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Louis Poplineau, un soldat à la guerre en 1871 écrit à sa famille à Echiré

Lettre de Louis Poplineau, 1871, page 1Il y a quelques semaines, Maryse a retrouvé une lettre très émouvante de l’un de ses aïeuls, le père d’Adorise, dont j’ai brodé l’un des torchons… Je lui laisse la parole…

Lettre d’un soldat de la guerre de 1870-71: François, Louis Poplineau (11.06.1845-?), par Maryse

J’ai dû vider la maison de mes parents récemment, et au hasard des rangements, j’ai trouvé cette lettre datée du 23 février 1871 en provenance de Grenoble et signée de mon arrière-arrière-arrière grand-père (côté grand-mère paternelle), Louis Poplineau qui a
enlevé son premier prénom pour ne garder que celui de son père. Bien sûr cette découverte est émouvante car c’est une page de mon histoire où cet aïeul y parle de l’acquisition de la ferme familiale: il donne son avis sur cet éventuel achat avec beaucoup de respect et de réalisme. Il est conscient des difficultés financières que pose cet achat tout en pensant que ce serait une bonne chose de l’effectuer à condition de ne pas se faire avoir. Il témoigne d’une très grande lucidité, son écriture est belle et soignée, malgré des fautes, mais vue l’époque et son origine rurale, il écrit bien mieux que beaucoup de
bacheliers actuels. Il avait sans doute le certificat d’études ou tout au moins le niveau (sa fille Adorise a eu le brevet élémentaire).

Récépissé de mandat postal par Louis Poplineau en 1871Le récépissé du mandat de 10 francs posté de Niort prouve que sa mère avait dû faire le déplacement à la ville pour lui envoyer cette somme qui devait être conséquente à l’époque. Ils habitaient Ternanteuil, commune d’Échiré (célèbre pour son beurre), à 10km au nord de Niort (Deux-Sèvres).

Personnellement cette lettre m’a fait revivre une page d’histoire familiale. Il était le père d’Adorise, dont les initiales figurent sur le torchon donné à Véronique: « AE »‘, pour le concours de broderies de Nans-sous-Sainte-Anne. Beaucoup de ces informations lui sont dues car elle souhaitait mettre la date de naissance d’Adorise sur le torchon pour me faire une surprise et elle a commencé une recherche sur l’état civil en ligne. Il y a eu de sa part un bel enthousiasme et une grande pugnacité pour effectuer sa recherche avant de trouver. Il s’en est suivi un échange de SMS palpitant et fructueux une soirée de veille d’élections et l’aboutissement de ses recherches a permis de créer un début d’arbre généalogique. Merci à toi Véro! 🙂 Donc après Adorise, je me suis mise à la recherche d’informations sur son père, Louis. Ces coïncidences entre le torchon et la lettre ont été à l’origine de ces recherches d’état civil. Je ne suis pas très « arbre généalogique » mais les circonstances ont fait pression sur moi involontairement et le résultat plein de promesses si je veux continuer.

Lettre de Louis Poplineau, 1871, page 2Voici le texte retranscrit intégralement (avec les fautes et les maladresses):

« Grenoble le 23 février 1871
Ma chere mère,
Je suis très satisfait de reçevoir de vos nouvelles et d’apprendre que vous étiez tous en bonne santé pour le moment, et aussi je vous dirai que j’ai reçu votre lettre le 20 à Chambéry et que j’ai touché les 10 francs que vous m’avez envoyé.

Chere Mère je suis très étonné de la demande que vous me faites, seulement je vous remercie beaucoup de l’honneur que vous me porté en me demandant des conseils, pour moi, aujourd’hui je ne sais pas trop quoi vous répondre dans le cas où nous nous trouvons tous, car pour prendre cet endroit à prix de ferme je ne nous vois pas trop riche car n’étant pas à peu près monté et ne vois pas de quoi pouvoir le faire. Aujourd’hui, je crois bien que le bétail ne doit pas être bien cher seulement il faudrait savoir la où je pourrais prendre un peu d’argent pour commencer un peu, car maintenant pour le prendre à moitié s’à cerait bien plus facile et bien moins de dangé d’engagé ce que nous avons, seulement il n’y a pas tant d’avance comme si nous pouvions le prendre à prix de ferme et que nous aurions moyen de nous monté.

Si dans qu’elque temps j’avais le bonheur de pouvoir allé vous rejoindre s’à me ferait bien plaisir de me voir dans cet emploi.
Maintenant vous en ferez ce que bon vous semblera mais, si par hasard vous le prenez à moitié c’est à vous de faire entention de ne donné pas trop d’arres et ensuite de pouvoir se rangé aussi dans les affaires.

Lettre de Louis Poplineau, 1871, page 3Maintenant vous en ferez ce que vous voudrez et si vous voullez en prendre des renseignements faites entention à qui vous vous adresserez.

Aujourd’hui nous sommes à Grenoble mais je ne crois pas que nous y soyons dans deux ou trois jours mais ne me faites pas réponse au moins que s’à cerait qu’il y aurait du nouveau.

Au revoir chers parents, je vous embrasse mille fois

Pour la vie Louis Poplineaud

Mon adresse Poplineaud [ill.] 47ème de ligne 34è de marche 3ème bataillon 5ème Compagnie à Grenoble Ysère

Je vous dirai qu’étant à Chambéry j’ai rencontré le camarade Garnier de Niort qui sort de mon ancien régiment, ce qui fait que le temps ne dure pas trop, et qu’il est en bonne santé. »

Passant, souviens-toi… monuments commémoratifs à Bressuire et Poitiers

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue lointaineComme pour la première semaine du mois de mai 2013, je vous propose une nouvelle semaine avec des articles quotidiens consacrés à des monuments aux morts ou lieux de mémoire à la résistance, aux déportés ou à des personnages marquants de ce conflit, avec une exception pour vendredi, la bande dessinée concerne la Première Guerre Mondiale. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le site de l’AJPN / Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France.

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue rapprochéeJe commence par une série de stèles commémoratives situées en Poitou-Charentes. La première se trouve à Bressuire, presque en face de la gare (photographies d’octobre 2012). Elle est dédiée  » A la mémoire de la communauté juive de Bressuire / disparue dans le camp de concentration nazi d’Auschwitz, 1942-1944″ ainsi que le nom des 17 victimes classées par ordre d’âge décroissant:

Spira Georges 58 ans, Cerf Raymond 50 ans, Goldblat Rinem 48 ans

Goldblat Liba 47 ans, Rotztejn Minka 45 ans, Cerf Mathilde 45 ans, Rotztejn Isaac 40 ans

Narcys Mordka 41 ans, Goldstein Hermann 40 ans, Narcys Nora 40 ans

Grunsu Ac Rosa, 22 ans, Cerf Rebé 20 ans, Spira Jacqueline 19 ans, Spira Nelly 12 ans

Rotztejn Félix 11 ans, Zangier Jeanine 10 ans, Rotztejn Sammy, 9 ans

A Bressuire, vous pouvez aussi revoir le monument aux morts de 1870.

A Poitiers, trois plaques sont apposées dans un couloir du lycée Victor Hugo (d’où l’on peut voir la Tête de jeune fille de Couvègnes). Je vous en ai parlé récemment lors de la venue à Poitiers de Marthe Cohn, née Hoffnung. La plus ancienne est dédiée aux professeurs:

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaque commémorative de deux professeurs victimes de la deuxième guerre mondiale

Collège moderne et technique / de jeunes filles de Poitiers / Professeurs victime de la guerre 1939-1945 / Alice Bonneau Lieutenant F.F.C. [médailles militaires] déportée résistante décédée à Ravensbruck en mars 1945 / Madeleine Vergeau victime du bombardement du [2 effacé] 13 juin 194[0 effacé]4.

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaques commémoratives pour les élèves victimes de la deuxième guerre mondialeLes plus récentes sont dédiées aux élèves:

A la mémoire / des élèves juives de ce lycée / déportées et assassinées à Auschwitz / 1942-1944 / plaque commémorative apposée le 27 mai 1993

La liste des victimes classées par ordre alphabétique a été ajoutée récemment

Yvette Achache, seize ans / Myriam Bloch, six ans / Myriam Holz, neuf ans / Paulette Iachimowitc, neuf ans / Odette Kahn, seize ans / Suzy-Eva Schaechter, quatorze ans / Plaque commémorative apposée le 26 avril 2005 / dans le cadre du centenaire du lycée Victor Hugo / et du soixantième anniversaire de la libération des camps

Monument commémoratif du stade poitevin à PoitiersAu stade poitevin se trouve également un monument commémoratif du décès du rugbyman Joffre Laurentin le 12 mai 1935 (un talonneur étudiant alors âgé de 20 ans, victime d’une fracture des vertèbres cervicales suite à un choc), sous lequel se trouve une stèle avec le nom des victimes sportifs de la première et de la deuxième guerre mondiale. Le grand bâtiment rouge à l’arrière est la patinoire juste rénovée. Voici le relevé des textes:

« Le stade poitevin à la mémoire de / Joffre Laurentin / tombé au cours du championnat de / France de rugby le XII mai MCMXXXV »
« A la mémoire / des membres du stade poitevin / morts pour la France
1914-1918 Aubier Maxime / Bernard Marcel / Boyer Pierre / Chevalier Hubert / Fouquet Camille / Lagorce Edouard / Lavaud Maurice
Lavergne Pierre / Martin Léopold / Marzan Camille / Raissac Henri / Rodrigo Henri / Royer René / Thuet Célestin / Wicker Marcel
1939-1945 Berger André / Clercy Raoul / Darres Henri / Fleury Raoul / Gendrault Pierre / Lavigne Marcel / Pavaillon Pierre
1935 – 1985. Anniversaire cinquantenaire, les anciens du stade poitevin (26 avril 1986) ».

Il y a d’autres monuments commémoratifs à Poitiers (université, gare, églises, cimetière de Chilvert, parc de la roseraie, monument de la déportation à Blossac, à la prison), je les réserve pour d’autres articles, j’ai aussi déjà parlé de ceux-ci:

Photographies d’octobre 2012 (Bressuire), septembre 2011 (lycée de Poitiers) et avril 2014 (stade poitevin).

L’art dans la ville de Niort : Richard Texier et Erik Dietman

Niort, l'oeuvre d'Erik Dietman près de l'hôtel de ville, vue de loin

Plusieurs œuvres d’art contemporain égayent la ville de Niort. Juste à côté de l’hôtel de ville (que l’on voit sur la gauche de cette photographie) se trouve Ni bois, ni ronce, ni or, bronze pour Niort, créé en 2000 par Erik Dietman (1937-2002).

Niort, l'oeuvre d'Erik Dietman près de l'hôtel de ville, deux vues rapprochées

Elle est composée d’un socle de granite et d’un assemblage d’objets de la vie quotidienne (arrosoir, échelle, etc.) assemblés puis moulés et fondus en bronze.

Niort, espace Saint-Vaize rue Saint-André, l'entréeDans l’espace Saint-Vaize, rue Saint-André à Niort, restauré et réhabilité il y a quelques années par l’architecte Milou après une étude d’archéologie du bâti, a reçu au milieu de la cour une œuvre de Richard Texier, artiste né à Niort en 1955.

Niort, espace Saint-Vaize rue Saint-André, Cosmos de Richard TexierEn bronze, elle a pour titre Cosmos (dans la série hybrids) et a été mise en place en 2005, lors de la rénovation de cet espace. Un gros anneau plat avec au-dessus un oiseau, lui-même surmonté dans le creux de son dos d’un mince anneau plus petit.

Photographies de juillet 2011.

Niort, l’église Saint-André

Niort, église Saint-André, 1, la façade occidentale Sur la colline de Niort existait une église romane dont il ne reste que quelques vestiges… au musée Bernard d’Agesci (installé dans l’ancien lycée de jeunes filles). Modifiée et agrandie à l’époque gothique puis à la Renaissance, l’église est dévastée par les protestants lors des guerres de religion en 1588. Louis XIV et de Madame de Maintenon décident de financer sa reconstruction au 17e siècle. Après avoir servi de temple de la raison (temple de la montagne) sous la Révolution, puis magasin de fourrages pendant les guerres de Vendée, au milieu du 19e siècle, elle menace ruine. La reconstruction (radicale et presque complète, seules deux chapelles de 17e siècle échappent aux travaux) commence en 1855 et dure presque dix ans sous la direction de l’architecte (dont je vous ai déjà parlé pour l’église Saint-Hilaire, la préfecture des Deux-Sèvres, le palais de justice et la prison), qui choisit le style néo-gothique. Les travaux sont financés par des dons et pour un sixième par la ville de Niort (et oui, nous étions avant la séparation des églises et de l’État).

Niort, église Saint-André, 2, le portail occidental ouvert La façade est surmontée de deux flèches. Au-dessus du portail, sur un fronton à pinacle (pas de tympan ici) a pris place un haut-relief sculpté.

Niort, église Saint-André, 3, le Christ encadré de saint André et saint Pierre sur le portail Sur des nuées, au centre, le Christ est assis sur son trône. De sa main droite, il bénit le passant… et saint André agenouillé et portant sa croix. De sa main gauche, il tend les clefs à saint Pierre, également agenouillé.

Niort, église Saint-André, 4, les statues des saints Pierre et Paul à l'entrée de l'église Quand on entre dans l’église, on est accueilli par deux statues de saints.

A gauche, saint Paul porte un parchemin et s’appuie sur une épée, avec l’inscription Doctor gentium sur le socle, cela vient d’un texte de l’alleluia: Petrus apostolus et Paulus doctor gentium.

A droite, saint Pierre portant ses clefs de la main gauche et un livre (évangile) de la main droite, est qualifié de Claviger Coeli, le porteur de clef céleste.

Je n’ai pas pris de photographies du mobilier ni des peintures murales du chœur et du transept de , peintre niortais dont je vous ai aussi parlé pour l’église Saint-Hilaire.

Niort, église Saint-André, 5, le chevet Au chevet, la taille du transept et des chapelles semble disproportionnée par rapport au chœur. En haut du mur pignon se tient une statue de saint André.

Les photographies datent de mi juillet 2011.

Comment on fait des bébés? A poil, au Moyen-Âge aussi!

Extrait de centre Presse avec une coquille autour de Copé et Tous à poilComme annoncé jeudi et samedi derniers, aujourd’hui, je vais vous présenter du « dur » pour rebondir sur  Tous à poils, de Claire Franek et Marc Daniau, aux éditions du Rouergue… Même si, si j’en crois la presse locale et comme je vous l’ai déjà montré (c’est même repris dans les perles de la presse du Canard Enchaîné du 19 février 2014), M. Copé est pour, finalement. Lu dans Centre presse du 13 février 2014 (la photographie ci-dessus): « L’UMP a pris mercredi la défense de son président Jean-François Copé, objet de vives critiques après sa dénonciation du livre Tous à poil, qu’il a recommandé [sic] pour les classes primaires ».

[Canard enchaîné, petites perles, édition du 19 février 2014 avec reprise de Centre pressePS: signalé au Canard Enchaîné, qui l’a repris, édition du 19 février 2014!]

Avant d’attaquer le sujet, je voudrais vous conseiller l’article recommandé hier par Philippe, la vision en bande dessinée du sexisme ordinaire par Lili aime le nougat. Je rappelle aussi aux imbéciles qui seraient tentés de s’attaquer aux sculptures qui suivent qu’elles sont protégées au titre des monuments historiques et que toute dégradation peut les envoyer en prison.

Scène d'accouplement, sculpture romane de la façade de l'église Saint-Savinien à Melle, Deux-Sèvres Direction tout d’abord pour Melle, dans les Deux-Sèvres, avec la façade de l’église Saint-Savinien, en centre-ville, à côté de l’ancien château (devenu hôpital) et de l’hôtel de Ménoc. Ce n’est pas l’église la plus célèbre des églises romanes de Melle où les églises Saint-Hilaire et Saint-Pierre sont sans doute plus visitées, mais elle vaut le détour. Quand elle est ouverte au public, n’hésitez pas à entrer, vous verrez entre autre un beau chapiteau sur l’histoire de saint Savinien.

La façade et la nef de l’église Saint-Savinien datent de la deuxième moitié du 11e siècle (le transept et chevet sont un peu plus récents, du 12e siècle). La sculpture qui nous intéresse se trouve en façade. Il s’agit d’une métope qui représente une scène explicite d’accouplement. L’homme et la femme, tête contre tête, sont en position assise, la femme à gauche, grassouillette, tient l’épaule du monsieur (plus svelte) dont le sexe est bien visible et engagé entre ses cuisses.

Homme nu avec sexe proéminent, sculpture romane de la façadeSi on se déplace un peu plus à gauche de la façade, une autre métope montre un homme nu, allongé sur le ventre, sexe bien visible aussi…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue largeIl y a beaucoup d’autres scènes de ce type dans l’art roman, pas seulement de chastes Adam et Eve ou des femmes dénudées pour symboliser la luxure, je vous en montrerai d’autres un de ces jours… En attendant, avançons un peu dans le temps, vers la fin de l’époque gothique, au sud de la Vienne, à Payroux. Nous voici à l’intérieur de l’église Notre-Dame, de quoi se réconcilier avec la messe si on s’y ennuie…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue rapprochéeComment ça, vous ne voyez rien? On s’approche, désolée pour la qualité de la photographie, en intérieur, mon appareil photo ne fait pas toujours bien le point… Bon, pas facile pour un sculpteur de bien montrer ces scènes. L’homme et la femme sont allongés sur le dos, sexe contre sexe au centre du chapiteau et tête vers l’extérieur, la femme à gauche et l’homme à droite. La femme, seins nus et tête sur un oreiller, semble passive, les bras levés. L’homme, tête tendue vers l’arrière, semble plus actif et lui tient fermement les jambes écartées de chaque côté de son corps à lui. Aucun doute sur la nature de leur relation, là aussi, le sexe de l’homme est bien engagé dans celui de la femme, ses jambes à lui sont repliées vers le haut. Position inconfortable et peu réaliste, il s’agissait plus de montrer l’acte. Alors, Tous à poil, même à l’église???

Photographies de 2010.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, absidiole du transept sud, métope avec la lutte finale et un obscenaPS: et les animaux aussi peuvent avoir des érections dans l’art roman… Voir ou revoir la lutte finale et un obscena sur une absidiole du transept de l’église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers.

Le collège / lycée Fontanes à Niort

Niort, le collège Fontanes, 1, l'entrée et la date 1861

Alors que le lycée Jean-Macé  (aujourd’hui musée Bernard d’Agescy) était le lycée de jeunes filles (inauguré en 1886), les garçons niortais avaient eu droit bien plus tôt à un enseignement laïque au lycée Fontanes. Voici un résumé de l’enseignement secondaire à Niort. En 1792, la suppression de l’ordre des oratoriens entraîne la fermeture du collège des oratoriens. Les bâtiments servent alors à l’école centrale des Deux-Sèvres de 1796 à 1802. Le 7 juin 1802, un arrêté municipal de Niort établit une école secondaire, aux frais de la commune. Cette école secondaire est transformée en collège municipal en 1808. De 1808 à 1858 verront les lieux s’agrandir, mais en 1857, une visite signale que le collège est dans « un état de ruine imminente ». En 1858, le collège municipal de Niort est transformé par décret en lycée impérial. En 1859 (et non 1869, comme je l’ai lu dans plusieurs documents), un terrain est acheté par la municipalité au nord de la place de la Brèche pour y construire le lycée et l’église Saint-Hilaire. Les plans sont dressés par Auguste Thénadey, qui a succédé en 1835 à son père Matthieu au poste d’architecte de la ville de Niort (Matthieu Thénadey y a notamment réaménagé, à la fin des années 1810, le système hydraulique au moulin du Pissot). En août 1861 (date portée sur le portail d’entrée), par décret, le lycée prend le nom de Fontanes juste avant d’ouvrir ses portes aux jeunes gens…

[Jean Pierre] Louis de Fontanes, écrivain, était né à Niort en 1757 (il est mort en 1821). Sous le Premier Empire, il est député en 1802, membre de l’Académie française en 1803, membre du Corps législatif en 1804 (il en devient président en 1805), premier Grand maître de l’Université en 1808, il crée les lycées, sénateur en 1810. Mais dès la chute de Napoléon, il rallie la royauté et prononce un discours en faveur de Louis XVIII. Nommé comte de l’Empire en 1808, il est fait marquis par Louis XVIII en 1817!

Niort, le collège Fontanes, 2, vue de la rue du 14 juillet Partons à la découverte du bâtiment. Sur la rue du 14 juillet, il ne paye pas trop de mine…

Niort, le collège Fontanes, 3, angle de la rue Barra er de la rue Paul François Proust … un peu de verdure à l’angle de la rue Barra et de la rue Paul-François-Proust.

Niort, le collège Fontanes, 4, la chapelle

De ce côté là se trouve l’ancienne chapelle. La fermeture des ouvertures par du pastique pour éviter l’entrée des oiseaux (enfin, c’était comme ça au moment de ces photographies prises en juillet 2011) n’est pas très réussie…

Niort, le collège Fontanes, 5, le cercle laïque situé à proximité, rue du 14 juillet Juste à côté à été construit en 1931 le patronage laïque… qui dans d’autres villes s’appelle le cercle laïque, chargé de donner des loisirs aux jeunes en concurrence aux patronages catholiques…

Pour en savoir plus : sur Louis de Fontanes, voir dans le bulletin de l’AMOPA (association des membres de l’ordre des palmes académiques), section des Deux-Sèvres, n° 17 (2005-2006).

Photographie de juillet 2011.

Une Vierge à l’Enfant de Baptiste Baujault à Niort

Niort, la Vierge de Baujault, 1, la maison avec la statue Sur une maison qui porte la date de 1840 située rue Saint-jean à Niort, juste en face de l’ancienne école de dessin se trouve une Vierge à l’Enfant réalisée entre 1840 et 1845 par (Jean) (je vous en ai parlé pour le monument à Amable Ricard).

Niort, la Vierge de Baujault, 2, vue de face Marie est représentée debout, portant une longue robe recouvert d’un large voile qui lui couvre légèrement la tête. Jésus est représenté nu tenant dans ses mains un globe.

Niort, la Vierge de Baujault, 3, détail de face et de profil

De près, on voit mieux le mouvement de la Vierge qui tient l’Enfant d’une manière un peu curieuse, la main gauche sous les fesses et la droite sous les pieds. Pour un nourrisson, il se tient déjà bien, !

Pour en savoir plus : lire les articles de Marie-Paule Dupuy, « À mon ami Baujault (1828-1899), sous le charme d’un sculpteur des Deux-Sèvres », Le Picton. Histoire, patrimoine, tourisme en Poitou-Charentes, n° 173, septembre-octobre 2005, p. 42-48 et « Baptiste Baujault, artiste statuaire La Crèche (Deux-Sèvres) : 19/04/1828 – 27/11/1899 », Revue Aguiaine, mai-juin 1999.

Photographies de mi juillet 2011.

Un relief médiéval à Niort: Mélusine, luxure ou autre?

Niort, bas-relief médiéval, femme, peut-être la Luxure, vue lointaine et rapprochéeDans un ancien couvent rénové en logements d’étudiants près de la place Chanzy (donc à proximité immédiate de l’antenne universitaire située dans les anciennes casernes Du Guesclin) se trouve un relief sculpté en remploi dans la façade sur cour. Ce bas-relief est souvent présenté comme la fée Mélusine, emblème de la famille de Lusignan au 13e siècle. Je ne suis pas très convaincue par cette interprétation. Mélusine est une variante de sirène-poisson. Nous avons ici une femme debout vêtue à la mode romane (11e/12e siècles) avec de très larges manches.

Niort, bas-relief médiéval, femme, peut-être la Luxure, détail de la tête et des serpentsElle est encadrée de deux serpents dont les têtes viennent lui mordre les cheveux. L’association d’une femme et de deux serpents fait plutôt penser à la luxure, mais cela ne colle pas non plus, dans les luxures, les serpents mordent plutôt les seins de la femme, et celle-ci est souvent montrée sous des traits grotesques ou lascive, pas comme cette femme debout bien sagement et richement vêtue.

Photographies de juillet 2011.

Un relief en hommage à Sauquet-Javelot par Pairault à Niort

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 1, la façade de la maison Au n° 50 de la rue de Paris à Niort se trouve un relief sculpté que peu de monde semble regarder au passage…

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 2, le relief C’est dommage, c’est une œuvre d’une grande qualité de sculpture, même si le thème peut sembler aujourd’hui étrange… pas de problème pour l’identification du sujet, c’est écrit dessus : « élevé par souscription en 1903 / A. Sauquet-Javelot ».

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 3, la signature de Pairault Pas difficile non plus d’identifier le sculpteur, son nom est écrit en bas à gauche : « A. Pairault sculp[teur] ». Il semblerait que le sculpteur Alphonse Pairault avait son atelier justement au 50 avenue de Paris, adresse où se trouve le relief. Il travaillait le bois, le marbre et le calcaire.

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 4, la signature de Bouneault Et en bas à droite, on trouve le nom de l’architecte, « A. Bouneault arch[itecte] ». Il s’agit d’Arthur Bouneault, dont on trouve aussi la signature sur un immeuble rue de la gare aussi à Niort (je vous renvoie à l’article précédent pour des précisions sur cet architecte, voir deux maisons rue de la gare).

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 5, le médaillon sculpté Le monument comprend deux parties, un médaillon sculpté en haut et un haut relief en bas. Il rend hommage à Jean-Baptiste Sauquet (Niort, 1763 – Niort, 1838), dit Sauquet-Javelot (en référence au montfortain Javelot, mort en 1797, dont Sauquet répétait les prédications). Jardinier de métier, il portait secours aux indigents et aux sans-abri. Sur le médaillon, on voit le profil gauche de cet homme déjà âgé, ridé, le front dégarni mais les cheveux longs.

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 6, le relief sculpté

La scène du relief représente un intérieur de maison, avec les poutres du plafond, la cheminée et sa crémaillère (et le crucifix au-dessus), les armoires, et deux groupes de personnages.

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 7, la partie gauche du relief

Dans la partie gauche, Sauquet (avec le même profil que sur le médaillon) apporte une soupière sur la table. Autour de celle-ci, des femmes (les jeunes avec un enfant sur les genoux, les vieilles avec une canne et un voile de veuve) sont assises alors que les hommes sont debout, chapeaux sur la tête ou à la main.

Niort, le relief de Sauquet-Javelot par Pairault et Bouneault, 8, la partie droite du relief Dans la partie droite, deux hommes assis (l’un avec une canne) se chauffent devant la cheminée, quatre adultes (dont une femme avec une coiffe traditionnelle portant des pains dans un plat, une autre femme tenant un bébé dans ses bras) et un enfant plus grands que les autres se tiennent debout.

Pour aller plus loin : il est assez facile de trouver la plaquette d’une trentaine de pages publiée en 1902 pour aider à la souscription, Sauquet-Javelot, Le Père Des Pauvres. (1763-1838), par Henri Clouzot.

Photographies de mi juillet 2011.

Itsik de Pascale Roze

pioche-en-bib.jpgCouverture de Itsik de Pascale RozeUn livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : Itsik de Pascale Roze, collection bleue, éditions Stock, 2008, 119 pages, ISBN 9782234059764.

L’histoire : en 1904 à Varsovie naît Itzhak (Itzik) Gersztenfeldest, le petit dernier d’une famille nombreuse. Une enfance dans le quartier juif, adolescent, il tombe amoureux de Maryem mais part rejoindre son frère Yossel à Berlin, qui y a monté une petite entreprise de confection, lui fait abandonner le yiddish et apprendre l’allemand avec l’aide de la première ouvrière, Katia. Le jour où il apprend que son frère veut les marier, il se révolte, fuit en France en s’embauchant dans une mine, avant de rejoindre Paris, où il pourra enfin faire venir Maryem… mais tout se gâte en 1941.

Mon avis : ce livre montre la vie d’un juif polonais qui va aller de Varsovie à Paris en passant par Berlin et la mine à Bruay-en-Artois. L’ascension sociale, avant la tentative d’engagement volontaire dans l’armée polonaise, avec une errance qui va le mener à Airvault, Toulouse, Libourne. La soumission aussi de cet homme qui, interné au camp de Pithiviers, réussi à obtenir un laisser-passer pour aller voir sa femme malade à Paris, par deux fois, et n’en profite pas pour s’enfuir (il réussit quand même à faire mettre ses enfants à l’abri à Montihou-sur-Bièvre), rentre docilement se mettre dans la gueule du loup, déporté finalement à Auschwitz en 1942 (convoi du 24 juin), où il est immédiatement éliminé. Un texte court à découvrir si vous le trouvez…

Pour aller plus loin : il faudra que je vous reparle du camp de Velluché à Airvault dans les Deux-Sèvres, qui, après avoir reçu le gouvernement polonais en exil, est devenu un Fronstalag (n° 231, sur lequel la ville communique à peine)… Sur ces camps d’internement allemands des étrangers indésirables, vous pouvez (re)lire mon article sur le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges à Poitiers.

Sur des sujets voisins, suivre les liens des mots-clefs en fin d’article ou voir:

Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay de Kkrist Mirror

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

– Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours de Charlotte Delbo

Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik

Éducation européenne de Romain Gary

–  Le wagon d’Arnaud Rykner