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Le garçon et le monde de Alê Abreu

Affiche de Le garçon et le monde de Alê AbreuCette année, le festival Télérama 2015 avait sélectionné pour la catégorie jeune public le dessin animé Le garçon et le monde du réalisateur brésilien Alê Abreu, primé notamment au festival du film d’animation d’Annecy en 2014.

Le film : un enfant part à la recherche de son père à travers le vaste monde… un monde peuplé de machines (trains, grues, …), d’immeubles, mais aussi de plantes, ici ce qui ressemble à la guerre (et s’avère finalement être la répression d’une manifestation), là un monde plus paisible, plus loin des animaux-machines…

Mon avis : un dessin animé assez atypique, puisqu’il n’y a aucun dialogue, à part quelques mots dans une langue qui n’existe pas. La musique est omniprésente, parfois un peu forte. En revanche, j’ai été très gênée par mes problèmes neurologiques et mon interprétation bizarre des images. Les neurologues et autres ophtalmologues m’ont fortement déconseillé de tenter de voir des films en 3D en me promettant un mal au crâne dans les 5 minutes (je ne pourrai donc pas voir Le dernier loup, le dernier film de Jean-Jacques Annaud qui à Poitiers ne passe au CGR qu’en 3D… Il n’y a que dans les grandes villes ou ici en art et essai que l’on propose des versions 2D pour ceux qui ont des soucis avec le 3D). En revanche, je n’avais pas encore éprouvé le vertige au cinéma en 2D, encore moins avec un dessin animé, et cela m’est arrivé plusieurs fois dans ce film, c’est très désagréable. Cela a commencé dès le début du film, avec une image géométrique qui se multiplie (façon formes fractales), en plusieurs couleurs. Ce fut pire un peu plus tard quand le garçon est à bord du train. En principe, je suppose que l’on voit le train avancer sur les rails. Pour moi (enfin, pour mon cerveau qui interprétait mal), ce sont les rails qui bougeaient, avec un vertige important. Vous apercevez quelques secondes ces rails dans la bande annonce, ils reviennent plusieurs fois (et beaucoup plus longtemps) dans le film. Est-ce que cela vous fait le même effet? Sans doute pas! (voir plus bas le visualiseur de cette bande annonce) Cela a un peu gâché le dessin assez joli, mêlant les pastels, les dessins au stylo colorisés aux crayons de couleurs ou à la peinture, les collages. Certaines scènes se construisent image après image au fur et à mesure du dessin qui progresse. On retrouve aussi dans ce film de nombreuses références, comme cet oiseau omniprésent dans la mythologie d’Amérique centrale et du Sud…

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

Eastern Boys de Robin Campillo

Affiche de Eastern Boys de Robin CampilloJ’ai vu Eastern Boys, de Robin Campillo, il y a déjà quelques semaines dans le cadre du festival Télérama 2015, ce film était sélectionné plusieurs fois aux César.

Le film: de nos jours, à Paris, gare du Nord. Une bande de jeunes venus des pays de l’Est, de diverses nationalités, vit d’expédients. L’un d’eux, qui dit s’appeler Marek [Kirill Emelyanov], est abordé par un homme, Daniel [Olivier Rabourdin], la cinquantaine, qui souhaite une relation tarifée avec lui. Rendez-vous est pris chez lui dans son appartement chic… mais alors qu’il lui ouvre la porte, l’appartement est envahi par la bande, menée par Boss [Daniil Vorobyov], qui va méticuleusement déménager tous les meubles… Loin d’être refroidi par l’expérience, quelques jours plus tard, il accepte à nouveau la visite de Marek, qui dit alors s’appeler Russland et avec qui il va démarrer une relation tarifée suivie, et mal vue par la bande qui vit dans un hôtel de banlieue.

Mon avis: la vision de la gare du Nord qui ouvre le film est beaucoup plus sombre que celle de Gare du Nord de Claire Simon. Très vite, si l’on excepte le passage du démantèlement de l’appartement et celui de la relation tarifée, le principal sujet, à mes yeux, est celui du scandale des hôtels loués pour les sans papier contrôlés par des bandes mafieuses. A côté des clients « normaux », il y a un étage entier qui est une véritable rente pour l’hôtelier, location à une association elle-même payée par l’État pour l’accueil de sans papier en attente d’instruction de leur dossier (le scandale est le même pour les Conseils généraux qui financent des chambres pour les mineurs isolés, sauf que dans ce cas s’ajoute l’usage trop fréquent et controversé aux radiologies pour déterminer par l’âge osseux si la personne est mineure ou majeure). D’un côté, il y a l’organisation, les têtes pensantes qui relèvent du crime organisé, de l’autre, les immigrés qui payent fort cher les passeurs et ne seront jamais libérés de leurs « obligations » (prostitution masculine et féminine, racket, vol organisé, etc.). Alors oui, il y a quelques scènes que j’ai trouvées inutilement violentes, mais dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce film sorti en salle il y a déjà presque un an…

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

 

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

 

En route vers le festival Télérama 2015

Affiche du festival Télérama 2015Le festival Télérama 2015 commence demain mercredi 21 janvier et se poursuivra jusqu’au 27 … toujours le même principe, 15 films sélectionnés plus un jeune public, mais augmentation de la place à 3,50 euros (contre 3€ depuis des années) dans les cinémas d’art et essai participants… et en vous munissant du bon qui sera dans les Télérama du 14 et du 21 janvier 2015. Je suis pas mal allée au cinéma cette année et j’ai vu un certain nombre de films de la sélection. Je ne me suis pas encore penchée sur les horaires et passages à Poitiers… Et vous, vous avez prévu d’y aller? Dans les films que je n’ai pas vus, vous en recommandez certains plus que d’autres?

Comme en 2014, 2013, 2012, 2011, 2010 et 2009, il y a:

les films que j’ai vus avant le festival, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival (remplaçant ma première liste de ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!)

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

 

Les 15 films sont retenus sont ceux des rédacteurs de Télérama. Mais ils publient aussi le palmarès des lecteurs, et là, j’en ai vus 11 sur 15 (Au bord du monde de Claus Drexel n’est que chez les pros et pas chez les lecteurs). Outre ceux qui sont aussi « chez les pros », j’ai aussi vu:

 

Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris

Affiche de Marie Heurtin de Jean-Pierre AmérisSortie cinéma dimanche, pour aller voir Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris, une seule séance, en raison du Poitiers film festival (ex-rencontres Henri-Langlois) qui se poursuivait avec la projection des films du palmarès dans la grande salle.

L’histoire : dans une institution religieuse, à la fin du 19ème siècle. Un père [Gilles Treton] conduit sa fille, Marie Heurtin [Ariana Rivoire], âgée de 14 ans, née sourde-aveugle, dans cette institution religieuse qui s’occupe de jeunes-filles sourdes. Elle refuse de se peigner, de se laver, les chaussures, se réfugie dans les arbres… où une jeune soeur tuberculeuse, soeur Marguerite [Isabelle Carré] vient la chercher et se crois investie de la mission de la sortir de son isolement. Mais la mère supérieure [Brigitte Catillon] refuse catégoriquement, avant de finalement céder… Soeur Marguerite part chercher la jeune-fille, la ramène à l’institution, commence alors une lente connaissance commune entre les deux jeunes femmes.

Mon avis: Même si le film passe depuis presque un mois, avec des projections spéciales pour la communauté sourde et sourde-aveugle et leur famille (grande salle, interprétariat en langue des signes), la petite salle était encore bondée, avec quelques sourds, il faut dire que, même si le film a été tourné en Rhône-Alpes, l’histoire se base sur celle de l’institution de Larnay, qui accueille depuis toujours des sourds-aveugles, et attire sur Poitiers (Marie Heurtin aussi venait de loin, en Loire alors inférieure) des familles qui savent pouvoir recevoir un enseignement de qualité en langue des signes françaises y compris dans des classes « ordinaires » et avec de nombreuses conférences et quelques spectacles « traduits » notamment par l’association Deux langues pour une éducation (et aussi des rencontres informelles et bénévoles comme celles du LM Café rue Carnot, voir dans cet article). Cela impliquait aussi à la sortie des commentaires sans doute inhabituels si vous allez voir le film ailleurs, comme celle de ces éducatrices qui soulignaient que l’adolescente signait « trop large », comme une sourde, pas comme une sourde-aveugle. Et pourtant, Isabelle Carré est venue à Larnay (je ne sais pas pour Ariana Rivoire). Le film est sous-titré à la fois pour le public sourd (dialogues et ambiance sonore) et le public entendant (parties en langue des signes). Dans le contexte particulier de Poitiers, où l’on croise régulièrement des sourds qui signent et des sourds-aveugles accompagnés de leurs éducateurs, il ne pouvait qu’avoir un grand écho, mais je le conseille à tous! L’histoire est émouvante, le film bien documenté (aux réserves exprimées par les spécialistes) et permet au public de mieux se rendre compte du quotidien des sourds-aveugles. Les couleurs, entre la nature souvent très verte, les blouses grises des pensionnaires et le bleu des uniformes des soeurs, explosent tout au long du film. Je vous le conseille sans réserves!

La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric Anger

Affiche de La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric AngerQuinze jours sans cinéma, il fallait remédier à ça avant que le film ne passe plus… Il faut aussi que j’aille vite voir Marie Heurtin. Cette fois, c’était La prochaine fois je viserai le cœur, de Cédric Anger.

L’histoire: en 1978-1979 dans l’Oise. Plusieurs jeunes femmes ont été assassinées. Un soir, un homme masqué en voiture poursuit une jeune fille en solex, elle survit. La plupart des autres victimes sont des auto-stoppeuses. La gendarmerie est sur les dents, l’équipe de Frank [Guillaume Canet] en tête, bientôt rejointe par la police. Hors de son temps de service, Frank en pince pour Sophie [Ana Girardot], se retrouve parfois chez ses parents avec son petit frère, aime se promener dans la forêt, change sans arrêt de voiture et se transforme en tueur en série qui se repend de ses crimes en s’infligeant des pénitences.

Mon avis: l’histoire s’inspire de celle d’Alain Lamare, arrêté en 1979 et, selon le générique, toujours interné en hôpital psychiatrique, jugé irresponsable de ses actes et traité pour schizophrénie. L’ambiance est sombre, avec beaucoup de scènes de nuit ou sous la pluie de l’Oise (le film a en fait été tourné dans le Nord-Pas-de-Calais). On ose espérer que l’ambiance a changé dans la gendarmerie, moins de propos misogynes, homophobes, anti-police, etc. Faire du mari de Sophie un fou syphilitique est peut-être un peu excessif. Sinon, le film ne prend pas parti sur ce qui a pu faire basculer ce jeune gendarme dans la folie meurtrière, passer de la chasse dans la forêt à la poursuite des jeunes filles (« pour éviter qu’elles prennent des risques »), traqué et chassé à son tour, plus malin que les chiens policiers un jour où il a failli se faire prendre quelques minutes après son forfait. J’ai trouvé quelques passages un peu longs, mais globalement j’ai bien aimé ce film sombre… au sens propre comme au figuré!

Une nouvelle amie, de François Ozon

Affiche de Une nouvelle amie, de François OzonSortie cinéma mardi avec Une nouvelle amie, de , dont j’avais boudé les films après le ridicule Ricky et ses ailes de poulet et finalement étais retournée le voir avec Dans la maison (pour ). Il est adapté d’une nouvelle de Ruth Rendell. [Du même réalisateur, voir mes avis sur Dans la maison, Ricky, Frantz]

Le film: une jeune femme dans un cercueil, Laura [Isild Le Besco], son jeune mari, David [], leur bébé de moins de six mois, sa meilleure amie, Claire [], et Gilles [] le mari de celle-ci. Un jour, n’en pouvant plus de tourner en rond dans sa déprime, Claire décide d’aller voir David. La maison est ouverte, accidentellement, elle tombe sur David… habillé en femme. Il lui avoue qu’il avait ce penchant avant de rencontrer Laura, qu’elle avait mis pour seule condition que ça reste privé. Mais au cours de leur vie commune, il n’avait pas eu cette envie, revenue avec le chagrin du deuil, avec l’alibi du bébé qui a besoin d’une présence féminine. Elle promet le secret, mais accepte rapidement d’aller faire du shopping avec lui/elle habillé en femme (Virginia…), puis à passer un week-end dans la maison des riches parents de Laura partis en week-end.

Mon avis: tout le monde parle de la performance de , dans ce film, il ne faudrait pas oublier celle d’, dans le rôle de Claire. Et celle de , qui arrive à jouer avec le genre à merveille, au point de faire douter de l’identité de chacun dans la boîte de nuit: c’est un travesti qui chante celle qui « se sent pour la première fois devenir femme » de Nicole Croisille, mais est-on vraiment sûr du sexe de toutes les personnes présentes? Et puis, quid des relations de Claire et Laura, n’ont-elles pas partagé, adolescentes, le même lit, comme beaucoup d’adolescentes? David aimait se déguiser en femme avec les vêtements de sa mère (tiens, ça rappelle Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne), mais il n’est pas, selon lui, homosexuel. Lors d’un dîner, pour simplifier la situation auprès du mari, Gilles, il avoue une attirance pour les hommes… et ils se retrouvent peu après dans des vestiaires au tennis. Que cherche Claire? Le mari de sa meilleure amie ou celui qui aurait pu devenir son propre mari? Au lit à l’hôtel, elle est prête à franchir le pas, aurait pu tromper son mari avec une femme… mais ça coince à l’étape où il est évident que c’est un homme au lit! David s’habille en femme, mais une femme en pantalon et chemise stricte (Claire) n’est-elle pas habillée en homme? L’ambiguïté exacerbée par le deuil est au cœur de ce film qui ne laisse pas indifférent. D’ailleurs, alors qu’il n’est qu’en fin de première semaine, la salle était bondée à la séance précédente (16h) et suivante (20h).

J’avais souligné la performance de  dans La nuit juste avant les forêts, seul en scène avec un texte difficile (que je n’avais pas trop aimé) de Koltès. Ici, c’est une vraie métamorphose qu’il opère (enfin… sans opération!) jusqu’à l’épilogue, alors que le bébé à l’âge de Claire et Laura lors de leur rencontre.

Pour aller plus loin : le site officiel du cinéaste François Ozon.

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Magic in the Moonlight, de Woody Allen

 

Affiche de Magic in the Moonlight, de Woody AllenSortie cinéma en fin d’après-midi mardi. Je suis allée voir Magic in the Moonlight, de . Je vais d’ailleurs voir la quasi totalité de ses films (relire mes avis par les liens en fin d’article).

L’histoire: dans les années 1920. A Berlin, Wei Ling Soo vient de donner un grand show de magie. Retour à Londres pour Stanley Crawford [Colin Firth], mais il quitte vite sa petite amie, à la demande d’un ancien camarade et ami magicien, Howard Burkan [Simon McBurney]. Adieu les vacances aux Galapagos, bonjour la Côte d’Azur des riches estivants. Il pourra rendre visite à sa vieille tante Vanessa [Eileen Atkins], mais est surtout chargé de démystifier Sophie Baker [Emma Stone], jeune et belle médium cornaquée par sa mère [Marcia Gay Harden] et qui est en passe de dépouiller les Catledge, riche famille crédule (surtout Grace [Jacki Weaver], prête à tout pour revoir son défunt mari), et à épouser le fils, Brice [Hamish Linklater]. Sauf que cette fois, Stanley n’arrive pas à discerner le « truc » et finit par croire, pour la première fois, qu’un « don » peut exister…

Mon avis: fan de jazz, magicien amateur, Woody Allen a créé le film qui concentre ses hobbies. Colin Firth campe le personnage du misanthrope, arrogant et rationaliste grognon. Alors certes, le clair de lune dans l’observatoire [il s’agit de celui de Nice, sur le Mont-Gros, qui forme avec celui du plateau de Calern à Caussols l’observatoire de la Côte d’Azur/OCA] où se sont réfugiés le magicien et la médium (ou plutôt deux jeunes gens engagés chacun de leur côté) après l’orage fait « un peu » (beaucoup) cliché. Au-delà de l’histoire, Woody Allen propose de réfléchir sur Niestche, mais surtout sur le pessimiste, qui est peut-être dans le vrai mais a une vie terne aux yeux des autres, et l’optimiste, qui, quitte à vendre aux autres ce qu’ils veulent entendre, sème la joie de vivre. Les amoureux de la Côte-d’Azur reconnaîtront aussi l’opéra de Nice (qui a servi de décor pour la salle de spectacle de Berlin), ou le bar du Negresco (le cabaret à Berlin), la Villa Eilenroc au Cap-d’Antibes (la grande fête), etc. Le travail sur les décors, les vêtements (super maillots de bain), la lumière rend l’ensemble cohérent et d’une grande fluidité. Minuit à Paris m’avait déçue, Blue Jasmine réconciliée avec Woody Allen, quel sera son prochain film?

Pour aller plus loin sur les observatoires, je vous conseille:

– le site de l’observatoire de la Côte d’Azur/OCA

Couverture de Observatoires astronomiques. Provence-Alpes-Côte d’Azur, de Jean Davoigneau et Françoise Le Guet TullyObservatoires astronomiques. Provence-Alpes-Côte d’Azur, de Jean Davoigneau et Françoise Le Guet Tully, Association pour le patrimoine de Provence, Collection Itinéraires du patrimoine n° 154, Aix-en-Provence, 1999 [j’ai ressorti mon exemplaire au retour du cinéma!].

– l’article en ligne des mêmes auteurs, Jean Davoigneau et Françoise Le Guet Tully, L’inventaire et le patrimoine de l’astronomie : l’exemple des cercles méridiens et de leurs abris, revue numérique In situ, n° 6, 2005. Plus technique mais richement illustré et avec de nombreuses autres références.

Pour Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Gone girl, de David Fincher

Affiche du film Gone girl, de David FincherSortie cinéma mercredi en fin d’après-midi, avec Gone girl, de David Fincher, en VO (adaptation du roman Les apparences de Gillian Flynn). Du même réalisateur, revoir Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes.

Le film (présentation officielle): 

A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne [Ben Affleck] signale la disparition de sa femme, Amy [Rosamund Pike]. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Mon avis: un film de 2h30, mais mené avec un rythme qui fait qu’il y a peu de moments creux. Nick a pris une amante depuis 18 mois, une ancienne étudiante, il est censé avoir été victime de la crise, mais possède une immense maison dans son Missouri natal (où il est revenu suite au cancer puis à la mort de sa mère). Un film très américain, que ce soit la maison du couple ou celle de l’ex petit ami d’Amy, encore plus grande, le lancement de la campagne de recherche par les riches parents de la disparue (grand barbecue, campagne sur le terrain et sur les réseaux sociaux, etc.), les médias (dont un show télévisé), l’encadrement par un avocat à la mode (efficace mais coûteux, il demande une avance de 100.000$…), une femme au foyer sans occupation particulière (sauf la manipulation de ses amants successifs). Des questions plus universelles, comme la relation d’un frère et d’un sœur jumeaux, les tensions dans un couple, l’apparence et le non-dit. C’est bien écrit, bien filmé, je ne me suis pas ennuyée… mais je ne suis pas non plus complètement emballée, je ne sais pas, l’attitude d’Amy devient prévisible, la caricature du monde des médias et du fric trop appuyée, je n’ai pas retrouvé ce « petit quelque chose », indéfinissable, qui fait la différence entre un bon film et un film qui marquera longtemps, comme Seven ou plus récemment et dans une oindre mesure Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes.

Mommy de Xavier Dolan

Mommy de Xavier DolanDimanche, je suis allée voir Mommy de Xavier Dolan, qui a reçu le prix du Jury au festival de Cannes en 2014, en VO sous-titrée… et oui, film québecois, mais sous-titres nécessaires pour l’accent et les expressions de certains acteurs [du même réalisateur, voir aussi Juste la fin du monde].

Le film: au Canada, en face de Montréal, en 2030. Steve [Antoine-Olivier Pilon], un jeune adolescent souffrant de TDAH [trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité], est viré du centre éducatif où il se trouve pour avoir commis vols et autres délits: il vient de mettre le feu au réfectoire, plusieurs adolescents sont blessés, dont un gravement brûlé. Deux choix s’offrent à sa mère, Diane “Die” Després [Anne Dorval], veuve depuis trois ans: le reprendre avec elle ou l’abandonner dans un hôpital au nom d’une nouvelle loi. Elle décide de l’accueillir à la maison, même s’il nécessite une surveillance de tous les instants et de suivre les cours à domicile. La voisine d’en face, Kyla [Suzanne Clément], une prof’ en congé sabbatique depuis deux ans, à cause de difficultés d’expression, leur vient en aide…

Mon avis: une mère récupère son enfant perturbé et doit le gérer seule puis avec une voisine, qui sans doute s’implique trop. Comme épée de Damoclès, une nouvelle loi qui permet aux parents de se « débarrasser » d’un enfant malade psychique dans un hôpital, en le confiant à la charge de l’État. Le film montre une relation très forte, parfois violente, pathologique, entre le fils et sa mère. Il aborde les difficultés du huis-clos, mais aussi un manque de suivi médical du fils, le choix étant visiblement soit de le garder à domicile sans aide, soit de l’abandonner (en perdant les droits parentaux) dans un hôpital psychiatrique.

En revanche, le film ne montre pas du tout un adolescent atteint de TDAH trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), diagnostic avancé par la mère dans une confidence à sa voisine, encore moins autiste comme j’ai pu l’entendre dans la bouche de critiques! C’est un enfant en grande souffrance, sa mère dit qu’il a été diagnostiqué TDAH à la mort de son père, donc vers 13 ans. Or on le voit sagement assis avec la voisine à faire un cours de mathématiques, pour les TDAH que j’ai pu fréquenter, c’est absolument impossible à moins d’être shooté à la ritaline. Bon, donc, nous avons un adolescent perturbé, qui exprime son malaise par la violence et la délinquance, avec de graves troubles psychologiques, mais pas un TDAH. A un moment, la mère parle de trouble oppositionnel, ce qui est très différent, mais semble mieux correspondre au comportement de Steve: le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) est à inclure dans la famille des psychoses et peut être annonciateur de la schizophrénie. Certes, c’est un film, une fiction (d’ailleurs l’introduction prend soin de placer le film dans l’avenir), mais c’est dommage d’avoir collé cette étiquette de TDAH (trouble neurologique) alors qu’une autre, le TOP (trouble psychique), aurait sans doute mieux convenu à son problème. Si beaucoup de gens vont voir ce film et connaissent des enfants TDAH, ils risquent de se faire une idée fausse de ce qu’ils deviendront à l’adolescence!

Ces réserves mises à part, c’est un film que j’ai bien aimé.

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Hippocrate de Thomas Lilti

Trois semaines sans cinéma, c’est assez rare pour moi… Je suis allée voir hier Hippocrate de Thomas Lilti [du même réalisateur, voir aussi mon avis sur Médecin de campagne].

L’histoire: de nos jours dans un grand hôpital parisien. Benjamin [Vincent Lacoste] commence son premier semestre d’internat dans le service de médecine interne de son père, le professeur Barois [Jacques Gamblin]. Il va faire équipe avec Abdel [Reda Kateb], médecin algérien qui fait fonction d’interne pour valider en France son diplôme. Une nuit de garde, un patient alcoolique et SdF pour lequel le jeune interne ne fait pas d’électro-cardiogramme (la machine est en panne), et au réveil, il est mort. La hiérarchie couvre, ça l’arrange. Mais voici qu’une vieille dame est admise, qui va poser de graves questions de conscience et d’éthique…

Mon avis: interne débordé (et qui fume trop), baisse des moyens des hôpitaux, salle de garde avec blagues de carabins, père grand patron absent, voilà un cocktail pour une comédie assez réussie. S’y ajoutent des sujets qui méritent un débat sérieux, les FFI (médecins étrangers faisant fonction d’interne, des médecins expérimentés qui repassent un internat pour valider leur diplôme étranger) et la question de la fin de vie. Côté acteurs, j’ai un faible pour Reda Kateb, découvert dans Gare du Nord de Claire Simon. Le cas de la vieille dame, d’abord opérée d’une fracture du col du fémur alors qu’à 88 ans, elle souffre d’un cancer généralisé. Elle arrive dans un service de médecine interne, avec la morphine elle peut avoir un meilleur confort de vie, mais l’intérêt du service est de la faire transférer ailleurs, quitte à la nourrir de force par sonde gastrique pour la faire sortir plus vite (elle émargerait sur un autre budget et le service récupèrerait un livre lit [oups, grosse fatigue pour moi! merci Grégory!]). On dépasse l’acharnement et la maltraitance quand elle est ranimée contre sa volonté. Et là, on rejoint la question des directives anticipées, et de leur caractère non contraignant pour les médecins, ce qui est à mon avis inadmissible. Une bonne comédie, n’hésitez pas à aller la voir!

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu: