Archives de catégorie : Visites, musées et expositions

Mes visites, expositions et patrimoine, à l’exception de ce qui concerne Poitiers, classé à part…

Le monument de la place de la République à Paris : les allégories

Monument de la République à Paris La place de la République à Paris, réaménagée en 2013, est devenue un lieu de recueillement après avoir été longtemps le point de départ ou d’arrivée des grandes manifestations… Mais qui regarde vraiment le monument? Pourtant, il est constitué de quatre figures allégoriques (je vous en parle dans cet article) et de douze plaques en bronze racontant les principaux épisodes de l’histoire de la République (à découvrir dans un prochain article).

Monument de la République à Paris : signature de Léopold et Charle MoriceToutes les statues sont du sculpteur Léopold Morice (Nîmes, 1846 – Paris, 1920) et l’architecte du monument n’est autre que son grand frère Charles Morice (1848-1908), ainsi qu’en atteste la signature : « Léopold Morice statuaire / Charles Morice architecte ». La République en bronze est installée sur une colonne de 15,5 mètres de haut. Elle-même mesure 9,50 mètres.

Dédicace du monument de la place de la République à ParisLe monument, commandé en 1879, est dédié  » A la gloire de la République Française, la ville de Paris, 1883  » (inscription sous les armoiries de la ville de Paris) et a été construit de 1880 (mise en place d’un modèle en plâtre le 14 juillet) à 1883 (inauguration officielle… encore le 14 juillet!).

Monument de la République à Paris : la RépubliqueLa République qui domine la colonne est un concentré des symboles de la République (je vous invite à relire cet article pour plus d’explications) :

Monument de la République à Paris : la tête de la République coiffée d'un bonnet phrygien et d'une couronne végétaleelle est coiffée d’un bonnet phrygien et d’une couronne, elle brandit un rameau d’olivier.

Monument de la République à Paris : la République vue de dosHabillée à l’Antique, en appui sur les droits de l’homme…

Monument de la République à Paris : l'épée de la République… elle porte une courte épée dans un fourreau contre son flanc gauche…

Monument de la République à Paris : les sandales de la République… et est pieds nus dans ses sandales.

Monument de la République à Paris : inscription sur les tables de la loi de la République Impossible de prendre l’inscription « droits de l’Homme » dans sa totalité…

Monument de la République à Paris : la LibertéLes trois autres allégories, sculptées en pierre, se répartissent autour de la colonne et illustrent la devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Elles se distinguent par leurs attributs, et au cas où, leur « nom » est ajouté au-dessus ;-). Je commence donc par la Liberté…

Monument de la République à Paris : la LibertéNu-tête, elle est assise devant un chêne et brandit un flambeau. Alors que la célèbre statue de la Liberté  d’Auguste Bartholdi , quasi contemporaine (voir le modèle de 1878), se débarrasse de ses fers qui gisent à ses pieds,  la Liberté de Léopold Morice tient les fers dans sa main droite, en appui sur ses genoux.

Monument de la République à Paris : l'ÉgalitéL’Égalité semble un peu crispée, avec sa main cramponnée sur le drapeau…

Monument de la République à Paris : l'Égalité, détail de la cuirasse et du casqueElle a un air martial avec les attributs d’Athêna, déesse de la guerre : la cuirasse (égide) est sanglée par dessus sa robe et ses jupons et elle porte le casque typique de la déesse.

Monument de la République à Paris : l'Égalité, détail du drapeauElle tient de la main droite un drapeau à la hampe ceinte d’une cocarde et portant le chiffre de la République (RF).

Monument de la République à Paris : l'Égalité, détail du niveau Elle tient de la main gauche le niveau triangulaire des charpentiers.

Monument de la République à Paris : la FraternitéLa Fraternité est est vêtue d’une robe au corsage lacé de manière assez serrée.

Monument de la République à Paris : la Fraternité, avec la corne d'abondanceCoiffée d’un foulard noué derrière la tête, la Fraternité est assise avec un bouquet d’anémones qui s’échappent de la corne d’abondance posée sur ses genoux.

Monument de la République à Paris : la Fraternité, détail de la charrueDe sa main droite, elle s’appuie sur les brancards d’une charrue.

Monument de la République à Paris : la Fraternité, détail des enfants, gerbe de blé et raisinA ses pieds deux enfants potelés (dodus pour faire plaisir à Maryse?) semblent concentrés sur un livre. Derrière eux, gerbes de blé et raisins symbolisent l’abondance.

Monument de la République à Paris : devises Pax et Labor (paix et travail)Des cuirs posés sur des faisceaux de licteur (revoir les symboles de la République) séparent les allégories sur les côtés (devant, il y a les armes de la ville de Paris) et encadrent donc la Fraternité ; ils portent les inscriptions « LABOR » (travail) et « PAX » (paix), deux devises fréquemment associées à la République à la fin du 19e siècle, on les trouve par exemple aussi sur la façade de la bourse du travail édifiée en 1889-1890 à Paris.

Monument de la République à Paris : le lion gardant l'urne du suffrage universelDevant le monument, un lion majestueux (3 mètres de long quand même) garde une urne marquée du « Suffrage universel »…

Monument de la République à Paris : marque du fondeur Thiébaut frères sur le socle de la RépubliqueElle porte la marque des fondeurs Thiébaut frères, dont je vous ai déjà beaucoup parlé.

Monument de la République à Paris : le lion et les trophées de 1789… et des trophées marqués 1789 accompagnés de palmes.

Monument de la République à Paris : marque du fondeur Thiébaut frères sur le socle du lionLui aussi porte la marque de  » Thiébaut frères fondeurs ».

Photographies d’août 2014.

Des symboles de la République…

Comme hier, reprenons la petite phrase prononcée le 29 août 2016 à Colomiers par Manuel Valls:

« Sur la place des femmes nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! C’est ça Marianne ! »

Angoulême, monument à Sadi Carnot, 8, vues de l'allégorie du bas Je vous ai montré hier que si, la République porte régulièrement le voile quand elle est sur un monument aux morts au lendemain de la guerre de 1870 ou de la Première Guerre mondiale, mais aussi sur d’autres monuments, ici je vous propose un autre exemple avec un détail de la France en deuil du monument à Sadi Carnot, par Raoul Verlet, à Angoulême.

Les seins de la République de Camille Raynaud sur le monument aux morts de 1914-1918 à Toulouse « […] elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple« … elle a surtout le sein nu parce que c’est une des représentations allégoriques antiques de la femme (ici un cas « extrême », la Victoire, une des formes de la personnification républicaine, de Camille Raynaud sur le monument aux morts de 1914-1918 à Toulouse, qui fit scandale…

Monument aux morts de Skikda/Philippeville à Toulouse, 9, détail de la Victoire
… M. Valls pensait sans doute plutôt à ce type de sein(s) dénudé(s), tel que Camille Alaphilippe a choisi pour sa victoire du monument aux morts de monument aux morts de Skikda (Philippeville) (déplacé à Toulouse). Le sein peut aussi être légèrement caché par le rebord de la tunique délicatement drapée à l’Antique ou sous une tunique à l’effet mouillé…

Bonnet phrygien de la France sur le monument de la Belgique reconnaissante à Paris Mais ce n’est pas le premier symbole républicain que je mettrais en valeur! Elle peut porter le bonnet phrygien, qui était porté dans l’Antiquité par les esclaves lors de la cérémonie d’affranchissement et devenu symbole de la liberté à la Révolution française. J’ai choisi ici le monument « à la France, la Belgique reconnaissante, 1914-1918″ de Isidore de Rudder, à Paris.

Bonnet phrygien sur le monument aux soldats tchécoslovaques tombés en France pendant la première guerre mondiale, par Karel DvorjakOn voit peut-être mieux la forme du bonnet phrygien sur cette vue de la France sur le monument aux soldats tchécoslovaques tombés en France pendant la première guerre mondiale, par Karel Dvorjak, dans le cimetière du Père-Lachaise à Paris (il faut aussi que je rédige un article…).

Paris, la République de Jean-François Soitoux, 1, de face Une des premières représentation officielle de la République, que vous pouvez voir sur le quai de Malaquais à Paris, devant l’Institut, a été réalisée par Jean-François Soitoux , lauréat du concours de sculpture organisé suite à la Révolution de février 1848 pour incarner la France. Elle est coiffée d’une couronne végétale ou couronne civique, ici composée de rameaux de chêne (la force, la sagesse).

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 4, allégorie de Poitiers au centre La République de Jean-François Soitoux s’appuie sur un faisceau de licteur, composé de verges nouées autour d’une francisque (hache), qui était porté à Rome  par les licteurs (officiers) qui ouvraient la voie aux magistrats et symbolise l’autorité du pouvoir exécutif. C’est également un symbole que l’on trouve dans la « panoplie » des allégories de la justice, ici sur le  plafond de la salle du blason de l’hôtel de ville de Poitiers, peint par Émile Bin.

Le monument aux morts de Saint-Jean-d'Angély par Albert Bartholomé, la gloire de face et de trois quarts, Dans d’autres cas, la couronne végétale est portée dans les mains ou brandie à bout de bras. Elle peut aussi être composée de laurier (victoire), de tiges de blé (opulence agricole), d’olivier (paix), etc. Sur le monument aux morts de Saint-Jean d’Angély, dû au sculpteur , la République cumule, elle porte une couronne civique dans la main et sur la tête 😉

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 3, deux détails

La couronne civique comme le bonnet phrygien peuvent être ornés d’une cocarde aux couleurs nationales… Parmi mes photos, la plus claire est sans doute celle-ci, brandie non par une République mais par le soldat du monument aux morts du cimetière de Salonique à Toulouse, par Raymond Isidore.

Pectoral orné d'une tête de Gorgone, monument aux morts de Montmorillon par Aimé OctobreLa République peut porter le pectoral (partie de l’armure protégeant la poitrine) orné d’une tête de Méduse (censée pétrifier l’ennemi de son regard), rappel de l’égide, accessoire classique d’Athêna, ici sur le monument aux morts de Montmorillon par Aimé Octobre (encore un article en attente de rédaction)…

Monument au<br /> x morts des Clefs (Haute-Savoie), le buste de la République… ou dans une version plus fruste sur le  monument aux morts des Clefs par Peterlongo.

Niort, Gloria Victis de Mercié, la GorgoneLa tête de Gorgone peut être remplacée sur la cuirasse par d’autres symboles, comme des mains serrées et des pattes de lion entrecroisées ou d’autres représentations symboliques… ici l’exemplaire niortais de la Gloria Victis (monument aux morts de 1870) par

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 16, la Victoire aux ailes casséesLa République peut aussi être tête nue, les cheveux coiffés en un strict chignon antique, comme ici pour la petite Victoire d’Aimé Octobre sur le monument aux morts de 1914-1918 à Châtellerault

Le monument aux morts de Loudun, 6, deux détails de la gerbe de blé et de la faucille

ou sur le monument aux morts de Loudun par Eugène L’Hoest.

Angers, monument aux morts, 6, vue de côtéQuand elle prend l’incarnation de la Victoire, elle porte des ailes, vous en avez quelques exemples ci-dessus, j’ajoute cette vue de la Victoire du monument aux morts d’Angers par Jules Desbois.

Limoges, monument aux morts de 1870, 6, la femmeDans sa panoplie, il faut aussi ajouter le drapeau (ici le monument aux morts de Limoges par Adolphe Martial Thabard)…

La République de Peynot à Lyon, détail du buste de la RépubliqueL’étoile à cinq branches peut être associée à la couronne végétale (voir plus haut la République de Soitoux) ou être portée à la ceinture, comme ici sur la La République d’ à Lyon…

Détail de la République du cimetière de Chilvert à Poitiers… l’étoile à cinq branches peut aussi juste être collée sur le front comme sur la République du monument aux morts du cimetière de Chilvert à Poitiers (tiens, il faut que j’en fasse un article…)

Monument aux morts du Marchioux à Parthenay, 5, détails du blouclier et des pieds nusLe bouclier est aussi fréquemment associé à la République, ici sur le monument aux instituteurs des Deux-Sèvres morts pour la France (collège du Marchioux), à Parthenay (plâtre préparatoire dessiné par Charles Sabouraud, ancien élève de l’école normale, sculpture réalisée par un sculpteur espagnol qui habitait dans cette ville).

Poitiers, la statue de la Liberté, 8, le détail des tables de la loi Plus rarement on trouve les tables de la Loi ici sur la copie poitevine statue de la Liberté (la Liberté éclairant le monde) d’Auguste Bartholdi

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 07, la Révolution, 4 vues … associées ou non au flambeau (monument au centenaire de la fête de la fédération, à Châtellerault, avec la République de Gustave Michel).

Le monument aux morts de Lessac (Charente), 3, détail du buste Dans ses versions guerrières, la République peut aussi porter le casque de Poilu (ici sur le monument aux morts de Lessac, en Charente, par )…

Bressuire, monument aux morts de 1870, détail de la République… ou la version précédente du casque réglementaire (ici sur le monument aux combattants de 1870 à Bressuire, par Jules Rispal)…

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 4, la République vaincue Elle peut s’appuyer sur l’épée (ici sur le monument aux mobiles de la Charente, par Raoul Verlet à Angoulême)…

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 2, quatre vues … ou la brandir! Ici la République d’Émile Guillaume à Nantes, déplacée mais qui était auparavant sur le monument aux morts… sa nudité n’avait pas plu.

Bon, ce n’est pas exhaustif, mais j’ai apporté ma petite pierre au thème est « Patrimoine et citoyenneté » des 33e journées du patrimoine (ce week-end, 17 et 18 septembre 2016)…

Couverture du livre les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-CharentesEt toujours disponible chez Geste éditions je pense,  Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008.

Quand la République porte le voile…

Le visage de la République du monument aux morts de Chabanais, (c) Région Nouvelle Aquitaine, Gilles Beauvarlet, 2008

Le visage de la République du monument aux morts de Chabanais, (c) Région Nouvelle Aquitaine, Gilles Beauvarlet, 2008

Le thème retenu pour les 33e journées du patrimoine (ce week-end, 17 et 18 septembre 2016) est « Patrimoine et citoyenneté ». L’occasion de revenir sur la petite phrase prononcée le 29 août 2016 à Colomiers par Manuel Valls:

« Sur la place des femmes nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! C’est ça Marianne ! »

Couverture du livre les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes Je vous ai déjà montré ici de nombreux exemples d’allégories de la République, je vais partir de ce livre publié dans mon service par une de mes collègues : Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, édité dans la collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008. Nous avions pour la couverture la République du monument aux morts de Chabanais, en Charente, par Georges Delpérier. Elle porte, superposés, un bonnet phrygien, une couronne végétale et… un voile de deuil!

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 4, la République vaincue Le voile de deuil est un attribut fréquent des allégories de la République, et ce dès le lendemain de la guerre de 1870, comme par exemple sur le monument aux mobiles de la Charente, par Raoul Verlet à Angoulême. La France porte le deuil de l’Alsace-Lorraine, au lendemain de la Première Guerre mondiale elle porte le deuil des millions de morts…

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 4, la mère âgée, de loin et de près

Le port du voile était un signe extérieur pour signifier le deuil pour les femmes (et je ne parle pas des fichus et autres couvre-chefs quasi obligatoires pour entrer dans les églises), il n’y a donc aucune raison que la République, allégorie (image symbolique) ne porte pas elle aussi le voile! Pour illustrer ceci, je vous ai choisi la mère du soldat du monument aux morts de 1914-1918, à Angoulême, par Émile Peyronnet.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 5, la femme et la fillette, de loin et de près

Sur ce monument, la femme du soldat (mais pas la fillette, non pubère) porte aussi le voile…

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin et de la République … ainsi que la République monumentale!

Niort, le monument aux morts de 1914-1918 par Poisson, 6, détail de la République Parmi les exemples que je vous ai déjà présenté sur mon blog, je peux aussi ajouter la République du monument aux morts de 1914-1918 à Niort, par Pierre Marie Poisson, elle porte un bonnet phrygien, mais ici, on voit bien qu’il est composé d’un pliage de tissu… rien d’autre qu’un voile de forme particulière qui ici couvre largement les cheveux et le dos!

Le visage de la République du monument aux morts de Cherves-Richemont, (c) Région Nouvelle Aquitaine, Raphaël Jean, 2008

Le visage de la République du monument aux morts de Cherves-Richemont, (c) Région Nouvelle Aquitaine, Raphaël Jean, 2008

Parmi les allégories de la République plus expressives dans la douleur du deuil, j’ai choisi de vous montrer celle du monument aux morts de Cherves-Richemont, en Charente, lui aussi par Raoul Verlet

Allez, pour les nostalgiques de mes chroniques « patrimoine », je vous prépare pour demain un article sur les symboles de la République, et je vais essayer de mettre plus régulièrement des statues et autres monuments!

La vallée de la Gartempe : Pindray et Jouhet

Affiche conférence sur Pindray et Jouhet, dans la Vienne, le 8 septembre 2016 à 18h[Article du 1er septembre 2016 actualisé]

Une fois n’est pas coutume, je vous parle « boulot », enfin la partie visible de mon travail! Ce soir (8 septembre 2016), avec Maxime Guichet, stagiaire qui vient de  découvrir pendant 5 mois le métier de l’inventaire du patrimoine culturel en étudiant la commune de Pindray, nous donnerons une conférence sur cette commune et Jouhet, qui lui fait face sur l’autre rive de la Gartempe, au nord de Montmorillon (sud-est du département de la Vienne).

Conférence « La vallée de la Gartempe : Pindray et Jouhet »

Jeudi 8 septembre 2016 à 18 heures

Mairie de Pindray, salle polyvalente

Libre et gratuit

Et pour ceux qui ne peuvent pas venir, un diaporama et un album photo sur Pindray vous décideront peut-être à revoir votre choix! Sur le site de la Région Nouvelle-Aquitaine (service du patrimoine, site de Poitiers) nous avons mis en ligne un livret téléchargeable sur le patrimoine de Pindray (au choix en version complète avec les images, en texte seul et bientôt à feuilleter) et avons publié les éléments du patrimoine étudiés de Pindray , à suivre sans doute aussi le diaporama complet que nous présenterons ce soir. Ensuite, il faudra patienter un peu, en octobre, sur le site internet, je parlerai des peintures murales romanes d’Antigny (en attendant les peintures du seigneur de Moussy), et les dossiers de Jouhet ainsi que le livret sur cette commune seront publiés en novembre.

Pour suivre l’actualité des dossiers et illustrations sur la vallée de la Gartempe, suivre le lien (clic, clic sur l’image)…

Consulter les dossiers, nouvelle fenêtre

Pour suivre l’actualité des découvertes sur la vallée de la Gartempe, c’est par ici!

Nuit européenne de la chauve-souris 2016

Une chauve-souris dans le tunnel de ma résidence, 1La nuit européenne de la chauve-souris, c’est demain soir (27 août 2016)! Il y aura partout en Europe des points d’observation… au frais dans les bois ou dans des grottes, avec des appareils pour rendre audibles les infra et ultrasons qu’elles émettent. Vous pouvez retrouver en suivant le lien toutes les informations et les lieux d’observation en France, pour les autres pays, je n’ai pas cherché… Protégez ces petites bêtes, laissez leur des gîtes sympathiques, la plupart de celles qui vivent dans nos contrées sont insectivores et mangent notamment des milliers de moustiques chacune! Celle de la photographie vient régulièrement se mettre au frais quelques jours dans le tunnel interne de la résidence où j’habite, qui permet de relier le « plateau » de Poitiers en ascenseur. Elle doit y trouver la fraîcheur des grottes. Les arbres, les greniers, les hangars en abritent aussi beaucoup, même s’il faut attendre de les voir sortir à la chasse aux insectes pour les voir.

Stalles de la cathédrale de Poitiers, dosseret, chauve-sourisSinon, pour les amis et visiteurs poitevins, vous pouvez aussi aller voir la chauve-souris sculptée sur l’un des dosserets des stalles de la cathédrale de Poitiers ou celles qui logent au-dessus des voûtes de l’église Sainte-Radegonde, et volent régulièrement dans la nef en passant par les anciens trous des cordes des cloches.

Pour aller plus loin : voir Le guide des chauves-souris en Poitou-Charentes, de Olivier Prévost (Collection les cahiers naturalistes, 2004, Geste éditions, 197 pages, ISBN 978-2845611625).

Centrale nucléaire de Civaux, juillet 2016, record de rejets dans la Vienne!

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneCela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de la centrale nucléaire, installée sur un karst, de ses problèmes avec la sécheresse, de crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), de ses fuites de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…

Un entrefilet, hier, dans la presse locale, m’a alertée:

« État des rejets dans la Vienne, de la Centrale de Civaux

La centrale de Civaux est située sur le bassin de la Vienne, entre les stations débitmétriques de Lussac-les-Châteaux (en amont) et de Cubord (en aval). La station de Cubord est la station débitmétrique de référence pour le suivi du fonctionnement de la centrale. Selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire, « l’exploitant de la centrale prend toutes les dispositions pour garantir un débit moyen journalier minimum en Vienne à l’aval du rejet de la centrale supérieur à 10 m ». Au cours du mois de juillet, il est à noter que différents seuils de rejets ont été dépassés. Au total, le seuil de rejets chimiques a été franchi sur 22 jours, et huit jours pour le seuil de rejets radioactifs (avec dérogation) » (Centre presse, 10 août 2016).

Direction le site de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour vérification, mais je n’y ai pas trouvé l’information… le dernier avis d’incident date de juillet 2015 (pas à jour??? dernier arrêt de réacteur signalé en 2015 alors qu’il y en a eu plusieurs en 2016) et les lettres de suite d’inspection du 27 juillet 2016, mais cela ne concerne pas les rejets. Rien non plus sur celui de la commission locale d’information (CLI)…  En cherchant bien, j’ai fini par trouver les chiffres des rejets de juin 2016 sur le site d’EDF (dans la lettre d’information de juillet), mais pas ceux du mois dernier. Ils sont tous en vacances? Pourtant, 22 jours sur 31 de dépassement des rejets chimiques, et à nouveau des rejets radioactifs en dehors de la norme (encore du tritium? pire?), ça ne devrait pas être ainsi caché! Le dernier twitt de la centrale concerne… l’attentat de Nice, ils feraient mieux de surveiller ce qu’ils balancent à la rivière, d’autant qu’avec l’été, il y a des gens qui se baignent en aval…

Déjà en janvier 2016, les rejets de tritium liquide dans la Vienne avaient atteint 19 terrabecquerels (TBq), soit 21,5 % d’autorisation annuelle accordée à la centrale. A fin juin 2016, ils en étaient à 62,153 TBq sur 90 autorisés annuellement (70%). A suivre!

Bertrand Bellon au château de Tours

Je suis allée au château de Tours pour voir l’exposition Robert Capa et la couleur, mais j’en ai profité pour voir aussi les expositions dans les étages supérieurs. Direction le deuxième étage pour commencer, je vous parlerai de la troisième exposition très vite.

Bertrand Bellon, les choses ordinaires de la vie

Affiche de l'exposition Bertrand Bellon, les choses ordinaires de la vieL’exposition était programmée jusqu’au 8 mai 2016 mais a été prolongée d’un mois, jusqu’au 5 juin 2016. Elle est donc dans ses derniers jours. Elle est accompagnée d’une vidéo de 5 minutes, prise dans l’atelier parisien de l’artiste, et je pense qu’il est intéressant de la voir avant plutôt qu’à la fin de la visite. Selon la présentation officielle, « Bertrand Bellon est né au Maroc en 1945. Il a une formation universitaire en art et en sciences sociales. Il détient deux doctorats et a été Professeur dans la plus reconnue des universités françaises : l’Université Paris-Sud. Chercheur, il a écrit 12 livres et un grand nombre d’articles en sciences sociales« .

Je n’ai pas trop accroché à ses peintures, mais j’aime beaucoup ses grands formats sous forme de grands dépliants en papier qui illustrent des poèmes, à l’encre et/ou au fusain et/ou à l’acrylique, notamment Les quatre saisons (insectes dans l’herbe au fil des saisons, 28 x 480 cm), La vie de l’arbre (qui illustre un poème de Paul Verlaine, Sagesse, 1880, 32 x 640 cm). J’aime bien aussi ses arbres à l’encre de chine.

Une petite remarque, le dépliant est écrit en majuscules, en jaune sur gris-vert foncé, c’est quasiment illisible (au moins pour moi, même si ma vue est quasi normale maintenant). Vous pouvez le constater vous-même, il est téléchargeable ici (.pdf).

Pour aller plus loin, voir le site officiel de Bertrand Bellon ou son compte facebook.

D’autres expositions du château de Tours: revoir Max Ernst, Yves Elléouët et sur la fondation des Treilles, Nadar, Richelieu, Kertesz et Zola, Robert Capa et la couleur.

200 ans de tourisme en Touraine

L'hôtel Gouïn à ToursJe suis allée à Tours avant tout pour voir l’exposition Robert Capa et la couleur, mais j’en ai aussi profité pour aller voir 200 ans de tourisme en Touraine, dans l’hôtel Gouïn enfin rouvert à la visite après des années de travaux. Il abritait auparavant la société archéologique de Touraine, désormais, le conseil départemental d’Indre-et-Loire, propriétaire du bâtiment, souhaite l’utiliser pour des expositions.

Affiche de l'exposition 200 ans de tourisme en TouraineCe sont donc les archives départementales qui présentent jusqu’au 12 juin 2016 200 ans de tourisme en Touraine.

L’exposition s’organise autour de photographies et de cartes postales anciennes reproduites en grands formats, mais aussi de cartes postales plus récentes dans des présentoirs de boutique, des affiches, des cartes, la reconstitution d’une table de restaurant (de 1800), des produits touristiques (boules à neige, assiettes et autres dés en porcelaine, jeux à peindre, …), des films de propagande touristique. J’ai découvert les paniers à pruneaux en osier (un « vrai », modèle déposé, et un saisi comme contrefaçon), ainsi que le mode de réalisation des premiers sons et lumières de Chenonceau et d’Azay-le-Rideau en 1953 et 1954. Vous y trouverez aussi une vue de l’ancien embarcadère des chemins de fer à Tours, les premières propositions de visite en hélicoptère en 1956 (au départ de Bruxelles -si, si, via Paris), les tenues des guides-conférencières, alors « hôtesses-guides-interprètes » (pas d’hommes en ces débuts…). Je n’ai pas encore lu le catalogue richement illustré (176 pages, 300 illustrations) et qui semble reprendre les textes des panneaux explicatifs, probablement enrichis. N’hésitez pas à aller voir cette belle exposition qui est aussi l’occasion de (re)découvrir le bel hôtel Gouïn.

L’exposition est gratuite, lors de ma visite, il y avait un groupe très indiscipliné, bruyant, qui pensait avant tout à faire des selfies et des photos de groupe, y compris avec de longues perches manipulées dangereusement (et interdites dans la quasi totalité des musées)…

 

Robert Capa et la couleur, à Tours

Affiche de l'exposition Robert Capa et la couleurCela fait longtemps que je ne suis pas allée voir les expositions de photographies organisées par le château de Tours, parfois en coproduction avec le musée du jeu de paume comme ici, avec l’International Center of Photography à New-York qui l’a d’abord présentée et a édité le catalogue uniquement en anglais. L’exposition Robert Capa et la couleur a commencée en novembre et se poursuit jusqu’au 28 mai 2016.

L’exposition occupe le rez-de-chaussée et le premier étage du château. Elle propose des magazines (ou leur reproduction) dans des vitrines à plat et des tirages grand format aux murs. Ces tirages ont été réalisés à partir de scanners des originaux, avec peu de correction des couleurs pour les kodachromes (35 mm, 2 »1/4 x 3 »1/4, 4″ x 5″), plus pour les ektachromes (formats carrés) dont la plupart des couleurs ont viré.

Dans la tour au fond est projeté un film d’une heure et demie que je n’ai pas regardé car il est annoncé qu’il est aussi disponible sur le site du musée du jeu de paume. Si Robert Capa a un peu travaillé la couleur avant guerre, l’exposition commence surtout avec des reportages de guerre, à partir de 1941, avec une belle série sur un cargo de transport de troupes. Il emportait alors beaucoup de pellicules en noir et blanc et quelques-unes en couleur, chères et peu pratiques pour l’édition en magazine puisqu’il fallait compter le délai de développement dans un laboratoire spécial. Au milieu de ces reportages de guerre, on trouve aussi une petite série très touchante datée d’octobre 1941, un pique-nique dans l’Idaho de Martha Gellhorn avec Ernest Hemingway et ses fils, Gregory et Patrick. Après la Deuxième Guerre mondiale, il réalise un reportage sur Picasso, des portraits de personnes célèbres ou pas, comme ces anonymes dans les Alpes ou à la mer (Deauville, Biarritz), ceux du projet Génération X, des reportages tout autour du monde jusqu’à l’ultime, au Vietnam, où il trouva la mort en sautant sur une mine en 1954. Je trouve que les organisateurs sont sévères en parlant pour l’un des reportages d’un travail (je cite de mémoire) « à peine meilleur que les photographies d’un touriste ».

Si vous passez par Tours, n’hésitez pas à aller voir cette exposition (attention, ouverte seulement l’après-midi). Je vous parle très vite des deux expositions de peinture dans les étages supérieurs du château et 200 ans de tourisme en Touraine organisée par les archives départementales d’Indre-et-Loire à l’hôtel Gouïn.

D’autres expositions du château de Tours: revoir Max Ernst, Yves Elléouët et sur la fondation des Treilles, Nadar, Richelieu, Kertesz et Zola, Bertrand Bellon

Exposition Georges Rouault au musée Gustave Moreau à Paris

Façade du musée Gustave Moreau à ParisJe rentre d’une seconde virée à Paris en un mois (revoir ma précédente promenade parisienne en mars 2016), pour un ultime test positif de conduite  en condition réelle au centre d’évaluation des capacités de conduite automobile à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, il ne me reste plus qu’à voir le médecin agréé de la préfecture et le médecin du travail tourner une page dans l’histoire de mes méningiomes (la rééducation paye aussi avec des résultats très positifs sur la mémoire de travail).

Affiche de l'exposition Gustave Moreau souvenirs d'atelier Georges Rouault au musée Gustave Moreau à ParisCette fois, j’ai profité de mon séjour pour aller voir l’exposition Gustave Moreau souvenirs d’atelier Georges Rouault au musée national Gustave Moreau.

Professeur à l’école des beaux-arts de Paris de 1892 à 1897, Gustave Moreau (1826-1898) eut notamment pour élève Georges Rouault (1871-1958) et Henri Matisse. En 1895, il décide de léguer à l’État sa maison-atelier de la rue de La Rochefoucauld pour en faire un musée dont il commence l’aménagement. A sa mort, son ami et locataire du rez-de-chaussée (restauré en 2014), Henri Rupp, poursuit la mise en place des œuvres. L’État accepte le legs en 1902 et nomme en août Georges Rouault comme conservateur du musée qui ouvre quelques mois plus tard, en janvier 1903. Il occupa ce poste jusqu’en 1932, logeant sur place avec sa famille. Si vous ne connaissez pas le lieu, allez-y, n’hésitez pas à ouvrir les volets et meubles où sont présentés des dessins, selon une savante rotation pour permettre leur conservation dans de bonnes conditions.

L’exposition est de faible ampleur, sur la moitié des deuxième et troisième étages (« l’atelier »), mais compare de manière assez intéressante les influences professeur/élève (et vice-versa), mais aussi les œuvres de chacun d’entre eux.

En revanche, je n’ai pas compris une phrase qui couvre un grand espace sur le mur gauche du deuxième étage, en tête d’un paragraphe en gros caractères donc en principe à lire en priorité :

« Moreau, à la différence de Corot qu’à l’instar de Rouault il admirait, ou de son ami Louis Français, n’a jamais cultivé le paysage comme un genre en soi ».

??? Pourquoi Gustave Moreau n’a-t-il pas plus de prénom que Jean-Baptiste Corot et Georges Rouault, alors que celui de Français (Louis) est précisé? Sans doute pour gagner quelques caractères d’imprimerie… Quelques avec un s, qui ne devrait pas être à l’étage supérieur dans la phrase suivante où il a un emploi adverbial (=environ) : « il eut soin également de quelqueS 425 feuilles qui lui servaient à tester les tons de ses aquarelles« .

Petite remarque pour une guide: pendant ma visite de l’exposition, une guide commentait à un groupe composé de familles et de grands-parents avec leurs petits-enfants le célèbre polyptyque (ensemble de plusieurs panneaux peints) La vie de l’Humanité. Son débit avait tout de la rafale de mitraillette, et elle ne tenait absolument pas compte du fait que les enfants (pas plus que de nombreux adultes) ne savent pas qui sont Adam, Eve, Caïn, Abel, etc. Elle a balayé d’une réponse très sèche la question d’un enfant qui, têtu et n’ayant pas reçu de réponse, n’a pas eu peur d’y revenir quelques minutes plus tard. Ne serait-il pas plus efficace d’en dire moins et d’expliquer les scènes? Je conseille tout  particulièrement à cette guide d’aller voir le dernier spectacle de Yannick Jaulin, Comme vider la mer avec une cuiller.

Bref, allez au musée Gustave Moreau pour le lieu, pour l’exposition, pas pour la « médiation », terme qui remplace de plus en plus « visite guidée » (je sais, ne hurlez pas, ce n’est pas strictement la même chose, le « médiateur » transmet les connaissances du « savant » -conservateur- vers « l’ignorant » -visiteur- et ne limite pas son action aux visites)…

Pour aller plus loin : à l’école des beauxarts, en 1897, Gustave Moreau et Georges Rouaut croisèrent en cours magistral ou en cours d’atelier, côté sculpteurs, des artistes dont je vous ai déjà parlé : Antonin Mercié, Laurent Marqueste,  , Jules Coutan, Gabriel-Jules Thomas, et .

Sur mon blog, j’ai aussi écrit quelques lignes sur l’exposition Georges Rouault, il y a quelques années au centre Georges-Pompidou à Paris.

Pour mes fidèles lecteurs poitevins : vous pouvez aller voir La sirène et le poète (1895), une toile de très grand format (2m34 de large sur 3m38 de haut) de Gustave Moreau au musée Sainte-Croix à Poitiers et des émaux, d’après des œuvres de Georges Rouault à l’abbaye de Ligugé.

Pour en savoir plus sur l’émaillerie de Ligugé :

Grégory Vouhé, Rouault, Braque et Ligugé, L’actualité Poitou-Charentes, n° 92, avril 2011, p. 44 ; Jean-Claude Bessette, Le long chemin de l’émailleur, ibid., p. 45.