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La fontaine Boulbonne à Toulouse

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 1, vue générale Aujourd’hui, direction Toulouse, je vous rappelle que ces photographies datent de mars 2010. Nous allons à l’angle des rues Boulbonne (du nom d’une abbaye de l’Ariège qui avait un collège – équivalent d’une résidence universitaire pour ses novices – au 21 de cette rue du 13e au 16e siècle) et Cantegril, voir la fontaine…

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 2, signature C’est une œuvre signée du sculpteur toulousain Jules Jacques Théodore Dominique Labatut (né en 1851 à Toulouse et mort en 1935 à Biarritz, son prénom d’usage est Jacques), élève à l’école des Beaux-Arts de Paris notamment de François Jouffroy et d’Antonin Mercié, dont je vous ai déjà parlé pour le tirage de Gloria Victis (1881) place de Strasbourg à Niort et pour la statue équestre de Jeanne d’Arc (1902, inaugurée 1922) à Toulouse. La fontaine n’a été réaménagée qu’en 1984 par l’architecte Bernard Calley à partir de cette sculpture en calcaire, à l’emplacement où s’est trouvé le puits dit des Quatre-Carrés. De quand date la fontaine? Probablement de 1911, date à laquelle elle fait l’objet d’une critique féroce… Si on en croît ce document d’archive, je dirai finalement que la maquette a été réalisée (sans doute en plâtre) en 1900 et qu’un groupe sculpté en marbre, sans doute celui que nous avons sous les yeux, a été exécuté par l’atelier d’Atteni pour le salon des artistes français de 1911.

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 3, vue rapprochée de face Allez, on s’approche… La fontaine représente la Garonne offrant l’énergie électrique à la ville de Toulouse. Au centre trône une allégorie de Toulouse (à comparer avec celle-ci par Jean Antoine Injalbert sur la gare de Tours).

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 4, vue du côté gauche Toulouse est représentée sous les traits d’une femme assez jeune, assise sur l’arche d’un pont et tient dans sa main droite un gouvernail. Contrairement à la plupart des allégories de cette époque, vêtues à l’Antique (je vous en ai montré plein, à retrouver en liens à partir de cette page), elle est ici vêtue d’un costume traditionnel avec une sorte de grand foulard fermé par un grand nœud sur sa poitrine.

Toulouse, fontaine Labatut rue Boulbonne, 5, vue du côté gauche Son autre main est en appui sur les armoiries de la ville de Toulouse. Sous le pont coule la Garonne… personnifiée sous les traits d’une femme nue aux longs cheveux qui émerge à moitié en rampant en actionnant une roue à aubes. D’après la description de 1911, elle tenait de sa main gauche (levée mais aujourd’hui vide) une sorte de grosse canne dont le pommeau pourrait être une ampoule à incandescence…

Dernière précision, les trois têtes de lions qui crachent l’eau sont de Madeleine Tezenas du Montcel, dont je vous ai déjà montré le groupe sculpté de Saint-Exupéry et du Petit-Prince (et dont vous pouvez découvrir ici le site internet de l’artiste).

Une maison à découvrir à Poitiers

Poitiers, 36 rue Grimaux, 1, façade Au 36 de la rue Édouard Grimaux (à l’angle avec la rue Gambetta) se trouve une maison que peu de monde remarque, et pourtant…

Poitiers, 36 rue Grimaux, 2, inscription Elle porte l’inscription « AE. D. AN 1902 Dr LETANG » (cette maison a été construite en 1902 par le Dr Letang).

Poitiers, 36 rue Grimaux, 3, relief avec objets du cabinet Elle porte deux reliefs sculptés sales mais intéressants… Sur celui du bas, le contenu du cabinet du docteur… un livre portant l’inscription Vitruve, un caducée, un globe terrestre, un sablier, une longue vue, une règle, une équerre et un compas, des feuilles de chêne (symbole de force), de laurier, un encrier, un rouleau de papier…

Poitiers, 36 rue Grimaux, 4, détail du relief avec objets du cabinet Un petit détail de la zone avec le caducée dont le serpent semble vivant…

Poitiers, 36 rue Grimaux, 5, relief avec objets liés à l'art Sur celui du haut, les instruments des arts, une tête de femme (la muse ou l’égérie?), une palette, des pinceaux, des calames, une équerre, un compas (décidément, était-il franc-maçon?), un maillet de sculpteur, une flûte, un cor, un pot, et à nouveau divers feuilles…

3Poitiers, 36 rue Grimaux, 6, détail du relief avec objets liés à l'art Voici un détail…

Poitiers, 36 rue Grimaux, 7, façade rue Gambetta Sur l’autre façade, juste un jeu dans les baies…

Mettez vos chaussures, sortez votre APN, des haies

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 1 Cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous propose de parcourir un 110m haies… vendredi midi, il faisait très beau, j’ai pris le bus 1 au marché Notre-Dame, arrêt quelques minutes plus tard au stade… Je prends le petit chemin piéton qui rejoint quelques immeubles et le centre commercial. Une haie de chaque côté…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 2 à 5 au centre commercial Tout autour du centre commercial et des immeubles voisins, des haies diverses ont pour vocation de cacher la laideur ou de sépare les espaces. Un peu de tout, le thuya chez les particuliers, du genêt, du laurier, etc.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 6, cimetière de la Pierre-Levée Un petit tour au supermarché pour une petite course (attention, j’ai quelques kilomètres à pied pour rentrer d’abord au bureau, puis le soir, vers 23h30 au retour de la conférence du parking du bureau à chez moi), et je prends le chemin que je voulais vous montrer. Je traverse l’avenue du 11 novembre par le pont… Je commence par les haies du cimetière de la Pierre Levée (où je vous ai montré le carré militaire de la Pierre Levée et monument aux morts allemands).

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 7, rue de Beaulieu Je continue par la rue de Beaulieu, une zone pavillonnaire avec beaucoup de thuyas, mais aussi quelques haies qui mélanges les essences…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 8, la stèle à Maître Un petit coup d’œil au passage à la stèle à l’angle de la rue du Dolmen et de la rue de Beaulieu pour la cité construite par l’architecte Auguste Maître dans les années 1930, avec des maisons jumelées à deux niveaux et deux ou quatre appartements.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 9, le dolmen de dos Justement, je continue à descendre pas la rue du Dolmen, jusqu’à arriver au dolmen par l’arrière, une clôture le long de la rue, mais des haies avec les terrains riverains.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 10, le dolmen de face Une petite vue de l’autre côté, d’accord, vous voyez plus le dolmen que la haie… au demeurant bien taillée au fond.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 11, la haie de l'hypogée des dunes Je tourne à droite, toujours en descendant das la rue de la Pierre-Levée, et quelques dizaines de mètres plus loin, voici la haie (enfin, la clôture arborée…) autour de l’hypogée des Dunes. J’ai pris la photo vers la rue Saint-Saturnin, le petit bout de toit qui dépasse au fond est celui de l’hypogée.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 12, le long du Clain Je n’ai pas trop le temps de m’attarder, je descend encore jusqu’au Clain au niveau du Pont Neuf, des haies séparent certains jardins.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 13, rue jean-Jaurès À partir de là, ça remonte… Petite pause rapide au niveau de l’ancienne église SAinte-Croix, au fond sous l’immeuble, sous la flèche jaune, la chapelle du Pas-de-Dieu et un vestige du rempart romain (attention, il y a interro à mon retour de Londres!)… Ah, j’allais oublier les haies… qui ne sont pas à l’emplacement des anciens murs.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 14, la haie devant le bapstistère Juste en face, le baptistère Saint-Jean, la rue Jean-Jaurès est déserte depuis l’opération Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille… (il y a quelques mois, impossible de prendre une photographie à 13h30 ici sans voiture, mais les visiteurs ont fui le centre-ville). Il a été nettoyé comme la bulle du planétarium de l’espace Mendès-France il y a un an et demi, lors d’une descente de casseurs. Pelouse, haie, presque en centre-ville, mais ça sent la campagne…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 15, les arbres place de la Cathédrale En passant devant la cathédrale, je ne résiste pas à prendre en photographie les alignements de tilleuls qui ont des feuilles depuis quelques jours… Sur la même place, je vous ai aussi montré les trottoirs pavés. Et voilà, de retour au bureau juste à côté… Prochain défi peut-être à Londres si je trouve un ordinateur pour en voir le thème, sinon à mon retour à Poitiers…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, le plan Et pour finir, le plan…

Le cèdre et l’éléphant du musée des beaux-arts de Tours

Tours, le musée des Beaux-Arts, la façade sur cour Je vous ai déjà parlé du musée des beaux-arts de Tours à propos de l’exposition Max Ernst, mais je ne m’étais alors pas attardée sur le musée en lui-même, ni sur le jardin qui le précède.

L'entrée du jardin du musée des beaux-arts de Tours, photo en 2009Le portail, que je vous ai déjà montré dans le précédent article, a été édifié vers 1770 avec l’arc de triomphe du portail neuf de l’ancien évêché édifié vers 1680 (pour en savoir plus sur le musée, voir voir le dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre). Vous apercevez ici la façade très rigide sur cour.

Tours, le musée des Beaux-Arts, le cèdre La première chose qui vous frappe quand vous franchissez le portail, et même avant, vu sa taille majestueuse, c’est ce grand cèdre du Liban planté en 1804 (d’après le panonceau posé à son pied) et mesure 31 mètres de hauteur, avec une envergure de 33 mètres.

Tours, le musée des Beaux-Arts, les branches du cèdre étayées Ses branches sont si lourdes qu’il a été haubané et pourvu de supports pour éviter la chute de ses branches.

Tours, le musée des Beaux-Arts, l'éléphant Fritz L’une des attractions du musée est l’éléphant naturalisé qui se trouve dans un petit édifice vitré, en libre accès dans la cour du musée. Il s’agit de Fritz, l’éléphant du cirque Barnum abattu à Tours (place Nicholas-Frumeaud) en 1902 parce qu’il était devenu agressif. Comme pour tous les animaux naturalisés, les os ont été enlevés de l’enveloppe de peau. Ils étaient conservés au muséum d’histoire naturelle de Tours, où ils furent détruits au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Bien sûr, puisque vous êtes arrivés dans la cour du musée, vous pouvez maintenant soit entrer pour visiter les salles (éventuellement en ligne, si vous habitez loin), soit admirer les jardins sans oublier de jeter un coup d’œil au groupe sculpté en l’honneur de François Rude, par Just Becquet.

Retour sur la grande poste à Poitiers…

La grande poste de Poitiers, carte postale ancienneEn ouvrant une page pour ranger les dates portées signalées au cours de mes articles (et oui, c’est la faute à Monique / Bidouillette / Tibilisfil et à son défi relevé ici pour Cahors et là pour Poitiers, Confolens et Lessac), je suis retournée vérifier la grande poste de Poitiers, et j’ai vu que c’étaient des photographies réalisées avec mon ancien appareil photographique… La poste centrale ou grande poste de Poitiers a été construite à partir de 1910 par l’architecte poitevin Hilaire Guinet (qui y a aussi réalisé l’immeuble de la banque de France rue Jean-Jaurès), à l’emplacement de l’ancien couvent de la Visitation transformé en prison sous la Révolution puis démoli en 1904, actuellement dans l’angle formé par la rue des Écossais et la rue Arthur-Ranc.

Poitiers, complément de la grande poste, 1, signature de l'architecte Guinet Je suis donc allée refaire quelques photographies de détail… D’abord de plus près la signature de l’architecte Hilaire Guinet et la date 1919.

Poitiers, complément de la grande poste, 2, signature du sculpteur Octobre Et celle du sculpteur Aimé Octobre, avec la date 1913 (et oui, la grande guerre a ensuite interrompu le chantier de la poste), grand prix de Rome en 1893, dont je vous ai montré les monuments aux morts de Angles-sur-l’Anglin (1926), de Poitiers et les monuments aux morts de 1870 et de 1914-1918 à Châtellerault.

Poitiers, complément de la grande poste, 3, allégorie féminine à gauche Concentrons-nous aujourd’hui sur sa sculpture, mais si vous passez à Poitiers, entrez aussi pour voir les mosaïques et les guichets… Faites vite, avant que les projets de massacre de ce joyau ne soient mis en œuvre par la poste au nom de la modernisation… Beaucoup de bureaux de poste anciens sont fiers de montrer qu’ils prennent soin de leur patrimoine, à Poitiers, on a toujours un train de retard, comme dans les années 1970, on continue à détruire l’art nouveau, les sites médiévaux pour y construire des horreurs en parpaing (la résidence à côté de l’église Saint-Hilaire, dans l’ancien cloître), les sites romains (gaz de France s’acharnant au marteau-piqueur sur l’amphithéâtre antique de Poitiers il y a quelques semaines)…

Revenons à la façade de la poste. À gauche, Aimé Octobre a représenté une femme à moitié dénudée, sans aucun doute une figure allégorique, mais je ne l’ai pas identifiée…

Poitiers, complément de la grande poste, 4, détail de l'allégorie féminine Elle ne porte aucun attribut clair (pour Grégory, c’est esquisse d’un instrument aratoire et il propose d’y voir l’agriculture, en réponse au commerce de Mercure, par comparaison avec l’agriculture de Louis Ernest Barrias sur le fronton de l’hôtel de ville de Poitiers).

Poitiers, complément de la grande poste, 5, l'allégorie masculine (Hermère ou Mercure) À droite, un homme nu qui tient un globe et un Caducée, il s’agit donc de Mercure ou Hermès, dieu du commerce… et des voleurs (c’est le même dieu, le premier pour les romains, le deuxième pour les grecs).

Poitiers, complément de la grande poste, 6, détail du caducée Voici de plus près le caducée, cette sorte de bâton avec un serpent enroulé et les ailes, allusions aux pieds ailés du Dieu antique.

Poitiers, complément de la grande poste, une tête au-dessus de la porte Et au-dessus de la porte, il y a une jolie tête de femme portant un casque ailé (allégorie de la poste?) émerge d’une guirlande de roses et de fruits (symboles de l’abondance…).

PS : suite au commentaire de Grégory Vouhé : je trouvais cette tête trop féminine pour être une tête de Mercure… Le modèle préparatoire est plus masculin… Adopté, je suis maintenant d’accord pour Mercure, qui est une figure classiquement représentée sur les postes… Mercure, messager des dieux, et lui-même dieu du commerce et des voleurs.

Depuis cet article, les guichets et les mosaïques ont été massacrés.

Pour en savoir plus, paru après cet article : Un article de Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 94 (automne 2011) : Le chef-d’oeuvre d’Hilaire Guinet, p. 20-23.

Le monument aux morts de Ligugé

Le monument aux morts de Ligugé, 1, vue générale Le monument aux morts de Ligugé est situé près de chapelle du catéchumène, l’église et l’abbaye. Si vous allez voir les photographies de la collection Maurice Couvrat, prise avant 1931 (directement ici pour le monument de Ligugé, clic sur la vignette pour avoir une image plus grande), vous verrez qu’il a été déplacé par rapport à son emplacement initial.

Le monument aux morts de Ligugé, 2, la signature d'Albert Deshoulière Pas de difficulté pour identifier le sculpteur, il a signé sur le devant de la terrasse (la partie verticale du socle) : il s’agit d' »A[lbert] Désoulières, sculpteur architecte, Poitiers ». Entrepreneur de travaux funéraires à Poitiers (3 rue du Pont-Neuf, d’après les annuaires, directeur de l’atelier dit Saint-Savin, qui a réalisé de nombreuses oeuvres pour les églises du département de la Vienne notamment), il s’est engouffré dans les années 1920 sur le créneau alors très porteur (et rémunérateur) des monuments aux morts. Il se qualifie alors de « architecte-sculpteur », comme ici. En plus de celui de Ligugé, il réalise (liste non exhaustive) dans la Vienne, par ordre alphabétique de communes, les monuments aux morts de Iteuil, Marnay, Montamisé (sans doute un des premiers inaugurés dans le département, le 2 novembre 1919), Mouterre-sur-Blourde, Luchapt, Neuville-du-Poitou, Saint-Georges-les-Baillargeaux (qui a un soldat presque identique à celui de Ligugé), Smarves (lui aussi avec un soldat, mais dans une autre position), Vivonne (avec un soldat similaire sinon identique à celui de Ligugé), Vouillé (lui aussi avec un soldat, dans la même position que celui de Smarves). Albert Désoulières a aussi réussi à démarcher dans le département voisin des Deux-Sèvres et obtenu au moins de réaliser ceux de Pamproux et Pouffonds.

Le monument aux morts de Ligugé, 3, le soldat brandissant un drapeau Revenons donc à Ligugé. Devant une haute stèle avec une couronne végétale (pour les symboles, vous pouvez voir par exemple monuments aux morts portant des allégories de la République en Poitou-Charentes dans le Parcours du Patrimoine sur le sujet, rédigé par Charlotte Pon), un soldat brandit de la main droite un drapeau d’un geste victorieux.

Le monument aux morts de Ligugé, 4, détail du soldat Moustachu, il porte un casque de Poilu et une vareuse de soldat fermée par une grosse ceinture. Sur sa poitrine sont accrochées ses décorations militaires (la croix de guerre, apparemment). Deux sacoches sont accrochées à des lanières de cuir (des bretelles de suspension), serrées par la bandoulière de son fusil (pas visible ici).

Le monument aux morts de Ligugé, 5, vu de trois quarts dos Si on tourne, on voit maintenant son fusil dans le dos et une épée au côté gauche, ainsi qu’une ceinture à laquelle sont attachées deux sacoches.

Le monument aux morts de Ligugé, 6, détail de la chaussure gauche du soldat Le sculpteur a soigné les détails, comme ici, le cloutage des chaussures…

Le monument aux morts de Ligugé, 6, le soldat de face caché derrière la stèle Allez, une dernière petite vue, avec le soldat qui semble jouer à cache-cache derrière la stèle… un réflexe tristement acquis dans les tranchées?

Deux reliefs romans sous le clocher de Sainte-Radegonde à Poitiers

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : le Christ Après avoir fait le tour du clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers à l’extérieur à toutes ses phases de constructions (à la toute fin du 11e siècle (époque romane), au 15e siècle avec le collège apostolique détaillé sur l’article suivant et les singes monstrueux), et les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire), entrons sous le clocher porche. Normalement, la lumière s’allume quand vous passez, attardez vous un peu avant de descendre les marches vers la nef. Vous y verrez deux reliefs qui doivent provenir du portail roman avant son remplacement au 15e siècle. Du côté sud (à droite en entrant) se trouve ce Christ bénissant. On le reconnaît à son nimbe cruciforme, ou, pour parler plus clairement, à son auréole (le rond derrière sa tête) marquée d’une croix. Il est assis de face sur un riche fauteuil et lève sa main droite dans un geste de bénédiction, geste qui est presque toujours représenté ainsi, la paume de la main vers l’avant, l’auriculaire et l’annulaire repliés, le majeur et l’index levés, le pouce refermé vers ces deux doigts. De la main gauche, il maintient contre sa cuisse un livre, la Bible.

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de loin Du côté nord (à gauche en entrant) se trouve un personnage féminin assis de face. Comment ça, vous ne voyez rien…

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de près Allez, on zoome. Elle est vêtue d’un long et ample vêtement, la tête est auréolée (signe de sainteté) et couronnée par dessus sa guimpe (le voile qui lui enserre la tête en passant sous le menton). Il s’agit très probablement de la reine Radegonde, dont je vous ai parlé rapidement de l’histoire dans cet article. Il est probable qu’à l’origine, sur le portail roman (et si l’on se fie à la forme des blocs sculptés) se trouvait un ensemble de trois reliefs, le Christ au milieu, Radegonde à gauche (donc à la droite du Christ) et on ne sait pas quel personnage de l’autre côté, peut-être la Vierge.

Mettez vos chaussures, sortez votre APN, dates (suite)

Poitiers, date de 1516 sur une porte Comme promis hier et pour terminer le défi de la semaine proposé par Monique / Bidouillette / Tibilisfil, voici un petit complément sur Poitiers, Confolens et Lessac, dans le Confolentais. J’ai aussi ouvert un article qui regroupe toutes les dates portées publiées sur ce blog.

Comme je n’ai pas trouvé de 16e siècle à Cahors, je commence à Poitiers avec une date portée sur la partie centrale d’une porte près du palais de justice de Poitiers. 1516… juste après Marignan pour cet hôtel particulier…

Poitiers, date de 1580 sur un portail Je vous en montre une seconde dans ce qui est aujourd’hui une cour à l’arrière de la rue de la Regratterie, probablement une rue au Moyen Âge, fermée avant 1580, si l’on en croit cette date sur un portail qui barre cette ancienne rue.

Poitiers, date de 1626 sur un linteau Dans la même cour, il y a deux restaurants… et une autre date, 1626.

Poitiers, façade de la chambre régionale des comptes Voici un autre exemple original à Poitiers, sur un hôtel particulier qui est devenu la chambre régionale des comptes (un bâtiment qu’il faudrait que je vous montre plus en détail…), rue Scheurer-Kestner, juste dans l’axe de la rue d’Alsace-Lorraine. Un chiffre est porté sur la clef de chaque fenêtre du deuxième étage (sauf sur la travée centrale), pour former la date 1859.

Lessac, date de 1779 portée sur un linteau de porte du bourg avec des outils de forgeron Je vous emmène maintenant à Lessac, près de Confolens, pour cette maison du bourg qui présente en remploi un linteau portant des outils de forgeron et la date 1779. J’avais pris cette photographie et les suivantes il y a juste un an, au retour d’un colloque à Confolens (je vous présente un article de cette série tous les mois)… Au fait, j’ai oublié de vous le signaler hier, au 18e siècle, le 7 n’a pas de barre comme quand on écrit aujourd’hui un 7 manuscrit (un peu comme le 7 des machines à écrire et des ordinateurs… et surtout celui des anglo-saxons). Non loin de là, à Montrollet une autre forge, plus vielle d’un siècle (elle porte la date de 1661) a un linteau avec les mêmes outils, à voir dans ce dossier documentaire.

Confolens, date de 1835 sur une grille en ferronnerie rue des Portes d'Ansac Partons à Confolens, justement, avec cette date portée (1835) sur une ferronnerie d’une maison de la rue des Portes d’Ansac

Lessac, date de 1908 portée sur l'acrotère du toit d'une grange Retour à Lessac, mais cette fois, c’est sur l’acrotère (la tuile décorée au bout de la rangée de tuiles faîtières) d’une grange qu’est portée la date 1908 sur une grange aux Roufferies (désolée, la photo était à contre-jour, j’ai retravaillé le contraste, je ne suis pas sûre que ça sorte bien).

Je pensais avoir pris en photographie les vieilles croix de chemin, je ne les ai pas trouvées sur mon ordinateur, mais vous pouvez aller les voir sur les dossiers établis dans le cadre de l’inventaire du patrimoine, ici et toutes deux datées de 1778 à Ansac-sur-Vienne (clic sur les vignettes pour voir les images en grand quand vous suivez ces liens, la plupart de ces photographies sont les miennes… mais réalisées dans le cadre du boulot, soumises au droit d’auteur donc). Il y en a une encore plus vieille, datée 1631, à Saint-Christophe (celle-ci, je l’ai vue il y a quelques années, mais n’y suis pas retournée l’année dernière). Et voilà, vous avez ainsi un meilleur aperçu des possibilités de dates et d’emplacement…

Et pour aller plus loin, je vous invite à revoir plein de dates que je vous ai déjà montrées!

Mettez vos chaussures, sortez votre APN, dates

Cahors, dates du 17e siècle Grand week-end de quatre jours à Cahors, j’y ai donc cherché les dates pour le défi de la semaine proposé par Monique / Bidouillette / Tibilisfil. La chasse aux dates portées (chronogrammes dans le jargon de l’inventaire général du patrimoine culturel) est une activité habituelle dans mon travail… Munie de mon APN, aussi à la découverte de Cahors, je suis donc partie en quête de ces fameuses dates. Je vais faire une petite synthèse sur plusieurs thèmes, je vous montrerai les édifices et statues concernés dans les prochaines semaines et mois (et essayerai de penser à ajouter ici les liens). J’aurais aimé vous montrer autre chose que des clefs des linteaux ou arcs de porte ou de fenêtre, par exemple des serrures, des ferronneries, des poutres de pan de bois ou des tuiles faîtières, mais je n’en ai pas trouvé (je vais fouiller ce soir dans mon stock de photographies de Poitiers et Confolens pour vous préparer un autre article demain). Pas plus que de date pour le 16e siècle, je commence donc avec le 17e… et les dates portées sur des portails. J’ai aussi ouvert un article qui regroupe toutes les dates portées publiées sur ce blog. Beaucoup de portails de ce type, mais peu de dates portées. Je ne suis cependant pas rentrée dans les cours ni voir les cheminées, qui sont des mines de dates…

  1. 1642 au 64, place de la Libération
  2. 1643 au 194, rue Fondue Haute
  3. 16[60?] au 27 rue Nationale

Cahors, date 1769 sur une prote rue Nationale Pour le 18e siècle, je n’ai trouvé que cet exemple… 1769 au n° 344 de la rue Nationale

Cahors, dates du 19e siècle Le 19e siècle est beaucoup plus riche, je vous les ai classées par année, voici ce à quoi elles correspondent…

  1. 1833, la rue de la Barre est frappée d’un plan d’alignement du côté pair (à droite en descendant la rue), j’ai repéré trois dates sur des baies en plein cintre qui relèvent visiblement d’un plan concerté : aux n° 8, 30 et 118
  2. 1837 au 102, rue du Château du Roi
  3. 1863 au 28, rue Bergounioux
  4. 1863 au 255, rue Nationale
  5. 1865 sur la halle aux grains (par l’architecte Pinochet…)
  6. 1876 au 44, rue Gambetta
  7. 1878 au 2, boulevard Gambetta (probablement l’ancien temple maçonnique, vus les symboles…)
  8. 1881 au 23, rue Bergounioux
  9. 1881-1882 sur le pont de chemin de fer
  10. 1884 et 1886 respectivement aux n° 67 et 89 de la rue des Capucins (dont le tracé toujours en baïonnette a néanmoins été revu en 1870)

Cahors, date 1901 sur l'hôpital Pour le 20e siècle, je n’ai pris que cet exemple de l’hôpital daté de 1901.

Cahors, dates sur des statues Si l’on va plus loin, il y a aussi les dates portées sur les ponts et la statuaire publique, souvent à côté de la signature…

  1. 1844 (statue de Murat par Dominique Molchnecht)
  2. 1844 (statue de Bessières par Dominique Molchnecht), je sais, ce n’est pas très lisible sur ces deux premières photographies, très peu visible même sur place
  3. 1879 (monument aux mobiles ou monument aux morts de 1870 par C.A. Calmon)
  4. 1888 sur le buste en bronze de Clément Marot par J. Turcan, mais 1892 pour le monument
  5. 1935 (MCMXXV) sur le monument aux morts de 1914-1918
  6. 1987 sur le socle de l’Œdipe de Jean Cattan devant le palais de justice

Cahors, dates sur des socles et des plaques Enfin, si je n’ai pas pris de photographie au cimetière, il y a toutes les plaques commémoratives et autres sur les socles de statues. Soit ici de gauche à droite, en haut puis en bas,

  1. Olivier de Magny (1529-1561), plaque posée au 12, rue Clément-Marot
  2. Marc Antoine Dominici (1605-1650)
  3. Léon Gambetta (1838-1882)
  4. Joachim Murat (1767-1815)
  5. Jean-Baptiste Bessières (1768-1813), toujours pas très visible pour ces deux derniers
  6. Jean Gabriel Perboyre (1802-1840, béatifié en 1889)
  7. Jean-Jacques Chapou, capitaine Philippe, commandant Kleber (1909-1944)

Cahors, dates de fondation Quelques dates de fondation de maisons…

  1. la librairie imprimerie Edelsaud et fils fondée en 1684
  2. la maison Pygmalion fondée en 1840
  3. … et une congrégation fondée en 1619

Cahors, crue de 2003 Et pour terminer, une marque de crue… en 2003 au pont de Cabessut.

Bon, au total, une petite récolte intéressante quand même en quatre jours (et presque 75 km à pied dans les rues de Cahors, si j’en crois mon podomètre à presque 100.000 pas…). Une dernière chose, si vous allez à Cahors, je vous conseille la chambre d’hôte de M. et Mme Hérail, en plein centre ville (10 minutes à pied de la gare, 5 minutes du centre de congrès Clément Marot, 15 du pont Valentré).

Statue de Descartes à Tours

Tours, statue de Descartes, 1, vue de loin Comme pour les autres statues de Tours, je me suis servie pour cet article du dossier établi par le service régional de l’inventaire de la région Centre, que vous pouvez consulter directement ici. Suite à la construction du parking souterrain près de l’université, la statue a été déplacée en 2006. Elle se trouve maintenant devant un immeuble, non loin du pont de pierre sur la Loire, presque devant la bibliothèque, pas très loin de son emplacement d’origine ou plutôt de l’emplacement de la statue de Rabelais. Elle est maintenant devant l’immeuble qui a remplacé l’ancien hôtel de ville et l’ancien musée ; elle avait été placée en 1852 au milieu de la place Anatole France, avant d’être rejointe par François Rabelais, qui lui fit le pendant à partir de 1880. Oui, je l’avoue, j’ai marché sur la pelouse pour prendre les photographies.

Tours, statue de Descartes, 2, signature Elle est l’œuvre de Alfred Émile O’Hara, comte de Nieuwerkerke, ainsi que l’indique la signature. Il s’agit d’une réplique en marbre de la statue de bronze réalisée en 1846 par le comte de Nieuwerkerke pour la ville de La Haye. La copie fut réalisée en 1848 et présentée au salon des artistes français de 1849 (voir la page 201, à consulter si ça vous intéresse sur le site de la bibliothèque nationale de France). Elle est alors indiquée comme étant déjà destinée à la ville de Tours. L’artiste présenta aussi la même année une statuette en marbre intitulée la Rosée.

Tours, statue de Descartes, 3, presque de face Revenons à Descartes. Cette statue en marbre, de grande taille (3 mètres d’après le catalogue), présente un René Descartes debout, la main gauche sur la poitrine, en geste d’orateur…

Tours, statue de Descartes, 4, le côté droit … et un livre dans la main droite.

Tours, statue de Descartes, 5, de dos Il porte un long manteau…

Tours, statue de Descartes, 6, les chaussures …et des chaussures que l’on aperçoit ici, à bout qui remonte comme pour une poulaine.

Tours, statue de Descartes, 7, les livres et le globe terrestres À ses pieds, à sa gauche, une pile de livre déforme le bas du manteau. L’un d’eux porte sur la couverture une sorte de soleil gravé (voir sur la photo précédente), et un globe terrestre rappelle les travaux de Descartes.

Tours, statue de Descartes, 8, cogito ergo sum Sur la face avant du socle a été gravée en majuscules la citation la plus célèbre de Descartes, Cogito erg sum (je pense donc je suis).