Archives de catégorie : Environnement, nucléaire, nature

Des articles sur la préservation de l’environnement, la sortie du nucléaire, la biodiversité.

Intoxication chimique… merci le nouveau voisin!

Après le vacarme infernal et insoutenable de la semaine dernière, voici venu le temps de l’intoxication chimique et du confinement façon incendie ou plan Seveso. En dépit de ma forte dose de cortisone, j’ai fait une grosse allergie respiratoire hier après-midi (d’abord nez qui picote et coule abondamment, puis éternuements en série et toux pour évacuer des sécrétions abondantes) sans comprendre d’où cela pouvait venir, cette nuit, j’ai dû enlever le masque respiratoire de ma machine à pression positive continue (pour l’apnée du sommeil) à cause d’un encombrement du nez et des poumons avec de très fortes sécrétions malgré un comprimé d’antiallergique hier soir, et la cortisone que je prends à haute dose aurait aussi dû limiter cette réaction inflammatoire. Je viens d’aller chercher le journal dans ma boîte aux lettres et l’air de la cage d’escalier est irrespirable. Un produit très irritant et allergisant s’est répandu depuis hier et accumulé pendant la nuit dans la cage d’escalier, s’échappant de chez mon nouveau voisin de palier.

J’ai demandé à la gardienne d’ouvrir en grand les portes de la cage d’escalier pour ventiler ce produit toxique et de demander et saisi le syndic pour qu’il demande à nouveau au nouveau propriétaire de calfeutrer sa porte d’entrée, cette fois plus pour le nuage de plâtre mais pour la poussière.

J’ai aussi rappelé au syndic que l’exposition à un produit toxique et à tout autre événement pouvant mettre en cause la santé ou l’intégrité physique (cf vacarme la semaine dernière et inhalation de poussières de plâtre lors du nettoyage de l’escalier vendredi) ou mentale d’un salarié (la gardienne, employée de la copropriété donc aussi en partie par lui) est répréhensible en droit du travail… Va-t-il falloir un constat d’huissier pour faire cesser tout ça?

En tout cas, de mon côté, c’est serpillière humide en bas de la porte, comme pour la poussière la semaine dernière, mais aussi de l’entourage avec du gros scotch. Je suis obligée de télétravailler avec toutes les fenêtres ouvertes, dans l’air encore glacial du matin, heureusement qu’il fait beau!

Halte aux pesticides

Il est encore temps de rejoindre le mouvement Nous voulons des coquelicots, initié par Fabrice Nicolino et François Veillerette, en participant aux manifestations organisées à 18h30 devant de nombreuses mairies partout en France le premier vendredi de chaque mois et/ou en signant et faisant signer l’appel à la fin de l’usage du glyphosate et autres pesticides, en portant le petit coquelicot sur vos sacs, vêtements ou autre. Une version pin’s (épinglette pour faire plaisir à l’académie française) en vente sur leur site.

Sylvie, C., une amie, est en train de m’en faire fabriquer une série en céramique émaillée par Arc / ateliers artistiques d’Airvault dans les Deux-Sèvres, version gros boutons à coudre, je vous les montrerai quand ils seront terminés… ils sont en cours d’émaillage, mais voici ce que ça donne sur une version précédente. Si vous en voulez en bouton, faites moi signe, j’en ai commandé un peu plus, et je peux regrouper des demandes pour une autre commande. Ils organisent un salon tous les deux ans, le prochain aura lieu les 29 et 30 mai 2021. L’édition 2019 était très sympa !

La Vienne a rejoint le mouvement des Pisseurs involontaires de glyphosate. Des prélèvements ont été réalisés sur 131 personnes à Gençay, Poitiers et Châtellerault. Mon résultat est tombé : à peu près dans la moyenne du département, 1,399 ng/ml d’urine, je n’avais pas mangé bio la veille… 121 plaintes ont été déposées au pénal (pour mise en danger d’autrui, tromperie aggravée et atteinte à l’environnement) au TGI de Poitiers le 18 septembre 2019, voir l’article paru dans Centre presse (oups, je suis au centre de la photo de groupe). Vous pouvez aussi voir une petite vidéo sur leur site. Le pique-nique (bio et sans laisser de déchets!!!) était très sympa, comme vous pouvez le voir sur le reportage de France 3 (19/20 édition Poitiers)… Merci à Héloïse Maurouard et Claire Marquis qui ont assuré la logistique, depuis les prélèvements devant huissiers, leur envoi à Leipzig pour analyse, jusqu’à la constitution des 121 dossiers portés par Maître Guillaume TUMERELLE, avocat au barreau de la Drôme. Jusqu’à présent, plus de 2500 plaintes ont été déposées partout en France, 5000 au total sont prêtes, elles seront regroupées au pôle de santé publique du Parquet du Tribunal de Grande instance de Paris, en espérant qu’elles ne s’y enlisent pas.

Affiche de Tous cobayes de Jean-Paul JaudCertes, l’étude de Gilles-Eric Séralini a été décriée, surtout après une intense activité de lobbying de la part de Monsanto, jusqu’à la suppression de la publication scientifique de son étude, mais la toxicité de ce produit ne fait pas de doute : tout ce qui est en -cide tue, si ça tue les plantes ou les animaux, n’oubliez pas que nous avons plein de gènes en commun, ça peut aussi nous tuer!!!

Rappelons que l’usage du Glyphosate (Roundup de Monsanto, racheté fort cher par mon ami Bayer, et ses génériques) est interdit aux particuliers et aux communes. N’oublions pas que les premières victimes des pesticides sont leurs utilisateurs, au premier rang desquels les agriculteurs (Parkinson précoce, certains cancers notamment du rein) et leurs enfants (puberté précoce, …). Le manque de précautions des agriculteurs est bien montré dans le film qui est d’actualité en ce moment, Au nom de la terre, d’Édouard Bergeon.

Depuis le 1er janvier 2019, vous ne pouvez plus en utiliser sous peine d’amende, s’il vous en reste, il faut rapporter le flacon dans le magasin ou la déchetterie qui vous l’a vendu, ou avec les produits toxiques en déchetterie. La SNCF, les industriels l’utilisent toujours abondamment comme désherbant, ainsi bien sûr que les agriculteurs. Heureusement que le maïs MON810, un OGM résistant au glyphosate, ce qui permet d’arroser le champ avec encore plus de glyphosate sans faire mourir le maïs mais en rendant le champ bien « propre », sans une « mauvaise herbe » (ni une abeille)… le temps que celles-ci intègrent à leur tour le gène de résistance au produit et ne se multiplient à nouveau. Nous ne sommes donc sans doute pas près de le voir disparaître, mais faisons tous des efforts.

Pas un brin d’herbe sur la voie ferrée Poitiers-Limoges, à Lussac-les-Châteaux , ici à l’automne en 2017

Pour les plus courageux, je vous conseille de lire le rapport parlementaire R1560 de la député Bénédicte Taurine sur l’interdiction du glyphosate en France, rapport enregistré le 13 février 2019 à l’assemblée nationale : on y lit qu’il a été vendu 8800 tonnes de matière active du glyphosate en 2017 (soit 30% du volume des pesticides cette année là), lisez aussi les débats sur la même page, la position notre cher député de la Vienne Modem apparenté la République en marche, Nicolas Turquois, lui-même agriculteur : « Interdire le glyphosate brutalement, c’est confronter immédiatement des milliers d’agriculteurs à des difficultés majeures, voire insurmontables dans un certain nombre de cas, en l’état actuel de la recherche. Du fait de son coût très modique, de sa souplesse d’utilisation et de son efficacité, le glyphosate est effectivement devenu un produit omniprésent sur les exploitations agricoles« . Il parle ensuite de l’usage indispensable dans les grandes cultures (oups!!! la monoculture intensive), la vigne et la SNCF :  » la problématique de la SNCF où la lutte contre l’enherbement, et notamment les ligneux tels que les ronces et les épines, est indispensable« . Là, il se trompe, quelques semaines après, la SNCF, qui traite ainsi ses 61000 km de voies ferrées et utilise 0,4% du glyphosate vendu en France a déclaré vouloir sortir progressivement du glyphosate. Dans le même temps, Bayer, qui ne doute de rien pour sauver son produit, tente de vendre un « train pour consommer moins de glyphosate« …

L’interdiction de certains pesticides met longtemps à avoir des effets sur l’environnement. Par exemple, l’atrazine est interdite depuis 2003, c’est un produit très persistant dans l’environnement. Il y a quelques mois, l’agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine (oui, la même qui a interdit l’essai clinique clandestin près de Poitiers) a autorisé en juin 2018 un dépassement pour plusieurs années des seuils de ce produit dans l’eau potable par le syndicat des eaux de Vienne / SIVEER dans le secteur de Saint-Savin (voir au passage ici les documents sur l’abbaye classée au patrimoine mondiale de l’UNESCO) : la presse locale en a rendu compte de cette autorisation de dépassement (voir Centre Presse). Ce produit serait-il encore parfois discrètement utilisé? Qu’en est-il aussi du lindane, un antiparasitaire organochloré très toxique, interdit en Europe depuis 2007, mais dont il subsiste aussi des flacons dans des granges de ce secteur? Espérons que certains agriculteurs ne l’utilisent pas pour éradiquer la mouche wohlfahrtia, tueuse de mouton qui a envahi notamment le sud du département de la Vienne et la Haute-Vienne voisine depuis quelques années.

Le combat n’est pas gagné, mais par endroit, les coquelicots sont quand même de retour… S’ils pouvaient l’être sur tous les bords de route. Quand reverrons-nous le bleuet, devenu encore plus rare?

La centrale nucléaire de Civaux, la Vienne et le karst…

La centrale nucléaire de Civaux vue depuis la ville haute de ChauvignyAprès les incertitudes sur les cuves des deux réacteurs forgées au Japon, le 11 mars 2017, Centre presse et la Nouvelle République parlaient du béton fissuré de la centrale nucléaire de Civaux, révélé dans La farce cachée du nucléaire(Sortir du nucléaire, Éditions Yasnost), un problème connu de longue date et toujours minimisé par EdF, la commission locale d’information / CLI qui a eu lieu depuis a été apparemment agitée. Bientôt ils découvriront qu’elle est aussi installée dans un contexte géologique qui pose aussi problème, le karst, en gros des grottes partout autour et sans doute en-dessous de la centrale, comme avoué à moitié lors de la fuite de tritium de janvier 2012! L’occasion pour moi de rééditer un article publié ici en mars 2011. Et au passage, la première photo est prise depuis la cité médiévale de Chauvigny, des projets d’éoliennes viennent de se faire recaler parce qu’elles allaient gâcher le paysage de la cité médiévale, mais cela n’avait pas posé de problème pour implanter les tours de la centrale nucléaire!!! N’oubliez pas non plus que l’énergie nucléaire n’est pas une énergie sans carbone, il en faut pour construire les centrales, les entretenir, véhiculer chaque jour les milliers de travailleurs des centrales, extraire et transporter l’uranium (produit souvent sans protection des ouvriers en Afrique, ce n’est pas par hasard qu’une usine d’Areva avait été la cible de terroristes), couler les déchets dont on ne sait que faire dans des blocs de béton, etc…


Et pour rappel, avant de vous laisser relire mon ancien article sur le karst de Lussac-les-Châteaux, il est aujourd’hui possible d’acheter de l’énergie sans nucléaire, en devenant comme moi coopérateur chez Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Un fournisseur plus cher qu’EdF… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire (qui financera la prolongation de durée de vie des centrales nucléaires, le juste prix pour l’uranium et le stockage des déchets produits, le « grand carénage, bidouillage pour prolonger la vie des centrales?), une énergie payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)… Dans le département de la Vienne, ceux qui sont abonnés chez Sorégies et non chez EdF ne peuvent toujours pas changer d’opérateur.

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centraleSur la centrale nucléaire de Civaux, vous pouvez aussi (re)lire mes autres articles sur ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)

Article du 17 mars 2011

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneJe vous ai déjà montré cette photographie de la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne à l’occasion d’une sortie sur les orchidées l’année dernière… (vous pouvez relire ces articles : liens vers le musée, sortie sur les orchidées (à retrouver sur le récapitulatif, sortie orchidées à Civaux (2) : Ophrys mouche, quelques orchidées (petites) araignées, plusieurs orchidées pyramidales (Orchis pyramidal ou Anacamptis pyramidalis), sortie orchidées à Civaux (3) : première orchidée bouc, Ophrys abeille, et côté petites bêtes, un clairon, sortie orchidées à Civaux (4) : orchis homme pendu, orchidées boucs, céphalentères à longues feuilles).

Je vous avais d’ailleurs signalé la disparition sur le coteau visité d’une des espèces présentes avant la construction de la centrale, l’hypothèse avancée par les spécialistes de la faune et la flore étant que la présence quasi permanente du panache de vapeur d’eau a modifié l’ensoleillement de ce coteau et pu entraîner cette disparition. Le site d’EDF présente cette centrale comme sûre, mais il y a deux inconnues majeures, le karst et la Vienne.

Quand je suis arrivée dans la région, en 1991, les fouilles archéologiques préventives s’achevaient (leurs résultats sont publiés en plusieurs volumes aux éditions de la société archéologique de Chauvigny). Ensuite, pendant des mois, le chantier a été retardé car il y avait des cavités naturelles dans le terrain… Quelle surprise ! Un karst est connu depuis toujours dans ce secteur, on rapporte la disparition de bêtes dans des trous qui ont pu s’ouvrir naturellement, etc. La présence de ce karst a d’ailleurs permis le développement de nombreuses grottes qui ont pu être occupées ou fréquentées au Paléolithique, certaines dès le Moustérien (Les Rochers de Villeneuve à Lussac-les-Châteaux, où a été trouvé un fémur de Néandertalien daté de 40 à 45.000 ans), d’autres avec des œuvres d’art pariétal (le réseau Guy Martin et la Font-Serein à Lussac-les-Châteaux – cette dernière a un réseau profond, terrain de jeu des spéléogues et qui contient une résurgence) ou mobilier (grottes de La Marche et des Fadets à Lussac-les-Châteaux, grotte de Loubressac à Mazerolles, grotte du Bois-Ragot à Gouex), tous ces sites et quelques autres (comme les Plumettes (aller pages 468-470), la grotte de la Tannerie ou Larrault / Laraux toujours à Lussac-les-Châteaux) ayant aussi livré de nombreux renseignements sur les habitats en grotte entre 28.000 et 10.000 ans avant notre ère. Vous pouvez en savoir plus au musée de préhistoire de Lussac-les-Châteaux, dont je vous ai parlé il y a quelques mois… Les liens sur les sites archéologiques renvoient vers diverses publications, pas toujours la plus récente, mais elles vous donneront déjà une petite idée de ces sites.

Sous la centrale nucléaire de Civaux se trouve donc un réseau karstique directement en liaison avec les nappes phréatiques… Si vous voulez tout savoir sur les karsts de manière assez claire (enfin, à mon avis, mais il y a quand même quelques notions de géologie), je vous invite à lire le dossier de l’école normale supérieure de Lyon sur le sujet, avec de nombreux schémas. Mais aucun risque, nous dit EDF, le karst a été comblé (sauf que tout géologue sait bien qu’un karst actif, ça peut continuer à soutirer, même des dizaines ou des centaines de mètres-cubes de béton ne sauraient suffire), et puis, pas de panique, l’enceinte de confinement passe aussi sous le réacteur… Ces enceintes de confinement ont seulement été calculées par des ingénieurs… Nous avons vu ces derniers jours qu’en grandeur nature au Japon, leur solidité et leur résistance ne sont peut-être pas aussi sûres. Et à Civaux, il n’y aura pas l’océan pour refroidir les réacteurs s’ils s’emballent : le débit de la Vienne est déjà insuffisant pour refroidir deux réacteurs fonctionnant normalement en été, il y en a toujours au moins un à l’arrêt (officiellement pour maintenance) pendant les mois chauds… quand ce ne sont pas des amibes tropicales qui pourraient se développer à cause du réchauffement de l’eau (c’est arrivé en 1998, sur la Loire, devant la centrale de Dampierre)… En 2011, c’est dès le printemps qu’elle connaît des problèmes avec la sécheresse. On nous dit qu’au moins, il n’y aura pas de tsunami… Mais il peut y avoir de grandes crues, comme celles que je vous ai montrées… en 1896 à Confolens ou celle de 1913 à Châtellerault… Civaux est juste entre ces deux villes, il paraît que les aménagements en amont doivent limiter l’impact de ces crues centenaires, mais qu’en sera-t-il si un barrage lâche ??? Si l’enceinte de confinement ne tient pas, la radioactivité pourra partir bien sûr dans l’air, mais aussi directement dans les nappes phréatiques via le système karstique, merci EDF (et les décideurs politiques de l’époque…). Sans oublier celle qui s’échappera dans l’atmosphère, chouette, j’habite à un peu plus de 30 km… hors du périmètre où chacun a reçu -au cas « hautement improbable » où un accident se produirait – des pastilles d’iode. On voit très bien les tours de la centrale depuis le CHU de Poitiers, c’est rassurant, non? Ah, une dernière chose, les gens d’EDF n’arrêtent pas de dire que Civaux n’est pas sur une faille… mais il y a tout un réseau de failles à environ 8km au sud-est. Certes, ce sont des failles qui n’ont pas bougé depuis longtemps, mais pourquoi ne pas le dire? Ce n’est pas difficile à vérifier, il suffit d’aller acheter une carte géologique du BRGM dans n’importe quelle bonne librairie ou sur le site du BRGM (la zone concernée est dans l’angle de quatre cartes, les 590, Chauvigny, 591, La Trimouille, 613, Gençay et 614, Montmorillon). Enfin, côté séismes, il ne semble pas avoir été pris en compte ceux de force supérieure à 6 (Poitiers en grande partie ravagée le 18 octobre 1018 et le 15 novembre 1083, puis à nouveau au 14e siècle notamment le 15 février 1318), séisme estimé à une force 7,5 le 6 octobre 1711 à Loudun. La carte des tremblements de terre de ces 300 dernières années est disponible sur le site de l’observatoire régional de l’environnement en Poitou-Charentes. Celui de 1711 a été étudié dans un rapport très détaillé du BRGM. Certes, ce n’est pas la même faille, mais cela montre que le risque existe aussi dans notre région.

[PS: pour le tremblement de terre de 1083, il est notamment rapporté dans la chronique de Saint-Maixent, voir la transcription du texte latin à la date de 1083 sur le site histoire passion. : « Eodem anno terrae motus factus est magnus, XV° kalendas novembris, in die natalis Sancti Lucae. Pars civitatis Pictavis magna cum ecclesia Sanctae Radegundis combusta est« . Dans la même chronique, des tremblements de terre sont signalés dans la région en 1097 (13 octobre), 1098 (4 octobre)].

Alors, ces derniers jours, la presse, la radio et la télé locales ont bien évoqué la question de la Vienne (pas assez d’eau pour refroidir en été, trop en cas d’inondation en hiver), mais personne n’a parlé de la question du réseau karstique… Un oubli, monsieur le directeur de la centrale de Civaux qui a tenté de justifier sa sécurité lundi dernier au journal régional de France-3?

Je sais bien qu’il est difficile de sortir du nucléaire, vus les choix faits en France… La gestion des déchets à longue durée de vie (cf. les laboratoires d’enfouissement) posait déjà problème, la question de la sécurité des enceintes de confinement mérite d’être posée, ainsi que les choix qui ont été faits par le passé pour l’implantation des centrales, plus guidés par des considérations politiciennes (donner de l’emploi à tel ou tel endroit, par exemple, la centrale de Civaux, petite avec deux réacteurs, emploie plus de 800 personnes) que des contraintes environnementales (présence de failles, de karst, de la mer avec ses tempêtes, de fleuves en crue en hiver ou à sec en été, etc.). Peut-être devrions-nous quand même réfléchir non pas à des énergies alternatives, pas forcément plus propres (il faut tout compter dans l’impact, y compris la production et le démantèlement voire la gestion des déchets à long terme), mais à de sérieuses économies d’énergie, à une fin du gaspillage, à une aide à l’isolation notamment des logements anciens, l’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas! Et si on interdisait vraiment l’éclairage nocturne des vitrines, la climatisation ou le chauffage des magasins portes grandes ouvertes??? Vous trouverez d’autres gestes simples ou plus compliqués (isolation, etc.) sur le site de l’association négaWatt.

Nuit de la chouette

Concours oiseau, étape 4, détail du hibouCe week-end, c’est la nuit de la chouette, organisée tous les deux ans par la ligue de protection des oiseaux. Au programme, conférences et observations partout en France. Les pelotes de réjection de certaines espèces sont de bons indicateurs de l’environnement, les restes qu’elles contiennent permettent de voir par exemple la part d’insectivores, genre musaraignes, et reflètent indirectement les ravages des insecticides, le nombre d’espèces présentes témoignent souvent de la dégradation de la biodiversité au fil des ans…

Concours oiseau, étape 4, deux chouettes, un hibou et un oiseauSinon, la chouette que j’ai choisie pour illustrer l’article a été brodée pour un concours de broderies d’oiseaux sauvages organisé par l’association de Fil en idées et relayé par Zéliane pour un salon à Fleury-les-Aubray en 2011. à partir d’un modèle de Rico Design paru dans Point de croix magazine n° 57, septembre/octobre 2008… à partir d’un modèle de Rico Design paru dans Point de croix magazine n° 57, septembre/octobre 2008… Vous pouvez découvrir aussi la finition en boîte à ruban.

Centrale nucléaire de Civaux, juillet 2016, record de rejets dans la Vienne!

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneCela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de la centrale nucléaire, installée sur un karst, de ses problèmes avec la sécheresse, de crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), de ses fuites de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…

Un entrefilet, hier, dans la presse locale, m’a alertée:

« État des rejets dans la Vienne, de la Centrale de Civaux

La centrale de Civaux est située sur le bassin de la Vienne, entre les stations débitmétriques de Lussac-les-Châteaux (en amont) et de Cubord (en aval). La station de Cubord est la station débitmétrique de référence pour le suivi du fonctionnement de la centrale. Selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire, « l’exploitant de la centrale prend toutes les dispositions pour garantir un débit moyen journalier minimum en Vienne à l’aval du rejet de la centrale supérieur à 10 m ». Au cours du mois de juillet, il est à noter que différents seuils de rejets ont été dépassés. Au total, le seuil de rejets chimiques a été franchi sur 22 jours, et huit jours pour le seuil de rejets radioactifs (avec dérogation) » (Centre presse, 10 août 2016).

Direction le site de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour vérification, mais je n’y ai pas trouvé l’information… le dernier avis d’incident date de juillet 2015 (pas à jour??? dernier arrêt de réacteur signalé en 2015 alors qu’il y en a eu plusieurs en 2016) et les lettres de suite d’inspection du 27 juillet 2016, mais cela ne concerne pas les rejets. Rien non plus sur celui de la commission locale d’information (CLI)…  En cherchant bien, j’ai fini par trouver les chiffres des rejets de juin 2016 sur le site d’EDF (dans la lettre d’information de juillet), mais pas ceux du mois dernier. Ils sont tous en vacances? Pourtant, 22 jours sur 31 de dépassement des rejets chimiques, et à nouveau des rejets radioactifs en dehors de la norme (encore du tritium? pire?), ça ne devrait pas être ainsi caché! Le dernier twitt de la centrale concerne… l’attentat de Nice, ils feraient mieux de surveiller ce qu’ils balancent à la rivière, d’autant qu’avec l’été, il y a des gens qui se baignent en aval…

Déjà en janvier 2016, les rejets de tritium liquide dans la Vienne avaient atteint 19 terrabecquerels (TBq), soit 21,5 % d’autorisation annuelle accordée à la centrale. A fin juin 2016, ils en étaient à 62,153 TBq sur 90 autorisés annuellement (70%). A suivre!

Grand salon national de l’économie sociale et solidaire à Niort ce week-end!

Affiche du salon de l'Economie sociale et solidaire à Niort, 17 et 18 octobre 2014Le week-end prochain (17, 18 et 19 octobre 2014), si je n’avais pas prévu d’aller à   pour l’ouverture de l’atelier d’artiste de mon père dans le cadre des Poaa/portes ouvertes d’ateliers d’artistes, je serais allée à  (les vendredi 17 et samedi 18, salle de l’Acclameur), pour le premier grand salon national de l’économie sociale et solidaire (ESS), coordonné par la caisse régionale de l’économie sociale et solidaire / CRESS et la Région Poitou-Charentes, qui y tiendra sa session. Suivez le lien pour avoir tout le programme! Plein de lycéens y seront le vendredi, dans le cadre d’une opération conjointe de découverte de l’ESS organisée par la MGEN et la Maif. Des ministres et quelques pointures sont annoncées aux débats (Laurence Parisot, ancienne présidente du Médef, défendra sans doute le modèle capitaliste dominant face à Étienne Caniard, président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française, et Roger Belot, président du Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l’Économie Sociale, etc.), des ateliers divers, des rencontres sans aucun doute très riches… Je vous mets en fin d’article un petit film de présentation de l’ESS… pour ceux qui doutent encore!

Logo d'EnercoopSi j’y étais allée, j’aurais sans aucun doute passé un petit -grand!- moment avec Enercoop, une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), mon fournisseur d’électricité (plus cher, c’est un choix!), le seul à garantir une énergie électrique sans apport du nucléaire. Je fais une piètre coopératrice, je n’ai pas encore pu assister à une assemblée générale, mais n’oublie pas de voter!

Vous y trouverez aussi, entre autres, Les ateliers du bocage (réparation de téléphones, ordinateurs etc.), Atemporelle (études archéologiques, animation du patrimoine etc., bonjour à toute l’équipe!), compost’age (association qui œuvre pour… le compostage comme moyen de réduction des déchets), la ligue de l’enseignement (loisirs, éducation populaire), la ruche qui dit oui (vente de produits en circuits courts), terre de liens (achat de terres agricoles pour permettre l’installation de jeunes agriculteurs), et beaucoup d’autres avec qui j’ai des contacts plus ou moins directs et/ou réguliers etc…

Logo de j'adopte un projetA l’occasion de ce salon sera lancée une plateforme locale (Poitou-Charentes) de financement solidaire, J’adopte un projet… je me suis inscrite, même si pour l’instant, le choix de projets est limité, j’en reparlerai sans doute prochainement.

Mes participations chez KivaJe vous rappelle que je suis déjà engagée dans ce type de démarche depuis longtemps (presque 10 ans) via Kiva (microcrédit),

Les vaches maraîchines de la Frole et leur fromage Ulule (financement participatif, revoir ma participation au projet d’achat d’une vache maraîchine de la grole Bagnade, il faudrait que je vous parle de quelques livres et BD achetés aussi par ce moyen)

Livraison du miel 2013 de Parrains d'abeilles
ou du miel, désormais en pré-financement direct à l’apiculteur, parrains d’abeilles, dans l’Indre.

 

Alors, si vous ne venez pas dans le Nord (dommage, mon père organise une super expo!), foncez au salon national de l’économie sociale et solidaire (ESS) à Niort les 17 et 18 octobre!

Un petit film de présentation de l’ESS (Jeun’ess), si ça ne marche pas, voir sur youtube.

Un nouveau mouton poitevin me fait réfléchir sur EELV…

Un mouton poitevin, devant un panneau publicitaire pour une centrale nucléaireLes mystérieux colleurs de moutons poitevins (revoir la première série et la suite, et encore par là après cet article, et plein d’autres regroupés dans la synthèse…) continuent à nous proposer leurs messages… Parmi la nouvelle livraison, ce mouton qui regarde un panneau publicitaire avec une centrale nucléaire… Une version montrait déjà des moutons devant un panneau publicitaire… Désolée, la photo est déformée, j’ai trouvé ce mouton derrière un panneau routier mais impossible de le photographier en face.

La centrale nucléaire de Civaux vue depuis la ville haute de ChauvignyCette fois, elle m’invite à vous renvoyer à mes précédents articles sur ma centrale nucléaire préférée (Civaux, sur la photographie ci-contre, vue depuis la ville haute de Chauvigny en juillet 2012), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012), etc.

Logo Enercoop Elle me remémore aussi une information relayée il y a quelques jours sur son compte facebook par  Enercoop, mon fournisseur d’électricité, le seul à garantir une énergie électrique sans apport du nucléaire. Qu’y ai-je lu? La transcription d’un extrait de l’émission Tous politiques sur France Inter où la nouvelle secrétaire nationale d’Europe écologie les verts déclarait (à écouter par le premier lien ou le petit outil en fin d’article):

– « Qu’est-ce qui n’est pas écologique chez vous ? Dans vos comportements par exemple ? […] »
– Emmanuelle Cosse (secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts) « Je ne suis pas encore abonnée à Enercoop pour payer mon électricité et je devrais le faire ! »

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centraleDonc « on » peut toujours se clamer contre l’énergie nucléaire mais continuer à être abonné à l’énergie nucléaire d’EdF même en zone accessible à Enercoop (dans le département de la Vienne, ceux qui sont abonnés chez Sorégies et non chez EdF ne peuvent toujours pas changer d’opérateur), comme « on » peut être député(e) ou sénateur(trice) EELV (Europe écologie les verts) et se plaindre de quitter un gouvernement favorable aux OGM, à l’exploitation des gaz de schiste, à l’Airault-port et à la prolongation de la vie des centrales nucléaires. Pour information, Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Un fournisseur plus cher qu’EdF… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire (qui financera la prolongation de durée de vie des centrales nucléaires, le juste prix pour l’uranium et le stockage des déchets produits?), une énergie payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Et n’oubliez pas que l’électricité la moins chère est celle que l’on ne consomme pas, éteignez les lumières inutiles, débranchez vos chargeurs quand ils ne servent pas (le transformateur consomme de l’énergie), éteignez vos appareils électriques au lieu de les mettre en veille (une multiprise à interrupteur est bien pratique), sortez le linge dehors plutôt qu’utiliser le sèche-linge (bien plus énergivore que la machine à laver)… Vous trouverez d’autres gestes simples ou plus compliqués (isolation, etc.) sur le site de l’association négaWatt.

Deux moutons poitevins, élevé pour l'abattage et aux dents de loupJ’ai aussi repéré deux autres moutons « nouvelles versions », un « élevé pour l’abattage » (Pâques approche, les agneaux mâles vont passer à la casserole… comme les électeurs qui gobent couleuvres sur couleuvres) et un autre aux dents de loup! Il me fait penser au Loup et l’agneau, brodé il y a quelques années… En commentaire du précédent article, Véro bis me rappelait que je lui avais envoyé il y a déjà un bon moment une pochette avec un mouton en blackwork. Suivez le mot-clef mouton, vous y trouverez plein d’autres congénères, en broderie, en sculpture, en autocollants…

Ci-dessous, l’émission de France Inter:

Grand central de Rebecca Zlotowski

Affiche du film Grand central de Rebecca ZlotowskiNouvelle sortie cinéma avec le film de Rebecca Zlotowski, Grand central [de la même réalisatrice, voir aussi Planétarium].

Le film : de nos jours dans la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (quatre réacteurs nucléaires) dans la vallée du Rhône en Ardèche. Gary (), gamin attardé (la petite trentaine, il est né en 1984) de la banlieue lyonnaise, erre de petit boulot en petit boulot quand il est embauché sans grande difficulté par une entreprise sous-traitante du nucléaire. Après une brève « formation », il est intégré dans une équipe dont il partage aussi la vie au camping du coin avec Toni, le quadra stérile (Denis Ménochet, il a pris trop de « dose » radioactive?), Karole (), l’amie avec laquelle il doit bientôt se marier, Gilles (), l’aîné du groupe, désabusé par ce sale boulot. Les intérimaires se retrouvent à réaliser les tâches qu’il vaut mieux ne pas confier aux permanents d’EdF (mieux payés, moins exposés à la radioactivité, parking à part, électricité gratuite, dixit le film). Sur fond de course à éviter de prendre trop de rayonnement radioactif (surtout synonyme de fin du boulot), avec la complicité des dirigeants de la société sous-traitante pour traficoter les résultats des dosages, Gary tombe amoureux de Karole…

Mon avis : deux aspects dans ce film, l’histoire d’amour entre Karole et Gary, ou plutôt Gary et Karole, car on peut se demander si cette dernière ne s’est pas engagée avec lui uniquement pour trouver un « donneur de sperme » qui pourrait suppléer à la défaillance de Toni, l’amour de sa vie devenu stérile, probablement suite à une trop grande exposition à la radioactivité. Le deuxième est une dénonciation somme toute soft et pas militante des conditions de travail dans le nucléaire, l’abus d’emplois d’intérimaires bien pratiques puisque leur exposition aux doses est plus discrète, ils finiront par disparaître dans la nature… Et ne croyez pas que c’est une vue de l’esprit, cela a été l’objet de plusieurs reportages en France, et actuellement à Fukushima (voir cet article du Monde sur la nouvelle fuite en cours, avec de nombreux liens utiles pour comprendre ce qui se passe), Tepco recoure aux mêmes méthodes (voire pire: les dosimètres individuels ne sont pas seulement cachés, certains ont avoué avoir été contraints de les planquer sous des plaques de plomb pour qu’ils n’enregistrent pas la radioactivité). , découvert dans Un prophète de Jacques Audiard, est vraiment excellent, comme , que j’avais bien aimé aussi dans L’enfant d’en haut de Ursula Meyer. La partie bricolage et défaut de sécurité des intérimaires du nucléaire est traitée par suggestions que je trouve très efficaces: elles devraient amener les spectateurs « non militants » à se poser des questions de manière peut-être plus douce que les films militants, finalement vus plus par des militants déjà convaincus que par ceux qui auraient intérêt à comprendre ce qui se passe dans nos centrales, où les incidents de niveau 0 et 1, liés le plus souvent à des non-respects des procédures de sécurité se multiplient année après année, dénoncés rapports après rapports par l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) sans qu’aucune mesure ne soit prise sur le long terme. EdF sera-t-il enfin contraint d’assumer les risques et d’embaucher en direct ce sous-prolétariat du nucléaire, qui prend la plus grande partie des doses radioactives et sans suivi médical à long terme?

Pour aller plus loin : EdF n’a bien sûr pas autorisé le tournage à l’intérieur de l’une de ses centrales nucléaires « si sûres » (revoir ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, etc.) de tels manquements à la sécurité, le film a donc été tourné en Autriche, sur le Danube, dans la centrale nucléaire de Zwentendorf… la seule centrale nucléaire autrichienne, construite à une cinquantaine de kilomètres de Vienne, et jamais mise en service suite à un référendum en 1978! Elle se visite depuis 2010 et sert aussi à des tournages…

A titre personnel, je me suis engagée avec Enercoop un fournisseur plus cher… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire, payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Poitiers-Limoges, non à la LGV, mais…

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d'un train au ralenti, grêle sur le talus.

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d’un train au ralenti, grêle sur le talus.

Depuis jeudi dernier, 30 mai 2013, et jusqu’au 12 juillet s’est ouverte l’enquête publique pour la construction d’une ligne à grande vitesse (LGV) à voie unique sous concession privée entre Poitiers et Limoges, les registres sont ouverts dans les préfectures de la Vienne à Poitiers et de la Haute-Vienne à Limoges et sur les communes du trajet. Il va falloir que je réussisse à me libérer pur étudier de plus près au moins une partie de 5000 pages du dossier. Il y a 120 km par la route entre Poitiers et Limoges, il faut compter 1h45 quand il n’y a pas de bouchons et si les entrées de Poitiers et Limoges sont à peu près fluides. La route est très dangereuse avec des morts chaque année ou presque, des montées et des descentes, pas de visibilité, de nombreux camions, peu de zones à trois ou quatre voies. Le trajet en TER prend – en principe – 1h50, puis compter entre 1h45 et plus de 2h pour Paris (avec les travaux sur les voies), temps qui sera ramené à 1h30 quand la LGV Bordeaux-Tours sera ouvertes, d’ici 2017 au plus tôt.

La situation actuelle

Actuellement, les habitants de Limoges qui veulent aller à Paris ont le choix entre deux options: prendre le TER jusqu’à Poitiers puis le TGV (train à grande vitesse) Poitiers-Paris, soit prendre le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Depuis les nouveaux horaires de la SNCF, il n’y a plus de correspondance possible avec le TGV pour Paris tôt le matin, un habitant de Lussac-les-Châteaux avait médiatisé le fait qu’il avait été obligé de renoncer au TER et obligé d’acheter une voiture pour prendre ce TGV, la SNCF avait répondu qu’elle donnait priorité aux travailleurs à Poitiers et que c’était pour cela que le TER arrivait quelques minutes plus tard…

L’expérience en TER du 29 mai 2013

La ligne TER Poitiers-Limoges est actuellement sur sa plus grande partie à voie unique, avec des croisements possibles seulement dans certaines gares. Au moindre grain de sable (ou grain atlantique chargé de grêle, ce que l’on voit sur le talus ci-dessus, vers le Dorat mercredi dernier, à bord du TER), les retards sont importants. Même en temps normal, les attentes en gare pour croisement (prévues dans les horaires) font enrager les passagers. Mercredi dernier donc, je devais rentrer en train de Limoges avec une collègue. TER 868012, départ de Limoges à 18h08, arrivée prévue à Poitiers à 19h56. Arrivés à Nantiat, on nous annonce qu’il y aura une attente d’une vingtaine de minutes pour croiser avec le train en provenance du Dorat, en retard…  Le train d’en face finit par passer, mais le signal ne repasse pas au vert… Appel du conducteur de train, il finit par passer au rouge à 30km/h jusqu’au Montmorillon. Là, le retard accumulé est déjà d’une bonne heure, nous devrions être arrivés depuis une dizaine de minutes… et on nous dit que l’on va encore attendre 10 minutes de plus pour laisser passer le train en provenance de Lussac-les-Châteaux. Nous finissons par arriver dans cette gare, les voyageurs y ont encore moins d’informations que nous: la gare est fermée, il y a bien un numéro d’appel -surtaxé!- pour un service d’assistance de la SNCF, mais ce service ferme à 19h30! Finalement, nous arrivons à Poitiers à 21h35, avec 1h45 de retard, sans excuse ni offre de remboursement (ceux-ci ne concernent pas les lignes régionales).

Le POLT

Actuellement, Limoges est à 3h de Paris par le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Cette ligne dessert de nombreux territoires ruraux et préfectures de départements peu peuplés.

Le projet de LGV

Le tracé officiel du projet de LGV Poitiers-LimogesD’après le site officiel, le but de cette ligne nouvelle, privée mais avec des subventions publiques importantes, est de mettre Poitiers et Limoges à 35 minutes et Paris-Limoges à 2 heures. Le raccordement avec la ligne nouvelle en cours de construction (Paris)-Tours-Bordeaux se fera au sud de Poitiers, vers Vivonne (à Iteuil), il ne semble pas question de desservir la gare de Poitiers, l’embranchement est à 10km au sud de Poitiers, et si une gare nouvelle est prévue là-bas (ce qui n’est pas d’actualité, mais on a parlé d’une gare à côté de l’aéroport de Poitiers-Biard, juste à côté de l’ancien Fronstalag), il faudra au moins 20 minutes de trajet supplémentaire en voiture et 30 à 40 minutes en bus pour tenir compte des délais de correspondance. Des études ont été menées il y a une dizaine d’années, en 2004-2006, en 2007, le Grenelle Environnement la présentait comme une première étape vers une liaison à grande vitesse Nantes-Lyon. Le coût de la ligne (1,7 milliard d’euros) est en cours de discussion dans le cadre de la pertinence des investissements face à la crise économique: la « Commission Duron » aurait, nous a-t-on dit fin mars 2013, classé ce projet de LGV bon dernier au niveau de sa pertinence, mais l’enquête publique a été lancée à marche forcée (Tulle et la Corrèze ne sont pas loin de Limoges)…

Le massacre environnemental pour un gain de temps limité

Pour gagner à peine quelques minutes de plus que dans les solutions alternatives et pour un coût exorbitant à la charge des contribuables (et au profit du futur concessionnaire de la ligne), la vallée de la Vienne sera défigurée par la saignée de la ligne nouvelle: certes, il y a déjà la centrale nucléaire de Civaux sur le trajet, mais ce n’est pas une raison pour en ajouter. Si le trajet n’a pas évolué dans le détail depuis 2007, alors il passe à quelques dizaines de mètres de la grotte du Bois-Ragot à Gouex. Sans compter le nombre d’exploitations agricoles qui seront impactées, coupées en deux, avec encore moins de terres…

Un projet non rentable de l’aveu même de réseau ferré de France

De l’aveu même de Réseau ferré de France (RFF), le projet de LGV Poitiers-Limoges ne sera pas rentable. Le coût moyen de cette LGV est actuellement chiffré à 30 millions d’euros par kilomètre… 20% de moins qu’une ligne LGV classique parce qu’il s’agit… d’une LGV à voie unique (oui, vous avez bien lu, à voie unique, à la moindre panne, ça coincera comme pour le TER actuel). Le coût estimé est quand même actuellement de 1,7 milliard d’euros. Pour tenter de le rendre un peu plus rentable, RFF propose rien moins que de supprimer la moitié des liaisons du POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) dès maintenant… ce qui a eu pour effet de relancer les défenseurs de POLT dans leur combat.

Un TGV omnibus? La demande absurde de Montmorillon

Le maire de Montmorillon et les élus du sud de la Vienne proposent la construction d’une garde TGV dans leur secteur, pour les désenclaver… Vous avez déjà vu un TGV-Omnibus qui s’arrêterait tous les 50 km? Quand on sait la distance nécessaire à l’accélération et au freinage de ces trains, construire une ligne nouvelle pour gagner encore moins de temps est encore plus absurde! Pourquoi ne soutiennent-ils pas la modernisation du TER?

La position des élus a changé au fil des ans… Si le maire PS de Limoges, Alain Rodet, et le président PS du conseil régional du Limousin, Jean-Paul Denanot, poussent à l’accélération du projet de LGV, la position des élus de Poitou-Charentes a fluctué au fil des mois:
– Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, était pour le projet. Les sénatoriales s’annonçant, et comme il a besoin des voix des maires du sud-Vienne, il est maintenant réservé sauf s’il y avait une gare dans ce secteur
– Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, plutôt défavorable jusqu’à présent, est maintenant favorable pour ne pas pénaliser Limoges, mais refuse l’engagement financier de la Région
– Alain Clayès, député-maire PS de Poitiers, est pour le projet, qui serait une opportunité pour Poitiers… sauf que les TGV en provenance de Limoges ne s’y arrêteront pas, puisque la gare est à dix kilomètres au sud.

Les alternatives

La modernisation du POLT

Le collectif Non à la LGV est en faveur de la modernisation du POLT, avec de très bons arguments:en dehors de Limoges, toutes les gares du trajet bénéficieraient d’une liaison améliorée. Il y a une vingtaine d’années, il avait été question de transformer cette voie pour accueillir un train pendulaire, la technologie retenue par l’Allemagne et beaucoup moins chère que les LGV/TGV. Actuellement, quelques aménagements limités (suppressions de passages  niveau) sont en cours. Pour un coût bien moindre que la LGV et une meilleure desserte des gares au-delà de Limoges, la modernisation du POLT pourrait mettre Limoges à 2h30 de Paris (3h actuellement) contre 2h10 avec le LGV par Poitiers et améliorerait aussi les dessertes des gares situées entre Toulouse et Paris (Châteauroux, Brive, Montauban, Cahors, etc.).

Le doublement de la ligne Poitiers-Limoges

Indépendamment de la modernisation du Polt, qui semble la solution la plus raisonnable pour une liaison Limoges-Paris mais aussi de toutes les gares entre Toulouse et Paris, la mise à deux voies du TER Poitiers-Limoges permettrait de réduire la durée du trajet entre Limoges et Poitiers, en se libérant de l’aléa des croisements en gare et des retards qui se répercutent d’un sens de circulation sur l’autre. En TER, il doit être possible de faire 120 km en bien moins qu’1h50!

 

Les « Verts » partiront seuls aux municipales à Poitiers

Europe écologie les Verts lance le journal de campagne pour les municipales 2014 à PoitiersEn 2014, dans la plupart des grandes villes, Europe écologie les Verts / EELV (et aussi les groupes de la Vienne) partira seul au premier tour des élections municipales. A Poitiers, ils siègent au conseil municipal avec la majorité socialiste depuis 1989. Ils lançaient hier dans leur local devant la presse et quelques blogueurs et ce matin au marché leur journal de campagne, Transition, au vert citoyen(ne)s. En couverture, un petit bonhomme asexué, qui symbolise la stricte parité dans leur parti: les têtes de listes seront dans chaque ville, jusqu’à l’automne, un doublet homme/femme élu par les militants, puis il y aura une harmonisation nationale pour qu’il y ait autant de têtes de listes hommes que femmes à l’échelle régionale et nationale. De même, ils s’appliquent le non-cumul des mandats et la limitation à trois mandats électifs consécutifs, pour favoriser le renouvellement des élus.

Ils souhaitent construire leur programme de manière participative (co-construction du programme), et ont déjà organisé des réunions d’information et des rencontres dans les différents quartier de la ville. La prochaine aura lieu centre-ville (au biblio café, rue de la cathédrale, le 18 avril 2013 à 20h). Ces rencontres vont déboucher sur des soirées thématiques, dans un lieu à définir le 29 avril autour de la sortie du nucléaire, le 2 mai à la maison du Peuple sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Et pour ceux qui sont intéressés, ils sont réunis depuis ce matin (samedi 13 avril 2013) pour une grande journée de rencontre ouverte à tous dans l’amphithéâtre de la faculté de droit place du Général de Gaulle (place du marché) autour du thème « La transition énergétique dans l’habitat: une opportunité pour l’emploi? ». Vous pouvez les rejoindre cet après-midi!

Le programme des différentes rencontres sera mis à jour sur le site des groupes EELV de la Vienne.

EELV envisage la campagne au niveau de l’agglomération de Poitiers: les délégués à l’agglomération resteront désignés par les différents conseils municipaux, or c’est à l’échelle de l’agglomération que se négocient les enjeux de déplacement, d’emploi, etc.

L’humain sera au cœur de leurs actions, il s’agira de montrer que le « vivre ensemble » et la sobriété (énergétique entre autre) peuvent être gais!  La « conversion écologique de l’économie » sera une source d’emploi…

Et puisque nous sommes en période de grande « transparence politique », j’ai demandé où ils en étaient à titre personnel sur la transition énergétique (moins grande consommation individuelle, sortie du nucléaire, possible par exemple avec Enercoop, le fournisseur que j’ai choisi, production d’eau chaude solaire)… Et oui, comment encourager la reconversion énergétique si on ne l’applique pas soi-même… Bonne nouvelle, si aucun(e) des présents n’a quitté le « fournisseur nucléaire national », certain(e)s y réfléchissent;

– l’un(e) [pour respecter le neutre…] tente de poser des panneaux solaires chez lui, mais se heurte de manière inexplicable à l’architecte des bâtiments de France, bien qu’habitant en secteur sauvegardé, il devrait y avoir des solutions acceptables à trouver pour utiliser le soleil sans nuire au patrimoine…

– un(e) autre a renoncé à la voiture individuelle: quand on habite et travaille en ville, c’est faisable. De mon côté, je me débrouille très bien depuis 20 ans entre la marche à pied, les bus et la location occasionnelle de voiture, simplifiée encore depuis quelques années avec l’auto-partage;

– l’isolation des habitations, pourtant pas toujours simple dans le bâti ancien, est en bonne voie chez chacun(e), et prônée dans le programme: elle permet de réduire les dépenses en énergie et donc de récupérer du pouvoir d’achat…

– l’un(e) a choisi un réseau bancaire de l’économie sociale et solidaire (crédit coopératif),

– tous sont cyclistes, le vélo semble même poser un problème dans leur local, une affichette recommande de les « laisser à l’extérieur » ;-),

– etc…

A suivre… leur journal de campagne est mensuel!

Petit complément très personnel (non abordé dans la conférence de presse, mais puisque, aujourd’hui, je parle politique…): je me moque bien des déclarations de patrimoine des élus, les conflits d’intérêts sont plus importants (avocats d’affaire et lobbyiste, médecin ou pharmacien conseillant l’industrie pharmaceutique et.), mais soigneusement évités dans le débat actuel. Un(e) « vert(e) » en 4×4 me choque autant qu’un(e) « vert(e) » (comme Mme Duflot il y a quelques mois) en voiture électrique tant que celle-ci est alimentée en énergie nucléaire avec des batteries extrêmement polluantes à produire et éliminer… Mais j’en ai déjà parlé dans cet article