Archives de catégorie : Cinéma

Les films que j’ai vus au cinéma ces dernières années.

Dans la cour de Pierre Salvadori

Affiche de Dans la cour de Pierre SalvadoriVoici le dernier film que j’ai vu dans le cadre du il y a quelques semaines: Dans la cour de Pierre Salvadori, à voir désormais en DVD ou à la télévision…

L’histoire : de nos jours à Paris. Musicien, Antoine [Gustave Kervern] plaque son boulot, erre. Pôle emploi lui propose un poste de gardien d’immeuble, l’entretien d’embauche auait pu tourner à la catastrophe s’il n’avait pas croisé Mathilde [Catherine Deneuve], jeune retraitée qui a besoin de se livrer à d’intenses activités associatives pour donner un sens à sa vie. Réticent, son mari, Serge [Féodor Atkine], au nom de la copropriété, finit par accepter. Vous voici plongé dans la vie d’un immeuble, de son gardien qui boit trop et qui, bonne âme, vient au secours de tout le monde, ne sait pas dire non au SdF qui s’installe dans la remise, et les angoisses de Mathilde qui vient de découvrir une fissure dans son appartement…

Mon avis: La vie de l’immeuble est assez bien rendue, et me rappelle celle de l’immeuble que j’habitais il y a longtemps à Paris, une cour où il se passe bien des choses et où le gardien (qui n’existe bien souvent plus à Paris comme ailleurs) joue un rôle primordial pour désamorcer les conflits et mettre de l’huile entre les habitants aux demandes parfois contradictoires. La partie en revanche sur les angoisses de Mathilde / Catherine Deneuve, qui passe d’une cause associative (caritative) à une autre (géologique…), m’a moins convaincue. Dépression, alcool, angoisse, drogues (licites, les médicaments, ou illicites, pour d’autres résidents aussi), rapports à la nourriture, au monde… Le tandem de ces deux êtres à la dérive n’est malgré tout pas inintéressant, même si la fin est particulièrement pessimiste.

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

PS : Gustave Kervern a aussi réalisé Saint-Amour avec Benoît Delépine

Le dernier coup de marteau d’Alix Delaporte

Affiche de Le dernier coup de marteau d'Alix DelaporteHier matin, en allant voter, le fort vent froid a réussi à provoquer des décharges électriques malgré mon traitement anti-épileptique. Le vent n’étant pas tombé l’après-midi, exit la promenade prévue à la campagne, avec une amie, nous avons préféré profiter du printemps du cinéma en allant voir Le dernier coup de marteau d’Alix Delaporte.

Le film: de nos jours près de Montpellier. Victor [Romain Paul], treize ans et demi, vit avec sa mère, Nadia [Clotilde Hesme], dans une caravane au bord de la mère. Il doit faire un trajet assez long jusqu’au collège, et, poussé par Omar [Farid Bendali], son entraîneur, bientôt passer des tests pour entrer dans un centre d’entraînement de football. Il a pour voisins une famille espagnole. Sa mère, de plus en plus malade de son cancer, veut partir vivre chez ses parents à Châlons. Mais voilà que son père, Samuel Rovinski [Grégory Gadebois], qu’il ne connaît pas, est de passage à Montpellier où il doit diriger la sixième symphonie de Gustav Mahler. Il sèche les cours pour aller le rencontrer à l’opéra. D’abord rejeté, ils s’apprivoisent petit à petit au fil des répétitions…

Mon avis: lentement, parfois très lentement, s’écoule le film et ces mois qui risquent de bouleverser la vie de cet adolescent, la maladie de sa mère risque de l’envoyer à l’autre bout de la France, s’il réussit les tests, il sera interne dans une classe sport-étude et un club de football, et voilà qu’il découvre son père et la musique classique. Le titre? Le troisième et dernier coup de marteau que le chef peut décider de lancer ou pas dans la 6e symphonie (dite Tragique) de Mahler. La découverte de la musique classique par cet adolescent, invité à écouter et laisser exprimer ses sentiments en écoutant la musique (et au-delà dans la vie), est touchante. Contrairement à mon amie, je n’ai pas trouvé ce film  particulièrement optimiste. Vous pouvez le voir (3,50€ dans le cadre du Printemps du cinéma aujourd’hui encore), le voir un peu plus tard à un autre tarif ou attendre pour le voir sur petit écran…

Bande de filles de Céline Sciamma

Affiche de Bande de filles de Céline SciammaJ’ai vu Bande de filles, de Céline Sciamma, il y a quelques semaines, dans le cadre du festival Télérama 2015.

Le film : de nos jours dans une cité de la banlieue parisienne.
Marieme [Karidja Touré], 16 ans, est en pleine cirse d’adolescence, elle ne supporte plus l’école, ni la « loi » que font régner les garçons et surtout son frère aîné. Elle doit s’occuper de ses petites soeurs, veiller aux repas, au bain de la plus jeune… Elle rencontre une bande de filles, de trois filles plus précisément, qui dansent, se battent, jouent au football américain, se bagarrent… Elle met au défi la cheffe, Lady [Assa Sylla] et entre dans la bande. Quatre jeune filles noires qui ne veulent pas trimer comme leur mère ni se soumettre aux garçons, de la joie entre elles, de la tension dans le monde mixte. Mais l’indépendance a un prix, la jeune fille va reprendre son autonomie en se mettant sous la protection d’une bonne âme (masculine) de son quartier: il lui faut de l’argent, et l’argent « facile », c’est soit le trafic de drogue, soit la prostitution, soit les deux…

Mon avis: quatre jeunes filles noires qui veulent être indépendantes et l’égales des hommes. Beaucoup de joies dans ce film, avec des danses urbaines (hip-hop) à la Défense, du shopping au forum des halles… mais en face, aussi, la virée de fêtes en fêtes mondaines, dans un autre milieu, pour aller livrer de la drogue. Après Naissance des pieuvres et Tomboy (qui avait fait hurler les intégristes religieux en tout genre, enfin, plutôt pour la séparation stricte et sexiste des genres), Céline Sciamma montre des adolescentes à la recherche de leur identité et de leur indépendance, en rupture avec le monde de leur enfance. Les barres d’immeubles, les « amphithéâtres » de béton abandonnés, sans jamais avoir reçu les spectacles pour lesquels ils avaient été conçus, deviennent un décor mis à profit pour ce film. A voir, il est déjà passé récemment sur une chaîne payante, il ne tardera plus à arriver à la télévision gratuite!

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

Le garçon et le monde de Alê Abreu

Affiche de Le garçon et le monde de Alê AbreuCette année, le festival Télérama 2015 avait sélectionné pour la catégorie jeune public le dessin animé Le garçon et le monde du réalisateur brésilien Alê Abreu, primé notamment au festival du film d’animation d’Annecy en 2014.

Le film : un enfant part à la recherche de son père à travers le vaste monde… un monde peuplé de machines (trains, grues, …), d’immeubles, mais aussi de plantes, ici ce qui ressemble à la guerre (et s’avère finalement être la répression d’une manifestation), là un monde plus paisible, plus loin des animaux-machines…

Mon avis : un dessin animé assez atypique, puisqu’il n’y a aucun dialogue, à part quelques mots dans une langue qui n’existe pas. La musique est omniprésente, parfois un peu forte. En revanche, j’ai été très gênée par mes problèmes neurologiques et mon interprétation bizarre des images. Les neurologues et autres ophtalmologues m’ont fortement déconseillé de tenter de voir des films en 3D en me promettant un mal au crâne dans les 5 minutes (je ne pourrai donc pas voir Le dernier loup, le dernier film de Jean-Jacques Annaud qui à Poitiers ne passe au CGR qu’en 3D… Il n’y a que dans les grandes villes ou ici en art et essai que l’on propose des versions 2D pour ceux qui ont des soucis avec le 3D). En revanche, je n’avais pas encore éprouvé le vertige au cinéma en 2D, encore moins avec un dessin animé, et cela m’est arrivé plusieurs fois dans ce film, c’est très désagréable. Cela a commencé dès le début du film, avec une image géométrique qui se multiplie (façon formes fractales), en plusieurs couleurs. Ce fut pire un peu plus tard quand le garçon est à bord du train. En principe, je suppose que l’on voit le train avancer sur les rails. Pour moi (enfin, pour mon cerveau qui interprétait mal), ce sont les rails qui bougeaient, avec un vertige important. Vous apercevez quelques secondes ces rails dans la bande annonce, ils reviennent plusieurs fois (et beaucoup plus longtemps) dans le film. Est-ce que cela vous fait le même effet? Sans doute pas! (voir plus bas le visualiseur de cette bande annonce) Cela a un peu gâché le dessin assez joli, mêlant les pastels, les dessins au stylo colorisés aux crayons de couleurs ou à la peinture, les collages. Certaines scènes se construisent image après image au fur et à mesure du dessin qui progresse. On retrouve aussi dans ce film de nombreuses références, comme cet oiseau omniprésent dans la mythologie d’Amérique centrale et du Sud…

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

Eastern Boys de Robin Campillo

Affiche de Eastern Boys de Robin CampilloJ’ai vu Eastern Boys, de Robin Campillo, il y a déjà quelques semaines dans le cadre du festival Télérama 2015, ce film était sélectionné plusieurs fois aux César.

Le film: de nos jours, à Paris, gare du Nord. Une bande de jeunes venus des pays de l’Est, de diverses nationalités, vit d’expédients. L’un d’eux, qui dit s’appeler Marek [Kirill Emelyanov], est abordé par un homme, Daniel [Olivier Rabourdin], la cinquantaine, qui souhaite une relation tarifée avec lui. Rendez-vous est pris chez lui dans son appartement chic… mais alors qu’il lui ouvre la porte, l’appartement est envahi par la bande, menée par Boss [Daniil Vorobyov], qui va méticuleusement déménager tous les meubles… Loin d’être refroidi par l’expérience, quelques jours plus tard, il accepte à nouveau la visite de Marek, qui dit alors s’appeler Russland et avec qui il va démarrer une relation tarifée suivie, et mal vue par la bande qui vit dans un hôtel de banlieue.

Mon avis: la vision de la gare du Nord qui ouvre le film est beaucoup plus sombre que celle de Gare du Nord de Claire Simon. Très vite, si l’on excepte le passage du démantèlement de l’appartement et celui de la relation tarifée, le principal sujet, à mes yeux, est celui du scandale des hôtels loués pour les sans papier contrôlés par des bandes mafieuses. A côté des clients « normaux », il y a un étage entier qui est une véritable rente pour l’hôtelier, location à une association elle-même payée par l’État pour l’accueil de sans papier en attente d’instruction de leur dossier (le scandale est le même pour les Conseils généraux qui financent des chambres pour les mineurs isolés, sauf que dans ce cas s’ajoute l’usage trop fréquent et controversé aux radiologies pour déterminer par l’âge osseux si la personne est mineure ou majeure). D’un côté, il y a l’organisation, les têtes pensantes qui relèvent du crime organisé, de l’autre, les immigrés qui payent fort cher les passeurs et ne seront jamais libérés de leurs « obligations » (prostitution masculine et féminine, racket, vol organisé, etc.). Alors oui, il y a quelques scènes que j’ai trouvées inutilement violentes, mais dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce film sorti en salle il y a déjà presque un an…

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

 

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

 

Timbuktu de Abderrahmane Sissako

Affiche de Timbuktu de Abderrahmane SissakoJe ne suis pas allée au cinéma depuis le festival Télérama 2015 (il faut d’ailleurs que je vous parle des films que j’ai vus, dont Eastern Boys, qui était sélectionné plusieurs fois aux César) et n’avais pas eu trop envie de voir Timbuktu de Abderrahmane Sissako au moment de sa sortie, ayant envie de loisirs plus légers… Son triomphe aux César et sa sortie au cinéma commercial (après sa première sortie en art et essai) m’ont attirée dans la salle obscure samedi.

Avant de passer à mon avis sur Timbuktu, voici les liens pour rebondir sur les César et les Oscar, revoir mes avis sur les films que j’ai vus:

Timbuktu : César du meilleur film, du meilleur réalisateur pour Abderrahmane Sissako, du meilleur scénario original pour Abderrahmane Sissako et Kessen Tall, de la meilleure phogrpahie pour Sofian El Fani, du meilleur montage pour Nadia Ben Rachid, meilleur son pour Philippe Welsh, Roman Dymny et Thierry Delor, meilleure musique pour Amine Bouhafa

Mommy de Xavier Dolan: César du meilleur film étranger

Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert : César du meilleur acteur pour

The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson :  Oscar de la meilleure musique originale à Alexandre Desplat ; du meilleur décor, des meilleures coiffures et maquillage

Hippocrate de Lilti Thomas : César du meilleur acteur pour ,

Boyhood de Linklater Richard: oscar de la meilleure actrice dans un second rôle à Patricia Arquette

Ida de Paweł Pawlikowski: oscar du meilleur film étranger

Et parmi les films sélectionnés mais non primés aux César, vous pouvez aussi revoir mes avis sur Une nouvelle amie de François Ozon, La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger, Deux jours une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Lulu femme nue de Sólveig Anspach, Un beau dimanche de Nicole Garcia, La chambre bleue de Mathieu Amalric, 12 years a slave de Steve McQueen, Winter sleep de Nuri Bilge Ceylan, Bande de filles de Céline Sciamma, Dans la cour de Pierre Salvadori, Gone girl de David Fincher, …

Le film, Timbuktu de Abderrahmane Sissako : à Timbuktu, un village de la banlieue de Tombouctou au Mali. Les intégristes musulmans sont entrés dans le village et font régner la charria et la terreur. Ils tentent d’imposer l’interdiction de fumer, de jouer ou écouter de la musique, de jouer au football, d’imposer aux femmes le port du voile intégral mais aussi des gants et des chaussettes. Certain(e)s résistent, l’imam tente de les appeler à la modération en leur rappelant le vrai islam, beaucoup seront condamnés au cours de procès expéditifs. A proximité, dans le désert, la plupart des éleveurs nomades Touaregs ont fui, il ne reste que la tente de Kidane [Ibrahim Ahmed dit Pino Desperado], de sa femme Satima [Toulou Kiki] et de leur fille Toya, accompagnés de Issan, un petit vacher orphelin.Un jour, ce dernier laisse échapper GPS, la vache préférée du couple, qui s’aventure dans les filets d’Amadou le pêcheur… Ce dernier l’abat d’un coup de sagaie. De retour au campement, Issan raconte la mésaventure, Kidane part s’expliquer en emportant une arme et tue Amadou au cours de la bagarre…

Mon avis: une gazelle court dans le désert, poursuivie par un 4×4 avec des hommes qui lui tirent dessus à la mitraillettes; les statuettes en bois posées sur le sable sont détruites par des tirs. Dès les premiers plans, le spectateurs est plongé dans l’ambiance… créée par ces fous de Dieu. La scène de football est surréaliste. Les gamins s’entraînent sans ballon, quand apparaît une voiture de la police religieuse, cette séance se transforme illico en entraînement de gymnastique… pour revenir au foot sans ballon dès qu’ils ont tourné le dos. L’emprise sur le quotidien est totale, l’imam tente bien de s’opposer aux mariages forcés, de jouer son rôle de sage qui interprète les textes et règle les conflits au quotidien, d’interdire aux extrémistes d’entrer armés et en chaussure dans le lieu de culte, en vain. Les Djihadistes apparaissent comme un ramassis de toutes les nations (y compris des Français), ils parlent plusieurs langues, parfois mal l’arabe, pas les dialectes locaux, ils ont besoin d’interprètes. Ils ont parfois même du mal à respecter leurs propres préceptes: Abdelkrim [Abel Jafri] fume en cachette, tente de courtiser -sans succès- Satima dès que son mari a le dos tourné. Mais leurs exactions sont immenses, les tentatives de résistance vite réprimées dans le sang, à coups de fouet, de lapidations, d’extorsion de repentirs devant la caméra pour des vidéos de propagande… Le crime ordinaire de Kidane (l’éleveur itinérant qui tue le pêcheur sédentaire, remake du meurtre d’Abel le berger par son frère Caïn de paysan) sera jugé selon la charia, le juge laisse entendre qu’il pourrait vivre s’il obtient le pardon de la famille de la victime et paye le prix du sang… ce qui pourrait presque sembler clément après la lapidation du jeune couple non marié surpris dans la même chambre et lapidés en place publique (une histoire vraie qui s’est passée au nord du Mali dans la région d’Aguel’hoc et qui a inspiré l’idée de ce film à Abderrahmane Sissako).

Finalement, la violence est ici montrée avec beaucoup plus de retenue (mais pas moins de force) que dans 12 years a slave de Steve McQueen, pas la peine de faire dégouliner l’hémoglobine sur l’écran pour montrer la cruauté de certains hommes. Un film à voir, si ce n’est pas encore fait!

En route vers le festival Télérama 2015

Affiche du festival Télérama 2015Le festival Télérama 2015 commence demain mercredi 21 janvier et se poursuivra jusqu’au 27 … toujours le même principe, 15 films sélectionnés plus un jeune public, mais augmentation de la place à 3,50 euros (contre 3€ depuis des années) dans les cinémas d’art et essai participants… et en vous munissant du bon qui sera dans les Télérama du 14 et du 21 janvier 2015. Je suis pas mal allée au cinéma cette année et j’ai vu un certain nombre de films de la sélection. Je ne me suis pas encore penchée sur les horaires et passages à Poitiers… Et vous, vous avez prévu d’y aller? Dans les films que je n’ai pas vus, vous en recommandez certains plus que d’autres?

Comme en 2014, 2013, 2012, 2011, 2010 et 2009, il y a:

les films que j’ai vus avant le festival, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival (remplaçant ma première liste de ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!)

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

 

Les 15 films sont retenus sont ceux des rédacteurs de Télérama. Mais ils publient aussi le palmarès des lecteurs, et là, j’en ai vus 11 sur 15 (Au bord du monde de Claus Drexel n’est que chez les pros et pas chez les lecteurs). Outre ceux qui sont aussi « chez les pros », j’ai aussi vu:

 

Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris

Affiche de Marie Heurtin de Jean-Pierre AmérisSortie cinéma dimanche, pour aller voir Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris, une seule séance, en raison du Poitiers film festival (ex-rencontres Henri-Langlois) qui se poursuivait avec la projection des films du palmarès dans la grande salle.

L’histoire : dans une institution religieuse, à la fin du 19ème siècle. Un père [Gilles Treton] conduit sa fille, Marie Heurtin [Ariana Rivoire], âgée de 14 ans, née sourde-aveugle, dans cette institution religieuse qui s’occupe de jeunes-filles sourdes. Elle refuse de se peigner, de se laver, les chaussures, se réfugie dans les arbres… où une jeune soeur tuberculeuse, soeur Marguerite [Isabelle Carré] vient la chercher et se crois investie de la mission de la sortir de son isolement. Mais la mère supérieure [Brigitte Catillon] refuse catégoriquement, avant de finalement céder… Soeur Marguerite part chercher la jeune-fille, la ramène à l’institution, commence alors une lente connaissance commune entre les deux jeunes femmes.

Mon avis: Même si le film passe depuis presque un mois, avec des projections spéciales pour la communauté sourde et sourde-aveugle et leur famille (grande salle, interprétariat en langue des signes), la petite salle était encore bondée, avec quelques sourds, il faut dire que, même si le film a été tourné en Rhône-Alpes, l’histoire se base sur celle de l’institution de Larnay, qui accueille depuis toujours des sourds-aveugles, et attire sur Poitiers (Marie Heurtin aussi venait de loin, en Loire alors inférieure) des familles qui savent pouvoir recevoir un enseignement de qualité en langue des signes françaises y compris dans des classes « ordinaires » et avec de nombreuses conférences et quelques spectacles « traduits » notamment par l’association Deux langues pour une éducation (et aussi des rencontres informelles et bénévoles comme celles du LM Café rue Carnot, voir dans cet article). Cela impliquait aussi à la sortie des commentaires sans doute inhabituels si vous allez voir le film ailleurs, comme celle de ces éducatrices qui soulignaient que l’adolescente signait « trop large », comme une sourde, pas comme une sourde-aveugle. Et pourtant, Isabelle Carré est venue à Larnay (je ne sais pas pour Ariana Rivoire). Le film est sous-titré à la fois pour le public sourd (dialogues et ambiance sonore) et le public entendant (parties en langue des signes). Dans le contexte particulier de Poitiers, où l’on croise régulièrement des sourds qui signent et des sourds-aveugles accompagnés de leurs éducateurs, il ne pouvait qu’avoir un grand écho, mais je le conseille à tous! L’histoire est émouvante, le film bien documenté (aux réserves exprimées par les spécialistes) et permet au public de mieux se rendre compte du quotidien des sourds-aveugles. Les couleurs, entre la nature souvent très verte, les blouses grises des pensionnaires et le bleu des uniformes des soeurs, explosent tout au long du film. Je vous le conseille sans réserves!

La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric Anger

Affiche de La prochaine fois je viserai le coeur, de Cédric AngerQuinze jours sans cinéma, il fallait remédier à ça avant que le film ne passe plus… Il faut aussi que j’aille vite voir Marie Heurtin. Cette fois, c’était La prochaine fois je viserai le cœur, de Cédric Anger.

L’histoire: en 1978-1979 dans l’Oise. Plusieurs jeunes femmes ont été assassinées. Un soir, un homme masqué en voiture poursuit une jeune fille en solex, elle survit. La plupart des autres victimes sont des auto-stoppeuses. La gendarmerie est sur les dents, l’équipe de Frank [Guillaume Canet] en tête, bientôt rejointe par la police. Hors de son temps de service, Frank en pince pour Sophie [Ana Girardot], se retrouve parfois chez ses parents avec son petit frère, aime se promener dans la forêt, change sans arrêt de voiture et se transforme en tueur en série qui se repend de ses crimes en s’infligeant des pénitences.

Mon avis: l’histoire s’inspire de celle d’Alain Lamare, arrêté en 1979 et, selon le générique, toujours interné en hôpital psychiatrique, jugé irresponsable de ses actes et traité pour schizophrénie. L’ambiance est sombre, avec beaucoup de scènes de nuit ou sous la pluie de l’Oise (le film a en fait été tourné dans le Nord-Pas-de-Calais). On ose espérer que l’ambiance a changé dans la gendarmerie, moins de propos misogynes, homophobes, anti-police, etc. Faire du mari de Sophie un fou syphilitique est peut-être un peu excessif. Sinon, le film ne prend pas parti sur ce qui a pu faire basculer ce jeune gendarme dans la folie meurtrière, passer de la chasse dans la forêt à la poursuite des jeunes filles (« pour éviter qu’elles prennent des risques »), traqué et chassé à son tour, plus malin que les chiens policiers un jour où il a failli se faire prendre quelques minutes après son forfait. J’ai trouvé quelques passages un peu longs, mais globalement j’ai bien aimé ce film sombre… au sens propre comme au figuré!

Une nouvelle amie, de François Ozon

Affiche de Une nouvelle amie, de François OzonSortie cinéma mardi avec Une nouvelle amie, de , dont j’avais boudé les films après le ridicule Ricky et ses ailes de poulet et finalement étais retournée le voir avec Dans la maison (pour ). Il est adapté d’une nouvelle de Ruth Rendell. [Du même réalisateur, voir mes avis sur Dans la maison, Ricky, Frantz]

Le film: une jeune femme dans un cercueil, Laura [Isild Le Besco], son jeune mari, David [], leur bébé de moins de six mois, sa meilleure amie, Claire [], et Gilles [] le mari de celle-ci. Un jour, n’en pouvant plus de tourner en rond dans sa déprime, Claire décide d’aller voir David. La maison est ouverte, accidentellement, elle tombe sur David… habillé en femme. Il lui avoue qu’il avait ce penchant avant de rencontrer Laura, qu’elle avait mis pour seule condition que ça reste privé. Mais au cours de leur vie commune, il n’avait pas eu cette envie, revenue avec le chagrin du deuil, avec l’alibi du bébé qui a besoin d’une présence féminine. Elle promet le secret, mais accepte rapidement d’aller faire du shopping avec lui/elle habillé en femme (Virginia…), puis à passer un week-end dans la maison des riches parents de Laura partis en week-end.

Mon avis: tout le monde parle de la performance de , dans ce film, il ne faudrait pas oublier celle d’, dans le rôle de Claire. Et celle de , qui arrive à jouer avec le genre à merveille, au point de faire douter de l’identité de chacun dans la boîte de nuit: c’est un travesti qui chante celle qui « se sent pour la première fois devenir femme » de Nicole Croisille, mais est-on vraiment sûr du sexe de toutes les personnes présentes? Et puis, quid des relations de Claire et Laura, n’ont-elles pas partagé, adolescentes, le même lit, comme beaucoup d’adolescentes? David aimait se déguiser en femme avec les vêtements de sa mère (tiens, ça rappelle Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne), mais il n’est pas, selon lui, homosexuel. Lors d’un dîner, pour simplifier la situation auprès du mari, Gilles, il avoue une attirance pour les hommes… et ils se retrouvent peu après dans des vestiaires au tennis. Que cherche Claire? Le mari de sa meilleure amie ou celui qui aurait pu devenir son propre mari? Au lit à l’hôtel, elle est prête à franchir le pas, aurait pu tromper son mari avec une femme… mais ça coince à l’étape où il est évident que c’est un homme au lit! David s’habille en femme, mais une femme en pantalon et chemise stricte (Claire) n’est-elle pas habillée en homme? L’ambiguïté exacerbée par le deuil est au cœur de ce film qui ne laisse pas indifférent. D’ailleurs, alors qu’il n’est qu’en fin de première semaine, la salle était bondée à la séance précédente (16h) et suivante (20h).

J’avais souligné la performance de  dans La nuit juste avant les forêts, seul en scène avec un texte difficile (que je n’avais pas trop aimé) de Koltès. Ici, c’est une vraie métamorphose qu’il opère (enfin… sans opération!) jusqu’à l’épilogue, alors que le bébé à l’âge de Claire et Laura lors de leur rencontre.

Pour aller plus loin : le site officiel du cinéaste François Ozon.

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu: