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Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris

Affiche de Marie Heurtin de Jean-Pierre AmérisSortie cinéma dimanche, pour aller voir Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris, une seule séance, en raison du Poitiers film festival (ex-rencontres Henri-Langlois) qui se poursuivait avec la projection des films du palmarès dans la grande salle.

L’histoire : dans une institution religieuse, à la fin du 19ème siècle. Un père [Gilles Treton] conduit sa fille, Marie Heurtin [Ariana Rivoire], âgée de 14 ans, née sourde-aveugle, dans cette institution religieuse qui s’occupe de jeunes-filles sourdes. Elle refuse de se peigner, de se laver, les chaussures, se réfugie dans les arbres… où une jeune soeur tuberculeuse, soeur Marguerite [Isabelle Carré] vient la chercher et se crois investie de la mission de la sortir de son isolement. Mais la mère supérieure [Brigitte Catillon] refuse catégoriquement, avant de finalement céder… Soeur Marguerite part chercher la jeune-fille, la ramène à l’institution, commence alors une lente connaissance commune entre les deux jeunes femmes.

Mon avis: Même si le film passe depuis presque un mois, avec des projections spéciales pour la communauté sourde et sourde-aveugle et leur famille (grande salle, interprétariat en langue des signes), la petite salle était encore bondée, avec quelques sourds, il faut dire que, même si le film a été tourné en Rhône-Alpes, l’histoire se base sur celle de l’institution de Larnay, qui accueille depuis toujours des sourds-aveugles, et attire sur Poitiers (Marie Heurtin aussi venait de loin, en Loire alors inférieure) des familles qui savent pouvoir recevoir un enseignement de qualité en langue des signes françaises y compris dans des classes « ordinaires » et avec de nombreuses conférences et quelques spectacles « traduits » notamment par l’association Deux langues pour une éducation (et aussi des rencontres informelles et bénévoles comme celles du LM Café rue Carnot, voir dans cet article). Cela impliquait aussi à la sortie des commentaires sans doute inhabituels si vous allez voir le film ailleurs, comme celle de ces éducatrices qui soulignaient que l’adolescente signait « trop large », comme une sourde, pas comme une sourde-aveugle. Et pourtant, Isabelle Carré est venue à Larnay (je ne sais pas pour Ariana Rivoire). Le film est sous-titré à la fois pour le public sourd (dialogues et ambiance sonore) et le public entendant (parties en langue des signes). Dans le contexte particulier de Poitiers, où l’on croise régulièrement des sourds qui signent et des sourds-aveugles accompagnés de leurs éducateurs, il ne pouvait qu’avoir un grand écho, mais je le conseille à tous! L’histoire est émouvante, le film bien documenté (aux réserves exprimées par les spécialistes) et permet au public de mieux se rendre compte du quotidien des sourds-aveugles. Les couleurs, entre la nature souvent très verte, les blouses grises des pensionnaires et le bleu des uniformes des soeurs, explosent tout au long du film. Je vous le conseille sans réserves!