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L’hôtel de ville de Tours (3), l’aile gauche

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 1: vue générale L’hôtel de ville de Tours a un si riche décor que je vous ai préparé plusieurs articles sur le sujet. Après les Atlantes du rez-de-chaussée et le fronton du corps central, je vous emmène voir l’aile ouest, à gauche quand on regarde la façade. Je tire l’essentiel des données (auteurs, dates) du dossier documentaire de l’hôtel de ville et des autres dossiers établis par le service régional de l’inventaire de la région Centre.

Les deux ailes en fait sont strictement symétriques et composées de la même manière. Le décor général, à l’exclusion des statues, est dû à Henri Frédéric Varenne. Au rez-de-chaussée, trois fenêtres, surmontées de trois jours (petites fenêtres) à l’entresol. Ces deux niveaux sont construits en bossage.

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 2, l'étage Au premier étage ou étage noble, construit en pierre de taille, une grande fenêtre en plein cintre est encadrée de deux niches (sans statue) entourées de colonnes ioniques, avec un petit balcon soutenu par des corbeaux ornés (volutes et culs-de-lampes).

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 3, le fronton La grande baie est surmontée d’une tête de lion encadrée de guirlandes végétales et de deux cornes d’abondance (d’où s’échappent des fruits). Ces motifs interrompent le fronton triangulaire qui surmonte l’étage. Au centre du fronton se trouve une grande coquille. Au-dessus des rampants du fronton (les rampants sont les bords penchés du triangle qui forme le fronton) ont pris place des figures allégoriques représentées à l’Antique, aux trois quarts couchées.

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 6, signature C. Hugues sur le rampant gauche du fronton Ces deux sculptures, symbolisant la force et le courage sont dues au sculpteur Jean Hugues, qui a daté (1900) et signé (C. Hugues) la statue du courage (il avait réalisé peu avant, en 1898, les allégories des villes de Limoges et Nantes aux angles de la façade de la gare de Tours).

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 4, la force sur le rampant gauche du fronton À gauche, la force est représentée sous les traits d’une femme qui a le coude gauche en appui sur une tête de lion et maintient contre ses jambes, de la main droite, une massue, tous deux symboles de force.

Tours, l'hôtel de ville, l'aile gauche, 5, la force sur le rampant droit du fronton À droite, le courage a pris les traits d’un homme à la tête ceinte d’une couronne de chêne. Il porte autour du cou une chaîne avec médaillon qui semble (j’avais oublié mes jumelles…) représenter une tête (peut-être Méduse, dont le regard est sensé pétrifié les ennemis ?). Son avant-bras droit est en appui sur un livre (symbole probable de la loi), alors qu’il tient de la main gauche un drapeau, symbole républicain par excellence.

Pour l’autre aile avec l’éducation et la vigilance de Alphonse Amédée Cordonnier vous devrez encore patienter un peu (suivre le lien précédent), OB trouve que cet article est déjà assez long (il a refusé de coller la suite prévue…).

Le Grand-Rond à Toulouse (5) : Auguste Fourès par Paul Ducuing

Le Grand-Rond à Toulouse, monument à Auguste Fourès par Paul Ducuing, carte postale ancienne Aujourd’hui, je vous présente une autre œuvre de Paul Ducuing (1867-1949) qui se trouvait aussi dans le Grand-Rond à Toulouse (revoir ici le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse). J’ai pu retrouver sa trace, hélas, dans le n° 5 (septembre-octobre 2008) d’Arcanes, la revue des archives municipales de Toulouse (à retrouver ici). Elle a été, comme beaucoup d’autres bronzes toulousains (même Jaurès a failli y passer, sa tête fut sauvée, je vous en reparlerai…) et de toute la France, fondue suite aux lois de 19421/1942 (voir en fin d’article). Je ne sais pas si l’original, en plâtre ou en terre, qui a permis de réaliser ce groupe sculpté a survécu, si quelqu’un a l’information, je suis preneuse pour compléter cet article (en mentionnant la source, bien entendu).

Le Grand-Rond à Toulouse, monument à Auguste Fourès par Paul Ducuing, carte postale ancienne colorisée Le monument avait été réalisé par Paul Ducuing en 1898. L’original aurait été réalisé en terre cuite. Cette vue colorisée vous montre bien le buste du poète Auguste Fourès, placé sur un piédestal, devant lequel se tient une femme, représentation allégorique de la poésie romane rajeunie. Auguste Fourès est en effet l’un des rénovateurs de la langue d’oc présentée comme la langue des troubadours. Il participa activement à la restauration des jeux Floraux de Toulouse, dont je vous ai parlé à propos de la fontaine Belle-Paule.

Le Grand-Rond à Toulouse, monument à Auguste Fourès par Paul Ducuing, vu de profil, carte postale ancienne De profil, vous voyez mieux que la figure de l’allégorie prend finalement plus de place que le buste qu’elle est censée honorer. Mais qui fut Auguste Fourès ? Le père du cassoulet de Castelnaudary (Aude) par ce texte de 1911 qui retranscrirait un texte du milieu du 19e siècle ? Je vous invite plutôt à aller lire sur le site de l’université de Provence son éloge prononcé par François Tresserre à Castelnaudary le 16 mai 1926, lieu où Fourès était né le 8 avril 1848 et décédé le 4 septembre 1891 (je ne suis pas allée vérifier, c’est peut-être un tort après les déconvenues sur Pierre Amédée Brouillet).

Pour en savoir plus sur Paul Ducuing, je vous conseille la lecture de cet article, de Luce RIVET, Le sculpteur toulousain Paul Ducuing (1867-1949) : un artiste officiel sous la Troisième République, Annales du Midi, 1988 (2e trimestre), p. 181-192.

Paul Ducuing est aussi l’auteur d’au moins une allégorie de la République, sujet qui m’a intéressé professionnellement il y a quelque temps, sous la forme d’une Victoire dominant un soldat à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), que vous pouvez découvrir sur ce site.

Pour information, suite à de nombreux actes de vandalisme, la ville de Toulouse a remplacé la plupart de ses statues dans les lieux publics par des copies, et mis à l’abri les originaux… quand ils n’ont pas été détruits avant.

Les autres articles sur le Grand-Rond : le jardin et le kiosque (avec cartes postales anciennes) ; la chienne et la louve de Rouillard, le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse (détruit).

Post-scriptum : j’ai oublié de préciser… Cette statue là n’existe plus. Elle a très probablement été fondue suite à la loi du 11 octobre 1941 et aux instructions de 1942, qui ordonnaient la fonte des monuments en bronze à l’exception des monuments aux morts, des saints, des saintes, des rois et des reines…

L’hôtel de ville de Tours (2), le fronton central

Tours, hôtel de ville, les parties hautes de la façade L’hôtel de ville de Tours a un si riche décor que je vous ai préparé plusieurs articles sur le sujet. Après les Atlantes du rez-de-chaussée, je vous emmène voir le fronton du corps central (au-dessus du bâtiment principal au centre, si vous préférez à  » corps central « ), dominé par une grande horloge encadrée de cariatides, le tout entouré de deux statues monumentales. Un masque, des cariatides, des figures allégoriques, où vais-je ranger l’article ? Dans quelle communauté, communauté des gargouilles, cariatides etc. créée par d’Amaryllis, dans son autre communauté têtes et visages sculptés, ou encore dans France art culture ? J’opte pour la seconde, à cause de ce premier détail.

Tours, hôtel de ville, l'horloge de près L’horloge est surmontée d’un masque symbolisant le temps, entouré de rinceaux dans lesquels sont entrelacés les chiffres RF (bon, je sais, ce sont des lettres, mais comme elles sont symboliques, en héraldique, on parle de chiffres…) pour République Française. Le décor général, à l’exclusion des statues, est dû à  (1860 – 1933), qui venait de travailler quelques années auparavant avec le même architecte sur la façade de la gare de Tours (voir aussi la charité de Martin devant la basilique Saint-Martin et la statue du général Meunier dans le jardin des Prébendes-d’Oe à Tours, la sculpture à  l’extérieur et à l’intérieur de la gare de Limoges).

Tours, hôtel de ville, l'horloge et les cariatides Les deux cariatides qui entourent l’horloge, au centre du bâtiment, en haut, sont dues au sculpteur Émile Joseph Nestor Carlier et datées de 1901 d’après le dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre),

Tours, hôtel de ville, signature des cariatides J. Carlier … mais ce que l’on lit clairement sur le socle (enfin, pour être plus précise, sur la terrasse, la pierre entre le socle et les pieds de la statue), c’est  » 1900 J.(H.) CARLIER  » sur celle de droite (et l’inverse, nom puis date sur celle de gauche).

Tours, hôtel de ville, à gauche du fronton, allégorie de la Loire par Injalbert Cette horloge est encadrée de deux figures sculptées du sculpteur Jean Antoine Injalbert (auteur d’un modèle de Marianne que l’on trouve dans de nombreuses mairies et qui est toujours en vente sur catalogue…). Il s’agit de figures allégoriques représentant à gauche la Loire et à droite, le Cher. Toutes deux sont représentées aux trois quarts allongées et soutenant de la main un grand vase, symbole du fleuve et de la rivière. La Loire, à gauche, est une femme qui tient un gouvernail.

Tours, hôtel de ville, rampant droit du fronton, allégorie du Cher par Injalbert Le Cher, à droite, est représenté sous les traits d’un homme barbu allongé sur des roseaux. Rappelons encore que Injalbert avait réalisé, peu avant, en 1898, les allégories des villes de Bordeaux et Toulouse pour la gare de Tours.

Tours, hôtel de ville, à droite du fronton, allégorie du Cher par Injalbert, la signature La signature du sculpteur A. Injalbert y est clairement visible… avec des jumelles ou un zoom d’appareil photo.

L’hôtel de ville de Poitiers (4) : la science et l’agriculture

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 01, le beffroi Je vous ai déjà montré de loin l’hôtel de ville de Poitiers avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation. Il est l’œuvre de l’architecte Antoine Gaëtan Guérinot, qui avait réalisé la préfecture avec Alphonse Durand. La construction prit presque 10 ans, de 1869 à 1878, il faut dire que la guerre de 1870 et les changements politiques qui suivirent bouleversèrent le projet. L’essentiel du gros œuvre était achevé en 1875, date portée en chiffres romains sur la façade. J’ai décidé de vous le faire visiter de plus près pour l’extérieur et par des cartes postales anciennes pour l’intérieur, en plusieurs épisodes… Toujours le dimanche à midi, bien sûr… mais pas chaque semaine, il faut varier les plaisirs.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 02, le beffroi en métal Je commence par le milieu de la façade… Je passe sur le campanile, ses tigres-chimères (de l’artiste animalier Auguste Cain) et ses angelots en plomb (oui, bien lourds au sommet d’un édifice), tout juste restaurés, mais il me faudra aller faire de meilleures photographies avec un pied… (à voir maintenant ici).

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 03, l'horloge encadrée d'allégories Je vais aujourd’hui vous faire découvrir les deux allégories qui encadrent la monumentale horloge… Et oui, les allégories furent très à la mode dans la seconde moitié du 19e siècle, je vous ai déjà montré celles de l’ancien cercle industriel, article repris avec des explications de vocabulaire et de l’ancien cercle du commerce à Poitiers, vous pouvez par exemple voir à Tours les allégories de la force et du courage ou celles de l’éducation et la vigilance sur l’hôtel de ville ou encore les allégories de Limoges et Nantes ou de Bordeaux et Toulouse sur la gare. Quelques années plus tard, Louis Ernest Barrias a aussi réalisé une allégorie de l’Architecture (avec une représentation de l’hôtel de ville de Poitiers) sur la tombe de Guérinot.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 04, la signatureDépôts de l’Etat (elles figurent dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain), ces deux allégories sont l’œuvre de Louis Ernest Barrias (1841-1905), second prix de Rome en 1872, ainsi que cela se voit sur la signature portée sur le côté droit de la sculpture de gauche. Si vous voulez découvrir cet artiste, je vous conseille cette biographie ou de consulter la base de données Joconde (lien direct sur Barrias). De manière étonnante, une maquette en terre des allégories de Poitiers seraient au musée de Valenciennes, si l’on se fie aux informations de cette base de données.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 05, l'agriculture, de face Revenons à Poitiers. Les deux allégories, l’agriculture et la science, sont vêtues d’une longue robe drapée à l’Antique. À gauche de l’horloge, vous trouvez l’agriculture que je vous montre de face…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 06, l'agriculture, de côté … son profil droit…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 07, l'agriculture, de l'autre côté … et son profil gauche.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 08, l'agriculture, gerbe de blé et bras de la brouette Approchons un peu plus. Dans le creux du bras droit, elle porte une gerbe de blé. L’agriculture est assise sur une brouette, dont on voit ici les bras…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 09, l'agriculture, serpe et roue de la brouette … et de l’autre côté, un axe avec une cheville et une roue crantée. Dans la main gauche, elle tient une faucille ou une serpe.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 10, l'agriculture, la coiffure Un petit détail de sa coiffure, avec une couronne de blé, des nattes regroupées vers l’arrière de la tête en chignon.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 11, l'industrie Contournons l’horloge. De ce côté se trouve la science (souvent présentée comme l’industrie, par opposition à l’agriculture, mais le plâtre préparatoire présenté à l’exposition Un Louvre pour Poitiers confirme qu’il s’agit de la science), la tête couverte d’un voile (quoi, un voile en plein espace public? Au secours, appelez l’Élysée !) Ses cheveux, libres sur l’avant, sont tressés et rassemblés vers l’arrière.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 12, l'industrie, détail De plus près, ses attributs, une tablette dans la main gauche, un globe posé sur un livre à ses pieds. Remarquez au passage que son pied gauche, nu, est légèrement avancé. La barre métallique, que vous voyez aussi de l’autre côté, porte l’éclairage nocturne.

Pour aller plus loin : voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen (récemment décédée au mois de juillet 2010), Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

Voir l’article de Grégory Vouhé, La Science symbole de Poitiers, L’actualité Poitou-Charentes, n° 100, printemps 2013, p. 114-115.

Louis Barrias réalisa en 1893 pour la tombe de Antoine Gaëtan Guérinot., l’architecte de l’hôtel de ville de Poitiers, au cimetière du Père-Lachaise à Paris, un plan de ce bâtiment et un buste en bronze intitulé L’architecture (voir Antoinette Le Normand-Romain (1986), Tombeaux d’artistes, Revue de l’Art, vol. 74, p. 60 et 62). Il faudra que j’aille la photographier, à l’occasion…

L’arbre de Jessé, Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'arbre de Jessé, 01, emplacement L’arbre de Jessé est représenté sur la façade occidentale de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Si Jessé est un personnage de l’Ancien Testament, où il est abondamment cité, notamment associé à son fils David (ici représenté plus à droite) dans Samuel, chapitres 16 et suivants. Pour les chrétiens, les prophéties d’Isaïe (représenté plus à gauche parmi les prophètes) sont comprises comme s’appliquant à Jésus, « racine de Jessé » devient un surnom de Marie et l’arbre de Jessé une représentation du lignage de Jésus. Cela justifie sa position sur cette façade, à droite de l’Annonciation.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'arbre de Jessé, 02, vue générale Le motif de l’arbre de Jessé devient fréquent dans l’art à partir du 11e siècle, tant en sculpture qu’en peinture ou sur les manuscrits. Ici, Jessé est représenté en buste, ses bras levés soutiennent les tiges de l’arbre qui s’étale au-dessus de sa tête.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'arbre de Jessé, 03, le bras Remarquez les manches qui tire-bouchonnent, en accord avec la position des bras. Les mains et les doigts sont finement représentés, ainsi que la passementerie sur le rebord de la manche.

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, l'arbre de Jessé, 04, la colombe La branche centrale se termine par une fleur stylisée sur laquelle est posée une colombe, symbole de ce que les chrétiens appellent l’esprit saint (un dogme qui me reste incompréhensible). Ce symbole de la colombe apparaît dans le Nouveau Testament, par exemple dans l’évangile de Marc (Mc 1,10) ou celui de Jean (Jn 1, 32-34). C’est l’une des parties de la façade où il reste de nombreuses traces de la peinture d’origine.

Sur d’autres représentations, les noms des descendants de Jessé peuvent être inscrits sur les feuilles, et cela peut être le Christ qui se tient au-dessus de sa tête.

Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Le Grand-Rond à Toulouse (4) : Izaure ou Toulouse…

Le Grand Rond à Toulouse, carte postale ancienne, bassin central avec jet d'eau et parterre de fleurs Comme je vous le disais il y a quelques semaines, le centre du Grand-Rond a connu de nombreuses évolutions… Je vous invite à une petite visite en cartes postales anciennes, toutes ne sont pas datées, je n’ai pas eu le courage de rechercher les dates d’activité des différents éditeurs…

Sur la première vue, il y a un bassin entouré de parterres de fleurs, avec un petit jet d’eau au milieu.

Le Grand Rond à Toulouse, carte postale ancienne, bassin central avec jet d'eau et parterre de fleurs Sur la seconde vue, le jet d’eau est tout petit, le bassin est toujours entouré de fleurs.

Le Grand Rond à Toulouse, carte postale ancienne, monument à Clémence Isaure de Paul Ducuing, dans un bassin Sur la vue suivante, légendée statue de Clémence Isaure ou Izaure (dont je vous ai parlé pour une autre fontaine ici), un groupe sculpté occupe le centre d’un bassin. Au sommet, sur un piédestal se tient, telle une madone, la légendaire Clémence Isaure vêtue d’une longue robe (vous pouvez lire une version de la légende sur le site du musée des Jacobins). Sur un socle, à ses pieds, quatre personnages sont assis. Si vous avez des informations, j’aimerais bien les identifier, il y a au moins un homme et une femme… Peut-être des allégories ? Autour de l’îlot central, quatre animaux (grenouilles en bronze ?) crachent de l’eau dans le bassin.

Le Grand Rond à Toulouse, carte postale ancienne, monument à Clémence Isaure de Paul Ducuing, sans bassin Sur d’autres vues, comme ici, le même groupe sculpté porte la légende  » monument à la gloire de Toulouse « , ce qui est un peu la même chose, si Isaure symbolise la ville. Vous remarquerez qu’ici, il n’y a pas de bassin, le monument se dresse juste au centre du Grand-Rond.

Qui est l’auteur de ce groupe sculpté ? Plusieurs cartes postales l’attribuent à Paul Ducuing (1867-1949), qui a aussi réalisé le monument à Auguste Fourès et la poésie romane, qui se trouvait dans le même parc. Il pourrait correspondre à La Toulousaine présentée par Paul Ducuing au salon des artistes français de 1903 sous le n° 2735.

Je n’ai pas pu reconstituer la chronologie de ces vues, mais je pense que l’ordre est l’inverse de ce que je vous montre ici…

Pour en savoir plus sur Paul Ducuing, je vous conseille la lecture de cet article, de Luce RIVET, Le sculpteur toulousain Paul Ducuing (1867-1949) : un artiste officiel sous la Troisième République, Annales du Midi, 1988 (2e trimestre), p. 181-192.

Pour information, suite à de nombreux actes de vandalisme, la ville de Toulouse a remplacé la plupart de ses statues dans les lieux publics par des copies, et mis à l’abri les originaux…

Post-scriptum : j’ai oublié de préciser… Cette statue là n’existe plus. Elle a très probablement été fondue suite à la loi du 11 octobre 1941 et aux instructions de 1942, qui ordonnaient la fonte des monuments en bronze à l’exception des monuments aux morts, des saints, des saintes, des rois et des reines…

Les autres articles sur le Grand-Rond : le jardin et le kiosque (avec cartes postales anciennes) ; la chienne et la louve de Rouillard, le monument à Clémence Izaure ou les gloires de Toulouse (détruit).

Poitiers, le cercle du commerce

Poitiers, le cercle du commerce, la façade En ce 15 août, je souhaitais vous montrer en détail le portail de la Vierge (portail nord) de la façade de la cathédrale de Poitiers… mais j’ai juste oublié d’aller refaire des photographies avec mon nouvel appareil photo (je n’en ai qu’avec l’ancien, la différence est trop importante, vous attendrez donc encore un peu…

Du coup, je vous montre aujourd’hui un immeuble tout juste restauré. Vous vous souvenez peut-être de l’ancien cercle industriel de Poitiers, à l’immeuble étroit, avec des sculptures réalisées par Pierre-Amédée Brouillet, au 22 rue Victor-Hugo à Poitiers. Non loin de là, place de l’hôtel de ville, à l’angle avec la rue Magenta, toujours à la fin du 19e siècle, il est l’auteur des sculptures de cet immeuble de plus grande taille qui abritait le cercle de commerce de Poitiers. Le bâtiment à gauche de l’image ne fait pas partie du projet. Le bâtiment du cercle comprend donc sept travées sur la place, avec une travée centrale plus importante au centre, et à l’angle de la rue Magenta, un petit avant-corps épousant une forme circulaire… Je vous ferai un détail quand les arbres de la place auront, hélas, été coupés… (il est prévu qu’ils soient remplacés par d’autres essences, nous verrons bien…).

Poitiers, le cercle du commerce, le fronton avec l'llégorie de la Charité Sur le fronton en haut de la travée centrale se trouve un groupe sculpté allégorique dû à Pierre-Amédée Brouillet. Au centre se trouve une allégorie de la Charité. Oui, vous avez bien lu, les commerçants de la fin du 19e siècle ont choisi la Charité pour figurer en haut de leur Cercle (lieu de réunion). Cette jeune femme aux longs cheveux nus posent ses mains protectrices, en partie cachées par son manteau, sur un enfant et un vieillard. C’est aujourd’hui une banque… bien loin de cette Charité ! Bon, pour être complète, une banque occupe le bâtiment, mais d’après le permis qui était affiché, il appartient au CHU.

Poitiers, le cercle du commerce, portrait du donateur De chaque côté, sur les rampants du fronton (les parties en pente) ont pris place un homme et une femme, probablement un couple de riches commerçants donateurs, regardez de plus près, ils tiennent chacun un plateau avec des pièces d’or. Bon, c’est haut, un peu pixellisé avec le zoom. Sur place, si vous voulez les voir, munissez-vous de jumelles.

Poitiers, le cercle du commerce, portrait de la donatrice Si l’homme est représenté nu, avec juste un manteau à l’Antique, fermé par une fibule, sa femme porte une robe simple, laissant les épaules dénudées.

Trois République sur des monuments aux morts (Haute-Savoie)

Les Clefs Le Grand-Bornand Annecy-le-Vieux
Monument aux morts des Clefs (Haute-Savoie), vue générale Monument aux morts du Grand-Bornand (Haute-Savoie), vue générale Monument aux morts de Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie), vue générale

Avant de partir en vacances, j’avais appris l’hospitalisation d’une de mes anciennes collègues, Charlotte Pon-Willemsen, en retraite depuis quelques années et qui a publié en 2008 un parcours du patrimoine sur les monuments aux morts avec une allégorie de la République en Poitou-Charentes. C’est un sujet dont j’ai beaucoup discuté avec elle, en particulier il y a quelques semaines lorsque, grâce à une lectrice du blog, nous avons fait le rapprochement entre le monument aux morts de Briey en Meurthe-et-Moselle et celui de monument aux morts de Sommière-du-Clain, dans la Vienne. J’avais programmé un article comparatif qui est paru le jour de son décès. Pendant mes vacances, je suis aussi tombée par hasard sur trois monuments aux morts de Haute-Savoie portant une République, j’avais fait quelques photographies en vue d’en discuter avec elle… Elles vont aujourd’hui être une forme d’hommage. Je lui avais aussi promis de tenter de savoir comment un modèle de monuments aux morts fabriqué par le marbrier Gobeaux de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne), présent à proximité de son lieu de fabrication à Gomont (Ardennes) et à Trépail (Marne), a pu se retrouver à Sousmoulins en Charente-Maritime, j’essayerai de le comprendre en allant faire quelques photographies prochainement à Sousmoulins.

Revenons à ces trois monuments aux morts de Haute-Savoie, identiques, ou plutôt, qui portent le même bas-relief, probablement une œuvre de série, mais une recherche rapide dans plusieurs bases de données ne m’a pas permis de trouver qui en était l’auteur. J’ai essayé aussi de chercher dans les photographies de site de cartes postales et sur Genweb pour la Savoie et la Haute-Savoie, sans succès. C’est souvent la face utile aux généalogistes (qui porte la liste des morts) qui est photographiée, pas celle portant un éventuel relief sculpté. Par exemple, impossible à voir pour la fiche du Grand-Bornand… Ils ne portent pas de signature. Cet article est un peu prématuré, mais je vous livre quand même mes photographies. Si quelqu’un a l’information qui me manque, je suis preneuse.

Monument aux morts de Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie), noms du maire et du curé Ces trois monuments se trouvent en Haute-Savoie, à quelques kilomètres les uns des autres, aux Clefs, au Grand-Bornand et à Annecy-le-Vieux (les liens renvoient au relevé des noms des victimes sur le site mémorial de Genweb). Si le relief est identique, probablement une œuvre de marbrier commandée sur catalogue, chaque commune a dû faire appel à un entrepreneur différent et commandé un monument de forme différente à l’arrivée. Sur le socle du monument d’Annecy-le-Vieux sont reportés les noms du maire (« GIROD MAIRE »), du curé (« METRAL CURE »)

Monument aux morts de Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie), nom de l'entrepreneur (?) … et probablement de l’entrepreneur, ce n’est pas très lisible, c’est un euphémisme. Impossible de déchiffrer la première ligne (?LUOUE?), sur la seconde, je devine « PETERIONCO »… et la suite est illisible aussi, même sur cette image où j’ai joué avec les contrastes. Peut-être qu’avec un autre éclairage ou d’autres moyens (estampage par exemple), ça serait déchiffrable, mais je ne m’attendais pas à en avoir vraiment une utilité… Grâce à un commentaire de J.-P. Venouil sur l’article suivant, le nom est PETERLONGO, marbrier, société qui existe toujours dans la région d’Annecy. Vous pouvez voir ici une publicité de ce marbrier parue en 1909.

Monument aux morts des Clefs (Haute-Savoie), le relief En revenant de plus près sur le relief des Clefs, vous voyez que l’artiste a choisi un concentré de symboles Républicains…

La République est représentée devant un cimetière militaire (symbolisé par des croix et un casque de Poilu), elle porte une palme dans la main droite, un drapeau dans la main gauche,

Monument au<br />
x morts des Clefs (Haute-Savoie), le buste de la République …une couronne de laurier sur la tête, un pectoral (armure protégeant la poitrine) portant une tête de Méduse (rappelant l’égide à tête de Gorgone de la déesse Athêna), bien maladroite ici…

Monument aux morts des Clefs (Haute-Savoie), les pieds de la République … et les pieds nus dans ses sandales.

Les monuments aux morts de Briey et Sommières-du-Clain

Monument aux morts de Briey, l'ensemble du monument Il y a quelques semaines, je vous ai présenté le monument aux morts de Sommières-du-Clain, dans la Vienne, sculpté par Maxime Real del Sarte. J’avais reçu un peu plus tard un commentaire (merci à Chantal) me signalant un monument similaire à Briey, en Meurthe-et-Moselle. Surprise, car nous ne l’avions pas repéré dans notre étude du monument de Sommières-du-Clain. Nous savions que le monument aux morts de Sommières-du-Clain était une sorte d’étude pour le groupe sculpté (en trois dimensions donc) de Langogne en Lozère et de Saint-Martin-aux-Buneaux en Seine-Maritime (voir l’image sur le site interministériel chemins de mémoire). Une première vérification dans google images confirme que le monument de Briey est bien un tirage en bronze d’un modèle similaire à celui de Sommières-du-Clain. Un rapide retour à la base de données Mérimée (interrogation avec le nom de l’auteur) me donne une fiche simplifiée du monument de Briey, mais pas de photographie. Le service régional de l’inventaire de Lorraine transmet à notre service de Poitou-charentes le dossier qu’ils ont établi en 1975 sur ce monument et la bibliographie. Je complète alors le dossier documentaire de Sommières-du-Clain avec ce renvoi et la bibliographie de Briey. Mais entre-temps, en regardant sur une carte, je vois que Briey n’est pas très loin de chez Zazimuth… Je lui envoie un mél et elle a eu la gentillesse de contacter une de ses amies de Briey et d’aller par deux fois prendre des photographies du monument de Briey (toutes celles ci-contre et ci-dessous), un grand merci à toi, Véronique !

De la puissance des blogs… Les dossiers documentaires de Sommières-du-Clain et de Briey étaient disponibles pour tous dans des bases de données, mais le rapprochement n’avait pas été fait.

Maintenant, il reste à savoir lequel des deux monuments a été fait en premier… Le monument de Briey, réalisé en bronze et donc à partir d’un modèle en terre ou en plâtre, est plus détaillé que celui en pierre calcaire de Sommières-du-Clain. Je vous ai d’ailleurs fait un petit tableau comparatif avec à gauche Briey et des photographies de Zazimuth et à droite celui de Sommières-du-Clain avec mes photographies. Vous voyez par exemple des pensées sous la tête du soldat à Briey mais pas à Sommières-du-Clain, dans le second cas, le pommeau de l’épée de Jeanne-d’Arc est lisse mais celui de Briey est cannelé, etc. Par ailleurs, à Sommières-du-Clain, il n’y a pas de nom sur le cartouche de la cathédrale alors qu’il est inscrit Strasbourg sur celui de Briey.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain a été commandé en 1919 par un membre de la famille de Vareilles-Sommières, propriétaire du château voisin (voir sur ce sujet ce qu’en dit Charlotte Pon Willemsen dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République). Le monument aux morts de Briey a été inauguré le 24 septembre 1922.

Désolée pour les balises <HEADER>, qui permettent aux mal-voyants de se repérer dans les tableaux : je les avais mises, mais OB les enlève automatiquement… Grrr… Et l’accessibilité web?

Vue Monument aux morts de Briey
(Meurthe-et-Moselle)
Photographies de Zazimuth
Monument aux morts de Sommières-du-Clain
(Vienne)
Photographies de V. Dujardin
Vue générale Monument aux morts de Briey, 2 vue générale Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 2, vue générale
La cathédrale Monument aux morts de Briey, 3 : la cathédrale Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 3, la cathédrale
La couronne Monument aux morts de Briey, 4, la couronne Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 4, la couronne
Les têtes de Jeanne-d’Arc et du soldat Monument aux morts de Briey, 5, les têtes du soldat et de Jeanne-d'Arc Le monument aux morts de Sommières-du-Clain,5, les têtes de Jeanne d'Arc et du soldat
Les pieds du soldat Monument aux morts de Briey, 6, les pieds Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 6, les pieds
La pointe du drapeau Monument aux morts de Briey, 7, la pointe du drapeau Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 7, la pointe du drapeau

Prophètes de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, position des prophètes Au-dessus de l’arcature aveugle nord de la façade occidentale de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers sont sculptés les quatre prophètes Daniel, Jérémie, Isaïe et Moïse. Ils sont encadrés à gauche par Nabuchodonosor et à droite par l’Annonciation.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, les prophètes Ils se distinguent par la présence d’une auréole qui marque leur sainteté. Ils ont été identifiés grâce aux citations de l’Ancien Testament gravées sur des rouleaux et des livres. Je n’ai pas vérifié si l’ordre est le bon… soit Daniel, Jérémie, Isaïe et Moïse. Avec mes jumelles, j’ai du mal à suivre les textes, et j’ai eu la flemme de vérifier dans le corpus des inscriptions de la France médiévale. Celui à l’extrême droite commence par PRO.

Si l’on regarde bien, les deux personnages de l’extérieur, agrandis en haut de la planche ci-dessous, portent des rouleaux, qui étaient constitués de peaux (parchemins) cousues les unes aux autres par leur petit côté. Les deux autres, au centre (en bas sur l’image ci-dessous), portent des livres, constituées de peaux assemblées et cousues entre elles au milieu des pages.

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, détail de chacun des quatre prophètes Pour aller plus loin : un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

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La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.