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Pater, d’Alain Cavalier

Affiche de Pater, d'Alain Cvalier

Le dernier film d’Alain Cavalier que j’avais vu, Irène, est resté gravé dans ma mémoire. Je voulais absolument voir son dernier né. Pater est sorti depuis un moment, mais en peu de copies, et il est seulement arrivé cette semaine au TAP cinéma.

Le film : à Paris, de nos jours. Alain Cavalier décide de jouer avec Vincent Lindon, chacun dans leur propre rôle, à un jeu de cour de récréation ou presque… « Et si j’étais président de la République, et si vous étiez mon premier ministre »? Comme un jeu de rôle en costume (pas facile, d’ailleurs, le choix du costume et de la cravate). Ils ont chacun leurs amis pour conseillers, il s’agit pour Vincent Lindon de monter un programme sur la limitation des salaires, avec un salaire maximum à X fois le salaire minimum dans une entreprise. Pour cela, Vincent Lindon, qui l’appliquait dans son entreprise, doit vendre celle-ci. Il plaide pour un salaire maximum égal à 10 fois le salaire minimum, le président est plutôt partant pour 15% (et aucun supérieur au salaire du président de la République). Il s’agit maintenant d’écrire les discours, de convaincre les députés et les sénateurs… avant les prochaines élections présidentielles! Alors, Lindon, fils adoptif de Cavalier? Ou bien tuera-t-il le père aux prochaines élections?

Mon avis : Alain Cavalier est vraiment un cinéaste à part, qui ne ressemble à aucun autre. Devant, derrière la caméra, qu’il confie aussi à Vincent Lindon. Une expérience dans laquelle il a entraîné l’acteur… qu’ils ont vécu visiblement dans le rire et la bonne humeur… sans oublier la bonne chair (ah, oui, ne faites pas comme moi, il vaut mieux aller voir le film le ventre plein, parce que devant vous, ils mangent et boivent de bonnes bouteilles, à table, en pique-nique à la campagne…). Des moments très drôles, je ne pourrai plus voir un tire-bouchon à « oreilles » comme avant Je ne sais pas exactement comment ça s’appelle, vous savez, ces tire-bouchons qui ont des bras sur les côtés qui se lèvent quand vous l’enfoncez dans le bouchon (PS : en fait, apparemment, ça s’appelle un tire-bouchon à levier… image « volée » sur un site marchand en ci contre, le mien n’est pas de ce modèle).

Tire-bouchon à levier Donc, je ne pourrai plus voir de tire-bouchon à levier bras levés sans penser à ce film, Alain Cavalier imitant bras levés le « je vous ai compris » de De Gaulle. Il y a quand même une chose inquiétante: et si nos « vrais » politiques prenaient leurs décisions comme ça, autour d’un bon repas (pas la peine de gâcher une bonne bouteille avec le président actuel, il ne sait pas apprécier, paraît-il). Et tout à coup, la « vraie vie » entre dans le film, Lindon redevient Lindon, furieux après son propriétaire (pour une histoire d’ascenseur), la caméra tournait, la scène a été gardée, grandiose! Gare aussi aux ongles rongés, ça en fait mal au spectateur (oui, filmé en vis à vis, ça se voit!). Une expérience cinématographique unique (d’un an quand même) pour Vincent Lindon, à ce que j’ai lu et entendu, mais aussi un OVNI cinématographique pour le spectateur. Filmé avant l’affaire DSK, mais avec cette mise en garde de Cavalier-Président, attention aux histoires de fesses. D’ailleurs, il remet à Lindon une photo compromettante de son principal adversaire politique… L’utilisera-t-il?

Un film à tout petit budget (d’après Cavalier, la plus grosse dépense, ce sont les 6000 euros du massacre à la pioche de la voiture ministérielle), pas beaucoup de copies qui circulent, mais surtout, allez le voir si vous pouvez… Et il y a plein de scènes de franche rigolade, la main dans les glaçons (trop de mains serrées), la sieste du boulanger, ou d’intimité quotidienne, comme le ronron du chat…

On devrait obliger tous les candidats à la prochaine campagne et toute leur équipe à aller voir ce film! Chiche pour mettre le salaire maximal légal dans vos programmes pour la prochaine campagne? A part le salaire maximal, il y a aussi dans le programme la condamnation à la peine maximale de tout élu ayant détourné ne serait-ce qu’un euro à son profit personnel, et le retrait de la légion d’honneur (s’il l’avait) et de tout accès aux palais de l’État à tout exilé fiscal. Je vote pour!

Une séparation de Asghar Farhadi

Affiche de Une séparation de Asghar Farhadi On parle beaucoup de ce film, Une séparation de , qui a reçu au dernier festival de Berlin l’ours d’or du meilleur film et les ours d’argent pour les meilleurs rôles masculins et féminins [depuis cet article, il a reçu d’autres prix, dont l’Oscar 2012 du meilleur film en langue étrangère et le César 2012 du meilleur film étranger ; j’ai aussi vu du même réalisateur les enfants de Belle Ville, Le passé et Le client]. L’interview du réalisateur il y a quinze jours à Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter m’avait convaincue d’aller voir ce film pour lequel le réalisateur a été contraint d’arrêter le tournage non pas à cause de la censure, mais pour avoir soutenu d’autres cinéastes iraniens emprisonnés. Depuis, le 12 juin 2011, le journaliste iranien Reza Hoda Saber, emprisonné depuis le mouvement de 2009, serait mort d’une crise cardiaque alors qu’il avait entamé une grève de la faim depuis une dizaine de jours en prison.

Le film : en Iran de nos jours. Simin (Leila Hatami) et Nader (Peyman Moadi) sont dans le bureau d’un juge. Simin, qui a bataillé pendant 18 mois pour obtenir un visa de sortie, obtenu il y a six mois et encore valable 40 jours, veut à tout pris aller à l’étranger, Nader ne veut pas partir, il veut rester près de son vieux père atteint de la maladie d’Alzheimer, et refuse que leur fille Termeh, âgée de onze ans, suive sa mère. En attendant que le divorce soit prononcé, Simin part vivre chez sa mère, tandis que Nader embauche Razieh, une femme pauvre et profondément croyante, portant le nikab, pour s’occuper de son père. Razieh a pris ce travail sans en parler à son mari, y vient avec sa petite fille, et se retrouve dès le premier jour confrontée à un grave dilemme pour lequel elle va appeler les autorités religieuses: peut-elle laver le vieil homme qui s’est fait pipi dessus et est incapable de se changer… Ayant besoin d’argent, elle reste malgré tout, jusqu’au jour où Nader rentre plus tôt du travail, trouve son père enfermé, tombé en bas de son lit, Razieh n’est pas chez lui… Il s’énerve, elle tombe dans l’escalier et perd le bébé qu’elle attendait… Cela s’est-il vraiment passé comme ça? Nader sera-t-il condamné pour meurtre, le fœtus ayant 4 mois et demi et étant considéré comme une personne en Iran?

Mon avis : un très beau film qui aborde des questions universelles, le divorce, l’adolescent objet de chantage de la part de ses deux parents, la prise en charge de parents âgés et malades, la lutte des classes (ou au moins, les riches et les pauvres), etc. En apparence, les juges, que ce soit aux affaires familiales (pour le divorce) ou au pénal et au civil (pour la fausse-couche), semblent assez libres de mener l’enquête. Tous les acteurs sont excellents, mais l’adolescente encore plus… A voir absolument, et pour une fois, un film d’art et essai, en persan sous-titré, semble rassembler un large public!

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Le chat du rabbin de Joann Sfar

Affiche du dessin animé du chat du rabbin, de Sfar Hier soir, je suis allée au cinéma, voir le Chat du rabbin de Joann Sfar, en version 2D, la seule qui passe au TAP-Cinéma, mais de toute façon, je préfère, les lunettes 3D du cinéma, contrairement à celles du fururoscope, sont inconfortables quand on porte déjà des lunettes (au fait, mon œil a complètement dégonflé dans la journée d’hier). J’avais adoré la BD (liens en fin d’article vers mes avis).

Le dessin animé : à Alger à la fin des années 1920… Le rabbin, veuf, vit avec sa fille Zlabya et son chat près du port. Un jour, le chat croque le perroquet et acquiert la parole… Le rabbin refuse qu’il voit sa fille, le chat veut absolument faire sa bar mitsva. Les autorités française exige que le rabbin passe une dictée pour le confirmer dans sa fonction de rabbin. Un jour, le malka des lions vient lui rendre visite… et un juif russe victime des pogroms est livré au rabbin en même temps qu’une caisse de livres sacrés qu’il doit mettre à l’abri. Ce peintre russe a un objectif, retrouver un de ses compatriotes qui possède une auto-chenille Citroën rescapée de la croisière noire de 1924/1925 pour rejoindre la Jérusalem d’Afrique, en Éthiopie, où il pense trouver une grande tolérance religieuse…

Mon avis : le film est fidèle à la bande dessinée, à l’exception de l’épisode de Paris (le tome 3). J’ai adoré cette adaptation menée de main de maître par l’auteur avec une équipe de 60 dessinateurs pour la mise en mouvement de son célèbre chat. La mise en son est bien servie par la musique et la voix des acteurs, notamment François Morel pour le chat, Maurice Bénichou pour le rabbin et Hafsia Herzi pour Zlabya. Plus peut-être que dans la bande dessinée ressort la nécessité de tolérance entre les religions. J’ai beaucoup aimé!

PS : sur la croisière noire, voir le monument à Audouin-Dubreuil et l’autochenille conservée au
musée de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime!

Le chat du Rabbin, mes avis sur la bande dessinée:

  • tome 1 : la Bar-Mitsva (2002) ;
  • tome 2 : le Malka des lions (2002) ;
  • tome 3 : l’exode (2003) ;
  • tome 4 : le paradis terrestre (2005) ;
  • tome 5 : Jérusalem d’Afrique (2006).

Pour aller plus loin : le site officiel de Joann Sfar

Le gamin au vélo des frères Dardenne

Affiche du gamin au vélo des frères Dardenne Festival de Cannes oblige, il y a beaucoup de sorties de film ces trois dernières semaines. Samedi dernier, j’avais hésité à aller voir The tree of life de Terrence Malick ou Le gamin au vélo de , dont je vais voir quasiment chaque film (voir ici Le silence de Lorna, Deux jours une nuit, La fille inconnue), comme pour Woody Allen (revoir mes avis pour Magic in the Moonlight, Blue Jasmine, Minuit à Paris, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Whatever WorksVicky Cristina Barcelona et L’homme irrationnel et aussi de son livre L’erreur est humaine). Donc hier soir, je suis allée voir Le gamin au vélo, de , qui a reçu le grand prix au festival de Cannes 2011.

Le film : dans une banlieue de Liège de nos jours. Cyril [Thomas Doret], jeune collégien d’une douzaine d’années, a été placé dans un foyer pour enfants mais veut à tout prix retrouver son père, qui l’a abandonné il y a plus d’un mois… Il s’enfuit (à pied) de son foyer pour aller dans son ancien immeuble, son père a déménagé, il se réfugie dans le cabinet médical du rez-de-chaussée, s’accroche à une dame pour éviter que l’éducateur ne le ramène au centre. Quelques jours plus tard, cette dame, Samantha, la coiffeuse du quartier [Cécile de France], lui rapporte au centre son vélo auquel il semblait tant tenir. Elle accepte de l’accueillir chez elle pendant les week-ends, même si sa douleur de se voir rejeté par son père est insupportable… et qu’il n’est pas question de la mère (décédée, comme la grand-mère évoquée dans une petite phrase?). Acceptera-t-il l’amitié de cette femme ou cèdera-t-il aux avances du dealer du quartier?

Mon avis : j’ai dû attendre le générique pour avoir la confirmation que l’histoire se passe bien à Liège, il me semblait avoir reconnu les bords de Meuse et le bref passage en centre-ville, mais je n’étais pas sûre… Contrairement aux autres films des frères Dardenne, il ne pleut pas cette fois-ci en Belgique! Cela ne rend pas cette cité plus gaie, mais la promenade finale à vélo au bord de la Meuse (reprise sur l’affiche) en est bien plus jolie… Thomas Doret, qui joue le jeune Cyril, est déjà un grand artiste, Cécile de France excellente! Un film qui montre le rejet du père, sa lâcheté (il n’ose pas dire à son fils qu’il ne veut plus le voir), la générosité d’une femme qui de famille d’accueil pourrait bien devenir la mère adoptive du gamin… Un film à voir!

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

The tree of life de Terrence Malick

Affiche de The tree of life de Terrence Malick Samedi soir, je suis allée au cinéma, j’ai hésité entre le gamin au vélo des frères Dardenne au TAP cinéma et the tre of life de Terrence Malick au CGR du centre-ville de Poitiers (en VO, la VF passe au complexe extérieur où je ne vais jamais, et je ne saurais pas allée voir la VF). J’ai opté sur ce dernier, même si les conditions au CGR ne sont pas bonnes… Ici, dans les moments calmes et presque silencieux, nous entendions très fort le film d’action de la salle d’à côté. Inadmissible, et le maire voudrait que le TAP loue ici des salles d’art et essai? Il y aura des travaux d’insonorisation? Et pourra-t-on voir le film, rien que le film (sans les 15 minutes de publicité avant) et tout le film (avec le générique jusqu’à la fin dans le noir, cette fois, ils ont fait un effort, on a pu lire jusqu’au début de la musique)? Bon, revenons au film, qui a reçu hier la palme d’or à Cannes.

Le scénario : à New-York aujourd’hui mais surtout dans une riche banlieue du Texas des années 1950 aux années 1970, environ. Dans son gratte-ciel de bureaux, Jack, un homme d’âge mûr, se souvient de la mort de son petit frère à l’âge de 19 ans (donc environ 40 ans plus tôt) et de leur enfance. Jusqu’à l’arrivée de ses deux petits frères, Jack était LE fils bien-aimé de ses parents et surtout de sa mère, Mrs O’Brien Jessica Chastain. Puis il doit partager cet amour avec ses deux petits frères. Leur père (Brad Pitt), qui aurait voulu être musicien (il joue du piano à la maison et de l’orgue à l’église), fait tout pour réussir dans la vie et pense aider ses fils à affronter la vie en les élevant à la dure (interdiction de parler à table, de claquer la porte, diverses corvées, etc.).

Mon avis : je n’ai pas aimé! Il m’arrive rarement d’avoir une opinion aussi tranchée, mais c’est comme ça… L’omniprésence de Dieu et de l’Église (même si elle est protestante) m’a gênée puis agacée. La citation du livre de Job en ouverture, la petite flamme entre chaque partie du film, les paroles de la mère ou du fils à Dieu, le bénédicité, la bougie, etc., trop, c’est trop… Je comprends que certains puissent apprécier le film. Car certes, il y a de très belles images, avec un passage un peu trop long sur les quatre éléments et de beaux tourbillons (pas de la vie): des nuées d’oiseaux, des volutes s’échappant d’un volcan, de la mer, de la lave, de la voie lactée, etc. Une belle rivière, de beaux arbres, un peu répétitifs. Je n’ai pas compris l’arrivée des dinosaures ni le champ de tournesol sur fond de Requiem… Et une histoire qui ne m’a pas vraiment marquée, si cela se passe bien au Texas, voir les noirs juste pour un barbecue de bienfaisance à la sortie de la messe dominicale ne permet pas de rendre compte de la ségrégation qui était si importante à ce moment là… Bon, la danse hongroise de Smetana me trotte encore dans la tête, je l’ai remise hier matin…

Minuit à Paris de Woody Allen

Affiche de minuit à Paris de Woody Allen Il y a des moments où je vais peu au cinéma, d’autres où j’y vais plus souvent… deux fois la semaine dernière donc (revoir ici Où va la nuit de Martin Provost). Il faut dire qu’après des mois de travaux rendant le TAP-cinéma difficilement accessible le soir (plein de trous et peu d’éclairage), ceux-ci sont en train de se déplacer, toujours des trous, de la poussière, du bruit, mais plus au même endroit… Et puis, je ne rate jamais « le » Woody Allen annuel (je vous ai parlé de Magic in the Moonlight, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, de Whatever Works et de Vicky Cristina Barcelona, Blue Jasmine, et aussi de son livre L’erreur est humaine). Beaucoup de monde à la séance de samedi soir, le public semble préféré la version en VO de la salle d’art et essai que la version en VF dans le cinéma commercial à côté.

Le film : aujourd’hui à Paris. Un entrepreneur américain est à Paris avec sa femme pour affaires, ils ont amené dans leurs bagages leur fille Inès (Rachel McAdams) et leur futur gendre, Gil (Owen Wilson), auteur de scénarios à Hollywood qui est en train d’écrire son premier roman. Ils croisent un couple d’amis d’Inès, dont Paul (Michael Sheen) le pédant qui vient donner un cours à la Sorbonne. Las de supporter leur présence, Gil décide de les abandonner à leur soirée et de rentrer à pied à l’hôtel. Minuit sonne, une vieille voiture passe, et le voilà qui atterrit dans le Paris des années 1920, entre Pablo Picasso, Scott et Zelda Fitzgerald, Ernest Hemingway, Gertrude Stein, Salvador Dalí… et Adriana (Marion Cotillard), que se disputent Picasso et Hemingway… et dont Gil tombe amoureux… Chaque jour, il revient avec sa future belle-famille, et chaque nuit, à minuit, il s’échappe dans le passé…

Mon avis : si vous n’aimez pas les films de Woody Allen, vous n’aimerez pas non plus celui-ci, qui est presque une caricature de ses propres films… Un homme qui va se marier et qui doute de son amour, voilà un thème récurrent de l’auteur… Une comédie légère qui nous montre peut-être plus le Paris des années 1920 que le Paris d’aujourd’hui (quoique…). Dans les petits rôles secondaires, j’ai préféré Gad Elmaleh (détective chargé par le père de la fiancée de trouver où Gil va la nuit) à Carla Bruni-Sarkozy (deux très brèves apparitions comme guide du musée Rodin, que l’on voit près du Penseur presque à l’endroit que je vous ai montré sur la dernière photographie de cet article).

Pour Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Où va la nuit de Martin Provost

affiche de Où va la nuit de Martin Provost Parce que j’avais beaucoup aimé Séraphine de Martin Provost, je me suis précipitée au cinéma voir Où va la nuit (adapté de Mauvaise Pente de Keith Ridgway) avec dans le rôle principal Yolande Moreau, qui était Séraphine dans le précédent film.

Le scénario : dans la campagne belge et à Bruxelles, de nos jours (enfin, plus précisément, après 2009, à cause du musée Magritte que l’on entraperçoit et qui a ouvert en juin 2009). Depuis longtemps, Rose Mayer (Yolande Moreau) est le puching ball de son mari. Un jour (plutôt une nuit), celui-ci, ivre, a renversé et tué une jeune fille sur une route de campagne. Il a écopé de six mois de prison, d’un retrait de permis. Rose a géré seule la ferme, le sert comme une esclave, et un jour, les coups de trop. Elle hésite à fuir, et puis, finalement, elle décide d’assassiner son mari avec sa voiture à l’endroit même où il a tué la jeune fille. Après l’enterrement, où elle semble plus affectée sur la tombe d’un enfant que sur celle de son mari, elle va retrouver Thomas (Pierre Moure), son fils homosexuel, à Bruxelles. Sans lui avouer le crime, bien sûr, mais un journaliste et des policiers sont sur sa trace…

Mon avis : j’ai passé une agréable soirée, même s’il y a un petit quelque chose que je ne sais pas exprimer… Le dénouement, peut-être? Mais pour une fois, nous voyons un couple homosexuel comme un couple hétéro, amour et dispute voire violence conjugale compris! La (re)découverte de la ville par l’agricultrice, ou le personnage de l’inspecteur, ou encore la veuve qui tient une pension de famille et trouve un moyen d’échapper à son train-train-quotidien, ont beaucoup de présence, de même que la transformation de la mère tout au long du film.

Policier, adjectif

Affiche de Policier, adjectif Je termine les comptes rendus du festival Télérama avec Policier, adjectif du roumain Corneliu Porumboiu.

Le film : un policier, Cristi, enquête sur un petit trafic de cannabis entre jeunes lycéens. Le frère de l’un d’eux l’a dénoncé à la police, le procureur et le supérieur du flic veulent l’arrêter tour de suite, le policier a un doute et poursuit ses filatures, domicile, lycée, domicile, passage au commissariat…

Mon avis : deux heures de filatures, toujours le même trajet, sans aucune action, avec plein de silences, c’est trop! La critique avait été partagée sur ce film, pour moi, c’est trop long sans aucune histoire… La salle a fini par rire nerveusement quand la femme du flic, professeure, le reprend à propos d’une faute d’orthographe… liée à une réforme de l’académie de Roumanie. Faute reprise un peu plus tard par son supérieur… Sinon, vous verrez un commissariat pourri, des relations entre flics, avec le service d’identification. Au fait, le révolver sur l’affiche est une escroquerie, il n’y en a pas de tout le film… Pendant cinq minutes, Cristi tourne autour d’un rubalise (ces rubans qui balisent les chantiers… ou des scènes de crime), vous vous dites chouette, il va y avoir un mort et de l’action! Et bien non, c’est juste un rubalise de chantier, autour d’un trou dans la chaussée… Bon, si vous voulez vous rendre compte par vous même, il passera peut-être un jour sur Arte en seconde partie de soirée? Ou bien votre médiathèque préférée l’achètera, plus pratique pour zapper la huitième journée de filature identique aux précédentes (j’exagère à peine…). De Bucarest, vous ne verrez qu’une rue, un appartement et un commissariat…

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

Fantastic Mr Fox de Wes Anderson

Affiche de Fantastic Mr Fox Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec Fantastic Mr Fox de Roumanie, le seul film d’animation que j’ai vu dans ce cadre. Il a été adapté d’un roman de Roald Dahl. [Depuis, du même réalisateur, j’ai aussi vu The Grand Budapest Hotel].

Le film : après avoir échappé à la mort en essayant de piller un poulailler, M. et Mme Fox vivent tranquillement depuis douze ans (en années-renard… je ne sais plus combien ça fait en année-homme!) dans un terrier avec leur fils, Ash, né peu après cet incident. Ils déménagent pour rejoindre un arbre creux et accueillent leur jeune neveu Kristofferson, venu leur rendre visite pendant la maladie de son père. Mais l’instinct démange M. Renard, il décide de reprendre sa vie de voleur de poulets et de défier ses voisins éleveurs, Boggis, Bunce et Bean. Ceux-ci ne comptent pas se laisser faire, et c’est la guerre qui éclate entre M. Renard et tous les animaux et les hommes…

Mon avis : je l’ai vu en VO, avec les voix de George Clooney et Meryl Streep pour M. et Mme Fox. Dans la version française, ils sont doublés par Mathieu Amalric et Isabelle Huppert (pour la distribution complète, voir le site officiel du film). Un beau conte comme on les aime, des gentils, des méchants, des sympathiques, etc. Quand les renards creusent pour s’enfoncer dans la terre, cela rappelle un peu les Tex Avery! Et puis, très vite, des questions se posent : Mr Fox peut-il mettre en danger sa femme, Felicity, son fils et son neveu en allant défier les hommes, encore plus en emmenant ce dernier comme complice ? En version originale, les dialogues et les chants sont irrésistibles, je ne sais pas ce qu’il en est pour la version française. Il est maintenant disponible en DVD, si vous avez l’occasion, n’hésitez pas à le voir!

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

Poetry de Lee Chang-dong

Affiche de Poetry de Lee Chang-dong Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec Poetry de Lee Chang-dong, qui avait reçu le prix du scénario à Cannes en 2010.

Le film : Dans une petite ville de la province du Gyeonggi, pas très loin de Séoul, de nos jours. Une collégienne s’est suicidée en se jetant d’un pont dans le fleuve Han. Cette jeune fille était élève dans la même classe que le petit-fils de Mija, 65 ans, une mamie un peu excentrique, qui soigne son apparence (une belle collection de robes à fleurs et de chapeaux…), mais doit travailler comme aide-ménagère d’un vieux monsieur qui a eu une attaque cérébrale pour réussir à vivre… Sur le parking de la clinique où elle vient de consulter pour un mal à l’épaule et des trous de mémoire (qui s’avéreront être un début de maladie d’Alzheimer), elle croise l’ambulance qui a amené le corps de la collégienne et sa mère en pleine détresse… À l’arrêt de bus, elle a vu une petite annonce pour des cours de poésie à la maison de la culture, elle décide de s’y inscrire et reçoit comme exercice d’écrire, pour la première fois de sa vie, un poème. Elle assiste aussi à des lectures de poésie dans une sorte de café-poésie… Mais voilà, au milieu de cette harmonie, son petit-fils lui mène la vie rude, vautré devant la télé ou derrière son ordinateur, exigeant pour les repas, recevant très tard une bande de copains. Et voilà qu’elle reçoit la visite du père d’un de ces copains… Dans son journal intime, la collégienne dénonce les viols depuis des mois par six de ses camarades. Les cinq autres pères ont décidé d’acheter le silence de la mère en lui proposant 30 millions de wons (soit 21 000 euros, d’après ce que j’ai lu sur certains sites) pour la convaincre de ne pas porter plainte, avec la complicité du directeur du collège. Comment Mija trouvera-t-elle 5 millions de wons ? Et au fait, où est passée sa fille, mère du garçon coupable à laquelle elle n’annonce même pas le comportement de son fils ?

Mon avis : Je n’étais pas allée voir ce film lors de sa sortie, même s’il avait une bonne critique et reçu le prix du scénario lors du dernier festival de Cannes, j’avais peur que ce soit un film trop dur (les films de Corée du Sud le sont parfois…). Le vrai choc entre le sordide de la situation et Mija qui part en rêveries poétiques quand la réalité semble trop difficile à supporter. Cette grand-mère est vraiment bien sympathique avec ses « belles » tenues, la maladie d’Alzheimer débutante est abordée avec pudeur. Mais que dire de la place des enfants et la relation des parents face à leur enfant roi en Corée, prêts à acheter le silence du proviseur et de la mère de la victime et pourquoi pas la police plutôt qu’à faire comprendre à leurs fils la gravité des faits qu’ils ont commis, pour ne pas compromettre leur avenir… Un très beau film, plein de poésie dans la tragédie…

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :