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Grand central de Rebecca Zlotowski

Affiche du film Grand central de Rebecca ZlotowskiNouvelle sortie cinéma avec le film de Rebecca Zlotowski, Grand central [de la même réalisatrice, voir aussi Planétarium].

Le film : de nos jours dans la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (quatre réacteurs nucléaires) dans la vallée du Rhône en Ardèche. Gary (), gamin attardé (la petite trentaine, il est né en 1984) de la banlieue lyonnaise, erre de petit boulot en petit boulot quand il est embauché sans grande difficulté par une entreprise sous-traitante du nucléaire. Après une brève « formation », il est intégré dans une équipe dont il partage aussi la vie au camping du coin avec Toni, le quadra stérile (Denis Ménochet, il a pris trop de « dose » radioactive?), Karole (), l’amie avec laquelle il doit bientôt se marier, Gilles (), l’aîné du groupe, désabusé par ce sale boulot. Les intérimaires se retrouvent à réaliser les tâches qu’il vaut mieux ne pas confier aux permanents d’EdF (mieux payés, moins exposés à la radioactivité, parking à part, électricité gratuite, dixit le film). Sur fond de course à éviter de prendre trop de rayonnement radioactif (surtout synonyme de fin du boulot), avec la complicité des dirigeants de la société sous-traitante pour traficoter les résultats des dosages, Gary tombe amoureux de Karole…

Mon avis : deux aspects dans ce film, l’histoire d’amour entre Karole et Gary, ou plutôt Gary et Karole, car on peut se demander si cette dernière ne s’est pas engagée avec lui uniquement pour trouver un « donneur de sperme » qui pourrait suppléer à la défaillance de Toni, l’amour de sa vie devenu stérile, probablement suite à une trop grande exposition à la radioactivité. Le deuxième est une dénonciation somme toute soft et pas militante des conditions de travail dans le nucléaire, l’abus d’emplois d’intérimaires bien pratiques puisque leur exposition aux doses est plus discrète, ils finiront par disparaître dans la nature… Et ne croyez pas que c’est une vue de l’esprit, cela a été l’objet de plusieurs reportages en France, et actuellement à Fukushima (voir cet article du Monde sur la nouvelle fuite en cours, avec de nombreux liens utiles pour comprendre ce qui se passe), Tepco recoure aux mêmes méthodes (voire pire: les dosimètres individuels ne sont pas seulement cachés, certains ont avoué avoir été contraints de les planquer sous des plaques de plomb pour qu’ils n’enregistrent pas la radioactivité). , découvert dans Un prophète de Jacques Audiard, est vraiment excellent, comme , que j’avais bien aimé aussi dans L’enfant d’en haut de Ursula Meyer. La partie bricolage et défaut de sécurité des intérimaires du nucléaire est traitée par suggestions que je trouve très efficaces: elles devraient amener les spectateurs « non militants » à se poser des questions de manière peut-être plus douce que les films militants, finalement vus plus par des militants déjà convaincus que par ceux qui auraient intérêt à comprendre ce qui se passe dans nos centrales, où les incidents de niveau 0 et 1, liés le plus souvent à des non-respects des procédures de sécurité se multiplient année après année, dénoncés rapports après rapports par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) sans qu’aucune mesure ne soit prise sur le long terme. EdF sera-t-il enfin contraint d’assumer les risques et d’embaucher en direct ce sous-prolétariat du nucléaire, qui prend la plus grande partie des doses radioactives et sans suivi médical à long terme?

Pour aller plus loin : EdF n’a bien sûr pas autorisé le tournage à l’intérieur de l’une de ses centrales nucléaires « si sûres » (revoir ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, etc.) de tels manquements à la sécurité, le film a donc été tourné en Autriche, sur le Danube, dans la centrale nucléaire de Zwentendorf… la seule centrale nucléaire autrichienne, construite à une cinquantaine de kilomètres de Vienne, et jamais mise en service suite à un référendum en 1978! Elle se visite depuis 2010 et sert aussi à des tournages…

A titre personnel, je me suis engagée avec Enercoop un fournisseur plus cher… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire, payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Panem et circenses… Gaspillons tranquillement du fuel dans les stades…

Défi photo, Poitiers en blanc, février 2012, 6, Notre-Dame la Grande le 5 au matin Bon, je n’ai pas de photographie de stade en stock, alors je vous remets celle-ci de dimanche dernier… en attendant que ça neige à nouveau demain… je rentre d’un grand WE de 3 jours… Au retour, trottoirs toujours glacés à Poitiers, en tout cas entre la gare et chez moi et en particulier, comme d’habitude, devant le garage Renault qui n’a pas compris que l’on doit déneiger devant chez soi! Et neige puis verglas annoncés en fin de nuit qui vient… Vivement le redoux!

Arrivons au sujet du jour…

Ce soir, j’ai vraiment envie de pousser un nouveau coup de gu… Depuis deux semaines (et encore plus dans l’est de la France), de nombreux stades de football et de rugby ainsi que le stade de France sont chauffés jour et nuit pour éviter qu’ils ne gèlent et pour que la grand messe du sport dominical puisse avoir lieu… avec les revenus publicitaires qui vont avec. Quand, dans un reportage, je vois quelqu’un se plaindre parce qu’il est allé au stade de France et que le match a été annulé alors que « les irlandais étaient prêts à jouer », là, nous sommes franchement revenus aux gladiateurs des jeux romains… Tant pis si les joueurs se blessent, pourvu que l’on ait le spectacle pour lequel on a payé! J’ai cherché en vain la consommation totale du chauffage des pelouses, cela semble être secret défense, mais je suis sûre que les centaines de milliers de Français et autres Européens qui sont en situation de précarité énergétique apprécient d’avoir moins chaud chez eux qu’au ras d’une pelouse… En tout cas, ce sont des milliers de litres de pétrole qui sont partis en fumée… Rien que pour chauffer le stade de Reims en décembre 2010 pour un match, ce sont 6000 litres (oui, vous avez bien vu, voir dans l’Union l’Ardennais) qui ont été consommés… A la radio, j’ai entendu parler de 2000 litres par jour pour la pelouse de ne je sais pas quel stade de province (Nancy, cité dans Le Monde aussi?). A multiplier par deux semaines et le nombre de stades, de quoi chauffer des milliers de familles! Pourquoi ne pas interdire purement et simplement le chauffage des pelouses, alors qu’on nous rabâche qu’il faut faire attention au carburant, co-voiturer, prendre les transports en commun, reprendre le vélo et la marche à pied, car un jour, il n’y aura plus de pétrole… Quelle crédibilité de ce message face à un tel gaspillage???

Panem et circenses, du pain et des jeux, comme disait Juvénal… En donnant du pain et des jeux (du cirque, du stade…) au peuple, on se met les personnes ainsi récompensées dans la poche, on évite les révoltes… pas sûr que les gens en grande situation de précarité avec la crise le prennent comme ça, cette fois-ci…

PS: en plus, les stades français (y compris ceux des petites communes), selon une estimation de 2010, consommeraient au total 100 millions de mètres-cubes d’eau… soit la consommation de 2 millions d’habitants… On nous annonce que le grand stade du Havre, qui doit ouvrir cette année 2012, sera à énergie positive et avec un minimum de consommation d’eau, à vérifier en fonctionnement réel…