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Éténèsh Wassié / Le Tigre des Platanes

Bouchons d'oreille C’était il y a une dizaine de jours au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, dans le cadre de mon abonnement pour la saison 2011-2012. Pour la première fois depuis l’inondation qui a fait suite au dégel, je retournais dans la salle de théâtre (les autres spectacles étaient dans l’auditorium ou reportés dans une autre salle).

La présentation officielle du spectacle :

Éténèsh Wassié & Le Tigre des Platanes, Éthiopie / France.

Le Tigre des platanes, c’est un impertinent quartet acoustique originaire de Toulouse, qui mine et recycle avec impertinence des musiques increvables. Leurs trompette, bugle, tuba, soubassophone, saxophones, mélodica et batterie ont rencontré, le temps de quelques semaines brûlantes sous le soleil d’Éthiopie, la « tigresse » Éténèsh Wassié. À la voix phénoménale de cette héritière des « griots » d’Afrique, « un don de Dieu », dit-elle modestement, le quartet apporte son habillage musical enthousiaste et quelque peu sauvage. Réunis sur scène, ils nous offrent de partager leur voyage passionné et créatif autour des grands standards de la musique éthiopienne.

Éténèsh Wassié, voix
Marc Demereau, saxophones
Fabien Duscombs, batterie
Piero Pepin, trompette, bugle
Mathieu Sourisseau, basse acoustique »

Mon avis : la salle n’a pas bien réagi au spectacle, encouragée à taper dans les mains, la réaction a été faible, quelques timides accompagnements, cela ne devait pas être très faciles pour les musiciens… Je pense qu’il y a eu une erreur de programmation et que le spectacle aurait été plus adapté pour une salle plus axée sur le jazz, comme le Carré bleu… pourtant, le public du TAP peut réagir, comme je l’ai vu récemment avec Danyel Waro. De mon côté, j’ai été très gênée par le niveau sonore, quasiment insoutenable. Je n’avais pas de bouchons d’oreille dans mon sac… Après un quart d’heure, j’ai commencé à avoir physiquement mal aux oreilles, cinq minutes plus tard, celles-ci ont réagi physiquement en sécrétant du liquide. J’étais au milieu d’un rang, pas exactement à l’avant (place H2), impossible de sortir sans déranger tout le monde. J’ai terminé le concert en me bouchant les oreilles avec les mains, pour atténuer le bruit (impossible de parler de musique à ce niveau sonore). En regardant dans la salle, j’ai vu quelques autres personnes comme moi, visiblement gênées par le niveau de décibels… Dommage, parce qu’avec cette gêne, impossible de profiter de la musique qui après tout n’était peut-être pas si mauvaise… Les musiciens devaient être sourds pour ne pas baisser le son de leur côté!

Danyel Waro enflamme le TAP

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle

Avec l’inondation de la salle de théâtre du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, le spectacle de Danyel Waro était déplacé de la salle de théâtre à la salle d’auditorium. Un spectacle vu en matinée (à 17h) par un beau dimanche printanier dans le cadre de mon abonnement pour la saison 2011-2012.

Le spectacle : Danyel Waro et son groupe de cinq musiciens revisitent la maloya de la Réunion. Des textes en créole, des explications en français ou en créole entre les morceaux qui racontent sa vie, la vie à la réunion, ses filles, les Réunionnais partis chercher le « bonheur » en métropole…

Mon avis : c’est la première fois que je vois enfin un public métissé au TAP! Et une ambiance d’enfer, 2h de spectacle au lieu d’1h20 annoncée, avec une piste de danse improvisée entre le premier rang et la scène, toute la salle debout dans la dernière partie…

Pour aller plus loin : Voir un extrait sur deezer.

Poitiers, les reliefs de Jonchère dans la cour du musée

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 01, la cour Je vous ai déjà montré la cour du musée Sainte-Croix à Poitiers à l’occasion de l’expédition Glen Baxter en juin 2010. Comme je vous l’ai déjà dit, l’ancien musée dans l’hôtel de ville était devenu trop petit. L’ancien couvent Sainte-Croix, qui venait d’être libéré par les sœurs (installées depuis lors à la Cossonière à Saint-Benoît), est choisi pour accueillir le nouveau musée, qui a ouvert en 1974. L’architecte Jean Monge (1916-1991) a détruit les bâtiments du 19e siècle mais maintenu une grande cour rappelant l’ancien cloître. Bon, béton brut, parfois avec des effets de cannelures, labyrinthe à l’intérieur, sauvegarde de justesse des vestiges archéologiques gallo-romains (le comble pour un musée avec des collections archéologiques aurait été de les détruire), je ne le trouve pas terrible au niveau de l’architecture. Mais vous pouvez profiter en ce moment (et jusqu’au 5 février 2012) des salles rénovées sur le Moyen-Âge et d’une exposition sur le thème de l’âge roman en Poitou-Charentes, qui est accompagnée d’un très beau catalogue.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 02, entrée du musée Dans l’entrée du musée, voici…

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 03, les reliefs en bronze d'Evariste Jonchère un relief qui y a été mis en place en 1986. Il s’agit du dépôt par l’État d’une œuvre retrouvée lors du rangement du palais de Chaillot pour l’aménagement de la cinémathèque dans les années 1980. C’est l’une des versions de l’art du théâtre, de Évariste Jonchère (Coulonges, 1892 – Paris, 1956), premier grand prix de Rome de sculpture en 1925 pour La vendange. Il existe en fait au moins quatre versions de cette œuvre, trois si j’en crois le catalogue de l’exposition de 1987 (voir la référence complète en fin d’article). La première est un plâtre préparatoire réalisé en 1936 et donné par Mme Jonchère en 1976 au département de Haute-Savoie, qui l’a déposé au conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy (d’autres œuvres données au conseil général de Haute-Savoie sont à voir ici, le couple ayant habité près d’Annecy). Sur la base de ce plâtre, Évariste Jonchère a été chargé de réaliser un bronze pour le fronton de scène du théâtre du palais de Chaillot réalisé pour l’exposition internationale de 1937. Mais il a pris du retard pour confier son œuvre au fondeur Alexis Rudier (je vous ai montré sa marque de fondeur pour sur la statue du maréchal Joffre à Paris, je ne l’ai pas trouvée ici). Aussi, c’est une version en plâtre patiné qui a été réalisée et qui se trouve aujourd’hui au musée de Mont-de-Marsan (voir dans le dossier sans photographie dans la base Joconde). L’artiste a néanmoins terminé son œuvre qui a été fondue en 1938. C’est celle-ci qui se trouve à Poitiers. Elle diffère légèrement du plâtre patiné. Certains historiens de l’art ont donné comme titre à cette œuvre Apollon musagète, titre réfuté par Mme Jonchère. Le musée des années 1930 de Boulogne-Billancourt présente un autre plâtre préparatoire de cette œuvre, j’en ai trouvé par hasard la mention page 42 du livret pédagogique du musée. Comme je ne suis pas allée la voir, je ne peux pas préciser de quelle variante il s’agit.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 04, la signature Jonchère Entrons dans la visite de cette œuvre qui porte la signature « E. JONCHERE ».

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 07, le centre des reliefs Le personnage central est encadré des deux femmes des groupes de droite et de gauche.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 08, le relief central Le voici de plus près. Il s’agit d’Apollon, dieu de la beauté, tenant une lyre, représenté de face, en position comme assise (mais sans siège) avec sa jambe gauche écartée. Il est nu, mais un drap couvre pudiquement son sexe.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 05, détail des musiciens et musiciennes De chaque côté se trouvent les arts liés à la musique, à la poésie et au théâtre. A gauche se trouvent autre femmes debout et un personnage allongé. La première femme à gauche est torse nu avec une robe drapée autour des reins. La seconde a un voile qui lui couvre partiellement la poitrine. La troisième, à l’arrière-plan, regarde les deux premières. La dernière à droite porte des ailes.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 06, détail du sonneur de trompe Un sonneur de trompe est allongé au sol. C’est le seul personnage qui semble être un homme (à part Apollon au centre).

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 09, la partie droite du relief Enfin, le groupe de droite. La première femme à gauche, à côté d’Apollon, torse nu et avec une grande jupe qui lui arrive sous les fesses, tient une sorte de palme. Il s’agit de l’inspiration poétique. Une grande aile semble partir de son épaule, mais il s’agit peut-être juste d’un fond à la scène.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 10, détail des visages Derrière elle se tiennent deux femmes debout. Celle de gauche est torse nu, les seins bien visibles, les jambes drapées dans une robe. Ses cheveux sont coiffés en longues tresses. La seconde porte également un vêtement en haut et tient un masque dans la main gauche : il s’agit de la comédie.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 11, le personnage à droite Et enfin le dernier personnage assis tout à droite. C’est une femme, la tête effondrée sur ses genoux, en partie cachée par son bras. Elle tient de la main gauche une épée et un masque triste constitue son siège: il s’agit de la tragédie.

PS: à deux pas de là, sur le mur de la cour de la MJC Le Local (rue Saint-Pierre-le-Puellier à Poitiers), vous pouvez voir un peu sur le même thème la frise sculptée de Jean Claro…

Pour en savoir plus : Evariste Jonchère, 1892-1956 : premier Grand Prix de Rome de Sculpture en 1925, catalogue de l’exposition au musée Sainte-Croix à Poitiers, 24 mars – 18 mai 1987, sous la direction de Blandine Chavanne et Bruno Gaudichon.

Poitiers, le TAP, problèmes d’organisation et deux spectacles…

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai vu deux spectacles au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP la semaine dernière. Avant de vous en parler, je voudrais soulever quelques problèmes d’organisation. Pour cette saison 2011-2012, il y a très peu de spectacles à place numérotées, en tout cas, aucun pour les 11 spectacles que j’ai choisis. Jeudi dernier (23 novembre 2011), j’arrive à 20h pour un spectacle à 20h30. Avec des amis, nous avions prévu de prendre un pot au bar avant… mais il y avait déjà du monde qui attendait, nous avons donc préféré nous mettre dans la queue en train de se constituer, histoire d’être à une « bonne place » (au milieu d’un rang, entre E et G si possible…). Vendredi (25 novembre 2011), pour le spectacle à 19h30 (nul, voir plus bas), je suis arrivée volontairement avec ½ heure d’avance, et là aussi, il y avait déjà du monde qui attendait. Il est extrêmement désagréable de devoir arriver si tôt pour pouvoir espérer avoir une bonne place, puis attendre 15 à 20 minutes debout (pas pratique pour lire…) que les portes s’ouvrent enfin… J’espère que les places numérotées reviendront la saison prochaine…

Deuxième désagrément pour la soirée de mercredi. À 20h30, heure prévue du début du spectacle à l’auditorium, une dame vient nous annoncer que le spectacle ne commencera qu’à 20h45, car le parking du théâtre est complet (il y avait en même temps un spectacle dans la salle du théâtre, la raclette, voir plus bas, je l’ai vue le vendredi et aurais mieux fait de m’abstenir). Les rues situées un peu plus haut sont fermées pour les travaux en ville (toujours Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…), il s’agit donc de permettre à ceux qui cherchent à se garer de pouvoir rejoindre la salle. Dans la presse le lendemain, les spectateurs sont à moitié « accusés » de n’avoir pas suivi les consignes envoyées par messagerie électronique : il fallait éviter de se garer au théâtre. Le TAP a bien mon adresse de messagerie, j’ai d’ailleurs reçu un message m’annonçant une rencontre au bar du TAP le jeudi avec les acteurs de La raclette, mais je n’ai jamais reçu de message concernant le parking (même si je ne suis pas concernée, j’habite à quelques centaines de mètres et viens à pied…).

Troisième désagrément pour la soirée de mercredi. Au rang devant moi, trois places avaient été réservées, dont une pour le directeur du TAP. Pas de souci en soi, c’est assez normal qu’il assiste aux spectacles (mais bon, nous, on n’a pas le droit aux places réservées cette saison), il est arrivé accompagné d’une seule personne. Soit. Mais cette personne a été d’une impolitesse et d’un manque de savoir-être au théâtre absolument remarquable (il s’agit pourtant sans doute d’une personne de l’équipe du TAP). Il a passé son temps à parler, certes à voix basse, à l’oreille du directeur (qui n’a jamais répondu), ses incessants mouvements pour se pencher et parler et son manque d’attention sont assez inadmissibles et très dérangeants pour les personnes situées derrière lui. Si le spectacle l’ennuyait tant, il aurait au moins pu sortir à l’entracte…

Poitiers, le TAP sans lumière, photographie du 25 novembre 2011 à 19h Passons maintenant à la soirée de vendredi. Quand je suis arrivée, il y avait une panne d’électricité sur le boulevard de Verdun et sur le parvis. Cela ne m’a pas trop gênée car j’ai toujours une lampe frontale dans mon sac. Mais le parcours et notamment les escaliers sur le cheminement depuis le parking de la gare (oui, celui si peu accessible que je vous ai déjà montré…) étaient très dangereux sans lumière. En arrivant, je l’ai signalé à l’accueil, et me suis fait à moitié rabrouée : la lumière sur le parvis dépend de la ville, pas du TAP, m’a répondu d’un ton peu aimable le monsieur. Sur la photo, ma lampe frontale et le flash éclairent un peu, mais on voit quand même la nuit bien noire au-delà… À cette heure là, il ne pouvait rien faire… En sortant, la lumière fonctionnait… Combien de chutes à déplorer ? ? ? De jour, de toute façon, ce parvis pose des problèmes sur le parcours de la gare au centre-ville (voir Poitiers ville inaccessible). Et le soir, après trois ans de réclamations à la ville et au TAP (et pas seulement de ma part), la première marche de l’escalier en descendant n’est toujours pas éclairée, rendant cet escalier dangereux, je l’ai déjà rappelé dans l’article du lien précédent, à la fin de cet autre article et dans les messages électroniques que j’ai soigneusement archivés…

Venons-en aux spectacles…

Mercredi soir : l’ensemble soufi de Zanzibar Mtendeni Maulid

Le spectacle : sept chanteurs agenouillés, quatre debout derrière eux, dont deux plus âgés, portant une écharpe en plus de la tenue traditionnelle, comme le meneur de chant agenouillé sur la gauche de la scène… et deux joueurs de tambour sur la droite, dont un qui passe l’essentiel du spectacle plié en deux. Un spectacle en deux longues parties séparées par un entracte, et suivi par un long bis.

Mon avis : un spectacle d’une grande beauté, les artistes vivent leur musique et leurs mouvements… Certains gestes des mains de ces hommes m’ont rappelé ceux de danseuses indiennes dans leur grâce. Il faut néanmoins apprécier ce genre de musique, avec des passages assez répétitifs, chaque partie durant environ trois quarts d’heure. La salle était loin d’être pleine (peut-être aux deux tiers) et un certain nombre de spectateurs ne sont pas revenus après l’entracte.

Pour aller plus loin : voir un extrait sur Daily Motion.

Vendredi soir : Une raclette, par les Chiens de Navarre

Le spectacle : un couple vient d’emménager, puis pend la crémaillère avec ses voisins, avant un 31 décembre très chaud… Huit personnes autour de la table (plus ou moins selon les scènes), pour l’apéro puis la raclette. Discussion autour du monde, du travail des uns et des autres… qui finit par dégénérer.

Création collective des Chiens de Navarre dirigée par Jean-Christophe Meurisse avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent, Antoine Blesson et / ou Claire Nollez.

Mon avis : la pièce commence pas trop mal, même si les textes sont sans grand intérêt, avec un appel des spectateurs présents et beaucoup d’alcool picolé sur scène (au moins la bière, l’apéro était peut-être sans alcool, mais j’en doute). Cela se poursuit en revanche très mal : récit d’une promenade avec scène de viol d’une enfant suivi de meurtre, présenté comme un exploit d’un groupe de randonneurs, puis deux acteurs qui simulent un acte sexuel sur la table du repas… avant de terminer par une scène de partouze à poil (les acteurs sont juste protégés par un masque de personne âgée)… Une dernière scène plus soft, qui fait un peu baisser la pression dans la salle. Alors certes, comme dit alors une actrice, ils sont professionnels, c’est pour cela qu’il n’y a pas de mise en garde dans le programme… Mais quand même… Ça va trop loin, beaucoup trop loin, pour une pièce qui n’avait déjà pas grand intérêt. Quelques personnes ont réussi à sortir, et d’après les commentaires entendus, beaucoup, s’ils n’avaient pas été coincés (les rangs sont larges, pas d’allée centrale dans la salle, les sièges courent d’un bord à l’autre) en auraient fait autant, d’autres riaient très jaune, peu de vrais rires… Prévenus, certains lycées ont annulé leur réservation, des parents avec des adolescents ont semble-t-il été avertis juste avant de rentrer dans la salle (pourquoi pas dès la réservation?). Il faut du théâtre expérimental, le cadre du théâtre subventionné est là pour leur donner une chance, mais impossible ici de prendre au second degré l’apologie du viol et du meurtre d’un enfant, et si la scène de la partouze est censée avoir lieu entre adultes consentants, une des femmes hurle pourtant clairement qu’elle n’est pas d’accord… Quelle image de la femme (et de l’homme violeur tout puissant) est donnée par ce spectacle? Qu’en ont pensé les victimes de viols présentes dans la salle, sans avertissement. Sur une salle de 800 places et même si ce n’était pas complet, cela fait quand même plusieurs dizaines de victimes qui ont dû très mal vivre ces scènes, d’autant plus que 75 à 80¨% des viols en France sont commis par des personnes connues de la victime (parents, voisins, « amis »), dans des circonstances que certaines ont dû très mal revivre lors du spectacle.

En plus, cette pièce n’avait vraiment rien à voir avec la présentation de saison, où cela semblait une pièce drôle et un peu décalée. Désolée, mais le geste obscène de la carotte qui aurait dû alerter sur le programme (dixit le directeur dans le journal l’autre jour), je ne l’avais absolument pas repéré!

Pour aller plus loin : le site de la compagnie des Chiens de Navarre et un extrait du spectacle. Je n’ai pas pris le spectacle de cette compagnie dans la saison 2012-2013.

 

Le monument à François Rude, par Just Becquet, à Tours

Tours, le monument à Rude par Becquet, 1, vue générale Dans le jardin du musée, dont je vous ai déjà parlé, se trouve un groupe sculpté en marbre (voir plus bas).

Tours, le monument à Rude par Becquet, 2, la dédicace Il a été érigé  » A LA MEMOIRE DE F. RUDE « , ainsi qu’il est écrit sur le socle. François Rude, sculpteur né à Dijon le 4 janvier 1784 et mort à Paris le 3 novembre 1855, a reçu le grand prix de Rome de sculpture en 1812. Installé en Belgique en 1815, il y réalise notamment un ensemble de neuf bas-reliefs pour le palais de Tervuren. De retour à Paris, il est surtout connu pour le Départ des volontaires de 1792, surnommé La Marseillaise, haut-relief pour l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris. Il est aussi l’auteur du monument au Maréchal Ney (1853), avenue de l’Observatoire à Paris (je dois avoir des photos quelque part sur mon ordi…). La ville de Dijon lui consacre un musée (installé depuis 1947 dans le transept de l’église Saint-Étienne) où vous verrez notamment un moulage de ses principales œuvres.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 3, la signature Just Bocquet Revenons à Tours… Le monument à François Rude est signé de Just Becquet (Besançon 1829 – Paris 1907), un élève de François Rude. J’ai eu beaucoup de mal à le pister. Aucune information sur ce monument sur le site du musée des Beaux-Arts ni dans mes bases de données préférées, qui ont bien des œuvres de Just Becquet mais aucune qui correspond, ni dans Mérimée (architecture), Palissy (objets), ou Joconde (collections des musées), il y a bien un faune à Amboise et un buste de Rude à Paris, mais aucun ne correspond. J’ai fini par trouver une photographie du modèle en plâtre dans la base de données des fonds figurés des archives nationales : la statue a été présentée en 1880 dans la cour de l’école des Beaux-Arts, au salon des artistes français… Retour donc aux catalogues des salons sur Gallica (ouvrages numérisés de la bibliothèque nationale de France). Avec l’année, c’est plus facile… Je l’ai trouvé page 564 sous le numéro 6089 :  » Faune jouant avec une panthère, statue, marbre, h 2m00, App. à État « . Si quelqu’un à un indice sur la date du monument de Tours, je complèterai cet article, mais bon, un peu après 1880. À moins qu’il ne s’agisse d’un dépôt de l’original du salon de 1880, il est si sale qu’il est impossible de dire s’il est en calcaire ou en marbre. Il en existe un tirage en bronze dans le square Brignole Galliera, dans le 16e arrondissement à Paris (j’ai voulu vérifier en y allant en octobre, mais il y avait des travaux… Je n’ai pas pu le prendre en photo, derrière les barrières). En attendant que j’y retourne, vous pouvez en voir une photographie sur le blog couleur du temps. Et en poursuivant les recherches dans le catalogue des Artistes français, j’ai trouvé une première version en plâtre dans le catalogue de 1857, page 302, sous le n° 2732 « Faune jouant avec une panthère, statue, plâtre ». D’après le site racines comtoises, cette œuvre aurait été repérée par Baudelaire… Allons voir les textes critiques de Baudelaire : je n’ai pas trouvé celui de 1857… Edmond About ne semble pas en parler dans son ouvrage de 1858, Nos artistes au Salon de 1857 (à lire chez Gallica), pas plus que Maxime Du Camp dans Le salon de 1857, peinture, sculpture (à lire aussi chez Gallica). Mais si vous voulez vous amuser sur ce salon, je vous conseille Nadar jury au Salon de 1857, texte et caricature de Nadar (Félix Tournachon dit Nadar). Et on le trouve également sous le n° 1674 de l’Exposition universelle de Paris en 1889, avec la mention « faune jouant avec une panthère, groupe, marbre, musée de Tours, E.N. 1883 », voir la vue numérisée 89 du catalogue, et un autre Faune avec une panthère est présenté sous le n° 3211 au salon des artistes français de 1896….

Tours, le monument à Rude par Becquet, 4,<br /><br /><br /><br /><br />
le monument vu de face Arrivons à notre groupe sculpté. Il représente un faune sous les traits d’un jeune homme debout, bras gauche levé, dans une position proche de celle d’un discobole, avec une panthère à ses pieds.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 5, le monument vu de dos Tournons un peu, le jeune homme tient dans sa main droite une flûte de pan, normal me direz-vous pour un faune.

Tours, le monument à Rude par Becquet, 6, détail de la flûte de pan La voici de plus près …

Tours, le monument à Rude par Becquet, 7, détail du lion …la tête de la panthère qui lève la patte avant droite…

Tours, le monument à Rude par Becquet, 8, détail de la vigne … encore un détail, la vigne et le raisin entre les pieds du jeune homme et la panthère, devant un tambourin posé au sol.

Chamber Music de Ballaké Sissoko et Vincent Segal

Le parvis du théâtre auditorium de PoitiersJe poursuis ma saison au TAP. Il va y avoir un grand trou jusque début février, puis ça va se bousculer côté spectacles… je vais profiter de la trêve pour retourner au cinéma, que j’ai un peu trop délaissé ces derniers mois. Je suis donc allée voir Chamber Music de Ballaké Sissoko et Vincent Segal. Je les avais entendu l’année dernière (en octobre 2009) au Pont les artistes sur France Inter, je n’ai pas hésité une seconde pour leur sélection dans mon abonnement… et je ne suis pas la seule, la salle était comble! Et je suis ravie de ma soirée avec deux artistes qui avaient une pêche d’enfer, une grande complicité que l’on sentait passer du joueur de kora à celui de violoncelle, sur des musiques majoritairement d’influence africaine, écrits par le Malien Ballaké Sissoko, avec des sonorités que l’on n’imaginerait pas du violoncelle de Vincent Segal (qui a lui aussi écrit quelques morceaux d’influence française). Je regrette vraiment de ne pas avoir pu assister à 18h30, avant le spectacle, à leur leçon de musique… Alors, s’ils passent près de chez vous, foncez. Sinon, dans les bacs de votre disquaire (ou autre vendeur de produits culturels, ou en téléchargement légal), vous pouvez retrouver l’album du même titre, Chamber Music, qu’ils ont enregistré à Bamako au Mali, dans les studios fondés par Salif Keita. Vous pouvez aussi découvrir un extrait sur Dailymotion ou lors d’un enregistrement d’Arte à l’occasion festival des suds à Arles. FIP leur a aussi consacré récemment un article où vous trouverez d’autres liens…

PS: Vincent Segal a depuis réalisé la musique du film La Vierge, les coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh.

Expédition Glen Baxter à Poitiers (12 juin 2010), épisode 1

L'expédition Glen Baxter, le 12 juin 2010 à Poitiers, en images, du centre-ville à Bellejouane et retour en ville Comme je vous l’ai annoncé, il y avait une grande expédition Glen Baxter à Poitiers samedi dernier… Voici un résumé en trois planches rapides, je vous ferai quelques articles plus détaillés dans les prochaines semaines… Vous avez jusqu’au 12 septembre 2010 pour découvrir toutes ces œuvres. Pour les membres de l’expédition, rendez-vous était pris le 12 juin à 14h45 pour un départ du centre-ville en bus… Petite remise du badge à tous les « members » de l’expédition, et direction la galerie Louise Michel, dans le quartier de Bellejouane. Puis petit circuit à pied pour découvrir les œuvres sur les immeubles HLM du quartier, dans la série des cow-boys. Glen Baxter (encadré en rouge) marche d’un bon pas.

Nous reprenons ensuite le bus, faisons une halte dans le quartier de la gare pour découvrir la grande bâche que je vous ai déjà montrée sur le parking Effia. Nous reprenons le bus, passage près du TAP/théâtre auditorium devant une toile que vous verrez prochainement, halte du bus près de l’hôtel de ville (petit bouchon et gros étonnement des passants), et nous poursuivons en pedibus… Première halte devant le parking Carnot, où une grande toile de Glen Baxter a remplacé la reconstitution de l’amphithéâtre romain par Golvin. Vous pouvez voir sur ce blog des photographies du changement de toile sur le parking. La troupe vaillante poursuit l’aventure vers la maison de l’architecture.

L'expédition Glen Baxter, le 12 juin 2010 à Poitiers, en ville Rafraîchissements et découverte des planches des safaris historico-gastronomiques en Poitou-Charentes publiés ces dix dernières années dans la revue l’actualité Poitou-Charentes. Son directeur de la publication, Jean-Luc Terradillos (à gauche sur la première photo de cette deuxième planche), a également préparé l’ouvrage qui paraît avec les 38 dessins de ces safaris et un texte de Alberto Manguel, qui n’a pas pu se joindre à la journée. Il tient le micro à Denis Montebello, qui lit la recette du tourteau fromager parue également dans l’actualité Poitou-Charentes et regroupée avec d’autres textes dans Fouaces et autres viandes célestes (je vous en ai parlé il y a déjà longtemps). Le pedibus reprend ensuite sa route, direction La belle aventure, dans le salon de l’extension pour adultes ouverte il y a quelques mois, des œuvres ont pris place… et attendent aussi la séance de dédicace de mercredi 16 juin (j’essayerai d’y aller). Dehors, le reste de la troupe, vous pouvez reconnaître l’explorateur des safaris, un prof d’anglais qui traduit les légendes de Glen Baxter dans la revue et qui a superbement reproduit le costume… Arrivée à la galerie L’Art cella du Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP). Nouvelle pause boissons (eau et jus de fruits), un peu de fatigue se fait sentir dans les rangs, il fait lourd et chaud. Visite de l’exposition, avec des œuvres autour de l’éducation, bien sûr. Encore un petit effort (c’est presque plat, cette fois, je vous rappelle qu’à Poitiers, on monte et on descend) et nous voici à l’espace Mendès-France (tout le programme détaillé par le lien direct), avec un grand clin d’œil au paléontologue Michel Brunet.

L'expédition Glen Baxter, le 12 juin 2010 à Poitiers, en images, au musée Sainte-Croix L’expédition arrive enfin dans la cour du musée Sainte-Croix, accueillie par quelques cow-boys grands formats. Une petite pause avec un concert de ukulélé (vous reconnaissez Glen Baxter caché derrière un instrument, et un dessin et d’autres infos sur le site Ukulele France). Puis la troupe envahit joyeusement le musée, où la conservatrice et directrice des musées de Poitiers, Anne Benéteau-Péan, a préparé un nouvel accrochage que je trouve très intéressant. Et chacun de partir à la redécouverte du musée grâce aux œuvres dispersées dans les salles. Quelques petits discours et un grand merci collectif à Dominique Truco, chargée de mission pour le développement des arts plastiques de la ville de Poitiers, qui a organisé cet après-midi et cet ensemble d’expositions, et nous voilà devant de magnifiques buffets en intérieur et en extérieur (mais ouf, pas de pluie, malgré le temps toujours plus lourd), offerts par les producteurs mis en avant au fil des étapes des safaris historico-gastronomiques en Poitou-Charentes… Excellents, un grand bravo aux dizaines de personnes qui ont travaillé à la mise en place et à la réussite de cette journée et au-delà, de toutes les manifestations jusque mi septembre. Je suis partie vers 20h, mais il y avait encore du monde dans la cour du musée… Si vous passez par Poitiers, il faut absolument visiter tous ces lieux et découvrir ces œuvres pleines d’humour très british… Vous pouvez aussi télécharger le dossier établi par la ville de Poitiers.

Retrouvez tous mes articles sur Glen Baxter

Meurtre au philharmonique de Batya Gour

Couevrture de meurtre au philharmonique de Batya Gour, en édition Fayard pioche-en-bib.jpgAprès les mondes de la psychanalyse, de l’université et du kibboutz, Batya Gour et son commissaire, Michaël Ohayon, vont aborder le monde de l’orchestre philharmonique. J’ai emprunté le livre à la médiathèque.

Le livre : Meurtre au philharmonique, de Batya Gour, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, série une enquête du commissaire Michaël Ohayon, Fayard, 1997, 465 pages, ISBN 978-2213599793 (existe dans d’autres éditions, notamment au format poche).

L’histoire : à Jérusalem, à la veille du nouvel an juif, le commissaire Ohayon s’apprête à fêter seul cette fête (il est déprimé, sans affectation dans la police en ce moment) quand il entend les pleurs d’un nourrisson. Il le recueille et décide, de manière irraisonnée, de le garder pour lui et engage une procédure d’adoption avec sa voisine du dessus, Nita Van Helden, une jeune violoncelliste qui a aussi un jeune bébé dont elle n’a pas dit qui était le père… Quelques jours plus tard, il assiste au premier concert de celle-ci depuis longtemps, avec son frère Théo à la tête de l’orchestre et son autre frère Gabriel au violon. Son père, qui devait assister à la représentation, n’est pas là… Il est retrouvé mort chez lui un peu plus tard, apparemment étouffé par un bâillon alors qu’une toile de maître hollandais d’un grand prix et toutes ses économies en liquide (il avait peur des banques) ont disparu. Peu après, c’est Gabriel qui est sauvagement assassiné après une répétition à laquelle avait participé le commissaire avec les deux bébés. qui pouvait lui en vouloir ? Ce n’est quand même pas son projet d’orchestre baroque et de festival Wagner (interdit de pupitre en Israël) qui en est la cause ? Engagé auprès de Tina, le commissaire pourra-t-il mener l’enquête ou devra-t-il céder la place à Balilti, un agent des services secrets ? Qu’est devenu le tableau ? Pourra-t-il adopter le bébé qu’il a trouvé ?

Mon avis : comme dans les livres précédents, les cent premières pages sont surtout consacrées à dresser le tableau, celui de la voisine dépressive depuis sa grossesse, celui de l’orchestre philharmonique, de son fonctionnement, des concurrences entre musiciens, etc. J’ai passé un agréable moment avec ce livre.

Ce livre me donne envie de poursuivre la lecture de la série, dans l’ordre :

Les princesses

Le TAP le jour de son inauguration

Hier soir, je suis donc allée à une soirée au TAP/théâtre auditorium de Poitiers, pour voir Les Princesses, création de Odile Azagury.

Il y a, comme l’avaient annoncé la presse et des amis qui y étaient allés avant, des choses qui m’ont plu et d’autres beaucoup moins…

Parmi ce qui m’a plu : l’investissement de tous les lieux du théâtre, les escaliers, la salle de débarquement du matériel, le restaurant, le plateau technique, en passant par les loges ou le patio. Le principe, avoir invité différents chorégraphes et danseurs sur le thème des princesses, des parcours différents et des moments communs à tous les spectateurs. La plupart des costumes, des installations vidéo, de la danse à la limite de la performance. Parmi les séquences courtes, Destinity de Dominique Boivin, donné en bas de l’escalier, vraiment extraordinaire, dans une sorte de cage où est enfermée une princesse (en fait un homme), où sont projetées des images, magique… Dans un style très différent, la blancheur du sang de Karina Saporta, donné sur le plateau technique, avec de grandes photographies de quartier de viande à Rungis, parmi lesquels se cachent des mariées (princesses) et aussi un accouchement etc., le tout dans une ambiance de frigo qui renferment des bouteilles de lait et des poupées barbie. Un univers intrigant, une réflexion sur le monde, l’existence, qui n’a pas plu à tout le monde. Et le petit encas à l’entracte, réservé à l’avance, un peu bobo, pas très développement durable vus les déchets, une salade, des bouchées amusantes, du pain, de l’eau… Sauf qu’il n’y avait guère de place pour s’installer. L’idée aussi d’avoir fait travaillé chacun des artistes présent en résidence dans toutes la région, ce qui a permis de faire découvrir la danse contemporaine à un large public.

Ce qui m’a moins plu, les deux spectacles plus longs dans la salle d’auditorium et dans la salle de théâtre (soit 45 et 70 minutes quand même…), sans doute à cause de la musique de Luis Naon, à laquelle je n’ai pas trop adhéré.

Pour le TAP lui-même : des odeurs de peinture dans certains couloir, trop chaud dans le hall, frais à d’autres endroits, surtout des lieux, même dans le hall, où les annonces sont inaudibles… Et un retard de 25 minutes pour le départ du spectacle, ce qui est vraiment pénible et en plus, pour un spectacle qui dure 3h30 plus l’entracte, cela nous a fait vraiment sortir trop tard à 0h40…

Un livre est prévu pour garder une trace de cette création… Un DVD rendrait certainement mieux l’ambiance.