Archives de catégorie : Cinéma

Les films que j’ai vus au cinéma ces dernières années.

Les conquérants de Xabi Molia

Affiche de Les conquérants de Xabi MoliaUne nouvelle sortie au cinéma avec Les conquérants de Xabi Molia.

Le film : de nos jours au bord d’une route… Deux hommes en costume noir marchent vers l’enterrement de leur père… Ce sont deux demi-frères, Galaad (Denis Padalydès) et Noé () qui vont à l’enterrement de leur père qui était un aventurier à la recherche de trésors archéologiques. Plus tard, ils se retrouvent dans le Nord de la France, Noé, récemment plaqué par sa femme, entraîneur d’une équipe de football de quatrième division, Galaad acteur dans une troupe de seconde zone, en rechute d’un lymphome. Ce dernier réussit à persuader son demi-frère qu’ils ont la poisse à cause du graal volé par leur père dans les Pyrénées et vendu à un collectionneur. Il a un plan: il suffit d’aller le voler à leur tour chez ce dernier puis de le remettre à sa place dans une grotte en suivant les instructions remises par le père sur une cassette juste avant sa mort…

Mon avis : je ne connaissais pas du tout ce réalisateur et écrivain, Xabi Molia, dont c’est pourtant le troisième long métrage (Les grandes personnes en 2008 et 8 fois debout en 2009), je n’ai pas non plus lu ses livres. Une comédie au second degré avec des passages assez drôles, que ce soit dans la dépression de ces deux hommes qui n’ont pas grand chose en commun ou plus tard, lorsqu’ils finissent par agir dans le même sens pour voler l’objet tant recherché et partir « à la quête du graal » (ou plutôt à la remise du graal à sa place) dans les Pyrénées… l’apparition du cheval ailé façon Pégase est peut-être de trop, mais j’ai passé un agréable moment de détente. Les deux acteurs principaux sont excellents dans ce quasi duo! Et il y a de très beaux paysages dans la dernière partie en plein pays basque, en opposition avec le pays minier du Nord-Pas-de-Calais du début.

 

Jane B[irkin] par Agnès V[arda]

Affiche de Jane B. par Agnès V.La semaine dernière, Jane Birkin reprenait Arabesques en ouverture de la saison 2013-2014 du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, dont le fil rouge (pour une partie des spectacles) est la Méditerranée. Elle a aussi eu une carte blanche pour le cinéma et choisit deux films d’:

– Kung Fu Master, pour lequel Jane Birkin est à l’origine du scénario, avec elle-même et ses enfants Charlotte Gainsbourg encore adolescente et Lou Doillon, ainsi que Mathieu Demy, fils de Jacques Demy et Agnès Varda (qui précise que c’est une façon bien pratique de régler la garde des enfants pendant un tournage…), filmé pendant l’été 1987

– et Jane B., tourné avant et après le film précédent, aussi en 1987 (sorti en février 1988).

Je n’ai vu que ce dernier et l’intéressant entretien qui a eu lieu avant la projection du film, avec  [revoir Les plages d’Agnès] et Jane Birkin racontant leurs souvenirs de 1987, l’échec commercial du film, plein d’anecdotes… Agnès Varda raconte qu’après avoir vu la nécrologie d’une actrice célèbre, elle a eu envie de faire un film sur une actrice vivante avec des interviews et des faux extraits de films, choisit Jane B. et des rôles de Jane / Jeanne. Puis Jane Birkin est partie préparer son spectacle du soir et Agnès Varda voir Blue Jasmine de Woody Allen dans la salle voisine. J’ai été ravie d’assister à cette rencontre. Le film est vraiment un OVNI, une forme curieuse et originale de biographie, les vrais-faux extraits de films sont parfois surprenants (Jane B. en Jeanne d’Arc muette ou en Camility Jane). Si vous ne l’avez pas vu en 1987, vous aurez peut-être l’occasion de le voir prochainement, Agnès Varda envisage de le faire nettoyer et numériser…

Pour aller plus loin: voir une interview d’Agnès Varda et de Jane Birkin en 1988 sur le site de l’institut national de l’audiovisuel/INA (suivre le lien si elle n’apparaît pas ci-dessous)

Blue Jasmine de Woody Allen

Affiche de Blue Jasmine de Woody AllenJ’essaye de ne pas rater les films de Woody Allen, même si j’ai parfois été déçue par certains (revoir liens sur mes avis plus bas). Je suis donc allée voir aussi Blue Jasmine.

Le film : à San Francisco de nos jours. Jasmine (Cate Blanchett) débarque chez sa sœur Ginger (Sally Hawkins). Toutes deux adoptées par leurs parents, elles ont eu un destin très différent: Ginger est caissière, mère divorcée avec deux enfants, en passe de se remarier avec Chili (Bobby Cannavale). Jasmine (Janette) a vécu à New-York avec un riche financier, Hal (Alec Baldwin), qui s’est révélé être un escroc qui a ruiné des dizaines de victimes (il a aussi perdu l’argent gagné au loto par Ginger et son ex-mari, Augie), qui trompait sa femme depuis des années et s’est suicidé en prison. Leur fils Danny a quitté la maison et refuse de voir sa mère. Criblée de dettes et poursuivie par le fisc, Jasmine s’impose dans l’appartement de sa sœur, n’arrête pas de critiquer ses choix, boit trop, se gave de médicaments et cherche à tout prix à « se refaire », revenir dans « son » monde sans se rabaisser dans des boulots qu’elle juge dégradants… Justement, elle est invitée par une des élèves de son cours d’informatique à une soirée… l’occasion de retrouver un homme qui pourrait lui redonner son train de vie antérieur? Dwight (Peter Sarsgaard) semble l’homme idéal…

Mon avis : un grand retour de Woody Allen! Le thème de la déchéance sociale est traité magistralement. Les deux actrices principales, Cate Blanchett (Jasmine) et Sally Hawkins (Ginger) sont sublimes dans leurs rôles, Jasmine qui n’accepte pas sa déchéance, continue à porter des vêtements et des accessoires (sacs, etc.) trop chers par rapport à sa nouvelle place dans la société, qui n’a jamais aidé sa sœur dans son riche passé et n’arrête pas de la rabaisser aujourd’hui encore comme une « looser ». Ginger, admirative et soumise malgré tout à sa sœur, prête à accepter les propos méprisants et à mettre en danger son couple plutôt que de vivre sa vie. Le passage du temps présent au faste passé de Jasmine, inséré ici et là au rythme se coups de blues ou de ses crises de panique, est fluide et beaucoup moins artificiel que dans Minuit à Paris. Le tragique de la situation, la vie de couple compliquée et la dépression vont mieux à Woody Allen que la comédie qui se veut légère et rate son objectif…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Pour Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Jimmy P. d’Arnaud Desplechin

Affiche de Jimmy P. d'Arnaud DesplechinRetour au cinéma avec Jimmy P., psychothérapie d’un Indien des plaines, d’ (de ce réalisateur, revoir Un conte de Noël et Trois souvenirs de ma jeunesse).

Le film : 1948, dans un ranch du Montana. Jimmy Picard (Benicio Del Toro), indien Blackfoot qui a combattu en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale, vit chez sa sœur. Il souffre de maux de tête, de surdité partielle et d’hallucinations visuelles. Grâce à un programme réservé aux anciens combattants, elle l’emmène à l’hôpital militaire de Topeka, dans le Kansas, spécialisé dans les maladies du cerveau. Les médecins sont perplexes, posent un diagnostic de schizophrénie, mais décident néanmoins de prendre l’avis de Georges Devereux (), un ethnologue et psychanalyste juif roumain, étudiant à Paris dans les années 1930 et qui vit chichement à New-York après deux ans d’immersion ethnographique chez les Indiens mohaves. Après une phase d’observation, la direction de l’hôpital lui accorde une séance quotidienne, ce sera son seul patient auquel il se lie rapidement…

Mon avis : le film, en anglais, est adapté du livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des plaines, publié en 1951. Arnaud Desplechin a fait le choix de montrer, en alternance avec les séances de psychanalyses (pas très conventionnelles, d’ailleurs, l’école française de psychanalyse fait savoir à l’hôpital qu’elle ne le recommande pas), les rêves et des scènes de la vie passée de Jimmy Picard (enfance, adolescence, père à 17 ans ayant abandonné la mère et sa fille, guerre), ainsi que quelques scènes du suivi de contre-analyse de Georges Devereux… et ses relations complexes avec son (ex) petite-amie anglaise, Madeleine (Gina McKee), désormais mariée à un autre homme et en partance prochaine pour Paris. L’alternance des scènes intimes (séances de psychanalyse, huis-clos avec Madeleine dans le bungalow) et de grands espaces (rêves et réminiscence de Jimmy Picard) donne un certain rythme au film que j’ai beaucoup aimé.

Pour aller plus loin : Georges Devereux (1908-1985) est le pionnier de l’ethnopsychanalyse, son œuvre se poursuit au sein du Centre Georges Devereux (Université de Paris VIII). Ses archives professionnelles et personnelles sont conservées à l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine), soit 180 boîtes à découvrir dans le fonds Georges Devereux.

Paris à tout prix de Reem Kherici (et la compagnie Carabosse à Poitiers)

Spectacle mouillé de la compagnie Carabosse, place d'Armes à Poitiers, 14 septembre 2013Samedi soir, nous avions prévu avec des amis d’aller assister à l’illumination de la place d’Armes à Poitiers par la compagnie Carabosse (revoir le spectacle de Parthenay-le-Vieux à l’occasion d’une nuit romane en 2011), un spectacle programmé par la ville dans le cadre des journées du patrimoine, mais la pluie insistante et ininterrompue de l’après-midi nous a amenés au cinéma… A la fin de la séance (au cinéma commercial à Buxerolles), nous nous sommes quand même aventurés en centre-ville, pluie plus légère, pas beaucoup de monde à 22h sur la place, certaines installations sont noyées, à l’arrière, les Marcel sont suspendus mais sans les bougies… Dommage.

La place d'Armes à Poitiers, 16 septembre 2013, salie par les installations de CarabosseLa soirée a laissé sur la place de larges traces de suie, étalées par la circulation des camions qui ont enlevé les installations… Un bon nettoyage va s’imposer, l’occasion peut-être d’enlever aussi les chewing-gums qui souillent la place ?

Façade de Notre-Dame-la-Grande, 16 septembre 2013, la pluie a en partie rincé l'éosineSeul bon point de ce déluge (34 mm samedi d’après météo France à la station de Poitiers-Biard, à comparer à la moyenne de septembre des 20 dernières années, 51 mm), la pluie a bien rincé l’éosine projetée la semaine dernière sur la façade de Notre-Dame-la-Grande par de stupides étudiants en médecine. Il en reste encore dans les pores des pierres, mais c’est beaucoup moins visible à l’œil nu. Le nettoyage par une société spécialisée (dissolution de ce qui reste et recueil dans des compresses, un peu la même méthode que celle utilisée il y a vingt ans pour retirer le sel de la pierre) doit commencer cette semaine.

Côté cinéma, nous avons opté pour une comédie, Paris à tout prix de Reem Kherici.

Affiche de Paris à tout prix de Reem KhericiLe film : de nos jours à Paris et Marrakech. Maya (Reem Kherici),vit à Paris depuis vingt ans. Elle a rompu ses relations avec son père, retourné vivre au Maroc alors que la mère se mourrait d’un cancer. A force de travail, elle a réussi  se faire une place en CDD dans une grande maison de couture dirigée par Nicolas (Stéphane Rousseau), qui la met en concurrence avec une autre styliste de sa maison pour décrocher un CDI à l’issue de la fashion week. Mais voilà qu’à la sortie d’une soirée bien arrosée avec Emma (Shirley Bousquet), sa meilleure amie infirmière, et son ami Firmin (Philippe Lacheau), elle est l’objet d’un contrôle de police, son titre de séjour est périmé depuis un an, elle est expulsée au Maroc près de Marrakech, retour chez sa grand-mère (Fatima Naji), avec son père (Mohammed Bastaoui) et son frère Traek (Tarek Boudali)… Arrivera-t-elle à rentrer à Paris à temps pour participer à la semaine de la mode?

Mon avis : une comédie légère, ça change après plusieurs films d’art et essai (revoir ces dernières semaines Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières, Grand central de Zlotowski Rebecca et Gare du Nord de Claire Simon). La critique a parlé d’un film plein de clichés, mais j’ai passé un bon moment dans ce milieu impitoyable de la mode, avec quelques passages savoureux (la pauvre stagiaire, le travail des petites mains), et une manière d’aborder sans en avoir l’air la question des origines, le retour au pays, l’argent « pas envoyé » au pays, contrairement aux codes, et peu à peu la réappropriation de l’identité, des identités plutôt… A voir s’il passe encore près de chez vous (il est sorti depuis un moment) ou attendre sa sortie en DVD ou à la télévision…

Gare du Nord de Claire Simon

Affiche de Gare du Nord de Claire SimonDimanche, je n’ai pas que photographié des voitures mal garées sur le trottoir, 7 avant la séance et 11 après… J’ai aussi vu Gare du Nord de Claire Simon à la séance de 11h 😉

Le film : de nos jours dans la gare du Nord à Paris, entre les quais du RER, des grandes lignes, de l’Eurostar, les couloirs, les boutiques. Des passagers pressés, des vigiles, des employés de la SNCF, des boutiques, des SDF, des dames pipi… Dans cette foule, quatre personnages, Ismaël (Reda Kateb), fils d’immigré, étudiant en sociologie (son sujet est la gare), qui remplit des questionnaires de la RATP pour vivre, Mathilde (Nicole Garcia), à qui il a fait remplir un de ces questionnaires, professeur d’histoire à Paris I, en traitement pour une grave maladie, Sacha (François Damiens), un comique belge qui cherche sa fille disparue dans la gare, Joan (Monia Chokri), une ancienne étudiante de Mathilde, qui habite à Lille mais est agent immobilier à Paris…

Mon avis : je suis assez déçue par ce film, peut-être qu’il manque de profondeur? Le mélange de la fiction entre les quatre personnages « fil rouge » et les vues de la gare grouillante de « vrais » usagers n’a peut-être pas bien pris, les entretiens de l’apprenti sociologue sont peut-être trop artificiels, la relation entre lui et la professeure d’histoire trop improbable? Je n’ai pas bien compris l’insertion de faits « fantastiques » ou oniriques, horloge qui remonte le temps, disparition de personnes ou du texte sur la page de garde de La promesse de l’aube de Romain Gary.

La gare du Nord, je l’ai beaucoup fréquentée lorsque je faisais mes études à Paris et rentrais le week-end dans le Nord, deux bonnes heures en train corail pour Douai, le TGV n’était pas encore en service, encore moins l’Eurostar, mais c’était déjà une gare très fréquentée, avec des tas de croisements, de couloirs pour aller du RER aux quais des grandes lignes. Désormais, je l’évite, le TGV direct Poitiers-Lille contourne Paris.

Grand central de Rebecca Zlotowski

Affiche du film Grand central de Rebecca ZlotowskiNouvelle sortie cinéma avec le film de Rebecca Zlotowski, Grand central [de la même réalisatrice, voir aussi Planétarium].

Le film : de nos jours dans la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (quatre réacteurs nucléaires) dans la vallée du Rhône en Ardèche. Gary (), gamin attardé (la petite trentaine, il est né en 1984) de la banlieue lyonnaise, erre de petit boulot en petit boulot quand il est embauché sans grande difficulté par une entreprise sous-traitante du nucléaire. Après une brève « formation », il est intégré dans une équipe dont il partage aussi la vie au camping du coin avec Toni, le quadra stérile (Denis Ménochet, il a pris trop de « dose » radioactive?), Karole (), l’amie avec laquelle il doit bientôt se marier, Gilles (), l’aîné du groupe, désabusé par ce sale boulot. Les intérimaires se retrouvent à réaliser les tâches qu’il vaut mieux ne pas confier aux permanents d’EdF (mieux payés, moins exposés à la radioactivité, parking à part, électricité gratuite, dixit le film). Sur fond de course à éviter de prendre trop de rayonnement radioactif (surtout synonyme de fin du boulot), avec la complicité des dirigeants de la société sous-traitante pour traficoter les résultats des dosages, Gary tombe amoureux de Karole…

Mon avis : deux aspects dans ce film, l’histoire d’amour entre Karole et Gary, ou plutôt Gary et Karole, car on peut se demander si cette dernière ne s’est pas engagée avec lui uniquement pour trouver un « donneur de sperme » qui pourrait suppléer à la défaillance de Toni, l’amour de sa vie devenu stérile, probablement suite à une trop grande exposition à la radioactivité. Le deuxième est une dénonciation somme toute soft et pas militante des conditions de travail dans le nucléaire, l’abus d’emplois d’intérimaires bien pratiques puisque leur exposition aux doses est plus discrète, ils finiront par disparaître dans la nature… Et ne croyez pas que c’est une vue de l’esprit, cela a été l’objet de plusieurs reportages en France, et actuellement à Fukushima (voir cet article du Monde sur la nouvelle fuite en cours, avec de nombreux liens utiles pour comprendre ce qui se passe), Tepco recoure aux mêmes méthodes (voire pire: les dosimètres individuels ne sont pas seulement cachés, certains ont avoué avoir été contraints de les planquer sous des plaques de plomb pour qu’ils n’enregistrent pas la radioactivité). , découvert dans Un prophète de Jacques Audiard, est vraiment excellent, comme , que j’avais bien aimé aussi dans L’enfant d’en haut de Ursula Meyer. La partie bricolage et défaut de sécurité des intérimaires du nucléaire est traitée par suggestions que je trouve très efficaces: elles devraient amener les spectateurs « non militants » à se poser des questions de manière peut-être plus douce que les films militants, finalement vus plus par des militants déjà convaincus que par ceux qui auraient intérêt à comprendre ce qui se passe dans nos centrales, où les incidents de niveau 0 et 1, liés le plus souvent à des non-respects des procédures de sécurité se multiplient année après année, dénoncés rapports après rapports par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) sans qu’aucune mesure ne soit prise sur le long terme. EdF sera-t-il enfin contraint d’assumer les risques et d’embaucher en direct ce sous-prolétariat du nucléaire, qui prend la plus grande partie des doses radioactives et sans suivi médical à long terme?

Pour aller plus loin : EdF n’a bien sûr pas autorisé le tournage à l’intérieur de l’une de ses centrales nucléaires « si sûres » (revoir ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, etc.) de tels manquements à la sécurité, le film a donc été tourné en Autriche, sur le Danube, dans la centrale nucléaire de Zwentendorf… la seule centrale nucléaire autrichienne, construite à une cinquantaine de kilomètres de Vienne, et jamais mise en service suite à un référendum en 1978! Elle se visite depuis 2010 et sert aussi à des tournages…

A titre personnel, je me suis engagée avec Enercoop un fournisseur plus cher… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire, payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Cinéma : Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières

Affiche de Michael Kohlhaas de Arnaud des PallièresSortie cinéma dimanche avec Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières, adapté d’une nouvelle de Heinrich Von Kleist parue en 1810.

Le film : dans les Cévennes au début du 16e siècle. Marchand de chevaux d’origine allemande, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen) est bloqué au passage d’une rivière par un baronnet local (Swann Arlaud) qui veut lui faire payer un péage pour passer avec ses chevaux. A défaut, il retient ses deux meilleurs bêtes, il laisse son valet et poursuit sa route pour vendre ses bêtes. A son retour, son valet a été chassé après avoir été mordu par les chiens, les chevaux sont en mauvais état, soumis à un dur labeur, Michael Kohlhaas tente de porter plainte à la cour de Marguerite de Navarre (de Valois / Roxane Duran), sœur de François Ier, mais le baronnet a ses entrées à la cour et échappe à la justice. Judith (Delphine Chuillot), l’épouse de Michael Kohlhass, tente d’aller plaider leur cause à la cour, elle revient mortellement blessée. Mettant sa fille, Lisbeth (Mélusine Mayance), temporairement à l’abri, Michael Kohlhass décide de se faire justice lui-même, vend ses terres à son voisin, lève une troupe hétéroclite et part en guerre…

Mon avis : un film lent, mais très beau, avec un travail magnifique sur les visages, les clairs-obscurs, mais aussi sur les extérieurs, les paysages grandioses, les chevaux superbes. Le tout sur fond de protestantisme, avec l’intervention de Luther lui-même, comme médiateur de la paix de la part de la princesse (c’est Luther, Kohlhass dit qu’il lit une traduction de sa Bible, mais c’est Calvin qui fréquente quelques années plus tard Angoulême et sa région). La loi du talion, éternelle question de l’histoire des hommes, mais le film est beaucoup moins violent que ne pourrait le laisser penser la bande annonce que j’avais vue avant Les salauds de Claire Denis. N’hésitez pas à aller voir ce film!

Pour aller plus loin : (re)voir la statue de Marguerite de Valois à Angoulême.

Les salauds de Claire Denis

Affiche de Les salauds de Claire DenisCela faisait un moment que je n’étais pas allée au cinéma… Une interview entendue à la radio de  m’a décidée à aller voir le dernier film de Claire Denis (je vous ai déjà parlé de White Material), Les salauds, présenté au dernier festival de Cannes (2013) dans la sélection Un certain regard.

Le film : à Paris, de nos jours. Un homme est étendu sur la chaussée au pied de son immeuble, une jeune fille erre nue dans les rues… Marco Silvestri () reçoit un appel à bord du supertanker qu’il dirige (et abandonne…): sa sœur Sandra (Julie Bataille) l’appelle à l’aide, son mari vient de se suicider, sa fille Justine (Lola Créton) : a disparu (retrouvée avec des lacérations aux poignets et au vagin), l’entreprise en faillite, elle accuse Édouard Laporte (Michel Subor) d’être à l’origine de ce naufrage. Marco décide de louer un appartement au-dessus de chez l’amante de ce dernier, Raphaëlle (), pour assouvir sa vengeance.

Mon avis : Un film terrible, très noir et qui ne fait rien pour être sympathique. Justine, mineure, a été droguée, violée, livrée par son père à son créancier pour éponger ses dettes, sans doute avec la complicité de la mère qui est en plein déni. Une manière de filmer (abus de gros plans sombres et flous, je trouve) et une musique (des Tindersticks, avec qui Claire Denis travaille pour la plupart de ses films) qui rendent certains passages insoutenables, une fin encore plus noire que le reste du film… A voir seulement si vous avez le moral bien accroché et autre chose à faire après pour vous changer les idées à la sortie de la salle de cinéma (évitez la dernière séance!).

Struck de Brian Dannelly

Affiche de Struck de Brian DannellyIl me restait un ticket du cinéma commercial à utiliser avant fin juin, je suis allée voir le seul film qui passait en ville et qui me semblait « visible »…

Le film : de nos jours aux États-Unis. Un étudiant est foudroyé sur un parking. Retour en arrière… Carson Phillips (Chris Colfer, qui a aussi écrit le scénario) vit avec sa mère alcoolique et dépressive (Sherril, Allison Janney). Il suit des cours dans un lycée pas très côté, le Clover High School, et vise une grande université où il veut faire des études de journalisme. Pour y arriver, il tient le journal du lycée et bientôt, suite à un entretien avec la conseillère d’orientation, un magazine littéraire. Mais il n’y a que Malerie Baggs (Rebel Wilson), jeune fille obèse toujours cachée derrière une caméra, qui souhaite participer. Il va exercer un chantage sur ses autres camarades pour qu’ils lui fournissent des textes…

Mon avis : bof… pas mal pour réviser son anglais (vu en VO), à part ça, ce film n’a pas éveillé mon intérêt. Des adolescents un peu perdus, un père absent, une mère dépressive, un lycéen qui tente de s’en sortir par lui-même, rien de bien original. Quant au foudroiement du héros, au début et à la fin du film, je n’ai pas saisi le message…