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Avant on était deux, de Astrid Mo

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgCouverture de Avant on était deux, de Astrid MoUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Avant on était deux… (avant la grande invasion), de Astrid Mo, collection Marabulles, éditions Marabout, 2014, 128 pages, 978-2501094399.

La présentation de l’éditeur:

Avant d’avoir des enfants, vous faisiez la grasse matinée le week-end. Avant d’avoir des enfants, vous étiez contre la tétine. Avant d’avoir des enfants, les toilettes rimaient avec tranquillité. Avant d’avoir des enfants, le pou était un inconnu. Mais tout cela, c’était bien avant d’être parents ! Aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous déplacer dans le salon sans marcher sur un Lego® qui traîne, le dimanche vous êtes sur le pont dès 7 heures du matin, vous devez planquer les cadeaux de Noël, vous pouvez parler couches et vomi avec de parfaits inconnus. Bref, votre vie a changé… Cette BD à l’usage des parents brosse sans fard le quotidien des jeunes parents mais toujours avec beaucoup d’humour et de tendresse.

Mon avis: avec autodérision, l’auteure compare sa vie (et celle de leur couple) avec ses deux filles à celle d’avant, les sorties, le cinéma, les problèmes de garde, les maladies infantiles et celles transmises aux parents. Le style futile rappelle un peu Débordée moi? Plus jamais, de Pauline Perrolet et Pacotine ou Eva, J.F. se cherche désespérément, d’Aude Picault. A part ça, quelques scènes bien vues, mais beaucoup moins drôles que les Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle ou Une semaine sur deux de Pacco. Bref, pas désagréble, mais vite lu et sans doute vite oublié…

L’un des copains du père raconte ses dernières sorties cinéma: Gravity (pas vu, impossible sans vision binoculaire), Prisoners de Villeneuve Denis, Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier et Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne, bon, j’en ai vu trois sur quatre, bien mieux que le père!

Pour aller plus loin: voir le site d’Astrid Mo.

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Tsunami de Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx

pioche-en-bib.jpgCouverture de Tsunami de Stéphane Stéphane Piatzszek et Jean-Denis PendanxUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Il y a quelques mois, Yaneck / Les chroniques de l’invisible en avait parlé ici, avec un avis mitigé.

Le livre : Tsunami de Stéphane Stéphane Piatzszek (scénario) et Jean-Denis Pendanx (dessins et couleur), éditions Futuropolis, 2013, 112 pages, ISBN 9782754809771.

L’histoire: 2013, sur l’île de Sumatra en Indonésie. Il y a neuf ans, Romain Mataresse avait 15 ans, sa sœur Elsa 32, elle était médecin, était partie aider après le grand tsunami de 2004 et n’est jamais revenue. Sa dernière lettre date de 2005, elle disait vouloir souffler avant de rentrer. Aujourd’hui électricien, Romain part à sa recherche pour tenter d’apaiser sa mère. Avec ténacité, il réussit à renouer le lien et découvrir son dernier périple sur l’archipel des Banyak.

Mon avis: le récit est plutôt original. Par cette sorte de voyage initiatique, Romain va être amené à accepter le choix de sa sœur pour sa fin de vie en cheminant dans ses pas, guidé par un vieux sage (vieux fou? tout dépend du point de vue). Le dessin est très détaillé, avec de superbes dessins, que ce soit de la ville de Banda Aceh encore stigmatisée par le tsunami de 2004 ou les îles isolées et paisibles, avec quelques pleines pages de toute beauté. Un coin de paradis, voilà une belle alternative pour des directives anticipées! Pas de soin (ou arrêt des traitements devenus inutiles), du repos sur une belle île, pas de souci quotidien et des plantes locales en guise de soins palliatifs et d’antalgiques.

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Revers de fortune, par Antoni Lenormand

Couverture de Revers de fortune, par Antoni LenormandIl y a déjà un moment que j’ai acheté le deuxième roman d’Antoni Lenormand / passion livres, qui mène avec brio depuis plusieurs années le défi God save the livre. Bien qu’écrit en assez gros (police 14 pour la version papier, il est d’abord sorti en version numérique), il était arrivé chez moi avant mon visioagrandisseur maison, je l’ai donc lu en « tronçons » de 20 à 30 minutes… Pour ceux qui me posent la question, non, la tablette ne me permet pas de lire facilement, c’est bien mieux agrandi sur l’écran de l’ordinateur, surtout que je peux afficher plus de texte, avec moins de fatigue sur la « mise au point » par mon cerveau à chaque changement/défilement du texte.

Le livre : Revers de fortune, par Antoni Lenormand, CreateSpace Independent Publishing Platform (distribution Amazon), 2013, 346 pages, ISBN 978-1497442382.

La quatrième de couverture:

Pierre Mazerat-Déligney est une ordure. Comme l’on en fait encore peu aujourd’hui. Sans les moyens de ses très hautes prétentions, l’individu survit dans un sordide studio parisien. Bafouant l’ordre et la morale, Pierre se retrouve subitement à la tête d’une fortune estimée à quinze millions d’euros. Mais alors qu’il s’épanouit enfin dans sa nouvelle vie, le sort va irrémédiablement s’acharner contre lui, jalonnant son parcours de tragiques et mystérieuses disparitions… Poursuivi par le Mauvais Œil, il oublie qu’il ne fait que récolter ce qu’il a toujours semé.
De Paris à Los Angeles, en passant par la Croatie et la French Riviera, suivez les pérégrinations d’un être abject et sournois, en proie au plus machiavélique des adversaires de la Création…

Mon avis: on meurt beaucoup dans le sillage de Pierre, il ne fait pas bon être ami(e) avec lui… ni même son richissime père qu’il n’avait pas vu depuis des années succombe peu après leurs retrouvailles, et pas du cancer pour lequel il était soigné. La fortune, le (les?) revers de (la /des) fortune(s), annonce le titre… revers pour Pierre, pour son père, mais aussi pour son camarade d’infortune avec qui il aurait dû partager les gains du loto. Beaucoup d’humour noir, un style agréable, cherchant cependant parfois le « niveau de langage » entre des mots du registre soutenu (bien que souvent sur un ton badin) et les termes argotiques. Vu mes difficultés de lecture (oui, je sais, relatives, dit la neurologue, j’ai réussi à lire en un an beaucoup plus que l’immense majorité des Français, mais beaucoup moins que d’habitude), la lecture fractionnée par 10 à 15 pages a prolongé le suspense sur presque deux semaines… jusqu’à la chute finale, mais là, chut! Il vous faudra lire le livre!

Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage

pioche-en-bib.jpgCouverture de Un printemps à Tchernobyl d'Emmanuel LepageUn printemps à Tchernobyl d'Emmanuel LepagePour une fois, j’ai trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions un titre qui figure dans le TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Il a reçu plusieurs prix littéraires / BD en 2013.

Le livre: Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage, éditions Futuropolis, 166 pages, 2012, ISBN 9782754807746.

L’histoire: Avril 2008. Dans un train en partance pour l’Ukraine. Un homme lit un témoignage de l’un des premiers hommes sur place lors de l’explosion du réacteur de Tchernobyl le 26 avril 1986. Emmanuel Lepage a alors 19 ans et suivi le nuage radioactif et les informations rassurantes ou pas à la télévision. Novembre 2007 à Saint-Brieuc, l’association les Dessin’acteurs souhaite organiser une résidence d’artistes le plus près possible de la zone interdite de Tchernobyl, en lien avec l’association Les enfants de Tchernobyl. Doutes sur les risques, ses responsabilités de jeune père de famille, mais aussi sur le fait qu’il n’est pas un militant anti-nucléaire, juste sensibilisé au sujet… il finit quand même par accepter. Le voici à Volodarka avec Gildas Chasseboeuf, dessinateur, et Pascal Rueff et Morgan Touzé, comédiens. Première incursion en zone interdite, dans le cadre d’un « voyage organisé », dosimètre en main, la ville de Tchernobyl, la centrale, dont les réacteurs 5 et 6 devaient ouvrir fin 1986, Pripiat, la ville désertée, retour dans le village où il est hébergé. Au cours du séjour, il va retourner clandestinement en zone interdite, dessiner la nature qui profite de la quasi absence de l’homme.

Mon avis: au fil des pages, l’auteur s’interroge sur sa légitimité à effectuer le voyage, à témoigner de la vie sur place, dure mais finalement sans doute pas plus qu’ailleurs en Ukraine, si l’on exclut la maladie des liquidateurs (comme Vassia) et les « enfants de Tchernobyl », nés après la catastrophe, ayant vécu en zone contaminée ou ceux qui sont nés de parents contaminés, comme les enfants de Vassia et Viera. La menace invisible de la radioactivité, l’omniprésence des dosimètres au début, puis peu à peu oubliés (jusqu’à la réalité, le test final de retour en France pour vérifier s’il a « pris de la dose » ou pas), le nucléaire est bien là, la catastrophe aussi, qui s’est passée dans une centrale quasi neuve, rappelons-le, d’autres réacteurs devaient ouvrir peu après à Tchernobyl, la fête foraine de Pripiat jamais inaugurée est là pour le rappeler, figée dans la poussière accumulée… De très belles planches (quelques doubles pages pleines) rendent compte de ce voyage un peu surréaliste. Tout le début est en noir et blanc, à l’encre et lavis, avec juste quelques couleurs, ocre, rouge, orange, qui mettent en relief des éléments inquiétants, par exemple les panneaux des barrières de la route d’accès à la zone interdite ou la poupée démembrée abandonnée, ou moins, comme la caisse rose de l’épicerie au décor kitch. Puis à partir de la page 106, les couleurs varient plus, les verts explosent, du plus vif au plus foncé, témoins de la nature qui reprend ses droits, des sorties avec moins d’attention au dosimètre.

Quelques éléments inquiétants filtrent du récit, comme la récupération des métaux en zone contaminée, par des habitants qui se font quelques sous à la revente… métal qui est exporté, dispersant la radioactivité dans le monde: mais chez nous, les déblais peu radioactifs, notamment ceux du démantèlement des rares sites en cours de déconstruction, sont aussi disséminés, dilués dans les matériaux de construction, en tant que Breton, l’auteur ne doit pas oublier Brennilis… arrêté en 1985 et dont le démantèlement ne sera pas terminé avant 2025!

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Top BD des blogueurs, juillet 2014

Logo top BD des bloggueursLe classement du TOP BD des blogueurs proposé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible du mois de juillet est arrivé… merci à lui pour ces savants calculs et cette organisation, depuis 5 ans déjà! Bravo à lui, voir ses commentaires dans son article! En gras, ceux (qui deviennent rares) que j’ai lus… et Les ignorants d’Étienne Davodeau descend peu à peu dans le classement et va sans doute bientôt sortir… en revanche, je viens de lire Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage (8e ce mois-ci), je vous en parle très vite! J’ai aussi emprunté à la médiathèque mais pas encore lu Les derniers jours de Stefan Zweig, de L. Seksik et G. Sorel.

1- (=) Le journal de mon père, 18.67, Jiro Taniguchi, Casterman
2- (+) Asterios Polyp, 18.65, David Mazzuchelli, Casterman
3- (=) Persépolis, 18.64, Marjanne Satrapi, L’Association
4- (=) Le loup des mers, 18.55, Riff Reb, Soleil
5- (=) Idées Noires, 18.5, Franquin, Fluide Glacial
6- (=) NonNonBâ, 18.5, Shigeru Mizuki, Cornélius
7- (=) Maus, 18.49, Art Spiegelmann, Flammarion, j’ai parlé ici du tome 1 : mon père saigne l’histoire, et du tome 2, Et c’est là que mes ennuis ont commencé
8- (-) Un printemps à Tchernobyl, 18.45, Emmanuel Lepage, Futuropolis, voir mon avis
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici, 18.41, Tome 1, Tome 2,
10- (=) Tout seul, 18.38, Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
11- (=) Le sommet des dieux, 18.33, Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman, Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
12- (=) Universal War One, 18.33, Denis Bajram, Soleil, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6.
13- (=) Daytripper, 18.27, Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
14- (=) V pour Vendetta, 18.22, Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
15- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel, 18.19, Van Hamme, Rosinski, Casterman
16- (-) Les vieux fourneaux tome 1, 18.19, Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
17- (=) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes?, 18.13, Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
18- (-) Les derniers jours de Stefan Zweig, 18.06, L. Seksik, G. Sorel, Casterman, voir mon avis sur Les derniers jours de Stefan Zweig,
19- (+) Herakles, 18.05, Tome 1, Tome 2, Edouard Cour, Akiléos
20- (=) Abélard, 18.04, Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud, Tome 1, Tome 2.
21- (=) Universal War Two tome 1, 18, Denis Bajram, Casterman
22- (N) La fille maudite du capitaine pirate, 18, Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
23- (=) Il était une fois en France, 17.98, Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5,Tome 6.
24- (=) Habibi, 17.95, Craig Thompson, Casterman
25- (=) Les derniers jours d’un immortel, 17.92, Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
26- (=) Gaza 1956, 17.92, Joe Sacco, Futuropolis, voir mon avis : Gaza 1956
27- (=) Les ombres, 17.88, Zabus, Hippolyte, Phébus
28- (=) Scalped, 17.86, Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7,
29- (=) Manabé Shima, 17.83, Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
30- (-) Trois Ombres, 17.78, Cyril Pedrosa, Delcourt
31- (=) Anjin-san, 17.75, Georges Akiyama, Le Lézard Noir
32- (=) Joker, 17.75, Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
33- (=) Mon arbre, 17.75, Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
34- (=) L’histoire des troisAdolf, 17.75, Osamu Tezuka, Tonkam
35- (=) Blankets, 17.73, Craig Thompson, Casterman
36- (=) Le pouvoir des innocents Cycle 3- Les enfants de Jessica tome 1, 17.73, L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
37- (+) Holmes, 17.7, Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis, Tome 1, Tome 2, Tome 3.
38- (=) Calvin et Hobbes, 17.7, Bill Watterson, Hors Collection, Tome 1, Tome 2, Tome 15, tome 17,
39- (=) Les seigneurs de Bagdad, 17.7, Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
40- (=) Urban, 17.69, Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis, Tome 1, Tome 2,
41- (=) Washita 17.69, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
42- (=) Lorenzaccio, 17.67, Régis Peynet, 12 Bis
43- (N) Match!, 17.67, Grégory Panaccione, Editions Delcourt
44- (=) Tokyo Home, 17.67, Thierry Gloris, Cyrielle, Kana
45- (=) Les Carnets de Cerise, Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil, Tome 1, Tome 2,
46- (=) L’Orchestre des doigts, 17.65, Osamu Yamamoto, Editions Milan, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4.
47- (+)Melvile, 17.64, Romain Renard, Le Lombard
48- (+) Les ignorants, 17.63, Etienne Davodeau, Futuropolis, je l’ai aussi beaucoup aimé
49- (-) Rouge Tagada, 17.63, Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
50- (=) Une métamorphose iranienne, 17.6, Maya Mayestani, Editions Ca et là

Profanes de Jeanne Benameur

Couverture de Profanes de Jeanne BenameurJ’ai poursuivi la lecture des livres pour la voix des lecteurs, voir les titres déjà lus, Petites scènes capitales, de Sylvie Germain, et N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani. De Jeanne Benameur, je vous ai déjà parlé de Laver les ombres de Jeanne Benameur, prix du livre en Poitou-Charentes en 2009.

Merci à Grégory qui a organisé ce groupe de lecteurs avec Florence, Jenny, Michèle. Un livre fourni en édition de poche, tout petit, heureusement que j’ai mon visio-agrandisseur maison, même s’il faut que je règle la question de maintenir les pages ouvertes sans casser le dos des livres, les pinces à dessin, ce n’est pas suffisant, les pages ont tendance à se refermer, c’est pénible de retenir chaque page ouverte sous la caméra, et pas très ergonomique.

Le livre: Profanes de Jeanne Benameur, Actes Sud, 288 pages, 2013, ISBN 978-2-330-01428-5 [lu en édition de poche, Babel, 2014, 274 pages].

L’histoire: de nos jours, au printemps, dans une ville indéterminé. Une grande maison avec un jardin. Pour ses 90 ans, Octave Lassalle, ancien chirurgien cardiaque, a convoqué quatre personnes pour qu’elles signent un contrat établi avec son notaire: Béatrice, Yolande, Hélène et Marc vont se succéder auprès de lui toute la journée et la nuit jusqu’à sa mort, chacun aura accès libre à la maison et à une chambre au deuxième étage, une tâche particulière (jardinage, lecture, surveillance de nuit), les tâches quotidiennes continueront à être effectuées par la gouvernante, Mme Lemaire, qui s’efface néanmoins peu à peu. Chacun a un passé plus ou moins lourd, y compris Octave, dont la fille Claire est morte il y a longtemps des suites d’un accident, il avait refusé de l’opérer pour tenter de la sauver, préférant qu’un de ses amis agisse (sans succès), sa femme Anna était repartie vivre dans son Canada natal avec la dépouille. Dans la maison, il ne reste qu’une photo à partir de laquelle Hélène doit réaliser un portrait dans le style de ceux du Fayoum, et la cabane d’enfant dans le jardin…

Mon avis: Jeanne Benameur a choisi un style narratif original, passant de la troisième personne à la première personne, du point de vue d’Octave ou de celui de ses personnages. Si quelques haikus, passion d’Octave (à côté de la lecture de l’Ecclésiaste, lui qui se dit non-croyant), se glissent ici et là, la poésie transpire aussi des pages en prose. Peu à peu, le passé de chacun est révélé, leurs blessures, Béatrice, élève infirmière, chargée de la nuit est née après un frère mort avant sa naissance, Marc, qui découvre le jardinage, a un lourd passé en Afrique, Hélène, la peintre, essaye de vivre le début d’une nouvelle assion amoureuse, Yolande a souffert de l’absence d’attention de son père. A soigner les autres, Octave a-t-il prêté assez attention à sa famille jusqu’à l’accident de Claire? La grande maison, d’abord vide, ou plutôt peuplée du fantôme de Claire et de l’absence d’Anna, va devenir le réceptacle des passés des autres, qui vont prendre plaisir (parfois charnellement…) à y venir puis à s’y retrouver même en dehors des heures qui leurs sont attribuées. « Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiaste 1; 1:2), cette parole du roi Salomon, au tout début de l’Ecclésiaste, est peut-être le fil conducteur non-dit du récit proposé avec brio par Jeanne Benameur. J’ai beaucoup aimé ce livre, reste une question, est-il judicieux pour le prix du livre en Poitou-Charentes de désigner un livre déjà primé par ailleurs (Grand prix RTL lire 2013) et une auteure qui a déjà reçu le prix en 2009 pour Laver les ombres?

Suivre mes (nos) lectures de la sélection de la Voix des lecteurs 2014 (liens au fur et  mesure des lectures), groupe organisé par Grégory :

Profanes, de Jeanne Benameur, éditions Actes sud (ci-dessus)
Composite, de Denis Bourgeois, éditions Ego comme X
Petites scènes capitales, de Sylvie Germain, éditions Albin Michel
Nativité cinquante et quelques de Lionel-Edouard Martin, éditions Le Vampire actif
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani, éditions Liana Levi

Dans le berceau de l’ennemi de Sara Young

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Couverture de Dans le berceau de l'ennemi de Sara YoungUn livre emprunté à la médiathèque, au rayon large vision, ça reste plus confortable pour moi, surtout pour un pavé!

Le livre: Dans le berceau de l’ennemi, de Sara Young, éditions Belfond, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Florence Hertz, 2009, 384 pages, ISBN 9782714444639 (lu aux éditions VDB, 2010, 611 pages).

L’histoire: 1940. Depuis quelques années, Cyrla, 19 ans, vit chez sa tante (la sœur de sa mère) à Schiedam, aux Pays-Bas. Ses parents, dont son père juif, ont réussi à l’y envoyer avant que le ghetto de Łódź ne soit bloqué. Elle partage tout avec sa cousine, Anneke. Celle-ci tombe enceinte d’un soldat allemand, son père ne peut le supporter, l’emmène pour tenter de la faire admettre dans un Lebensborn. Anneke ne le supporte pas, elle décide de se faire avorter en profitant d’un instant de solitude et succombe à son geste. La tante et Cyrla décident que celle-ci prendra la place d’Anneke, il reste quelques jours à Cyrla, encore vierge, pour tomber enceinte de son petit ami juif, Isaac, très impliqué dans la sauvegarde de sa communauté et qui commence à apprendre l’existence des camps de concentration et le sort des ghettos. Il promet à Cyrla de venir très vite la libérer et de l’évacuer en Angleterre. Sauf qu’à peine arrivée au lieu de rendez-vous, les soldats allemands la conduise au Lebensborn de Steinhöringn près de Munich.

Mon avis: les Lebensborn, créés par Himmler, usines à naissances destinées à sélectionner des bébés « purement aryens » nés pour la plupart de mères célibataires ou hors mariage de pères allemands, notamment soldats, sont rarement abordés dans l’historiographie et encore moins dans un roman. Au-delà de la substitution d’identité, des histoires d’amour, ce roman s’attache surtout à décrire ces établissements particuliers et la prise de conscience de l’existence des camps de concentration et d’extermination dans la population civile ou au moins dans certains milieux. Il aborde aussi la terrible réalité de ces bébés, abandonnés à leur naissance de gré ou de force pour être confiés, s’ils sont déclarés « aptes », à des familles d’adoption (le père soldat s’il le reconnaît), au sort indéterminé (que l’on devine plutôt exterminé) pour les autres. La situation de ces bébés après la guerre n’est pas évoquée, certains n’ont certainement jamais rien su de leur origine, les autres ont été isolés comme d’autres enfants nés d’unions furtives entre occupés et occupants (ou même libérateurs…). Un roman qui a le mérite d’aborder le sujet des Lebensborn sur un fond romanesque pas désagréable…

Pour information, il y a eu un Lebensborn en France en 1944, dans l’Oise, au manoir de la commune de Lamorlaye, le foyer de Westwald (forêt de l’ouest, en fait la forêt de Chantilly). Voir le dossier de l’Express. Le site de la commune de Lamorlaye parle de cheval, autre type de haras, mais ignore totalement ce sujet des haras humains sur sa page histoire.

Pour aller plus loin, lire aussi Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits, de Boris Thiolay, éditions Flammarion, 2012.

Yeruldelgger de Ian Manook

Logo du défi rentrée littéraire 2013 chez HérissonLogo de pioché en bibliothèqueCouverture de Yeruldelgger de Ian ManookJ’ai profité de mon nouveau joujou (visio-agrandisseur maison) pour attaquer mon premier gros pavé en lecture normale depuis presque un an. Quoique la MDPH pense que lire un livre tronçonné en 10 pages deux ou trois fois par jour soit largement suffisant comme autonomie, j’ai savouré le fait de pouvoir lire tranquillement comme avant, une heure de 6h30 à 7h30 au lit le matin! (puis pause visuelle pour ne pas voir double en arrivant au bureau à 9h). J’ai choisi Yeruldelgger de Ian Manook, emprunté à la médiathèque, qui a reçu plusieurs prix littéraires (polar historique à Montmorillon, quoique ce soit un polar contemporain!, prix du polar SNCF, prix des lectrices Elle policier) et peut aussi entrer dans la rentrée littéraire 2013 organisé par Hérisson jusque fin juillet 2014 (après, nous passerons à la rentrée littéraire 2014).

Le livre: Yeruldelgger de Ian Manook, éditions Albin Michel, 2013, 542 pages, ISBN 9782226251947.

L’histoire: de nos jours à Oulan-Bator. Trois chinois puis deux prostituées occasionnelles mongoles sont retrouvées assassinées. Le commissaire Yeruldelgger est appelé à 3h de route de là, des nomades ont retrouvé le corps d’une petite fille blonde, enterrée avec son tricycle. L’autopsie révèle qu’elle a été percutée par un véhicule et enterrée encore vivante il y a environ cinq ans. Pourquoi ses parents n’ont pas signalé sa disparition? Hanté par l’enlèvement de sa propre fille et son meurtre, puis sa femme qui a sombré dans la folie, le commissaire promet au vieux nomade de tout faire pour accompagner l’âme de cette enfant inconnue. En enquêtant sur les premiers meurtres, il tombe sur un groupe néonazi, sa deuxième fille semble impliquée et se retrouve gravement brûlée dans les tunnels de canalisation d’eau chaude… Entre intérêts économiques (chinois, coréens), son propre beau-père gros propriétaire terrien, police corrompue, viols, meurtres, trafic de quads, l’enquête s’annonce pleine de rebondissements!

Mon avis: l’intérêt de ce polar réside surtout dans l’analyse de la vie mongole, le heurt entre les yourtes et les constructions en béton, la tradition et les paraboles qui amènent les experts au fin fond de la steppe (et ont sans doute permis de préserver des indices!). Au rayon des traditions, la médecine traditionnelle, l’utilisation de la graisse d’ours vieille de 20 ans pour cicatriser, d’autres onguents. La cuisson des marmottes. Je connaissais les galets chauffés pour faire bouillir de l’eau dans une fosse, mais la, c’est autrement raffiné! Après avoir étripé la marmotte, des galets chauds sont introduits dans son ventre, recousu, et les chairs cuisent doucement par le chaud intérieur et le feu doux à l’extérieur. Je n’ai pas vérifié si ça existait vraiment. Mais un détail a jeté un doute, à la fin… Page 537: « magnifiques chevaux blancs de Przewalski ». En tant que préhistorienne, ces chevaux directement issus des chevaux paléolithiques (c’est une espèce séparée du cheval, Equus przewalskii contre Equus caballus) ne sont pas blancs mais resplendissent d’une belle robe isabelle beau marron fauve (voir cet article grand public sur l’ADN du cheval de Pržewalski, avec le petit v diacritique, ou háček, sur le Z, qui manque dans le livre, ou cheval de Prjevalski, le ž se prononçant j et le w, v).

Sept saisons de Ville Ranta

pioche-en-bib.jpgCouverture de Sept saisons de Ville RantaJ’ai déjà lu un certain nombre d’albums de Ville Ranta (L’exilé du Kalevala, Papa est un peu fatigué, Suite paradisiaque). Aussi, quand j’ai vu ce titre dans les nouvelles acquisitions de la médiathèque, je n’ai pas hésité, je l’ai emprunté!

Le livre : Sept saisons de Ville Ranta (scénario et dessin), traduit du finnois par Kirsi Kinnunen, éditions Çà et Là, 2013, 265 pages, ISBN 978-2-916207-89-6.

L’histoire : à Oulu, port finlandais au bord de la mer Baltique, vers 1840. Après trois ans de voyage à travers le monde, Maria Piponius revient dans sa ville natale. Elle tombe amoureuse de Hans Nyman, pasteur, journaliste et enseignant, veuf depuis un an, père de deux filles et à qui les convenances de la société luthérienne interdisent tout rapport sexuel (même si sa relation avec sa servante n’a rien de chaste), surtout qu’il espère bien être élu doyen de la communauté protestante d’Oulu. Cèderont-ils à leurs pulsions alors que la pensée piétiste le leur interdit?

Mon avis : Cet album rappelle L’exilé du Kalevala, qui se passe une dizaine d’année plus tôt, mais cette fois en couleurs dans la même verve que Suite paradisiaque. Ville Ranta s’est débarrassé de la contrainte des cases et des bulles, mais l’aquarelle délimite chaque scène, alternant des tons sombres, légers voire éclatants. Le titre annonce Sept saisons… qui sont finalement toutes très hivernales (Premières neiges, Au cœur de l’hiver, Glace et lumière, Nuits blanches, La rentrée, Bleu ténèbres et Neige mouillée). Les deux protagonistes sont torturés par leurs pulsions en désaccord avec leur rigorisme protestant, candidat  au poste de doyen de l’église luthérien pour l’un, piétiste et limite mystique pour elle. Le choc entre diktat de la religion et pulsions est très bien rendu au fil des pages, dans une ambiance froide et souvent neigeuse de ville du nord. Pulsions qui vont jusqu’à des scènes de sexe très réalistes entre hommes et femmes (comme Adam et Eve dans Suite paradisiaque) et même entre femmes lors d’un bain ou au sauna. L’ambiance de la petite ville, de son ambiance, de ses ragots peut parfois être lourde. A lire, surtout si vous avez déjà lu L’exilé du Kalevala.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Ville Ranta.

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Blast tome 3, la tête la première, de Manu Larcenet

Couverture de Blast tome 3, la tête la première, de Manu Larcenetpioche-en-bib.jpgEn vous parlant du tome 4 de Blast, pourvu que les bouddhistes se trompent, de Manu Larcenet, je m’étais aperçue que, après tome 1, grasse carcasse et le tome 2, l’apocalypse selon saint Jacky, j’avais oublié de vous parler du tome 3! Je l’ai ressorti de la médiathèque pour vous en parler.

Le livre : Blast, tome 3, la tête la première, de Manu Larcenet (scénario et dessin), éditions Dargaud, 2012, 204 pages, ISBN 9782205071047.

L’histoire : dans un commissariat quelque part en France, il y a pas mal d’années. Polza Mancini est toujours en garde à vue, les policiers tentent de le faire raconter sa vie en le confrontant à certains faits, et lui parle. D’abord son errance dans des maisons inoccupées, son entrée chez celle d’un suicidé dont il s’approprie les dessins, il s’inflige de graves lacérations, se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique où il fait la connaissance de Roland Oudinot, schizophrène qui suit plus ou moins son traitement, avant de s’évader devant le refus du psychiatre de le laisser sortir…

Mon avis : comme dans les autres tomes de la série, le noir domine, entrecoupé par quelques cases très colorées. Entre quelques très belles planches dans la nature et aux sculptures géantes (moaï sur troncs d’arbres qui ont continué à grandir) de Roland, la confrontation à la folie de Mancini est brutale: pensées suicidaires, lacération, confrontation avec le psychiatre. Lui-même victime d’un viol, il souffre, mais tourne autour de la question des enquêteurs pour avouer: a–il tué Carole, la fille de Roland? Non, répond-il, en attendant la suite… dans le tome 4 de Blast, pourvu que les bouddhistes se trompent.

Une série à découvrir, même si c’est violent, cette confrontation à la folie qui a mené aux meurtres…

Manu Larcenet

Le combat ordinaire

Blast

Manu Larcenet et Daniel Casanave

  • Crevaisons (Une aventure rocambolesque du Soldat inconnu, tome 5)

Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet

Le retour à la terre

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