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Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis Fournier

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Couverture de Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis FournierJ’avais bien aimé Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, il y a quelques années, aussi je n’ai pas hésité à emprunter cet autre titre que l’ai trouvé en parcourant le rayon large vision de la médiathèque.

Le livre: Il a jamais tué personne, mon papa, de Jean-Louis Fournier, éditions Stock, 2008, 174 pages, ISBN 9782234062047 (lu en large vision, éditions A vue d’oeil).

L’histoire: dans la région d’Arras, dans les années 1940 et au début des années 1950. Un enfant raconte sa vie avec son père, médecin… et alcoolique, qui ne demandait pas d’argent aux gens qui ne pouvaient pas payer et que l’on pouvait trouver dans trois bistrots (« deux à Arras un à Louez-les-Duisans ») plutôt qu’à son cabinet. La mère essaye de protéger son honneur, de cacher son alcoolisme, il est fatigué, le papa, au point de perdre sa voiture et son vélo Déprimé, le père se « suicidait » régulièrement en s’ouvrant les veines avec son bistouri. Le petit Jean-Louis n’a pas la tenue que l’on attendrait d’un fils de médecin…

Mon avis: écrit en 1998, ce livre a été publié en 2008 après le succès de Où on va, papa ?, récit autobiographique sur ses fils handicapés. Ici, il s’agit encore d’un récit autobiographique, sur son enfance à Arras, où il est né en 1938. Le récit est écrit à la première personne, dans la bouche de l’enfant, dont le père est mort à 43 ans, quand il avait 15 ans. Avec tendresse et humour, par petites anecdotes de deux pages, Jean-Louis Fournier laisse néanmoins transparaître la grande souffrance du père, de l’enfant, moins celle de la mère, qui apparaît soumise, travaillant en cachette pour assurer la vie des enfants, cachant au maximum la « fatigue » du père, ne réagissant pas quand il casse tout. Un témoignage sur une enfance pas facile avec un père que l’enfant souhaite aimer à tout prix mais qui sombre de plus en plus dans l’alcoolisme. Médecin des gardes mobiles, des bonnes sœurs, des gendarmes, des coureurs cyclistes, de la prison, il devait avoir suffisamment de revenus par ces « contrats » pour pouvoir boire quotidiennement. Les institutions qui l’employaient devaient connaître son addiction, aucune apparemment n’a essayé de l’aider à se soigner, malgré une hospitalisation rapportée dans un chapitre.

Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier

Couverture de Où on va papa, de Fournier Le livre : Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, éditions Stock, 2008, 155 p., ISBN 978-2-234-06117-0, prix Fémina 2008.

L’histoire : c’est un récit très personnel du drame qui a frappé Jean-Louis Fournier. À deux ans d’intervalle, il a deux fils polyhandicapés (handicap mental, physique, visuel). Mathieu, puis Thomas. Puis quelques années plus tard, Marie, qui n’a pas le même handicap. Puis sa femme le quitte (cas malheureusement fréquent suite à ce type de drame, mais c’est plus souvent la mère qui a la garde des enfants). Avec tendresse, il décrit sa vie – ou plutôt sa non vie – avec ses enfants, le renoncement aux rêves pour ses enfants, au parrain de Thomas, qui lui a offert un cadeau de baptême, puis plus rien, quand il a compris qu’il ne serait jamais polytechnicien…

Mon avis : un livre plein de tendresse, avec un humour que seul un père d’enfant(s) handicapé(s) peut se permettre… ou leur nounou, sans le vouloir ( » ils ont de la paille dans la tête « ) Il se lit très vite, change vraiment des témoignages parfois larmoyants, même s’il ne cache pas sa détresse, surtout après la mort de Mathieu, trois jours après une opération de la colonne vertébrale. Pour aller plus loin, je vous invite à visiter et si vous le pouvez soutenir l’association Valentin Apac, association de porteur d’anomalies chromosomiques, dont je suis secrétaire. Ces deux enfants en sont plus que probablement atteints. Certaines anomalies ont des conséquences graves, d’autres non, toutes (sauf la trisomie 21 qui est fréquente et a de nombreuses associations d’aide spécifique, mais que nous pouvons aussi aider en particulier en cas de translocation robertsonienne impliquant le chromosome 21 chez l’un des parents) trouveront écoute, soutien, mise en relation avec des parents qui ont des questions similaires. Je trouve dommage, dans le livre, que Marie ne soit évoquée qu’au passage. La fratrie peut avoir des conséquences importantes, à prendre en compte aussi. Enfin, sur les combats de coqs, dans le nord, contrairement à ce qui est dit dans le livre (évoqués à propos des griffure des enfants à leur retour du centre), ils ne sont absolument pas interdits… Ils le sont en Belgique, mais dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, les gallodromes fonctionnent toujours. Parmi tous les sites que je suis allée voir sur le sujet, je vous conseille cette page, qui n’est ni ultra pour, ni ultra contre, et explique plutôt bien les combats. Il y avait aussi eu un reportage passé tard le soir il y a quelques années (et oui, je ne regarde pas la télé, mais d’autres le font et me l’ont signalé, et j’ai regardé après).

De Jean-Louis Fournier, j’ai aussi lu depuis Il a jamais tué personne, mon papa.