Archives par étiquette : Première guerre mondiale

Le monument aux morts place du Trocadéro (cimetière de Passy) à Paris par Landowski

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, vue générale avec le mur du cimetièreJe poursuis cette semaine d’avant le 11 novembre (retrouvez d’autres monuments aux morts sur cette page) avec le monument dédié « A la gloire de l’armée française / 1914-1918 » apposé sur le mur du cimetière de Passy, en marge de la place du Trocadéro à Paris. Il est l’œuvre de Paul Landowski (Paris, 1875 – Boulogne-Billancourt, 1961), dont je vous ai déjà parlé pour le monument à Émile Combes à Pons. Pour en savoir plus sur cet artiste, voir le site qui lui est consacré ou le musée des années 1930. Ce monument a été inauguré en mai 1956 et devait, à l’origine, être prolongé de chaque côté tout le long du mur par une frise représentant l’armée française (voir le projet), remplacée par les inscriptions « à nos héros » et « à nos morts ». Il est réalisé en pierre de Chauvigny… ce que Landowski regrette pour la sculpture le 20 janvier 1956: « Dommage que ce ne soit pas en Vilhonneur. Le Chauvigny ne permettra pas de serrer la forme comme il faudrait« . Les deux calcaires sont … charentais pour le premier, de la Vienne pour le second!

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, signature des architectesJe n’ai pas trouvé la signature de Landowski (il faut dire que la crasse qui recouvre le monument n’aide pas), mais j’ai repéré celle des architectes : « A Drouet, J. Derudder / P. Tabon architectes ». J’ai essayé de reconstituer dans ce document (voir ) les extraits du journal de Paul Landowski qui concerne ses multiples avancées, réflexions, modifications. Au fil des mois, il hésite, n’est pas satisfait de son travail…

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, dédicaceAinsi que l’explique l’inscription, ce monument a été « érigé par le comité national / du monument à l’infanterie / fondé en 1936 devenu en 1951 / le comité national du monument / à la gloire de l’armée française / 1414-1918 ».

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, le groupe sculptéLa composition s’organise autour d’une allégorie féminine (l’armée française) tenant de sa main droite une épée pointée vers le bas et dans sa main gauche un bouclier dont l’ornementation lui a donné beaucoup de mal, il a testé énormément de motifs (voir son journal mis en ligne, j’ai essayé d’extraire dans ce document ce qui concerne le Trocadéro). Il est plus ou moins parti d »un motif plutôt ornemental, symbole d’une sorte de Persée terrassant le dragon« , testé sur la maquette (journal, 29 juillet 1954). Mais il hésite, change, essaye Liberté, égalité fraternité le 30 août 1954, revient au projet initial. En décembre 1955, sur le chantier même, il hésite encore « Je mijote autour de Jeanne d’Arc et des soldats de Charles Martel et des soldats de l’an II« . Puis le 5 janvier 1956: « Mais j’ai enfin trouvé le bouclier qui portera au recto une image de Jeanne d’Arc. Le fond représente la bataille archi séculaire des champs Catalauniques« . Le 20 janvier, il décide de refaire le bouclier : « Bien que toute petite, Jeanne d’Arc prendra tout son sens symbolique. Au-dessus, la bataille des champs Catalauniques, au-dessous les soldats de l’an II (Valmy, Jemmapes)« . Le 27 janvier, il en parle encore « j’ai travaillé à la Jeanne d’Arc du bouclier. Cette composition de plus en plus heureuse. C’est ce qu’on peut appeler élever le débat. Avec ce petit détail, j’étale le sujet. C’est l’armée française reliée aux temps mérovingiens, c[‘est]-à-d[ire] aux temps où s’est forgée la France, au temps où la France est devenue une patrie (Jeanne d’Arc), au temps où la France est devenue le symbole de la Liberté (quatre-vingt-treize). La guerre de 1914-18 a été son apogée« .

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, la partie centraleElle est encadrée par des soldats des différentes armes, y compris un spahi des troupes coloniales sur son cheval, et non uniquement de l’infanterie comme prévu au départ par le comité pour l’édification du monument.

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, partie gaucheA gauche, un sapeur avec sa tenue complète (y compris une semelle de chaussure qui dépasse de son sac à dos) et sa pioche.

Paris, monument aux morts de Passy par Paul Landowski, partie droiteA droite, une femme soutient un soldat mourant (déjà mort?) dénudé.

Photographies d’octobre 2010.

PS: voir des extraits du journal de Paul Landowski au fur et à mesure de l’avancée de ce monument

Le monument aux morts de Saint-Jean-d’Angély (du sculpteur Albert Bartholomé)

Le monument aux morts de Saint-Jean-d'Angély par Albert bartholomé, vues de face et de dos

Pour son monument aux morts, la ville de Saint-Jean-d’Angély a choisi, comme Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise), une œuvre que le sculpteur Albert Bartholomé (Thiverval-Grignon, 1848 – Paris, 1928, à découvrir sur sa photographie conservée au musée d’Orsay) a adaptée en 1920 à partir de la Gloire pour le monument à Jean-Jacques Rousseau au Panthéon, commandé en 1907 et inauguré en 1912. Sur le plâtre préparatoire daté de 1910 conservé au musée d’Orsay, la Gloire, tête nue, fait face à la Musique. Elles encadrent un relief  avec les allégories de la Vérité, la Philosophie et la Nature. Pour le monument aux morts, il a simplement ajouté une couronne civique sur les cheveux de l’allégorie.

Le monument, érigé en 1921 par l’architecte Ventu dans le jardin public à l’angle des avenues du Port-Mahon et du Général-Leclerc (pas très loin du monument à Audouin-Dubreuil), se compose d’une large stèle en pierre de taille, portant l’inscription « La ville de Saint-Jean-d’Angély à ses enfants morts pour la patrie, 1914-1918 » et la liste des morts pour la France de la première guerre mondiale, surmontée de la sculpture en bronze. L’entourage avec la grille a été ajouté un peu plus tard, en 1924, sur un dessin de l’architecte André Guillon, et des plaques avec les morts de 1939-1945 ont été apposées de part et d’autre, puis sur les petits côtés, ceux des autres victimes de guerre.

Le monument aux morts de Saint-Jean-d'Angély par Albert Bartholomé, la gloire de face et de trois quarts,

La Gloire, variante de l’allégorie de la République, se tient debout, pieds nus, le bras gauche en appui sur une exèdre (une sorte de banc un peu élevé). Elle est vêtue d’une longue robe moulante, épaule gauche dénudée. Elle présente dans sa main droite, levée dans un mouvement très souple, une couronne végétale.

Pour aller plus loin : voir Charlotte Pon-Willemsen, Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, Parcours du Patrimoine, n° 342. Geste éditions, 2008, p. 26.

Photographies d’octobre 2010.

Rouge Tahiti, de Quella-Guyot et Morice

Couverture de Papeete 1914, livre 1, Rouge Tahiti de Didier Quella-Guyot et Sébastien Moricepioche-en-bib.jpgUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque, une chronique de Yaneck m’ayant incitée à chercher cet album (il faut que je vérifie s’il a déménagé cet article sur son nouveau blog… lors de mon dernier passage, les articles d’avril 2013 n’étaient pas reconstitués).

Le livre : Papeete 1914, livre 1, Rouge Tahiti de Didier Quella-Guyot (scénario), Sébastien Morice (dessin), Sébastien Hombel et Sébastien Morice (couleurs), Emmanuel Proust Éditions, 2011, 46 planches et 8 pages d’annexe, ISBN 9782749306551.

L’histoire : début août 1914, Simon Combaud débarque depuis Paris, sa présence est mystérieuse, pas peintre, pas écrivain, que vient-il faire? Rien moins que tenter de résoudre des crimes de jeunes femmes… Mais en Europe, la guerre menace. Il n’y a pas de poste de radio à Papeete, mais Destremau, le commandant local, finit par apprendre que la guerre est déclarée. Les militaires de l’île et celui d’un bateau à la limite de l’épave décident d’organiser la défense de Tahiti, entraînement, armement avec les petits moyens dont ils disposent, quand deux croiseurs allemands pointent à l’horizon…

Mon avis : Didier Quella-Guyot est parti d’une histoire vraie, rapportée en annexe, le pilonnage de Papeete par des navires de guerre allemands. Il y a ajouté quelques crimes de vahiné, un magnat local installé sur une île voisine, des femmes faciles (oh le cliché!) et un enquêteur venu de Paris. J’ai bien aimé le scénario, le dessin et les couleurs douces. Juste un détail, il y a beaucoup de soleil dans cet album (juste une averse lors du deuxième meurtre), alors que dans la réalité, il pleut très souvent à Tahiti, même en dehors des cyclones, et les pluies sont encore plus importantes en saison chaude (de novembre à avril, donc pas dans le temps de l’album)… Des amis qui y ont vécu quelques années avaient d’ailleurs été surpris par ces averses nombreuses. Et oui, climat tropical maritime humide. Il y a un tome 2, il faut que je lise la suite (Bleu horizon) quand elle sera arrivée à la médiathèque…

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Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, vue générale, cliché DalineleIl y a quelques semaines, Dalinele m’a fait parvenir les photographies qu’elle avait faites en mai 2013 à Sainte-Hermine, en Vendée (elle m’a aussi envoyé il y a quelques mois un monument aux morts que j’ai programmé pour le mois de novembre…). Un grand merci à elle, voici donc une visite du monument à Georges Clemenceau, inauguré du vivant et en présence de Georges Clemenceau (1841-1929) le 2 octobre 1921 (le projet et la souscription avaient été lancés dès 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale). Il était né à Mouilleron-en-Pareds et a passé son enfance au Château de l’Aubraie, à quelques kilomètres de Sainte-Hermine.

Les archives départementales de la Vendée proposent un dossier complet sur ce monument, et deux albums photos (83 Fi 3-1-14, 14 vues dans l’atelier du sculpteur François Sicard à Sainte-Hermine et 1 Num 59 3/223-9, six cartes postales); dommage, impossible de faire des liens directs sur les albums photos (il faut l’IP de l’ordinateur pour accéder à la visionneuse, un lien enregistré ne fonctionne donc pas sur un autre ordinateur, vous pouvez y accéder à partir de l’inventaire des fonds concernant les monuments commémoratifs). Une partie des images sont reprises dans le dossier. Une partie de ces photographies sont de André Bujeaud (1861-1943), maire de Sainte-Hermine et ami de Clemenceau.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, la signature de François Sicard, cliché DalineleLe monument porte la signature de , dont je vous ai déjà montré, à Tours, les atlantes de l’hôtel de ville et la statue du poète Racan dans le parc des prébendes d’Oe, et à Cahors, le monument aux morts de 1914-1918. Il a été choisi par Clemenceau lui-même et ne figurait pas parmi les quatre artistes proposés par le comité de souscription, Arthur Guéniot (je ne vous en ai jamais parlé), Émile (revoir les cariatides de l’hôtel de ville de Tours),  (revoir Héro et Léandre et le monument aux soldats et marins morts de 1870 à La Rochelle) et Georges Bareau (revoir Jules Verne à Nantes). Clemenceau a suivi de près la réalisation des maquettes en plâtre, est venu en mai 1921 à Sainte-Hermine pour voir le monument avant la mise en place des grilles, puis à l’inauguration en octobre.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, le groupe sculpté, cliché DalineleLe monument en pierre (du calcaire provenant de Pouillenay, en Bourgogne, d’après le dossier des archives de Vendée) se compose d’un groupe sculpté sur un rocher, au sommet se tient Georges Clemenceau, encadré un cran plus bas par des soldats, un caporal un peu au-dessus et à l’écart des cinq (d’après le dossier, je n’en vois que quatre sur les photographies et les cartes postales du dossier en ligne…) hommes de troupe tout en bas, des Poilus originaires de Vendée.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, Clemenceau domine le monument, cliché DalineleSur ces deux vues, on voit bien le détachement hiérarchique… les soldats en bas, Clemenceau en haut, et le caporal à un niveau intermédiaire, détaché de ses hommes et semblant en admiration devant Clemenceau, chapeauté et appuyé sur sa canne.

Le monument de Clemenceau à Sainte-Hermine, détail d'un fusil et du barda, cliché DalineleLes soldats portent tout leur équipement, du fusil au barda en passant par les cartouchières (à comparer par exemple à l’équipement de Poilu du monument aux morts de Loudun).

Photographies de  Dalinele, mai 2013.

Les folies Bergères de Porcel et Zidrou

Couverture de Les folies Bergères de Porcel et Zidroupioche-en-bib.jpgUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Elle avait été chaudement recommandée il y a quelques semaines par Yaneck / Les chroniques de l’invisible.

Le livre : Les folies Bergères de Zidrou (scénario) et Porcel (dessin et couleurs), éditions Dargaud, 2012, 92 pages, ISBN 978-2505013907.

L’histoire : en 1917-1918. Les soldats de la 17ème compagnie d’infanterie ont rebaptisé leur bout de tranchée « les Folies Bergère »: dès que la guerre sera finie, ils se sont promis d’y aller… En attendant, ils survivent dans la boue et les bombes, dans la puanteur des cadavres en décomposition entre les lignes françaises et allemandes. Trois de leurs camarades vont être fusillés pour l’exemple, le troisième, Rubinstein, a coupé les testicules du capitaine antisémite qui venait de lui refuser à nouveau sa permission… miraculeusement il ne meurt pas immédiatement… Dans la compagnie, il y a aussi « Rembrandt », surnommé ainsi parce qu’il dessine à longueur de carnets la vie des tranchées et envoie ses carnets à son jeune frère, qui travaille sur le domaine de Claude Monet, qui vit hors du temps en peignant des nénuphars et en recevant Clemenceau. Une femme enceinte attend le retour de son soldat de mari en enlaçant sa silhouette tracée au rouge à lèvres.

Mon avis : des couleurs sépias et sombres pour rendre l’univers boueux des tranchées, un peu de rouge pour les blessures, de bleu pour les tableaux de Monet. La vie quotidienne des hommes dans la boue, entre ennui des moments de patience et attaques vaines et inutiles, qui se soldent par des milliers de morts, est rendue avec beaucoup de réalisme, avec juste un peu d’humour, des blagues grasses, des surnoms ou le rata rebaptisé en menu alléchant, un soupçon d’humanité quand une fillette apparaît entre les lignes de front, à la recherche de son père, tout un monde qui lutte jour après jour. Il n’y a que les deux pages de prologue dont je n’ai pas compris le discours ni l’utilité…

Sur des sujets voisins, voir sur mon blog:

– la page des monuments aux morts

A l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque

Le crime de l’Albatros de Thierry Bourcy (Les aventures de Célestin Louise, flic et soldat)

Crevaisons (Une aventure rocambolesque du Soldat inconnu, tome 5) de Manu Larcenet et Daniel Casanave

– l’exposition 1917 au centre Pompidou Metz

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14 de Jean Echenoz

Couverture de 14 de Jean Echenoz

Un livre prêté par une amie… Ce livre figurait dans la sélection Télérama des dix meilleurs romans français de la rentrée littéraire 2012.

Le livre : 14 de Jean Echenoz, éditions de Minuit, 2012, 124 pages, ISBN 9782707322579.

L’histoire : août 1914, dans un village vendéen. Anthime est interrompu en pleine campagne par le tocsin, il se précipite sur la place du village, c’est la mobilisation générale, il y retrouve Charles, Padioleau, Bossis, Arcenel. Les voici embarqués, formation rapide et direction le front… Au village, Blanche, la fille unique de la famille Borne, qui dirige l’entreprise locale Borne-Saize, s’aperçoit qu’elle est enceinte, ce n’est pas grave, elle pense comme les autres que la guerre sera vite terminée et qu’elle pourra régulariser la situation… Mais Charles, son homme, meurt dans l’un des premiers combats aériens de la guerre, les autres, versés dans le 93e régiment d’infanterie, s’enlisent dans la boue des tranchées et tentent de sauver leur peau.

Mon avis : en 120 pages d’une écriture précise et ciselée, Jean Echenoz réussit à raconter le guerre 1914-1918, la naissance de l’aviation, les combats, une désertion qui n’est qu’un besoin de prendre l’air, les morts et les blessures, l’attente à l’arrière, le retour des blessés et leur difficile réinsertion.

Sur des sujets voisins, voir sur mon blog:

– la page des monuments aux morts

A l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque

Le crime de l’Albatros de Thierry Bourcy (Les aventures de Célestin Louise, flic et soldat)

Crevaisons (Une aventure rocambolesque du Soldat inconnu, tome 5) de Manu Larcenet et Daniel Casanave

– l’exposition 1917 au centre Pompidou Metz

Sur le site de l’INA, la mobilisation générale de 1914

 

 

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Avec ce livre, j’attaque le deuxième pour cent…

Le monument aux morts de 1914-1918 aux Sables-d’Olonne

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue générale Le monument aux morts des Sables-d’Olonne se trouve aujourd’hui dans le jardin de la Liberté, à l’est du centre-ville. Je l’ai photographié il y a juste deux ans, j’y étais allée après le salon de Moncoutant 2010… Pas sûre qu’aujourd’hui, un seul des visiteurs venus assister au départ du Vendée globe ne lui jette même un regard… alors, je vous ai préparé une petite visite pour qu’il ne se sente pas complètement abandonné.

Il se compose d’un haut socle en granite, portant l’inscription « La Ville des Sables d’Olonne / à ses enfants morts pour la France », sur lequel se dresse une Victoire ailée, avec à ses pieds des têtes de soldat.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 2, signature de Maurice Legendre Le monument porte la signature de Maurice Legendre (1875-1964), un sculpteur dont je vous reparlerai pour plusieurs immeubles à Angers (voir l’Alcazar et le Palace).

Le projet initial présentait une mise en scène un peu différente, ainsi qu’en témoigne ce croquis de Maurice Legendre daté du 30 juillet 1920 et conservé aux archives départementales de Vendée (voir le document T 380-15, si le lien direct ne fonctionne pas, y accéder par cette page, à peu près au milieu). Le monument a été inauguré le 11 novembre 1925.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 3, Victoire de face et de dos

La Victoire, ailée comme il se doit, est représentée debout, main gauche levée et brandissant un rameau d’olivier.

Les Sables-d'Olonne, monument aux morts de 1914-1918, 4, têtes de soldat au pied du monument Voici un détail des bustes, têtes et casques de Poilus qui émergent du socle… asses lugubre, impression renforcée par le granite sombre et le ciel gris lors de ma visite aux Sables-d’Olonne…

Les Sables-d'Olonne, médaillon à un mort de 1914-1918, 1, immeuble et monument Dans un angle de la place, un immeuble porte une stèle avec un médaillon commémoratif également de 1914-1918.

Les Sables-d'Olonne, médaillon à un mort de 1914-1918, 2, médaillon et inscription

Impossible de trouver la moindre information sur ce monument. Le médaillon sculpté en bronze doit être l’un des nombreux médaillons qui figurent dans les catalogues des fonderies dans les années 1920, une recherche rapide ne m’a pas permis de trouver lequel (voir par exemple sur le sujet les catalogues de 1921 des fonderies Durenne ou de Val-d’Osne)…

L’inscription à la base est tellement encrassée des couches successives de peinture qu’elle est presque illisible, mais après divers traitement de l’image (passage en noir et blanc, augmentation du contraste), il est possible de lire « Œuvre du statuaire Bertrand Boulle Boutée », que je n’ai trouvé dans aucune base de données.

PS: merci à Grégory Vouhé qui a identifié le modèle, voir en commentaires ci-dessous..

Les monuments aux morts de 1914-1918 de Lons-le-Saunier et Toulouse/Salonique

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, quatre vues de face Je vais vous présenter aujourd’hui deux monuments aux morts de 1914-1918 formés d’une colonnade en hémicycle,  sans statue au centre.

Je commence par celui de Lons-le-Saunier, situé au bout de la place de la Chevalerie, du côté des thermes, à l’opposé du monument à Rouget-de-Lisle. Il se compose d’une grande colonnade dessinée par l’architecte Augustin Bidot. Sur le bord de la corniche, on peut lire, dans l’ordre de gauche à droite : « 1914 / La Marne / L’Yser / La Somme / L’Aisne / Aux héros / L’Alsace / Verdun / Champagne / L’Orient / 1919 « .

Lons-le-Saunier, monument aux morts de 1914-1918, deux vues de l'arrière En revanche, il vaut mieux ne pas faire le tour du monument, l’arrière sert de latrines et de dépotoir, manque de respect et/ou manque d’entretien… Pas reluisant en tout cas. Si on contourne complètement le monument, à quelques dizaines de mètres se trouvent le monument à la gloire de la résistance jurassienne, beaucoup plus intéressant, et un autre dédié aux morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962… mais je vous en parlerai une autre fois.

Toulouse, monument aux morts de 1914-1918 au cimetière de Salonique Partons maintenant à Toulouse… Je vous ai déjà montré le monument aux morts de Haute-Garonne inauguré en 1928 avec une vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely et des articles sur les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin et ceux de Camille Raynaud sur les allées Jules Guesde. Je vous ai aussi présenté le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle) et le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique (au-dessus du cimetière de Terre-Cabane).

Nous allons aujourd’hui vers le centre du même cimetière. D’après le dossier documentaire, le concours a été lancé en 1920, le projet retenu est celui de l’architecte Raymond Isidore, et monument a été inauguré le 11 novembre 1926. Il se compose d’une colonnade alternant deux colonnes doriques de calcaire blanc et un pilier de briques rouges. La colonnade est surmontée d’une frise de briques jaunes, alors que le mur du fond est tapissé de grandes dalles de marbre portant les noms de plus de 4000 soldats, dalles surmontées d’une frise de faïence figurant des couronnes de laurier. Le mur arrière est en briques rouges.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 1, deux vues Derrière le monument se trouve le monument « à la mémoire / des / soldats et travailleurs / indochinois / morts au service de la France / 1914-1918 ». Il rappelle la présence d’une importante communauté indochinoise à Toulouse, d’un hôpital à Blagnac qui soignait notamment des combattants de  l’ex-Empire colonial français, et plus particulièrement des « soldats annamites » (indochinois). Rappelons que 70.000 soldats des troupes coloniales sont morts pour la France en 1914-1918. J’ai vu une carte postale qui montrait ce monument au sein d’un cimetière militaire, je ne sais pas quand il a été déménagé au cimetière de Salonique.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 2, signature Breton Il porte la signature du sculpteur Charles Breton (Tours, 1878 – 1968) [« Charles Breton / Paris »], auteur de nombreux monuments aux morts en France, dont plusieurs figuraient au catalogue de Val d’Osne.

Toulouse, monument aux morts indochinois de 1914-1918 au cimetière de Salonique, 3, deux détails Mais ici, nous ne sommes pas face à une œuvre en série, mais bien d’une œuvre originale. Le soldat, aux traits asiatiques, s’appuie de la main gauche sur son fusil, brandit de la main droite une couronne végétale constituée de branches de chêne et de laurier, fermée par une cocarde aux chiffres de la République (RF). Il porte ses décorations et un casque colonial.

 

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’oeuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceu
x de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Photographies de mai 2012 pour Toulouse et juillet 2012 pour Lons-le-Saunier.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Angoulême

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin et de la République Place Beaulieu à Angoulême, au bout du plateau dominant la Charente, non loin du lycée Guez-de-Balzac, se dresse l’imposant monument aux morts de 1914-1918. Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1870, dit monument aux mobiles de la Charente, situé près de l’hôtel de ville.

En 1923, la ville d’Angoulême avait lancé un concours et retenu la maquette du sculpteur René Pajot, sculpteur dont je vous ai montré le buste d’Émile Roux à Confolens. Le deuxième prix avait été attribué au sculpteur Charles André Valère Juin et le troisième à Émile Peyronnet.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 2, signatures Baleix et Peyronnet C’est finalement le projet arrivé en quatrième et dernière position, proposé par l’architecte Breil, qui est mis en œuvre non pas par lui, mais par l’architecte Roger Baleix et le sculpteur Émile Peyronnet, avec une nouvelle maquette présentée en 1924 au salon de la société des artistes français sous le numéro 3813. Le monument a été inauguré le 11 novembre 1926, en dépit de la polémique sur le coût du monument et le dépassement des devis initiaux. Leurs signatures (« R. Baleix architecte / E. Peyronnet sculpteur ») se trouvent au dos du monument. D’Émile Peyronnet, je vous ai aussi montré à Angoulême le buste de Raoul Verlet, et à Saint-Jean-d’Angély le monument à Joseph Lair et la fillette du monument à André Lemoyne.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 3, les femmes de chaque côté de la porte

Ce dernier se compose d’une sorte de chambre funéraire installée sur un podium de quelques marches, surmontée d’une sorte de pyramide tronquée très massive sur laquelle est sculptée en bas-relief une république aux bras levés brandissant deux couronnes végétales (voir la vue rapprochée à droite de la première photographie). De part et d’autre de la chambre funéraire se tiennent la mère du soldat défunt (à gauche), sa femme et sa fille (à droite). Le modèle des femmes voilées est à rapprocher du modèle qu’il avait présenté au salon de 1911 pour le monument aux soldats morts pour la patrie de Castelnaudary.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 4, la mère âgée, de loin et de près

La mère du soldat est représentée sous les traits d’une femme âgée, debout, vêtue d’une longue cape avec une capuche qui lui couvre la tête. De sa main gauche toute ridée, aux veines apparentes, elle maintient sa cape fermée alors que sa main droite apparaît juste un peu, tenant vers le bas un bouquet de fleurs.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 5, la femme et la fillette, de loin et de près

De l’autre côté se tient la femme du soldat, triste, la tête couverte d’un long voile de deuil, soutenant leur fillette en lui posant une main sur la tête et en lui tenant la main droite. La fillette est vêtue, comme celle du monument de Parthenay, d’une robe à manches courtes et elle tient de la main gauche un bouquet de fleurs qu’elle laisse pendre vers le bas, comme sa grand’mère.

Angoulême, monument aux morts de 1914-1918, 6, vues de côté et de dos

De dos et de côté, on voit bien l’aspect massif du monument…

Pour aller plus loin, voir le catalogue réalisé par Béatrice Rolin, Fantômes de pierre : La sculpture à Angoulême 1860-1930, éditions du Germa à Angoulême (1995)., voir notamment pages 11-12, 66, 80, 84.

Vous trouverez d’autres informations sur cette œuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes).

Voir aussi le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes. Parcours du Patrimoine, n° 342. Geste éditions, 2008, page 48.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, vue actuelle (2012)

Le monument aux morts de Nantes a aujourd’hui un curieux aspect, celui d’un grand mur nu avec la liste des soldats morts à la guerre (5832 d’après le site de la ville de Nantes), situé au bout des cours Saint-Pierre et Saint-André, aujourd’hui square du Maquis-de-Saffré, à l’opposé du monument de la guerre de 1870. Il a été inauguré le 17 juillet 1927.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, carte postale prise en 1927 ou 1928 La mise en scène était différente à l’origine, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. En mai 1927, la ville de Nantes avait acheté un tirage de la Délivrance de Émile [Oscar] Guillaume (1867-1942), réalisée après la première bataille de la Marne et éditée par la fonderie Barbedienne. Plusieurs villes (Amiens, Bruxelles, Colmar, Liège, Lille, Metz, Reims, Mézières, Saint-Quentin, Strasbourg et Verdun) l’avaient commandée dès 1919, d’après le catalogue du fondeur.

Le monument aux morts de 1914-1918 à Nantes, carte postale ancienne Son histoire à Nantes est compliquée et rapportée en partie sur le site des archives municipales… Jugée impudique, elle est victime d’un attentat dans la nuit du 10 au 11 novembre 1927, 17 membres de la ligue des Jeunesses patriotes sont arrêtés et condamnés, la statue récupérée et remise en place, mais déplacée finalement en 1931. En 1937, le maire de l’époque, Léopold Cassegrain, la fait remettre à sa place d’origine. Elle est retirée en 1942 pour échapper aux fontes allemandes (c’est curieux, parce que l’envoi à la fonte épargnait les monuments aux morts). Elle est alors stockée, perd ses bras dans des conditions mal éclaircies.

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 1, de loin Elle est finalement restaurée en 1980, les bras sont restitués par le sculpteur Douillard et les fondeurs Douet, Heuz, Bertrand et Flasquin. En 1987, elle est installée sur l’extrémité est de l’Île de Nantes, à l’angle sud-est de l’hôtel de Région. Vous pouvez la voir également sur cet article de Mamazerty.

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 2, quatre vues Elle est sur un socle beaucoup plus haut qu’à l’origine, mais j’ai quand même pu en prendre quelques vues… Elle est certes nue, mais je ne vois pas en quoi elle a pu déchaîner un tel rejet dans les années 1920…

Nantes, la délivrance déplacée du monument aux morts de 1914-1918, 3, inscriptions Sur le socle est portée une inscription impossible à lire vue la position actuelle du socle…

Il manque sur place un petit panneau ou une plaque pour expliquer aux gens l’origine de cette statue…

En 2008, la ville de Nantes en a acheté une autre copie qui avait appartenu à Aristide Briand et se trouve désormais au château de Nantes.

Pour mémoire : revoir la victoire plantureuse en haut-relief de Camille Raynaud sur le monument aux morts de 1914-1918 à Toulouse, qui avait aussi fait scandale…

Photographies de juin 2012 pour le monument aux morts et octobre 2012 pour la statue déplacée.