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Sparrows de Rúnar Rúnarsson

Affiche de Sparrows de Rúnar RúnarssonCela fait déjà un petit moment que je suis allée voir Sparrows de Rúnar Rúnarsson.

Le film : de nos jours en Islande, au début des vacances scolaires. Depuis plusieurs années, Ari [Atli Oskar Fjalarsson], 16 ans, vit avec sa mère, Kristjana [Nanna Kristín Magnúsdóttir], à Reykjavik. Celle-ci doit partir en Afrique avec son nouvel ami et décide d’envoyer son fils chez son père, Gunnar [Ingvar Eggert Sigurðsson], dans une région isolée, au fond d’un fjord. Gunnar a perdu son bateau dans la crise économique, leur ancienne maison a été saisie et est toujours en vente. Chaque soir, il va manger chez sa mère [Kristbjörg Kjeld]. Dès le lendemain de son arrivée, le gringalet Ari doit aller travailler à l’usine de poisson. Son père boit trop avec ses amis, lui retrouve d’anciens camarades de classe avec qui ils n’ont plus beaucoup de points communs. Il est en pleine déprime, surtout après la mort de sa grand-mère. Il tente alors de s’insérer, fait l’expérience de l’alcool, de la drogue…

Mon avis : comme dans les romans, les polars et les films islandais vus ces derniers temps (voir en particulier Béliers de Grímur Hákonarson), on retrouve un pays où la vie à la campagne est très dure, avec des nuits interminables, au milieu de très beaux paysages de fjords, mais où, en plein été, personne ne quitte sa doudoune, où il pleut, il y a du brouillard, pas grand chose à faire sauf travailler (ici à l’usine de poisson), se divertir à la salle commune ou entre amis entre alcool, sexe et drogue. De la capitale ultra moderne, on ne voit que quelques images lors du départ en avion. Le sujet peut paraître banal et rebattu :  un père et un fils adolescent qui doivent apprendre à vivre ensemble après avoir été séparés plusieurs années à cause d’un divorce. Une société partagée entre deux groupes, les adolescents et les vieux, qui ont tous la même activité, travailler à l’usine de poisson et s’enivrer le soir dans deux groupes qui se croisent peu. Les personnages sont très crédibles, bien servis par les acteurs et mis en valeur par une excellente photographie. La musique du film, écrite par Kjartan Sveinsson (le pianiste de l’ancien groupe Sigur Rós), souligne avec justesse l’ennui sans fin. Certaines scènes sont très fortes, comme celle où Ari chante, seul, dans un silo abandonné, nostalgie de sa vie passée et de la chorale qu’il a dû abandonner. Si le film passe près de chez vous, n’hésitez pas, allez le voir!

Béliers de Grímur Hákonarson

affiche de Béliers de Grímur HákonarsonJe suis allée voir Béliers, de Grímur Hákonarson, lors de sa sortie il y a un mois. Il a reçu le prix Un certain regard au festival de Cannes 2015.

L’histoire : en Islande, un concours d’éleveurs de moutons oppose notamment deux frères sexagénaires et célibataires, Gummi [Sigurður Sigurjónsson] et Kiddi [Theodór Júlíusson], fâchés depuis 40 ans, mais qui habitent à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre. Kiddi gagne le concours, mais son frère soupçonne l’apparition d’un cas de tremblante du mouton dans son élevage et le dénonce aux services vétérinaires. Les tests sont positifs, tous les moutons de la vallée doivent être abattus. Kiddi tente de résister, alors qu’en apparence, Gummi se soumet…

Mon avis : l’Islande en été ou au printemps, c’est séduisant… L’hiver est plus rude. Les polars et autres romans islandais nous ont habitués au blizzard, mais dans ce film, il prend toute sa matérialité, dans une longue scène qui a fait frissonner les spectateurs (ah la suggestion!). Deux méthodes de réchauffement pour l’hypothermie sont montrées avec toute leur ampleur dramatique, le bain chaud et le peau à peau dans un igloo de fortune… Le film ne révèle pas la cause de la fâcherie des frères, mais montre sa ténacité. La dure condition des éleveurs aussi, des éleveurs traditionnels qui refusent, comme dans d’autres contrées islandaises, de doper leurs bêtes aux hormones. Mais le débat fait rage entre eux: reconstruire un élevage? Partir et reconstruire sa vie ailleurs? Tenir tête aux services vétérinaires. Je me souviens d’un cas d’épizootie de fièvre aphteuse dans le Confolentais, apparue avec des moutons importés illégalement d’Angleterre par un éleveur, les charniers étaient recouverts de chaux avant d’être enterrés dans de grandes fosses sur place, les voitures roulaient dans les pédiluves (euh… pédiluves pour les roues???) de désinfectant en entrant dans la zone, mais les médias n’avaient pas vraiment abordé les conséquences à plus long terme pour ces éleveurs (pas plus que pour ceux touchés par la vache folle ou ceux qui aujourd’hui luttent contre la grippe aviaire).

Allez voir ce film si possible au cinéma plutôt que d’attendre son passage en DVD ou à la télévision, la grande scène dans le blizzard mérite d’être sur grand écran enrobé du son de la tempête… Le dernier plan aussi ne doit pas donner toute sa force sur petit écran… Allez, vite, au cinéma!

Tourner la page, de Audur Jónsdóttir

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCouverture de Tourner la page, de Audur JónsdóttirJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux Presses de la cité.

Logo rentrée littéraire 2015C’est le premier dans la catégorie roman pour le défi de la rentrée littéraire organisé à nouveau en 2015 par Hérisson.

Le livre : Tourner la page, de Audur Jónsdóttir, traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün, Presses de la cité, 2015, 458 pages, ISBN 9782258113350.

L’histoire : à Reykjavik, aujourd’hui, hier, il y a vingt ans, plus, moins? Originaire d’un petit village de l’ouest de l’Islande, petite-fille d’un poète, Eyja, jeune femme fauchée, s’est retrouvée mariée à Coup de Vent, un ivrogne de vingt ans son aîné. Après quelque temps de vie commune, elle n’arrive pas à s’en séparer. La grand-mère prend les choses en main: elle lui offre ses économies à condition qu’elle quitte son appartement et parte se mettre au vert avec sa cousine, Rúna, championne de ski qui gère en Suède un village de vacances.

Mon avis : je ne sais pas si c’est mon cerveau qui continue à jouer des siennes, mais j’ai été gênée par l’emploi pour un même personnage de son nom et d’un surnom (le « Coup de Vent », la « Reine du Ski » alias Rúna etc.) sans que le lien entre les deux soit clairement explicité, ce qui a engendré beaucoup de confusion pour moi, peut-être à cause de ma prosopagnosie (incapacité à reconnaître les visages) partielle (je vous en parlerai un de ces jours). Ainsi, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était le « Météorologue » et s’il faisait ou non un seul personnage avec le « Futur Mari ».  D’un point de vue plus littéraire -même si l’emploi de surnoms est aussi un procédé littéraire-, je n’ai pas bien compris l’intérêt d’intercaler quelques pages au futur ou au passé au milieu de longs passages au présent, alors qu’il n’est pas facile, au fil de ce récit, de comprendre ce qui se passe de nos jours, il y a longtemps, avant ou après le séjour en Suède, avant ou après une grande avalanche qui a fait plusieurs victimes dans son village natal (ou le village ou elle a habité?). Je suppose que le traducteur a respecté les choix de l’auteur ; cependant, en français, le passé simple peut être juste mais très laid : « Ses dents jaunies […] luisirent » (page 26)… Après une cinquantaine de pages, complètement perdue, je me suis décidée à recommencer en faisant un tableau de correspondance des surnoms et des prénoms et en notant quelques repères temporels. J’ai fini par entrer dans ce gros pavé (450 pages) et en apprécier la deuxième partie, beaucoup plus linéaire car située, lors du séjour en Suède, et recentrée au début de certains chapitres par le titre qui évoque la progression vers une nouvelle vie loin du premier mari (page 332 : « Sixième étape de la rééducation : coucher avec un autre »), si l’on excepte les digressions annoncée par d’autres en-tête (page 322 : « Régime de l’au-delà »). Si vous souhaitez découvrir une écriture un peu déroutante qui sort de la production littéraire « formatée » (facile, tout au présent, avec un récit chronologique), alors ce livre est pour vous!

Comme son héroïne est petite-fille de poète, dans la « vraie vie » (ce qui laisse un doute, roman, auto-fiction?), Audur Jónsdóttir est la petite-fille de Halldór Kiljan Laxness, prix Nobel de littérature en 1955, il est toujours dans ma liste de prix Nobel… à lire et découvrir.

Temps glaciaires, de Fred Vargas

Couverture de Temps glaciaires, de Fred VargasJ’ai lu le « dernier » livre de  (revoir Un lieu incertain et L’armée furieuse), acheté en librairie. Elle a changé d’éditeur, quitté les éditions Viviane Hamy pour Flammarion. Ce qui, de mon point de vue de lectrice avec quelques problèmes visuels, n’est pas une grande réussite: le papier est trop transparent (trop léger?), l’encre grise et pas noire, du coup, la police choisie avec des lettres peu claires (t avec une toute petite hampe), une de mes collègues pense aussi qu’il manque quelques points sur les lettres de la ligne du haut, difficile à voir mais suffisant pour perturber la lecture…

Le livre : Temps glaciaires, de Fred Vargas, éditions Flammarion, 2015, 497 pages, ISBN 9782081360440.

L’histoire : à Paris de nos jours. Une vieille dame qui allait poster une lettre à l’insu de sa garde-malade manque d’être renversée par une voiture. Plus de peur que de mal, mais voici qu’elle est retrouvée « suicidée » dans sa baignoire quelques jours plus tard. Bourlin, le commissaire chargé de l’enquête, tique, fait appel au commissaire Adamsberg pour être éclairé par Danglard à cause d’un curieux dessin retrouvé sur place. Les voici au Creux, haras isolé des Yvelines, où l’un des résidents était destinataire de la lettre. Sauf que son patron a été lui aussi retrouvé mort quelques jours plus tôt, suicide présumé… Un homme veuf, sa femme avait trouvé la mort une dizaine d’années plus tôt lors d’un voyage en Islande, qui finançait une curieuse société d’étude sur Robespierre, qui organise des reconstitutions historiques de débats tenus de 1792 à 1794. Quel rapport? Les enquêteurs ont presque 500 pages pour élucider le mystère…

Mon avis : comme à son habitude, réussit à mêler des intrigues compliquées où tout finit par s’emboîter à merveille. Si les archéologues, confrères du premier métier de Fred Vargas, ont disparu depuis longtemps de ses romans, l’archéologie n’est jamais bien loin, cette fois sous la forme de petits os du poignet retrouvés par Adamsberg dans des trous de piquets sur un îlot islandais… avec d’infimes traces de découpe et de cuisson et un NMI de deux (enfin, pas dit comme ça, le NMI des archéozoologues -elle était spécialistes des lapins- et anthropologues est le nombre minimal d’individus, déduit des compatibilités et incompatibilités entre les os). Vous êtes intrigués? Ce ne sont que quelques pages dans un bon polar, avec une plongée dans le monde intrigant de ces passionnés de reconstitutions historiques dont il a été beaucoup question ces dernières semaines avec le bicentenaire des 100 jours de Napoléon avec le débarquement en Provence… en attendant Waterloo! A dévorer, vraiment dommage que Flammarion n’ait pas choisi un meilleur papier et une encre noire!

A la grâce des hommes, de Hannah Kent

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCouverture de A la grâce des hommes, de Hannah KentJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux éditions des Presses de la Cité!

Le livre : A la grâce des hommes, de Hannah Kent, traduit de l’Anglais (Australie) par Karine Reignier, éditions des Presses de la Cité, 2014, 396 pages, ISBN 9782258104501.

L’histoire :  1828, dans la péninsule de Vatnsnes en Islande. Un homme et deux servantes ont été condamnés à mort pour le meurtre de deux hommes. En attendant la confirmation de la peine par la tutelle danoise, les prisonniers sont confiés à la garde de fermiers et un pasteur doit les assister dans leurs derniers mois. Agnes Magnúsdóttir se retrouve donc à travailler comme durant toute sa vie dans une ferme, peu à peu acceptée par le couple qui en a la garde et leurs deux filles. Elle a choisi comme directeur de conscience un jeune pasteur, Tóti. Au lieu d’écouter son enseignement (et celui du Christ), elle lui raconte sa vie, depuis sa naissance et son abandon par sa mère…

Mon avis: même si ce livre n’est pas en large vision, ce qui reste le plus confortable encore pour moi, j’aurais préféré qu’il soit vraiment imprimé en noir, pas en gris foncé… cela fait certainement peu de différence pour quelqu’un qui voit bien, mais cela m’a contrainte à ne pas pouvoir lire plus de 10 pages d’affilée… C’est peut-être à cause de cette lecture hachée que j’ai eu du mal à entrer dans le livre au début, puis au fil des pages, les passages à la première personne dans la bouche d’Agnes Magnúsdóttir (ou Jonsdóttir, qui est son vrai père?) se font de plus en plus nombreux pour entrecouper et vivifier la narration à la troisième personne. Quelques poèmes s’intercalent également, ainsi que des lettres officielles (rapports de police, échanges avec Copenhague). La forme est assez originale, le blizzard moins présent que dans d’autres livres sur l’IslandeL’histoire m’a rappelé Nuage de cendre, de Dominic Cooper, qui se passe aussi en Islande, quelques années plus tôt (1783). Des jeunes gens y étaient aussi condamnés à mort, mais avec un mode de jugement sans doute plus juste que celui proposé ici: comme je l’ai étudié en ethnographie, dans l’Islande sous tutelle du Danemark, les jugements de peine de mort étaient rendus par l’assemblée populaire annuelle traditionnelle, pas par un tribunal cantonal comme ici, puis confirmés à Copenhague. Un livre agréable et intéressant!

Étranges rivages de Arnaldur Indridason

pioche-en-bib.jpgCouverture de Étranges rivages de Arnaldur IndridasonHasard des lectures… Alors que je venais de terminer L’embellie de Auđur Ava Ólafsdóttir, Étranges rivages, réservé depuis plusieurs semaines, est arrivé sur mon compte à la médiathèque. De Arnaldur Indridason, j’ai déjà lu La voix, la Cité des jarres, La femme en vert, L’homme du lac, Hiver arctique, Hypothermie.

Le livre : Hypothermie de Arnaldur Indridason, traduit de l’islandais par Eric Boury, collection « Noir », éditions Métailié, 2013, 300 pages, ISBN 978-2-86424-901-6.

L’histoire : de nos jours en Islande, dans la région des fjords de l’est, à Eskifjördur, par un temps d’automne. Le commissaire Erlendur est revenu dans la maison de son enfance, abandonnée depuis le départ de sa famille pour Reykjavík quand il était enfant. Il y revient régulièrement, discrètement, à la recherche de son terrible passé: parti sur la lande avec son père et son petit frère Bergur, ils avaient été surpris par un terrible blizzard, le père avait pu rentrer par ses propres moyens, Erlendur avait fini par être retrouvé en hypothermie, mais pas son petit frère dont il avait fini par lâcher la main. A l’occasion d’une des ses promenades sur la lande, un chasseur lui raconte une autre histoire qu’il avait aussi entendu quand il était petit: en  janvier 1942, tout un groupe de soldats britanniques s’était égaré dans les mêmes conditions, certains avaient survécu, d’autres pas. La même nuit, une jeune femme, Matthildur, avait disparu mais son corps n’a jamais été retrouvé. Plus de 60 ans plus tard, Erlendur va tenter de reconstituer ce qui s’est passé ce jour là…

Mon avis : comme dans L’embellie de Auđur Ava Ólafsdóttir, il y a des grands travaux, de la pluie (et des tenues avec des pantalons étanches), et même quelques flocons, dans un paysage hostile… La perte du petit frère et l’attrait pour les disparitions sur la lande sont toujours en toile de fond de la série d’enquêtes du commissaire Erlendur. Cette fois, l’ensemble du livre est consacré au sujet de la perte, de la quête, du remord, du deuil impossible en l’absence de corps. Une enquête auprès d’octogénaires en toile de fond, mais c’est surtout la dure vie islandaise, entre la lande, le blizzard et les tempêtes qui mettent les pêcheurs à rude épreuve, qui est au cœur du roman, sans oublier les modifications récentes du pays (construction d’un barrage, d’une usine d’aluminium) qui défigurent les paysages. J’ai beaucoup aimé!

L’embellie de Auđur Ava Ólafsdóttir

Couverture de L'embellie de Auđur Ava ÓlafsdóttirJ’avais acheté ce livre lors de sa parution à la librairie La belle aventure à Poitiers, puis il était resté dans ma pile à lire… J’avais bien aimé le précédent livre de cette auteure, Rosa Candida.

Le livre : L’embellie, de Auđur Ava Ólafsdóttir, traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson, éditions Zulma, 395 pages, 2012, ISBN 978-2-84304-589-9.

L’histoire : de nos jours, en Islande, un mois de novembre pluvieux… La narratrice, la trentaine, polyglotte, est relectrice
et correctrice d’épreuves ou de mémoires. Son mari la quitte pour une autre femme, alors qu’elle-même a quelques amants. Une de ses amies, enceinte de jumelles, vient la consoler, tombe, est hospitalisée. Elle lui confie son fils de quatre ans, Tumi, sourd et malvoyant suite à sa naissance prématurée. A la tombola de l’école, elle gagne deux gros lots, une forte somme et un chalet d’été, qu’elle fait installer dans le village de sa grand-mère. Elle plaque tout et décide de faire le tour de l’Islande avec cet enfant, handicapé mais surdoué (il lit déjà, ayant appris seul), par la route principale qui fait le tour du pays mais n’est parfois guère plus qu’une piste, parfois coupée par les éboulements dus aux pluies, et de rejoindre ce chalet.

Mon avis : j’ai adoré ce livre au rythme lent, dans une Islande bouleversée par de grands travaux (construction d’un barrage) mais avec une route principale semée d’embûches. Le rythme est lent, comme la progression sur la route, de ses embûches (animaux qui se jettent sous la voiture, glissements de terrain) et des rencontres qu’elle permet. Il pleut beaucoup tout au long du périple… en accord parfait avec la météo dimanche matin quand j’ai lu le livre… Peu à peu, la narratrice, qui ne voulait pas d’enfant, apprivoise Tumi, apprend la langue des signes. J’ai bien aimé aussi les 50 dernières pages consacrées à 47 recettes de cuisine (et de boissons) et un modèle de tricot (une paire de chaussons pour les jumelles à naître), rédigées de manière littéraire, croisées au fil des pages.

Logo rentrée littéraire 2012Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Nuage de cendre de Dominic Cooper

Couverture de Nuage de cendre de Dominic Cooper

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Nuage de cendre de Dominic Cooper, traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, éditions Métailié, 2012, 236 pages, ISBN 978-2864248569.

L’histoire : 1783, en Islande. Suite à des éruptions volcaniques, le pays est couvert de cendres, les récoltes sont détruites, la famine décime la population, aggravée par les mauvaises récoltes des années précédentes. Et un bateau ravitailleur venant du Danemark, pays colonisateur de l’Islande, a apporté la variole. Gunnar Thirdakson, le médecin, se souvient d’une affaire qui a miné la région, quarante ans plus tôt. Sunnefa, considérée comme la plus belle fille de l’île, orpheline, 16 ans, a accouché d’un bébé dont le père ne serait autre que son frère Jón, de deux ans son cadet. Condamnés à mort lors d’un premier procès dans le district, ils sont confiés chacun à la garde d’un shérif et doivent comparaître en appel devant l’assemblée populaire annuelle traditionnelle. Reporté une première année (Sunnefa est malade et ne peut faire le trajet), au cours de l’année suivante, alors qu’elle retrouvait secrètement son frère dans un refuge sur le lande, elle est victime d’un viol et tombe enceinte. Qui est l’auteur du viol? Le shérif qui en a la garde? S’agit-il d’une machination entre les shérifs qui se haïssent?

Mon avis : s’il s’agit bien d’un polar (inceste, viol, morts suspectes), c’est aussi un roman historique, il narre une histoire qui s’est passée il y a presque trois cents ans, dans un contexte de colonisation, de toute puissance ses shérifs nommés par le roi du Danemark, tempérée néanmoins par l’assemblée traditionnelle annuelle. Le contexte est difficile, le petit nuage de cendre qui a bloqué les avions il y a quelques années n’est rien en comparaison des grandes éruptions volcaniques de 1783. Et comme nous étions en plein « petit âge glaciaire » (les glaciers des Alpes étaient descendus très bas dans les vallées, les mauvaises récoltes se multipliaient en Europe et sont une des causes de la Révolution française), la famine a été encore accentuée, favorisant la propagation de la variole. Mais le vrai personnage central de ce roman, c’est la lande, le paysage à couper le souffle, au sens propre, tempêtes de neige en hiver, de sable (mêlé de cendre) en été, les chemins impraticables au printemps, les tourbières et les marais traitres, le brouillard… si dense qu’à un moment, j’ai cru me noyer dans ce roman dense… Trop de personnages, de paysages durs. Un roman à découvrir en se laissant porter par les bourrasques…

Logo God save the livre Ce livre entre dans le défi God save the livre, saison 2, organisé par Antoni / passion livres. Il s’agit de lire un ou plusieurs livres anglais d’ici fin février 2013 et atteindre l’une de ces catégories : « Duty Harry » (1 livre lu), « Prince Charles » (5 livres), « Prince William » (10 livres), « Lady Di »(15 livres), « The Beatles » (20 livres et plus), « Queen Mom » (au moins un livre en VO)…

Rosa Candida de Auđur Ava Ólafsdóttir

Couverture de Rosa Candida de Audur Ava Olafsdottir logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010J’avais acheté ce livre lors de sa parution, suite à la lecture de quelques bonnes critiques (il a d’ailleurs reçu le prix Page des libraires en 2010), et puis, je l’avais laissé dans un coin… Je l’ai emporté à Londres, commencé dans le train de Londres à Oxford et terminé dans le bus dans l’autre sens… Depuis, j’ai aussi lu L’embellie.

Le livre : Rosa Candida de Auđur Ava Ólafsdóttir, traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson, éditions Zulma, 333 pages, 2010, ISBN 978-2-84304-521-9.

L’histoire : de nos jours, en Islande puis quelque part en Europe (il faut un avion et passer quatre frontières en voiture ou avec plusieurs trains et bus). Arnljotur a 22 ans, pour avoir passé une nuit sans précaution dans l’ancienne serre de sa mère, il vient d’avoir une petite fille, Flóra Sól avec Anna. S’il a assisté à la naissance, il a peu de relations avec elle. II vivait avec son père, sa mère est décédée il y a peu d’un accident de voiture, et ils ont alors placé son frère jumeau handicapé mental (autiste? pas si sûr) dans une institution dont il revient le week-end. Arnljotur leur fait ses adieux pour se rendre dans un monastère qui avait une très ancienne roseraie, où il compte travailler et implanter une bouture d’une rose mystérieuse qui se trouvait dans la serre de sa mère. À peine débarqué de son avion, il doit être opéré en urgence de l’appendicite, passe quelques jours chez une ancienne camarade pour se remettre avant de reprendre sa route vers ce monastère… Je vous laisse découvrir la suite…

Mon avis : j’ai adoré ce livre, le climat désolé de l’Islande et son manque d’avenir pour un passionné de roses du fait de son climat, un jeune homme qui va finir par se découvrir père (alors que la jeune mère, encore dans les études, a beaucoup de mal à assumer ce bébé arrivé par accident), la pudeur de ce livre, le handicap mental abordé sans détour mais sans larmoiement (il est là, en arrière plan, c’est tout, et son jumeau n’en parle pas à l’extérieur, Anna a découvert par hasard son existence), un monastère avec un abbé fou de films qu’il regarde en VO (il parle ou comprend de très nombreuses langues), des moines qui préfèrent leurs travaux d’érudition au jardin.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de l’Islande, en complément du polar La femme en vert de Arnaldur Indridason.

Pêcheur d’Islande de Pierre Loti

Couverture des oeuvres de Pierre Loti
Logo du défi J'aime les classiques Ce mois-ci s’achève le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, avec un livre de Pierre Lotil. Je continuerai en 20111 de lire ou relire mensuellement un classique dont je vous parlerai le dernier mercredi du mois.

Le livre : Pêcheur d’Islande, de Pierre Loti (pseudonyme de Julien Viaud), première édition chez Calmann-Lévy en 1886. Je l’ai lu en édition spéciale Omnibus / Grand Livre du mois, 1989, p. 527 à 647. La bibliothèque nationale de France / Gallica propose en ligne une édition de 1900 et tous les autres textes de Pierre Loti en numérisation des versions originales ou en recueil d’œuvres complètes chez Calmann-Lévy.

L’histoire : de 1883 à 1885 en mer d’Islande et en Bretagne. Cinq hommes font un repas de fête (pour la Vierge…), le capitaine, trois matelots, et Sylvestre, tout juste 17ans ; ils attendent encore Yann… Ces marins bretons partent chaque hiver pour plusieurs mois sur la Marie pêcher le cabillaud qu’ils transforment en morue salée dans les eaux froides de la mer d’Islande, au milieu des tempêtes qui se déchaînent. À bord, 6 hommes, trois couchettes, et le mousse, septième homme qui semble ne pas compter beaucoup… Yann est tout contrit d’abandonner sa belle à terre, Gaud, fille d’un gros commerçant de Paimpol. Leur relation n’est déjà pas facile, avec la différence de classe sociale, mais l’attendra-t-elle pendant ses mois en mer ? Et puis en reviendra-t-il, tout simplement ? L’interminable attente à terre, dans la lande bretonne battue par les vents, alors que tant de bateaux périssent en mer, de marins sont portés disparus cette année, tout retard dans la rentrée au port vers la fin août n’est-il pas annonciateur de mauvaise nouvelle ?

Mon avis : j’avais en souvenir une description des grandes tempêtes de la mer d’Islande, je ne me souvenais pas des parties sur l’attente à terre qui sont tout aussi fortes. Pas de doute, c’est un sujet que Pierre Loti connaissait bien, en tant qu’officier de la marine. Pour ces descriptions, je ne regrette absolument pas d’avoir relu ce livre!

Pour aller plus loin : si vous passez sur la côte atlantique, n’hésitez pas à faire un détour par Rochefort pour visiter la maison Pierre Loti (attention, le nombre de place à chaque visite est limité, en juillet et août, il faut impérativement réserver, plus d’informations sur le site de la ville de Rochefort. Si vous faites abstraction des orgies qui s’y sont passées et des actes délictueux (Loti aimait des garçons dont certains étaient beaucoup trop jeunes), vous apprécierez cette visite surprenante.