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La charité de saint Martin devant la basilique à Tours

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 1, vue de loinVoici une réédition de mon article du 14 juin 2011, avec des photographies de fin novembre 2016. Je laisse la première ici pour vous rendre compte de la différence, j’ai laissé les anciennes photos de 2011 en fin d’article.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, vue d'ensembleDevant la basilique Saint-Martin de Tours se trouve une charité de saint Martin, scène très souvent représentée où Martin, soldat romain dans la région d’Amiens, partage son manteau avec un pauvre. Je tire une partie des données du dossier documentaire établi par le service régional de l’inventaire de la région Centre. Je vous ai déjà parlé du fameux Martin à propos de l’abbaye qu’il a fondée à Ligugé dans la Vienne.

La signature Henri Varenne sur le socleCe monument est signé de Henri [Frédéric] Varenne
et a été inauguré en 1928. Je vous ai déjà parlé de ce sculpteur pour les façades de l’hôtel de ville et de la gare de Tours. Je vous parlerai aussi bientôt de son buste du général Meunier dans le jardin des prébendes d’Oe, toujours à Tours, et des sculptures de la gare (voir l’extérieur et l’intérieur) et de la préfecture de Limoges. Un premier projet de monument, daté de 1922, avait été présenté par le sculpteur François Sicard (l’auteur à Tours des atlantes de l’hôtel de ville et, à venir bientôt, du monument à Racan dans le jardin des prébendes d’Oe et d’Anatole France dans le jardin de la préfecture), dont un plâtre est conservé au Musée des Beaux-Arts de Tours. La signature « H. VARENNE », très érodée, apparaît sur la base du groupe sculpté et les initiales H.V. sur la base de chacune des statues latérales.
Charité de saint Martin par Varenne à Tours, vue de dosLe monument, en ciment moulé et pierre sculptée, se compose d’un pilier formé de quatre colonnes corinthiennes (ici de dos)

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, la Charité encadrée de deux évêques … au sommet duquel se trouve la charité dans une représentation très classique, surmontée d’une croix…

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, le dos de la croix… plus ouvragée au dos.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail de la charitéMartin, vêtu en cavalier romain, assis sur son cheval…

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail de saint Martin…  coupe en deux avec son épée son manteau…

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail de l'infirme… pour l’offrir à un pauvre infirme agenouillé, appuyé sur sa béquille.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail de l'infirme vu de trois quartsOn le voit peut-être mieux ainsi de trois quarts.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail de saint PerpetSur des consoles posées à hauteur de la base des chapiteaux corinthiens ont pris place deux statues d’évêques en pied. Si les auteurs s’accordent pour Perpetuus, francisé en Perpet ou Perpétue (6ème évêque de Tours (évêque de Tours de 460 environ à sa mort vers 490, canonisé), qui fit construire la première basilique Saint-Martin consacrée le 4 juillet 471), l’identification du second évêque est plus variable.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, détail du deuxième évêqueCertains y voient un second saint Martin, d’autres, et c’est plus probable, saint Grégoire, 19ème évêque de Tours (né vers 539 et mort à Tours en 594), historien de l’Église et des Francs. Tous deux en tout cas portent tous les vêtements liturgiques, chasuble, aube, étole, pallium dont je vous ai détaillé la description sur cet autre exemple.

Charité de saint Martin par Varenne à Tours, paons à la coupeDeux paons s’affrontent de chaque côté d’un vase (rappelant les oiseaux à la coupe de l’époque romane) sur un décor de vignes sur le piédestal du pilier.

Pour mémoire, mes photographies de 2011…

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 3 bis, le monument, vue générale rapprochée

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 2, la signature H. Varenne Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 3, les colonnes et la croix vues de dos

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 4, le groupe sculpté de la Charité en haut

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 5, détail de la charité

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 6, la Charité, le soldat et l'infirme avec béquille

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 7, l'évêque à gauche

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 8, l'évêque à droite

Tours, la charité de saint Martin par Varenne, 9, les deux paons affrontés

L’amour sur un dauphin de Durenne

L'amour sur un dauphin de Durenne, dans le parc de Blossac à Poitiers

Il y a quelques heures, Grégory me signalait un reportage de France 3 Poitou-Charentes sur le vol la nuit dernière (du 6 au 7 juillet 2015) de l’Amour sur un dauphin d’Antoine Durenne dans le parc de Blossac à Poitiers. Je ré-édite cet ancien article, en espérant qu’il sera retrouvé « sain et sauf »… Il est en fonte, pas en bronze, donc il n’y a que du fer, pas le moindre gramme de cuivre pour un revendeur de métaux… Même s’il s’agit d’une oeuvre de catalogue, éditée à plusieurs exemplaires, nous ne pouvons que condamner ce vol…

Article du 16 mai 2010

Il y a plusieurs mois que je vous avais montré les œuvres d’Antoine Durenne dans le parc de Blossac à Poitiers : la fontaine aux amours et aux nymphes et l’Amour sur un griffon ou une lionne, le Faune au coquillage et le Faune soufflant dans une corne. Il me manquait à l’époque l’amour sur un dauphin, mais en fait, je passe souvent devant sans faire attention… Il est caché dans la végétation devant les aquariums, juste avant les cages quand vous entrez dans le jardin anglais par la rue.

Le voici de plus près et en faisant le tour…

Quatre vues de L'amour sur un dauphin de Durenne, dans le parc de Blossac à Poitiers

Poitiers, carte postale ancienne, l'amour sur un dauphin au parc de Blossac Et puis, j’ai fini par trouver une carte postale ancienne (enfin, sans doute pas si ancienne, disons des années 1950/1960) avec cet amour…

Les autres articles sur le parc de Blosssac

Ce qui reste de l’exposition coloniale de 1931 à Paris…

Paris, le palais des colonies de l'exposition coloniale de 1931La manifestation Peaux de tigre et de pouilleux, Du colonisé à l’étranger, organisée par le théâtre et auditorium / TAP et l’université de Poitiers, se poursuit jusqu’à demain (16 novembre 2014). Je vous parlerai prochainement de Exhibit B de Bett Bailey (en 12 tableaux humains, au musée), une performance qui ne peut pas laisser indifférent et où il sera impossible de voir un père expliquer à son fils qu’il a devant lui la preuve de l’existence des races (voir mon expérience à l’occasion de Exhibitions, exposition au musée du quai Branly à Paris en 2012). J’irai sans doute voir l’exposition proposée par la fondation pour l’éducation contre le racisme – de Lilian Thuram –dans le hall du théâtre et auditorium / TAP.

La France coloniale de Léon Drivier porte Dorée à ParisEn attendant, voici un aperçu des installations de l’exposition coloniale de 1931 toujours visibles à la limite de Vincennes et Paris. Je vous prépare une série d’articles sur celles-ci. En arrivant Porte Dorée, vous ne pouvez pas rater La France coloniale de Léon Drivier. Si elle est maintenant au bout d’un bassin (et a perdu son titre), elle était à l’entrée du palais colonial, en haut des marches.

Paris, palais des colonies, sculptures de Alfred Janniot: L'apport économique des colonies,Je consacrerai plusieurs articles au « palais colonial », ex-musée des colonies devenu musée des arts d’Afrique et d’Océanie avant d’accueillir la Cité de l’immigration, « construit de 1928 à 1931 par Albert Laprade en association avec  et avec la collaboration de L.E. Bazin », comme dit la plaque inaugurale. Un article sur les reliefs extérieurs bien sûr, reliefs réalisés par Alfred Janniot (1889-1969), chargé d’illustrer L’apport économique des colonies, et assisté de Gabriel Forestier et Charles Barbéris…

Paris, palais des colonies, peintures intérieures de Pierre Ducos de la Haille… un autre article sur les peintures intérieures de Pierre Ducos de la Haille qui ont été très bien restaurées et sont expliquées et contextualisées,

Paris, palais des colonies, rampe en ferronnerie d'Edgar Brandt… peut-être un article sur le décor art déco, auquel ont participé de nombreux artistes dont , ci-contre la rampe en ferronnerie d’Edgar Brandt

Paris, entrée de l'ancien palais des colonies, aujourd'hui cité de l'immigration… un dernier article traitera de la Cité de l’immigration, je ne suis pas très convaincue par les choix réalisés, et une ligne ou deux sur l’aquarium au sous-sol.

Paris, monument au commandant MarchandEnfin, dans le parc en face du « palais », je vous parlerai du monument au commandant Marchand (mission dite Congo-Nil, 1896-1898), même s’il a été installé plus tard, dans la même veine que le monument aux pionniers de la Côte-d’Ivoire, à La Rochelle.

Couverture de Cacaouettes et bananes, de Jean-Richard BlochParu dans les mêmes années (1929), le livre Cacaouettes [sic] et bananes, de l’intellectuel communiste Jean-Richard Bloch, m’a surprise il y a quelques semaines par ses positions sur les « bienfaits du colonialisme ».

 

Sur le site de l’INA, voir ce petit film sur l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes (je vous l’ai déjà proposé, mais il mérite vraiment d’être regardé)

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, promis à la destruction?

Le monument aux morts de Salins-les-BainsEn attendant d’aller à Moncoutant demain (9 novembre 2014), je suis allée au printemps au salon de Nans-sous-Sainte-Anne. Marlie m’avait aussi permis de faire quelques dizaines de photographies à Salins-les-Bains dans le . Pour cette semaine consacrée à la première guerre mondiale, je vous présente aujourd’hui le monument aux morts, qui se trouve un peu à l’écart du centre-ville, vers la gare, au carrefour d’Ornans. Il a été érigé non loin du monument aux morts de 1870-1871, dont je vous parlerai prochainement. Situé à un carrefour où il n’est pas simple de se garer pour les cérémonies ni aux anciens combattants de s’asseoir (si, c’est ce qui est écrit dans le bulletin municipal), en 2011, la mairie lançait une consultation pour le déplacer « sur un autre emplacement – plat – accessible – paisible ». Par délibération du 27 mai 2013, décision était prise de le démolir et d’installer un nouveau monument aux morts (décidément c’est la mode, voir dimanche prochain à Poitiers) dans le parc des Cordeliers en lien avec le nouvel établissement thermal, mais une pétition avait été lancée. En mai 2014, il était toujours à son emplacement d’origine. D’autres villes (revoir AmboiseNiort, ou même le gigantesque monument aux morts de Skikda (Philippeville) déplacé à Toulouse) ont opté pour le déplacement du monument, pas pour sa destruction (sauf quand il y a eu destruction pendant la deuxième guerre mondiale comme à Metz pour le monument aux morts de 1914-1918 et le monument au Poilu libérateur) et remplacement par un monument neuf mieux placé.

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, dans son environnement sur une carte postale ancienneCe carrefour était un lieu tranquille dans les années 1920, si l’on en juge par cette carte postale ancienne.

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, carte postale ancienneIl est l’œuvre d’Eugène [Marie Joseph] Bourgouin (Reims, 1880 – Paris, 1924). Il porte les inscriptions « 1914-1918 / Salins / Bracon / à leurs morts / glorieux ». Il se présente sous la forme d’une très haute stèle. Sur l’avant, deux registres se superposent.

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, les deux soldatsEn bas, se tiennent deux soldats, tiens, comme à Amboise, mais dans une disposition très différente: ils sont ici à peine détachés du massif de pierre et se tiennent très droites, au garde à vous, en appui sur les longs fusils qu’ils tiennent devant eux.

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, la Victoire ou RépubliqueSur le registre supérieur se tient une allégorie de la République, très raide, sous les traits d’une dont les ailes sont juste gravées sur le fond de la pierre. Les bras tendus vers le bas (et non dressés vers le haut comme pour la République du monument aux morts d’Angoulême), elle tient des ses mains deux couronnes en bronze.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, Victoire Personnellement, je préfère la Victoire de Camille Raynaud à Toulouse, nue et grassouillette, qui avait fait scandale à l’époque…

Le monument aux morts de Salins-les-Bains, palmes et dos du monumentPour revenir à Salins, le reste du décor se compose de palmes, traitées ici avec les feuilles et les grappes de fruits (régimes de dattes). Au dos du monument sont portés les noms des morts pour la France de 1914-1918, complétés par des plaques avec les victimes des conflits ultérieurs.

Photographies d’avril 2014

Le monument aux morts d’Amboise

Amboise, le monument aux morts dans son environnement A Amboise, le monument aux morts de 1914-1918 s’est un peu promené… il est aujourd’hui situé sur le Mail (place du Général de Gaulle), côté Loire, à peu près en face de l’office de Tourisme et pas très bien mis en valeur!

Amboise, le monument aux mortsC’est un peu mieux si on traverse…

Amboise, le monument aux morts, carte postale ancienneIl ne se trouve là que depuis mai 1982. Il se trouvait avant sur une place arborée, devenue aujourd’hui square des Anciens d’Afrique du Nord, pas très loin, en fait presque de l’autre côté du boulevard, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. il a été financé par souscription publique, subvention (au prorata du nombre de morts de la commune, rappelons-le) et des bénéfices sur la vente de poissons de Loire. Il y a été inauguré le 13 juillet 1924.

Amboise, le monument aux morts, carte postale ancienneCette autre carte porte comme mention « Angibault sculpt[eur], Garaud stat[uaire]. En fait, Gustave Angibault était marbrier à Amboise et n’a réalisé que les ornements annexes.

Amboise, le monument aux morts, signatures Angibault et Camille GarandOn retrouve les signatures sur le socle: « G. Angibault et Garand ». Ce dernier est Camille Garand (Nouans-les-Fontaines, 1879 – 1979), sculpteur tourangeau qui est l’auteur de plusieurs monuments aux morts dans le secteur.

Amboise, le monument aux morts, vue de profilLe monument se compose d’un haut socle en granite qui porte des listes de morts sur trois faces (deux pour 1914-1918, une pour les autres conflits) et au sommet, un groupe sculpté en calcaire.

Amboise, le monument aux morts, vue rapprochée du groupe sculptéCe groupe comprend deux soldats qui se recueillent devant la tombe d’un soldat mort (« pro patria »), avec une croix de guerre et recouverte du casque du défunt d’où semble s’échapper une pluie de roses. Une allégorie féminine couronnée (la ville d’Amboise dont elle porte les armoiries), qui tient une couronne, les abrite sous son bras tendu.

Amboise, le monument aux morts, les têtesVoici de plus près, je trouve que la couronne, faite de laurier (victoire) et de chêne (force) est plus une couronne de la Victoire qu’une couronne mortuaire comme j’ai pu le lire ici ou là [même si Grégory défend cette interprétation dans les commentaires ci-dessous].

Amboise, le monument aux morts, les soldatsLe soldat le plus âgé, moustachu et barbu, les yeux fermés, semblent plus affecté et tient, lui, une couronne mortuaire. Le jeune soldat semble lever les yeux vers l’avenir et tient son fusil au repos à sa droite.

Amboise, le monument aux morts, de dosVoici de dos. L’allégorie est vêtue à l’Antique alors que les soldats portent leurs diverses sacoches.

Amboise, stèle aux déportésIl est complété par des stèles aux conflits ultérieurs (Afrique du Nord notamment, voir la première vue) et une stèle aux déportés de la ville.

Amboise, deuxième monument aux morts par Paul DeryckeUn second monument, datant de 1971, se trouve sur l’île de la Loire, après l’auberge de jeunesse.

Amboise, deuxième monument aux morts par Paul Derycke, quatre vuesDe forme triangulaire, installé sur une butte, il se compose de grandes dalles de béton ajouré, avec sur le côté intérieur des listes de morts. La dédicace, « Mère voici tes fils qui se sont tant battus », n’est pas très explicite. Il s’agit d’une œuvre de [Henri] Paul Derycke (Ronq, 1928 – 1998, grand prix de Rome en 1952) est un dépôt de l’État.

D’autres monuments commémoratifs des guerres se trouvent à Amboise: un monument du Souvenir Français (aux morts de 1870-1871, érigé en 1913), les carrés militaires au cimetière, des stèles dans les églises, un monument au maréchal Leclerc par , une stèle au général de Gaulle.

Photographies août 2014

Le monument au Poilu libérateur de la Moselle à Metz

Metz, le Poilu de Bouchard, nouvelle versionJe vous ai déjà montré plusieurs monuments commémoratifs des guerres à (revoir : monument aux morts de 1914-1918, hommage aux Hommes de fer, Albert Ier roi des Belges). Aujourd’hui, je vous présente le Poilu libérateur, qui se dresse au bout de l’Esplanade. Et vous allez avoir trois monuments aux morts (voire quatre monuments avec Guillaume Ier) pour le prix d’un! Comme pour les autres monuments de Metz, il a eu une histoire mouvementée.

Metz, le Poilu de Bouchard, première version, 1919Le sculpteur Henri Bouchard (Dijon, 1875 – Paris, 1960), grand prix de Rome en 1901 [revoir le monument à Audouin-Dubreuil à Saint-Jean d’Angély], était lieutenant à Nancy, où il fabriquait des arbres de camouflage [renvoi l’exposition 1917 qui abordait le sujet] et rejoint Metz pour l’entrée des Poilus libérateurs le 19 novembre avec le maréchal Pétain à leur tête. En secret, il réalise entre le 2 et le 7 janvier 1919 ce monument à la façon d’un maquette grandeur nature, en bandes plâtrées (serpillières trempées dans le plâtre) posées sur une armature en fer et grillage, prêt pour la grande parade sur l’emplacement du monument à Guillaume Ier dont il a gardé une partie du socle en remplaçant l’inscription allemande « On les a ». Fragile, le monument n’est jamais fondu en bronze et ne résiste pas aux intempéries mais plusieurs cartes postales l’ont immortalisé.

Metz, monument à Guillaume Ier et Poilu de HannauxUne carte postale propose même un «avant» (monument à Guillaume Ier) et après (monument aux Poilus) qui ne correspond pas au monument de Henri Bouchard mais le suivant…

Metz, Poilu de HannauxSuite à des bisbilles, la municipalité avait en effet décidé de ne pas faire couler en bronze (avec le matériau récupéré des statues allemandes déboulonnées) le Poilu de Bouchard mais de passer commande à un sculpteur local, Emmanuel Hannaux (Metz, 1855 – 1934). Sa maquette est définitivement choisie en 1921 et c’est son Poilu libérateur, inauguré le 5 juin 1922, que l’on peut voir sur cette carte postale et qui sera détruit pendant la Deuxième Guerre mondiale, fondu dès 1940. Il est composé d’un haut socle sur lequel pose un soldat et à sa base, une allégorie de la France victorieuse les bras levés…

Henri Bouchard n’avait toujours pas renoncé à son Poilu et il avait été retenu en 1937 pour le monument aux morts place du Trocadéro (cimetière de Passy). La Deuxième guerre mondiale en décida autrement et ce fut après guerre le projet de Paul Landowski qui fut retenu à Passy…

En 1945, le Souvenir français aurait voulu voir ériger une nouvelle œuvre dédiée aux poilus mais la municipalité se contente d’une stèle. Henri Bouchard est recontacté. En 1956, suite à une souscription publique, le monument d’Henri Bouchard est réalisé par le fondeur Hohwiller et inauguré par le maréchal Juin.

Metz, le Poilu de Bouchard, nouvelle version, trois vuesIl s’agit d’une version un peu différente : alors que le Poilu de 1919 écrasait du pied droit un casque à pointe allemand, il est désormais représenté les deux pieds au sol, une partie du barda et de l’armement (grenade notamment) posé par terre…

Metz, le Poilu de Bouchard, nouvelle version, détail de dos et au sol… ainsi que deux casques, mais dans une position moins « écrasante » par rapport au vaincu…

Metz, le Poilu de Bouchard, nouvelle version, signatureLa signature de Bouchard est bien visible et l’inscription sur le socle fixe le titre: « Au Poilu libérateur – Le Souvenir Français de la Moselle 1918 ».

Le modèle en ciment-pierre qui a servi à cette fonte se trouve à Maizières-lès-Metz.

Pour aller plus loin : Voir l’article en ligne de Jean-Claude Jacoby, Le Poilu libérateur, l’œuvre messine du sculpteur Henri Bouchard

Photographies août 2012.

La Mise au tombeau de l’église Saint-Denis à Amboise

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècleJe vous emmène à nouveau à Amboise, dans l’église Saint-Denis, pour voir la très belle Mise au Tombeau, déménagée dans cette église en 1863, comme la statue voisine, ainsi que le précise la fiche Palissy, puis restaurée en 1975.

Eglise Saint-Denis à Amboise, sainte Madeleine, 16e siècle, détail du busteJuste à droite de la vue générale, vous apercevez la tête d’une femme lisant un livre…

Eglise Saint-Denis à Amboise, sainte Madeleine, 16e siècleSa fiche Palissy propre l’identifie à sainte Madeleine, statue en pierre du 16e siècle, classée monument historique comme les autres œuvres présentées dans cet article.

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècleLa mise au tombeau provient de la chapelle souterraine du château de Bondésir à Montlouis-sur-Loire fermée en 1770. Elle a été commandée dans la première moitié du 16e siècle par le surintendant Philibert Babou (né vers 1484 – 1557, surintendant des finances de François Ier de 1524 à 1544, il avait un grand hôtel particulier à Tours). Il aurait fait représenter les membres de la famille Babou de la Bourdaisière pour les personnages de cette Mise au tombeau, traditionnellement les saintes femmes, saint Jean, la Vierge, Joseph d’Arimathie à la tête et Nicodème aux pieds du Christ.

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècle, carte postale ancienneUne carte postale ancienne précise « œuvre présumée de Léonard de Vinci » (Vinci, 1452 – Amboise, 1519), ce qui est une hypothèse peu probable, l’œuvre étant sans doute réalisée quelques années après la mort de Léonard, à l’apogée de la carrière de Philibert Babou, donc plus vers le milieu du 16e siècle. C’est de toute façon un chef-d’œuvre de la Renaissance.

Mise au tombeau du 16e siècle à Notre-Dame-la Grande à Poitiers, 1, vue généraleVous pouvez la comparer avec la Mise au tombeau, datée de 1555, commandée par Renée d’Amboise pour être offerte à l’abbaye poitevine de la Trinité, aujourd’hui détruite, conservée dans l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers.

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècle, Josephe d'Arimathie à la tête du ChristRevenons à Amboise avec des détails de la Mise au tombeau… Côté tête du Christ donc devrait se tenir Joseph d’Arimathie.

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècle, les saintes femmes, saint Jean et la ViergeVoici un détail des saintes femmes, donc plus précisément une sainte femme, saint Jean, une autre sainte femme, la Vierge (couronnée) et une troisième sainte femme.

Eglise Saint-Denis à Amboise, mise au tombeau, 16e siècle, la Vierge, une sainte femme et NicodèmeEt voici Nicodème qui tient le suaire aux pieds du Christ.

Eglise Saint-Denis à Amboise, gisant d'une jeune noyée, 16e siècleDans la même église Saint-Denis à Amboise, le gisant de marbre dit de la femme noyée date également du 16e siècle et provient comme la mise au tombeau de la chapelle souterraine du château de Bondésir à Montlouis-sur-Loire fermée en 1770. Je ne sais pas où elle a été entreposée après pendant un siècle, car la fiche Palissy précise qu’elle est dans l’église Saint-Denis d’Amboise depuis 1896. Il s’agit probablement d’une femme de la famille Babou noyée dans la Loire.

Eglise Saint-Denis à Amboise, gisant d'une jeune noyée, 16e siècle, détail du haut du corpsElle mériterait une petite rénovation, mais vous voyez l’aspect « mouillé » de ses vêtements qui ne cachent donc presque plus « rien ».

Photographies d’août 2014.

Le martyre de saint Jean Baptiste, basilique Saint-Martin-d’Ainay à Lyon

Lyon, basilique Saint-Martin d'AinayA Lyon, l’église Saint-Martin-d’Ainay présente une architecture et une histoire complexes, avec d’importants remaniements au 19e siècle. Elle garde néanmoins un bel ensemble de chapiteaux (pré-)romans dans la chapelle Sainte-Blandine, quand elle est ouverte, et un très intéressant tympan roman, qui n’est plus à sa place d’origine mais mérite que l’on s’y attarde un peu.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan sculpté de la décollation de Jean BaptisteIl développe l’histoire de la décollation (décapitation) de saint Jean Baptiste, mais si, souvenez-vous, c’est Salomé qui a obtenu sa tête du roi Hérode.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, le banquet d'Hérode et la danse de SaloméEn haut les convives festoient, le roi Hérode, couronné, et sa femme Hérodiade se distinguent sous un dais, ils regardent tous Salomé qui exécute sa danse devant la table couverte de vaisselle et de mets.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, décapitation de Jean BaptisteElle finit par obtenir gain de cause. Jean Baptiste, retenu prisonnier dans un petit édifice, est décapité par un serviteur.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, deux serviteurs emportent la tête de Jean BaptisteDeux serviteurs emportent la tête de Jean Baptiste dans une grande corbeille…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, les serviteurs arrivent au banquet avec la tête de Jean Baptiste… et on les retrouve (enfin, l’un a aussi perdu sa tête… par érosion et fracture) en haut, prêts à entrer dans la salle où se tient le banquet.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, mise au tombeau de Jean BaptisteSon corps, et surtout sa tête, représentée de manière démesurée, sont déposés par deux personnages dans le tombeau. Au passage, vous repérez partout les chapiteaux et autres motifs romans sur les éléments du décor (dais, colonnes torses, etc.).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, un ange accueille l'âme de Jean BaptisteSon âme (représentée par un petit personnage nu, comme c’est habituel au Moyen-Âge, voir la mort d’Hilaire ou les âmes qui s’échappent des cercueils du  à Poitiers) est accueillie par un ange et Dieu, figuré sous la forme de la main (voir Daniel dans la fosse aux lions à Saint-Porchaire de Poitiers).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, diableA l’opposé, le diable a perdu la partie!

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, arbreUn arbre occupe le dernier espace. L’arbre de la Vie qui triomphe du Mal? Bien et Mal sont omniprésents dans l’art roman…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, ordre de lectureEt voilà comment il faut lire ce tympan…

Photographies d’avril 2012.

Le monument à Sadi Carnot à Lyon

Lyon, monument à Sadi Carnot, plaque commémorativeComme je vous l’ai déjà précisé (revoir la République de Peynot), le président Sadi Carnot a été assassiné à Lyon le 24 juin 1894 par l’anarchiste italien Sante Caserio, alors qu’il allait y inaugurer l’exposition universelle (internationale).

Lyon, monument à Sadi Carnot, à son emplacement initial sur une carte postale ancienneUn monument lui est érigé selon un projet définitivement approuvé en 1897 (inauguré en novembre 1900) place de la République (devenue place Carnot… du prénom de Lazare, son grand-père), où je vous ai déjà montré  La République d’Émile Peynot et un détail de la Ville de Lyon. Ce monument en pierre comportait aussi un obélisque et des allégories et formait une fontaine, dû à l’architecte Charles Naudin (Luzarches, 1853, – 1939) et au sculpteur Henri Gauquié (Flers-lez-Lille, 1858 – Paris, 1927) (voir un détail sur cette vue dans Gallica de l’agence de presse Meurisse).

Lyon, monument à Sadi CarnotLe monument a été démantelé en 1975, comme le monument à la République, lors de la construction du métro. Je ne sais pas ce que sont devenus les autres éléments, la statue de Sadi carnot a été déplacée dans le 3e arrondissement de Lyon, dans le Jardin du Général Delestrain (près de la préfecture).

Lyon, monument à Sadi Carnot, vue de face de la statueIl est aujourd’hui dans un sale état: pas entretenu, il a perdu tous les doigts de sa main droite et la plupart de ceux de la gauche.

Lyon, monument à Sadi Carnot, vue de dosLe socle menace même ruine.

Lyon, monument à Sadi Carnot, détail de la têteIl avait pourtant fière allure avec sa barbe et sa moustache, un petit nœud papillon pour égayer le costume…

Angoulême, monument à Sadi Carnot, 2, vue rapprochéeJe vous invite aussi à revoir le monument à Sadi Carnot à Angoulême

Photographies d’avril 2012.

Strasbourg, le monument à Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur ValmyIl est beaucoup question ces jours-ci de la première bataille de la Marne, du 5 septembre 1914 au 12 septembre 1914. Une autre bataille a eu lieu dans le même secteur, qui a aussi mis aux prises Français en défense et Allemands en marche vers Paris, le 20 septembre 1792 à Valmy (dans la Marne) les troupes prussiennes sont stoppées par les armées révolutionnaires menées par les généraux et Charles-François Dumouriez.

C’est à Strasbourg (place de Broglie) que l’on trouve ces citations, sur le socle du monument à François-Christophe Kellermann :

Valmy 20 IX 1792
Vive la nation nous / allons vaincre pour elle / Kellermann
Von hier von Huete geht / eine neue Epoche der / Welt Geschichte aus / Goethe
Valmy marque un tournant dans l’histoire

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur la guerreSur l’autre face:

Après mes devoirs envers / Dieu toutes mes actions / ont eu pour mobile / l’amour de mon pays
Combattant pour le / maintien de nos libertés / et la défense du / territoire de France / j’ai adouci autant que / je l’ai pu ce que / la guerre a d’horrible / Kellermann

Strasbourg, le monument à Kellermann, texte sur les AlsaciensEt encore:

Les Alsaciens m’ont / prouvé qu’ils n’ont point / dégénéré et je suis fier / d’être né parmi eux

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue d'ensembleEntre les armoiries et l’inscription (« Kellermann / maréchal de France / duc de Valmy / né à Strasbourg 18 V 1735 / mort à Paris 13 IX 1820 »), il n’y a aucune difficulté pour identifier le personnage représenté en tribun. La statue en bronze a été édifiée pour le bicentenaire de sa naissance, en 1935, et est due au sculpteur Léon [Jean-Baptiste Alexandre] Blanchot (dit Ivan Loewitz) (Bordeaux, 1868 – Paris, 1947), dont je n’ai pas trouvé la signature, qui doit pourtant être sur la plinthe si j’en crois la fiche de la base monumen (consultée après mon retour…).

Strasbourg, le monument à Kellermann, la statue de faceKellermann porte tenue bien ajustée au niveau de l’entrejambe (mais non, pas à poil), un grand manteau…

Strasbourg, le monument à Kellermann, vue de profil… grande épée et éperons, prêt à retourner au combat.

Un autre monument à Kellermann a été érigé en 1892, pour le centenaire de la bataille, sur le site même de Valmy.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à ParisTant que j’y suis, j’ai « exhumé » de mes centaines de photographies parisiennes celle de sa tombe au cimetière du Père-Lachaise. Le monument a été dessiné par l’architecte Lucien-Tirté Van Vleemputte (Paris, 1795 – 1871, grand prix de Rome d’architecture en 1816) et comprend trois grandes plaques avec le nom des défunts regroupés dans le monument.

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque gaucheA gauche les épouses…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque centraleAu centre François-Christophe Kellermann et son fils François-Etienne Kellermann (1770-1835), qui s’est lui distingué lors des batailles de Marengo et Austerlitz…

Tombeau des Kellermann au Père Lachaise à Paris, plaque droiteA droite leurs descendants.

Photographies octobre 2010 pour Strasbourg et novembre 2012 pour le cimetière du Père Lachaise.