emmanuelle, qui distribuait la pilule et les préservatifs et le clamait haut et fort ?

En attendant, sortez couverts et soutenez le sidaction, en donnant un peu d’argent ou juste un peu de temps, ne serait-ce qu’en diffusant le lien.


Post-scriptum :
les positions positives du pape sur les traitements et leur gratuité ne sauraient en aucun cas limiter l’impact de ses propos sur le préservatif. Rappelons que les traitements ne soignent pas mais ralentissent l’évolution de la maladie, le virus reste présent sauf dans les premières heures qui suivent une possible contamination ou pour éviter la transmission de la mère au fœtus et lors de la naissance, quand la charge virale potentielle est encore très faible. La seule façon de combattre efficacement le SIDA, surtout quand 10 ou 20 % des jeunes de 20 à 30 ans sont contaminés, c’est d’éviter la transmission par le port du préservatif et l’utilisation de matériel médical (seringues, spéculums, etc.) stérile et à usage unique. Pour la traduction en français du verbatim (=transcription littérale) du discours du pape hier, il est en ligne sur le site de la Croix (suivre ce lien et cliquer sur lire la suite).