Archives par étiquette : autobiographie

Daddy cool de Maya Forbes

Affiche de Daddy cool de Maya ForbesSortie cinéma ce week-end, avec Daddy cool de Maya Forbes.

Le film : à Boston à la fin des années 1970. Un couple et leurs deux fillettes, Amélia et Faith. La mère, Maggie [Zoe Saldana] noire et jeune juriste prometteuse. Lui, Cameron Stuart [Mark Ruffalo], descendant de l’une des plus grandes familles de Boston, et diagnostiqué bipolaire. Alors qu’il n’avait pas pris ses médicaments, il « pète les plombs » et se retrouve interné, shooté aux tranquillisants. Contre promesse de prendre ses médicaments, il emménage dans un appartement thérapeutique. Pour trouver un meilleur travail, Maggie décide de reprendre ses études, est acceptée comme boursière à Columbia à New-York, mais impossible d’y vivre avec ses filles. Elle va donc accepter que le père s’installe dans l’appartement familial, avec les filles, et elle rentrera chaque week-end. Commence alors une drôle d’années, avec un père « pas dans la norme ».

Mon avis: j’ai lu que ce film était en grande partie auto-biographique, la cinéaste et sa sœur ayant été élevées par leur père bipolaire. A part l’épisode de départ, en pleine dépression, le père est en phase maniaque pendant la plus grande partie du film, envahissant pour ses filles, ne sachant pas maîtriser ses envies, il collectionne tout ce qu’il trouve, en quête de reconnaissance il tente de s’imposer auprès des voisins et des copains des filles, qui ont honte et n’osent pas accepter les visites chez elles, jusqu’au jour où finalement, les ami(e)s vont découvrir cet univers particulier. S’il est inadapté à la vie en société, il fait découvrir la nature aux enfants, plein d’autres aspects de la vie! Je vous laisse découvrir la scène assez drôle avec la patriarche (la grand-mère qui tient les cordons de la bourse). Les deux fillettes sont aussi très bien, l’aînée, Imogene Wolodarsky, pré-ado un peu enrobée, est la propre fille de la cinéaste, la cadette est souvent irrésistible avec ses petites fossettes quand elle sourit! Je pense que c’est une vision très intéressante des troubles bipolaires, pour lesquels on parle plus souvent des phases dépressives, mais les phases maniaques peuvent être aussi très compliquées à vivre pour le malade… et surtout son entourage! Un film à voir!

Jeux de mémoire de Erik de Graaf

pioche-en-bib.jpgCouverture de Jeux de mémoire de Erik de GraafUn album emprunté à la médiathèque.

Le livre : Jeux de mémoire de Erik de Graaf, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian, éditions La Pastèque, 2010, 148 pages, ISBN 9782922585803.

L’histoire: été 1969, aux Pays-Bas. Muis va commencer ses vacances d’été à la mer avec sa sœur et ses parents, mais son vélo a été endommagé dans son transport en train… Il y retrouve un ami avec lequel il vit des vacances d’enfants, entre curiosité et petites bêtises. Il part ensuite poursuivre ses vacances à la campagne, chez ses grands-parents.

Mon avis : L’éditeur français a réuni en un seul trois recueils (parus chez Oog & Blik), en changeant l’ordre pour en faire un récit unique de vacances. Du coup, l’histoire suit tout un été mais est composée de petits chapitres / historiettes qui pourraient être indépendantes. Elle a un fond très autobiographique, l’auteur a l’âge de son héros en 1969. Le citadin part en vacances à la mer puis à la campagne. A la mer, parmi ses facéties d’enfant, il va « jouer à se faire peur » avec un unijambiste allemand, vingt ans après la guerre, cela veut encore dire quelque chose. A la campagne, il découvre la vie… et la mort (le lapin que l’on a nourri finira à la casserole), la peur (du chien qui garde la casse), etc. Ces histoires ressemblent à celles que chacun a pu vivre enfant. Le dessin à gros traits simplifiés avec de grands aplats de couleur n’est pas ce que je préfère au niveau graphisme. Je me laisserais néanmoins bien tentée par Éclats, du même auteur, qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Erik de Graaf (en anglais).

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Les naufragés et les rescapés, de Primo Levi

Couverture de Les naufragés et les rescapés, de Primo Lévi

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Primo Levi a écrit ce livre 40 ans après la libération des camps, aujourd’hui, 27 janvier 2015, nous sommes juste 70 ans après l’entrée des Russes dans les camps d’Auschwitz et Birkenau. Primo Levi (revoir Si c’est un homme) faisait partie des quelques centaines de déportés malades qui n’avaient pas été « évacués » pour la grande marche dans laquelle la plupart des 58.000 déportés sont morts. Il ne rentre chez lui à Turin que le 9 octobre 1945, après presque 10 mois d’errance en Europe de l’Est. Je l’ai emprunté à la médiathèque.

Le livre : Les naufragés et les rescapés, quarante ans après Auschwitz, de Primo Levi, traduit de l’italien par André Maugé, collection Arcades, éditions Gallimard, 1989, 200 pages, ISBN 9782070715114.

La présentation de l’éditeur :

«C’est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau : c’est le noyau de ce que nous avons à dire.»
Primo Levi (1919-1987) n’examine pas son expérience des camps nazis comme un accident de l’histoire, mais comme un événement exemplaire qui permet de comprendre jusqu’où peut aller l’homme dans le rôle du bourreau ou dans celui de la victime.
Quelles sont les structures d’un système autoritaire et quelles sont les techniques pour anéantir la personnalité d’un individu ? Quel rapport sera créé entre les oppresseurs et les opprimés ? Comment se crée et se construit un monstre ? Est-il possible de comprendre de l’intérieur la logique de la machine de l’extermination ? Est-il possible de se révolter contre elle ?
Primo Levi ne se borne pas à décrire les aspects des camps qui restaient obscurs jusqu’aujourd’hui, mais dresse un bilan pour lutter contre l’accoutumance à la dégradation de l’humain.

Mon avis: Les naufragés et les rescapés est un livre très fort, peut-être plus pour moi que Si c’est un homme. Il retrace ici tout son parcours dans les camps, comment il a échappé à la « sélection », passé une sorte « d’examen » qui a confirmé qu’il était bien chimiste et lui a permis d’intégrer le Kommando de Monowitz, un camp annexe affecté à la construction d’une usine de caoutchouc synthétique appartenant à IG Farben, la Buna. La violence inutile, comme la mise à nu, le rasage et le tatouage, servent à déshumaniser le prisonnier, mais un semblant de société réussit néanmoins à se reconstituer. Il explore surtout la « zone grise », celle où il est impossible de classer un homme parmi les « gentils » ou les « méchants ». Une zone où parmi les prisonniers, certains luttent pour leur survie en sacrifiant quelqu’un d’autre, où certains gardiens se font moins durs. Le rapport gardien / prisonnier, la hiérarchie établie par l’administration même du camp sont analysés avec beaucoup de recul. Les prisonniers « privilégiés » (affectation à certains Kommandos, responsables de telle ou telle tâche) ont plus de chance de s’en sortir. Il explique que si sa faible constitution physique et son absence d’expérience des travaux manuels étaient un désavantage dans les premiers jours, sa position d’intellectuel lui a sauvé la vie. A travers son exemple et celui de quelques-uns de ses compagnons de déportation, Primo Levi expose pourquoi certains avaient plus de chances de survivre: ce sont ceux qui avaient la plus grande capacité d’adaptation, le plus d’abnégation pour surnager au-dessus des autres, réussir à garder sa cuiller (ou la voler à son tour s’il en est privé), son matériel au fil des jours, à jongler entre travail et « infirmerie ». Un livre, son dernier, écrit avec du recul et riche en analyse.

Pour aller plus loin:

Outre Si c’est un homme de Primo Levi, voir aussi

– les témoignages et récits de , également déportée à Auschwitz, notamment Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours,

– et Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents.

Lire La peinture à Dora de François Le Lionnais, mathématicien et co-fondateur de l’Oulipo,  déporté à Buchenwald et Mittelbau-Dora, un autre témoignage sur la manière de survivre.

Suivre les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les , et plus largement sur la … Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, et de nombreux liens dans mon article sur Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet, sur la peinture dans les camps de concentration.

Dans les prochaines semaines, je vous montrerai les différents monuments commémoratifs des camps de concentration au cimetière du Père-Lachaise, dont plusieurs pour Auschwitz et ses différents camps annexes (la tombe de Jean-Richard Bloch est juste à côté du monument aux déportés à Auschwitz-Birkenau).

Un pedigree de Patrick Modiano

pioche-en-bib.jpgCouverture de Un pedigree de Patrick ModianoJe n’ai pas alimenté la rubrique prix Nobel de littérature depuis longtemps… depuis le prix Nobel l’année dernière à Alice Munro (relire mon article sur Amie de ma jeunesse). J’ai pourtant toujours en projet de (re)lire au moins un titre de chacun d’entre eux! Le prix Nobel cette année à Patrick Modiano était l’occasion de chercher un de ses livres à la médiathèque [Voir aussi Du plus loin de l’oubli].

Le livre : Un pedigree de Patrick Modiano, collection blanche, NRF, éditions Gallimard, 2005, 122 pages, ISBN 9782070773337.

L’histoire : né en 1945, le narrateur raconte son enfance et son adolescence (jusqu’à sa majorité à 21 ans), une mère flamande, un père juif, Albert Modiano, aux fréquentations louches après avoir pratiqué le marché noir pendant la guerre. L’enfant est balloté, confié à des familles puis mis très jeune en pension. La mort du petit frère Rudy, né en 1947, à l’âge de 10 ans, est annoncée dans une voiture au jeune Patrick. Patrick retourne dans sa pension, ses pensions, ne voyant que rarement ses parents.

Mon avis : dans ce court roman autobiographique transparaît toute la souffrance d’un enfant en alors qu’il est en perpétuelle recherche de ses origines, des fréquentations de son père avant sa naissance, pendant la guerre, en recherche ne serait-ce que d’un peu d’affection. La première partie est troublante, comme une liste de noms, de personnages croisés, de lieux où il est balloté. A partir de l’entrée en pension, le récit se fait plus narratif, surtout la partie au pensionnat à , près d’Annecy (avec une courte phrase sur un collabo exécuté au  , page 80). La grande mobilité des parents, mais aussi de l’enfant, transporté ici et là (Paris et région parisienne, , la Savoie, mais aussi la Belgique, la Suisse, …), est frappante, comme l’évolution d’un milieu « privilégié » mais désargenté. L’auteur/narrateur tente de retracer des faits bruts, sans régler ses comptes avec ces parents si peu aimants et présents. J’ai lu que Patrick Modiano voulait clore sa recherche de son enfance avec ce livre, pour ce que j’ai entendu de ses interviews après le prix Nobel de littérature ce n’est pas si sûr qu’il y soit parvenu. La lecture de ce livre est troublante, mais ne m’a pas complètement convaincue, il faut que j’essaye d’autres titres de cet auteur (beaucoup sont courts, parfait pour mes capacités de lecture sans caméra qui restent limitées à une cinquantaine de pages en NRF, collection aux caractères assez grands sur un papier mat qui assez convient bien à mon cerveau).

Pour en finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis

Couverture de Pour en finir avec Eddy Bellegueule d'Édouard Louis

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C’est un livre de la rentrée de janvier, mon père l’avait lu et proposé fin janvier mais je ne pouvais alors pas le lire, je viens juste de le terminer (merci à ma caméra). Je l’ai emprunté à la médiathèque.

Le livre : Pour en finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis, éditions du Seuil, 220 pages, 2014, ISBN 9782021117707.

L’histoire: dans les années 1990, dans un petit village de Picardie, vers Abbeville. Un grand-père alcoolique mort depuis longtemps, un père alcoolique, un grand frère alcoolique et encore plus violent, une mère soumise (elle « torche les vieux », pas question de gagner plus que l’époux). Un enfant différent des autres raconte les brimades, les coups, les viols, dont il a été victime au collège notamment.

Mon avis: le récit autobiographique de son enfance par Édouard Louis, tout juste 21 ans, a beaucoup fait parler en début d’année, récit terrible porté dans les médias par son auteur. Rejeté par sa famille, victime de harcèlement à l’école, jusqu’à accepter les coups pour que ce ne soit pas pire encore, violé par un cousin à l’âge de 10 ans dans la grange voisine, jour après jour, jusqu’à ce que sa mère le surprenne… C’est lui qui est montré comme l’homosexuel, pas le violeur, et personne ne parlera jamais des deux autres garçons se livrant aux mêmes « jeux » à côté. Une homophobie subie, dans les chairs, mais une homophobie analysée aussi, au fil des pages, le milieu, pauvre (en argent mais aussi en expression des sentiments, des ressentis, etc.), qui a aggravé son expression. Un milieu qui surinvestit le « mâle » (pourtant alcoolique et chômeur suite à un accident de travail), qui « s’autorise » à taper sur les femmes, en toute impunité. Et les adultes du collège? Ils ne faisaient pas partie du même milieu, ils auraient pu s’apercevoir de quelque chose, l’enfant devenu jeune adulte semble les dédouaner, il cachait sa souffrance, se laissa tabasser pendant deux ans dans un couloir discret. C’est quand même d’une prof, qui lui a ouvert la porte du théâtre, que lui viendra le salut. A force de travail et surtout grâce au culot de son audition, il réussit à se faire accepter dans un lycée plus loin, à Amiens, à être interne. Un livre comme thérapie sans doute, quelle est la part du roman et celle de l’autobiographie? Un récit fort et très bien écrit sur l’homophobie vécue dès le plus jeune âge.

Pour aller plus loin:

– écouter une entrevue sur France Culture, la première que j’ai entendue, je pense.

– découvrir le blog d’Édouard Louis

Espagne, Espagne! de Jean-Richard Bloch

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Couverture de Espagne, Espagne! de Jean-Richard BlochAlors que le cycle de conférences autour de  Jean-Richard Bloch se poursuit demain en complément de l’exposition Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte à la médiathèque de Poitiers (jusqu’au 31 octobre 2014, voir le programme d’animations (conférences, visites guidées), j’ai lu plusieurs de ses ouvrages (rééditions ou originaux issus de sa bibliothèque), c’est quand même mieux que d’en entendre parler ou commenter l’œuvre…  Vous pouvez aussi sur mon blog aller (re)voir sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le livre: Espagne, Espagne!, de Jean-Richard Bloch, éditions Aden, 2014, 310 pages, ISBN 9782805920578 [première édition 1936, réédition augmentée de deux chapitres, d’appendices et de biographies].

La présentation de l’éditeur:

Espagne, Espagne ! est un des livres les plus forts sur la guerre civile espagnole, à placer aux côtés de ceux de Bernanos, Hemingway ou Neruda. Dès juillet 1936, Jean-Richard Bloch s’est rendu en Espagne pour y rencontrer les républicains, qu’ils soient intellectuels, syndicalistes, dirigeants politiques ou simples militants. Rien n’échappe à son regard bienveillant mais acéré, pas plus l’enthousiasme de ceux qui croient qu’ils ne peuvent perdre cette guerre que leurs dramatiques lacunes. En arrière fond de tout ce que Bloch nous apprend, Espagne, Espagne ! annonce la Seconde Guerre mondiale et c’est aussi pour alerter les responsables politiques français que ce livre a été écrit.

Mon avis: La première partie, Barcelone, Madrid, Valence, est un récit au jour le jour de sa progression avec les Républicains. Les biographies en fin d’ouvrage aident à mieux comprendre qui ils sont, mais je n’ai pas réussi à identifier de qui il parle p. 42 de la réédition: « Un artiste, -excellent graveur que Montparnasse connaît bien-, régnait sur ce monde difficile et bariolé » (si quelqu’un le sait, je complèterai…). Dans la deuxième partie, Le martyre de l’Espagne de mois en mois, Jean-Richard Bloch a réuni des articles parus dans plusieurs revues (Vendredi, L’humanité, L’œuvreL’avant-garde) d’août à octobre 1936. Dans ce contexte, je ne sais pas s’il est judicieux d’avoir intercalé deux autres articles sous forme de nouveaux chapitres dans l’ouvrage, puisqu’il ne les avait pas retenus dans sa sélection. Ils auraient pu être ajoutés à la fin avec les documents annexes qui aident à comprendre la période. A noter qu’ils ne sont pas complètement inédits puisque l’un est paru dans les Cahiers Jean-Richard Bloch, n° 15, en 2009 et l’autre dans la revue Europe en 1937. Cette partie est beaucoup plus politique, avec de nombreuses références à la Première guerre mondiale (et le « miracle de la Marne »…), la mort du roi Albert Ier de Belgique, la situation en Angleterre, en Italie, en URSS, en Allemagne, mais surtout en France, avec le front populaire et une virulente critique contre la politique menée par Léon Blum (p. 143-146). Pour lui (et de nombreux historiens), tout s’est joué entre le 6 et le 7 août 1936: le 6, le gouvernement autorisait l’exportation d’armes par des compagnies privées françaises vers les Républicains espagnols, puis l’interdisait dès le lendemain. Il évoque aussi la montée de l’antisémitisme en Allemagne, mais aussi en France avec un épisode qui préfigure la collaboration française: en 1934 (en fait le 26 novembre 1933), les compositeurs Florent Schmitt et  Marcel Delannoy ont interrompu aux cris de « Vive Hitler ! » un récital de Kurt Weill, l’auteur de l’Opéra de quat’sous (p. 163).

Les deux parties apportent un éclairage très différent sur la guerre d’Espagne. Proche des communistes, il a une analyse politique de la situation certes orientée, mais fort intéressante qui m’engage à essayer de me replonger dans cette guerre d’Espagne,  les analyses historiques reçues en classe préparatoire sont loin et j’ai lu peu de choses sur cette période depuis, à part sur la présence des réfugiés espagnols en France…

Pour aller plus loin : 

– sur le blog: La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch, Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte, sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris (bientôt d’autres lectures)

Jean-Richard Bloch. En Mérigotte, auberge antifasciste

– voir aussi l’article d’Alain Quella-Villéger (avec des photographies de Marc Deneyer), Jean-Richard Bloch à la Mérigote, L’Actualité Poitou-Charentes n° 46, 1999, p. 18-23.

– voir le site de l’Association Études Jean-Richard Bloch.

– mes lectures de Jean-Richard-Bloch : Sur un cargo, Cacaouettes et bananes, Espagne, Espagne!, traduction de Karl et Anna, de Leonhard Frank

Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis Fournier

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Couverture de Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis FournierJ’avais bien aimé Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, il y a quelques années, aussi je n’ai pas hésité à emprunter cet autre titre que l’ai trouvé en parcourant le rayon large vision de la médiathèque.

Le livre: Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis Fournier, éditions Stock, 2008, 174 pages, ISBN 9782234062047 (lu en large vision, éditions A vue d’oeil).

L’histoire: dans la région d’Arras, dans les années 1940 et au début des années 1950. Un enfant raconte sa vie avec son père, médecin… et alcoolique, qui ne demandait pas d’argent aux gens qui ne pouvaient pas payer et que l’on pouvait trouver dans trois bistrots (« deux à Arras un à Louez-les-Duisans ») plutôt qu’à son cabinet. La mère essaye de protéger son honneur, de cacher son alcoolisme, il est fatigué, le papa, au point de perdre sa voiture et son vélo Déprimé, le père se « suicidait » régulièrement en s’ouvrant les veines avec son bistouri. Le petit Jean-Louis n’a pas la tenue que l’on attendrait d’un fils de médecin…

Mon avis: écrit en 1998, ce livre a été publié en 2008 après le succès de Où on va, papa ?, récit autobiographique sur ses fils handicapés. Ici, il s’agit encore d’un récit autobiographique, sur son enfance à Arras, où il est né en 1938. Le récit est écrit à la première personne, dans la bouche de l’enfant, dont le père est mort à 43 ans, quand il avait 15 ans. Avec tendresse et humour, par petites anecdotes de deux pages, Jean-Louis Fournier laisse néanmoins transparaître la grande souffrance du père, de l’enfant, moins celle de la mère, qui apparaît soumise, travaillant en cachette pour assurer la vie des enfants, cachant au maximum la « fatigue » du père, ne réagissant pas quand il casse tout. Un témoignage sur une enfance pas facile avec un père que l’enfant souhaite aimer à tout prix mais qui sombre de plus en plus dans l’alcoolisme. Médecin des gardes mobiles, des bonnes sœurs, des gendarmes, des coureurs cyclistes, de la prison, il devait avoir suffisamment de revenus par ces « contrats » pour pouvoir boire quotidiennement. Les institutions qui l’employaient devaient connaître son addiction, aucune apparemment n’a essayé de l’aider à se soigner, malgré une hospitalisation rapportée dans un chapitre.

Derrière les lignes ennemies, de Marthe Cohn

Couverture du livre Derrière les lignes ennemies, une espionne juive dans l'Allemagne Nazie de Marthe Cohn

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Le 5 septembre 1944, Poitiers était libérée. J’ai choisi de vous parler d’un livre plus ou moins dans le thème.

Il y a quelques semaines, je vous ai parlé du témoignage de Marthe Cohn, après la projection gratuite en avant-première du documentaire « Jean-Richard Bloch, la vie à vif« , un intellectuel engagé et témoin de son époque sur France 3, réalisé par Marie Christiani et co-produit par France 3 Poitou-Charentes et Anekdota production (voir La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch) et la mise en place à l’hôtel de ville d’une plaque en hommage à Raymond Charpentier dont l’inauguration avait été  reportée. Depuis a aussi été inaugurée à la médiathèque l’exposition Une fenêtre sur le monde, Jean-Richard Bloch à la Mérigotte, avec un programme de conférences en septembre et octobre. J’ai trouvé le livre dans l’édition de 2005 (la couverture ci-dessus est celle de la réédition) à la médiathèque.

Le livre: Derrière les lignes ennemies, une espionne juive dans l’Allemagne Nazie, de Marthe Cohn, traduit de l’anglais par Hélène Prouteau, éditions Plon, 2005 (rééd. 2009 chez Tallandier), 311 pages, ISBN 9782259196586. Paru en 2002 aux États-Unis, Behind Enemy Lines The true story of a French Jewish Spy in Nazi Germany.

Le livre :  1940. La famille Hoffnung a fui Metz, les uns sont à Limoges, les autres à Poitiers. Les parents de Marthe montent un commerce en ville, mais très vite, elle passe en zone occupée, les lois de Vichy les obligent à des humiliations puis à la fermeture. Marthe, qui a un temps travaillé à la mairie, doit quitter son emploi. Elle arrive à entrer dans une école d’infirmières, tombe amoureuse de Jacques Delaunay, étudiant en médecine. Après l’arrestation de son père (vite libéré) et de sa sœur aînée (internée au camp de la route de Limoges, décédée à Auschwitz), elle organise la fuite de la famille (sept personnes) en zone libre par Saint-Secondin en août 1942 après  sa sœur Stéphanie est arrêtée, internée au camp de la route de Limoges. Marthe retourne en zone occupée, mais Jacques est arrêté, exécuté. Engagée dans l’armée de Libération, par hasard, la hiérarchie apprend qu’elle parle parfaitement allemand, par la Suisse, elle est envoyée en Allemagne, afin de mener des actions de renseignements et de démoraliser les troupes avec qui elle arriverait à entrer en contact.

Mon avis: comme les auditeurs de son témoignage à Poitiers ou ceux de ses multiples interventions ont pu le remarquer (voir à Metz en 2012), Marthe Cohn, née Marthe Hoffnung-Gutglück, alerte et toute petite dame de 94 ans (née en 1920 à Metz), a le sens du récit, à la limite de l’épopée dans ce livre. Elle raconte sur un ton badin ses mésaventures, présente comme un hasard la réussite de la fuite de la famille, ses difficultés pour passer de Suisse en Allemagne, et pourtant, c’est bien pour des exploits qu’elle a reçu de multiples décorations (Croix de guerre en 1945, Médaille militaire en 1999, Chevalier de la Légion d’honneur en 2004, Médaille de reconnaissance de la Nation en 2006). D’un point de vue littéraire, j’ai quelques réserves sur ce livre, mais il s’agit d’un témoignage intéressant et poignant.

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaques commémoratives pour les élèves victimes de la deuxième guerre mondialePour les Poitevins, ils y découvriront un témoignage sur la vie sous l’occupation, les réfugiés de l’est, parmi lesquels le rabbin Bloch, dont le nom de la fille Myriam figure sur la liste des victimes ainsi que sur l’une des plaques commémoratives des déportées du lycée Victor-Hugo, les soutiens, modestes ou remarquables, le rôle de Raymond Charpentier, qui a fourni les papiers à toute la famille, les visites possibles au camp de la route de Limoges, le réseau de médecins résistants, au premier rang desquels Joseph Garnier. On y lit aussi une version de l’assassinat du Dr Michel Guérin, collaborateur (éditorialiste du journal L’Avenir de la Vienne sous la signature de Pierre Chavigny, il avait accueilli à Poitiers, en avril 1942, Jacques Doriot, de retour du front russe sous l’uniforme allemand), le 13 mai 1943, mené par un groupe de 5 étudiants dont Jacques [son fiancé] et Marc Delaunay (voir le dossier des archives départementales de la Vienne) et qui ont été fusillés au Mont-Valérien (pour d’autres faits découverts entre-temps) le 6 octobre 1943.

Pour aller plus loin: voir le nouveau portail Territoires et Trajectoires de la Déportation des Juifs de France, qui recense les trajectoires des enfants juifs déportés.

Mme Odile Teyssendier de la Serve, née De Morin, élève infirmière, camarade de Marthe Cohn, qui a hébergé la famille Hoffnung-Gutlück la veille de sa fuite, a reçu à titre posthume la médaille des justes. Noël Degout, de Dienné, qui a aidé les frères aînés de Marthe, a également un dossier (incomplet) de Juste parmi les Nations.

Avant on était deux, de Astrid Mo

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgCouverture de Avant on était deux, de Astrid MoUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Avant on était deux… (avant la grande invasion), de Astrid Mo, collection Marabulles, éditions Marabout, 2014, 128 pages, 978-2501094399.

La présentation de l’éditeur:

Avant d’avoir des enfants, vous faisiez la grasse matinée le week-end. Avant d’avoir des enfants, vous étiez contre la tétine. Avant d’avoir des enfants, les toilettes rimaient avec tranquillité. Avant d’avoir des enfants, le pou était un inconnu. Mais tout cela, c’était bien avant d’être parents ! Aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous déplacer dans le salon sans marcher sur un Lego® qui traîne, le dimanche vous êtes sur le pont dès 7 heures du matin, vous devez planquer les cadeaux de Noël, vous pouvez parler couches et vomi avec de parfaits inconnus. Bref, votre vie a changé… Cette BD à l’usage des parents brosse sans fard le quotidien des jeunes parents mais toujours avec beaucoup d’humour et de tendresse.

Mon avis: avec autodérision, l’auteure compare sa vie (et celle de leur couple) avec ses deux filles à celle d’avant, les sorties, le cinéma, les problèmes de garde, les maladies infantiles et celles transmises aux parents. Le style futile rappelle un peu Débordée moi? Plus jamais, de Pauline Perrolet et Pacotine ou Eva, J.F. se cherche désespérément, d’Aude Picault. A part ça, quelques scènes bien vues, mais beaucoup moins drôles que les Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle ou Une semaine sur deux de Pacco. Bref, pas désagréble, mais vite lu et sans doute vite oublié…

L’un des copains du père raconte ses dernières sorties cinéma: Gravity (pas vu, impossible sans vision binoculaire), Prisoners de Villeneuve Denis, Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier et Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne, bon, j’en ai vu trois sur quatre, bien mieux que le père!

Pour aller plus loin: voir le site d’Astrid Mo.

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Ne vous inquiétez pas, de Tian

pioche-en-bib.jpgCouverture de Ne vous inquiétez pas, de TianJ’ai emprunté à la médiathèque la suite de L’année du Lièvre, de Tian, (revoir le tome 1, Au revoir Phnom Penh). Un troisième tome est annoncé.

Le livre : L’année du Lièvre, tome 2 Ne vous inquiétez pas de Tian (scénario, dessins et couleur), collection Bayou, éditions Gallimard, 2013, 116 pages, ISBN 9782070629589.

La présentation de l’éditeur :

Phnom Penh, 1975. Après la prise du pouvoir par les Khmers rouges, Khim, Lina et leur famille sont obligés de quitter la ville sans savoir où aller. Pour avoir tenté de passer la frontière, ils sont arrêtés et transférés dans un village. Ils vont y subir de plein fouet la violence du nouveau régime : les adultes travaillent dans les champs sans relâche tandis que les enfants apprennent à devenir des espions et à se méfier de leurs parents…

Mon avis : un album en couleur moins sombre dans sa forme que d’autres que j’ai lu ces derniers mois sur le sujet du Cambodge, mais plus dur que le premier tome, Au revoir Phnom Penh. Ici, il s’agit de « casser » les intellectuels en les soumettant au travail agricole. Les enfants sont endoctrinés, élevés à dénoncer leurs parents s’ils ne se soumettent pas. Les délateurs peuvent se trouver partout, ne serait-ce que pour améliorer leur propre condition de vie (pas toujours avec succès d’ailleurs). Torture morale, torture physique, disparitions, espoirs des familles peuplent cet album qui donne une autre vision (autobiographique) du génocide khmer vécu de l’intérieur, ne pas oublier, tout montrer, mais avec plus de retenue que dans les albums de Séra  (voir L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979 et Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993). A découvrir absolument, en attendant la parution de la suite!

Pour aller plus loin sur l’histoire du Cambodge, voir aussi:

L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979 et Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993, de Séra

L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh, de Tian

L’élimination de Rithy Panh

Kampuchéa de Patrick Deville.

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