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Poitiers, décapage du monument aux morts, la presse en parle…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

Suite au décapage violent et intempestif de la patine du monument aux morts de 1870-1871, qui avait déjà perdu ses grilles, la presse et les blogs en parlent, la mairie reconnaît une « erreur d’appréciation » et promet de réparer, je dirais restituer, parce que la patine du 19e siècle qui a été décapée ne pourra guère être que refaite et ne sera plus la patine d’origine. Si des articles m’ont échappé, n’hésitez pas à me signaler, je l’ajouterai ici… PS: Sa restauration a commencé en juin 2012. Il est désormais restauré.

En attendant, la ville étudie une manière de réparer les dégâts. Si elle pouvait aussi étudier la possibilité de remettre une partie des grilles et du muret, au moins au sud et à l’est du square, comme suggéré dans un précédent article il y a quelques semaines, cela serait enfin une bonne nouvelle… Et si en plus on pouvait retrouver le niveau de sol d’origine (à la base du socle encore sale que l’on voit sur les photographies ci-dessus, ainsi qu’on peut le voir sur des cartes postales anciennes), cela serait encore mieux… Et pourquoi pas rêver à quelques aménagements paysagers et fleuris à la place ou en bordure des pavés?Comme l’a justement souligné Didier Rykner dans La Tribune de l’Art, « Cet ensemble constituait dans son intégrité, et évidemment in situ, une œuvre d’art ».

Et pour en savoir plus sur ce monument et le square de la République (projet global d’Édouard André, monument de Jean-Camille Formigé, soldat en bronze de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, inauguré en 1895), il y a toujours les articles de Grégory Vouhé, Edouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Venons-en à la revue de presse de ces derniers jours…

La Tribune de l’Art

– article de Didier Rykner, 23 février 2012, Des « restaurations » décapantes à Poitiers

– droit de réponse de la mairie de Poitiers, 23 février 2012 (conteste l’atteinte aux grilles il a quelques mois), Droit de réponse sur l’article Des « restaurations » décapantes à Poitiers

– réponse au droit de réponse de Didier Rykner, 23 février 2012, Réponse au droit de réponse de la Mairie de Poitiers

France 3 Poitou-Charentes

– Reportage du 23 février 2012, 19/20 (le reportage n’a pas fait l’objet d’un isolement, charger le 19/20 Poitou-Charentes du 23 février, le reportage est de environ 11 minutes 17 à 13 minutes 05)

La Nouvelle République

– premier signalement le 22 février 2012, le zouave du square passé au Karcher

– article du 23 février 2012, de Marie-Catherine Bernard, La bévue de la Ville au square de la République

– article du 24 février 2012, de Marie-Catherine Bernard, La Ville veut réparer son erreur

– article du 10 mars 2012, de Jean-Michel Gouin, La Ville a-t-elle une culture du patrimoine ?

– article du 10 mars 2012, de Marie-Catherine Bernard, Bronze : nettoyer n’est pas décaper…

Centre Presse

– la une et un article le 23 février 2012 (je mets les liens, mais les articles de Centre Presse ne sont en accès libre que le jour de leur parution…), de Élisabeth Royer, le nettoyage trop violent du soldat fait scandale

Au fil des blogs…

– Coccinelle Poitiers : article du 24 février 2012, Poitiers ville d’arts et d’histoire, mais surtout dans l’art des histoires, avec un récapitulatif de tous les ratés de ces derniers mois…

– Adane (archéologie poitevine) : article du 23 février 2012, Poitiers (86) saccage ses bronzes et ses parcs

– La bataille de Poitiers, une vision humoristique, article du 24 février 2012 : Pression sur la Ville

– chez moi, article du 22 février complété le 23 février 2012 : Poitiers, de l’effet du kärcher sur un monument en bronze

Défi photo de Bidouillette, un carnaval de couleurs

Défi photo, février 2012, carnaval de couleurs, 1, barrières de chantier Pour cette semaine de carnaval, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous a proposé de photographier des couleurs ou le carnaval… Bon, je préfère éviter les photographies avec des personnes qui n’auraient pas donner leur accord… Du coup, voici un peu de couleur en ville à Poitiers, même si ce n’est pas facile de trouver des choses très colorées… Je commence par les barrières qui ferment l’accès à l’ancienne passerelle des Rocs, les grues sont arrivées, sa démolition va commencer, avec une grosse pagaille annoncée la semaine prochaine, du 27 au 29 février 2012, le boulevard et le parking Toumaï seront fermés… Il y aura un week-end de pagaille côté train en mai, les dates ne sont pas encore confirmées, mais la circulation des trains sera interrompue pour permettre l’enlèvement des travées centrales qui passent au-dessus des voies. Ensuite commencera la construction du viaduc, ouvert aux piétons, vélos et bus ) haut niveau de service…

Défi photo, février 2012, carnaval de couleurs, 2, parking Toumaï En parlant du parking Toumaï (à revoir dans le quartier de la gare rénové), il a aussi des étages colorés… Dimanche, j’ai oublié mon appareil photo chez moi… Ben oui, Monique / Bidouillette / Tibilisfil a dit de vérifier les piles, la carte mémoire, etc… mais pas de vérifier que l’APN était bien remis dans sa pochette!

Défi photo, février 2012, carnaval de couleurs, 3, coeur d'agglo en juin 2011, rue Claveurier Du coup, je vous ai mis un petit florilège de barrières colorées… Rue Claveurier à Poitiers en juin 2011…

Défi photo, février 2012, carnaval de couleurs, 4, coeur d'agglo en juin 2011, place d'Armes … ou sur la place d’Armes en avril ou mai 2011, en tout cas, avant sa ré-ouverture le 21 juin.

Si vous voulez voir d’autres barrières colorées, je vous renvoie à mon article sur le concours de travaux publié début août 2011, avec comparaison de Poitiers, Tours, Niort et les Sables d’Olonne…

Poitiers, de l’effet du kärcher sur un monument en bronze… Suite

Poitiers, le monument aux morts de 1870, vu après le kärcher le 21 février 2012

Voir en fin d’article, le complément du 22 février 2012

21 février 2012, le constat des dégâts

Il s’est passé un étrange phénomène aujourd’hui à Poitiers… Ce matin, je suis passée devant monument aux morts de 1870-1871, celui qui il a quelques mois a perdu ses grilles. Le soldat est une œuvre de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, le square et les autres bronzes de Jean-Camille Formigé, les grilles de Édouard André, inauguré en 1895. Le monument est cerné depuis quelques semaines par de dangereux terrassements (voir la deuxième photographie, prise le 27 janvier 2012). Ce matin (21 février 2012), je suis passée devant en allant au travail… vers 8h15. Bizarrement, il faisait l’objet de terrassements, et je me suis dit tiens, l’archéologue qui suit les travaux n’est pas là, j’espère qu’il n’y aura pas de découverte archéologique, et qu’il passera pour relever le niveau d’origine du monument…

Puis j’ai passé la journée en Charente… Au retour, je croise en ville un ami, il me dit que dans la journée, le monument a été passé au Kärcher (pardon, le nom est déposé, au nettoyeur haute pression) sablé, que la patine ancienne verte a été enlevée… Vers 20h15, je passe devant (d’où la photo pas terrible, j’en reprendrai d’autres demain à la lumière du jour). Le nettoyage n’est pas complet, vous devinez la partie gauche encore verte. Mais qui a pu l’idée saugrenue de faire cela? Les bronzes du 19e siècle étaient en général patinés à leur sortie de la fonte (dans des cuves avec des mélanges bizarres, comprenant souvent de l’urine, de la bouse, etc.), de manière à obtenir une légère attaque de la surface et la patine verte. Maintenant, nous avons un truc moitié bronze clair, sans aucune protection contre les atteintes de la météo, et surtout qui a perdu sa patine d’origine qui fait partie intégrante de l’œuvre, était contrôlée par le fondeur et le sculpteur. Le nettoyage de ces pièces ne peut se faire que par des restaurateurs spécialisés… Donc pour l’instant, nous avons l’écu avec la dédicace fichue (enfin, sans doute récupérable, mais avec une vraie expertise et un travail de professionnels de la restauration des bronzes), et un soldat qui a à moitié perdu sa patine d’origine, je ne vois pas comment cela peut être rattrapé…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le kärcher, le 21 février 2012 dans l'après-midi Edit de 22h: cet après-midi, en allant voir le carnaval, Dalinele lui a trouvé une mine bizarre et l’a pris en photo… Voici sa photographie prise dans l’après-midi (21 février 2012), publiée avec son autorisation (et sur son blog, son reportage sur le carnaval). On voit mieux de jour l’étendue des dégâts…

Pour comparaison, je vous mets quelques photographies « avant » que je vous ai déjà montrées… ou pas.

Poitiers, le monument aux morts de 1870, photographie du 27 janvier 2012

Voici donc le square vu fin janvier 2012, les grilles ont été massacrées depuis plusieurs semaines, et il a fait l’objet d’un curieux dégagement, avec une tranchée peu profonde tout autour…

Poitiers, monument aux morts de 1870, 2, le soldat

Et maintenant, voici le soldat tel qu’il était encore ce matin, même si cette photographie date d’avant le lancement de l’opération Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…,

Poitiers, monument aux morts de 1870, 6, le haut

Et puis voici la dédicace sur l’écusson, avant son « nettoyage » radical! Les palmes et autres branches au-dessus ont aussi subi le même « traitement ».

Affaire à suivre… je vais essayer de savoir si ces travaux ont été autorisés par l’architecte des bâtiments de France (le monument en lui-même n’est pas protégé, mais nous sommes en secteur sauvegardé), si la ville a contacté au préalable des restaurateurs agréés d’œuvres d’art, et si c’est une entreprise spécialisée qui est intervenue (quoique là, je pense connaître la réponse, aucun risque qu’une telle entreprise ait pu faire un tel massacre)…

22 février 2012, le massacre s’est poursuivi

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

Le massacre s’est poursuivi dans la journée, malgré les rumeurs selon lesquelles le sablage – car il s’agit carrément d’un micro-sablage et non d’un passage au kärcher – était suspendu. La preuve en image, à gauche, photo prise à 08h05, le bras et le genou droits du soldat (à gauche quand on regarde) son encore indemnes. Remarquez au passage le tuyau laissé par les ouvriers dans la main tendue du soldat, cruelle ironie… La photo de droite a été prise en fin d’après-midi, à 17h30. La patine qui restait encore le matin a été définitivement détruite!

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05, 2

Voici d’autres détails de ce matin, aucun élément du monument n’a échappé à la sableuse, mais je ne sais pas si c’est bien visible, les oxydes de cuivre ont été en partie dilués dans l’eau et la pierre a pris une teinte verdâtre…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février à 8h05, 3, le matériel

Et voici le coupable, matériellement sur le terrain, le compresseur signé de l’entreprise Dumuis (peinture et ravalement de façade, rien à voir avec une entreprise de restauration d’œuvres d’art), la sableuse et le sac de mélange pour l »hydro-gommage » (sablage, quoi… soyons clairs!).

En revanche, je n’ai pas réussi à savoir qui avait pris la décision de ces travaux.

PS : Sa restauration a commencé en juin 2012.Il est désormais restauré.

Un précédent qu’il n’aurait pas fallu laisser passer… la Jeanne d’Arc de Real del Sarte

Poitiers, Jeanne d'Arc de Real del Sarte, plaque après sablage et reprise de corrosion, fév 2012 Nous aurions tous dû être plus vigilants, il y a environ deux mois, la plaque de bronze du monument de Jeanne-d’Arc par Maxime Réal del Sarte (1929) dans le square des Cordeliers (je vous ai parlé de ce monument ici dans cet article sur la statue et la plaque en bronze) a subi le même traitement, Arnaud Clairand l’avait signalé à la mairie, mais c’était resté sans suite… Comme la statue elle-même avait été épargnée, les dégâts sont moins importants, mais c’était peut-être un test grandeur nature? Dans ce cas, cela montre qu’enlever la patine ancienne sans remettre de patine ni de vernis de protection est une absurdité: vous voyez tous les points verts sur la photo? C’est la reprise de corrosion!!! Si rien n’est fait rapidement, le monument aux morts de 1870 sera très vite dans le même état, avec des points verts qui apparaîtront en quelques semaines puis une corrosion généralisée verte (des oxydes de cuivre qui vont migrer du bronze), et il a définitivement perdu sa patine d’origine, qui l’avait protégé pendant 117 ans…

Poitiers, Jeanne d'Arc de real del Sarte, plaque avant et après sablage Et pour mémoire, cette plaque de bronze avant (en 2010) et après traitement (photo du 22 février 2012)…

Poitiers, Jeanne d'Arc de Real del Sarte, monument avant et après sablage

… et le monument en entier, idem, à gauche en 2010 et à droite le 22 février 2012.

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Poitiers, les sculpteurs actuels n’ont pas le compas dans l’oeil…

Poitiers, balcon rue Charles-Gide, problème de restauration Le centre-ville de Poitiers est en pleine restauration, nettoyage de façade etc. dans le cadre de l’opération Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille… Certaines sont bien menées, d’autres montrent que les sculpteurs d’aujourd’hui, même ceux relevant d’entreprises agréées pour les monuments historiques, font du travail un peu approximatif.

Je commence par un balcon de la rue Charles-Gide. Bon, la façade de cette maison n’est pas encore restaurée, mais la console gauche du balcon devait être restaurée… Voici le résultat… De loin, les deux consoles se ressemblent…

Poitiers, balcon rue Charles-Gide, problème de restauration, 2, détail

… mais de près, ce n’est pas tout à fait ça… Il faut faire abstraction de la crasse à droite, mais les nervures des feuilles, leur forme dans le détail des courbes (surtout pour la feuille du haut), ce n’est pas vraiment ça… Bon, nous sommes ici sur un petit immeuble privé, de loin, ça passe, mais faire une copie correcte n’est pas plus cher…

Poitiers, banque populaire, 1, sur une carte postale ancienne

Passons maintenant sur la place Leclerc (place d’Armes), devant l’hôtel de ville. Une place que vous commencez à bien connaître, je vous y ai déjà montré la verrue du Printemps (fermé depuis un mois) et le grand magasin qui l’a précédé, l’ancien théâtre et l’ancien cercle du commerce. Aujourd’hui, on part juste en face de ce dernier, l’ancien cercle littéraire, qui est aussi occupé aujourd’hui par une banque… Un cercle qui n’a pas eu les moyens de mettre de la sculpture (que l’on trouve aussi un peu plus loin sur l’ancien cercle industriel), mais qui a soigné le langage architectural, en jouant sur les cannelures, les consoles, etc.

Poitiers, banque populaire, 2, la façade avant et après nettoyage

Voici la façade sur la place, avant et après restauration (au passage, vous y voyez un des poiriers de Chine, essence tout à fait locale choisie par la ville pour ce coin de la place)…

Poitiers, banque populaire, 3, l'angle avant et après restauration

Et voici l’angle, avant et après restauration (mais la photo date d’avant la remise en place des enseignes…). La porte est maintenant en retrait et en ardoise…

Vous me direz, c’est mieux après, plus propre…

Poitiers, consoles de la banque populaire, 1, avant et après

… oui mais, si on regarde dans le détail, des consoles ont été refaites, complétées. Sous le balcon de l’entrée, ça passe à peu près… mais au-dessus de la porte latérale, ce n’est pas terrible. J’ai encadré en rouge la console sous l balcon, incomplète avant restauration et sa restitution actuelle. De très loin, ça passe…

Poitiers, consoles de la banque populaire, 2, détail de l'erreur du sculpteur

… de près, ce n’est pas terrible. En bas, entouré en vert, les anciennes consoles qui se trouvent à droite du balcon. Au milieu, à droite, la console d’origine, et à gauche, au bout de la flèche, la restitution. Si vous regardez bien, la forme des gouttes trapézoïdale est beaucoup trop large à la base, trop « mastoque », les petites gouttes touchent les grandes, les petits cercles intermédiaires n’ont pas non plus les bonnes proportions.Si vous regardez aussi la moulure (juste en-dessous de la flèche), elle est aussi trop large, trop haute… Pas terrible…

Cela choque moins au-dessus de la porte de l’angle, car il n’y a pas de comparaison originale, c’est entièrement du faux, mais ici où elles sont côté à côte, cela se voit d’autant plus… Du détail, me direz-vous. certes, mais ces travaux coûtent fort cher, pourquoi ne pas faire bien les choses, une sculpture bien copiée n’est pas plus chère qu’une mauvaise copie comme ici…

Bon, après tout, les gouttes sont trop larges, elles peuvent peut-être être retaillées à moindre frais? Mais la banque a rouvert, le chantier a dû être réceptionné comme « conforme » par son architecte…

Procès en appel des faucheurs volontaires d’OGM à Poitiers…

Janvier 2012, manifestation et stand lors du procès en appel des anti-OGM

Edit de 20h le 16 février 2012 : les faucheurs volontaires dont il est question plus bas, relaxés en première instance, ont été hélas condamnés en appel (voir plus bas…). Rendez-vous en cours de cassation?

Voici un long article sur un combat de longue haleine, loin d’être terminé, et qui demande une vigilance de tous les jours… L’article est long, mais j’espère que quelques-uns de mes lecteurs le liront en entier… et je reviendrai sans doute prochainement sur certains sujets, n’hésitez pas à suivre les liens.

Alors que le conseil d’État a annulé en novembre 2011 l’interdiction du maïs Monsanto 810 en France, des faucheurs volontaires ont détruit des semences prêtes à partir dans les champs sur un site de Monsanto dans l’Aube (voir l’article du Monde); le gouvernement a promis de reprendre un arrêté de moratoire avant les semis de printemps, cela reste toujours en attente… (il dit vouloir le prendre le plus tard possible),

… alors que wikileaks (télégramme 07PARIS4723 daté du 14 décembre 2007) a révélé une correspondance de l’ambassadeur des États-Unis en France prônant une riposte ferme au cas où la France suspendrait à nouveau l’autorisation des OGM en France (pour faire un exemple et éviter que d’autres Européens ne prennent les mêmes mesures),

…alors que BASF renonce aux recherches sur les pommes de terre OGM en Europe… car les organismes génétiquement modifiés (OGM) y sont trop mal vus (l’article du Monde),

… alors que les semences seront désormais taxées, et oui, plus le droit de faire ses propres semences (que l’on soit agriculteur ou même jardinier amateur!) en « lésant » les sociétés de biotechnologies qui ont tentent de mettre la main sur le génome et brevètent le vivant qui devrait être le bien de tous… même si vous faites vos semences, vous devez payer et cela sera reversé à ces firmes… (voir la loi n°2011-1843 du 8 décembre 2011 relative aux certificats d’obtention végétale, heureusement encore en attente de décrets, voir ici les article concernés dans le code de la propriété intellectuelle),

… alors que les producteurs d’OGM tentent de faire admettre en droit européen la coexistence: les deux types de cultures pourraient cohabiter, et pour éviter que le miel soit contaminé comme cela a été le cas en Allemagne, les apiculteurs n’auraient pas le droit de mettre leur ruche à moins de 3 km d’un champ d’OGM… et pourquoi pas l’inverse??? Les apiculteurs n’ont rien demandé, alors, il serait plus logique d’interdire la plantation d’OGM à moins de 3 km des ruches, surtout que les champs de Mon 810 par exemple sont plein d’herbicides et de round’up suspecté d’être toxique pour les abeilles, le but étant de rendre le maïs insensible au désherbant pour en arroser le champ (en Amérique du Nord, cela a entraîné une augmentation continue de ces produits sur ces champs OGM, les mauvaises herbes devenant très vite résistantes aux produits chimiques)…

…a eu lieu à Poitiers le 13 janvier 2012 le procès en appel de huit faucheurs volontaires (sur 150 ayant participé à l’opération) accusés d’avoir, à Valdivienne et Civaux (oui, à l’ombre de ma centrale nucléaire préférée), fauché des parcelles d’essais de maïs OGM Monsanto 810, le 15 août 2008. Ils avaient été relaxé en première instance (procès le 14 juin 2011, délibéré rendu le 28 juin 2011) sur des bases strictement juridiques, sans que le tribunal examine les questions de fond… le parquet avait fait appel au dernier moment… Edit de 20h le 16 février 2012: la cour d’appel de Poitiers les a condamnés à des jours-amendes, avec sursis pour 5 d’entre eux, fermes pour 3 autres (« récidivistes », dont José Bové et François Dufour), et à de lourds dommages et intérêts à verser à Monsanto et Idémaïs.

Le comité vigilance OGM 86 (qui réunit aussi bien des écologistes, des agriculteurs que des défenseurs des consommateurs, dont la Confédération paysanne, la Biocoop, Vienne Agrobio, Greenpeace, l’UFC Que Choisir, les Amis de la Terre, etc.) avait organisé la veille au soir un grand débat à la maison du peuple à Poitiers (pleine à craquer…), sorte de répétition générale pour les témoins appelés à la barre le lendemain, soit par ordre d’intervention et Pierre-Henri Gouyon. À la fin de la soirée, sept des huit inculpés, dont José Bové et François Dufour, vice-président Europe-écologie-les-Verts du conseil régional de Basse-Normandie, sont venus se présenter sur scène. Le jour du procès, le maire n’a pas osé faire enlevé leur stand, même s’ils vendaient sur la voie publique des boissons alcoolisées… à savoir un très bon vin chaud à base de vin bio… Et le soir a eu lieu une grande soirée au Plan B. Voici donc un bref aperçu de la conférence… toujours par ordre d’apparition.

Un message de Stéphane Hessel

Stéphane Hessel (l’auteur de Indignez-vous!) aurait pu venir au procès, mais il était soufrant. Il a fait passer un message enregistré (vu à la conférence, mais refusé au tribunal) : vous pouvez le voir sur le site de la Nouvelle-République.

L’avis d’un élu, Benoît Biteau. Que vaut l’AOC beurre Charente-Poitou???

Ingénieur agronome, conservateur territorial du patrimoine, Benoît Biteau est élu au conseil régional de Poitou-Charentes, chargé de l’agriculture. Il y a quelques années, il s’est mis en disponibilité de son poste de conservateur pour reprendre la ferme de son père à Sablonceaux près de Royan… 180 ha, dont 120 de maïs qui consommaient en eau l’équivalent d’une ville de 70.000 habitants. Avec son frère et un autre associé, ils ont repris l’exploitation, reconvertie à l’agriculture biologique avec une partie en vignes, une partie en cultures maraîchères et le reste (les anciens maïs) en polyculture et élevage notamment de vaches maraîchines… Voir l’aventure de cette reconversion sur son site. En 2011, cinq ans après la reprise, il y a eu zéro irrigation, et depuis le début, ils ont replanté des hectares de prairies et des milliers d’arbres… Il a expliqué sa démarche, et au passage, sérieusement égratigné le beurre AOC (appellation d’origine contrôlée) Charente Poitou, produit avec du lait de vaches nourries au maïs venant de partout et au colza OGM. Intriguée, je suis allée vérifier le décret de cette AOC… En effet, l’AOC du Beurre Charente Poitou et du beurre AOC des Deux-Sèvres, définis dans le même décret du 29 août 1979 publié au Journal officiel du 31 août 1979 mériterait un sérieux nettoyage pour avoir la moindre crédibilité. Les seules contraintes sont la zone d’élevage et d’implantation des usines de transformation (très très large, beaucoup plus que la région administrative), rien sur l’alimentation, la race des vaches, etc. La seule mention sanitaire? A l’article 2, les vaches doivent être soumises au dépistage de la tuberculose et de la brucellose… et le lait et la crème utilisés doivent être pasteurisés, la crème doit subir une maturation biologique. Je comprends mieux pourquoi je n’ai jamais trouvé de beurre différent des beurres pasteurisés ordinaires… Faudra-t-il se battre pour une révision des règles de cette AOC ? (sur un sujet voisin, voir les ignorants d’Étienne Davodeau, où Christian Richard explique pourquoi il est sorti de l’AOC d’Anjou où il est vigneron)…

Les OGM pour quoi faire ? par Jacques Testart

Jacques Testart retrace sa carrière, depuis le traitement des vaches pour qu’elles produisent plus de lait (alors que l’Europe s’acheminait vers la surproduction et les quotas laitiers), puis la conception des « bébés éprouvettes ». Il rappelle que si la fécondation in vitro pose des questions d’éthiques directes ou dérivées (que fait-on des embryons surnuméraires?), elle répond à une attente des parents stériles, alors que personne ne demande d’OGM à part les producteurs de semence et de produits chimiques.

OGM : une coexistence possible ? par Pierre-Henri Gouyon

Si vous écoutez (en direct ou comme moi en différé) la Tête au carré sur France Inter, vous l’entendez parfois le vendredi. Cet ingénieur agronome, docteur en génétique, aujourd’hui professeur au muséum national d’histoire naturelle (voir son long CV sur le site du Muséum), à l’AgroParisTech et à Sciences Po (Paris), spécialiste notamment de génétique des populations, a exposé le problème posé par le brevetage des semences, qu’elles soient OGM ou non, la conséquence sur la perte de diversité par rapport aux semences paysannes (réalisées sur la ferme), mais aussi l’enjeu financier pour le semenciers qui sont aussi souvent les fabricants d’herbicides et de pesticides… Il ne s’agit pas de faire mieux vivre la planète, d’avoir des rendements meilleurs, mais de contrôler la vente des semences et des pesticides. Il a aussi exposé les risques de contamination sur la même espèce, mais aussi sur les espèces voisines (c’est peu le cas pour le maïs, mais un fléau pour le colza). Il a montré en quoi Monsanto exerçait son lobbying partout (auprès du gouvernement américain, de a communauté européenne) en plaçant ses dirigeants aux postes clefs, en quoi l’équivalence en substance (une plante OGM serait identique à une autre plante non OGM car elle a quasiment le même génome… est une escroquerie… sur ce raisonnement, les vaches folles sont aussi des vaches comme les autres), le danger de la coexistence des deux types de cultures (voir plus haut en introduction).

Je n’ai plus de place pour vous parler du débat, mais les questions soulevées reviendront sans doute aussi ici…

PS : je vous recommande le film tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Défi photo de Bidouillette, des troncs…

Défi photo, février 2012, des troncs, 1, dans la cathédrale de Poitiers Cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous propose de mettre nos chaussures et de sortir avec notre appareil photo sur le thème des troncs. Lundi midi (13 février 2012, je mets les dates, les articles restent visibles longtemps), toujours à Poitiers, direction la cathédrale et son Jugement dernier … avec en tête ce « joli » tronc… à offrandes…

Défi photo, février 2012, des troncs, 2, instructions dans les églises Je me dirige ensuite juste à côté, à l’église Sainte-Radegonde, (vous pouvez revoir les chevets de la cathédrale et de Sainte-Radegonde depuis le haut, elles sont proches), mais j’ai une excuse, ça glisse!!! Le dégel avait à peine commencé, et dans les seules parties ensoleillées… Je n’ai pas repris le « tronc unique » (comme dit l’étiquette à côté, à droite sur ce montage), c’est exactement le même modèle, mais les instructions sont un peu différentes… A la cathédrale (en haut à gauche), il est aussi précisé « tronc money box », mais des deux côtés, attention, prière de mettre des euros (dommage pour les livres de nos amis anglais) et de glisser les pièces une à une pour qu’elles ne se bloquent pas…

Défi photo, février 2012, des troncs, 3, tronc à prières à Sainte-Radegonde de Poitiers

Mais le tronc que je visais se trouve tout près du tombeau de sainte Radegonde, c’est le tronc à prières, vous avez même à disposition les petits papiers, et les sœurs du monastère Sainte-Croix (descendant du monastère créé par sainte Radegonde et déménagé à la Cossonière, en périphérie de la ville, sur la commune de Saint-Benoît, depuis les années 1960)…

Défi photo, février 2012, des troncs, 4, bonhomme de neige-tronc En sortant, le bonhomme de neige qui se trouvait depuis une grosse semaine près du parvis de justice du 15e siècle était devenu un bonhomme-tronc, il a perdu la tête et est tombé… Avec le dégel d’hier, il a dû bien fondre depuis…

Défi photo, février 2012, des troncs, 5, un tronc d'arbre Bon, allez, sur le chemin du retour vers le bureau après cette courte promenade, je repasse près du portail nord dit de Saint-Michel de la cathédrale, et vous ai pris un tronc plus… attendu! Un arbre que vous avez déjà pu apercevoir, avec des feuilles, sur la dernière photographie du défi des haies.

Cathédrale de Poitiers, porte Saint-Michel (2) : partie gauche

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 01, position sur le portail

La porte Saint-Michel, sur le côté nord de la cathédrale, est construite dans le premier quart du 13e siècle. La sculpture développe le thème de l’enfance de Jésus, rapportée un peu dans le désordre… Je vous ai déjà montré la sculpture du piédroit droit (ouest) avec l’Annonciation, la Visitation et l’adoration des mages, je vous montre aujourd’hui celle du piédroit gauche (est, encadré sur la photo), qui se répartit à la fois sur les chapiteaux et sur leurs tailloirs (revoir si besoin les éléments d’un chapiteau : corbeille, tailloir, astragale).

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 02, vue générale Je vais présenter l’article dans l’ordre biblique des événements…On commence par le tailloir, qui se lit à peu près de gauche à droite en illustrant le deuxième chapitre de l’Évangile de Matthieu.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 03, arbre, oiseaux et personnage Je ne comprends pas trop la première scène, et oui, c’est mal parti… Un arbre, des oiseaux aux ailes déployées qui semblent attaquer un homme agenouillé devant eux, et sur la droite, un personnage debout dans un décor d’architecture.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 04, les rois mages devant Hérode Juste devant, c’est plus clair. Les rois mages comparaissent devant Hérode (Matthieu 2, 7-9) : le roi Hérode demande aux rois mages d’aller se renseigner sur la naissance de Jésus. Au passage, vous remarquez l’étoile du berger entre la tête du premier roi mage et Hérode.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 05, les rois mages devant Hérode On tourne un peu, et on voit derrière Hérode assis sur son trône un ange… ou plutôt, un démon, ailé mais à la tête monstrueuse, le diable qui souffle les idées à Hérode.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 06, plusieurs scènes

On continue vers la droite… Deux scribes sont assis devant Hérode qui est toujours mal conseillé par son démon…

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 07, scribe et Hérode Voici les scribes, un jeune imberbe à gauche et un plus âgé droite.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 08, Hérode et démon Et voici Hérode sur son trône suivi du démon qui lui met la main sur l’épaule…

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 09, roi mage à cheval et peuple Sur la dernière scène du tailloir, ça se gâte pour Hérode. Le peuple à pied suit les rois mages à cheval. Tous suivent l’étoile (qu’ils montrent tous du doigt) et vont aller rendre hommage à Jésus.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 10, rois mages à cheval montrant l'étoile

Voici les deux rois mages de tête sur leur cheval, le deuxième à son manteau qui vole au vent…

L’adoration des mages (Matthieu 2, 11) est représentée sur l’autre piédroit du portail.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 11, la fuite en Egypte Ensuite, il faut descendre sous la corbeille du chapiteau tout à droite. Nous y voyons la fuite en Égypte (Matthieu 2, 13-15) : Joseph ayant appris par un songe le projet de massacre des enfants par Hérode a décidé de fuir en Égypte avec Marie et Jésus et d’y rester jusqu’à la mort d’Hérode. Vous pouvez voir une autre fuite en Égypte à Poitiers, plus ancienne (romane, du 11e siècle), sur un chapiteau du transept sud dans l’église Saint-Hilaire-le-Grand. Remarquez au passage qu’ici Joseph porte toujours la calotte juive.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 12, la vierge et l'enfant sur l'âne Marie monte son âne en amazone, avec son enfant sur les genoux. Derrière elle, un décor végétal.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 15, non identifié Derrière Marie se tient un personnage très endommagé, pas facile à identifier. Même si les ailes ne sont pas visibles, j’y aurais bien vu l’ange du songe de Joseph, mais sans aucune garantie.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 14, le massacre des innocents

Tout le reste représente le massacre des innocents (Matthieu 2, 16-18) : le roi Hérode ordonne aux soldats de tuer tous les enfants mâles de moins de deux ans, se vengeant ainsi de ce que Jésus lui ait échappé. On en trouve plusieurs à l’époque romane en Poitou-Charentes, par exemple en Charente-Maritime à l’abbaye aux Dames de Saintes ou sur le portail de l’église de Nuaillé-sur-Boutonne près d’Aulnay.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 16, Hérode et démon Tout à gauche, Hérode, toujours assis, et toujours conseillé par un mauvais génie… Ici, on voit très bien ses ailes, sa nudité (par opposition aux riches vêtements des anges) et sa tête simiesque.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 17, massacre des innocents Devant se déroule le massacre proprement (salement?) dit.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 18, massacre des innocents Les soldats se livrent au massacre. Au centre de l’image, vous devez réussir à voir une épée enfoncée dans sa victime, malgré la saleté de ce chapiteau.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, gauche, 19, innocents morts Voici un détail des enfants morts…

La vie de nos centrales nucléaires (suite)

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centrale Civaux (Vienne), suite de la fuite de tritium

Je n’ai pas pu me retenir, la semaine dernière, j’ai sorti mon carnet à dessin, pas utilisé depuis longtemps… Les légendes, si vous ne pouvez pas les lire…

« – et pour réparer les fissures?

– Pas de problème, on a racheté le stock de silicone de PIP »… le tout sur une jolie nappe au tritium…

Ceci pour illustrer cet extrait du rapport rapport d’inspection de l’autorité de sûreté nucléaire disponible en pdf en cliquant ici:

« Les inspecteurs ont constaté que, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la capacité de rétention, des fissures sont présentes dans le béton, dont certaines ont manifestement fait l’objet d’une réparation d’étanchéité à l’aide de mastics ou de gels de silicone. Ils ont également relevé que le revêtement armé n’est pas intègre, qu’il présente de nombreux faïençages, écaillages, cloques. Certaines cloques sont percées, révélant la présence de liquide entre le revêtement et le béton qu’il est censé protéger« .

Le rapport d’inspection de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) à télécharger à partir de ce lien (7 pages à lire absolument) et la lettre de suite étaient sévères, les vues montrées sur France 3 montraient une fissure réparée comme une fuite de WC (celle non déclarée à l’ASN et réparée au silicone), mais bon, il paraît que la fuite est colmatée (réparation provisoire d’une valve) en attendant la vidange du bassin et sa vraie réparation… Il paraît que les taux de tritium dans la nappe phréatique décroissent, mais aucun chiffre n’a été donné récemment sur le site d’EDF ni sur celui de la commission locale d’information (CLI)… Bonjour la transparence! La dernière mesure dans la nappe sous la centrale donnait encore 320 bcq/l le 30 janvier 2012, soit trois fois la norme d’alerte européenne et française, contre 8 avant l’incident… et la fuite est censée avoir été réparée le 25 janvier, c’est une nappe stagnante ou il y a encore des arrivées de tritium depuis le bassin percé??? Ou bien le tritium est passé dans le calcaire sous la centrale et s’égoutte doucement dans la nappe?

En plus, je suis très fâchée, j’ai saisi par le formulaire ad hoc et reçu un accusé de réception le 14 janvier 2012 sur le site d’EDF et sur celui de la CLI pour savoir pourquoi c’était les normes très favorables de l’OMS et non les normes européennes (page 14 de la directive 98/83/CE) et françaises (arrêté SANP0720201A du 11 janvier 2007) qui étaient appliquées en référence de l’incident, je leur laisse jusqu’au 14 février (cela fera un mois) et je leur renvoie la même question en recommandé avec accusé de réception, copie à l’ASN et aux députés…

De son côté, le réseau sortir du nucléaire a porté plainte contre EdF pour cet incident, enfin, une simple anomalie de niveau 1 sur l’échelle de l’INES. Anomalie qui n’a toujours pas été reportée comme telle (un triangle vert avec un 1 à l’intérieur) en marge de l’événement concerné. Je croyais que la règlementation leur demandait de le faire SANS DELAI…

PS, septembre 2012: une inspection de l’autorité de sûreté nucléaire a donné lieu à un constat d’écart notable dans une nouvelle lettre adressée à EdF le 11 septembre 2012. Elle a eu son effet, la commission locale d’information claironne le 21 septembre 2012 que les travaux de réparation sont terminés (sans parler du rappel à l’ordre). Le taux de tritium dans la nappe était encore à 120 bq/l le 23/10, et avait baissé à 79 bq/l le 6/11 (il a culminé à 540 au début du constat de la fuite, le taux habituellement mesuré avant cette fuite était de 8 à 10 bq/l, nous ne sommes donc toujours pas revenus à la situation antérieure).

Civaux (Vienne), un nouvel incident…

Cette fois, il s’agit, d’après une brève parue dans la Nouvelle République, qui dit répercuter un communiqué de presse d’EdF, le 7 février 2012, la rupture d’une tuyauterie d’eau chaude sous pression a activé des détecteurs automatiques de fumée dans le dans le local de déminéralisation de la centrale nucléaire. Silence radio sur la page d’EDF sur les incidents de la centrale de Civaux ni sur la page d’actualité de la commission locale d’information (au moins rien encore hier soir jeudi 9 février à 22h). Bonjour la transparence revendiquée par EdF et la CLI.

Mais tout va bien à Civaux, si vous cliquez sur l’onglet voisin, vie de la centrale, vous verrez que 150 employés de cette centrale ont été médaillées, avec grand ramdam privé au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, honte à lui et aussi à l’artiste Yannick Jaulin qui me déçoit beaucoup pour avoir animé cette soirée, il faut bien qu’ils vivent, que ce soit l’artiste ou la salle de spectacle, mais ils pourraient mieux choisir leurs clients… L’argent (d’EdF) n’a pas d’odeur…

Golfech (Tarn-et-Garonne), un jugement en attente de délibéré

Dans le même ressort que nous en ce qui concerne l’autorité de sûreté nucléaire, pour la première fois, EdF était poursuivie par cette dernière pour des contraventions de 5e classe devant le tribunal d’instance de Castelsarrasin. D’après un article du Canard Enchaîné, EdF a tout fait pour se défendre et essayer d’échapper à cette condamnation qui même modeste (2000 euros d’amende requis) serait une grande première! Le jugement a été mis en délibéré au 29 mars 2012. Quel que soit le verdict, il y aura probablement appel d’une partie ou de l’autre… Wait and see… le jugement définitif après tous les recours va prendre du temps…

Juste pour vous donner une échelle de valeur… Pour avoir montré les failles de la sécurité des centrales nucléaires françaises et coupé quelques dizaines de centimètres de grillage, les militants de Greenpeace qui s’étaient introduits sur les centrales nucléaires en décembre risquent jusqu’à 5 ans de prison ferme (voire 7 ans suivant les qualifications retenues) et 75.000 euros d’amende (voir par exemple sur le site du Monde), mais EdF ne risque que des amendes de cinquième classe (1500 euros maximum par infraction).

PS : EDF a été condamnée en appel le 3 décembre 2012 à 4000€ d’amende et devra verser 4500 € de dommages et intérêts, soit 1500€ à chacune des trois parties civiles (Sortir du nucléaire, France nature environnement et les Amis de la Terre). Nul doute qu’il y aura un procès en cassation, EdF ne va pas laisser passer une première condamnation pour pollution, même confirmée en appel!

Cattenom (Moselle), un incident de niveau 2

Cette fois, l’ASN est vraiment fâchée, car elle a classé le dernier incident au niveau 2, ce qui implique également un signalement à l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique, pas bon pour EdF. La source la plus simple à consulter est la relation dans Le Monde. Les piscines des deux réacteurs de cette centrale se sont révélées non conformes suite à l’inspection post-Fukushima du 18 janvier 2012 et EdF a été contrainte par l’ASN à mener des travaux de réparation d’urgence. Encore un problème de tuyauterie (il faut dire qu’une centrale nucléaire, c’est une grosse bouilloire avec plein de tuyaux, de valves et de vannes), mais cette fois, il y avait une mise en danger des défenses de la centrale… ce qui en clair veut dire que s’il y avait eu un accident, le système de secours était inopérant. Super!

Pas de panique, tout va pour le mieux dans le nucléaire français… et gaspillons encore plus d’électricité

Plusieurs incidents de niveau zéro (écart à la production) par jour, un incident de niveau 1 (anomalie sans impact sur l’environnement) tous les trois jours en moyenne, quelques incidents de niveau 2 (impact significatif sur l’environnement ou irradiation du personnel ou défaut majeur de sécurité, environ 3 à 4 par an en moyenne sur les trente dernières années), espérons qu’il n’y en aura pas plus haut dans l’échelle internationale, 5, c’est par exemple la fusion partielle du cœur de Three Mile Island, 7, c’est Tchernobyl et Fukushima… En France, il y a eu deux fois un incident de niveau 4 (en 1969 et en 1980) à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-les-Eaux (sur la Loire, dans le Loir-et-Cher, entre Orléans et Blois). Ces deux réacteurs ont été arrêtés respectivement en 1990 et 1992 (en même temps que toutes les autres vieilles centrales au graphite) et sont toujours en cours de démantèlement vingt ans plus tard… Et pour cause, ni EdF ni personne ne sait quoi faire des bétons fortement irradiés pour des centaines de milliers d’année : une des solutions, plutôt que de les enterrer dans l’Aube ou ailleurs, comme c’est prévu, un peu comme mettre la poussière sous le tapis, serait de les laisser sur place dans des sarcophages, plus faciles à surveiller et à garder en mémoire pour les milliers de générations qui vont hériter du joli bébé très radioactif. Et le budget officiel du démantèlement annoncé par EdF a été épinglé par la cour des comptes… Si on réintègre ces coûts faramineux dans le prix de l’électricité, le nucléaire n’est plus rentable.

Mais bon, la France continue à privilégier les chauffages électriques énergivores, les travaux d’isolation (source d’économie d’énergie dont une bonne partie électrique) ne sont plus encouragés par des réductions d’impôts. L’éclairage et le gaspillage nocturne devaient être réduits suite au Grenelle de l’environnement… mais le décret a accouché d’une souris, seuls les vitrines de magasins devront être éteints de 2h à 6h du matin (pourquoi pas de 23h à 6h comme envisagé au départ?), et les panneaux publicitaires, dont les écrans vidéos très énergivores et le rétro-éclairage des publicités des abris de bus, resteront allumés toute la nuit. Après cela, avec le froid et les pics de consommation, on demande aux particuliers de faire attention à leur consommation, mais on ne va pas couper le courant à ces gaspilleurs…

 

 

Défi photo : Poitiers en blanc et noir ou blanc et blanc?

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 1, la Grand'Rue le 6 février Cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous propose de mettre nos chaussures et de sortir avec notre appareil photo sur le thème en blanc et noir… redéfini en « La vie en blanc, avant le printemps? » suite aux chutes de neige en France et en Belgique notamment (pour ceux qui ne le savent pas, Monique / Bidouillette / Tibilisfil habite à Bruxelles…). Alors, voici quelques photographies prises à Poitiers dimanche et lundi (5 et 6 février 2012). Je commence par ce matin en noir et blanc… Bonne surprise dans la Grand’Rue, où je travaille… Contrairement aux années précédentes, où il fallait attendre que tout regel et qu’une couche de sable la recouvre, revoir par exemple en janvier 2009, cette année, la ville a équipé une balayeuse municipale d’une lame chasse-neige et d’une saleuse à la place des rouleaux de balayage à l’arrière… Cette machine a aussi permis de dégager des passages dans les rues piétonnes et sur la place d’Armes (place Leclerc). Ce matin, la chaussée de la Grand’Rue était donc « au noir ». Mais il ne faut pas rêver, les trottoirs restent bien enneigés, et glacés là où de la neige du toit a fondu et regelé en arrivant au sol…

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 2, en blanc et vert de ma fenêtre Hier matin, à l’ouverture des volets, depuis ma chambre, c’était plutôt en blanc et vert… Et oui, j’habite en ville, mais je donne sur la colline boisée…

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 3, rue Renaudot, ele 5, en haut au matin, en bas PM J’avais raté la neige du lundi précédent, je ne l’avais vue qu’en rentrant en train le soir tard, et la grande pagaille urbaine de la fin d’après-midi du 30 janvier… tout le monde s’étant rué en même temps sur les voitures pour sortir de la ville. Hier, en revanche, c’était le grand désert blanc, pas de voiture ou presque… Voici le bout de la rue Renaudot, à l’angle avec la rue Saint-Hilaire, en haut le matin, en bas dans l’autre sens en fin d’après-midi, après le passage des engins de déneigement…

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 4, l'enseigne au mouton Rue Carnot, même le mouton a revêtu un blanc manteau… (voir ici pour en savoir plus sur l’enseigne au Mouton).

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 5, l'hôtel de ville le 5 au matin Arrivée devant l’hôtel de ville, avant le passage de la machine, comme un air de place géante… En revanche, très mauvaise surprise, si la neige tient bien sur le bitume, sur les petits pavés et les dalles de la place, ça glisse, la neige n’adhérant pas au revêtement. Cette place est une grande réussite, de petits arbres exotiques (plantation des Sophoras et de poiriers du Japon) à la place des essences locales massacrées, ça glisse en hiver, ça éblouit en été.

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 6, Notre-Dame la Grande le 5 au matin Enfin, pour comparer avec 2009, voici la façade de Notre-Dame-la-Grande. Les éléphants affrontés devaient avoir bien froid! Pas facile non plus de lire les panneaux explicatifs!

Cathédrale de Poitiers, porte Saint-Michel (1) : partie droite

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 01, position sur le portail,

La porte Saint-Michel, sur le côté nord de la cathédrale de Poitiers, a été construite dans le premier quart du 13e siècle (donc presque 50 ans après le début du chantier de la cathédrale et 50 ans avant la sculpture de la façade occidentale).

La sculpture développe le thème de l’enfance de Jésus, rapportée un peu dans le désordre… Je vais vous montrer aujourd’hui la sculpture du piédroit droit (ouest, encadré sur la photographie), je vous parlerai bientôt du piédroit gauche (est). Contrairement à la façade occidentale, ici, il n’y a pas eu de nettoyage récent, et si vous voulez venir le visiter, attention aux pigeons (la photographie de l’autre jour a été prise ici), il y a d’archaïques piques qui ne fonctionnent guère, en tout cas, pas comme les fils à décharge électrique de la façade occidentale.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 02, vue générale

De gauche à droite, les chapiteaux sculptés montrent l’Annonciation, les rois mages et la Visitation. Remettons donc ces scènes dans l’ordre.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 03, l'Annonciation Le premier chapiteau à gauche montre l’Annonciation (Luc 1, 26-38). Sur la gauche se tient l’archange Gabriel qui annonce à Marie, debout devant lui, sa grossesse. Marie est coiffée d’un voile assez couvrant et tient un livre dans la main gauche. Tous les personnages sont richement vêtus.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 04, Joseph derrière l'Annonciation Juste derrière se tient un homme dubitatif, qui se tient la tête de la main droite, coiffé de la calotte juive, il s’agit de Joseph… Ben oui, Marie (enfin, Dieu…) lui a fait un enfant dans le dos, comme qui dirait…

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 05, la visitation Le dernier chapiteau à droite montre la Visitation (Luc 1, 39-56). Il s’agit de la visite que rend Marie, future mère du Christ, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean Baptiste. Les deux femmes, voilées, s’enlacent.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 06, l'adoration des mages Au centre, sur la gauche, on trouve l’adoration des mages (Matthieu 2, 11) : les trois rois mages, couronnés, viennent offrir leurs présents à la vierge Marie, assise à droite de la scène avec Jésus sur ses genoux. Les rois mages sont couronnés et se tiennent devant un fond d’arbres luxuriants.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 07, un mage Voici un détail du premier mage (celui à droite), qui a une position un peu bizarre, en plein mouvement… genoux fléchis, le corps penché en arrière.

Poitiers, portail Saint-Michel de la cathédrale, droite, 08, la vierge à l'enfant Et enfin, la Vierge avec Jésus sur ses genoux, qui attend leur visite.

Si vous voulez comparer avec l’art roman de Poitiers, vous pouvez aller revoir sur la façade de Notre-Dame-la-Grande (en gros un siècle plus tôt) l’Annonciation, la Visitation, Joseph méditant. Vous pouvez aussi voir sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny l’Annonciation et l’adoration des mages.