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Tourner la page, de Audur Jónsdóttir

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCouverture de Tourner la page, de Audur JónsdóttirJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux Presses de la cité.

Logo rentrée littéraire 2015C’est le premier dans la catégorie roman pour le défi de la rentrée littéraire organisé à nouveau en 2015 par Hérisson.

Le livre : Tourner la page, de Audur Jónsdóttir, traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün, Presses de la cité, 2015, 458 pages, ISBN 9782258113350.

L’histoire : à Reykjavik, aujourd’hui, hier, il y a vingt ans, plus, moins? Originaire d’un petit village de l’ouest de l’Islande, petite-fille d’un poète, Eyja, jeune femme fauchée, s’est retrouvée mariée à Coup de Vent, un ivrogne de vingt ans son aîné. Après quelque temps de vie commune, elle n’arrive pas à s’en séparer. La grand-mère prend les choses en main: elle lui offre ses économies à condition qu’elle quitte son appartement et parte se mettre au vert avec sa cousine, Rúna, championne de ski qui gère en Suède un village de vacances.

Mon avis : je ne sais pas si c’est mon cerveau qui continue à jouer des siennes, mais j’ai été gênée par l’emploi pour un même personnage de son nom et d’un surnom (le « Coup de Vent », la « Reine du Ski » alias Rúna etc.) sans que le lien entre les deux soit clairement explicité, ce qui a engendré beaucoup de confusion pour moi, peut-être à cause de ma prosopagnosie (incapacité à reconnaître les visages) partielle (je vous en parlerai un de ces jours). Ainsi, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était le « Météorologue » et s’il faisait ou non un seul personnage avec le « Futur Mari ».  D’un point de vue plus littéraire -même si l’emploi de surnoms est aussi un procédé littéraire-, je n’ai pas bien compris l’intérêt d’intercaler quelques pages au futur ou au passé au milieu de longs passages au présent, alors qu’il n’est pas facile, au fil de ce récit, de comprendre ce qui se passe de nos jours, il y a longtemps, avant ou après le séjour en Suède, avant ou après une grande avalanche qui a fait plusieurs victimes dans son village natal (ou le village ou elle a habité?). Je suppose que le traducteur a respecté les choix de l’auteur ; cependant, en français, le passé simple peut être juste mais très laid : « Ses dents jaunies […] luisirent » (page 26)… Après une cinquantaine de pages, complètement perdue, je me suis décidée à recommencer en faisant un tableau de correspondance des surnoms et des prénoms et en notant quelques repères temporels. J’ai fini par entrer dans ce gros pavé (450 pages) et en apprécier la deuxième partie, beaucoup plus linéaire car située, lors du séjour en Suède, et recentrée au début de certains chapitres par le titre qui évoque la progression vers une nouvelle vie loin du premier mari (page 332 : « Sixième étape de la rééducation : coucher avec un autre »), si l’on excepte les digressions annoncée par d’autres en-tête (page 322 : « Régime de l’au-delà »). Si vous souhaitez découvrir une écriture un peu déroutante qui sort de la production littéraire « formatée » (facile, tout au présent, avec un récit chronologique), alors ce livre est pour vous!

Comme son héroïne est petite-fille de poète, dans la « vraie vie » (ce qui laisse un doute, roman, auto-fiction?), Audur Jónsdóttir est la petite-fille de Halldór Kiljan Laxness, prix Nobel de littérature en 1955, il est toujours dans ma liste de prix Nobel… à lire et découvrir.

Le dernier lapon de Olivier Truc

Couverture de Le dernier lapon de Olivier Truc

J’ai acheté ce livre à la librairie… Ce livre figurait dans la sélection Télérama des cinq meilleurs polars de la rentrée.

Le livre : Le dernier lapon de Olivier Truc, éditions Métailié, 2012, 456 pages, ISBN 9782864248835.

L’histoire : 1693, quelque part en Laponie. Un chaman est mis à mort sur un bûcher dans une communauté protestante. Un enfant assiste à la scène et est investi d’un devoir de transmission. Dans la même région, à Kautokeino, en Norvège, mais aussi en Suède et en Finlande, en janvier 2011. Après 40 jours de nuit totale, le soleil doit revenir pour quelques minutes… Au milieu de la toundra et des éleveurs de rennes samis, le village s’apprête à recevoir une délégation de l’ONU lors d’une conférence sur les peuples autochtones. La police des rennes, en la personne de Klemet Nango, un sam, et de sa jeune co-équipière tout juste venue du sud, Nina Nansen, poursuit sa mission, allant d’éleveur en éleveur pour régler les conflits, notamment la présence de rennes sur les terrains attribués à d’autres éleveurs. Mais voici que le premier tambour rituel revenu en région sam, offert il y a quelques semaines au centre culturel, a été volé. Qui a pu faire le coup? Des fondamentalistes protestants laestadiens? Les membres du parti d’extrême droite (parti du progrès) qui protestent contre les « avantages » donnés aux sami? Les indépendantistes sami eux-mêmes? Un géologue français qui traîne dans les parages et pourrait bien être l’auteur du viol d’une mineure dans la ville voisine? Voici que Mattis, un éleveur de renne, est tué, retrouvé avec les oreilles sectionnées. Les deux affaires sont-elles liées? Nina, qui a été fille au pair à Paris et parle donc français, est envoyée auprès du collectionneur qui rapporte l’histoire du tambour: il faisait lui-même partie d’une expédition en 1939 avec Paul-Émile Victor, d’autres français, deux ethnologues suédois qui se sont avérés être au service de thèses racistes, des guides locaux, mais aussi un géologue allemand qui a trouvé la mort au cours de l’expédition dont il s’était séparé quelque jour avec un guide. Au retour, seul, ce dernier a confié le tambour au (alors jeune) collectionneur, lui recommandant de ne le rendre que quand il sentirait l’instant venu. Que s’est-il réellement passé en 1939? Quel rôle trouble joue dans cette histoire un fermier élu local du parti du progrès? Quel est cet éleveur hors norme, Aslak, qui refuse le progrès, le scooter des neiges et préfère gérer son troupeau à ski? Qu’est-il arrivé à sa femme, enfermée dans sa folie? Qui résoudra l’affaire, les policiers ordinaires, ou la brigade des rennes?

Mon avis : j’ai adoré ce roman qui, dans un climat totalement différent, m’a rappelé les exploits de l’aborigène Napoléon Bonaparte dans la série d’Upfield. Une plongée dans le monde des sami (on évitera lapon, péjoratif), avec leurs tambours chamaniques et le joïk, un chant qui permet de transmettre la tradition orale. Un monde en mutation profonde et rapide, avec l’arrivée des gros 4×4, des scooters des neiges et même des hélicoptères pour rassembler les troupeaux de rennes. Le tout avec des personnages attachants (comme le vieil oncle de Klemet Nango et sa jeune petite amie chinoise) ou pas (Oslen, le fermier raciste, Racagnal, le géologue pédophile), la découverte d’un monde nordique dur, dans le froid et la nuit quasi perpétuelle en hiver.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

L’homme inquiet de Henning Mankell

Couverture de L'homme inquiet de Henning Mankell

Un livre acheté à la librairie, pour une fois…

Le livre : L’homme inquiet de Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, éditions du Seuil / Points Policier , 2012 (1ère édition au Seuil en 2010), 594 pages, ISBN 9782757825099.

L’histoire : à Ystad et Stockholm en 2007. Linda apprend à son père, Kurt Wallander, qu’elle va avoir un enfant. Son compagnon, Hans Von Enke, travaille dans la finance à Copenhague. Un peu plus tard, Kurt est invité aux 70 ans du père de ce dernier, Hakan. Il le prend à part pour lui parler d’événements qui se sont passés en 1983, la violation de l’espace maritime suédois par des sous-marins, une opération d’interception arrêtée in-extremis par le nouveau Premier ministre, Olof Palme, et l’enquête menée par cet officier sous-marinier, sans succès… Peu après, Wallander, déprimé, sort manger (et boire) dans un bar, il y oublie son arme de service chargée… Il est suspendu, le temps d’une enquête interne. Peu après, Hakan disparaît, suivi quelques semaines plus tard par sa mère. À côté de l’enquête officielle, Wallander mène l’enquête, découvre que Hans a une sœur gravement handicapée, dont il ne connaît pas l’existence, puis plonge dans ce qui a pu se passer dans le milieu des sous-marins il y a 25 ans… quand le cadavre de la mère est retrouvé.

Mon avis : une progression lente dans le récit, où l’on croise aussi l’ex-femme de Wallander et son ex-amante, Baiba, en fin de vie… les pertes de mémoire de Kurt Wallander aussi, son inquiétude, son diabète mal pris en charge. Mais l’essentiel du roman porte sur l’espionnage et la violation des eaux territoriales suédoises, en principe neutres, en pratique convoitée par les Russes et les Américains… J’avais entendu parler de cette histoire il y a quelques mois (M. X le samedi sur France-Inter), cela m’a aider à comprendre les tenants et les aboutissants de ce roman… Parce que vu d’ici, des sous-marins qui font des ronds dans des eaux peu profondes, ça peut paraître futile, même sur fond de guerre froide… Ce n’est pas mon préféré parmi les livres de Henning Mankell (voir Le cerveau de Kennedy, Les chaussures italiennes, j’ai lu les autres avant ce blog), mais il permet encore une fois d’avoir une vision de la Suède d’aujourd’hui et d’hier…

Un doudou divin de Katarina Mazetti

Couverture de Un doudou divin de Katarina Mazetti

pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Le mec de la tombe d’à côté, j’ai eu envie de lire un autre livre de cette auteure, j’ai trouvé ce livre à la médiathèque.

Le livre : Un doudou divin de Katarina Mazetti, traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, Gaïa éditions, 2012, 214 pages, 978-2847202243.

L’histoire : de nos jours en Suède, dans un lieu isolé, ancien camp scout, la Béatitude. Wera, journaliste indépendante, tombe sur une annonce pour un stage de trois semaines à la recherche d’un dieu, quel qu’il soit. Elle propose le sujet à un magazine, et se lance dans l’aventure… où elle se retrouve avec les deux organisateurs, Annette et Adrian, et six personnes. Parmi elles, Madeleine, qui semble porter tout le poids du monde sur ses épaules… matérialisé au sens propre par un lourd sac à dos qu’elle porte en permanence. Et aussi Bertil, un « ancien médecin », Karim, un iranien, une mystérieuse Dame grise… Promenades dans la journée, grande réunion chaque soir où à tour de rôle, chacun présente son avis sur une question existentielle… Pourquoi chacun s’est inscrit à ce stage? Qu’en sortira-t-il?

Mon avis : je n’ai pas retrouvé l’humour de Le mec de la tombe d’à côté. Les narratrices alternent, tantôt Wera (ou ses articles), tantôt Madeleine. Une grande platitude, des banalités, quand même quelques secrets des participants (surtout Bertil et Madeleine), la fin inattendue rattrape un peu l’ensemble. Un livre vite lu, vite oublié, alors, à lire si vous n’avez rien d’autre sous la main, mais franchement pas indispensable…

Millenium de David Fincher

Affiche de Millenium de David Fincher Comme vous le savez, je suis souvent déçue par les adaptations de film à partir de romans… et je vais rarement voir un film si j’ai lu le livre avant (en revanche, il m’arrive de faire l’inverse, lire le livre après…). Je n’avais d’ailleurs pas vu la première adaptation (danoise, par Niels Arden) de Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Millénium tome 1, de Stieg Larson. Mais cette fois, je n’ai pas pu résister, bonnes critiques et bon bouche à oreille, Daniel Craig (Mikael Blomkvist) et Rooney Mara (Lisbeth Salander) m’avaient séduite dans la bande annonce. Dimanche en fin d’après-midi, direction le cinéma, pas une excellente idée, il faisait très froid dans la salle du CGR du centre-ville, sous le toit sans doute mal isolé, tout le monde a fini par remettre les gros manteaux d’hiver qui étaient indispensables dehors, vu le froid et la neige… [depuis, du même réalisateur, j’ai vu Gone girl]

L’histoire (reprise du résumé du livre) : à Stockholm de nos jours. Le journaliste Mickael Blomkvist vient de publier dans sa revue un texte mettant en cause un riche industriel suédois… et est condamné pour diffamation. Au même moment, il est appelé par un autre industriel, âgé, qui officiellement lui demande de rédiger sa biographie, mais qui souhaite en fait savoir de qui est arrivé il y a fort longtemps à sa nièce, disparue un jour alors que la petite île où ils habitent étaient bloquées à cause d’un accident sur l’unique pont. Il trouve de l’aide auprès de Lisbeth Salander, une hacker (pirate informatique) classée par la société comme asociale et à moitié débile (elle a été internée, mystérieusement, à l’âge de 12 ans et à 25 ans, est placée sous tutelle).

Mon avis : cette fois, l’adaptation est très fidèle au livre… et malgré tout, même si l’on connaît l’histoire, le suspense opère. Le rythme est soutenu. Je n’avais pas imaginé que la maison annexe sur l’île était aussi grande, mais chaque lecteur se fait son propre film, non? La photo, notamment lors des scènes de nuit, est très précise, aucune place à l’improvisation, tout est impeccable… à la limite trop travaillée? Lisbeth est encore plus « gothique » que dans le livre, l’avocat véreux et violeur qui remplace son tuteur encore plus immonde, si c’est possible (et la vengeance, à la hauteur du crime, même si c’est immoral!). A quand l’adaptation du tome 2 et du tome 3 ?

Baltiques et autres poèmes de Tomas Tranströmer

Couverture de Baltiques et autres poèmes de Tomas Tranströmer

pioche-en-bib.jpgDès que j’ai appris que cet inconnu pour moi (et sans doute beaucoup d’autres), Tomas Tranströmer, avait reçu le prix Nobel de littérature, je suis allée à la médiathèque emprunter le seul recueil qu’ils avaient (enfin, un en ville, un dans une annexe…).

Le livre : Baltiques et autres poèmes de Tomas Tranströmer, traduit du suédois par Jacques Outin, éditions du Castor astral, 1989 [anthologie de poèmes écrits entre 1966 et 1989], 142 pages, ISBN 978-2-85920-160-2.

L’histoire : cette anthologie regroupe des poèmes tirés de plusieurs recueils en ne prenant pas les premiers textes de l’auteur (voir l’avant-propos du traducteur, Jacques Outin). On y trouve donc des extraits de : Baltiques (1974) en édition bilingue et le reste en traduction, Visions nocturnes (1970), Sentiers (1973), La barrière de Vérité (1978) et Pour les vivants et les morts (1989). Pas facile de parler de poèmes qui parlent en plus de l’environnement quotidien, un voyage en avion, un autre en autocar, la voiture qui glisse longuement sur la route gelée, la mer, l’hiver, etc. On y croise aussi quelques personnages historiques, Beethoven, Vermeer…

Mon avis : je signale juste deux petits passages, page 75, dans Baltiques, il parle d’un hémiplégique, lui qui le deviendra en 1990. Et page 135, Voûtes romanes, aïe, je suis poursuivie (pour ceux qui ne le savent pas, j’étudie jour après jour des églises plus ou moins romanes au boulot…). Je ne suis pas toujours rentrée dans ces textes…

Pour aller plus loin: voir la biographie proposée par Poezibao, le site officiel de Tomas Tranströmer en anglais) et celui de son traducteur, Jacques Outin (en français… et en allemand).

Le cri de l’engoulevent de Kjell Eriksson

Couverture du cri de l'engoulevent de Eriksson pioche-en-bib.jpglogo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010J’ai emprunté ce livre à la médiathèque. Il est édité par Gaïa, éditeur qui a aussi publié Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti.

Le livre : Le cri de l’engoulevent de Kjell Eriksson, traduit du suédois par Philippe Bouquet, collection Polar, éditions Gaïa, 2010, 381 pages, ISBN 978-2-84720-177-2.

L’histoire : à Upssala (en Suède) du 10 au 14 mai (2003 je pense, d’après un indice page 212. Très tôt le 10 mai, une rue a été dévastée par des vandales. Dans une librairie est retrouvé le corps massacré à coups de chaises d’un jeune homme, Sebastian. Un jeune iranien a été témoin du meurtre, son cousin Ali, adolescent, pense qu’il en est l’auteur. Mais un autre jeune homme est vite arrêté par la police, même si Ann Lindell, chargée de l’enquête, semble douter de sa culpabilité. Les policiers d’une patrouille semblent avoir eu une attitude douteuse. Le grand-père d’Ali retrouve une certaine jeunesse au retour d’une promenade à la campagne, où il se rend régulièrement en bus: il a sauvé les vaches d’un agriculteur et est invité par eux à venir les revoir (avec son petit-fils Ali pour traducteur). Quand des actes de provocation raciste apparaissent, la confusion atteint son comble à Upssala.

Mon avis : il s’agit de la quatrième enquête de Ann Lindell, mais je crois que je ne lirai pas les autres. L’organisation en chapitres datés (tel jour à telle heure) qui se succèdent du point de vue de l’un ou de l’autre protagoniste n’aide pas à comprendre facilement le récit. Confus et sans grand intérêt, à mon avis, sinon à montrer que le racisme est aussi présent en Suède, y compris chez les forces de l’ordre.

Les chaussures italiennes de Henning Mankell

Couverture des chaussures italiennes de Mankell pioche-en-bib.jpgJ’ai récupéré ce livre à la médiathèque, je l’avais noté dans le petit carnet offert par Emmanuelle après un article de Monique / Bidouillette / Tibilisfil en mars. Henning Mankell est un auteur que j’ai beaucoup lu, mais je ne vous ai parlé que du cerveau de Kennedy. Depuis, j’ai aussi lu L’homme inquiet.

Le livre : Les chaussures italiennes de Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, Editions du Seuil, 2009, 341 pages, ISBN 9782020944656.

L’histoire : de nos jours un peu avant noël sur une minuscule île de la Baltique en Suède. Fredrik Welin, ancien chirurgien orthopédique, 66 ans, y vit reclus depuis douze ans avec son chien et son chat, avec juste pour visiteur le facteur de l’archipel, deux fois par semaine. Au fil des pages, on apprend qu’il s’est retiré dans cette île qui appartenait à ses grands-parents suite à une terrible erreur médicale. Chaque matin, il creuse un trou dans la glace et s’y plonge quand, un jour, en sortant nu de son trou, il voit apparaître une femme avec un déambulateur… Cette femme, c’est Harriet, qu’il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt alors qu’il était encore étudiant, partant en Amérique… Et là, sa vie va basculer, cette femme mourante lui demande de l’emmener voir un lac dont il lui avait parlé… puis sa fille, dont il ne connaissait pas l’existence. Il découvre alors la vie de sa fille qui vit dans une caravane dans la forêt, avec de curieux amis dont ce très vieil italien qui fabrique deux ou trois paires de chaussures sur mesure chaque année. Rentré précipitamment sur son île, il décide de prendre contact avec la victime de son erreur médicale, de rester en contact avec son ex-amie et sa fille…

Mon avis : un roman qui s’étale sur un an et demi, deux hivers et un été qui ont bouleversé la vie d’un homme. Une réflexion sur la solitude choisie… Une erreur médicale due au surmenage du chirurgien et de son équipe… dans un pays, la Suède, qu’ici nous pensons comme un paradis social. La maison d’accueil de trois jeunes adolescentes pommées montre aussi une autre face noire (ou en tout cas pas très reluisante) du système social suédois. Aussi une belle approche de la fin de vie, des soins palliatifs à domicile, de l’accompagnement de la fin de vie et d’une sorte de choix de mourir dans la dignité (ici avec la mort naturelle, pas un suicide assisté). Un beau portrait aussi de la vie dans les îles, le facteur est un personnage haut en couleur, les garde-côtes sont moins présents mais aussi intéressants. Un Mankell sans Kurt Wallander (dont l’ultime aventure vient de paraître), à lire sans aucune hésitation, de quoi relativiser aussi notre petit hiver 2010-2011.

Le mec de la tombe d’à côté de Mazetti

Couverture de la tombe du mec d'à côté, de Mazetti, aux éditions Gaïa pioche-en-bib.jpgJe ne sais plus où j’ai lu la critique… J’en ai retrouvé une chez Theoma mais ce n’est pas celle-ci qui m’a fait réservé immédiatement le livre à la médiathèque, sans passer par la case petit carnet offert par Emmanuelle… Sa critique est trop ancienne (elle a aussi parle du livre suivant, Les larmes de Tarzan. J’ai refait le tour des blogs de lecture que je suis régulièrement, presque tous en parlent, Ma petite fabrique, L’ivresque des livres, Amanda Meyre. Alors par Flo, qui n’a pas de blog? Je ne me souviens pas, mais il revient vraiment souvent!

PS : de la même auteure, j’ai aussi lu Un doudou divin.

Le livre : Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti, traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, éditions Gaïa, 2007, 254 pages, ISBN 978-2847200799 (a aussi été publié chez Actes sud, en collection Babel en 2009).

L’histoire : dans une petite ville de Suède, de nos jours. Désirée vient souvent sur la tombe de son mari, décédé trop jeune. Elle y croise souvent Benny, qui vient sur la tombe de sa mère. Désirée, bibliothécaire, pâlichonne, urbaine, vêtue sans goût aux yeux de Benny, l’éleveur de vaches, qui apporte des fleurs à sa mère, est vêtu d’un bonnet qu’elle ne supporte pas. Deux sourires, et de cette rencontre va naître une histoire d’amour dévorante dans le choc des cultures, entre la contrainte de 24 vaches à traire deux fois par jour et les livres partout au travail et dans l’appartement de Désirée, prise de remords de « trahir » son mari récemment décédé… Une lente découverte et apprivoisement de chacun, mais jusqu’où iront-ils?

Mon avis : passée la surprise de la lecture de pages roses, je suis rentrée tête la première dans ce livre et n’en suis sortie que 2h30 plus tard, à la dernière page… j’ai beaucoup aimé l’histoire et l’écriture, qui alterne les chapitres vus du point de vue de Désirée et de Benny. Très différent de beaucoup d’histoires d’amour, le récit d’une relation amoureuse improbable! Le tout avec humour et auto-dérision des narrateurs… Un moment de lecture très agréable.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Suède.

pioche-en-bib.jpgCe logo « pioché en bibliothèque », je l’ai vu pour la première fois chez Theoma. Il a été créé par Antigone (lien en cliquant sur le logo).

Le cerveau de Kennedy de Henning Mankell

Couverture du cerveau de Kennedy de Mankell J’avais acheté ce livre en poche dans une librairie de la rue Mouffetard à Paris (retrouvez l’arbre à lettres sur leur blog), lors de mon séjour en février, pour le train… mais ne l’ai lu qu’un peu plus tard. Henning Mankell est un écrivain engagé, il a été arrêté le 31 mai 2010 dans les eaux internationales lors de la scandaleuse bavure d’Israël contre la flottille de la paix qui voulait ravitailler Gaza.

Le livre : Le cerveau de Kennedy, de Henning Mankell, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, collection Points (n° 2301), éditions du Seuil, 426 pages, 2009, ISBN 9782757816356 (première édition en suédois : 2005, en français : 2009).

L’histoire : à l’automne 2004, en Europe (Grèce, Suède, Espagne), en Australie, en Afrique (Afrique-du-Sud et Mozambique). L’archéologue Louise Cantor part de son chantier du Péloponnèse pour rentrer en Suède, où elle doit présenter une communication sur la céramique à un colloque. En sortant de la salle de conférence, elle se réjouit de revoir son fils Henrik. Mais celui-ci ne répond pas au téléphone, et pour cause, elle le retrouve quelques heures plus tard mort dans son lit. Suicide aux somnifères, dit la police. Elle croit plutôt à un meurtre, parce qu’il était en pyjama et n’en portait jamais… Elle part d’abord à la recherche de son ex-mari, Aron, crack d’informatique, qu’elle retrouve en Australie. Ils découvrent que Henrik avait un appartement inconnu d’eux, à Barcelone. Ils commencent une enquête à deux, mais très vite, Aron disparaît. Morte de peur, Louise poursuit son enquête au Mozambique, découvre que son fils était riche, et séropositif, en quête de réponse sur des mensonges d’État: qui a subtilisé le cerveau de Kennedy après sa mort, qui a tué Henrik, qu’avait-il découvert?

Mon avis : j’ai moins aimé que la série des Wallander, père et fille ensuite. Mais il s’agit d’une enquête dans un pays que Henning Mankell connaît bien, puisqu’il vit une partie de l’année au Mozambique. Il y décrit un pays littéralement décimé par le SIDA, abandonné par l’Occident, sauf quand des laboratoires sans scrupules décident de se servir de cobayes humains pour leurs recherches totalement illégales…

PS : depuis, je vous ai parlé, aussi de Mankell, des chaussures italiennes et de L’homme inquiet.