Quel est le point commun entre le stylo à bille, l’allumette ou la vitamine C? Ils ont tous eu une histoire hongroise…
Commençons par la vitamine C… Elle a été isolée en 1928 par Albert Szent-Gyorgyi (né en 1893 à Budapest, mort en 1986 à Woods Hole dans le Massachusetts). Il reçut pour cette découverte (et celle des flavonoïdes) le prix Nobel de médecine en 1937. Maintenant, il me reste à avaler le contenu du tube, LOL!
Le stylo à billes est inventé à la fin des années 1930 par le journaliste László József Bíró (né en 1899 à Budapest, mort en 1985 à Buenos Aires). L’idée vient d’une observation sur l’encre d’imprimerie, qui sèche plus vite sur le papier que l’encre alors utilisée pour les stylos-plumes. Mais l’encre d’imprimerie est trop « grasse », pas assez liquide pour fonctionner avec un stylo-plume. Il travaille alors avec son frère, Georg, qui était chimiste. Ils inventent leur stylo muni d’une bille qui roule dans l’encre de la cartouche. Ils déposent leur brevet en 1938 à Paris, où ils s’étaient réfugiés aprèss avoir fui les lois antisémites hongroises. Il fuient à nouveau le nazisme, en 1943, et émigrent en Argentine, où ils créent une nouvelle société… Dans plusieurs pays d’Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande, le stylo à billes prend le nom de biro ou birome (comme plus tard en France celui de Bic…). Ils deviennent vite indispensables aux aviateurs britanniques à la fin de la guerre: ils fonctionnent beaucoup mieux que les stylos-plumes en altitude. Et le bic? Et bien, pour la France, en 1945, les frères Bíró avaient cédé leur brevet à Marcel Bich. Il l’améliore d’abord avec un bille plus petite, en acier, bien régulière, d’un millimètre de diamètre. Son stylo ne bave plus… En 1952, il invente le modèle « cristal » qui permet de surveiller le niveau de l’encre… et de ne pas tomber en panne intempestivement.
Pour l’allumette, c’est beaucoup plus compliqué… Il est parfois écrit que János Irinyi est l’inventeur de l’allumette moderne en 1836, mais en fait, l’histoire de l’allumette moderne est semée de découvertes décisives. En 1680, Robert Boyle découvre les propriétés du phosphore et du soufre mais ne parvient pas à vraiment fabriquer une allumette. En 1805, K. Chancel, assistant du professeur L.J. Thénard à Paris, met au point un mélange inflammable à base de chlorate de potassium, de soufre, de sucre et de caoutchouc (plus qu’un mélange inflammable, je dirai un mélange… explosif!). Pour l’enflammer, il fallait le plonger dans un petit flacon d’amiante (si! l’amiante est hautement cancérigène mais un excellent isolant) rempli d’acide sulfurique. En 1827, John Walker, un pharmacien, reprend les travaux de Boyle et obtient une allumette qui prend feu par friction (frottement) sur une surface rugueuse. Son mélange contient du sulfure d’antimoine, du chlorate de potassium, de la gomme et de l’amidon. Le premier brevet d’allumettes (alors appelées… lucifers, comme le diable, bon, avec l’odeur de soufre qui devait se dégager, ça se comprend) est déposé par Samuel Jones. Mais la flamme n’était pas stable, le mélange pouvait toujours exploser, et l’odeur était nauséabonde… Elles sont néanmoins adoptées par des fumeurs qui la trouve plus pratique que le briquet à silex… En 1831, Charles Sauria, un Français, réduit les mauvaises odeurs en ajoutant du phosphore blanc. Ces allumettes peuvent être gardées dans une boîte hermétique. L’année suivante, c’est un Allemand, Jakob Friedrich Kammerer, qui innove et fonde la première usine de fabrication de ces allumettes. Mais le phosphore blanc est toxique, utilisé en grande quantité dans des ateliers mal aérés, il provoque des maladies osseuses (notamment de la mâchoire) chez les ouvriers. En 1836, c’est au tour du Hongrois János Irinyi d’améliorer la petite allumette… Ce pharmacien (encore!) réussit à ce qu’il n’y ait plus d’explosion lors de l’allumage, en utilisant de phosphore, du chlorate de potassium et du dioxyde de plomb. Mais ce n’est qu’en 1844 que les pharmaciens (décidément!) Suédois Gustaf Erik Pasch et Charles Frantz Lundström lui donnent sa forme actuelle et surtout le grattoir spécial, qui évite que l’allumette prenne feu par suite de n’importe quel frottement. L’allumette suédoise, aussi appelée allumette de sûreté, est composée de sulfure d’antimoine, de dioxyde de manganèse et de chlorate de potassium. Ce mélange réagit sur le grattoir composé de poudre de verre (qui augmente la friction) et de phosphore rouge (qui réagit avec les autres composants). Le brevet définitif est déposé en 1910 par une société américaine.
Comme je vous l’avais annoncé, cette semaine sera hongroise, organisé du 7 au 13 mars 2011 chez par Schlabaya (qui organise aussi le défi du 1 % rentrée littéraire 2010) et Cryssilda (qui a créé le logo) : il s’agira de présenter des lectures, des recettes, des voyages en Hongrie…Je vais essayer de programmer un article chaque jour vers midi…
Mes articles de la semaine hongroise :
– une lecture : Le Faon de Magda Szabó ;
– une découverte de blog : Falby de là bas et son p’tit bonheur
– un vin : le tokay ou tokaji aszù
– une découverte patrimoniale : saint Martin (né en Hongrie et fondateur de Ligugé)
– une broderie : un berlingot sur une grille hongroise
– des timbres hongrois
– des découvertes : le stylo à billes, les allumettes et la vitamine C.