Archives par étiquette : amour

L’estivant de Kazimierz Orłoś

Couverture de L'estivant de Kazimierz Orłoś pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : L’estivant de Kazimierz Orłoś, traduit du polonais par Erik Veaux, collection Littérature polonaise, éditions Noir sur Blanc, 2011, 128 pages, ISBN 978-2882502537.

L’histoire : en Pologne de nos jours. Un vieil homme retrouve deux lettres écrites par Mirka, qu’il a connue alors qu’il était en vacances d’été au bord de la mer Baltique, en 1951 et 1952. Ne pouvant manifestement pas s’adresser à sa femme, il raconte à son fils dans ce livre en forme de longue lettre son été 1952. Une brève relation avec Mirka, et quelques mois plus tard, elle lui annonçait, par deux lettres auxquelles il n’a jamais répondu, qu’elle était enceinte. A plus de 70 ans, il décide de partir sur les traces de son passé, mais arrivé sur place, au fil de ses longues promenades sur la plage et dans les dunes et des rencontres difficiles avec les habitants, arrivera-t-il à découvrir la vérité ?

Mon avis : un court roman qui permet aussi de plonger dans la Pologne communiste des années 1950, les remords (trop?) tardifs d’un vieil homme pour les conséquences d’un amour d’adolescence. En toile de fond, la Pologne sous influence soviétique… À découvrir…

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Pologne.

Les enchanteurs de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et AjarJe poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary/Émile Ajar (liste ci-dessous). Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (clic sur le logo en fin d’article pour accéder à la liste).

Le livre : Les enchanteurs de Romain Gary. Première édition en 1973. Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 797-1092), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : de 1770 à 1970 en Russie et plus particulièrement dans la région de Saint-Pétersbourg pour l’essentiel (à Prague et sur le chemin de Venise à la fin du livre). Le narrateur, Fosco Zaga, doit être un vieillard (dans les deux cents ans) puisqu’il parle d’abord de son adolescence dans les années 1773… Il raconte l’histoire de sa famille et surtout de son père, Giuseppe Zaga, venu de Venise, juif, magicien, magnétiseur, alchimiste, astrologue, comédien (il joue Goldoni et la Comedia del Arte), utilisateur d’automates, et surtout guérisseur de la Catherine de Russie, en un mot enchanteur. Si sa mère est morte à sa naissance, Giuseppe a une nouvelle et jeune compagne, Teresina, aussi venue d’Italie, dont Fosco va tomber fou amoureux, d’un amour impossible.

Mon avis : c’est sans doute le roman le plus déroutant de ce volume, mais j’ai beaucoup aimé cette lecture. Par la magie des enchanteurs, nous découvrons par la bouche du narrateur à la première personne la tyrannie de Catherine de Russie, la Révolution russe (et la guerre civile), et plus brièvement Staline, Hitler. Aussi la vie sexuelle du père, du fils, de Teresina, les prostituées, les automates si à la mode à la fin du 18e siècle, les juifs boucs émissaires, etc.

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

Semaine hongroise (1): le faon de Magda Szabo

http://vdujardin.com/blog/wp-content/uploads/2011/03/60890631_p2.jpgpioche-en-bib.jpgComme je vous l’avais annoncé, cette semaine sera hongroise, organisé du 7 au 13 mars 2011 chez par Schlabaya (qui organise aussi le défi du 1 % rentrée littéraire 2010) et Cryssilda (qui a créé le logo) : il s’agira de présenter des lectures, des recettes, des voyages en Hongrie… Sur sa recommandation notamment, j’avais lu L’héritage d’Esther de Sándor Márai. Je vais essayer de vous poster un article chaque jour sur ce thème… en commençant par une lecture, lundi oblige (emprunté à la médiathèque, bien sûr).

Couverture du faon de Magda Szabo Le livre : Le Faon de Magda Szabó, traduit du hongrois, texte revu et corrigé par Suzanne Canard, éditions Viviane Hamy, 2008, 237 pages, ISBN 978-2-87858-236-5 [première édition en Hongrie : 1959].

L’histoire : à travers la Hongrie avant (enfance en périphérie de Budapest) et après (la tournée de la comédienne) la deuxième guerre mondiale. Eszter est une comédienne célèbre. Elle a eu une enfance difficile, à avoir faim parfois, déménageant de plus en plus loin du centre ville, pour finir dans une petite maison dans une zone insalubre. Ses parents, issus d’une vieille aristocratie, sont ruinés. Son père, avocat, ne passe plus ses journées qu’à déprimer au lit… Sa mère se débat pour faire vivre sa famille en donnant des cours sur le piano qu’elle a sauvé de la débâcle (mais elle va bientôt mourir…). Une tante lui passe ses souliers pour qu’elle puisse au moins être chaussée. Elle a quinze ans, va au collège grâce à une bourse… créée jadis par son grand-père. Elle n’a guère qu’une amie, Angela. Après la guerre, elle est devenue une actrice célèbre, en tournée à travers tout le pays. De retour dans son ancien quartier, elle découvre qu’Angela, une ancienne camarade de classe, a épousé l’homme qu’elle aimait, qu’elle aime toujours… et elle le prend pour amant.

Mon avis : j’ai eu un peu de mal au début à entrer dans la narration à la première personne d’Eszter, qui oscille entre la comédienne de l’après guerre et la collégienne pauvre. Une grande confusion de dates, de personnages (malgré la liste donnée au tout début du livre). Et puis, en se laissant aller dans le texte, quitte à ne pas savoir tout de suite à quelle époque on se situe, on entre dans une tragique histoire d’amour et surtout de jalousie… Et le faon du titre? Un petit faon recueilli par Angela, qui va vite mourir d’un accident.

Mes articles de la semaine hongroise :
– une lecture : Le Faon de Magda Szabó ;
– une découverte de blog : Falby de là bas et son p’tit bonheur
– un vin : le tokay ou tokaji aszù
– une découverte patrimoniale : saint Martin (né en Hongrie et fondateur de Ligugé)

– une broderie : un berlingot sur une grille hongroise

– des timbres hongrois

– des découvertes : le stylo à billes, les allumettes et la vitamine C.

Le grand troupeau de Jean Giono

Couverture du Grand troupeau de Jean Giono
Logo du défi J'aime les classiques J’ai failli oublié de vous livrer ce mois-ci une lecture pour le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie (clic sur le logo pour voir mon récapitulatif).

Le livre : Le grand troupeau de Jean Giono, première édition en 1931, lu en collection Folio, éditions Gallimard, 252 pages, 1995, ISBN 97820703676036.

L’histoire : dans les collines de Haute-Provence, dans la vallée de la Durance, autour de Manosque (il est question du quartier Saint-Lazare, du Plan des Hougues notamment), entre 1914 et 1918 (plus près de 1914…). Un énorme troupeau, mené par seulement trois bergers, traverse le village. Il mettra la journée pour passer entièrement. Les troupeaux sont décimés, réquisitionnés, les moutons épuisés par ces longues marches. Tous les autres bergers, tous les jeunes hommes sont partis le matin en train… Dans les collines paisibles, il reste des femmes et des hommes inaptes à la guerre. Julia attend son mari Joseph, Madeleine son amant Olivier, le frère de Joseph, et surtout leurs lettres. Les femmes prennent peu à peu en charge toute l’activité qu’elles faisaient auparavant en famille, et surtout le travail des hommes, nourrir les animaux, faucher les blés. À côté de la dure vie dans la colline, la vie au front (le mont Kemmel et ses rats pour Olivier)…

Mon avis : c’est bizarre, je me rappelai pour ce livre d’un passage incessant de moutons lors de la transhumance… J’avais repensé à ce livre l’année dernière, quand le car SNCF d’Aix-en-Provence-TGV à Digne-les-Bains a fait un crochet à Manosque… C’était un souvenir de lecture au premier degré, car en fait, Le grand troupeau est bien une violente dénonciation de la guerre de 1914-1918. Le grand troupeau, c’est aussi tous ces hommes envoyés à l’abattoir de la Grande Guerre. Cette attente des lettres par les femmes me rappellent les longues conversations de mon arrière grand-mère Philomène, qui devait fêter ses 20 ans le 4 août 1914, et qui nous rapportait le contenu des lettres si attendues de son fiancé (devenu mon arrière grand-père, blessé deux fois, réformé en 1916). En 1916, Giono était à Verdun puis au mont Kemmel en Flandre occidentale (comme soldat et comme son héros), il en est revenu profondément pacifiste. Un livre à lire ou relire absolument…

La promesse de l’aube de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Je poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary/Émile Ajar (liste ci-dessous).

Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, défi organisé par Theoma (voir en bas de l’article).

Le livre : La promesse de l’aube de Romain Gary. Première édition en 1960. Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 267-540), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : à Vilnius après 1914, en Californie en 1960, à Varsovie dans les années 1920, à Nice dans les années 1930, à Paris en fac de droit en 1935-1938, à Salon-de-Provence en 1938-1939, en Afrique du Nord et en Europe avec la résistance de 1939 à 1945… Alors qu’il est consul général de France à Los Angelès, il se rappelle son passé, son enfance, sa jeunesse, la résistance, mais surtout sa mère, juive non pratiquante, l’absence du père, la relation de plus en plus fusionnelle avec sa mère, qui voit en lui un futur ambassadeur dès son enfance… Sa vie pauvre à Varsovie, où sa mère est modiste, à la tête d’un atelier de confection de chapeaux. La grave maladie de Roman, qui l’entraîne à l’amener en convalescence sur la Côte-d’Azur. Le retour à Varsovie, la crise de 1929, qui provoque la faillite. L’installation à Nice, les débuts difficile, puis l’esprit d’entreprise de sa mère qui prend le dessus, elle ouvre une pension de famille, mais tombe à son tour malade (diabétique)… Le départ à la guerre, puis l’entrée dans la résistance dès juin 1940, en culpabilisant de laisser sa mère malade à Nice.

Mon avis : un livre fort… un récit autobiographique… réécrit et romancé (notamment pour ce qui concerne la place du père et la minimisation de son rôle dans la résistance, rejointe dès les premiers jours de manière rocambolesque, tentative de vol d’avion comprise). Surtout un portrait de mère hyper-possessive et étouffante. Un passage est cité dans La tête en friche de Jean Becker (je venais de terminer le livre quand j’ai vu le film). Un livre à lire absolument dans le contexte actuel de xénophobie, de haine des autres et de retrait de nationalité française… En 1938, Roman Kacew (futur Romain Gary, son nom de résistance adopté à l’état civil à la restauration), polonais né à Vilnius, a suivi la préparation militaire supérieure. Mais contrairement à ses camarades, il n’est pas intégré, à l’issue des classes, comme officier. Il apprendra plus tard que c’est parce qu’il a été naturalisé trois ans avant qu’il a été mis sur la touche, pas pour ses capacités. Nationalité à deux vitesses… Et le régime de Vichy ôtera la nationalité française à tous ceux qui avaient été naturalisés dans les 15 dernières années, afin de pouvoir déporter plus de juifs (dont une bonne partie de la famille paternelle et maternelle de Gary) et de tziganes! Alors, attention aux tentations populistes, cela est en train de revenir dans la tête de nos gouvernants!

Les titres du volume :

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.

Le mec de la tombe d’à côté de Mazetti

Couverture de la tombe du mec d'à côté, de Mazetti, aux éditions Gaïa pioche-en-bib.jpgJe ne sais plus où j’ai lu la critique… J’en ai retrouvé une chez Theoma mais ce n’est pas celle-ci qui m’a fait réservé immédiatement le livre à la médiathèque, sans passer par la case petit carnet offert par Emmanuelle… Sa critique est trop ancienne (elle a aussi parle du livre suivant, Les larmes de Tarzan. J’ai refait le tour des blogs de lecture que je suis régulièrement, presque tous en parlent, Ma petite fabrique, L’ivresque des livres, Amanda Meyre. Alors par Flo, qui n’a pas de blog? Je ne me souviens pas, mais il revient vraiment souvent!

PS : de la même auteure, j’ai aussi lu Un doudou divin.

Le livre : Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti, traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, éditions Gaïa, 2007, 254 pages, ISBN 978-2847200799 (a aussi été publié chez Actes sud, en collection Babel en 2009).

L’histoire : dans une petite ville de Suède, de nos jours. Désirée vient souvent sur la tombe de son mari, décédé trop jeune. Elle y croise souvent Benny, qui vient sur la tombe de sa mère. Désirée, bibliothécaire, pâlichonne, urbaine, vêtue sans goût aux yeux de Benny, l’éleveur de vaches, qui apporte des fleurs à sa mère, est vêtu d’un bonnet qu’elle ne supporte pas. Deux sourires, et de cette rencontre va naître une histoire d’amour dévorante dans le choc des cultures, entre la contrainte de 24 vaches à traire deux fois par jour et les livres partout au travail et dans l’appartement de Désirée, prise de remords de « trahir » son mari récemment décédé… Une lente découverte et apprivoisement de chacun, mais jusqu’où iront-ils?

Mon avis : passée la surprise de la lecture de pages roses, je suis rentrée tête la première dans ce livre et n’en suis sortie que 2h30 plus tard, à la dernière page… j’ai beaucoup aimé l’histoire et l’écriture, qui alterne les chapitres vus du point de vue de Désirée et de Benny. Très différent de beaucoup d’histoires d’amour, le récit d’une relation amoureuse improbable! Le tout avec humour et auto-dérision des narrateurs… Un moment de lecture très agréable.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Suède.

pioche-en-bib.jpgCe logo « pioché en bibliothèque », je l’ai vu pour la première fois chez Theoma. Il a été créé par Antigone (lien en cliquant sur le logo).

La princesse de Clèves de Madame de La Fayette

Couverture de la princesse de Clèves en classique du livre de poche Je vous avais annoncé cette lecture (relecture plutôt, je l’ai lu en prépa), et voilà, c’est fait !

Le livre : La Princesse de Clèves, de Marie-Madeleine de La Fayette, 1678 (je l’ai lu dans l’édition de la collection Les classiques de poche n° 374, 40e édition, 2009, 253 pages dont une cinquantaine d’introduction, notes et lexique, ISBN : 9782253006725).

L’histoire : à la cour de France, d’octobre 1558 à novembre 1559, sous le règne de Henri II puis de François II. Mme de Chartres fait entrer sa fille, Mademoiselle de Chartres, âgée de 16 ans, à la cour, au Louvre. Dans le contexte de la fin de la guerre de Cent-Ans (Henri II a repris Calais aux Anglais en janvier 1558) et de la négociation de la paix entre entre l’Espagne, l’Angleterre et la France, cette belle jeune femme inconnue de la cour fait sensation. Plusieurs hommes cherchent ses faveurs, et très vite, elle se marie au prince de Clèves. Mais Monsieur de Nemours est aussi tombé amoureux et n’a de cesse de tenter de la séduire…

Mon avis : Madame de La Fayette place son roman une centaine d’années avant sa rédaction. Lors de ma première lecture, il y a une vingtaine d’années, nous l’avions étudié d’un point de vue littéraire et historique (genre jeu des 7 erreurs dans un contexte de prépa avec 12 h de cours d’histoire par semaine). Cette fois, je l’ai lu comme le roman d’histoire d’amour qu’il est, sans perdre de vue le contexte historique bien sûr, omniprésent. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, beaucoup de mariages (sinon tous) à la cour sont conclus pour des alliances familiales ou politiques, et que donc, avoir un amant ou une amante était assez normal, une union de cœur pour contrebalancer une union sur le papier… Sauf qu’ici, M. de Clèves est fou amoureux de sa femme.

L’édition que j’ai prise à l’avantage de recaler le contexte historique et un arbre généalogique de la famille royale, il manque un peu les alliances des Guise par exemple, si l’on veut une lecture historique, mais pour une lecture romanesque, cela n’est pas utile. M. le Président, vous devriez lire ce roman au lieu de le dénigrer, il ferait sans doute écho à votre vie personnelle ! Sur ce sujet, je vous conseille la lecture de cet article de ce blog devant les images.

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques (attention, nouveau blog) proposé par les Carabistouilles de Marie. Le mois prochain, un Jules Verne

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.

Une Vie de Maupassant

Couverture de Une vie de Maupassant Je commence aujourd’hui le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie avec Une vie de Maupassant. J’ai déjà lu ce livre, mais c’était il y a fort longtemps et dans un contexte bien différent, il faisait partie des œuvres à étudier pour le bac de français, et je suis d’ailleurs tombée dessus à l’oral.

Le livre : Une vie, de Guy de Maupassant, paru en 1883 d’abord en feuilleton dans le Gil Blas du 27 février au 6 avril 1883 puis en recueil. Il est désormais dans le domaine public et existe dans de multiples éditions… (247 pages dans la dernière édition du livre de poche, en 2009, ISBN 9782253004240). Vous pouvez aussi le lire en ligne, par exemple ici.

L’histoire : mai 1819, à Rouen. Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds vient chercher au couvent sa fille Jeanne, âgée de 17 ans. Il se propose de lui faire découvrir la vie, et a pour elle vendu une ferme pour réparer et aménager pour elle le château des Peuples, situé près d’Yport. Très vite, elle fait, par l’intermédiaire du curé, connaissance de Julien, un nobliau voisin à moitié ruiné. En quelques mois, ils sont mariés, partent en voyage de noce en Corse, Julien devient avare, puis trompe sa femme avec la bonne (elle le découvre alors qu’il vient de lui faire un bâtard), Jeanne tombe elle-même enceinte, surprotège son fils Paul alors que Julien continue à la tromper, cette fois avec une voisine de « la bonne société », le mari trompé de celle-ci finira par assassiner son épouse et l’amant (qui passeront pour un accident), le jour même, Jeanne, qui vient de perdre sa mère, met au monde une fille mort-née. Paul, couvé, bien que mis au collège au Havre, tourne mal…

Mon avis : je ne vais pas donner un avis littéraire sur un grand classique… De même que ce résumé n’est pas celui que vous trouverez dans les livres de français. Je ne me souvenais absolument pas d’un personnage secondaire, la tante Lison, pourtant si important, cette vieille fille qui devient invisible à la famille, toujours là pour aider mais qui n’est jamais remerciée.

Plusieurs réflexions me sont venues à l’esprit… Et tout d’abord, je ne vois pas comment j’ai pu comprendre certains passages en classe de première. Dès le premier chapitre, il y a une allusion aux chansons populaires de Pierre-Jean Béranger. Je ne pense pas qu’à l’époque, cette petite phrase et ses conséquences nous aient été expliquées. Béranger, je l’ai découvert en classe de prépa Chartes, deux ans plus tard… d’un point de vue de son rôle historique, mais aussi de quelques textes, que voulez-vous, nous étions dans une classe pleine de royalistes et d’intégristes catholiques, et notre professeur d’histoire contemporaine se faisait un plaisir de lire des passages anticléricaux… Vous pouvez découvrir ses chansons à la bibliothèque nationale / Gallica.

Quelques pages plus loin, la description de la chambre à coucher me laisse perplexe… Si je me la représente parfaitement maintenant, je me demande bien comment j’ai pu l’imaginer à l’époque… Ou bien nous n’étudiions que l’aspect littéraire des descriptions ? Non, je sais que l’on nous a aussi parler de la condition de la femme au 19e siècle, de la petite noblesse sous la Restauration, etc. Mais Une vie pourrait aussi s’étudier en histoire des arts, serait-ce que pour ce court passage :

 » Tout le reste du mobilier unissait les styles les plus divers. C’étaient ces meubles que chaque génération laisse dans la famille et qui font des anciennes maisons des sortes de musées où tout se mêle. Une commode Louis XIV superbe, cuirassée de cuivres éclatants, était flanquée de deux fauteuils Louis XV encore vêtus de leur soie à bouquets. Un secrétaire en bois de rose faisait face à la cheminée qui présentait, sous un globe rond, une pendule de l’Empire « .

Elle pourrait aussi se voir du point de vue du voyage, par le voyage de noce en Corse, arrivée par les Sanguinaires, bref séjour à Ajaccio, départ pour Cargèse, la cité grecque, puis Piana et les Calanche, découverte d’un aigle pêcheur, puis séjour dans une famille où sévit la vendetta.

Il y a plein de façon de relire ce livre, cette fois, j’y ai pris beaucoup de plaisir…

Logo du défi J'aime les classiques Le défi J’aime les classiques est proposé par les Carabistouilles de Marie. Il s’agit de lire ou relire chaque mois, de décembre 2009 à décembre 2010, un grand classique européen au choix, antérieur à 1960. Je regroupe ces lectures sur la page du défi.

La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano

Couverture deu lire de Giordano, la solitude des nombres premiers

J’ai reçu ce livre par le site Chez les filles.com, qui m’a déjà envoyé d’autres ouvrages (voir en fin d’article).

Le livre : La solitude des nombres premiers, de Paolo Giordano, éditions du Seuil, traduit de l’Italien par Nathalie Bauer, 2009, 329 pages, ISBN 978-2020982603.

L’histoire : deux destins qui s’entrecroisent. D’un côté Mattia. Alors qu’il devait assister à une fête d’anniversaire avec Michella, sa sœur jumelle handicapée mentale, il l’abandonne dans un parc en lui promettant de revenir la chercher après la fête… et bien sûr, elle a disparu – définitivement disparu sans laisser de trace. À des centaines de kilomètres de là, le père d’Alice la force à suivre un cours de ski… Ayant eu une envie pressante, elle s’éloigne du groupe, décide de redescendre… et se casse la jambe. Quelques années plus tard, Mattia est surdoué en math, mais a de graves problèmes d’intégration en société, s’automutile… Il croise Alice, elle aussi isolée dans sa classe, parce qu’elle boîte, ne s’intègre pas non plus, est anorexique… Avec des sauts de puce dans le temps, le lecteur les suit jusqu’à la trentaine (enfin, à peu près)…

Mon avis : un livre agréable à lire. Mais j’ai ressenti comme un malaise, je ne sais pas quoi, peut-être la lourdeur des non-dits dans chacune des deux familles, qui rejaillissent sur Mattia et Alice… comme sur le lecteur ?

Je trouve aussi que la couverture, due à Getty images, est très réussie…

Pour aller plus loin : sur l’hypothèse de Riemann, sujet de maîtrise de Mattia, qui concerne les nombres premiers… seul rapport au titre du livre, je vous propose d’aller lire l’article de mathématiques.net et les liens qui sont proposés sur cette page. Sur le syndrome d’Asperger (il n’est pas cité dans le texte, mais Mattia n’en serait-il pas atteint ?), une forme d’autisme à hautes compétences, notamment en mathématiques mais handicap de socialisation, le site de l’association Asperger aide, même si les méthodes de socialisation qu’ils rapportent ressemblent à du dressage… Voir aussi Asperger/Aspie Québec. Pour les formes plus classiques d’autisme, qui pourrait être la maladie dont était atteinte dans le roman Michella, vous trouverez de nombreuses ressources sur le site de l’association Autisme France. Et vous pouvez toujours signer la pétition pour la reconnaissance de l’autisme en France dans les définitions de l’OMS sur le site de l’association Léa pour Samy. Sur l’anorexie (et l’anorexie-boulimie), il y a de très nombreux sites, je vous laisse faire le tour des sites par votre moteur de recherche, mais attention, privilégiez les sites qui ont reçu le label Honcode, qui garantit un sérieux des informations médicales.

Logo de Chez les filles Le site Chez les filles.com (merci à eux et notamment à Suzanne) m’ont déjà envoyé ces autres livres, que j’ai parfois aimés, parfois pas du tout. Retrouvez-les sur la page des livres reçus pour critique.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Lecture : La fausse veuve, de Florence Ben Sadoun

Couverture de la fausse veuve de Ben Sadoun

Il y a un mois, j’ai reçu un mél de Violaine, du site Chez-les-filles.com. En lien avec les éditions Denoël, elle se proposait de m’envoyer le livre La fausse veuve, de Florence Ben Sadoun, à paraître le 25 août 2008 aux éditions Denoël donc (ISBN 978-2-207-26073-9, dépôt légal juin 2008). J’avais reçu le livre très vite, et vous en avais parlé aussitôt. Mais vous ne pouviez pas le trouver en librairie… Il va être mis en rayon dans le prochains jours, je vous remets donc l’article publié l’autre jour, complété avec des liens vers d’autres articles sur le même livre.

Retrouvez d’autres avis : Quoi de neuf Cécile, qui n’a pas trop aimé, pas plus que Praline. D’autres avis chez Bribes, Liliba, Sous le feuillage, le p’tit coin de lecture, lectrissima, Lily et ses livres, Paperblog, Chez Lorraine.

Ce livre, je ne l’aurai assurément pas acheté en librairie, surtout parce que c’est un petit livre (une centaine de pages en caractères assez gros, j’ai plutôt pour habitude d’attaquer des livres plus gros, surtout que je lis assez vite). L’auteure, Florence Ben Sadoun, est directrice de la rédaction de Première, journaliste à ELLE et chroniqueuse cinéma à France Culture. Plutôt prometteur. Puisque je l’ai reçu, je l’ai lu hier soir… et ça a été une bonne surprise.

L’histoire : la narratrice parle à son ami, d’abord dans le coma suite à un accident vasculaire cérébral. Puis réanimé, mais victime du locked-in syndrome. Mais si, ce syndrome, vous le connaissez ! Il a été rendu célèbre par Jean-Dominique Bauby et son livre, Le scaphandre et le papillon (paru chez Laffont et en poche chez Pocket). Son histoire fut adaptée l’année dernière au cinéma par Julien Schnalel, avec Matthieu Amalric dans le rôle principal (si vous n’avez pas lu ce livre, lisez-le, pour le film, il est sorti en DVD…). Ce syndrome donc dans lequel la personne est parfaitement consciente, mais incapable de faire le moindre mouvement, parfois juste un mouvement de paupière. Puis vient la confrontation avec l’ex-femme à l’hôpital, les longs trajets en train depuis la gare du nord, vers un lieu jamais nommé autrement que Le Vomi, mais qui ne peut être que Berck-sur-Mer… Et reviennent aussi des souvenirs d’enfance de la narratrice,  « juive berbère » comme elle se désigne. Et brusquement, on comprend que cet amant, c’est Jean-Dominique Bauby, même s’il n’est pas nommé.

Mon avis : après avoir été confronté au locked-in-syndrome de l’intérieur, par le récit de J.-D. Bauby, Florence Ben Sadoun nous livre l’autre côté de la barrière, celui de l’accompagnant, de son long parcours, de son deuil impossible puisque la personne aimée n’est pas décédée, mais quand même plus tout à fait vivante, et en tout cas plus comme avant. Au début, l’écriture est déroutante, mêlant dans une même phrase tutoiement et vouvoiement. Qui est ce tu, qui est ce vous ? L’amant devenu étranger ? Le lecteur auquel s’adresse le narrateur ? Puis, au fil des pages, des chapitres (très courts, deux, trois pages au maximum), je me suis habituée à ce style, suis entrée dans l’histoire, et l’ai dévoré en une heure à peine… Pas un grand livre, pas de la grande littérature (rien à voir avec les plus de 500 pages de Une histoire d’amour et de ténèbres d’Amos Oz, que j’ai commencé à la suite en fin de soirée), mais un récit poignant, plein de tendresse et de difficultés de la vie quotidienne qui tourne autour de l’autre, devenu absent, enfermé dans un hôpital lointain. Une question, quand même, est-ce bien un roman, ou un récit autobiographique ?

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